Une paroisse rurale de la région parisienne
Morangis aux xvie et xviie siècles
p. 303-327
Texte intégral
1Si l'on excepte, au xviiie siècle, une savante notice de l'abbé Lebeuf1 et, de nos jours, quelques mentions éparses à travers la thèse d'Yvonne Bezard2, nul ne s'est intéressé à l'histoire3 de cette petite paroisse du Hurepoix qui, longtemps nommée Louans, prit en 1693 le nom de Morangis4. Il paraît cependant possible, sinon de répondre à toutes les questions qu'on est en droit de se poser sur la vie de cette communauté rurale sous l'Ancien Régime, du moins d'en évoquer quelques aspects essentiels en puisant aux archives locales, principalement au fonds des anciennes archives seigneuriales du dernier comte de Morangis5, Joseph Foullon, mort tragiquement aux côtés de son gendre, l'intendant Bertier de Sauvigny, le 22 juillet 1789.
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2La paroisse de Louans avait dès le Moyen Age ses limites actuelles. Le terroir est situé à l'extrémité de la plaine de Long-boyau, là où la vallée de l'Yvette l'entaille profondément. Il offre ainsi des aspects suffisamment variés : plateau limoneux et fertile, propice aux grains, placage superficiel de sables de Fontainebleau (d'où les lieux-dits les Sablons et le Bois des Sables), versants de la petite vallée du ru du Bief, affluent de l'Yvette, où affleurent des bancs calcaires masqués d'éboulis (lieux-dits les Graviers et les Roches) et des argiles plus humides. Le village s'est installé à la tête de la petite vallée, à la limite du plateau. Le terroir manquait surtout de bons prés, n'atteignant pas le fond de la vallée de l'Yvette, et de bois. Selon l'arpentage de 1783, il s'étendait sur 1.300 arpents, mesure de Paris6, soit environ 444 hectares7, superficie égale, à peu de chose près, à celle de la commune actuelle.
3La communauté rurale de Louans existe au moins depuis le xiiie siècle. A la fin du Moyen Age, le travail de deux ou trois générations paysannes avait effacé les désastres de la guerre de Cent ans. Une centaine d'habitants se serraient autour du château et de l'église Saint-Michel8. C'est cette petite paroisse rurale, ses maîtres et ses habitants aux xvie et xviie siècles que nous nous proposons d'étudier.
I. — LES SEIGNEURS ET LE DOMAINE SEIGNEURIAL
4Dans la première moitié du xvie siècle, le terroir de Louans ne formait pas une seigneurie unique. Le fief principal, en mains laïques, mouvait de la terre de Fresnes-lès-Poissy9. Il appartenait à Pierre Poignant, avocat au Parlement, représentant de ces familles de magistrats anoblis, alliés à la haute bourgeoisie parisienne, que l'on retrouve dans toute l'histoire des environs de la capitale10. Un deuxième fief, relevant de la tour de Montlhéry, appartenait au prieuré de Saint-Éloi-lès-Longjumeau. L'un comme l'autre comprenaient la moyenne et la basse justice et les droits seigneuriaux habituels. Le reste du terroir était en censive des dames du prieuré de la Saussaye.
1. — Les Boucher (avant 1510-1514)
5Le travail des seigneurs laïcs, au cours du xvie siècle, allait tendre à réunir entre leurs mains, par achat ou par échange, tous les droits sur l'ensemble du terroir. Adam Boucher, gendre et héritier de Pierre Poignant, mort avant 151011, laissa la terre à son fils aîné, Raymond. Nous trouvons ce Raymond Boucher en possession de la seigneurie encore en 153112. Selon un Mémoire sur la terre de Morangis rédigé en 172313, son domaine propre couvrait 413 arpents, dont 60 pour le château et le parc, 340 de labours, 6 de prés, 7 d'arbres divers.
6Les biens d'Adam Boucher furent ensuite, semble-t-il, partagés. Au milieu du siècle, en effet, divers documents présentent Jean Boucher comme seigneur de Louans et possesseur d'une censive étendue. En 1554, Jean Boucher rédige pour son sergent une formule de saisie-brandon et d'établissement de commissaires à cet effet14. En 1565, il figure dans les registres paroissiaux de Louans comme seigneur du lieu ; l'année suivante, ces mêmes registres font mention du baptême de son fils15 et Jean Boucher fait saisir, faute d'aveu et de payement de ses droits seigneuriaux, tous les biens relevant de la terre. La saisie dure du 29 avril au 5 mai et porte sur 892 arpents, soit 305 hectares environ16. Mais, parallèlement, en 1557, Philippe Boucher rend hommage à Étienne d'Ô, seigneur de Fresnes, pour « le chastel et hostel fort dudit Louans... et les appartenances d'iceluy hostel, qui furent à Pierre Poignant..., audict Philippe Boucher appartenant par la donnation qui luy en a esté faicte par noble homme Remond Boucher, son frere, filz aisné de feu Messire Adam Boucher..., ledit chastel, courtz, granges, bergeries clos de fossez à eau, deux ponts levis, double fossé et le grand bassin où est la bonde... ». S'y ajoutent le droit de justice, les cens, 50 arpents « pieça... baillés en censive » et 130 arpents de labours en directe17. A sa mort, il y eut partage de ses biens18. Un arrière-fief de 36 arpents environ fut créé, dont on suit les divisions successives au cours du xvie et du xviie siècle : en 1698, un bourgeois de Paris, André Bihoreau, en possède la moitié, un autre Parisien, Hugues Dumaine, en a le quart, et plusieurs membres de la famille Baudoin se partagent le dernier quart. C'est un exemple de la fragmentation des fiefs et du passage des terres nobles en mains roturières19.
2. — Jean Le Charron et Jean de Seurre (1514-1585)
7En février 1574, Jean Le Charron, chevalier, seigneur de Louans, conseiller du roi au Conseil privé, président à la Cour des aides, prévôt des marchands de Paris, rendait foi et hommage pour la terre qu'il venait d'acquérir de feu Jean Boucher20. Il chercha immédiatement à accroître ses biens et ses revenus. Par une transaction du 25 juillet 1574 avec les dames de la Saussaye, il obtint la cession de leur censive contre l'exemption de cens du domaine utile du prieuré et une rente de 30 livres sur le Clergé de France21. Il racheta la part d'un des fils de Philippe Boucher sur l'arrière-fief de 36 arpents constitué par celui-ci22.
8Surtout, il obtint, en novembre 1574, des lettres patentes par lesquelles le roi, « considerans l'antiquité et valleur de la terre, fief et seigneurie de Louans » et « les bons et agreables services » à lui rendus par « ledict Charron », érigeait le domaine en châtellenie, avec haute, moyenne et basse justice, et tous les droits et privilèges attachés à ce titre. Après enregistrement de ces lettres au Parlement et à la Chambre des Comptes, Jean Le Charron fit procéder, en avril 1575, à l'installation du personnel de la justice — bailli, lieutenant, procureur fiscal, greffier-tabellion, sergent — et à l'érection, aux limites du terroir, des fourches patibulaires, en un lieu qui, dit le procès-verbal, « à ceste fin a esté marqué es affiches de boys qui y ont esté par lesdits officiers mises et apposées, en la presence dudit seigneur de Louans23 ». Jean Le Charron fit également borner les voies et limites de sa châtellenie et acheta 6 ou 7 arpents de terre24.
9Après sa mort, la terre fut mise en criée au Châtelet de Paris et adjugée, en septembre 1583, à Jean de Seurre, écuyer, pour 61.000 livres, plus les frais. L'adjudicataire en rendit hommage, en juillet 1584, à François d'Ô, seigneur de Fresnes25, mais dès le 1er février 1585, devant Trouvé et Privé, notaires au Châtelet, il vendit la seigneurie à Guillaume de Baillon.
3. — Les Baillon (1585-1666)
10Guillaume de Baillon, conseiller du roi, maître ordinaire en la Chambre des Comptes, était lié étroitement à la bourgeoisie parisienne : sa mère était une Le Clerc, sa première femme une Séguier ; en 1576, il s'était remarié avec Charlotte Briçonnet26. Le 10 mars 1585, il vint en personne à Fresnes-lès-Poissy, dont le seigneur était absent. Là, s'étant placé devant la porte principale du château, il appela trois fois « Monseigneur, Monsieur de Fresnes », et « ayant un genoil en terre, la teste nue, sans espée ni esperons », il rendit hommage et proposa 40 écus soleil de droit de relief27. La somme semble très modique, même en admettant que les troubles des années précédentes aient diminué le revenu de la terre.
11Guillaume mourut le 1er janvier 1591 et fut inhumé dans l'église28. Il avait eu le temps d'augmenter son domaine direct en achetant le moulin de Gravigny, « avec les maison, cour, estables et jardin, colombier à pied, fosse à poisson, ung jardin d'arbres fruitiers clos d'espines » et ses dépendances : 3 quartiers de saussaye, 9 arpents de terre, 3 arpents de pré et 1 quartier de vigne29.
12Il laissait sa veuve avec quatre enfants en bas âge : Jean, l'aîné, avait douze ans. En 1597, Charlotte Brigounet s'accorda avec Hélène d'Illières, veuve du seigneur de Fresnes, pour évaluer le droit de relief à 120 écus soleil30. En juillet 1602, Jean de Baillon, devenu majeur, épousait damoiselle Anne Laubigeois, de la paroisse Saint-Jean-en-Grève. « Les courtines ont esté benistes en leur chasteau dudict Louans, le mardi 30e jour dudict mois, audict an, à la maniere accoustumée, en presence de Madamoiselle de Louans, Mons. de Janvris, Mons. de Glatigny, Mr de Vaugrigneuse et autres, tous parents et amys desdicts mariés31. »
13La famille de Baillon partageait son temps entre l'hôtel Saint-Pharon, rue de la Verrerie, à Paris, et le château de Louans. Les registres paroissiaux mentionnent les mariages des filles, la présence du seigneur à tel baptême ou mariage, le décès de Charlotte Briçonnet, morte à Paris, « le mardi cinquiesme jour du moys de mars, l'an mil six cens et dix, sur les sept heures du matin ». On l'inhuma près de son mari, dans la chapelle seigneuriale32.
14Jean de Baillon travailla, comme ses prédécesseurs, à l'augmentation de son domaine et de ses revenus. De nombreux procès l'opposèrent aux religieux de Saint-Éloi sur l'étendue de leurs droits à Louans. Celui-là affirmait que leurs cens ne s'élevaient qu'à 7 livres 4 sous, ceux-ci prétendaient recevoir 29 livres 14 sols 8 deniers. En 1606, un arrêt des Requêtes du Palais maintint le prieur et les religieux à se dire « seigneurs en partie de Louans » à cause de leur fief — environ 84 arpents et trois maisons, avec moyenne et basse justice33. Sur appel de Baillon, le Parlement, le 1er septembre 1607, lui permit « de soy dire et qualifier seul seigneur de ladite terre et seigneurie de Louans », les religieux devant se contenter du titre de seigneurs du fief Saint-Éloi, assis à Louans34. Un peu plus tard, en 1614, Jean de Baillon rachetait au prieuré le fief, le droit de justice, les cens et tous autres droits, contre 60 livres tournois de rente annuelle et perpétuelle35. D'ailleurs, plus de 60 arpents du fief Saint-Éloi étaient déjà entre ses mains, comme le montre un état dressé peu après la mort de son père36. Pendant un certain temps, les seigneurs de Louans rendirent hommage à Montlhéry pour le fief Saint-Éloi, qui en mouvait37. Le prieuré conservait des terres à Louans et y levait la dîme sur 330 arpents du terroir38.
15En 1618, la châtellenie passe de Jean de Baillon à sa femme, Anne Laubigeois, qui la lui achète moyennant 75.000 livres, destinées à payer ses créanciers39. La saisie de ses biens étant ainsi évitée, Jean de Baillon continue cependant de venir à Louans ; il est même souvent encore qualifié de seigneur du pays. Mais c'est Anne Laubigeois qui fait de nouveaux achats de terre : 5 ou 6 arpents, qu'elle réunit à l'enclos du domaine40 ; la comparaison des dénombrements successifs du fief Saint-Éloi montre la disparition d'un certain nombre de maisons démolies à cette occasion : les terrains sur lesquels elles s'élevaient, nouvellement enclos dans le parc, avaient été convertis en prés41. D'autres terres réservées à l'enclos sont mises en location. En revanche, en 1659, Anne Laubigeois cède à la fabrique de la paroisse 12 arpents de terre aliénés dès 162142.
16Jean de Baillon décédé en 166243, Anne Laubigeois s'éteignit, à son tour, en 1666. Louans revint à sa petite-cousine, Bonne Fayet44. Le domaine était alors évalué à 78.000 livres.
4. — Les Barillon (1666-xviiie siècle)
17Bonne Fayet était veuve depuis 1645 du président Jean-Jacques Barillon, mort en détention à Pignerol, où l'avait mené son opposition au cardinal Mazarin. Elle avait trois enfants. L'aîné, Paul Barillon, était protégé par son oncle Antoine, seigneur de Morangis en Champagne45, qui, à sa mort, en 1672, le fit son héritier. Ami de Mme de Sévigné, Paul Barillon de Morangis fut ambassadeur en Angleterre et mourut en 1691. Le plus jeune fut d'Église et devint évêque de Luçon. Le cadet, Antoine, conseiller au Parlement depuis 1652, épousa en 1673 Catherine, fille de Louis Boucherat, le futur chancelier de France46. Par le contrat de mariage, Bonne Fayet fit donation à son fils de la terre de Louans. Le revenu en fut alors évalué à 2.800 livres par an, non compris le parc, qui demeurait en la jouissance directe du châtelain47.
18Dès le mois de décembre, nous voyons Antoine vendre à Jean Lemasle, marchand de bois à Orsay, la coupe des futaies lui appartenant : bois du carré devant la maison, comprenant « ormes, frênes, chênes, sycomores, aulnes et autres arbres fruitiers » (sic), bois autour des fossés, bois du clos. Lemasle promet de terminer la coupe avant le 31 décembre 1674, de réparer les dommages que l'on pourrait faire à la muraille de l'enclos, de ne pas faire passer de charrettes à travers les sainfoins. La vente est faite moyennant 6.800 livres, en trois versements48.
19Antoine Barillon mourut en 1686, peu après sa nomination à l'intendance d'Orléans. Sa veuve, Catherine Boucherat, dut prendre soin des intérêts de ses jeunes enfants mineurs. En 1687, elle demanda la nomination d'un expert « pour dresser et faire rapport de l'estat des grosses réparations et restablissemens » qui sont à faire au château. L'architecte François Le Paultre fut désigné à cet effet49. Le vieil « hôtel-fort » de Pierre Poignant avait, en effet, traversé deux siècles. On conçoit aisément qu'il ne répondait plus aux goûts de l'époque — et qu'il avait besoin de réparations. On devait finalement décider de le jeter bas et de le remplacer par une construction neuve.
20Dès 1689, Jean-Jacques Barillon, fils d'Antoine et de Catherine Boucherat, obtenait des lettres patentes érigeant en comté la terre, seigneurie et châtellenie de Louans, en reconnaissance des « signalés services » tant d'Antoine de Barillon et ses ancêtres que des aïeux de Catherine Boucherat50. L'influence du chancelier n'était sans doute pas étrangère à cette faveur royale. Quatre ans plus tard, pour accuser sa parenté avec son oncle, l'ambassadeur, Jean-Jacques Barillon fit « échanger et commuer la dénomination dudit comté de Louans en celuy de comté de Morangis51 ». C'est ainsi, par la fantaisie de son seigneur, que Louans quitta son vieux nom pour celui d'un village champenois.
21Comme ses prédécesseurs, le comte de Morangis travailla à l'accroissement de ses droits et de son domaine. En 1698, puis en 1713, il obtint des lettres de terrier qui lui permirent de dresser l'état des tenures52. En 1698, il acquit 9 arpents représentant une partie du fief Boucher. Surtout, en 1720, il racheta à sa mère les acquisitions qu'elle avait faites de 1686 à 1694 : un peu plus de 8 arpents et quart en 13 pièces, 7 maisons et les trois cinquièmes et demi d'une autre, enfin la moitié de deux maisons en ruines, avec deux planchers de jardin. Ces acquisitions montaient à 7.192 livres 3 sols53. Au total, en 1723, il avait acheté au moins 35 arpents hors du parc et 28 arpents de plusieurs particuliers54.
22En 1723, le domaine du comte de Morangis comprend : « un chasteau construit et ellevé à neuf depuis vingt deux ans55, entouré de fossez remplys d'eau, cour, parterre y joignant, le parcq décoré de belles allées, avenues d'ormes et autres arbres, deux orangeries... », le tout couvrant 88 arpents. A côté du château s'élève la ferme seigneuriale, avec ses granges, son fournil, son pressoir. Elle couvre 382 arpents (130 hectares environ) dont 340 de labours, 6 de prés, 9 de bois servant de remise de chasse. Le domaine comprend encore le moulin de Gravigny et ses 13 arpents de terre et 7 arpents de taillis aux Roches56. En tout, c'est près de 490 arpents que possède le comte de Morangis. Si l'on compare avec le domaine de Raymond Boucher au début du xvie siècle, le gain est certain, assez modique cependant : 75 arpents, soit 25 hectares 6 en deux siècles57.
23Il est difficile d'évaluer le revenu seigneurial. En 1723, le bail de la ferme, consenti au sieur Petit, se montait à 2.300 livres. La seigneurie était grevée de plusieurs rentes : 60 livres à Saint-Éloi, 5 livres au domaine de Montlhéry, 5 livres à la commanderie de Balisy pour le moulin de Gravigny, 40 livres de cens pour les terres situées sur les paroisses voisines, 12 livres de loyer de terres encloses dans le parc58. Les cens devaient rapporter une quarantaine de livres. Quant au profit des lods et vente, de la justice et des autres droits seigneurieux, aucun document ne nous fait connaître à combien il s'élevait. Les « banalités » sont mentionnées dans les actes d'hommage, mais nous ne savons non plus quel en était le revenu.
II. — LES PAYSANS ET LA COMMUNAUTÉ RURALE
1. — La population
24L'absence de tout document statistique ne permet qu'une évaluation approximative de la population de la paroisse. L'archidiacre de Josas, lors de ses visites échelonnées de 1458 à 1469, donne à Louans de 16 à 24 feux, ce qui peut correspondre à une centaine d'habitants59. Au début du xviiie siècle, les dénombrements lui attribuent de 35 à 45 feux, environ 150 habitants60. Ces chiffres ne donnent qu'un ordre de grandeur.
25Les registres paroissiaux permettent de suivre avec quelque précision les mouvements de cette population : elle apparaît sujette à de brusques variations, crises démographiques à mettre en rapport avec les crises de subsistances, si fréquentes en un temps où les techniques agricoles, médiocres, n'assuraient habituellement qu'une production à peine supérieure aux besoins61.
26Les baptêmes nous sont connus — sauf lacunes — de 1563 à 1578, puis à partir de 1602. Certaines années sont manifestement incomplètes (1577, 1578, peut-être 1627). Voici le relevé du nombre des baptêmes, d'une part pour les quatorze années connues du xvie siècle, d'autre part pour les années 1602 à 1701, réparties par tranches de dix ans :
1563-1575 : 132 | 1642-1651 : 99 |
… | 1652-1661 : 89 |
1602-1611 : 74 | 1662-1671 : 102 |
1612-1621 : 74 | 1672-1681 : 97 |
1622-1631 : 79 | 1682-1691 : 70 |
1632-1641 : 80 | 1692-1701 : 91 |
27Sans prétendre en tirer de conséquences générales, on ne peut qu'opposer la courte période enregistrée du xvie siècle, avec sa forte natalité (12,42 naissances par an), au xviie siècle, dont les deux moitiés se valent : 8,01 naissances annuelles de 1602 à 1651, 8,09 de 1652 à 1701.
28Les mariages sont enregistrés de 1563 à 1576, puis à partir de 1599. De 1563 à 1576, il se célèbre 35 mariages ; 16 unissent deux conjoints de la paroisse (l'un d'eux étant originaire du diocèse de Verdun), les 19 autres sont « mixtes », le mari ou la femme étant étranger à la paroisse ; le plus souvent, il s'agit d'un habitant d'une localité voisine : Longjumeau (3 fois), Wissous (5 fois), Champlant (2 fois), Savigny (1 fois), Athis, Chilly, Juvisy, Longpont, Issy.
29On trouverait les mêmes éléments en poursuivant cette analyse au xviie siècle : de 1600 à 1619, 59 mariages sont inscrits dans le registre : 24 entre habitants de la paroisse, 20 entre une jeune fille de Louans et un étranger, 15 entre un garçon du pays et une jeune fille du dehors. Paris n'apparaît que deux fois dans ces unions.
30On est moins bien renseigné sur les décès. Comme presque partout, en effet, jusque vers le milieu du xviie siècle, le curé n'en mentionne qu'une partie : à partir de 1562, il enregistre les testaments ; plus tard, il y mêle de brèves mentions de décès d'adultes. Voici pour cinquante années du xviie siècle, de 1622 à 1671, le relevé des décès ainsi connus, groupés par périodes de dix ans et répartis par âges :
31De 1672 à 1711, on connaît 195 décès. Au total, de 1622 à 1711, 480 décès enregistrés, soit, en moyenne, 5,33 par an, chiffre certainement inférieur à la réalité.
32Les années 1648 à 1653, qui coïncident à la fois avec une disette grave et les troubles de la Fronde, fournissent un exemple très caractéristique de l'influence sur la démographie des crises de subsistances. Les naissances peuvent être considérées comme normales en 1648, où elles s'élèvent à 12, chiffre sensiblement égal à la moyenne des années 1563-1576 (12, 42). Elles tombent à 9 en 1649, à 3 en 1650 ; on en compte 7 en 1651, une seulement en 1652, 6 en 1653. En 1654, elles remontent à 10 ; retombées à 5 en 1655, elles se rétablissent, enfin, à partir de l'année suivante, autour de 10 à 12. Les décès sont normaux jusqu'en 1650, puis s'élèvent à 8 en 1651 et 32 en 1652 : un seul mort jusqu'en juillet ; puis, avec la période de soudure, la mortalité s'élève : 5 en juillet, 8 en août, 4 en septembre ; les effets de la maladie, de la faim, des débuts de l'hiver, provoquent 8 décès en octobre, 4 en novembre, 2 en décembre : c'était, dans un village de 120 à 150 habitants, la disparition de près du quart de la population.
33Nouvelle crise en 1660-1661, avec 17 décès, dont 7 d'enfants de moins d'un an en 1661, et, bien sûr, la chute brutale des naissances en 1662, avec le retard normal d'une dizaine de mois. La crise de 1693 semble ne pas avoir frappé le village. Celle de 1709 se traduit par 12 décès — mais la natalité ne s'effondre pas.
34Parfois, c'est un étranger au pays que l'on enterre : en 1632, un inconnu trouvé dans le grand cimetière ; en 1634, un pauvre inconnu du Poitou ; en 1648, Jean Auvray, manouvrier, natif de Normandie ; en 1675, Jacques Quilliet, tisserand normand employé chez Michel Belliard, qui ne peut dire s'il était marié ou non, mais croit qu'il avait deux filles en son pays. Ces étrangers pouvaient aussi se fixer dans le pays : voici, en 1608, un Picard, garçon servant au château, qui épouse une jeune fille du pays, servante à la ferme de l'Hôtel-Dieu ; en 1613, un Breton fixé à Louans épouse une jeune fille, native de Rochefort, elle aussi demeurant au pays. On saisit ainsi la mobilité relative de la population de l'époque.
2. — L'occupation du sol
35Une quarantaine de familles vivaient donc au village, autour de l'église et du château. Les maisons s'alignaient au long de trois rues : la rue de Savigny, qui, au long de l'église, au carrefour Mauconseil, recevait la rue de Juvisy et, plus loin, celle de Chilly. Au delà du carrefour de la rue de Chilly, la rue de Savigny devenait la « rue qui tend à la Croix-Boissée ». A la sortie du village, cette rue marquait la limite du terroir de Wissous.
36Les maisons étaient petites et simples, le plus souvent couvertes de chaume. Sur 30 maisons « avouées » en 1655, 3 ou 4 seulement sont couvertes en tuile. Souvent, elles sont partagées entre plusieurs propriétaires. Beaucoup d'entre elles se groupaient autour d'une cour commune. La plus importante de ces cours, encore très visible sur le plan d'Intendance de 1783 et le cadastre de 1811, portait le nom de cour Galande. Les maisons comprenaient toujours des dépendances : une petite grange, une étable, un appentis au moins, un jardinet.
37Comment se répartissait la propriété ? Comme presque partout aux environs de Paris, la propriété ecclésiastique représentait une part importante du terroir. De nombreuses communautés possédaient des biens sur la paroisse : le chapitre Saint-Étienne-des-Grès détenait au début du xvie siècle 14 arpents ; après plusieurs aliénations, il lui en restait 9 en 171462. Le domaine de la Saussaye, exempt de cens depuis l'accord de 1574, couvrait 45 arpents et demi ; il passa avec les autres biens du prieuré dans le domaine des Dames de Saint-Cyr à la fin du xviie siècle63. Le collège Saint-Nicolas-du-Louvre possédait 24 arpents en 13 pièces64. Si l'on ajoute la ferme de Saint-Éloi et celle de l'Hôtel-Dieu (plus de 200 arpents)65, on s'aperçoit que près d'un tiers du terroir appartenait à des collectivités étrangères au pays.
38La cure était dotée d'une trentaine d'arpents en 1714. La fabrique, qui possédait 18 arpents en 1460, avait largement accru ce domaine (malgré des vicissitudes dont nous reparlerons) ; en 1714, elle possédait sur le terroir de Louans 51 arpents et 3 quartiers en 52 pièces, 3 maisons et le cimetière66.
39Nous connaissons déjà l'étendue du domaine seigneurial. Auprès de celui-ci s'est accrue sensiblement, pendant ces deux siècles, la part de la bourgeoisie parisienne. Dès 1614, François Dujardin, secrétaire du roi, avoue détenir 13 arpents et demi de terre en 13 pièces. Le même domaine se retrouve en 168167. Au milieu du xviie siècle, Antoine Badran, sieur de Rainville, maître d'hôtel du roi, possède une maison avec un clos, la moitié de la cour Galande et 70 pièces de terre, en tout 60 arpents. Abraham Geufroy de la Varenne, maître d'hôtel d'Anne Laubigeois, possède lui aussi une grande maison avec parc, terre y attenant, le tout clos de fossés et de haies, et 26 pièces de terre, au total 27 arpents 3 quartiers68.
40Le sol étant ainsi occupé en grande partie par le seigneur69, les communautés religieuses et quelques familles bourgeoises, la superficie des tenures paysannes est relativement faible. Celles-ci sont, d'autre part, caractérisées par une extrême fragmentation. Dès le début du xvie siècle, les quelques extraits conservés des censiers des Boucher en donnent des exemples : en 1505, Guillaume de Saulx, qui fut receveur de la terre pour Pierre Poignant, possède une maison et 4 arpents et demi. Blanchet Le Mesureur fait figure de grand propriétaire avec 2 maisons et 3 arpents 1 quartier et demi, en 9 pièces70, soit une tenure d'un hectare, dispersée aux quatre coins du terroir. Le censier dressé pour le prieuré Saint-Éloi en 158271 donne les mêmes renseignements72 : Guillaume Auroux, laboureur, possède un peu moins de 5 arpents, 3 de terre, 2 de vignes, en 16 pièces ; Bernard Lusson, vigneron, possède 2 arpents et 1 quartier de vignes en 8 pièces, et 2 arpents et demi de terre en 5 pièces ; Denis Guézard, marchand à Louans, possède une maison de deux espaces, un espace de grange, deux petites étables, un demi-arpent et un demi-quartier de vignes, un demi-quartier de saussaie et 1 arpent et demi de terre.
41Entre 1655 et 1658, quarante-quatre déclarations furent faites au seigneur de Louans par ses tenanciers73. Vingt-quatre le furent par des « horsains », vingt et une par des habitants du village. Cette proportion n'a rien d'étonnant : à Wissous, sur les 150 censitaires qui font leur « aveu et dénombrement » entre 1599 et 1603, plus de soixante sont étrangers à la paroisse74. Ici, un premier groupe est formé par des paysans de paroisses voisines qui, très naturellement, possèdent des terres à Louans, soit à titre personnel, soit, fréquemment, par leurs épouses, héritières dans la paroisse. Il s'agit le plus souvent de très petites tenures : un demi-arpent, 2 ou 3 au plus. Ainsi le meunier du moulin de Gravigny possède un demi-arpent ; un vigneron de Chilly, 1 arpent ; un autre vigneron, de Montlhéry, mais appartenant à une vieille famille de Louans, les Auroux, possède 1 arpent et demi, plus un demi-quartier et une quarte, en 8 pièces.
42Un second groupe est formé de Parisiens de fraîche date dont le nom (ou l'alliance) indique clairement l'origine locale. Ainsi, la veuve de René Poulain, veuve en premières noces de François Auroux, possède 2 arpents et 6 quartes de terre. La veuve de Claude Lusson, marchand épicier à Paris issu d'une vieille famille du pays, déclare 3 quartes de terre (soit un peu plus de 2 ares).
43Le troisième groupe d'étrangers marque l'emprise de la bourgeoisie sur le sol. Nous avons déjà rencontré François Dujardin et ses 13 arpents et demi, Antoine Badran et ses 60 arpents. Plus modestes propriétaires, Pierre Petit, chirurgien à Longjumeau, possède 2 arpents et demi ; Marin Tournant, marchand, bourgeois de Paris, déclare 2 maisons et 6 arpents de terres.
44Les tenures des habitants de Louans sont très exiguës. Sur vingt déclarants, deux ont plus de 5 arpents, huit ont de 3 à 5 arpents, quatre de un à 3 arpents, trois ont moins d'un arpent, deux n'ont que leurs maisons, sans terre. Prenons quelques exemples. Françoise Tisserand, veuve de Nicolas Belliart, « tixier en toile », possède 2 espaces de maison, avec grange, porcherie, cour et jardin, un autre jardin, ci-devant en masure, 8 arpents 1 quartier de terre en 24 pièces, 3 quartiers de vignes en 3 pièces75. Michel Leblanc, batteur en grange, n'a point de terres, mais 3 espaces et demi de bâtiments, ci-devant en grange, couverts de chaume, qu'il utilisait sans doute pour son travail, et 1 espace de maison, avec un petit jardin. Nicolas Claude, manouvrier, possède, cour Galande, 2 petits espaces de maison, à bas étage, précise-t-il, et un jardin d'un demi-quartier. Le tavernier du pays, Étienne Divray, tuteur des enfants nés d'un premier mariage de sa femme, déclare 2 espaces de maison, avec grange, cuisine en bas, grenier au-dessus, donnant sur la cour Galande ; en outre, 1 arpent et 3 quartiers en 3 pièces. Cet Étienne Divray eut maille à partir avec la justice de dame Anne Laubigeois pour avoir refusé de payer le droit de forage que devaient, autour de Paris, les détaillants en vin. En 1657, il fut condamné à payer la valeur de 16 pintes (23,4 litres), représentant deux années d'arrérages76. Au total, les vingt déclarants se partagent environ 55 arpents de terres et vignes, plus les maisons et jardins. Sans doute possédaient-ils aussi quelques terres dans les paroisses voisines : on voit apparaître des Belliard, des Auroux, par exemple, parmi les censitaires du chapitre à Wissous. Surtout, ces paysans louaient les terres des étrangers et des collectivités propriétaires sur le terroir.
45Certaines familles, par le jeu de ces baux à ferme, des charges de receveur de la seigneurie, de procureur fiscal, pouvaient acquérir localement une grande importance. Ces laboureurs sont de véritables capitalistes ruraux, liés les uns aux autres par de solides liens familiaux77. Ainsi se forment certaines dynasties. Au début du xviie siècle, Jean Gono était procureur fiscal de la terre de Louans78 ; un demi-siècle plus tard, maître René Gono était receveur de la terre et seigneurie de Mons ; Jean Gono, son frère, remplissait la même fonction à Paray ; il possédait à Louans 21 arpents un quartier de terres en 26 pièces et les trois huitièmes d'une maison de plusieurs espaces ; Jeanne Gono, probablement sœur de René et de Jean, possédait un huitième de la même maison et 3 arpents 3 quartiers ; elle était l'épouse de Martin Hersant, écuyer de bouche du roi79, lequel, issu d'une famille très connue dans la région, enrichie par la culture, avait acquis en 1649 de Guillaume Lemoine, avocat au Parlement, une ferme de 40 arpents à Wissous80 et devait racheter avant 1681 les terres de Jean Gono à Louans81.
46Le cas de la famille Pluchet est assez semblable, encore que moins éclatant82. Jean Pluchet, vigneron, s'était marié en 1638 à Louans. En 1655, il possédait 2 maisons près de l'église, 3 arpents 1 quartier de terres en 14 pièces. Quatre garçons naquirent du mariage. Le second fils, Jean II, se maria en 1667. Abraham Geufroy, sieur de Varenne, riche propriétaire à Louans, fut son témoin. Resté vigneron, mais aussi bedeau de la paroisse, marguillier en 1677 et 1692, Jean II Pluchet possédait en 1681 une des maisons de son père, moins d'un arpent de terre en 5 pièces, 1 arpent et 1 quartier de vignes en 4 pièces. Après lui, le patrimoine se divise encore : en 1714, ses deux fils, Claude et Jean III, se partagent la maison paternelle : Claude possède 2 arpents 3 quartiers en 11 pièces ; Jean, un peu plus d'un arpent en 7 pièces ; en 1725, Claude est inscrit au rôle de la taille pour 22 livres83.
47La branche aînée réussit beaucoup mieux. François Pluchet (1641-1678) s'était marié en 1665. En 1681, sa veuve, au nom de ses enfants mineurs (deux seulement survivaient, sur les six du ménage), déclarait posséder : une maison d'un espace, avec étable et appentis, le tout couvert de chaume, donnant sur une cour commune et touchant au cimetière de la paroisse, 2 arpents de vignes et 3 quartiers et demi de terre (1,18 ha.). A la génération suivante, en 1714, François II Pluchet n'a plus que 3 quartiers de vignes et 1 demi-quartier de terre ; Pierre possède la maison paternelle et 1 quartier de vigne. Pourtant, l'un et l'autre sont parmi les plus imposés de la paroisse : 343 et 320 livres en 1725 ; c'est qu'ils prennent à ferme de vastes domaines, regroupant divers baux pour former une exploitation rentable. Dès 1727, François II est receveur de la terre et seigneurie. Son fils lui succède dans cette charge ; en 1740, dans un état fourni au subdélégué de « ceux qui font valloir des terres à titre de loyer et dixmes », il figure pour 400 arpents et 3 charrues84. Le petit-fils de François II quitte la paroisse ; en 1783, témoin au mariage de son filleul et cousin Thomas-Melchior Pluchet85, il est qualifié de « laboureur à Ozoir-le-Vougy-en-Brie86 » : il était sans doute devenu fermier d'une des grandes exploitations constituées à cette époque sur le plateau briard.
3. — La vie rurale
48Les documents ne nous livrent malheureusement que peu de détails sur la vie quotidienne, sur les techniques agricoles, sur les travaux journaliers des paysans et des quelques artisans du pays. Les déclarations nous montrent une majorité de vignerons et de laboureurs, quelques bergers, jardiniers, couvreurs de chaume, batteurs en grange ; quelques marchands aussi : Étienne Grandjean, marchand fruitier de 1671 à 168187, Charles Benoist, charron, en 1681, Michel Belliard, tisserand en toile88, Jacques Chemin, tailleur d'habits (1655), Étienne Divray, tavernier89.
49Les règles de l'assolement triennal étaient à peu près respectées. Les 305 hectares de censive de Jean Boucher au milieu du xvie siècle étaient ainsi répartis90 :
50Prés. 3 3/4arpts (1,28 ha.)
51Vignes. 75 arpts (25,65 ha.)
52Blé. 281 arpts (96,10 ha.)
53Escourgeon. 1 arpt (0,34 ha.)
54Jachère 233 arpts (79,68 ha.)
55Orge. 84 1/2 arpts (28,90 ha.)
56Avoine. 179 arpts (61,21 ha.)
57Chanvre. 3 arpts (1,02 ha.)
58Vesce, fèves et pois. 33 arpts (11,28 ha.)
59On retrouve la sole de blé, la sole de « mars », la sole en jachère, et les cultures plus ou moins dérobées.
60L'arpentage de 1783 donne la répartition suivante des 344 hectares du terroir : bâtiments et parcs : 76,65 ha. ; chemins : 15,82 ha. ; terres de labours : 327,02 ha. ; vignes : 11,96 ha. ; bois et remises : 12,58 ha.
61En 1787, sur les 330 arpents dîmés au profit du prieuré Saint-Éloi, il y a 237 arpents de blé, 9 d'orge, plus de 64 arpents d'avoine et 19 et demi de trèfle et luzerne91. A la veille de la Révolution, les fourrages artificiels faisaient ainsi timidement leur apparition en plein champ. Mais nous avons vu, dès 167392, Antoine Barillon demander à son marchand de bois de ne pas traverser les sainfoins avec des charrettes93.
4. — La paroisse
62La communauté des habitants s'organisait autour de « l'œuvre et fabrique Saint-Michel de Louans ». C'est l'église qui était le symbole et le lieu de rassemblement de la paroisse. Là chaque année s'élisaient les deux marguilliers chargés de la gestion des biens paroissiaux, là s'annonçaient les nouvelles intéressant le village, là se prenaient les décisions communes. C'est ainsi qu'en janvier 1575, on enregistre « le consentement donné par les manans et habitans dudit Louans, pour ce assemblez et congrégés à l'yssue de la grand'messe parrochiale devant la grande porte de l'église dudit lieu », à propos de l'érection de la terre en châtellenie94.
63C'est dans une église presque neuve qu'avait lieu cette assemblée. La reconstruction du chœur et des chapelles latérales avait commencé vers 1540. De 1542 à 1544, Quentin Berly, maçon, maçonna le chœur pour 340 livres tournois. Les mêmes années, on achetait neuf milliers de tuiles. En 1550-1551, quatorze cents de carreaux plombés furent pris à Paris pour paver les chapelles latérales, bâties par Pierre Bassonnet et son fils pour 150 livres95. En 1551, Charles Boucher, évêque de Mégare et parent des seigneurs de Louans, venait bénir l'église et les deux chapelles faites de nouveau, et « consacrer trois autels ; sçavoir le maître autel, l'autel Nostre Dame et l'autel Saint Roch ». Quatre cloches furent ensuite achetées.
64Mais ces travaux avaient lourdement grevé le budget paroissial. En 1587, une délibération des habitants permit aux marguilliers, afin de payer les quatre cloches, la charpente du beffroi et la réfection du clocher, d'hypothéquer les biens de la fabrique jusqu'à concurrence de 260 livres de capital96. Les extraits de comptes montrent également des ventes de terres : 3 quartiers de prés à Morsang pour 120 livres ; 3 quartiers de terres à Chilly pour 52 livres 10 sous ; 1 demi-arpent acheté par Guillaume de Baillon pour 30 livres, le tout en 1586-1587. Plus tard, en 1621-1622, les habitants décidèrent de nouveau d'aliéner quelques biens, cette fois pour entretenir un vicaire97.
65La fabrique possédait 18 arpents de terre en 1460, 50 arpents et une maison proche de l'église en 158798. En 1714, elle déclare ses biens : le cimetière, la maison presbytérale « consistant en une cuisine, salle, fournil, trois chambres et un cabinet au dessus, avec grenier, une grange, écurie et autre bâtiment, cour et jardin » (c'est encore aujourd'hui le presbytère), la maison voisine des chapelains, une autre maison le long de l'enclos du seigneur et 53 arpents de terre loués aux fermiers du pays99.
66De nombreuses rentes de fondation amélioraient le revenu paroissial. Les testaments enregistrés par le curé montrent les dons faits à la paroisse. En 1563, la veuve Ménager demande trois services, treize messes dont trois hautes, lègue 5 sous pour bénéficier des prières de la paroisse, 2 sous 6 deniers à chacune des confréries de l'église, « assavoir Nostre Dame, Sainct Sebastien, Saincte Barbe et aux trespassez ». Elle y ajoute 3 sous 2 deniers à la chapelle Saint-Claude-sous-Longpont, autant « au luminaire de Nostre Dame de Longpont » et 12 deniers à chacun des treize villages voisins de Louans pour être recommandée aux prières des paroissiens100.
67Certaines fondations sont rappelées dans l'église par des plaques gravées : celle de Claude Destampes, qui laissa, en 1582, 60 sous de rente, pour s'assurer un service anniversaire avec trois messes hautes, vigiles, recommandations, Libera sur sa tombe ; celle de Pierre Dartois, laboureur, qui, en 1686, donna 16 livres de rente pour faire célébrer tous les premiers lundis du mois une messe basse du Saint-Esprit, avec chant du Libera et du De profundis.
68La plus importante de ces fondations fut faite en 1657 par Anne Laubigeois. Elle laissait une maison (celle dite en 1714 des chapelains), 979 livres 16 sous 8 deniers de rentes, la somme de 6.337 livres 5 sous 8 deniers à prendre au jour de son décès et destinée à acheter des titres de rente. Le revenu de la fondation devait faire vivre deux prêtres-chapelains, « de bonne vie et mœurs et capacité ». Tous deux célébreraient chaque jour la messe pour la défunte et sa famille, chanteraient l'office de la Vierge, aideraient au service paroissial. L'un des prêtres ferait l'école, l'autre le catéchisme. Ces instructions seraient données gratuitement aux enfants de la paroisse. Le logement serait assuré aux chapelains dans la maison léguée par la fondatrice101.
69Les nombreuses réductions de rentes amputèrent le revenu. Bonne Fayet préféra assurer une rente de 264 livres plutôt que de verser le capital. Cette rente fut ensuite portée à 317 livres. Ainsi ne put-on nommer qu'un seul chapelain, mais dont les appointements, « pour avoir lieu d'atirer plus facillement un honneste homme », furent portés de 300 à 400 livres par an, « ce qui a esté fait d'autant plus judicieusement que les vivres et denrées sont chères en ces quartiers et que l'expérience fait connoistre tous les jours combien il est dificille de trouver des eccleziastiques qui... veulent se donner aux employs de la campaigne ». En 1672, on décida cependant d'appointer une maîtresse d'école, à laquelle on donna 100 livres102.
70La paroisse eut un curé assez régulièrement pendant ces deux siècles. Certains demeurèrent longtemps en place : Augustin Philippe de 1599 à 1621, Pierre Delaunay, prêtre du diocèse du Mans103, de 1621 à 1635. De 1635 à 1643, des vicaires ou des prêtres du voisinage desservent la paroisse. Le 22 juillet 1643 seulement, un nouveau curé, Guillaume Cohier, prend possession de la cure. En 1645, il assiste à la fonte de la grosse cloche de l'église et la baptise Anne, en présence de Paul Barillon, fils du président, et d'Anne Laubigeois104. Guillaume Cohier mourut en 1671 et fut remplacé par messire Paul Cermoise, né à Abbeville, licencié en théologie de la Sorbonne105, qui mourut en 1697, laissant 100 livres à la paroisse afin de célébrer, le dernier dimanche de chaque année, un salut d'action de grâces suivi du chant du De profundis106.
71Ces prêtres vivaient sans doute assez chichement, de leur casuel et du revenu de leurs terres. Un conflit assez long opposa le curé Cohier et le prieuré Saint-Éloi au sujet des dîmes du terroir, et en particulier des menues dîmes, qu'un arrêt du Parlement, en 1661, réserva au curé107.
72Se mêlant à la vie du pays, les desservants de la paroisse y ont de nombreux filleuls. En 1647, Cohier va célébrer le mariage d'un jeune paroissien à Paris, témoignage d'affection sans doute, de déférence aussi de la part du marié.
***
73Si curé, chapelain et vicaires vivaient difficilement, on peut se demander quel était le niveau de vie moyen de leurs paroissiens. Mais les documents sont trop rares pour nous éclairer suffisamment sur ce point108. Les enfants du pays travaillaient généralement avec leurs parents. Certains, cependant, partaient en apprentissage : en 1547, Robert Bourrelier, âgé de quatorze ans, entre chez un apothicaire-épicier de Paris ; Léonard Cramoiret chez un « couturier109 » de Villejuif, en 1551110. En 1625, le 3 août, le jeune François Delaunay, âgé de dix-huit à dix-neuf ans et « de grande espérance », entrait en apprentissage chez M. Lemoine, maître chirurgien à Paris ; mais le 6 du même mois, « sur les deux heures de l'après midy », il était frappé de la peste et mourait à l'hôpital Saint-Louis111. De ces jeunes garçons ainsi éloignés du pays, beaucoup se fixaient à Paris, mais revenaient au village à l'occasion de quelque fête de famille, servant de parrain ou de témoin à leurs proches ou à leurs amis.
74On entrevoit ici un nouvel aspect des liens qui se nouaient entre la capitale (d'où venaient, on l'a vu, le seigneur et quelques bourgeois) et le village. Sur les échanges commerciaux, on manque des précisions souhaitables. De Paris vers la banlieue, on est assuré de l'existence du modeste trafic des colporteurs, débitants d'almanachs ou de mercerie. Quant à la vente des produits du terroir, c'est surtout sur les marchés des bourgs voisins, celui de Longjumeau en particulier, qu'elle se faisait. Morangis n'apportait-il pas, cependant, sa contribution à l'approvisionnement de la capitale ? S'il ne paraît pas possible de dire dans quelle proportion, du moins avons-nous la certitude de l'existence d'un mouvement vers Paris, portant sur les grains en surplus, ceux des fermes des laboureurs les plus aisés : c'est ce qu'atteste clairement un texte officiel de 1740 : « Les fermiers, y lit-on,... sont dans l'usage de faire conduire et vendre leurs bleds à la halle de Paris112. »
Notes de bas de page
1 Abbé Lebeuf, Histoire de la ville et de tout le diocèse de Paris, nouv. éd. [par Adrien Augier], Paris, 1883, t. iv, p. 58-61.
2 Yvonne Bezard, La vie rurale dans le sud de la région parisienne de 1450 à 1560, Paris, 1929, in-8°.
3 On peut négliger la notice sur Morangis contenue dans l'ouvrage de M. Pinard, Histoire, archéologie, biographie du canton de Longjumeau, Paris, 1864, in-8°, p. 220-231.
4 Seine-et-Oise, arr. Corbeil, cant. Longjumeau.
5 Arch. dép. Seine-et-Oise, E 941 à 968.
6 Arch. dép. Seine-et-Oise, C2 (plan d'intendance) et C5 (procès-verbal d'arpentage).
7 L'arpent de Paris vaut 34,19 ares.
8 L'archidiacre de Josas, lors de ses visites entre 1458 et 1469, donne à Louans de 16 à 24 feux (Yvonne Bezard, op. cit., p. 208).
9 Fresnes-lès-Poissy, aujourd'hui Écquevilly, Seine-et-Oise, arr. Mantes, cant. Meulan.
10 Pierre Poignant était aussi seigneur d'Athis, que sa fille devait apporter en dot aux Viole (Lebeuf, op. cit., p. 59 et 419).
11 Arch. Seine-et-Oise, E 965, quittance des « hoirs de feu Adam Boucher », 1510.
12 Ibid., 4H21, vente de terre, avec ensaisinement autographe au verso.
13 Ibid., E 941. Sous cette même cote figurent deux mémoires, l'un de 1723, auquel nous recourons ici, l'autre sans date, mais remontant aussi au début du xviiie siècle, que nous aurons l'occasion d'utiliser plus loin.
14 Arch. Seine-et-Oise, E 959.
15 Arch. comm. Morangis, registres paroissiaux, t. i, Baptêmes (24 mars 1565, n. st., et 3 juin 1566).
16 Arch. Seine-et-Oise, 4H21, et Y. Bezard, op. cit., p. 144. Le procès-verbal indique pour toutes les terres saisies la nature des cultures.
17 Arch. Seine-et-Oise, E 944.
18 Ibid., E 941, inventaire des titres, 1728, mention d'un « partage en parchemin de la terre et seigneurie dudit Louans fait par les enfants et héritiers de feu Mre Boucher... en 1564 » ; l'original a disparu. Ibid., E 946, hommage à Arnoul Boucher, seigneur d'Orsay, pour 30 arpents, lui appartenant par transport d'Adam Boucher, l'un des enfants et héritiers de Philippe, seigneur de Louans, 1574.
19 Ibid., E 946 et 947.
20 Ibid., E 944. Jean Le Charron fut prévôt des marchands de 1572 à 1576.
21 Ibid., D 1423.
22 Ibid., E 946.
23 Arch. nat., X1A 8632, fol. 32; Arch. Seine-et-Oise, E 941. Le lieudit « la Justice » perpétue aujourd'hui dans la commune le souvenir du gibet seigneurial.
24 Arch. Seine-et-Oise, E 941, Mémoire sur la terre et seigneurie (1723).
25 Ibid., id.
26 Bibl. hist. Ville de Paris, mss., série 30, Généalogies des principales familles de Paris.
27 Arch. Seine-et-Oise, E 944.
28 Abbé Lebeuf, loc. cit., p. 59. La chapelle seigneuriale, au bas-côté nord, était dédiée à saint Eutrope.
29 Arch. nat., S 5126B, dossier 88.
30 Arch. Seine-et-Oise, E 944.
31 Arch. comm. Morangis, registres paroissiaux. « Madamoiselle de Louans » est Charlotte Briçonnet ou une sœur du marié ; M. de Janvry est un oncle ; M. de Glatigny est sans doute le père de Charlotte Briçonnet ; M. de Vaugrigneuse doit être Jean Héroard, médecin du roi.
32 Arch. comm. Morangis, registres paroissiaux.
33 Arch. Seine-et-Oise, E 941, 6 septembre 1606.
34 Ibid., E 942.
35 Ibid., 4H2, double, collationné en 1626, fol. 43 v°.
36 Ibid., E 941 : « Mémoire des héritages appartenant à feu Monsieur Baillon... estant en la censive de Messieurs les religieux du prieuré Saint-Éloy. »
37 Ibid., E 942 (1666) et E 943 (1658).
38 Ibid., 4H21, dénombrement des terres dîmées, 1787.
39 Ibid., E 941, mémoire de 1723 déjà cité.
40 Ibid., id.
41 Ibid., id., et E 942.
42 Arch. Seine-et-Oise, E 950, inventaire de titres (xviiie siècle). L'acte manque.
43 Il fut inhumé dans l'église (Arch. comm. Morangis, registres paroissiaux, 18 février 1662).
44 Arch. Seine-et-Oise, E 942, hommage de Bonne Fayet, 1666. Bonne Fayet était fille d'Olivier Fayet, sieur de Maugarny, et de Marie Lhuillier, cousine germaine d'Anne Laubigeois, fille de Pierre et d'Anne Lhuillier.
45 Morangis, Marne, arr. Épernay, cant. Avize.
46 La Chesnaye-Desbois, Dictionnaire de la noblesse.
47 Arch. Seine-et-Oise, E 941, mémoires cités (1723 et s. d.).
48 Ibid., E 948.
49 Arch. Seine-et-Oise, E 950.
50 Ibid., E 941 ; Arch. nat., X1A 8687, fol. 359, enregistrement du 26 mai 1693.
51 Arch. Seine-et-Oise, E 941 ; Arch. nat., X1A 8687, fol. 363.
52 Arch. Seine-et-Oise, E 954, analyse d'actes disparus.
53 Ibid., E 941.
54 Arch. Seine-et-Oise, E 941, mémoire de 1723.
55 Le château et la plus grande partie de la ferme ont été détruits en août 1944 par les Allemands. Une partie des communs subsiste, transformée en logis.
56 Arch. Seine-et-Oise, E 941, mémoires de 1723 et s. d. déjà cités.
57 L'augmentation a porté, d'une part, sur le parc, passé de 60 à 88 arpents ; d'autre part, sur des terres exploitées directement par le seigneur, en dehors du parc — et de la ferme. Cinquante-huit arpents se trouvaient hors du terroir.
58 Arch. Seine-et-Oise, E 941, « Charges de la seigneurie de Morangis », document qu'on peut dater du début du xviiie siècle (on y parle des terres « que Madame [Catherine Boucherat] a fait enclore »).
59 Yvonne Bezard, op. cit., p. 208.
60 Abbé Lebeuf, loc. cit., p. 61.
61 J. Meuvret, Les crises de subsistances et la démographie de l'Ancien Régime, dans Population, t. iv, 1946, p. 643-650.
62 Arch. nat., S 907, et Arch. Seine-et-Oise, E 952 (aveu de 1678).
63 Arch. Seine-et-Oise, D 1423.
64 Arch. nat., S 1882.
65 M. Fosseyeux, L'Hôtel-Dieu de Paris au xviie et au xviiie siècle, Paris, 1912, in-8°, p. 381.
66 Arch. Seine-et-Oise, E 954 ; Alliot, Visites archidiaconales de Josas, Paris, 1902, in-8°, p. 91, n° 273.
67 Arch. Seine-et-Oise, E 951 et 953.
68 Ibid., E 952, aveux de 1658 et 1671. En 1683, la propriété et les terres appartenaient à Guillaume Roger, bourgeois de Paris (aveu, Arch. Seine-et-Oise, E 953), qui en 1672 était intendant de la présidente Barillon (Arch. comm. Morangis, registres paroissiaux).
69 La maison de Badran est aujourd'hui l'Orphelinat Saint-Michel ; celle qu'occupe l'école dite du Désert serait l'ancienne maison de Geufroy.
70 Arch. Seine-et-Oise, E 956.
71 Ibid., 4H6 .
72 Il est vrai que la censive ne représente ici qu'une partie du terroir.
73 Arch. Seine-et-Oise, E 951.
74 Abbé Varaigne, Wissous et son église, Tours, 1955, in-8°, p. 61
75 Soit 2,78 hectares de terre et 0,13 hectares de vignes.
76 Arch. Seine-et-Oise, E 949, sentence du 21 juin 1657 (l'original manque).
77 La récente étude de Marc Vénard, Une classe rurale puissante au xviie siècle, les laboureurs au sud de Paris (Annales, économie, sociétés, civilisations, 10e année, 1955, p. 517-525), a attiré l'attention sur ces familles.
78 Arch. comm. Morangis, registres paroissiaux. Jean Gono est procureur fiscal de Louans au moins de 1602 à 1614, receveur de Paray en 1612. Il meurt avant 1617.
79 Arch. Seine-et-Oise, E 952, aveux de 1658.
80 Arch. nat., S 836 ; cette ferme était, à la veille de la Révolution, l'une des plus importantes de Wissous (abbé Varaigne, op. cit., p. 64).
81 Arch. Seine-et-Oise, E 953, aveu de Martin Hersant, à cause de Jeanne Gono, sa femme, et de l'acquisition faite sur Jean Gono.
82 Arch. comm. Morangis, registres paroissiaux ; Arch. Seine-et-Oise, déclarations censuelles de 1655 (E 951), 1681 (E 953), 1714 (E 954).
83 Arch. Seine-et-Oise, E 950, état des habitants pour la nomination des collecteurs.
84 Arch. Seine-et-Oise, E 964.
85 Arch. comm. Morangis, registres paroissiaux.
86 Ozouer-le-Voulgis, Seine-et-Marne, arr. Melun, cant. Tournan.
87 Il emploie un jeune commis, qui meurt en 1671, âgé de quinze ans (Arch. comm. Morangis, registres paroissiaux).
88 Arch. Seine-et-Oise, E 953.
89 Ibid., E 951.
90 Yvonne Bezard, op. cit., p. 144.
91 Arch. Seine-et-Oise, 4H2 1 , état des terres dîmées.
92 Ci-dessus, p. 194.
93 En 1644, le chapitre de Notre-Dame recommandait d'exiger à Wis-sous la dîme du sainfoin, qui avait été refusée par les habitants (Arch. nat., LL 350-351, Wissous, fol. 220-385, article Decimae).
94 Arch. Seine-et-Oise, enregistrement des lettres patentes.
95 Arch. paroissiales Morangis, registre de papier intitulé : « Dépouillement des comptes ». Contient des extraits de comptes de marguilliers de 1542 à 1735.
96 Arch. paroissiales, délibération.
97 Ibid., « Dépouillement des comptes ». Nous avons vu Anne Laubigeois revendre en 1659 une partie de ces biens.
98 Yvonne Bezard, op. cit., Arch. paroissiales, délibération citée.
99 Arch. Seine-et-Oise, E 954.
100 Arch. comm. Morangis, registres paroissiaux.
101 Arch. nat., Y 194, fol. 205 v° et 214 v°, 15 mars 1657. Par le même acte, Anne Laubigeois faisait don de 2.000 livres à l'Hôtel-Dieu de Paris.
102 Arch. paroissiales, mémoire du curé Cermoise sur l'état de la fondation en 1688.
103 Arch. comm. Morangis, registres paroissiaux. Pierre Delaunay avait acheté des biens à Louans ; il en fit don en 1633 à sa soeur, épouse d'un chirurgien du duc d'Orléans (Arch. nat., Y 174, fol. 388 v°). En 1632, il note au registre des sépultures : « Du septiesme jour de septembre..., la maladie a commencé à Louans en mon absence, estant au païs du Mans... »
104 Cette cloche sonne encore dans le clocher de Morangis.
105 Arch. comm. Morangis, registres paroissiaux.
106 Arch. paroissiales Morangis.
107 Arch. Seine-et-Oise, 4H21 , dossier de pièces sur les dîmes de Louans.
108 Les archives notariales font ici particulièrement défaut. Nous n'avons pu encore retrouver les minutes du tabellionnage de Morangis, supprimé à la Révolution, où nous aurions sans doute découvert des éléments d'étude sur le niveau de vie, le mobilier, les instruments de culture. Voici un des trop rares renseignements que nous livrent les archives communales : lorsque Geoffrine Dumond, mère de Jean I e r Pluchet, teste en 1631, elle laisse de nombreuses dettes, qu'elle demande à ses enfants de payer : 33 livres à Mellon Lebourrelier, gros paysan du pays, qui devait allier usure et culture, 4 livres à « la Bourdonne », de Montlhéry, de petites sommes à plusieurs autres habitants du pays et deux boisseaux de blé à « la Gonote » (sans doute l'épouse de Jean Gono). Notons que Geoffrine Dumond ne mourut qu'en 1641 ; peut-être avait-elle eu le temps de rembourser ses emprunts (Arch. comm. Morangis, registres paroissiaux, 23 juin 1631).
109 C'est-à-dire, sans doute, un maraîcher.
110 Ernest Coyecque, Recueil d'actes notariés du xvie siècle, Paris, 1924, t. ii, p. 210 (n° 1626) et 429 (n° 5770).
111 Arch. comm. Morangis, registres paroissiaux, 11 août 1625.
112 Arch. Seine-et-Oise, E 964, « État de ceux qui font valloir des terres... », 1740.
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