L’apport de l’archéologie, de la numismatique et de la sigillographie à l’histoire de l’islamisation de l’occident musulman : en guise d’introduction1
p. 63-99
Texte intégral
1Rappelons, tout d’abord, que nous traiterons de l’islamisation au sens large, telle qu’elle a été définie lors du séminaire qui s’est tenu tout au long de l’année 2006-2007 : il s’agit d’identifier les effets de l’intégration dans l’empire islamique du Maghreb, d’al-Andalus et de la Sicile, Afrique subsaharienne exclue. Ces répercussions sont, notamment, culturelles, religieuses et linguistiques, mais aussi sociales, économiques et politiques2.
2Le bilan dressé à partir des sources textuelles3 met clairement en exergue le rôle que peut jouer l’archéologie. Les sources écrites sont, en effet, beaucoup moins abondantes et variées en Occident qu’en Orient pour le début de la période islamique (qualifié de « protohistorique » par Christophe Picard4), et il est nécessaire de faire appel à d’autres sources de maniement tout aussi complexe. En ce sens, une approche archéologique apparaît donc d’autant plus importante, tout particulièrement pour certaines zones très rarement évoquées dans les sources écrites, telles la Sicile et la Libye. Or, si la nécessité de lier étroitement sources écrites et archéologiques afin d’en faire l’histoire est aujourd’hui une évidence, cette démarche ne va pas sans soulever bien des difficultés. Quelques précautions liminaires sont, en effet, indispensables. Le premier obstacle tient à ce que, contrairement à ce que croit trop souvent l’historien, les données archéologiques ne permettent pas d’éclairer ou d’appréhender les mêmes réalités que les textes : il ne saurait donc être question d’y chercher ce que l’absence de ces derniers ne permet pas de documenter, ni de combler les vides existants. En d’autres termes, la source archéologique, qui livre par ailleurs rarement des réponses univoques, ne peut pallier à elle seule la carence de sources « écrites ». En outre, les données fournies par ces deux types de sources ne sont pas toujours complémentaires ni conciliables, et l’exercice de confrontation ne débouche jamais sur un tableau enfin « complet ». Elles documentent des aspects distincts de la réalité historique. Loin d’être la « voie royale » qui apporterait une solution définitive à ces lacunes, l’archéologie comporte ses propres impasses. En effet, si elle a pour but de reconstruire le passé à partir de données matérielles, les nombreux points d’ombre qui persistent soulignent à la fois les limites inhérentes à la méthode et aux moyens employés, mais aussi les difficultés qu’il y a à interpréter catégoriquement certains documents archéologiques. En outre, le développement inégal (quantitatif et qualitatif) des recherches archéologiques, qui place la péninsule Ibérique très loin devant la Sicile ou le Maghreb, crée une situation de déséquilibre qui entrave les tentatives de perspectives comparatistes et empêche de prendre en compte autant qu’on le devrait le passé commun des deux rives de la Méditerranée. Enfin, le manque de programmes articulés portant spécifiquement sur la période islamique est général dans les régions qui font ou ont fait partie de l’Occident musulman ; de telles enquêtes demeurent exceptionnelles.
3Pour le thème qui nous occupe, la question centrale du lien entre archéologie, culture matérielle et islamisation est, en outre, épineuse d’un point de vue méthodologique : quels sont, en effet, les indices d’une telle évolution et quelles sont leurs limites ? Pour une approche générale de la question, on renverra à la position très prudente exprimée, il y a déjà une décennie, par Patrice Cressier5.
4Sans prétendre à l’exhaustivité, le rapide panorama que l’on proposera ici vise à la fois à passer en revue les grands axes privilégiés par la recherche et à mettre en évidence les questions, les aspects laissés dans l’ombre, ou les contradictions éventuelles, afin d’ouvrir la discussion ; à défaut de livrer une bibliographie complète sur le sujet (extrêmement vaste dans le cas de la péninsule Ibérique), on mettra plutôt en avant ses développements récents. Par ailleurs, on évoquera régulièrement l’Orient, non pas de manière systématique, mais dans la mesure où les questions ont souvent été d’abord (et parfois seulement) posées dans ce cadre géographique ; dès lors, la comparaison peut se révéler fructueuse.
5Toutefois, il nous paraît essentiel de souligner, d’entrée de jeu, que la problématique se pose différemment au Proche-Orient (où les fouilles archéologiques s’inscrivent dans une tradition plus ancienne) et dans l’Occident musulman : en effet, les contingents arabo-musulmans qui prirent le contrôle des terres orientales à partir du viie siècle n’étaient pas, à cette date, les porteurs d’une culture islamique déjà élaborée constituant une koiné6 et, de fait, ils puisèrent abondamment dans l’héritage byzantin et sassanide local. Les armées qui se lancèrent par la suite à l’assaut de l’Occident étaient équipées d’un bagage déjà plus articulé, même si, bien entendu, elles assimilèrent, elles aussi, une partie de la culture locale7, d’autant plus que la culture islamique était alors, comme plus tard, en évolution constante. Cette distinction explique surtout, dans le cadre de l’Occident musulman, la place faite à la question de l’« orientalisation » de la culture matérielle et qui renvoie tant à l’origine orientale des conquérants qu’au prestige qui émanait du centre de l’empire établi dans cette aire géographique8. La situation ne peut donc être identique à ce que l’on reconstruit pour l’Orient, étant bien entendu que les caractéristiques de la culture avec laquelle les nouveaux venus entrent en contact influent également sur les modalités de l’islamisation comme de l’auto-islamisation.
6On passera donc en revue les différentes catégories d’indices disponibles, sans entrer de manière détaillée dans les spécificités régionales. On s’attachera, en premier lieu, aux éléments en théorie les plus « parlants », qui sont d’ailleurs parfois les plus précoces : on songe aux indices qui renvoient à la mise en place de structures étatiques, aussi rudimentaires soient-elles dans un premier temps, que l’on peut qualifier d’islamiques, puis à ceux qui attestent les pratiques cultuelles des différents groupes en présence. Dans un deuxième temps, on évoquera les transformations du monde urbain et de l’espace rural. On trouvera un bon exemple de l’étude de ces problématiques à l’échelle d’un site dans la communication de Sonia Gutiérrez publiée dans ce volume. La question de la transformation des cultures techniques et matérielles, qui aurait donc toute sa place ici, a été volontairement laissée de côté, car elle fait l’objet de recherches multiples, toujours plus spécialisées et qui ont donné naissance à une bibliographie foisonnante.
LA MISE EN PLACE DE L’ETAT ISLAMIQUE : MONNAIE, SCEAUX, POIDS ET MESURES
7Nous proposons d’ouvrir ce dossier en faisant rapidement le point sur les monnaies, les sceaux, les poids et les mesures qui sont parmi les premiers éléments à apparaître à la suite de la conquête arabo-musulmane. Non seulement ils renvoient à des nécessités administratives et fiscales, mais ils reflètent aussi une affirmation d’ordre idéologique de la part du nouveau pouvoir islamique.
La monnaie
8Émanant du pouvoir étatique, seul émetteur légal, la monnaie est l’expression et l’instrument de sa capacité d’organisation et de renouvellement. L’étude de la frappe et de la circulation monétaires renvoie à ce qui est considéré comme une des caractéristiques du monde islamique : sa forte monétarisation, qui va de pair avec le modèle d’un État tributaire9, entraînant des relations entre l’État et certains groupes sociaux (fonctionnaires, militaires), dont les services sont rémunérés en monnaie10.
9La monnaie est donc un des indices de l’islamisation des structures politiques et administratives, et de l’intégration de l’Occident musulman au dār al-islām. L’État utilise, en outre, la monnaie comme un vecteur de l’islamisation11, en tant qu’outil privilégié de propagande étatique, en plaçant sur les deux faces de chaque pièce des légendes dont la dimension est à la fois religieuse et politique.
10La relation entre une forte monétarisation de l’économie et le processus d’islamisation est particulièrement évidente en al-Andalus, en raison du contraste avec la situation antérieure d’époque wisigothique, caractérisée par un recul quantitatif et qualitatif des frappes de monnaies en métal précieux. De plus, il s’agit d’un des indices les plus précoces de l’impact de la domination islamique, même si sa conservation est très partielle, et il renseigne sur des phénomènes de transition tout à fait intéressants. Le corpus conservé dans la péninsule Ibérique témoigne de la rapide évolution des premières monnaies diffusées : on passe en quelques années d’un dinar ou solidus, qui arbore la profession de foi musulmane traduite en latin, à un dinar aux légendes bilingues latin-arabe, puis, enfin à des monnaies aux légendes entièrement arabes12. Il est à noter qu’aucun phénomène de ce genre n’a été repéré pour la Sicile, même si pour cette dernière on a avancé l’hypothèse d’une origine byzantine du quart de dinar13. Pour le Maghreb, on a récemment mis l’accent sur l’abandon de l’Africa par Constantinople et notamment des frappes monétaires, y compris celles de l’atelier monétaire de Sardaigne qui avait pris la relève de celui de l’exarchat d’Afrique, et sur le recentrement sur la Sicile au début du viiie siècle, très peu de temps après la conquête islamique14. On y retrouve la transformation progressive de la monnaie attestée en al-Andalus et notamment des frappes bilingues15.
11Pourtant, plusieurs problèmes demeurent ouverts lorsqu’on aborde l’étude de la monnaie dans l’Occident musulman. Tout d’abord, d’un point de vue archéologique, se pose toute la question de l’accès à ces sources : dans les pays du Nord de l’Europe, la dépénalisation de l’utilisation des détecteurs et des trouvailles a bouleversé les idées que l’on avait sur la monétarisation de l’économie à l’époque médiévale et, en particulier, dans les campagnes. Mais, ailleurs, en l’absence de données (disponibles), on est parfois amené à évoquer des « déserts numismatiques » qui s’appuient bien souvent sur un état des lieux faussé.
12Ensuite, et ce point est lié au précédent, la question de l’évaluation de la monétarisation des zones rurales demeure intacte. Cette problématique a connu un regain d’intérêt dans le cadre de l’Occident musulman16 à un moment où, en outre, on assiste à une réévaluation de l’importance de cette monétarisation pour l’Occident chrétien médiéval17 et pour le monde byzantin par le biais de l’archéologie18. Il s’agit donc d’un champ de recherche amené à se développer dans l’avenir.
13Enfin, si les études se multiplient pour al-Andalus19, la situation du Maghreb islamique à une période haute est mal connue en raison du manque d’études récentes20. La Sicile est également mal lotie, puisqu’elle ne compte qu’un seul catalogue digne de ce nom21. Plus généralement, ont longtemps été négligées les monnaies qui ne sont pas en or, ou qui correspondent à des fractions (les dirhams, les fulūs, les rubā‘ī-s ou quarts de dinars, les kharrūba ou seizième de dirhams répandus en Sicile, etc.), et dont l’existence renforce néanmoins l’idée d’une forte monétarisation des échanges22.
Les sceaux, les dénéraux et les poids
14D’autres catégories d’objets, tels les sceaux, peuvent se prêter à un questionnement similaire sur la nature des structures étatiques qui se mettent en place, la circulation de l’information sous leur égide et, par là même, leur capacité à administrer l’ensemble de l’espace qu’elles sont censées contrôler23. La récente découverte d’une vingtaine de sceaux sur le site du Ruscino, dans les Pyrénées orientales françaises, vient combler en partie le vide qui existait sur ce type d’objet en al-Andalus24 même si des témoignages ponctuels de l’époque des gouverneurs étaient déjà connus25. Quant à leur fonction, l’hypothèse couramment acceptée est celle de cachets qui servaient à sceller les courriers administratifs ou militaires (placés dans des tubes également en plomb).
15Un autre type de sceaux, dits de jizia, pourrait attester la mise en place d’une fiscalité islamique, d’une part, mais pourrait également figurer dans la section qui suit, car il témoigne du maintien des religions du Livre sous la domination islamique. Inconnus au Maghreb, quelques sceaux ont été récemment analysés comme tels dans le contexte d’al-Andalus26, tandis que l’identification d’exemplaires siciliens se fonde sur leur ressemblance avec des sceaux plus explicites retrouvés en Orient et étudiés par Paul Balog27. Cette interprétation a été remise en cause récemment28, et une étude spécifique va leur être consacrée prochainement. Quelle que soit leur fonction réelle, les sceaux de Sicile portent le nom d’un émir aghlabide et une date, et ils devaient servir à authentifier quelque chose ; ils renvoient donc à des pratiques étatiques. Or, la découverte d’une partie d’entre eux dans un cadre rural donne une idée de la pénétration et de la diffusion des instruments d’intervention de l’administration et de ses relais, même s’il est évident que l’enquête doit être poursuivie de façon systématique.
16On pourrait aussi évoquer la catégorie des poids-forts et des étalons islamiques, qui renvoient à des unités de mesure théoriquement contrôlées par l’État29, et poser la question de leur diffusion. Un certain nombre d’entre eux ont été retrouvés dans des contextes de fouilles archéologiques. Néanmoins, l’absence d’un corpus de référence sur ce type d’objets ne permet pas de définir des groupes typologiques et/ou des systèmes de mesures en fonction de leur origine géographique ou de leur chronologie30. De même, les jetons de verre ou dénéraux31 sont attestés dans l’ensemble de l’Occident musulman32 ; ils témoignent eux aussi du contrôle exercé par l’État islamique sur un certain nombre de standards et mériteraient d’être l’objet d’une enquête régionale systématique.
17Les lieux et témoignages de la pratique cultuelle constituent un autre ensemble d’indices non négligeables, mais d’interprétation tout aussi malaisée.
LIEUX ET INDICES DE LA PRATIQUE CULTUELLE
18On peut regrouper ces éléments en trois grandes catégories : les édifices cultuels, les objets et les pratiques, qui nous échappent pour l’essentiel, excepté dans leur dimension funéraire. Dans l’état actuel des connaissances, vouloir retracer les manifestations de l’islamisation au travers des indices archéologiques conduit souvent à des résultats trop fragmentaires et isolés pour rendre compte de façon satisfaisante de la complexité du thème. De ce point de vue, les pratiques religieuses – entendues au sens large, depuis les édifices de culte jusqu’aux rites funéraires, en passant par les épitaphes – représentent sans doute un des aspects les plus « immédiats » et « lisibles » de l’islamisation. Toutefois, la rareté des données pour les périodes les plus précoces explique qu’elles ne soient pas d’un maniement aisé, d’autant que leur interprétation est rarement univoque.
Les lieux de culte
19Deux facettes peuvent ici être prises en considération : celle de la construction de mosquées par les conquérants ou leurs premiers coreligionnaires ainsi que celle de la présence d’églises ou synagogues qui attestent le maintien des religions non musulmanes sous la domination islamique. Nous évacuons ici la question des autres lieux de culte car, si les particularités régionales, sociales et culturelles débouchent sur un vaste répertoire typologique qui couvre divers types d’oratoires, pour les périodes hautes, la documentation archéologique est quasiment inexistante pour l’Occident musulman.
Les mosquées33
20Notons, tout d’abord, qu’il devrait être, a priori, plus aisé de repérer les mosquées remontant aux premiers temps de l’essor de l’islam en Occident qu’en Orient, car la forme de la mosquée s’était entre-temps précisée34, même si cette évolution n’était pas achevée et si elle peut présenter des particularités en Occident35. Mais leur étude se heurte à de nombreuses difficultés.
21Le premier obstacle tient à la continuité du culte qui y a été rendu (jusqu’à aujourd’hui dans les régions demeurées majoritairement musulmanes) et qui a, la plupart du temps, effacé, ou au moins rendu inaccessible, la forme architecturale primitive de ces édifices36 (problème qui se pose de la même manière en Orient37). De ce point de vue, la péninsule Ibérique et la Sicile, respectivement sorties de l’orbite musulmane au xve et au xie siècle, devraient présenter un avantage puisque l’on peut y mettre au jour des lieux de culte musulmans abandonnés relativement rapidement. En Sicile, néanmoins, les indices sont inexistants : les quelques mosquées connues remontent à une période post-islamique38, ou s’appuient sur des éléments trop peu rigoureux pour être fiables39 ; en al-Andalus, la situation n’est guère meilleure40.
22De la même manière, le partage des lieux de culte entre religions distinctes41, qui semble avoir existé dans un premier temps si l’on en croit les sources écrites, n’a pas été attesté par l’archéologie42.
23Une deuxième mise en garde concerne les évaluations numériques de fidèles proposées en prenant en compte la taille des mosquées retrouvées lors de fouilles. Ces calculs soulèvent des difficultés d’interprétation, car la signification de la taille des édifices de culte varie en fonction du contexte chronologique et spatial de leur construction.
24Le nombre réduit d’édifices de culte attribuables à une époque haute conduit à envisager le problème sous un autre angle : laissant de côté une approche centrée sur les signes directs de l’islamisation, il s’agit de s’intéresser au sort des sanctuaires antérieurs, de culte chrétien ou juif, au cours des premiers siècles de la présence arabo-musulmane.
Le maintien de lieux de culte antérieurs
25Cette démarche invite à s’interroger sur les éléments qui attestent la récupération, la transformation ou le maintien des églises. Certains de ces sanctuaires (dans la péninsule Ibérique essentiellement) sont connus par des fouilles parfois anciennes et offrent un panorama révélateur de la période de transition et d’acculturation, d’autant plus précieux que de récentes révisions ont enrichi et renouvelé les conclusions à en tirer43.
26Il serait utile, par exemple, de réussir à dater l’abandon de lieux de culte non musulmans, mais cela est loin d’être toujours aisé44. Au Maghreb, où l’on avance l’hypothèse d’une utilisation des églises paléochrétiennes45 qui durerait dans le temps, notamment en Ifriqiya ou en Libye, l’absence de stratigraphie analysable empêche de la confirmer.
27Le cas de l’Estrémadure, qui a fait l’objet de recherches sur ce thème, est éclairant. Jusqu’à la fin du xe siècle, les exemples archéologiquement documentés de construction de mosquées demeurent trop peu nombreux pour que l’on puisse en tirer des conclusions. Ils sont tout de même instructifs en raison de leur totale déconnection avec des sanctuaires antérieurs ; cela invite à s’interroger sur les indices de récupération, transformation ou maintien des églises paléochrétiennes ou wisigothiques dans la région46. Les cas de figure varient, de l’abandon complet47 à une transformation de l’espace, adapté à de nouvelles nécessités (usage public, privé), qui peuvent aussi être dictées par les nécessités du culte musulman. Si l’exemple de la basilique paléochrétienne de Casa Herrera, à proximité de Mérida, a été réinterprété récemment48, l’église de Santa Lucía del Trampal (Alcuescar) soulève d’intéressantes questions de chronologie49.
28L’exemple de l’Estrémadure, région périphérique par rapport aux centres politiques musulmans et largement rurale, où le recul des lieux de culte chrétiens ne s’accompagne pas d’une multiplication des oratoires musulmans, est difficile à interpréter : doit-on en conclure au poids de la nouvelle religion ? Peut-on envisager que le caractère rural de la zone accentue un décalage lié au caractère éminemment urbain de l’islamisation ? Dans ce cas, l’adaptation des églises au nouveau culte peut-elle y être un trait majeur de l’islamisation ?
Les sépultures et les rites funéraires : une question ouverte
29Ce thème particulièrement complexe et intéressant a récemment été abordé de manière très stimulante, en retraçant les tensions qui se sont fait jour autour de cette question au sein du monde musulman. Si on peut évoquer des rites funéraires que l’on peut qualifier d’« islamiques », car ils tranchent avec des pratiques antérieures ou environnantes, ceux-ci sont, en fait, le fruit d’une négociation entre les exigences du droit musulman et les pratiques qui s’affirment peu à peu dans ce domaine50.
30Là encore, la question des inhumations ne peut être abordée que de manière limitée pour le Maghreb –.comme pour l’Orient d’ailleurs51 – puisqu’on n’y conduit pas de fouilles intentionnelles de sépultures musulmanes. La continuité de l’utilisation des lieux renforce la difficulté. Un certain nombre de sépultures ont néanmoins été fouillées, mais ces exemples demeurent exceptionnels. L’absence de fouilles n’empêche pas pour autant de récolter des informations utiles : ainsi les sépultures islamiques de Leptis Magna, installées dans la partie occidentale du forum, ont pu être datées du xie siècle au vu de la stratigraphie environnante52, sans compter que la simple localisation d’un cimetière permet de réfléchir sur la topographie53.
31La quasi-totalité des indices disponibles concernent donc al-Andalus (Espagne et Portugal) et, dans une moindre mesure, la Sicile. La particularité du rite d’enterrement (cadavre déposé dans une fosse étroite, couché sur le côté droit, orienté vers La Mecque) rend les nécropoles islamiques facilement reconnaissables, même si cet indice ne renvoie pas à un rite universel et si la position de corps sur le dos est attestée, avec éventuellement une orientation de la tête vers La Mecque et non celle du corps entier. Enfin, l’absence de mobilier dans ces tombes rend parfois difficile leur datation précise.
32Malheureusement, la plupart des fouilles de nécropoles réalisées dans la péninsule Ibérique, extrêmement nombreuses, comme à Palerme, sont effectuées dans le cadre d’interventions préventives. Les informations fournies dans les publications sont souvent sommaires (elles établissent avant tout une typologie des tombes) et les fouilles menées en l’absence d’anthropologues sur le terrain expliquent que nombre d’éléments fassent défaut pour une compréhension réelle des données54.
33On connaît de nombreux cas d’utilisation continue des lieux d’inhumation, notamment dans la péninsule Ibérique entre l’époque wisigothique et les débuts de la domination islamique55. Le passage du rite chrétien au rite musulman (avec parfois une superposition des enterrements) semble s’effectuer rapidement, ce qui a été interprété comme un indice de la conversion des habitants56. Les choses semblent toutefois toujours plus complexes, au fur et à mesure que nos connaissances progressent et que la transition devient lisible dans le domaine des rites funéraires. Au Tolmo de Minateda, les indices archéologiques montrent que l’orientation en usage se maintient et que seule change la position du corps dans les fosses57. Une telle continuité suggère que la sacralité de l’espace funéraire est une question beaucoup plus ouverte qu’on ne voudrait le croire aujourd’hui : qu’elle soit réduite ou, au contraire, qu’elle se maintienne en dépit du changement de religion. Il est également possible que joue ici le souci de préserver un même lieu de sépulture pour les générations d’une même famille. Plus largement, on peut se demander quel degré de signification il convient d’accorder aux rites funéraires. Enfin, il semble que la diffusion de ces pratiques soit relativement homogène entre milieux rural et urbain. Une telle diffusion en devient presque suspecte, car on assiste à une brusque disparition des enterrements non musulmans (si les rites funéraires qui consistent à orienter le corps vers La Mecque en sont l’indice), ce qui paraît difficilement crédible58.
34On peut dès lors envisager plusieurs cas de figures : a).la possibilité d’une confusion faite entre les inhumations chrétiennes sous domination islamique et celles de l’époque précédente, puisque l’on ignore exactement quand et comment intervient l’abandon du mobilier funéraire (principalement des petites cruches) en usage sous la domination wisigothique ; b).une hypothétique sectorisation de ces inhumations, peut-être concentrées, comme à Cercadilla (Cordoue)59, autour d’un sanctuaire ; c).une portée moindre que l’on a tendance à le penser de l’indice funéraire comme reflet de l’identité religieuse. Cette lecture trop « rigoriste » des pratiques funéraires islamiques a, en outre, une seconde conséquence : tout enterrement qui ne respecte pas ces règles est considéré comme devant faire l’objet d’hypothèses particulières60, ce qui ne se justifie guère d’un point de vue méthodologique et renvoie à un raisonnement circulaire.
Les stèles funéraires
35La question des stèles funéraires, sans même évoquer les monuments funéraires, est également loin d’être simple : que leur présence n’est en théorie pas une nécessité en islam est un fait connu61 ; elles sont néanmoins d’un usage largement répandu et précoce62. Les stèles funéraires deviendraient donc un des marqueurs de l’islamisation, en dépit des résistances à leur diffusion.
36Toutefois, celles que l’on connaît pour al-Andalus sont souvent tardives et, hormis quelques rares exemples isolés et en relation avec les élites63, elles apparaissent au xe siècle et prennent leur véritable essor au cours du siècle suivant64. En Sicile, elles documentent surtout les xie-xiie siècles65. Il n’existe pas de relevé systématique pour les différentes régions du Maghreb, en raison de l’ampleur de l’enquête requise. Notons tout de même que, pour la Tunisie, des stèles sont attestées à partir du milieu du ixe siècle, même si elles sont nettement plus nombreuses à partir du xe siècle66.
37Christian Décobert a mis en avant un des problèmes que soulève l’interprétation des stèles funéraires en lien avec l’islamisation. Selon lui, la présence d’une stèle ne peut être en soi un indice suffisant car le contexte importe grandement. En effet, la signification d’une stèle retrouvée in situ dans un cimetière où sont enterrés des conquérants ou des individus venus à leur suite ne peut être la même que celle d’une autre, localisée dans un cimetière précédemment chrétien ou dans un contexte majoritairement autochtone. Cette distinction suggère deux dimensions différentes de l’islamisation67.
38On peut également s’interroger sur le lieu de fabrication de ces stèles. Assiste-t-on, dans un premier temps, à des importations de produits semi-finis, notamment en Sicile ou en Calabre68 ? Peut-on distinguer des productions régionales, notamment en al-Andalus69 ?
39Deux autres questions sont liées à la chronologie des stèles retrouvées. On peut se demander quel fut l’impact de la position permissive des shi‘ites et des zaydites de ce point de vue70. Il conviendrait de mener une enquête comparative entre les régions du Maghreb qui ont fait partie de l’orbite fatimide et celles qui sont demeurées à l’extérieur. Il est clair que ce facteur ne saurait suffire à expliquer à lui seul l’essor tardif des stèles et que la diffusion d’une telle pratique peut avoir largement « débordé » sur les régions avoisinantes, mais avec un décalage dans le temps. La question mériterait d’être réexaminée.
40L’existence de stèles en latin à des dates relativement tardives71, mais en petit nombre, oblige également à se poser la question de leur origine : s’agit-il du maintien d’une pratique antérieure72 ou d’un développement en réalité parallèle à celui des stèles islamiques à partir des xe-xie siècles ?
Les objets cultuels et autres indices d’une pratique religieuse
41Les objets cultuels sont moins nombreux en islam qu’au sein des religions chrétienne et juive. On peut évidemment penser au mobilier des mosquées (lampes, minbars, etc.), mais la question est un peu différente, puisque ces objets ne jouent pas, à proprement parler, de rôle dans le rite.
42Certains objets révèlent toutefois une islamisation religieuse dans un cadre moins officiel, témoignant de pratiques religieuses non monolithiques et moins normées que celles qui sont le plus souvent l’objet d’enquêtes de la part des historiens, ainsi des amulettes en particulier73. Les monnaies perforées ont également fait couler beaucoup d’encre. Diverses théories ont été avancées pour rendre raison de cette pratique, qui devient courante au xe siècle, disparaît à l’époque almohade et ne concerne que les monnaies en argent. Doit-on évoquer une utilisation ornementale, qui accompagnerait une démonétisation partielle, ou bien une fonction prophylactique, justifiée par la légende des monnaies qui arborent la profession de foi et la basmala, et leur confèrent un caractère comparable à celui des amulettes, parfois percées afin d’y passer un cordon74 ?
43Un autre ensemble à vocation sans doute prophylactique est celui des scapulaires ou omoplates de bovidés ornés d’inscriptions et systématiquement retrouvés dans des silos. Certains ne présentent que l’alphabet arabe, tandis que d’autres arborent la basmala ou des formules plus élaborées. Leur localisation fait pencher en faveur d’une fonction destinée à assurer la bonne conservation des grains75.
44Les conquérants étaient les porteurs d’une religion nouvelle, mais aussi d’une langue : l’arabe ; les indices de sa diffusion hors des manuscrits sont divers.
L’ARABISATION ET SES MANIFESTATIONS
45Le premier volet est constitué par l’épigraphie monumentale et par l’épigraphie funéraire76, étudiées dans l’ensemble de l’Occident musulman77. Le second s’intéresse aux manifestations épigraphiques générées hors des cercles du pouvoir, qui en sont les principaux commanditaires, et hors de la sphère funéraire, qui constitue un des espaces majeurs de déploiement de l’épigraphie, même si les époques hautes sont peu concernées, comme on l’a vu.
46De ce second groupe font partie les graffiti. Écriture spontanée, qui ne répond pas aux canons officiels, elle transmet généralement un message d’ordre privé, non dépourvu de références religieuses78, qui peuvent même être prédominantes79. Ils ont d’ailleurs été étudiés comme de bons révélateurs des formes populaires empruntées par l’islamisation religieuse80. Avant tout, néanmoins, ils reflètent une évolution linguistique.
47On en rencontre une concentration dans le Sud de la péninsule Ibérique81, souvent sur des colonnes appartenant à d’anciens édifices de culte (Mérida, Almonaster la Real, Casa Herrera). Ces manifestations, généralement associées à la perte de l’usage originel de l’édifice qu’elles ornent, sont de précieux témoignages de l’arabisation précoce (dès le ixe siècle) dans la zone du Gharb. Elles permettent également de nuancer l’idée que cette évolution affecterait quasi exclusivement les villes durant les hautes époques, même si cette dimension urbaine est incontestable. Si cette pratique a été surtout étudiée pour al-Andalus, d’autres cas, inédits, suggèrent qu’elle était très répandue82.
L’EVOLUTION DU PEUPLEMENT
48Le développement de l’archéologie extensive et, plus généralement, de l’archéologie médiévale, au cours des dernières décennies, explique que l’on ait voulu évaluer l’impact des conquêtes arabo-musulmanes sur l’évolution du peuplement. Les transformations de sa trame comme de ses modalités ont été analysées et, là encore, les études portant sur l’Orient islamique sont plus avancées83. Deux volets peuvent être distingués, même s’ils se recoupent en plus d’un point : le monde urbain et le monde rural.
Les transformations urbaines
49La ville a souvent été évoquée, à juste titre, comme un cadre privilégié des transformations qui relèvent de l’islamisation84, nous venons de le rappeler. Il convient donc de se pencher sur son évolution sous la domination islamique.
50Ce thème, comme d’autres, a été développé d’abord en Orient85, avant de connaître un essor récent pour ce qui concerne l’Occident islamique. Si aujourd’hui on ne parle plus de « ville islamique86 », comme on le faisait par le passé, nombre de transformations affectèrent les centres urbains situés dans des régions passées sous domination islamique, et leur explication se fait toujours plus complexe87. Cette assertion semble particulièrement vraie en Occident, où la ville a connu un net recul entre le ve et le viie siècle, tout spécialement dans les régions qui ne faisaient pas partie de l’empire byzantin puisque, au sein de ce dernier, si ce phénomène existe également, on assiste toutefois à une forte continuité de la tradition urbaine88.
51Le passage sous domination islamique est, en effet, généralement associé à un développement ou à une reprise de l’urbanisation, même si la question des effets de la conquête ne se pose pas de la même manière dans le cas des villes préexistantes et dans celui des villes de fondation. Les premières soulèvent la question de la continuité de leur occupation et de la nature des indices qui refléteraient d’éventuelles transformations, le revers de la question portant sur la signification d’une apparente absence de transformation : l’absence de preuve est-elle une preuve de son absence ? Ou bien peinons-nous à l’heure actuelle à repérer les indices significatifs de cette transformation ?
52Une deuxième remarque d’ordre général s’impose : le début de la domination islamique accentue une série d’évolutions antérieures. Ainsi, les grands centres côtiers (Valence, Tarragone, Carteia, Cadiz) connurent, dès le viie siècle, un recul rapide qui se poursuivit durant le siècle suivant. Des raisons purement conjoncturelles ne peuvent, à elles seules, expliquer ces transformations, puisque le même phénomène affecta les villes côtières sous toutes les latitudes (Marseille, Tanger, Carthage, Alexandrie, etc.). Une nouvelle cartographie urbaine commence ainsi à se dessiner au viiie siècle, au sein de laquelle les principales villes qui émergèrent après la conquête arabo-musulmane ne se situèrent jamais dans les zones littorales, mais furent fondées ou développées à l’intérieur (Cordoue, Fès, Kairouan, Fustat, Bagdad ou Sanaa). La Sicile, quant à elle, confirme cette tendance (dont l’origine est antérieure), mais l’infirme dans le même temps puisque Palerme fut choisie très tôt comme capitale du gouvernement arabo-musulman. Il est probable que sa dimension insulaire joua un certain rôle dans ce choix.
53Troisième remarque enfin : le phénomène urbain n’est guère homogène et, comme tel, il est difficilement modélisable. En effet, aux côtés de grandes villes qui possèdent une fonction de centre administratif, fiscal et économique, existent des noyaux de peuplement, souvent de nouvelle fondation. Ces établissements de plusieurs hectares concentrent le peuplement dans des espaces fortifiés, clairement hiérarchisés, et peuvent prétendre au statut de ville.
54Nous suivrons ici trois axes d’enquête sur l’impact de la conquête arabo-musulmane dans le domaine urbain : le cas des villes de fondation (princières ou non), le cas des villes édifiées sur une trame antique ainsi que l’identification d’éléments considérés comme caractéristiques de l’architecture urbaine islamique.
Les villes princières
55C’est le cas de figure le plus simple puisqu’il conjugue fondation et volonté de représentation. La ville princière est souvent la vitrine où sont exhibées des innovations architecturales et ornementales qui reflètent une orientalisation doublée d’emprunts à la culture locale. Dans le cadre de l’Occident musulman, on peut citer les fondations aghlabides de ‘Abbassiya89 et Raqqada90 au ixe siècle, en Ifriqiya. D’autres villes, au statut complexe, sont à la fois villes princières et villes destinées à accueillir des habitants, telles, au siècle suivant, les fondations fatimide de Ṣabra al-Manṣūriya91, toujours en Ifriqiya, et omeyyade de Madīnat al-Zahrā’, en al-Andalus92. Le Maroc idrisside est également très intéressant de ce point de vue, même si les recherches sont moins avancées93. Dans tous les cas, l’initiative d’une telle fondation suit rarement immédiatement la conquête.
56Parmi les multiples questions qui se posent au sujet de ce type de villes, se trouve celle de la composition des ateliers qui y travaillent : les artisans sont-ils de formation locale ou bien fait-on le choix de faire venir des experts de l’extérieur pour réaliser ce que l’on ne sait pas faire sur place94 ?
57En dépit de la richesse des informations fournies par ces sites, la portée en est limitée car, si l’islamisation y est mise en scène, ces lieux sont peu nombreux et leur taille réduite ne permet pas d’aborder une série de questions liées à l’urbanisme de villes de taille plus importante.
Les villes de fondation non princière
58A priori, ce type de villes devraient livrer des éléments privilégiés permettant de mieux connaître les caractéristiques des centres urbains du monde islamique et leurs éventuels ajustements au sein des régions occidentales qui nous retiennent ici. Toutefois, les éléments censés différencier ces villes apparaissent de plus en plus ténus, sans doute parce que ceux qui pourraient être mis en avant ont été occultés sous les villes modernes.
59Ainsi, une question essentielle est celle de l’identité des autorités qui promeuvent ce type d’évolution. Si la fondation de Kairouan se perd dans des limbes mythologiques en raison de la personnalité de son supposé fondateur, ‘Uqba b. Nāfi‘95, le mouvement de fondations, qui affecte al-Andalus selon une logique binaire – ainsi Murcie tend à remplacer Iyyuh au début du ixe siècle, de même qu’Almeria prend la relève de Pechina au milieu du siècle suivant96 –, reflète une volonté de contrôle du pouvoir central, à un moment où l’intégration de la région au monde islamique tend à s’accentuer. En revanche, certaines villes sont fondées sous l’impulsion de groupes locaux ou en accord explicite avec ceux-ci. Ainsi, Badajoz remplace Mérida à la fin du ixe siècle, sous l’impulsion d’un groupe implanté régionalement97 ; il est également des fondations d’origine tribale, comme Sijilmasa98. Enfin, nombre de récits de fondation évoquent la prise en compte de groupes locaux souvent tribaux99. En outre, notre méconnaissance des sites de fondation sur le long terme nous empêche d’évaluer dans quelle mesure ces « fondations » s’installent ou non sur des établissements antérieurs, mal connus et peut-être de caractère modeste.
60Au cours des deux dernières décennies, les hypothèses de travail se sont multipliées même si, dans l’Occident musulman, seule al-Andalus a bénéficié des premières tentatives d’interprétation générale100, s’accompagnant d’une relecture de la chronologie du mouvement d’urbanisation. L’abandon des villes de l’Antiquité tardive et leur refondation sur un site différent sont plus tardifs qu’on ne l’a longtemps pensé et ne coïncident pas avec la conquête arabo-musulmane. Elles datent, en effet, des xe-xie siècles, période durant laquelle on assiste à une accélération du phénomène d’urbanisation qui affecte l’ensemble du Bassin méditerranéen. Il est, toutefois, des villes qui émergent antérieurement, de manière plus spontanée et avec des caractéristiques différentes101.
61Si, pour al-Andalus, les questionnements se précisent, de nombreuses interrogations persistent pour les autres régions, en particulier celles qui étaient les moins urbanisées dans l’Antiquité, tel le Maghreb al-Aqṣā. À l’opposé, la Sicile semble être caractérisée par une très forte continuité des sites urbains, qui entrave toute lecture de l’islamisation. Les fondations sont peu nombreuses ou ne font l’objet d’aucune publicité particulière.
62En général, ces villes de fondation non princières se sont maintenues dans le temps, si bien que l’archéologue se confronte au problème de l’identification et de la conservation des niveaux anciens. Cela explique que, paradoxalement, l’islamisation des villes ait été mise en lumière surtout dans le cadre de villes antiques préexistantes.
Antériorité de la ville et évolution de la trame urbaine à l’époque islamique
63L’autre grand terrain d’étude des transformations sociales et urbaines liées à l’islamisation privilégie la question de leur impact sur un cadre urbain préexistant. On sort alors d’une analyse limitée à la morphologie/typologie urbaine. L’interrogation porte d’ailleurs moins sur la continuité/discontinuité du tissu et des fonctions de la ville que sur l’élaboration de modèles permettant d’intégrer l’ensemble des transformations sociales qui affectent le monde urbain et sont lisibles grâce à l’enquête archéologique.
64Ces éléments d’évolution apparaissent de façon particulièrement nette dans le cas de villes antiques réoccupées (souvent partiellement), puis abandonnées à l’époque islamique pour des raisons jamais univoques. Cette lecture n’est donc possible que grâce à la fossilisation du paysage urbain, dont les exemples sont nombreux au Maghreb (depuis la Libye en passant par l’Ifrīqiya jusqu’à Volubilis).
65Comme ailleurs, le passage de la ville antique à la ville médiévale s’accompagne d’une évolution des techniques de construction (remploi, en particulier) et de l’occupation du sol, notamment à travers l’empiètement qui se manifeste au sein des espaces et édifices publics (voies, places, basiliques, etc.). Ces indices sont donc insuffisants pour que l’on puisse parler d’une islamisation de la ville. Le problème est accentué par le fait que les exemples étudiés qui attestent une évolution du bâti considérée comme significative102 sont souvent tardifs (xie siècle), sauf dans le cas de Volubilis103, où de nombreuses monnaies permettent de dater une phase d’occupation et de construction de la deuxième moitié du viiie-début du ixe siècle, et dont on attend la publication de synthèse104.
66Une deuxième difficulté tient à ce que, dans la plupart des cas, la possibilité de reprendre les fouilles a été compromise (notamment en Ifriqiya). L’élément attestant l’islamisation devient alors la présence de céramique de type islamique, étudiée le plus souvent hors de tout contexte stratigraphique (détruit pour dégager les niveaux antiques monumentaux105), ce qui explique plus généralement que l’on peine à utiliser la céramique comme un élément datant pour les fouilles de la période médiévale menées au Maghreb.
67Il est d’autres exceptions dont l’étude a été renouvelée récemment. Ainsi Leptis Magna, où la continuité de l’occupation apparaît indiscutable et est accompagnée d’une évolution des techniques de construction privilégiant le remploi, la construction sans mortier, mais avec un liant de sable et d’argile. Une telle lecture est notamment rendue possible par la redatation d’un four à céramique qui avait été daté du ve siècle et est aujourd’hui attribué à l’époque aghlabide. Des monnaies aghlabides et fatimides ont été retrouvées, ainsi qu’un pressoir à huile d’époque islamique et des amphores qui relient la production locale aux courants d’échanges régionaux. Pour une période successive, on notera la présence d’un cimetière datant du xie siècle dans la partie occidentale du forum, non fouillée. Parallèlement, on a retrouvé sur le site de la céramique glaçurée et peinte du xe-xie siècle, similaire à celle d’autres régions libyennes. Faut-il donc penser à deux périodes d’occupation ? Le caractère très limité de ces fouilles à l’échelle du site empêche pour le moment de trancher. L’équipe italienne a, en outre, combiné cette relecture à une enquête au sein du territoire environnant, en montrant que le paysage suburbain atteste une reprise à l’époque islamique, après un recul à l’époque byzantine106.
68Il est également des exemples dans la péninsule Ibérique, comme les villes d’Iyyuh, de Mérida107 ou de Récopolis. Les fouilles de cette dernière108, fondée à la fin du vie siècle et occupée sans interruption jusqu’au ixe siècle, ont montré que le maintien de l’habitat s’accompagne d’un réaménagement de l’ensemble palatin et d’une réduction du périmètre habité (nivellement des rues, nouvelle typologie des maisons et diffusion des silos, introduction de nouvelles formes dans le répertoire céramique).
69En Sicile, sur les sites antiques, qui font aujourd’hui l’objet d’enquêtes archéologiques plus attentives aux phases médiévales, la période islamique n’émerge que lentement des données109. Le plus souvent, les réoccupations sont plus tardives, d’époque normande110.
70L’étude de l’évolution, non plus urbanistique, mais architecturale, et des transformations de l’espace vécu tel qu’il est documenté par l’archéologie est souvent apparue comme une alternative à l’approche globale du fait urbain, difficile à mettre en œuvre et à modéliser, que nous venons d’évoquer.
L’évolution architecturale
71Cette question ne peut être limitée au milieu urbain et elle se pose également pour les zones rurales, les nouvelles solutions architecturales se diffusant dans l’ensemble de l’espace islamisé. Mais l’on s’attachera ici à la dimension urbaine de la question.
72Deux types d’éléments sont retenus, au-delà de la trame urbaine, dont l’analyse est peu concluante dans l’ensemble : les techniques de construction et la morphologie de l’habitat. L’étude des premières met l’accent sur la prédominance de l’architecture en terre111, qui se reflète dans la substitution des mortiers de chaux par des liants à base de terre, ou encore dans l’utilisation d’enduit d’argile et de sols en terre battue112.
73Si des évolutions techniques sont donc perceptibles, la transformation du plan de l’habitat est encore plus nette. Ont été mis en avant (même si leur utilisation n’est pas toujours simultanée) : l’entrée coudée, la présence d’une cour centrale vaste, l’existence dans certaines pièces des habitations d’une estrade ou banquette, facilitant la réception et l’utilisation comme chambre. Ces caractéristiques représentent une relative homogénéité113. Ces traits ne sont ni de tradition berbère, ni romains, et la question de leur origine et de leur diffusion demeure entière. Présents dans l’ensemble de l’espace islamique, leur diffusion est liée aux conquêtes arabo-musulmanes, sans pour autant qu’elles soient clairement liées, à l’origine, à une pratique régionale donnée.
74Une autre question est de savoir s’il faut nécessairement donner une signification à ces éléments. Élisabeth Fentress a, par exemple, développé une lecture à la fois fonctionnelle et symbolique de ces maisons qu’elle a repris de multiples fois par la suite : l’entrée protégerait l’espace domestique et l’organisation de l’habitation refléterait un contrôle spatial par la figure paternelle et une séparation rigoureuse hommes/femmes114.
75Néanmoins, l’ethnoarchéologie est parfois utilisée de manière peu précautionneuse dans le cadre de l’étude du bâti par les écoles américaine et israélienne, surtout au Proche-Orient, mais aussi ponctuellement dans l’Occident musulman115. La question de l’habitat demeure donc complexe, d’autant qu’elle n’a pas été réellement traitée de manière systématique, sauf en al-Andalus116, mais certains apports architecturaux semblent indéniablement aller de pair avec l’islamisation entendue dans un sens large.
76Plus largement, la question de la diffusion d’un certain nombre d’éléments architecturaux, qui ne sont pas propres au cadre urbain, a été réexaminée ou devrait l’être. Ainsi du qanāt (galerie drainante souterraine), dont l’invention n’est pas « islamique » au sens propre et dont l’apparition dans la partie occidentale du monde musulman est tardive, contrairement à l’Égypte, où il est introduit par les Perses achéménides, ou à la Libye, percée de galeries d’époque romaine. Toutefois, l’intégration de régions nouvelles à l’empire islamique se solde par la diffusion de qanāt-s dans les régions en question. On a donc avancé que leur introduction dans le Maghreb al-Aqṣā avait peut-être suivi le même chemin mais qu’elle était surtout due à al-Andalus. Or, on ne trouve pas dans la péninsule Ibérique de qanāt-s daté de manière certaine avant l’époque moderne, sauf à Majorque où il s’agit en fait de simples aménagements de fond d’oued117. À Palerme, la céramique retrouvée jusqu’à présent dans les qanat-s n’est pas antérieure au xiiie siècle118.
77Ce n’est pas ici le lieu, mais devraient être pris en examen des types d’édifices associés à la diffusion de l’islam : les ḥammām-s et les ribāṭ-s en particulier, objets de nombreuses études dans lesquelles nous n’entrerons pas ici.
78Toutefois, si le cadre urbain a été privilégié par les archéologues comme observatoire des transformations liées à l’islamisation, celles-ci ont également affecté les zones rurales qui abritaient alors l’essentiel de la population.
L’EVOLUTION DES CAMPAGNES
79Ignorées par les sources écrites et offrant donc peu de prise à des études historiques « classiques », les campagnes présentent un véritable intérêt pour l’archéologue, qui y rencontre souvent un matériel nouveau, plus riche qu’elle ne l’espérait. Les années.1980 ont marqué de ce point de vue un tournant décisif dans toutes les régions qui ont fait partie du dār al-islām médiéval. Le développement de l’archéologie extensive y est pour beaucoup119. Toutefois, les progrès pour l’Occident musulman demeurent limités et la connaissance du milieu rural a relativement peu avancé. Cette déficience ou ce désintérêt s’explique par plusieurs facteurs.
80D’une part, le phénomène urbain a concentré l’essentiel de l’attention, et la multiplication des fouilles de sauvetage concerne surtout les villes. D’autre part, le thème est peu étudié parce que les sources écrites sont particulièrement lacunaires et laconiques. Les approches synthétiques de la question s’appuient donc, le plus souvent et de manière paradoxale, sur les sources textuelles120.
81Cette lacune a plusieurs conséquences négatives. Non seulement elle laisse pendantes nombre de questions importantes, mais elle explique également que le thème soit quasiment vierge de recherches (publiées) pour le Maghreb.
Le peuplement en milieu rural
82L’enquête sur ce thème est encore peu développée pour l’Occident islamique, si bien que l’on ne peut dégager ni synthèse générale, ni typologie, ni modèle régional. Toutefois, l’état d’avancement des recherches ne permet pas d’exclure que des traits généraux puissent être identifiés dans le futur : les prospections et fouilles programmées sont encore trop peu nombreuses.
83La région la plus avancée, du point de vue qui nous intéresse, est néanmoins celle d’al-Andalus. Pour la péninsule Ibérique, en effet, les évolutions que connaît le milieu rural entre le viiie et le xiiie siècle permettent de dégager quelques grandes tendances diachroniques : la plus patente est celle d’un peuplement rural principalement établi en hauteur, qu’il s’agisse de localités fortifiées ou non. Les différents travaux développés durant ces dernières décennies ont mis en évidence la complexité du phénomène, tout en nuançant son rôle strictement militaire de contrôle ou défense d’un territoire. Plus qu’à la nécessité d’un refuge temporel, ce phénomène pourrait correspondre, jusqu’aux invasions des dynasties maghrébines, à une concentration permanente de la population paysanne, dont on a parfois le plus grand mal à distinguer les motivations121.
84La variabilité et la pluralité de ses facteurs n’empêchent pas de distinguer trois grandes étapes du perchement des sites ruraux : préislamique, antérieure et postérieure à la première fitna. Ce mouvement, qui se prolonge et s’amplifie au-delà de la conquête musulmane, renvoie donc à des contextes socio-économiques très différents. La transformation fondamentale ne réside donc pas tant dans la réoccupation de sites de hauteur, souvent protohistoriques, ou dans la création de grandes enceintes, que dans leur signification sociale et politique.
85Pendant la deuxième phase, l’incastellamento correspond en al-Andalus à une forme de résistance à l’islamisation, menée par des groupes d’origine autochtone qui, culminant à la fin de l’émirat, fut, néanmoins, mise en échec avec le califat, alors qu’il annonce l’essor du modèle féodal dans les royaumes chrétiens septentrionaux. Des « réalités sociales différentes » peuvent donc produire des « formes identiques » d’organisation de l’espace.
86Parallèlement, les recherches ont éclairé le rôle structurant du ḥiṣn/fortification dans l’organisation postérieure au xe siècle122 du territoire/terroir à travers le développement d’un véritable réseau castral articulant autour d’un centre défensif plusieurs établissements. Cette organisation sociale de l’espace est mise en place par des communautés paysannes qui tendent à se développer dans des conditions démographiques et économiques déterminées, et répondent à une double nécessité : l’optimisation de l’exploitation agricole et la défense du territoire.
87Quelques limites doivent être apportées à ces affirmations : d’une part, les données sur l’époque de transition wisigothe-islamique sont maigres ; d’autre part, ce « modèle », validé pour le Sud-Est de la péninsule Ibérique et pour le Sud du Portugal123, ne peut être transposé à l’ensemble du territoire d’al-Andalus, ni aux autres aires du Bassin méditerranéen occidental.
88Malgré cette mise en garde, le « modèle » d’al-Andalus a tendance à être repris en Sicile sans précaution excessive. Les prospections, encore trop peu nombreuses, ont tenté de faire la lumière sur les évolutions qui se jouent de part et d’autre de la conquête islamique de l’île124. Ces analyses souffrent grandement de notre ignorance concernant la céramique entre le début du ixe et le milieu du xe siècle. Récemment, Alessandra Molinari a proposé une lecture de l’évolution du territoire de Ségeste : on y assiste, à partir de la fin du viie siècle, à un recul des établissements ruraux mais aussi de la céramique d’importation ; une reprise est décelable aux xe-xie siècles125, mais ne rien pouvoir dire du ixe siècle équivaut à ne rien pouvoir dire de l’impact de la première époque islamique126. Il semble, en revanche, que la période kalbide, à partir de 948, soit caractérisée par un perchement des sites ruraux et par une prospérité majeure (avec toute la question de savoir si le rescrit fatimide de 967, encourageant l’incastellamento de la population, a été suivi d’effet127). En dépit de la multiplication des prospections, malheureusement trop souvent encore centrées sur la période antique, il est donc difficile de généraliser les hypothèses avancées et encore plus de proposer des modèles d’évolution.
89Au Maghreb, les recherches sur le rôle des sites fortifiés sont peu développées : de manière générale, ces problématiques n’ont pas été reprises128. L’évolution du peuplement rural n’est guère mieux lotie. Un travail de synthèse des différentes prospections archéologiques menées en Ifriqiya a bien été effectué129 en prenant en compte les structures de peuplement en milieu rural. Toutefois, les enquêtes sur lesquelles il repose sont pour la plupart menées par des antiquisants et se concentrent sur les évolutions de la fin de la période antique. Il faut dire que la méconnaissance de la céramique du viiie siècle et les incertitudes quant à celle du ixe-xe siècle ne facilitent pas la tâche, comme le montrent les recherches menées autour de Segermes (60.km au sud de Carthage), de Kasserine (ancienne Cillium) dans les hautes steppes du Sud-Ouest de la Tunisie centrale, de Sbeitla (inédite), de Carthage, mais allant jusqu’à Oudna et au cap Bon. Aucune ne mentionne de données pour la période islamique, ce qui tient peut-être à ce que ces prospections sont menées surtout par les antiquisants, dans un contexte où se pose la question de l’identification de la céramique de transition. En Tunisie, le travail mené sur le littoral par Michel Bonifay constitue une exception130.
90En revanche, la Libye a été abordée d’un point de vue multidisciplinaire dans le cadre d’une enquête qui concerne le prédésert et mériterait une synthèse à part131.
91Aucun modèle commun ne peut donc être dégagé, ce qui n’est pas nécessairement étonnant, dans la mesure où il est probable que les variations régionales, voire microrégionales, l’emportent sur les évolutions générales. Toutefois, il apparaît urgent de mener des programmes pensés de fouilles en milieu rural à un moment où les difficultés méthodologiques soulevées par les prospections et leurs limites apparaissent clairement.
Villages et structures communautaires
92Les travaux sur les textes ont mis en évidence le fait que la polysémie des termes qarya (pl. qurā) et ḥiṣn (pl. ḥuṣūn) et leur variété typologique interdisent toute définition univoque de la qarya, couramment traduite par le mot « village », même s’il est probable que se reflète là une impasse méthodologique qui tient à ce que l’on n’étudie pas les champs sémantiques à l’échelle d’un seul texte, comme il faudrait le faire. Or, le village, qui renvoie à la fois à un regroupement de population et à une unité fiscale, apparaît, à travers les enquêtes archéologiques et malgré une approche qui reste limitée faute de fouilles programmées, comme un phénomène loin d’être homogène.
93L’évolution de l’espace domestique (espace privé) et de la morphologie générale du village entre Antiquité tardive et domination islamique atteste de changements, mais, s’il semble légitime de voir dans sa forme d’organisation le reflet d’un groupe à forte cohésion sociale, il n’est pas si évident d’en déduire sa dimension ethnique.
94L’existence de certaines structures collectives suggère un renforcement de l’organisation des communautés rurales, notamment autour de l’irrigation mais aussi autour du stockage. On assiste par exemple à la multiplication dans la péninsule Ibérique de lieux de stockage (spécifiquement des silos) qui tendraient à disparaître après la conquête chrétienne132. Ces phénomènes ont été étudiés également pour la Tripolitaine du ixe siècle133, où ce type de constructions, appelées gasr, guelaà ou agadir, prennent la relève des forteresses byzantines. Elles sont souvent caractérisées par des systèmes de fortification imposants (murs épais et contreforts variés). En outre, un système de tours isolées semble renforcer le dispositif de défense des territoires ruraux. On retrouve la même chose dans le Sud tunisien : les gsur sont des structures composées de pièces superposées où l’on entrepose les vivres134. Ils comptent en moyenne cent à deux cents espaces dédiés à la conservation des denrées et superposent jusqu’à six étages ; leur proximité typologique avec ceux de la Libye est grande. En Sicile, la période islamique voit le maintien et le développement de la construction de silos, qui sont qualifiés de maṭāmir dans les sources documentaires en arabe.et continuent d’être utilisés après le xiie siècle135.
95Le thème de l’habitat rural est aujourd’hui peu traité, et l’archéologie du village est plus avancée en Orient136 qu’elle ne l’est pour l’Occident musulman. L’étude des terroirs mériterait également une attention plus grande. Un des biais par lesquels elle a été abordée est l’analyse des systèmes d’irrigation.
Une révolution agricole ? Irrigation et cultures nouvelles
96L’archéologie extensive a montré que la configuration des espaces agraires et la distribution des établissements ruraux éclairent la compréhension des sociétés paysannes et leurs mutations137. Si l’évolution du parcellaire à l’époque islamique semble impossible à reconstituer, en revanche se développent des techniques et des équipements qui ont un impact sur son organisation et ont laissé des traces matérielles. Alors que d’autres formes d’exploitation (comme les cultures sèches) laissent des indices archéologiques peu « lisibles », les systèmes d’irrigation fournissent généralement des éléments patents (qanāt-s, canaux, bassins, aqueducs, norias, siphons, etc.) qui permettent de définir l’évolution spatiale des exploitations agraires qu’ils permettent d’arroser138. Il s’agit de systèmes élaborés, exigeant un entretien intensif et constant, et renvoyant à une organisation sociale complexe. L’accès à l’eau détermine en effet en partie le parcellaire et suppose une gestion communautaire de l’espace et des ressources en milieu rural, deux dimensions peu documentées par les sources écrites139 et qui sont souvent identifiées comme un des effets de l’islamisation.
97Les envisager comme des aménagements caractéristiques de l’islamisation ne va toutefois pas de soi. Cette prudence est de mise notamment parce que la datation de ces équipements soulève nombre de difficultés, comme on l’a montré pour Taghssa (Nord du Maroc)140. En effet, les structures hydrauliques comptent de nombreux éléments temporaires, notamment pour le captage, réalisés souvent dans des matériaux éphémères. Dans l’ensemble, les données certaines sont relativement tardives –.dans la péninsule Ibérique à partir du xe siècle – et les preuves manquent pour affirmer le contraire.
98Au-delà de la question de l’irrigation, mais liée au même thème de l’innovation par importation de techniques nouvelles, peut-on parler d’une « révolution culturale » islamique ? Le sujet a été étudié de manière un peu précise en Orient141, mais quasiment pas pour l’Occident musulman. Les enquêtes de paléobotanique devraient apporter des réponses de ce point de vue. En Sicile, d’un point de vue archéologique, seuls les vases à sucre attestent le développement de la culture de la canne à sucre. Se pose dans chaque région la question du rôle de l’État dans ces aménagements d’envergure et dans l’éventuelle planification des travaux entraînés.
99Enfin, dans un tout autre registre, les restes de faune exhumés dans les sites du haut Moyen Âge montrent une diminution très nette de la consommation de suidés (Sus sp.), qui constituaient jusqu’alors une des sources de l’alimentation142. Ce changement des habitudes alimentaires ne peut se comprendre en dehors d’une islamisation religieuse et alimentaire de la population. Malheureusement, les quelques études disponibles ont généralement été réalisées sur des sites de chronologie « tardive », déjà pleinement islamisés143. Enfin, des indices d’une consommation ponctuelle ont été documentés sur plusieurs sites144, mais dans des proportions tellement faibles qu’il est malaisé d’en tirer une explication satisfaisante.
100Il est donc nécessaire de développer rapidement des recherches concernant la vie quotidienne dans les villages de la première période islamique : habitat, cultures agricoles et artisanat demeurent encore trop mal connus. Un dernier point mérite d’être développé : les conditions de la mise en valeur des zones côtières, au-delà de la question des arsenaux, des flottes maritimes et du commerce. On peut se demander notamment ce qu’il en était des activités halieutiques145.
CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES
101Les indices de l’islamisation dans l’Occident musulman durant les premiers siècles de la domination islamique sont à la fois nombreux et complexes à interpréter. Cette difficulté est d’autant plus grande que l’avancement contrasté des recherches suivant les régions prises en examen réduit considérablement les possibilités de comparaison si fécondes et repousse aux calendes grecques l’établissement d’une éventuelle typologie tout comme l’élaboration de modèles (dont le destin est d’être dépassés). De véritables « trous noirs » demeurent, notamment concernant la vie rurale.
102Même à ce stade préliminaire de la recherche, un certain nombre de points peuvent toutefois être avancés :
1031) Les termes de rupture et de continuité doivent être définitivement bannis du discours historique (ce que souligne Eduardo Manzano146), au profit de l’établissement d’une chronologie différenciée. Ces termes sont évocateurs mais insatisfaisants, et il convient de se concentrer sur la question des étapes de l’islamisation (à la manière dont Richard Bulliet l’avait pensée, mais sur d’autres bases, en élargissant au non-religieux). Cette chronologie varie en fonction des lieux d’observation. De manière générale, on pourrait toutefois distinguer une période que l’on pourrait qualifier de « proto-islamique », caractérisée par des changements et des évolutions incontestables (notamment au niveau du pouvoir qui se met en place) mais limités et d’interprétation malaisée (surtout au sein de la société), et une période où la région prise en examen peut être considérée comme islamisée parce que caractérisée par des éléments qui participent d’une sorte de koiné islamique et qu’il conviendrait de dégager en en faisant l’inventaire. Il est probable de ce point de vue que les chronologies régionales soient distinctes, d’autant que tous les phénomènes ne suivent pas les mêmes rythmes (ainsi, par exemple, du cas des rites funéraires, dont la transformation semble paradoxalement rapide). Il apparaît également que la « transition » est destinée à toujours nous échapper si nous la concevons comme un phénomène global, ce qu’elle n’est en aucun cas.
104En ce sens, le cas d’al‑Andalus fournit une première chronologie de l’ensemble de ces phénomènes. En effet, dans un premier temps, les conquérants promeuvent une islamisation limitée, mais qui reflète leurs intérêts premiers (introduction d’une monnaie islamique, établissement du jund, levée d’impôts, etc.) durant une période qui correspond, grosso modo, à la seconde moitié du viiie siècle. Au cours du siècle suivant, des phénomènes de transformation plus larges affectent l’ensemble des régions conquises mais de manière relativement diffuse, avant que l’État ne reprenne les choses en main, accélérant les processus en cours, en vue d’homogénéiser davantage les pratiques et le cadre de vie de la population (à partir du xe siècle). On peut se demander dans quelle mesure cette hypothèse de travail peut être transposée (avec sa chronologie propre) aux régions voisines du Maghreb et de la Sicile.
1052) Il faut également prendre en compte une typologie régionale de l’islamisation : l’histoire antérieure de chaque aire géographique et le substrat culturel qui la caractérise ayant un impact à la fois sur les modalités de l’islamisation et sur son résultat. De ce point de vue, il convient d’être extrêmement attentif au monolithisme de la conception de l’islam qui est celui de l’époque étudiée et donc souvent le nôtre aussi, en dépit des efforts que nous faisons pour nous départir de ces a priori. En ce sens, il sera intéressant d’affiner l’analyse microrégionale sans pour autant perdre de vue la koiné islamique qui s’affirme sur les deux rives de la Méditerranée et qui a de multiples manifestations.
1063) Par ailleurs, il devient de plus en plus nécessaire de distinguer les différents acteurs de l’islamisation qui interviennent selon des modalités distinctes. On pourrait ainsi s’interroger sur les rôles respectifs de l’État, des nouvelles élites, des tribus (concept d’auto-islamisation147), etc., ainsi que sur la chronologie de leurs interventions. Il faudrait également réexaminer la question des courants musulmans considérés comme minoritaires, même s’ils peuvent être majoritaires en nombre, et de leur rôle dans l’islamisation148. Il faudrait donc développer l’étude des sources ibadites maintenant publiées et reprendre probablement les sources de ce point de vue en al‑Andalus notamment. L’idée d’une soi-disant « islamisation superficielle », que l’on retrouve souvent exprimée de manière plus ou moins claire, n’est en effet pas satisfaisante.
107À l’issue de ce rapide tour d’horizon des sources archéologiques, la nécessité de croiser ces dernières et la lecture des textes, de faire converger les traces matérielles et les vestiges documentaires apparaît de façon toujours plus nette. L’archéologie ne peut en aucun cas être négligée car elle a beaucoup à offrir pour les premières étapes de l’islamisation et l’évolution chronologique générale qui apparaissent encore difficilement à la lecture des textes.
Notes de bas de page
1 Nous remercions Jean-Pierre Van Staëvel pour ses suggestions. La bibliographie n’a pas été mise à jour lors de la correction des épreuves, sauf exception, elle s’arrête fin 2008.
2 Cyrille Aillet a souligné la complexité du phénomène de l’islamisation dans son introduction à ce même volume.
3 On renverra à l’introduction de Ch. Picard sur les sources textuelles.
4 Le problème se pose également pour l’Orient, mais à une date plus haute, en raison du décalage chronologique qui existe entre les conquêtes. Sur ces classifications en périodes préhistorique/protohistorique/relevant de l’historiographie classique, on verra F. Donner, Narratives of Islamic Origins. The Beginnings of Islamic Historical Writing, Princeton, 1998.
5 Cf. P. Cressier, « Urbanisation, arabisation, islamisation au Maroc du Nord : quelques remarques depuis l’archéologie », Peuplement et arabisation au Maghreb occidental. Dialectologie et histoire, éd. J. Aguadé, P. Cressier, A. Vicente, Madrid-Saragosse, 1998, p. 27-39.
6 Sur cette difficulté, cf. D. Withcomb, « Introduction : The spread of Islam and Islamic archaeology », Changing Social Identity with the Spread of Islam. Archaeological Perspectives, éd. D. Withcomb, Chicago, 2004, p. 1-7.
7 Également par le biais du remploi : P. Cressier, « El acarreo de obras antiguas en la arquitectura islámica de primera época », Cuadernos Emeritenses, 17, 2001, p. 309-333.
8 Sur la question plus générale de l’orientalisation de la société d’al-Andalus, on renverra aux positions antagonistes de P. Guichard, Structures sociales « orientales » et « occidentales » dans l’Espagne musulmane, Paris, 1977, et de G. Martinez-Gros, Identité andalouse, Arles, 1997.
9 P. Guichard, Les musulmans de Valence et la reconquête, vol. 1, Damas, 1990, p. 19-24 ; M. Acién Almansa, « Sobre el papel de la ideología en la caracterización de las formaciones sociales. La formación social islámica », Hispania, 58/3, no.200, 1998, p. 915-968, voir p. 945 ; M. Barceló, « Un estudio sobre la estructura fiscal y procedimientos contables del emirato omeya de Córdoba (138-300/755-912) y del Califato (300-366/912-976) », Acta Mediaevalia, 5-6, 1984-1985, p. 45-72, voir p. 71.
10 Ce thème a été largement abordé par E. Manzano, Conquistadores, emires y califas. Los omeyas y la formación de al-Andalus, Madrid, 2006, chap. 2 : « El pago de los conquistadores », p. 55-86.
11 Acién Almansa, « Sobre el papel de la ideología », art. cité, p. 945.
12 Manzano, Conquistadores, op. cit., p. 59-63.
13 M. L. Bates, « The introduction of the quarter-dinar by the Aghlabids in 264 H. (A.D. 878) and its derivation from the Byzantine tremissis », Rivista italiana di numismatica e scienze affini, 103, 2002, p. 115-128.
14 A. Nef, V. Prigent, « Per una nuova storia dell’alto medioevo siciliano », Storica, a. XII, 2006 (publié en 2008), p. 9-64, voir p. 36-37.
15 Mūsā b. Nusayr fait battre monnaie dès 86/705, selon la pratique suivie en Égypte et en Syrie, consistant à maintenir le type monétaire des vaincus et à procéder à des modifications progressives. Les bustes des empereurs byzantins sont supprimés et remplacés par des inscriptions latines qui évoquent le principe fondamental de l’islam, l’unicité divine. Ces inscriptions sont bilingues dès 97/715-716, sous le successeur de Mūsā b. Nusayr, Muḥammad b. Yazīd, avant d’être complètement arabisées en 100/718-719 ; Kh. Ben Romdhane, « Monnaies », De Carthage à Kairouan. 2000 ans d’art et d’histoire en Tunisie, Paris, 1982, p. 226, n° 308 ; Id., Contribution à l’étude des monnaies de l’Ifrīqiya (fin ier siècle-fin xe siècle/fin viie siècle-milieu xvie siècle), Tunis, 2008, p. 215-225.
16 E. Savage, A. A. Gordus, « Dirhams for the Empire », Genèse de la ville islamique en al-Andalus et au Maghreb occidental, éd. P. Cressier, M. Garcia-Arenal, Madrid, 1998, p. 377-402.
17 A. Rovelli, « La funzione della moneta tra l’viii e il x secolo. Un’analisi della documentazione archeologica », La storia dell’alto medioevo italiano (vi-x secolo) alla luce dell’archeologia (Atti del Convegno internazionale, Siena 2-6 dicembre 1992), éd. R. Francovich, G. Noyé, Florence, 1994, p. 521-538, et Ead., « Emissione e uso della moneta : le testimonianze scritte e archeologiche », Roma nell’alto medioevo, Spolète, 2001 (Settimane di studio del Centro italiano di studi sull’alto medioevo, XLVIII), p. 821-852.
18 Pour l’Occident et Byzance : outre les travaux de Cécile Morisson (dont on trouvera la bibliographie à l’adresse suivante : www.cfeb.org/curiculum/mb_morrisson. pdf), on verra les articles de M. Bompaire, J. Ch. Moesgaard, B. Callegher, T. Vorderstrasse, et celui de H. Gitler, D. Weisburd dans Les villages de l’Empire byzantin ive-xve siècle, éd. J. Lefort, C. Morris-son, J.-P. Sodini, Paris, 2005 (Réalités byzantines, 11). The Economic History of Byzantium from the Seventh through the Fifteenth Century, éd. A. E. Laiou, Washington, 2002, aborde la question à plusieurs reprises, notamment dans le volume.3, cf. en particulier C. Morrisson, « Byzantine money : its production and circulation », vol. 3, p. 909-966.
19 On verra F. Sezgin et al., Coins and Coinage of Al-Andalus, Francfort, 2003, 6.vol. ; R. Frochoso Sánchez, « Los feluses del periodo de los gobernadores omeyas en al-Andalus », Numisma, 237, 1996, p. 259-289, et Id., « Los feluses del Emirato Independiente », Numisma, 239, 1997, p. 9-73. Voir également Monedas andalusies, éd. A. Canto García, T. Ibrahim, F. Martin Escudero, Madrid, 2000 ; A. Canto García, T. Ibrahim, Moneda Andalusí. Colección del Museo Casa de la Moneda, Madrid, 2004, et Al-Qanṭara, 27, 2006, consacré à Derecho y religión en las monedas de Occidente islámico, en particulier : C. Domenech Belda, S. Gutiérrez Lloret, « Viejas y nuevas monedas en la ciudad emiral de Madīnat Iyyuh (El Tolmo de Minateda, Hellín, Albacete) », p. 337-374.
20 Bates, « The introduction of the quarter-dinar », art. cité, sur les lacunes et erreurs du catalogue de M. A. al-‘Ush, Monnaies aghlabides étudiées en relation avec l’histoire des Aghlabides, Damas, 1982 ; les Idrissides sont mieux lotis avec le catalogue de D. Eustache, Corpus des dirhams idrisites et contemporains : collection de la Banque du Maroc et autres collections mondiales publiques et privées, Rabat, 1970-1971 ; N. D. Nicol, A Corpus of Fatimid Coins, Trieste, 2006 ; Coins and Coinage of North Africa. Studies, éd. F. Sezgin et al., Francfort, 2003, 3 vol. ; Numismatique et histoire de la monnaie en Tunisie. Banque centrale de Tunisie. Collections monétaires. 2. Monnaies islamiques, éd. A. Khiri, J. Alexandropulos, A. Fenina, Tunis, 2006-2007 ; Ben Romdhane, Contribution, op. cit.
21 Coins and coinage of Sicily : Studies, éd. F. Sezgin et al., Francfort, 2003, 3.vol. La publication des trouvailles monétaires en Sicile repose sur l’activité de M. A. De Luca depuis une décennie ; elle est aussi l’auteur d’une synthèse où l’on trouvera une bibliographie actualisée jusqu’à cette date : « La monetazione araba », Storia di Palermo. II. Dal tardo antico all’Islam, Palerme, 2000, p. 180-203. Elle est également l’auteur du seul catalogue scientifique pour la Sicile : A. M. De Luca, Le monete con leggenda araba della Biblioteca Communale di Palermo, Parte.1, Palerme, 1998. Il manque une synthèse interprétative de nature historique.
22 Outre les références déjà citées, on renverra aux hypothèses stimulantes d’A. M. De Luca à propos des fractions de dirhams frappées en Sicile sous Ibrahīm II dont elle suggère qu’il s’agit de 1/10e de dirhams frappés lors de la réforme monétaire de cet émir aghlabide de la fin du ixe siècle : A. M. De Luca, « Monete e gettoni di epoca araba e normanna », Agrigento dal Tardo antico al Medioevo. Campagne di scavo nell’area della necropoli paleocristiana (anni 1986-1999), éd. R. M. Bonacasa Carra, F. Ardizzone, Todi, 2007, p. 351-364, voir p. 351-355.
23 L. Kalus, Catalogue des cachets, bulles et talismans islamiques (Bibliothèque nationale, Département des monnaies, médailles et antiques), Paris, 1981, et Catalogue of Islamic Seals and Talismans (Ashmolean Museum, Oxford), Oxford, 1986.
24 R. Marichal, Ph. Sénac, « Ruscino, un établissement musulman du viiie siècle », Villes et campagnes de Tarraconaise et d’al-Andalus (vie-xie siècles) : la transition, éd. Ph. Sénac, 2007, Toulouse, p. 67-94, spéc. p. 71-72, et catalogue p. 78-85, après une première publication dans Archéologia, 420, 2005, p. 4-5. Il s’agit de 43.tiges cylindriques de plomb, pesant entre 2,4.g et 16.g, et portant des inscriptions qui se réfèrent au partage du butin fait à Narbonne par les troupes arabo-musulmanes. Elles devaient riveter des lacets de cuir fermant des sacs.
25 Manzano, Conquistadores, op. cit., p. 81, fait référence à un sceau du gouverneur ‘Ansaba b. Suḥaym (721-725 ou 726) de la collection Tonegawa.
26 T. Ibrahim, « Notas sobre precintos y ponderales. I. Varios precintos de ṣulḥ a nombre de ‘Abd Allāh Ibn Mālik : correcciones y una posible atribución. II. Adiciones a “ponderales andalusíes” », Al-Qanṭara, 27/2, 2006, p. 329-335, en particulier p. 329-332.
27 P. Balog, « Dated Aghlabid lead and copper seals from Sicily », Studi Magrebini, 11, 1979, p. 125-133. Cette série provient d’une collection privée et son origine est inconnue ; d’autres ont été retrouvés à Milena/Milocca (cf., à propos de ce site, Dalle capanne alle Robbe. La lunga storia di Milocca-Milena, éd. V. La Rosa, Milena, 1997), et ont été édités par A. M. De Luca, « Reperti inediti con iscrizioni in arabo rinvenuti nel sito archeologico di Milena : i sigilli e le monete », Studi in onore di Umberto Scerrato, Naples, 2003, vol. 1, p. 231-259, avec une bibliographie mise à jour à cette date.
28 C. F. Robinson, « Neck-sealing in Early Islam », Journal of Economic and Social History of Orient, 48/3, 2005, p. 401-441, voir p. 425-426.
29 H. P. Isler, « Pesi di bronzo islamici dagli scavi di Monte Iato (Sicilia) », Quaderni ticinesi di Numismatica e antichità classiche 27, 1998, p. 345-369. Ces exemples sont tardifs ou bien de datation incertaine, mais attestent probablement d’une pratique antérieure. Pour al-Andalus, on renverra aux travaux de Ma. D. Ruíz Arrebola (« Ponderales andalusíes en la casa museo “Posada del Moro” de Torrecampo », Antiquitas, 10, 1999, p. 145-148) et de T. Ibrahim (« Ponderales andalusíes », Numisma, 233, 1993, p. 39-66, et « Ponderales andalusíes (anexo) », Numisma, 234, 1994, p. 61-72, ou encore dans El Esplendor de los Omeyas cordobeses. La civilización musulmana de Europa occidental, éd. Ma. J. Viguera Molíns, C. Castillo, Grenade, 2001, p. 241). Au Maghreb, des poids-forts sont apparus lors des fouilles du site de Ṣabra al-Mansūriya ; cf. S. Gilotte, V. Buccio, « Le petit mobilier de Ṣabra al-Manṣūriya », Ṣabra al-Manṣūriya. Capitale fatimide, éd. P. Cressier, M. Ramah, sous presse (École française de Rome).
30 Gilotte, Bucio, art. cité.
31 Voir également S. Noujaim-Le Garrec, Estampilles, dénéraux, poids-forts et autres disques en verre, Paris, 2004.
32 Pour l’Ifrīqiya : F. Viré, « Dénéraux, estampilles et poids musulmans en verre en Tunisie », Cahiers de Tunisie, 13/4, 1956, p. 17-90 ; pour al-Andalus, voir les articles d’Ibrahim, « Ponderales andalusíes », art. cité, dont la seconde partie contient une bibliographie sur ce sujet.
33 On pourrait mener également une enquête systématique sur les ribāṭ-s, dont une partie de la fonction était religieuse, mais la bibliographie est aujourd’hui infinie.
34 Les identifications sont néanmoins ardues, comme le démontre le cas de Madīnat Elvira. Si les sources textuelles y attestent l’édification d’une mosquée avant le milieu du viiie siècle, les données archéologiques remontant au xixe siècle sont vagues. Un des édifices retrouvés est parfois présenté comme la grande mosquée. De plan vraisemblablement hypostyle, son sol pavé de pierres était recouvert de nattes de sparte, comme le confirment les empreintes laissées dans le plomb fondu sous l’effet de la chaleur qui tomba à l’intérieur de la salle – suggérant que le plafond de bois était recouvert de plaques de plomb. En outre, des lampes étaient suspendues au plafond, comme le prouve l’exceptionnel lot de « couronnes de lumière » en bronze découvert lors des fouilles. Pourtant, et en dépit de tous ces éléments, cette identification demeure hypothétique. M. Gómez Moreno, Medina Elvira, rééd. facsimilé, Grenade, 1986.
35 Ce peut être le cas de l’orientation de la qibla pour laquelle nous nous contenterons de renvoyer aux travaux de M. Rius (tout spécialement La alquibla en al-Andalus y al-Magribal-Aqsà, Barcelone, 2000). Les mosquées ibadites présentent également des spécificités qu’il conviendrait d’étudier systématiquement mais dont la datation est complexe. En attendant une étude sous presse de Virginie Prévost sur le sujet, on verra : V. Prévost, « Les particularités du mihrab chez les ibadites maghrébins », Acta Orientalia Belgica, 21, 2008, p. 301-323.
36 Ainsi, les caractéristiques architecturales d’une mosquée aussi importante que celle de Kairouan, en Ifrīqiya, demeurent mal connues en raison des modifications postérieures à sa fondation (A. Lézine, « Sur une porte ancienne de la grande mosquée de Kairouan », Notes d’archéologie ifriqiyenne, Paris, 1967, p. 73-77 ; F. Mahfoudh, Architecture et urbanisme en Ifriqiya médiévale (proposition pour une nouvelle approche), Tunis, 2003, p. 133-136). Mais l’on pourrait également évoquer le cas de la mosquée de Palerme, où la cathédrale a été convertie en grande mosquée avant de redevenir cathédrale.
37 Le problème a été posé en Orient, où les attestations vraiment hautes font défaut, malgré la conservation de quelques lieux clés comme le Dôme du Rocher ou la grande mosquée de Damas, trop exceptionnels pour être représentatifs. R. Schick, The Christian Communities of Palestine from Byzantine to Islamic Rule. An Historical and Archeological Study, Princeton, 1995 (Studies in Late Antiquity and Early Islam, 2), p. 139-143.
38 A. Molinari, Segesta II. Il castello e la moschea (scavi 1989-1995), Ricerche storico-archeologiche, Palerme, 1997, p. 95-99.
39 Les « mosquées rupestres » étudiées par A. Messina constituent un bon exemple de ces faiblesses méthodologiques. La datation de celle de Rometta (N.-E. de la Sicile) est emblématique de la manière de procéder de l’auteur. La démonstration se résume aux points suivants : le lieu étudié ressemble plus à une mosquée qu’à une église et, puisque Rometta était sous domination islamique de 965 à 1061, elle date forcément de cette période. En réalité, les piliers ne sont plus en place (sauf quatre) et la « niche » du fond pourrait fort bien avoir abrité un autel chrétien (ce qui a été le cas par la suite) dès le début, ce que ne viendrait pas contredire son orientation vers l’est. Toutefois, le tout évoque une citerne et aucun des éléments fournis par l’auteur ne vient infirmer cette possibilité. A. Messina, « Una moschea rupestre a Rometta (Messina) », Scavi medievali in Italia 1994-1995, éd. S. Patitucci Uggeri, Rome, 1998, p. 175 178. Le même auteur en identifie trois autres. Id., La Sicilia rupestre, Caltanissetta-Rome, 2008, p. 38-39.
40 S. Calvo Capilla, « Las primeras mezquitas de al-Andalus a través de las fuentes árabes (92/711-170/785) », Al-Qanṭara, 28/1, 2007, p. 143-179.
41 Cela est le cas de la mosquée de Cordoue qui aurait été dans un premier temps installée dans l’église Saint-Vincent de la ville, même s’il est possible que cette mention s’inspire du « partage » décrit pour la grande mosquée de Damas.
42 Calvo Capilla, art. cité, p. 170-173.
43 En Sicile, un certain nombre de cas renvoient à des lieux de culte chrétiens attestés pendant la période byzantine, et où le culte reprend après la conquête normande. Toutefois, notre méconnaissance de la céramique des viiie-ixe siècles empêche de trancher en faveur d’une continuité de la fréquentation.
44 Pour la Jordanie, une étude systématique a été menée, cf. Schick, The Christian Communities of Palestine, op. cit., spéc. p. 112-138.
45 On verra l’exemple intéressant, mais qui mérite une étude plus approfondie, de la mosquée de Sidi ‘Uqba (près de Sbiba dans la région des hautes steppes tunisiennes) qui réutiliserait une ancienne basilique : F. Bahri, « Sbiba entre deux conquêtes à travers trois sites islamiques : de la conquête musulmane à l’invasion hilalienne au milieu du ve-xie siècle », Histoire des hautes steppes, Antiquité-Moyen Âge, éd. F. Béjaoui, Tunis, 2003, p. 163-201.
46 S. Gilotte, Aux marges d’al-Andalus. Peuplement et habitat en Estrémadure centre-orientale (viiie-xiiie siècle), Helsinki, 2010 (Annales Academiae Scientiarum fennicae, 356).
47 C’est le cas de l’église Santa Eulalia de Mérida dont la première édification remonterait à la seconde moitié du ve siècle. Cœur d’un important complexe religieux et public développé autour du sanctuaire élevé à la martyre, elle ne fut jamais convertie en mosquée ; au contraire, après la conquête de la ville, elle fut l’objet de spoliations, et une noria fut même installée sur ses ruines. Bien que l’abandon de l’édifice n’ait pu être daté avec précision, celui-ci a été justifié par sa situation hors les murs, en périphérie de la ville, ce qui en nuance la portée. Cf. L. Caballero Zoreda, P. Mateos Cruz, « Excavaciones en Santa Eulalia de Mérida », Estremadura Arqueologica, II, 1991, p. 525-546.
48 Les graffitis en arabe gravés sur des fûts de colonnes de la basilique avaient tout d’abord été interprétés comme l’indice de sa conversion en mosquée, mais la révision de leur contenu (empreint de violence et de désespoir, et dépourvu de formules pieuses) par C. Barceló suggère plutôt une utilisation de l’édifice comme prison au ixe siècle (C. Barceló Torres, « Escritos árabes en la basílica paleocristiana de Casa Herrera (Mérida) », Madrider Mitteilungen, 43, 2002, p. 299-315).
49 Ni les analyses archéométriques, ni le matériel émiral provenant d’une stratigraphie trop perturbée n’ont permis de dater sa fondation, ni d’expliquer véritablement la nature de l’occupation qui a pris fin avant l’époque califale. S’agit-il d’un édifice wisigothique en usage durant l’émirat ou d’une construction d’époque islamique. ? L. Caballero Zoreda, F. Saez Lara, La iglesia mozárabe de Santa Lucía del Trampal. Alcuescar (Cáceres). Arqueología y arquitectura, Mérida, 1999.
50 On consultera l’ouvrage stimulant de L. Halevi sur le sujet, accompagné d’une bibliographie récente et très complète : L. Halevi, Muhammad’s Grave. Death Rites and the Making of Islamic Society, New York, 2007, et Id., « The paradox of islamization.: tombstone, inscriptions, Qur’ânic recitations, and the problem of religious change », History of Religions, 44/2, 2004, p. 120-152. L’auteur retrace les controverses qui se sont développées autour de la question à partir d’une étude des textes ; sur ce point, on peut voir également M. Fierro, « El espacio de los muertos : fetuas andalusíes sobre tumbas y cementerios », Urbanisme musulman dans l’Occident musulman au Moyen Âge. Aspects juridiques, éd. P. Cressier, M. Fierro, J.-P. Van Staëvel, Madrid, 2000, p. 153-189. Les données archéologiques renforcent cette impression d’une distance entre la norme écrite et la pratique : A. Bagnera, « Note sulle modalità di sepoltura nelle necrepoli di rito musulmano della Sicilia medievale (x-xiii.secolo) », La Sicile islamique. Questions de méthode et renouvellement récent des problématiques (Actes de la table ronde de Rome, 25 et 26 octobre 2002), éd. A. Molinari, A. Nef, Mélanges de l’École française de Rome. Moyen Âge, 116/1, 2004, p. 259-302.
51 Quelques exceptions dans des zones considérées comme périphériques, telles que, par exemple, le Pakistan, cf. A. Bagnera, « Preliminary note on the Islamic settlement of Udegram, Swat. The Islamic graveyard (11th-13th Century A. D.) », East and West, 56/1-3, 2006, p. 205-228, ou l’Asie centrale : l’essentiel de la bibliographie est en russe, renvoyons à l’article de G. Bogomolov, « La transformation des rites funéraires dans l’oasis de Tachkent, viiie-xie siècle », Islamisation de l’Asie centrale. Processus locaux d’acculturation du viie au xie siècle, Paris, 2008 (Cahiers de Studia Iranica, 39), p. 177-198.
52 E. Cirelli, « Leptis Magna in età islamica : fonti scritte e archeologiche », Archeologia Medievale, 18, 2001, p. 423-440.
53 Estudios sobre cementerios islámicos andalusíes, éd. M. Acién, Ma. P. Torres, Málaga, 1995. E. Pezzini, « Problemi di topografia », La Sicile islamique, op. cit., p. 234-259.
54 À ce jour, on compte une seule fouille programmée de cimetière musulman menée par D. Lebars à Mértola (Portugal). D. Lebars, « Nouveau projet de recherche sur le site funéraire de Rossio do Carmo, Mértola », Al-Ândalus. Espaço de mudança. Balanço de 25 anos de historia e arqueologia medievais. Homenagem a Juan Zozaya Stabel-Hansen, Mértola, 2006, p. 140-147. On assiste, cependant, à un développement timide des études anthropologiques. Voir par exemple Ma. P. de Miguel Ibáñez, « La maqbara de la Plaza del castillo (Pamplona, Navarra) : avance del estudio osteoarqueologógico », Villa, 2. Villes et campagnes de Tarraconaise et d’al-Andalus (vie-xie siècles) : la transition, éd. Ph. Sénac, 2007, p. 183-197 ; R. Lacalle Rodríguez, J. M. Guijo Mauri, « Análisis antropológico de la población islámica califal de El Fontanar », Anales de Arqueología Cordobesa, 17, 2006, p. 291-316.
55 On verra l’article de S. Gutiérrez dans ce volume et E. Pezzini, « Problemi di topografia », art. cité, qui cite les cas de Monte Catalafaro et Entella en Sicile.
56 On mentionnera le cas de Saragosse où la continuité est attestée entre le iiie et le ixe siècle (P. Galve Izquierdo, « Necrópolis islámica de la Puerta de Toledo (Zaragoza) : nuevas excavaciones », Estudios sobre cementerios, op. cit., p. 117-136), ou encore celui de Pampelune où un cimetière musulman daté du viiie siècle a récemment été mis au jour (Ma. P. de Miguel Ibáñez, « La maqbara de la Plaza del castillo », art. cité).Voir également la synthèse de Manzano, Conquistadores, op. cit., p. 268-273.
57 On renverra à l’article de Sonia Gutiérrez dans ce même volume.
58 On ne dispose, pour le moment, que de quelques exemples de zones d’inhumations chrétiennes en activité à l’époque musulmane, comme à Cordoue dans le quartier de Cercadilla (L. Ortiz Ramírez, « Las necrópolis mozárabes », Guía arqueológica de Córdoba, Cordoue, 2003, p. 192194 ; L. Ortiz Ramírez, « Los Mózarabes de Córdoba. Una aproximación preliminar a la necrópolis de Cercadilla », Arte, Arqueología e Historia, 10, 2003, p. 79-84 ; R. Hidalgo Prieto, Ma. del Camino Fuertes, « Córdoba entre la Antigüedad clásica y el Islam : las transformaciones de la ciudad a partir de la información de las excavaciones de Cercadilla », Cuadernos Emeritenses, 17, 2001, p. 223-264, voir p. 230-234), ou encore à Mérida (P. Á. Delgado Molina, « Excavación de un área funeraria cristiana en época andalusí », Mérida excavaciones arqueológicas 2003, Memoria, 9, 2006, p. 285-312, mais l’on peut espérer que la multiplication des fouilles d’urgence apportera, dans un futur proche, plus d’éléments de comparaison.
59 Voir note précédente.
60 Ainsi à Sétif (Algérie orientale) et à Nakur (Nord du Maroc), où deux tombes ont été découvertes de manière non intentionnelle, le fait qu’elles contiennent du mobilier a été interprété, dans le premier cas, comme renvoyant à la sépulture d’un marabout et, dans le deuxième cas, comme le reflet d’une islamisation incomplète du rite funéraire. A. Mohamedi, A. Benmansour, A. Amamra, E. Fentress, Fouilles de Sétif (1977-1984), Alger, 1991, p. 96-97.
61 Y. Raghib, « Structure de la tombe d’après le droit musulman », Arabica, 39/3, 1992, p. 393-403, et Fierro, « El espacio de los muertos », art. cité, p. 155, 179-180.
62 Y. Rāġib, « Les premiers monuments funéraires de l’Islam », Annales islamologiques, 9, 1970, p. 21-36, et Id., « Les pierres de souvenir : stèles du Caire de la conquête arabe à la chute des Fatimides », Annales islamologiques, 35, 2001, p. 321-383. Il est vrai que les stèles les plus précoces ont surtout été retrouvées en Égypte, où elles sont attestées dès le milieu du viie siècle (cf. L. Halevi, Muhammad’s Grave, op. cit., p. 36).
63 Pour une typologie des stèles d’al-Andalus, cf. C. Barceló, La escritura árabe en el País Valenciano : inscripciones monumentales, Valence, 1998, vol. 1, p. 57-65 ; Ma. A. Martínez Núñez, « La estela funeraria en el mundo andalusí », Actas del V Congreso Internacional de Estelas Funerarias (Soria 28 de abril-1 de mayo de 1993), éd. C. de la Casa, Soria, 1994, p. 419-444. Parmi les stèles antérieures au xe siècle, on citera une épitaphe de Cordoue (858 ap. J.-C.), Répertoire chronologique d’épigraphie arabe (désormais : RCEA), éd. E. Combe, J. Sauvaget, G. Wiet, Le.Caire, 1932, vol. 2, n° 413.
64 Pour le xe siècle en al-Andalus, voir, par exemple, Ma. A. Martínez Núñez, « Estelas funerarias de época califal aparecidas en Orihuela (Alicante) », Al-Qanṭara, 22/1, 2001, p. 45-76.
65 M. Amari, Le epigrafi arabiche di Sicilia, trascritte, tradotte e illustrate, Palerme, 1875, rééd. revue par F. Gabrieli, Palerme, 1971 ; V. Grassi, « Le stele funerarie islamiche di Sicilia : provenienze e problemi aperti », La Sicile à l’époque islamique, op. cit., p. 351-364, et Ead., « Materiali per lo studio della presenza araba nella regione italiana. I. L’epigrafia araba nelle isole maltesi », Studi magrebini, 21, 1989, p. 9-92, qui renvoie à nombre de stèles funéraires ; F. Maurici, « Due frammenti di mqabriyyas dal sito di Monte della Giudecca (Cattolica Eraclea, Agrigento) », Archeologia medievale, 23, 1996, p. 597-602. Enfin, C. Tonghini et al. ont proposé un catalogue imparfait des stèles prismatiques retrouvées en Italie dans « Gli Arabi di Amantea : elementi di documentazione materiale », Annali dell’Istituto Universitario orientale di Napoli, 57/1-2, 1997, p. 203-230.
66 Citons tout de même M.-M. Viré, « Inscriptions arabes des stèles funéraires du musée de Sousse », Cahiers de Tunisie, 13/4, 1956, p. 450-494. La plus ancienne de cette série date de 865. On citera une stèle de Sousse datée de 866 (RCEA, vol. 2, n° 565) et les épitaphes kairouanaises de 883 et de 898 (RCEA, vol. 2, nos 705 et 798). On trouve également une série de 250.épitaphes kairouanaises dans B. Roy et P. Poinssot, Inscriptions arabes de Kairouan, fasc. 1, Paris, 1950, p. 103-429 ; elles datent de 850 à 1034 et seules 27 sont datées du milieu à la fin du ixe siècle ; B. Roy, P. Poinssot, Inscriptions arabes de Kairouan, fasc. 2, Paris, 1958, en contient.126, toutes du xie siècle. Cf. S. M. Zbiss, Nouvelles inscriptions de Kairouan, Tunis, 1977 (Corpus des inscriptions arabes de Tunisie, 3e partie, 1) : dans ce volume, seulement 5 des 56.inscriptions funéraires sont antérieures à la fin du ixe siècle.
67 Ch. Décobert, « Sur l’arabisation et l’islamisation de l’Égypte médiévale », Itinéraires d’Égypte. Mélanges offerts au père Maurice Martin, éd. Ch. Décobert, Le Caire, 1992, p. 273-300.
68 Cf. les articles de V. Grassi et C. Tonghini cités.
69 On pourrait émettre l’hypothèse d’une répartition régionale des formes de stèles en Sicile, mais la réflexion porte sur un échantillon trop réduit pour que l’on puisse formuler des conclusions valides.
70 Halevi, Muhammad’s Grave, op. cit., p. 38, et en particulier sur la position du qāḍī Nu‘mān sur le sujet.
71 A. Mendoza Eguaras, « Inscripción mózarabe en la Zubia (Granada) », Cuadernos de Prehistoria y Arqueología, 13-14, 1986-1987, p. 277-280 ; J. M. Abascal Palazón, H. Gimeno Pascual, Epigrafía hispánica, Madrid, 2000, nos 118, 185a, 185c, 447, 504a, 504b. M. Gómez Moreno, Medina Elvira, rééd. Grenade, 1986, p. 17 (également dans M. Pastor Muñoz, A. Mendoza Eguaras, Inscripciones latinas de la provincia de Granada, Grenade, 1987 p. 287-288).
72 De nombreuses stèles d’époque wisigothique sont connues sur le territoire espagnol. En l’absence d’un catalogue général incluant les découvertes récentes, on renverra à l’ouvrage de J. Vives (Inscripciones cristianas de la España romana y visigoda, Barcelone, 1969).
73 Pour al-Andalus, voir, par exemple, C. Gozalbes Cravioto, « Un ensayo para la catalogación de los amuletos de plomo andalusíes », Boletín de Arqueología Medieval, 12, 2005, p. 7-18, et T. Ibrahim, « Evidencia de precintos y amuletos en al-Andalus », II Congreso de Arqueología Medieval Española, Madrid, 1987, vol. 2, p. 705-710. Pour la Sicile : A. M. De Luca, « Talismani con iscrizioni arabe rinvenuti in Sicilia », La Sicile islamique, op. cit., p. 303-317.
74 A. Canto García, « Perforations in coins of the Andalusian Umayyad caliphate.: a form of demonetization ? », Problems of Medieval Coinage in the Iberian Area, vol. 2, Sintra, 1986, p. 345-360. T. Ibrahim, « Notas sobre un amuleto andalusí y la problemática de las monedas perforadas », Boletín de Arqueología Medieval, 2, 1988, p. 137-140.
75 A. Fernández Ugalde, « ¡.que Dios nos conserve el grano ! Una interpretación de los omoplatos con inscripción árabe procedentes de yacimientos medievales », Al-Qanṭara, 18/2, 1997, p. 271-294. Ch. Burnett, « Divination from sheep’s shoulder blades : A reflection on Andalusian society », Cultures in Contact in Medieval Spain: Historical and Literary Essays Presented to L. P. Harvey, éd. D. Hook, B. Taylor, 1990, p. 29-45, et Id., « An Islamic divinatory technique in Medieval Spain », The Arabs in Medieval Europe, éd. D. A. Agius, R. Hitchcock, Reading, 1994, p. 100-135.
76 M. A. Martínez Núñez, « Epigrafia funeraria en al-Andalus (siglos ix-xii) », Mélanges de la Casa de Velázquez, 2, 41-1, 2011.
77 En Sicile, l’épigraphie tant funéraire que monumentale est très majoritairement postérieure à l’époque islamique ; pour al-Andalus, on peut voir, au sein d’une vaste bibliographie, le catalogue toujours d’actualité d’É. Lévi-Provençal, Inscriptions arabes d’Espagne, Paris-Leyde, 1931, ainsi que les nombreux apports de Ma. A. Martínez Núñez (« Estelas funerarias de Orihuela, Alicante », Al-Qanṭara, 22, 2001, p. 45-76), de C. Barceló (La escritura árabe en el país valenciano. Inscripciones monumentales, Valence, 1998, 2.vol. ; A. Labarta, C. Barceló, « Inscripciones árabes portuguesas : situación actual », Al-Qanṭara, 8, 1987, p. 395-420.), ou encore de J. Lirola Delgado (« Inscripciones árabes inéditas en el Museo Provincial de Almería », Al-Qanṭara, 21/1, 2000, p. 97-141). Pour le Maghreb à une période haute : S. M. Zbiss, Nouvelles inscriptions arabes de Tunisie, Tunis, 1977.
78 Pour la belle expression de « Coran de pierre », cf. F. Imbert, « Le Coran dans les graffiti des deux premiers siècles de l’hégire », Arabica, 47, 2000, p. 381-390.
79 Comme cela est le cas dans l’ensemble de la Rábita de Guardamar, cf. C. Barceló, « Los escritos árabes de la Rábita de Guardamar », El ribat califal : excavaciones y estudios 1984-1992, éd. R. Azuar Ruiz, Madrid, 2004 (Fouilles de la Rábita de Guardamar, I), p. 131-145, ou dans la cueva de la Camareta : I. Bejarano Escanilla, « Las inscripciones árabes de la cueva de la Camareta », La cueva de la Camareta, éd. A. González Blanco, R. González Fernández, M. Amante Sanchez, Murcie, 1993 (Antigüedad y cristianismo, monografías históricas sobre la Antigüedad tardía, x), p. 323-363.
80 F. Imbert, « Le Coran dans les graffiti », art. cité, et Id., « Inscriptions et graffiti de Jordanie : quelques réflexions sur l’établissement d’un récent corpus », Quaderni di Studi Arabi, 16, 1998, p. 45-58, et Y. Nevo, « Towards a prehistory of Islam », Jerusalem Studies in Arabic and Islam, 17, 1994, p. 108-141.
81 C. Barceló, « Graffiti árabes : un intento de clasificación », Los muros tienen la palabra. Materiales para una historia de los graffiti, éd. F. M. Gimeno Blay, Ma. L. Mandingorra Llavata, Valence, 1997, p. 121-147, et Id., « Columnas arabizadas en basílicas y santuarios del occidente de al-Andalus », La islamización de la Extremadura romana, Mérida, 2001 (Cuadernos Emeritenses, 17), p. 87-138. A. Sidarus, F. Teichner, « Termas romanas no Gharb al-Ândalus. Las inscrições árabes de Milreu (Estói) », Arqueologia Medieval, 5, 1997, p. 177-189.
82 Comme semblent le suggérer des graffiti arabes (certains de date très précoce) dans d’anciennes églises byzantines de l’actuelle Libye, mentionnés par C. Hardy-Guilbert (première synthèse exposée à l’UMR.8167 Orient-Méditerranée, Ivry-sur-Seine, 10.mars 2006).
83 Quelques titres parmi d’autres : éd. P. Canivet, J.-P. Rey-Coquais, La Syrie de Byzance à l’Islam. viie-viiie siècles, Damas, 1992 ; éd. G.R.D. King et A. Cameron, The Byzantine and Early Islamic Near East. II. Land Use and Settlement Patterns, Princeton, 1994 (Studies in Late Antiquity and Early Islam) ; A. Walmsley, Early Islamic Syria. An Archeological Assessment, Londres, 2007.
84 Cf., entre autres auteurs, B. Rosenberger, « Les villes et l’arabisation. Fonctions des centres urbains du Magrib al-Aqṣa (viiie-xve s.) », Peuplement et arabisation, op. cit., p. 39-52.
85 H. Kennedy, « From polis to medina », Past and Present, 106, 1985, p. 3-27, et La ville en Syrie : héritages et mutations, éd. J.-C. David, M. al-Dbiyat, Damas, 2000.
86 Voir la présentation de P. Cressier et M. Garcia-Arenal, en dépit de son titre : Genèse de la ville islamique, op. cit., p. 9-15.
87 On s’est demandé, en particulier, quel était le poids du droit dans ces évolutions, cf. éd. Cressier, Fierro, Van Staëvel, L’urbanisme dans l’Occident musulman au Moyen Âge, op. cit.
88 Cette distinction apparaît nettement si l’on prend en considération la Sicile.
89 G. Marçais, « Fouilles à Abbâssîya près de Kairouan », Bulletin archéologique du Comité des travaux historiques et scientifiques, 1925, p. 293-306.
90 Marçais, « Fouilles à Abbassiya », art. cité ; M. M. Chabbi, « Raqqāda », Africa, 2, 1967-1968, p. 349-352, et 392 et suiv. ; A. Lézine, « Sur deux châteaux musulmans d’Ifrīqiya », Revue des études islamiques, 39, 1971, p. 87-102.
91 M. Terrasse, « Recherches archéologiques d’époque islamique en Afrique du Nord », Académie des inscriptions et belles lettres. Comptes rendus des séances de l’année 1976. Novembre-décembre, p. 590-611. La publication des fouilles menées entre 2003 et 2007 sous la direction de P. Cressier et M. Ramah est en cours.
92 On se reportera à la publication, irrégulière mais consacrée au site, des Cuadernos de Madīnat al-Zahrā’.
93 Cf. P. Cressier, A. El Boudjay, H. El Figuigui, J. Vignet-Zunz, « Ḥajar al-Naṣr, “capitale” idrisside du Maroc septentrional : archéologie et histoire (ive H./xe.ap. J.-C.) », Genèse de la ville islamique, op. cit., p. 305-334, qui traite de l’ensemble des fondations idrissides, même si elle met l’accent sur Ḥajar al-Naṣr.
94 Pour répondre à cette question, on manque d’archives et la lecture architecturale doit pallier cette absence, ce qui ne va pas de soi.
95 Cf. l’article de M. Talbi, « al-Qayrawān » dans Encyclopédie de l’Islam2, s.v.
96 J. Lirola, Almería andalusí y su territorio, Almería, 2005, p. 7. É. Lévi-Provençal, Histoire de l’Espagne musulmane. 3. Le siècle du califat de Cordoue, Paris, 1999, p. 344.
97 Ch. Picard, « La fondation de Badajoz par Abd al-Rahman Ibn Yunus al-Jiliki (fin ixe siècle) », Revue des études islamiques, 49/2, 1981, p. 215-230.
98 La localité fut fondée probablement par des Berbères sufrites.
99 Ce trait est particulièrement net au Maroc, cf. P. Cressier, « Urbanisation, arabisation, islamisation », art. cité. Voir, pour d’autres types de groupes humains à l’origine de villes, le cas des ribāt-s qui peuvent le cas échéant constituer des embryons urbains, P. Cressier, « De un ribāt a otro. Una hipótesis sobre les ribāt-s del Magrib al-Aqsà », El ribât califal. Excavaciones e investigaciones (1984-1992), coord. R. Azuar Ruiz, Madrid, 2004, p. 203-221.
100 On renverra de nouveau à la publication Genèse de la ville islamique.
101 V. Salvatierra et al. (« La formación de la ciudad en al-Andalus. Elementos para una nueva propuesta », Genèse de la ville islamique, op. cit., p. 185-206) suggèrent, à partir de l’exemple de Jaén, qu’en réalité de nombreuses villes de la première période d’al-Andalus ont des points communs mais qu’elles diffèrent de ceux que l’on attendait. Dans un premier temps, les villes sont, en effet, souvent constituées de noyaux de peuplement séparés par des vides et spécialisés dans une activité économique. Il s’agit d’une ville qui n’a ni les traits d’une ville romaine ni ceux des villes qui vont se multiplier à partir du xie siècle.
102 Cf. Mohamedi, Benmansour, Amamra, Fentress, Fouilles de Sétif (1977-1985), op. cit., et Cirelli, « Leptis Magna in età islamica », art. cité, p. 423-440.
103 E. Fentress, H. Limane, G. Palumbo ont élaboré des rapports pour les fouilles réalisées entre 2001 et 2004, que l’on peut consulter sur la page web suivante : http://www.sitedevolubilis.org/www/english/about/currentresearch.htm.
104 A. Akerraz, « Recherches sur les niveaux islamiques de Volubilis », Genèse de la ville islamique, op. cit., p. 295-304.
105 Par exemple, A. Louhichi, « La céramique islamique de Dougga », Africa, 16-17, 1998-1999, p. 109-128.
106 E. Cirelli, « Villaggi e granai fortificati della Tripolitania nel ix.secolo d.c », L’Africa romana. Ai confini dell’Impero : contatti, scambi, conflitti (Atti del X convegno di studio, Tozeur 11-15 déc. 2002), vol. 1, Rome, 2004, p. 377-394.
107 Pour Iyyuh, voir l’article de S. Gutiérrez. Sur Mérida : M. Alba Calzado, « Mérida, entre la Tardoantigüedad y el Islam : datos documentados en el Área Arqueológica de Morería », Cuadernos Emeritenses, 17, 2001, p. 265-308. P. Mateos Cruz, M. Alba Calzado, « De Emerita Augusta a Marida », Visigodos y Omeyas. Un debate entre la antigüedad tardía y la Alta Edad Media, Madrid, 2000 (Anejos del Archivo español de Arqueología, 23), p. 143-168.
108 L. Olmo Enciso, « Arqueología medieval en Guadalajara. Un estado de la cuestión », Primer Simposio de Arqueología de Guadalajara, éd. E. García Soto-Mateos, M. Á. García Valero, Madrid, 2002, p. 467-497.
109 On peut citer les cas d’Agrigente et de Piazza Armerina. Cf. Agrigento dal Tardo antico al Medioevo, op. cit. ; Piazza Armerina. Villa del Casale e la Sicilia tra tardoantico e medioevo, éd. P. Pensabene, Rome, 2010 (Studia Archeologica, 175).
110 Ainsi de Ségeste, cf. A. Molinari, Segesta II. Il castello e la moschea (scavi 1989-1995), Ricerche storico-archeologiche, Palerme, 1997, et d’Entella, cf. A. Corretti et al., « Tra Arabi, Berberi.e Normanni : Entella ed il suo territorio dalla tarda Antichità alla fine dell’epoca sveva », La Sicile islamique, op. cit., p. 145-190. De même, la villa romaine tardo-antique de Piazza Armerina est réoccupée par un casal (habitat ouvert) du xie-xiie siècle. Cf. L’insediamento medievale sulla Villa del Casale di Piazza Armerina. Nuove acquisizioni sulla storia della Villa e risultati degli scavi 2004-2005, éd. P. Pensabene, C. Bonanno, Galatina, 2008, et le catalogue de l’exposition Iblatasah Placea Piazza. L’insediamento medievale sulla Villa del Casale: nuovi e vecchi scavi (Piazza Armerina 8 agosto 2006-31 gennaio 2007), éd. P. Pensabene, C. Sfamemi, Piazza Armerina, 2006.
111 On verra notamment D. Baiod, P. Cressier, J.-P. Van Staëvel, « Matériaux de construction, ruptures techniques et signes culturels : pierre et ṭābiya dans les forteresses médiévales de Senés et Velefique (Sierra de los Filabres, Almeria, Espagne », L’architecture de terre en Méditerranée : histoire et perspectives (Actes du colloque international de Rabat, université Mohamed V, 27-29 novembre 1996), coord. M. Hammam, Rabat, 1999, p. 203-235, et A. Bazzana, « L’architecture de terre au Moyen Âge. Considérations générales et exemples andalous », ibid., p. 169-202).
112 Cf. E. Fentress, « The house of the Prophet.: North African Islamic housing », Archeologia Medievale, 14, 1987, p. 47-68, et Cirelli, « Leptis Magna in età islamica », art. cité, p. 429.
113 Fentress, « The house of the Prophet », art. cité.
114 En reprenant ainsi une interprétation bourdieusienne ; cf. ibid.
115 J. L. Boone, N. L. Benco, « Islamic settlement in North Africa and the Iberian Peninsula », Annual Review of Anthropology, 28, 1999, p. 51-71, et J. L. Boone, « Tribalism, ethnicity and islamization in the Baixo Alentejo of Portugal.: Preliminary results of investigation into transitional period (Ad.550-850) rural settlements », Era Arqueologia, 4, 2001, p. 104-121.
116 A. Bazzana, Maisons d’al-Andalus. Habitat médiéval et structure du peuplement dans l’Espagne orientale, Madrid, 1992 (Collection de la Casa de Velázquez, 37).
117 P. Cressier, « Quelques observations sur une question controversée : la diffusion des galeries drainantes (khattâra-s) au Maroc présaharien », Al-Ândalus espaço de mudança, op. cit., p. 181-188.
118 Cf. P. Todaro, Il sottosuolo di Palermo, Palerme, 1988, et V. Tusa, « Cenni di storia ed archeologia sulla “lunga durata” dei collegamenti tra la Sicilia ed il mondo orientale e nord-africano », Studi in onore di Umberto Scerrato per il suo settantacinquesimo compleanno, éd. M. V. Fontana, B. Genito, Naples, 2003, vol. 2, p. 817-826, en dépit des bizarreries de l’article.
119 Pour l’Orient, voir l’ouvrage sous la dir. de S. Berthier, Peuplement rural et aménagements hydroagricoles dans la moyenne vallée de l’Euphrate fin viie-xixe siècle, Damas, 2001, et pour al-Andalus, l’incontournable A. Bazzana, P. Cressier, P. Guichard, Châteaux ruraux d’al-Andalus. Histoire et archéologie des husûn du Sud-Est de l’Espagne, Madrid, 1988.
120 M. Hassen, « Villages et habitations en Ifriqiya au bas Moyen Âge. Essai de typologie », Castrum, 6, Maisons et espaces domestiques dans le monde méditerranéen au Moyen Âge, éd. A. Bazzana, É. Hubert, Rome-Madrid, 2000 (Collection de l’École française de Rome, 105/6.– Collection de la Casa de Velázquez, 72), p. 233-244.
121 On se reportera aux travaux de M. Acién Almansa, par exemple « El final de los elementos feudales en al-Andalus : fracaso del “incastellamento” e imposición de la sociedad islámica », L’incastellamento, éd. M. Barceló, P. Toubert, Rome, 1998 (Collection de l’École française de Rome, 241), p. 291-305. On trouvera également plusieurs articles sur ce thème dans les actes du colloque de Palmela, Mil Anos de Fortificações na Península Ibérica e no Magreb (500-1500) : Simpósio Internacional sobre Castelos (Palmela, 4-8/04/2000), Lisbonne-Palmela, 2002. Voir également la synthèse faite sur ce sujet par Gilotte, Aux marges d’al-Andalus, op. cit.
122 Bien mis en évidence dans l’Alpujarra grâce aux travaux de P. Cressier : « Le château et la division territoriale dans l’Alpujarra médiévale : du hisn à la tâ‘a », Mélanges de la Casa de Velázquez, 20, 1984, p. 115-144, « Fonction et évolution du réseau castral en Andalousie orientale : le cas de l’Alpujarra », Castrum, 3. Guerre, fortification et habitat dans le monde méditerranéen au Moyen Âge, éd. A. Bazzana, Madrid-Rome, 1988 (Collection de l’École française de Rome, 105/3 – Collection de la Casa de Velázquez, série archéologie, 12), p. 123-134, et « Remarques sur la fonction du château islamique dans l’actuelle province d’Alméria à partir des textes et de l’archéologie », L’incastellamento, op. cit., p. 233-248.
123 H. Catarino, O Algarve Oriental durante a Ocupação Islâmica. Povoamento rural e recintos fortificados, Al-’Ulyã, 6, 1997-1998, 3.vol.
124 Jeremy Johns a lancé à la fin des années 1980 une enquête sur le territoire de l’archevêché de Monreale, particulièrement bien documenté, mais elle n’a pas encore été publiée ; on peut voir une étude préliminaire dans J. Johns, « Monreale survey. L’insediamento umano nell’alto Belice dall’età paleolitica al 1250 d. C », Giornate internazionali di Studi sull’area elima. Atti, vol. 1, Pise-Gibellina, 1992, p. 407-421. On peut voir également la prospection systématique menée par O. Belvedere et al., Himera, III. Prospezione archeologica nel territorio, Rome, 1988, dont les conclusions mettent bien en exergue la difficulté qu’il y avait alors à se prononcer sur les viie-xe siècles (p. 216-220). La tentative menée dans la vallée du Platani, dans l’Agrigentin, par M. S. Rizzo, L’insediamento medievale nella Valle del Platani, Rome, 2004, s’appuie sur les sources écrites (qui datent au plus tôt du xiie siècle), plutôt que sur une prospection systématique, et souffre encore des lacunes de nos connaissances en céramique.
125 Cf. A. Molinari, I. Neri, « Dall’età tardo-imperiale al xiii.secolo : i risultati delle ricognizioni di superficie nel territorio di Calatafini/Segesta (1995-1999) », La Sicile à l’époque islamique, op. cit., p. 109-127 ; les conclusions sont les mêmes dans Corretti et al., « Tra Arabi, Berberi e Normanni », art. cité.
126 Alessandra Molinari suppose que cet impact est limité et que l’on n’assiste pas à une arrivée de population notable ; mais les indices pour affirmer ceci sont peu clairs, Molinari, Neri, « Dall’età tardo-imperiale al xiii secolo », art. cité.
127 « Les Fatimides, les croisés et l’habitat fortifié », Castrum, 1. Habitats fortifiés et organisation de l’espace en Méditerranée médiévale (Actes de la table ronde tenue à Lyon les 4 et 5 mai 1982, Maison de l’ Orient méditerranéen), éd. A. Bazzana, P. Guichard, Lyon, 1983 (Travaux de la Maison de l’Orient, 4), p. 29-34.
128 Y. Benhima, « L’habitat fortifié au Maroc médiéval. Éléments d’un bilan et perspectives de recherche », Archéologie islamique, 10, 2000, p. 79-102. Cf., toutefois, Y. Bokbot et al., « Enceintes refuges, greniers fortifiés et aqsab-s : fonctions, périodisation et interprétation de la fortification en milieu rural présaharien », Mil Anos de Fortificações, op. cit., p. 213-227. La question est évoquée dans J.-P. Van Staëvel, A. Fili, « “Wa-wa.alna ‘ala barakat Allah ila Igiliz” : à propos de la localisation d’Igīlīz-des-Harga, le ḥiṣn du Mahdī Ibn Tūmart », Al-Qanṭara, 27/1, 2006, p. 155-197, mais pour un site du xiie siècle.
129 P. Pentz, From Roman Proconsularis to Islamic Ifriqiya, Göteborg, 2002.
130 H. Slim, P. Trousset, R. Paskoff, A. Oueslati, collab. M. Bonifay, J. Lenne, Le littoral de la Tunisie. Étude géoarchéologique et historique, Paris, 2004. L’enquête recense 210.sites, sites urbains connus exceptés ; ils sont répartis en 3.ensembles : golfe de Gabès (87.sites) ; Sahel et cap Bon (69.sites), et golfe de Tunis et côte nord (52.sites). Peu de chose documente l’époque islamique : pour la période 700-800, 11.sites sur les 210 attestent une activité, mais on peut se demander si cela ne reflète pas le recul de l’activité côtière immédiatement après la conquête islamique.
131 Éd. G. Barker et al., Farming the Desert. The Unesco Libyan Valleys Archeological Survey, Tripoli-Londres, 1996.
132 A. Fernández.Ugalde, « Sobre la identificación arqueologíca de los asentamientos beréberes en la Marca Media de al-Andalus », La islamización de la Extremadura romana, éd. F. Valdés, A. Velázquez, Cuadernos Emeritenses, 17, Mérida, 2001, p. 139-189, voir p. 151.
133 Cirelli, « Villaggi e granai fortificati », art. cité.
134 A. Louis, Tunisie du Sud. Ksars et villages de crêtes, Paris, 1975.
135 Sur ce thème, on verra l’article récent de L. Arcifa, « Facere fossa et victualia responere. La conservazione del grano nella Sicilia medievale », Mélanges de l’École française de Rome. Moyen Âge, 120/1, 2008, p. 39-54, voir p. 50-54, qui utilise des exemples archéologiques inédits.
136 J.-P. Sodini, G. Tate et al., « Déhès (Syrie du Nord). Campagnes.I-III (1976-1978). Recherches sur l’habitat rural », Syria, 57, 1980, p. 1-304, et Peuplement rural et aménagements hydroagricoles, op. cit.
137 Éd. B. Geyer, Conquête de la steppe et appropriation des terres sur les marges arides du Croissant fertile, Lyon, 2001 (Travaux de la Maison de l’Orient méditerranéen, 36), et Conquête de la steppe, 2. Les marges arides du Croissant fertile, peuplements, exploitation et contrôle des ressources en Syrie du Nord, Lyon, 2006 (Travaux de la Maison de l’Orient méditerranéen, 43).
138 Voir, notamment, M. Solignac, Recherches sur les installations hydrauliques de Kairouan et des steppes tunisiennes du viie au xie siècle, Alger, 1953.
139 Les quelques données disponibles présentent une chronologie tardive.
140 M. A. Carbonero Gamundi, P. Cressier, L. Erbati, « Exemple de transformation radicale et planifiée du paysage agraire au Moyen Âge : Taghssa (province de Chefchaouen, Maroc) », Bulletin d’archéologie marocaine, 19, 2002, p. 219-256.
141 Peuplement rural et aménagements hydroagricoles, op. cit.
142 J. Y. Sainz de los Terreros, « Zooarqueología visigoda en el yacimiento visigodo de Barranco del Herrero », La investigación arqueológica de la época visigoda en la comunidad de Madrid, Alcalá de Henares, 2006, vol. 3, p. 955-960, voir p. 956-957 ; V. García-Blanco, Sara Vila, « Restos animales y vegetales del yacimiento visigodo de Prado de los Galápagos, interpretación ambiental », La investigación arqueológica de la época visigoda, op. cit., p. 963-972, voir p. 964 ; R. Menéndez Pidal, España de España. España visigoda, III, Madrid, 1963, p. 165.
143 On citera l’exemple des sites califaux de El Maraute (Grenade) et la Rábita de Guardamar (Alicante) : J. A. Riquelme Cantal, « Estudio faunistico del yacimiento medieval de El Maraute (Torrenueva, municipio de Motril, Granada) », Boletín de Arqueología Medieval, 5, 1991, p. 93-111 ; M. Benito Iborra, « La fauna de la Rábita califal de Guardamar (Alicante) », La Rábita de las dunas de Guardamar : cerámica, epigrafía, fauna, malacofauna, éd. R. Azuar et al., Alicante, 1989, p. 153-161.
144 Généralement de chronologie émirale comme dans les environs de Jaén (V. Salvatierra, J. L. Castillo Armenteros, Los asentamientos emirales de Peñaflor y Miguelico, Jaén, 2000, p. 166) ou de Mérida (F. J. Heras, S. Gilotte, « Primer balance de las actuaciones arqueológicas en el Pozo de la Cañada (2002-2005) », Arqueología y Territorio Medieval, 15, 2008, p. 51-72, voir p. 59). Néanmoins, de tels restes sont également apparus dans des niveaux datés d’époque almohade, par exemple à Calatrava la Vieja (A. Morales Muñiz et al., « Calatrava la Vieja : primer informe sobre la fauna de vertebrados recuperada en el yacimiento almohade. Primera parte : Mamíferos », Boletín de Arqueología Medieval, 2, 1988, p. 7-48, voir p. 25), au Castillo de Mola (M. Benito Iborra, « Evolución de la fauna domestica en el medievo del Valle del Vinalpo Medio (Alicante) », Boletín de Arqueología Medieval, 1, 1987, p. 51-59, voir p. 54), ou encore à Mértola (Mértola islâmica, Mértola, 1996, p. 141).
145 Pour la période antérieure, cf. notamment L. Slim, M. Bonifay, P. Trousset et al., « L’usine de salaison de Neapolis (Nabeul). Premiers résultats des fouilles 1995-98 », Africa, 17, 1999, p. 153-197.
146 Manzano, Conquistadores, op. cit., p. 13-14.
147 M. Kably avance le terme dans ses Variations islamistes et identité du Maroc médiéval, Paris, 1989.
148 M. Fierro, La heterodoxia en Al-Andalus durante el periodo omeya, Madrid, 1987 (Cuadernos de islamología, 1), attire l’attention sur l’impossibilité de parler d’hétérodoxie au sens propre en Islam et sur le fait que la lutte contre tel ou tel mouvement vise avant tout à maintenir l’ordre public.
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