Les finages et leurs rendements : l'exemple danois
p. 551-570
Texte intégral
1Comme le reste de l’Occident, le Danemark a connu un formidable mouvement de défrichements durant les XIe-XIIIe siècle. Les cultures s'étendaient sur des terres de plus en plus arides. La grande crise du bas Moyen Âge offre aux ruraux des zones marginales la possibilité de quitter leur habitat et d’investir des terres vacantes dans les vieux terroirs. Ces établissements désertés dominent l’archéologie rurale médiévale avec des sites de référence comme Dracy, Essertines, Rougiers, la Grange du Mont en France, Wharram Percy en Angleterre et Borup au Danemark. Le contexte économique particulier de ces sites a été à juste titre souligné, mais faut-il pour autant déduire que les habitats désertés soient synonymes d’établissements marginaux ?
2Il est d'abord utile de s’interroger sur la définition de « terre marginale ». L'estimation des terres agricoles ne peut reposer sur les seules cartes géologiques et topographiques. Les outils et l'organisation agraire ne valorisent pas les terres de la même manière. Ces thèmes ont depuis longtemps retenu l'attention de Jean-Marie Pesez qui souvent a insisté sur l'amélioration de l’outillage agricole et sur la généralisation de la charrue vers l’An Mil et son rôle dans l’essor médiéval. Les sols argileux sont souvent les plus fertiles, mais ils sont lourds, souvent compacts et difficiles à labourer et à drainer. Le paysan de l'Âge du Fer nordique ou du haut Moyen Âge occidental avec son araire et son abondant cheptel, ne partagerait pas forcément le point de vue du paysan médiéval, qui possédait moins d’animaux mais dont la charrue pouvait travailler en profondeur les terres lourdes.
3Au Danemark, pour des périodes lointaines, la répartition des sites néolithiques comparés avec ceux de l’Âge du Bronze et de l’Âge du Fer révèle des différences intéressantes qu’il faut sans doute imputer aux modes d’exploitation. Les hommes du Néolithique ne craignaient visiblement pas les terres lourdes et argileuses des îles danoises, alors que les populations de l’Âge du Bronze et du premier Âge du Fer semblent préférer les terres légères et sablonneuses. Durant le Moyen Âge – du XIe siècle à la Réforme luthérienne de 1536 – les terres morainiques argileuses connaissent à nouveau une importance croissante. Les aléas de la documentation archéologique ont sans doute forcé le trait de cette évolution, mais la tendance paraît crédible. L’agriculture intensive des “bonnes terres” a certes détruit de nombreux vestiges, mais cela ne suffit pas à expliquer d’une part les très nombreux tumuli de l’Âge du Bronze sur les terres légères, et d'autre part, la fréquence des découvertes néolithiques, y compris les monuments mégalithiques, sur les terres lourdes. La généralisation de l’araire, mieux adapté aux terres légères, offre vraisemblablement une explication plausible, alors que l’utilisation de la charrue au Moyen Âge valorise de nouveau les terres lourdes. Cet exemple illustre l’interdépendance des techniques agricoles et le choix de terres sur le très long terme, mais qu’en est-il durant les siècles qui précèdent les grands défrichements ?
4Dans sa thèse consacrée aux villages médiévaux et modernes en Fionie, Erland Porsmose a étudié la production agricole des finages fioniens à partir des registres fiscaux modernes, dont les célèbres matrices de cadastre du roi Christian V, achevées en 1688. L'auteur a alors observé que si les villages aux toponymes anciens, que les linguistes datent des IIIe-VIIIe siècles, présentaient souvent la plus grande production céréalière, il s’avérait que leurs terres avaient fréquemment un rendement plus faible que celui des finages aux noms récents. La prospérité des villages anciens serait donc surtout la conséquence de leur taille. Cette observation s’applique d'abord aux nombreux hameaux dont le nom se termine en -rup (torp), y compris ceux abandonnés lors de la grande crise agraire. La théorie des terres marginales ne pouvait donc pas expliquer l’abandon des nombreux torps. Cette désertification devait avoir une origine socio-culturelle, les villages-mères auraient pu s'affirmer aux dépens des fondations nouvelles1. La loi jutlandaise rédigée durant la première moitié du XIIIe siècle contient précisément des paragraphes établissant les droits des villages-mères sur les torps. Les paysans du village-mère peuvent d’une part refuser la fondation d’un essart, et ont en outre un délai de trois ans pour exiger son abandon si le village-mère (à tort ou à raison) trouve son existence embarrassante2. Erland Porsmose ne pouvait cependant pas conclure si ces observations reflétaient une particularité régionale ou s'il fallait en règle générale reconsidérer l’importance et la signification des nouveaux hameaux.
5Dans le cadre d’une thèse consacrée à l’habitat rural danois des IIIe-XIIe siècle, j'ai exploité cinq régions tests pour examiner certains aspects précis de l’occupation du sol3. Chaque région comprend deux ou plusieurs cantons regroupant plusieurs paroisses composées d’un ou plusieurs finages. Ces analyses transrégionales ont utilisé les vestiges matériels de l’Âge du Fer jusqu’au Moyen Âge classique, certaines sources écrites et enfin les toponymes. Les cinq régions proviennent de l’ensemble du Danemark et représentent des conditions géographiques très diversifiées (Fig. 1).
6Les observations d’Erland Porsmose m’ont incitée à classer les finages des cinq régions d’étude selon leur groupe toponymique afin de noter d'éventuelles différences parmi le choix des terres. Les 547 finages retenus regroupaient trois fermes ou plus lors de l’élaboration des matrices cadastrales du roi Christian V en 1688. Les analyses suivantes se concentrent sur les moyennes des indices de rendement. Ces chiffres indiquent la superficie de la terre cultivée pour obtenir un muid de céréales dures (hartkorn, cf. infra). Avant de développer les résultats de ces calculs et leur signification pour l’économie rurale, il convient d’exposer leurs fondements : les datations toponymiques danoises et les principes d’estimation de la qualité des terres agricoles dans les matrices du cadastre de Christian V.
Toponymes et occupation du sol
7Contrairement à la France où le celte, le latin puis le roman et le franc se sont succédés sans pour autant se remplacer complètement, les études toponymiques nordiques reposent sur des bases relativement homogènes. À l’exception de l’arrivée probable d’une tribu suédoise, « les Danes », le Danemark n’a pas connu d'importantes vagues d’invasion ; quant aux « Danes », ils parlaient certainement une langue très proche de celle des indigènes4. L’utilisation tardive et éparse de l’écrit dans les pays nordiques handicape naturellement l'étude des noms anciens et, comme le souligne le linguiste Bent Jorgensen, « il faut toujours se méfier de la datation d'un nom isolé, même si le groupe toponymique est bien daté »5. Les toponymes représentent d’importants problèmes méthodologiques, leur répartition géographique est néanmoins plus large que les sites archéologiques, dont la découverte ou la connaissance dépend de nombreux paramètres liés aussi bien à l’occupation récente du sol qu'à l’activité des recherches.
Les datations toponymiques
8En 1895, Johannes Steenstrup, historien et linguiste, introduit les toponymes dans l'histoire du peuplement6. Il classe les villages en trois groupes selon la taille de leur finage et le nombre de muids indiqués dans les registres fiscaux de 1688, classement qui s’avérait correspondre aux trois groupes de suffixes toponymiques. Deux ans plus tard, Sigurd Nygaard démontre que le groupe toponymique ayant la plus grande production en muids est aussi le mieux représenté parmi les centres paroissiaux7. Enfin en 1916, H. V. Clausen utilise les toponymes Scandinaves en Angleterre pour identifier les noms connus avant, pendant et après l’époque viking. Les noms du premier groupe terminés en -inge,-um (hem),-lev, -løse et -sted, sont absents des colonies nordiques et remonteraient donc à l’Âge du Fer danois8. Les suffixes -by,-bølle (bol/manse), -toft, (devenus -tot en Normandie), et torp (rup) - qui figurent parmi les établissements Scandinaves - dateraient de l'époque viking. Les noms -rød, -tved, -holt, et à un degré moindre -lund, caractéristiques des défrichements médiévaux, sont absents du Danelaw et seraient donc postérieurs à l’époque viking classique La terminaison la plus courante au Danemark est -torp, devenue par la suite -rup. Les exemples les plus anciens remontent à l'époque viking, mais les torps datent pour la plupart du Moyen Âge. Les lois régionales les traitent et plusieurs torps portent des anthroponymes étrangers d'origine chrétienne, comme Pederstrup, mais on connaît également des torps avec des noms païens comme Torstrup9. Le caractère spécifique de torp nous a amenée à classer ce groupe à part. Les hagionymes sont extrêmement rares au Danemark, sans doute à cause de la christianisation tardive. L'île de Bornholm est la seule région où les noms paroissiaux se réfèrent au vocable de l'église et c’est une région avec un habitat dispersé.
9Les études toponymiques ont également utilisé des analyses cartographiques, partant du principe que les finages qui paraissent détachés d'un ensemble cohérent seraient les plus récents. À juste titre, les linguistes ont eux-mêmes souligné les faiblesses de ce procédé de datation. La documentation est tardive et la pérennité des limites territoriales difficile à certifier. Il est néanmoins exact que de nombreux finages, supposés récents, se terminent effectivement en -torp ou par des suffixes ayant un rapport avec les défrichements10. Depuis le début du siècle, les philologues ont développé des arguments linguistiques concernant la grammaire, la prononciation et la nature même des mots pour dater les toponymes. Pour les non-initiés, il est difficile d'apprécier les critères phonétiques, mais le nombre élevé de mots inconnus parmi les toponymes les plus anciens constitue un autre argument accessible11.
Recherches archéologiques et toponymes
10Les archéologues ont occasionnellement cherché à approfondir les liens entre les découvertes protohistoriques et les toponymes. Therkel Matthiasen a étudié l'occupation du sol dans l'ouest de Sjaelland et dans l'ouest du Jutland, plus riche en vestiges de l'Âge du Fer. Quant à Erling Albrechtsen, il a enquêté sur le peuplement dans l'île de Fionie12. Ces études ont révélé que les découvertes protohistoriques étaient plus nombreuses dans les aires aux toponymes anciens. Plus récemment, les recherches de Helge Nielsen dans la région de Stevns ont confirmé et affiné les observations de ces deux archéologues en démontrant que les sites de l'Âge de Fer ancien étaient particulièrement nombreux aux alentours des villages portant des toponymes anciens13.
11Dans les années 1970, les découvertes toujours plus nombreuses des sites de l'Âge du Fer récent et de l'époque viking en dehors des zones habitées ont conduit le protohistorien Carl Johan Becker à dater les villages actuels des Xe-XIe siècles14. Ces interrogations ont conduit à vérifier la datation des villages indépendamment de leurs toponymes. Les premières tentatives - et les plus ambitieuses - de ce genre ont débuté dans l'île de Fionie en 1975, complétées par d'autres études, notamment celles consacrées aux villages de la péninsule de Stevns et du département d'Århus15. Des sondages à l'intérieur des villages actuels complétés par des prospections systématiques dans l’environnement des villages devaient d'une part préciser l'occupation du sol et l'emplacement des habitats par rapport aux ressources et, d'autre part, examiner les rapports chronologiques entre les villages et leur toponyme.
12Aucun des sondages n'a révélé de traces certaines d'une occupation continue antérieure au Xe-XIe siècle, tandis que plusieurs habitats vikings étaient localisés à l'écart des villages. Ces résultats ont d'abord alimenté un vif débat entre les archéologues et les linguistes. Les premiers estimaient les datations toponymiques caduques, tandis que les seconds, non sans raison, faisaient observer qu'ils dataient les toponymes et non les habitats16. Chronologiquement, l'abandon des sites vikings correspond aux premières phases d'occupation des villages actuels17. Actuellement les archéologues, les historiens et les linguistes s'accordent à considérer que les datations toponymiques ne concernent pas les habitats actuels, mais qu'ils peuvent indiquer l'âge d'un territoire. Théorie que semblent confirmer les études évoquées ci-dessus de Therkel Mathhiassen, Erling Albrechtsen, et Helge Nielsen. Ces observations semblent également se confirmer pour les cinq régions d’étude, mais il faudrait des recherches plus approfondies avant de le certifier.
Les matrices du cadastre de Christian V
13Les analyses suivantes comparent les moyennes des rendements de terres, calculées à partir de la superficie cultivée pour obtenir un muid selon les matrices du cadastre de Christian V. Ces matrices ou registres fiscaux élaborés entre 1681 et 1686 offrent une image détaillée des rendements des terres avec les méthodes d'une agriculture traditionnelle18. Ces registres fiscaux décrivent l'ensemble des ressources et l'organisation de chaque finage. Les commissaires royaux, accompagnés de prévôts, de notaires départementaux et de quatre paysans de chaque canton, mesuraient les finages de chaque paroisse en notant la qualité des terres, la rotation des cultures et les semences cultivées dans l'inventaire des terroirs (markbøger). Les experts ne se contentaient pas d'estimer les terres cultivées, ils comptaient aussi les charretées de foin afin de juger la valeur des prés, les pâtures étant taxées par le nombre de bêtes qu'elles pouvaient nourrir. Les forêts valaient un tonneau de hartkorn (céréales dures) ou muids pour 40 porcs nourris. De même, on taxait l'accès à la pêche, l'extraction de la tourbe, du calcaire, etc. Il est intéressant de rappeler qu'on classait les pâtures et le foin selon leur qualité, les prés des marécages étant les moins bien notés, mais c'étaient souvent les seules terres disponibles à cette époque. Afin de lutter contre les fraudes, l'administration royale imposait aux pasteurs de communiquer leurs registres de dîme.
14Après avoir noté les ressources du finage, on les convertissait en tonneaux de hartkorn, terme que nous avons choisi de traduire par muids. Un muid (139,1 1) correspondait à un tonneau d'orge ou de seigle, qui valait deux tonneaux d'avoine, 3 moutons, 6 agneaux, 12 oies ou 32 poules ; un tonneau de beurre valait 12 muids. On pouvait ensuite classer le rendement des finages en calculant la superficie cultivée par muid. Les bonnes terres ont donc des indices faibles et inversement les mauvaises présentent un chiffre élevé. Dans ce système d'imposition, les traditions agraires des villages pèsent presque aussi lourd que la nature des sols. Les terres de certaines régions d'élevage comme celles du sud-ouest du Jutland apparaissent donc sous un meilleur jour que dans les descriptions pédologiques.
15L'administration royale avait d'abord prévu d’établir les mêmes catégories fiscales pour l’ensemble du territoire. La grande disparité des terres jutlandaises risquait cependant d'entraîner une surévaluation des finages pauvres de la péninsule. Les commissaires ont donc choisi de classer les terres selon deux échelles : les îles comptaient ainsi quatre catégories fiscales, et le Jutland six (Tabl. 1 et 2). Les estimations fiscales de la péninsule reposent sur les rendements des semences les plus aptes aux sols locaux19. Les deux tableaux ci-dessous résument les catégories fiscales pour les îles et pour la péninsule jutlandaise.
16Les meilleurs sols donnaient ainsi entre un demi-muid ou plus par arpent (0,5516 ha). Aucune moyenne des finages examinée n'entre dans cette catégorie, pas même dans la Région V, pourtant réputée pour sa fertilité. Les terres médiocres pour le seigle et l’orge (2) ou les bonnes pour l’avoine (3), qui en réalité sont pires que les précédentes, sont de loin les plus courantes dans les îles. En Jutland, les moyennes situent le plus souvent les finages dans les catégories C et D, mais les différences sont beaucoup plus prononcées que sur les îles. Selon les régions, des finages plus ou moins nombreux font également partie de la dernière catégorie (4 ou F). Les valeurs moyennes cachent certainement les meilleures terres. Des analyses détaillées des terroirs montrent ainsi systématiquement que les meilleurs champs se concentrent dans un périmètre d’environ 400 m autour des villages (par exemple Fig. 2). Les champs périphériques aux rendements plus maigres augmentent la superficie moyenne des terres cultivables par muids et donnent ainsi une impression faussement médiocre du potentiel agricole des finages. Une analyse détaillée des 547 finages des cinq régions d’étude nécessiterait un travail fastidieux et de très longue haleine. Fort heureusement, l’historien Henrik Pedersen a consacré l’essentiel de sa vie à établir des tables résumant les données de l’ensemble des livres pour la matrice du cadastre de Christian V20.
Les régions d’étude
17Les comparaisons reposent sur les valeurs moyennes calculées pour 547 finages dans cinq régions d’étude. Celles-ci sont réparties sur l’ensemble du Danemark afin d’examiner l’occupation du sol dans des contextes naturels divergents (Fig. 1). Trois d'entre elles (I-III) proviennent de la péninsule jutlandaise et deux (IV-V) de l’île de Sjaelland.
18La région I (cantons de Hillerslev et de Hundborg) est localisée dans le Thy au nord du Limfjorden. Les anciens fonds marins constituent une partie essentielle des paysages. Certains ont émergé très tardivement ; le clerc allemand Adam de Brême mentionne ainsi Thy parmi les îles21 et la découverte à Kollerup d’un cogue du XIIIe siècle à plusieurs centaines de mètres de la mer confère une certaine crédibilité à ce témoignage22. Les anciennes terres morainiques portent les traces d’une population fort ancienne et les sols morainiques sont fertiles.
19La région II comprend les cantons autour d’Ǻrhus (canton de Framlev, Hasle, Ning et Hads). Les terres morainiques argileuses dominent, découpées par des vallées issues de l'érosion des fleuves de la glaciation de Weichel. Les zones autour des cours d'eau ont sensiblement évolué depuis le début de notre ère, permettant une installation progressive des anciennes terres humides, où les toponymes de défrichement sont nombreux23.
20La région III (canton de Jerlev, Tørrild, Slavs, 0ster Home et Vester Home) traverse la péninsule jutlandaise et la limite de la dernière glaciation. Les cantons orientaux de Jerlev et Torrild présentent le même type de paysage que la région II, alors que les cantons occidentaux ont des terres plates, légères et acides. Les terres nourricières et les habitats sont concentrés sur des îlots morainiques, dont certains souffrent des podzols créés par la surexploitation des terres à l’Âge du Fer.
21Les deux régions sjaellandaises disposent de terres morainiques argileuses. La région IV (cantons d’Alsted et de Slagelse) propose un relief plus mouvementé et des massifs forestiers plus importants que la région V (cantons de Bjaeverskov, Fakse et Stevns). La péninsule de Stevns constitue l’un des plus grands plateaux morainiques danois, alors que les parties occidentales de la région V sont variées et relativement boisées. Les villages de défrichement sont très nombreux dans ce secteur. La rareté de découvertes de l’Âge du Fer confirme un peuplement tardif de ces zones.
22Le tableau 3 illustre les différences régionales résumant les moyennes globales en muids, les superficies cultivées, l’indice de rendement et le nombre de fermes. Les villages des régions IV et V se singularisent par leur nombre, leur taille, leur production en muids et leur faible indice, soulignant la qualité des terres. L’ouest du Jutland, caractérisé par des terres sablonneuses et légères (III ouest) se situe à l’autre bout de l’échelle. La moyenne de cette région masque d'importantes disparités. Dans deux finages - Knurborg et Hindum-il était nécessaire de cultiver plus de trente arpents par muids. Rappelons que le fisc royal qualifiait les terres comme « exceptionnellement méchantes » quand il fallait plus de 16 arpents pour un muid. 14 des 96 finages de la région III figurent dans cette catégorie et ce sont aussi les 14 finages les plus pauvres de l’enquête. La même région présente cependant des rendements exceptionnels dans les régions côtières, célèbres pour ses pâturages, comme Lydum (3,4) et Nebel (2,97).
Rendement de terres et groupes toponymiques
23Les toponymes sont classés selon les terminaisons les plus courantes (cf. supra) : le groupe 1 réunit les toponymes les plus anciens ; le groupe 2 ceux de l’époque viking et le 3 les toponymes portant des noms de défrichements. Les torps sont comptabilisés à part en raison des larges marges chronologiques et de leur position spéciale dans l’organisation rurale. Le groupe « réciprocité » se réfère aux toponymes évoquant une origine commune. Nørre et Sønder Skjoldborg dans la région I constituent un exemple significatif ; ici une église isolée à mi-chemin entre les deux bourgades indique l'emplacement primitif de l'habitat. Considérés comme un enseignement supplémentaire sur les structures d'habitat, les noms réciproques apparaissent dans les tableaux comme un groupe linguistique distinct. Le groupe « divers » englobe les toponymes isolés ou mal datés, les noms tardifs comme gård, hede et mark, ainsi que la terminaison grammaticale de certains toponymes jutlandais en -um (suffixe plus récent que -um, dérivé de -hem et désignant un lieu d’habitation24). Les noms divers incluent aussi les villages de Bjaeverskov et Frølunde dont les suffixes récents contredisent respectivement, la position dominante du premier, et la référence à la déesse Frøa du second25. Ce groupe signalé à titre informatif est donc trop hétérogène pour que ses moyennes puissent intéresser notre analyse. L'authenticité des noms de lieu a été vérifiée dans les inventaires analytiques de Danmarks Stednavne (toponymes du Danemark), éditées par l’Institut des noms de l’Université de Copenhague. Ces publications concernent actuellement les régions II, III (partie orientale) et V. Les noms des régions I, III (partie occidentale) et IV ont été contrôlés dans le lexique toponymique de Bent Jørgensen26.
24Le tableau 4 résume les moyennes de production des 547 finages selon leur catégorie toponymique. Les colonnes précisent le nombre de villages concernés, la production moyenne en muids, l'indice d'arpents cultivés par muid, enfin le nombre de fermes. Celui-ci donne un ordre de grandeur des habitats selon les toponymes et les régions. Il convient toutefois de souligner les imperfections de ces estimations qui souvent ignorent les exploitations les plus modestes et que les registres fiscaux omettent parfois d'énumérer. Enfin, Henrik Pedersen utilise une définition récente de la ferme, incluant les exploitations dont la production dépassait un tonneau de muids, ignorant d'éventuelles subdivisions, alors que les matrices énumèrent des « demi-fermes »27.
25La comparaison des moyennes des différents groupes toponymiques du tableau 4 met immédiatement en évidence l'importance des villages portant des noms anciens. Le nombre de muids diminue par ordre chronologique. Dans le groupe 1, les villages ayant les suffixes en -høj ont le nombre le plus élevé de muids et de fermes, tandis que les villages récents de défrichement en -skov et -lund possèdent les valeurs les plus faibles. Le rendement des superficies cultivées est le plus important pour les villages avec une terminaison en -løse qui appartiennent au groupe le plus ancien, alors que les finages en -lund se trouvent encore une fois à l’opposé. Cette évolution linéaire recouvre en réalité des différences régionales. Les terminaisons en høj et -løse proviennent, à deux exceptions près, des fertiles terres sjaellandaises, tandis que les noms en -lund et -skov sont les plus fréquents au Jutland. L’importance des villages avec des suffixes en-høj s'explique par leur concentration dans la région V, où les villages sur les plateaux morainiques de la péninsule de Stevns comptent parmi les plus grands du Danemark.
26Les moyennes régionales confirment la prépondérance des villages du groupe 1, lorsque la comparaison porte sur les muids et sur le nombre de fermes par village, bien qu'on note que les habitats aux toponymes vikings présentent les meilleures valeurs dans les régions II et IV, ainsi que sur les terres occidentales de la région III. Les indices de rendement (Tabl. 5), meilleur indicateur de la qualité des sols, modifient cependant ce schéma. La représentation des groupes toponymiques par ordre décroissant dans le tableau 6 révèle que la production totale en muids diffère sensiblement du classement par indice. Les torps sont en faible position dans le classement par muids, alors que les indices de rendement les présentent beaucoup plus favorablement. Cette observation s’applique également pour un bon nombre de hameaux de défrichement, particulièrement bien notés dans la région V. Leur faiblesse apparente reflète donc davantage leur modeste taille que la qualité des sols.
27Un examen rapproché des torps confirme ces observations, mais fait aussi apparaître des particularismes régionaux. Les tableaux 7-9 récapitulent la moyenne des muids et des indices de rendement ainsi que le nombre des fermes dans les torps. La moyenne globale offre un repère du potentiel agricole de la région. Les moyennes des finages aux noms réciproques qui révèlent le démembrement d’un habitat primitif sont signalées en bas des tableaux. Afin de mieux distinguer les différentes catégories de torps représentant plus d’un tiers des finages, ceux-ci sont ensuite classés selon le nombre de muids et de fermes. Ce dernier total permet de comparer le potentiel des petits et des grands torps. Les moyennes de l’ensemble des régions (Tabl. 7) montrent que les torps ont globalement des meilleurs sols que la moyenne. Leur avantage s’accentue même si on calcule la moyenne des finages aux noms divers et anciens (groupe 1 et 2). Ces 325 finages ont certes une production moyenne élevée (61,95), ils sont grands (10,72 fermes par village), mais leur rendement est relativement faible : 6,67 arpents par muids. Ces chiffres cachent évidemment des disparités régionales. Les moyennes régionales contredisent notamment la bonne représentation des grands torps. Leur rendement est fréquemment supérieur à la moyenne, mais il est inférieur à celui des petits torps. Ce décalage s’explique par la sur-représentation des torps sjaellandais (les régions IV et V totalisent 76 torps). À l’exception de la région III, décalée par l’importance des grands torps de sa partie occidentale, les petits hameaux s’avèrent globalement les plus productifs par rapport à leur superficie.
28Deux exemples apparemment contradictoires permettent de cerner les capacités agricoles des torps dans des contextes géographiques plus précis que la comparaison globale. La région II (Tabl. 8) est la seule où le rendement des torps est inférieur à la moyenne. L’évolution hydrographique particulière (cf. supra) explique sans doute en grande partie la position plus marginale des torps de cette région. De nombreux hameaux récents ont effectivement investi les anciennes zones humides dont le potentiel agricole est moins favorable que les anciennes terres fermes. Pourtant, les torps offrant une grande production de muids ainsi que les petits hameaux avec le suffixe rup sont finalement mieux classés que la moyenne. Dans la région V (Tabl. 9), le rendement des terres des torps est aussi légèrement inférieur à la moyenne globale, mais la différence est infime, 4,12 contre 4,11. De plus, il se révèle que le rendement moyen des villages aux toponymes anciens et divers est inférieur avec un indice de 4,17 (absent du tableau). Les meilleurs résultats s’observent pour les villages avec des noms de l’époque viking (3,87) ainsi que pour les hameaux de défrichement (3,85). Les meilleurs rendements de la région V se remarquent ainsi à Vindbyholt composé de 4 fermes avec un indice de 2,91, suivi du torp Rejnstrup (3 fermes) où il suffisait de cultiver 2,99 arpents pour un muid. D’une manière générale, les finages aux toponymes récents ou de l’époque viking sont installés dans d'anciennes zones forestières et figurent dans le palmarès du meilleur rendement régional. Ces analyses prouvent largement que les finages récents sont loins d’être synonymes de terres marginales. Il semble donc que les préférences en matière de terres ont évolué durant le premier millénaire, conséquence du développement de l’économie rurale et de l’outillage agricole.
29Il ne faut certes pas nier l’existence des habitats marginaux, de nombreux nouveaux habitats investissent réellement les terres médiocres ou pauvres. Dans plusieurs régions cependant, leur présence ne suffit pas à influencer les moyennes des indices de rendement. On note en revanche une opposition presque systématique entre les grands et les petits villages. Les premiers impressionnent par leur taille et leur production totale, mais bénéficient rarement en réalité des meilleurs rendements.
30L’exemple de la région V est éloquent. Indépendamment de leur toponyme, les seize finages les mieux classés comptaient moins de cinq fermes en 1688. Les petits hameaux ne répondent donc pas seulement à une pression démographique, ils reflètent aussi une adaptation optimale à l’agriculture traditionnelle. Les champs étendus des grands villages handicapent inévitablement l’amendement du sol. Les matrices de cadastre de Christian V révèlent systématiquement un rendement supérieur des champs à proximité de l’habitat. Les estimations des terres du finage de Sonder Tåstrup (île de Falster) illustrent clairement ce propos (Fig. 2). Les meilleurs champs se groupent autour du village tandis que la qualité de sol diminue graduellement selon l’éloignement de l’habitat. Les conditions pédologiques justifient rarement cette répartition, qu’il faudrait certainement imputer à la proximité de l’habitat et des étables, sources du fumier indispensable à la bonification du sol. Quant aux périodes plus lointaines, les analyses de phosphates autour des sites du premier millénaire en Suède, à Flögeln, en Allemagne, et en Norvège, indiquent des valeurs particulièrement élevées dans un périmètre de quelques centaines de mètres par rapport à l’habitat28.
31Dans l’agriculture traditionnelle, l’amendement faisait partie des tâches les plus fastidieuses. Ce travail, notamment le transport du fumier, accablait certainement davantage les paysans médiévaux. Leurs chariots n’avaient pas la capacité de ceux de l’époque moderne. Les chariots médiévaux sont certes plus spacieux que ceux de l’Âge du Fer ou de l’époque viking, qui représentent une phase intermédiaire, mais l’agriculture était devenue plus intensive29.
32Il est remarquable que les petits torps ou les hameaux de défrichement ont globalement un meilleur rendement que les grands villages dans les régions aux terres morainiques fertiles. Ceux qui ont les toponymes les plus anciens (groupe 1) semblent même souvent les plus mal lotis. Par ailleurs les torps sont particulièrement nombreux dans les régions propices à une céréaliculture intensive. Les sols y sont suffisamment fertiles pour nourrir les grandes agglomérations, mais celles-ci ne constituent pas la meilleure solution pour l’économie agraire, leur raison d’être est sans doute d’abord sociale.
33Plusieurs grands villages portent l’empreinte d’une présence seigneuriale et dans bon nombre de cas, de remarquables découvertes de sépultures privilégiées ou de trésors du premier millénaire suggèrent l’ancienneté de cette classe dominante. L’intérêt des grands villages est avant tout social. Ceux-ci ont certainement occupé une place centrale dans l’organisation territoriale et dans l’encadrement des populations rurales. Il est significatif que les agronomes du XVIIIe siècle se soient acharnés contre des communautés rurales que la société environnante avait rendues désuètes. Pour les agronomes, une économie agraire efficace reposait sur un habitat dispersé, où chaque ferme était située au milieu de ses champs. Le pouvoir royal et les grands propriétaires terriens incitaient les communautés rurales à se réformer et à démembrer leur village. Ces réformes ont complètement modifié le paysage danois dans un laps de temps très bref (une vingtaine d’années à peine) ; plusieurs villages ont disparu, de nombreuses fermes ont quitté le foyer villageois. La survie des villages danois s’explique par le désir des populations rurales de rester groupées malgré les consignes agronomiques, mais c'était un choix culturel sans fondement économique.
Notes de bas de page
1 E. Porsmose, Den regulerede landsby. Ι-II, Odense, 1981, p. 184-190 et Ιd, De fynske landsbyers historie i dyrkningsfœllesskabets tid, Odense, 1987, p. 75.
2 La loi jutlandaise, livre, I § 47.
3 A. Nissen Jaubert, Peuplement et structures d'habitat au Danemark durant les IIIe-XIIe siècles dans leur contexte Nord-Ouest européen, Thèse de l’ÉHESS (dactylographiée), Paris, 1996, I, p. 128-212.
4 V. Christensen, J. Kousgard Sørensen, Stednavneforskning, Copenhague, 1972, I, p. 103-118.
5 B. Jørgensen, Stednavne og bebyggelseshistorie. Nogle efterrœssoneringer, dans Kontinuitet og bebyggelse (Skrifter fra Institut for historie og samdfundsvidenskab, no 22), H. Thrane (éd.), Odense, 1977, p. 90-93.
6 J. Steenstrup, Nogle Bidrag til vore Landsbyers og Bebyggelsens Historie, dans Historisk Tidsskrif, 6, IVe série, 1895, p. 313-366.
7 S. Nygaard, Danske Personnavne og Stednavne. En sproglig-historisk undersøgelse dans Historisk Tidsskrift, 10, Iere série, 1897, p. 82-109.
8 H. V. Clausen, Studier over Danmarks oldtidsbebyggelse, dans Aarbøger for Nordisk Oldkyndighed og Historie, 1916, p. 1-226. L’Âge du Fer nordique s’étend depuis environ 500 avant notre ère jusqu’à l’époque viking, qui par ailleurs intègre également l’Âge du Fer. L’Âge du Fer récent qui intéresse les analyses toponymiques recouvre ainsi l’Antiquité tardive et le haut Moyen Âge.
9 K. Hald, Vore Stednavne, Copenhague, 1965 (2ème éd.), p. 120-142.
10 Ibid., p. 27-33 et V. Christensen, J. Kousgârd Sørensen, op. cit. à la note 4, p. 195-204.
11 V. Christensen, J. Kousgârd Sorensen, op. cit. à la note 4, p. 163-193.
12 E. Albrechtsen, Fyns bebyggelse i Oldtiden dans Fynske Arbøger, IV, 1951, p. 220-252. T. Mathiassen, Studier over Vestjyllands Oldtidsbebyggelse, Copenhague, 1948 et Id., Nordvestsjœllands Oldtidsbebyggelse, Copenhague, 1959.
13 H. Nielsen, Jernalderfund og stednavnetyper, en sammenligning af fynske og sjaellandske forhold, dans Fra jernalder til middelalder (Skrifter fra Odense Universitet, no 27), H. Thrane (éd.), Odense, 1979, p. 87-98 ; H. Nielsen, En undersogelse af jernalderfundenes udbredelse i Proesto Amt, dans Kontinuitet og bebyggelse, (Skrifter fra Institut for historie og samdfundsvidenskab, no 22), H. Thrane (éd.), Odense, 1977, p. 49-54.
14 C.-J. Becker, Bosœttelsesformer i bronze - og jernalder, dans Bebyggelsesarkœologi (Skrifter fra Institut for Historie og Samdundsvidenskab, no 17), H. Thrane (éd.), 1975, p. 70-83, C.-J. Becker, Problemer ont boscettelsen i dansk jemalder. Hvad kan gravfundene sige om de aktuelle problemer ?, dans Kontinuitet og bebyggelse (Skrifter fra Institut for historie og samdfundsvidenskab, no 22), H. Thrane (éd.), Odense, 1977, p. 29-38.
15 L. Hedeager, Seulement Continuity in the Villages of Stevns. An archaeological Investigation, dans Journal of Danish Archaeology, 1, 1982, p. 127-131. Je remercie L. Helles Olesen de m’avoir communiqué un rapport inédit (1985) concernant les sondages dans plusieurs villages du département d’Arhus.
16 J. Kousgârd Sørensen, Stednavne og bebyggelse, œldre ? samtidig ? yngre ?, dans Fortid og Nutid, XXIX, 1,1981, p. 99-100.
17 T. Grøngaard Jeppesen, Middelalderlandsbyens opstàen, Odense, 1981.
18 H. Pedersen, Christian V's matrikel 1688, Copenhague, 1928, (nouvelle édition préfacée par F. Skrubbeltrang, 1975), p. 22.
19 Ibid., p. 5-62. E. Porsmose, Den regulœrede landsby, 1981, p. 43-56.
20 H. Pedersen, op. cit. à la note 18.
21 Adam de Brême, livre 4 § 16. A. Lund a publié une version bilingue (danois/latin) des livres concernant le Danemark et la Scandinavie, Adam af Bremen. Beskrivelsen øerne i Norden, Wormianum, 1978.
22 H. Jeppesen, Ummelandsfarer pà afveje, dans Skalk, no 4, 1979, p. 3-8. L’évolution hydrographique du Danemark est fortement influencée par le rééquilibrage du socle terrien après le retrait du dernier glacier. Une ligne orientée nord-ouest/sud-est sépare les terres qui se soulèvent de celles qui s’enfoncent. On trouve donc des fonds marins très récents au nord et d'importants habitats mésolithiques et sous-marins au sud comme Tybrind Vig.
23 Cf. note 22.
24 K. Hald, De danske stednavne paa -um, Copenhague, 1944. Id., op. cit. à la note 9, p. 56-67.
25 B. Jørgensen, Dansk stednavneleksikon, 1-3, Copenhague, 1980-1983, II p. 38.
26 Danmarks Stednavne, no 8, 1944 : Vejle Amts Stednavne. Copenhague. Danmarks Stednavne, no 12, 1961 : Stednavne i Århus og Skanderborg Amter. Copenhague. Danmarks Stednavne, no 16, 1975 : Stednavne i Praestø amt. Copenhague. B. Jørgensen, op. cit. à la note 25.
27 F. Skrubbeltrang, op. cit. à la note 18.
28 A. Nissen Jaubert, Systèmes agraires dans le sud de la Scandinavie entre 200 et 1200, dans L'homme et la nature au Moyen Age, Actes du Ve Congrès International d’archéologie médiévale, Grenoble, M. Colardelle (éd.), Paris, 1996, p. 76-86, avec références bibliographiques supplémentaires.
29 P. O. Schovsboe, Vikingernes vogne, dans Hikuin, no 10, p. 289-300.
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Université de Tours
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