La politique foncière de Monsieur Vincent
p. 287-301
Texte intégral
1Toute politique sociale hardie coûte cher, et nos gouvernants le savent bien qui se heurtent au problème des moyens nécessaires au bon fonctionnement des hôpitaux, de la sécurité sociale ou de l'assistance aux plus démunis. La multiplicité des œuvres créées et animées par M. Vincent exigeait, à l'évidence, des capitaux importants, des revenus suffisants et réguliers, un emploi judicieux et rigoureux. En bon « mesnager », et même s'il n'avait pas lu Olivier de Serres, le fondateur des Prêtres de la Mission et des Filles de la Charité le savait mieux que quiconque. Fils de paysan, il était, plus sans doute qu'un Bérulle ou une Françoise de Chantai, issus de la haute bourgeoisie, à même de savoir le prix de l'argent. Parmi les vertus que son premier biographe met à son actif figure en bonne place ce souci de l'intendance et cette volonté d'assurer au mieux la subsistance des siens et la bonne marche des œuvres. « Pour cela, nous dit Abelly, il a fait deux choses : la première, de faire valoir le peu de biens qu'ils avaient, et la seconde, d'en bien ménager le revenu »1. Ce n'est pas, me semble-t-il, diminuer la personnalité rayonnante du « Saint du Grand siècle » que de le voir s'occuper personnellement de ces détails matériels, n'estimant, toujours selon Abelly, « rien indigne de sa conduite ». Habile à susciter, dans les milieux privilégiés de la Cour et de la Robe, les générosités nécessaires, Saint Vincent sût assurer l'avenir en choisissant les placements les plus sûrs, en veillant au quotidien, en cherchant la meilleure gestion. Pour limiter ici mon propos, je m'en tiendrai au patrimoine des Prêtres de la Mission en étudiant sa formation, son accroissement et sa mise en valeur.
I. LE PATRIMOINE DES PRÊTRES DE LA MISSION
2Dès 1625, le contrat d'établissement des premiers prêtres missionnaires, signé avec les Gondi, assurait à M. Vincent un capital de 45000 L., considérable pour l'époque. La donation précisait que cette somme serait employée en fonds de terre ou en rente constituée2. C'étaient là, en effet, les deux formules possibles d'investissement à long terme. La première avait l'inconvénient de faire d'une Congrégation vouée aux pauvres gens, un propriétaire, avec ce que cela pouvait entraîner de compromis avec le siècle. La seconde risquait d'être soumise aux aléas de l'inflation et, s'agissant des rentes d'Etat, au payement irrégulier des quartiers. Dans une lettre de 1637, à propos d'une fondation projetée, M. de Paul ne cachait pas sa préférence pour l'immobilier : « Il faut que, pour perpétuer la chose, le revenu soit en fonds, ou autrement, dans cinquante ans d'ici, la fondation sera réduite à la moitié. Le prix des choses double de cinquante en cinquante ans pour le moins »3. Bon observateur, M. Vincent écrivait ces lignes alors que durait encore le grand mouvement séculaire qui tirait les prix vers le haut. Notre saint homme ne pouvait prévoir que les choses changeraient après sa mort et qu'une période de déflation avantagerait, après 1670, la rente constituée par rapport à la rente du sol.
3On sait les difficultés que rencontra M. Vincent pour obtenir de Rome, en 1633, l'approbation de la Congrégation. Cette décision avait ete précédée d'un événement majeur pour la jeune compagnie : l'union du prieuré Saint-Lazare avec ses bâtiments et son patrimoine à la Congrégation. La générosité d'Adrien Le Bon, l'amicale insistance d'Adrien Duval assuraient ainsi à M. Vincent et à ses premiers compagnons un lieu de vie commune et des revenus conséquents, noyau solide autour duquel se formera la fortune des Lazaristes. Je n'évoque ici que pour mémoire les protestations des religieux de Saint-Victor, historiquement liés au prieuré contre ce qu'il considérèrent comme une spoliation...4.
4En quoi consistait le patrimoine du prieuré ? D'abord, du « manoir et lieu seigneurial » de Saint-Lazare, avec ses bâtiments et un clos, entouré de murs, d'une trentaine d'hectares ; ensuite de « marais », fort bien situés dans les faubourgs de Paris et loués à bon prix. Le prieuré possédait deux fermes à la campagne, chacune d'une centaine d'arpents, à Gonesse et au Bourget. S'y ajoutaient des maisons dans Paris et les faubourgs, des cens en divers lieux et des droits de dîme. Le prieur s'était réservé en 1632 la jouissance viagère de la ferme de Rougemont, à Sevran, avec ses labours et ses bois.
5Ce patrimoine originel devait croître, durant la vie de M. Vincent et au-delà, d'une part, par le jeu des donations faites à la Congrégation en immeubles ; d'autre part, par des acquisitions représentant l'emploi de dons en espèces, enfin, par l'union au temporel de Saint-Lazare, de bénéfices ecclésiastiques. Par exemple, en 1643, le duc de Retz, désireux d'installer à demeure des missionnaires à Montmirail, obtint du Roi et de l'Evêque de Soissons la cession de l'Hôtel-Dieu et de la Maladrerie aux Lazaristes. Ainsi le patrimoine s'accrut-il des fermes de La Chaussée, de la Maladrerie et de Chamblon. De même, plusieurs prieurés de province, destinés à permettre la création d'une maison de mission ou d'un séminaire furent-ils aussi réunis, comme ceux de Couches, au diocèse d'Evreux ou de Saint-Pourçain sur Sioule.
6Les donations d'immeubles furent importantes. Le 23 juillet 1635, Charlotte de Ligny, veuve de Michel Vialart de Herse, considérant la misère spirituelle du « pauvre peuple des champs » vivant « dans l'ignorance des choses nécessaires au salut » fit abandon de ses deux fermes beauceronnes de Mespuits et de Frenneville, l'une de 188 arpents, l'autre de 140 arpents : des labours de qualité très diverse, quelques taillis, quelques vignes. En échange, M. Vincent s'engageait à missionner tous les cinq ans sur les terres et seigneuries de la dame5. En mai 1644, le secrétaire du duc de Retz, M. Toublanc, complétait le domaine de Montmirail par le don de ses deux fermes de Fontaine-Essart et de Vieux-Moulin6. Quelques mois plus tard, en octobre, M. Vincent revenant de Chartres écrivait à Louise de Marillac son intention « de passer chez M. Norais, à Saclay, pour y voir la ferme qu'il nous offre et que M. le prieur (A. Le Bon) nous conseille avec tant d'affection de prendre »7. Le contrat de délaissement contre une pension viagère et le droit de chasse fut-signé le 22 décembre 16448. Il fut à l'origine de soucis dont nous parlerons plus loin, mais aussi le point de départ de la constitution sur le riche plateau de Saclay d'un immense ensemble. En février 1645, l'ancien prieur de Saint-Lazare abandonnait à la Congrégation la ferme de Sevran qu'il s'était réservée en 16329. Enfin, au lendemain de la Fronde, où les Lazaristes avaient tant donné d'eux-mêmes pour soulager les misères des paysans des environs de Paris, Nicolas Le Camus, ancien secrétaire : de Michel de Marillac, donnait sa ferme de Grigny le 21 janvier 163510. M. Vincent connaissait bien ce village où Geneviève Fayet, veuve d'Antoine Goussault, avait sa maison des champs. Lui-même et Louise de Marillac y vinrent souvent visiter Madame la Présidente jusqu'à sa mort en 1639.11
7A cette dotation primitive, venue du prieuré, à ces accroissements substantiels procurés par les dons de ceux qui employaient « les richesses d'iniquité à se faire des amis dans le ciel », la sagesse paysanne de M. de Paul sut ajouter, à la mesure de ses disponibilités monétaires, d'autres biens, par une politique systématique et habile, alliant les acquisitions importantes, autorisées par un legs substantiel, les achats de parcelles arrondissant un domaine déjà possédé, enfin, les échanges permettant le remembrement et la concentration des exploitations agricoles, pour en faciliter la mise en valeur et en accroître la rentabilité. Ainsi écrit-il en 1659 au Supérieur de Montmirail, à propos d'une offre d'échange, qu'il doit prendre avis sur place et faire l'échange si on le lui conseille. « Donnez-lui les vingt perches de prés de la ferme de Viemoulin qui sont au milieu de ses prés, pourvu qu'il vous en donne pareille quantité, aussi bon que le vôtre et en lieu qui vous soit commode »12
8Je prendrai deux exemples précis, en Beauce et sur le plateau de Saclay, grâce à la richesse des archives pour ces domaines13.
9C'est en juillet 1635, nous l'avons vu, que la Présidente de Herse avait cédé à M. Vincent les deux fermes de Mespuits et du Petit Frenneville, à elle venues dans le partage de la succession de son époux. Dès les mois suivants, la politique d'achats autour de Frenneville commence. Ils se font en deux phases, de 1635 à 1638, puis de 1645 à 1658. Les contrats sont signés, soit sur place à Valpuiseaux, tantôt par M. Vincent lui-même, qui fait de fréquents séjours, tantôt par un Lazariste muni d'une procuration, soit au Châtelet de Paris14. Ces achats sont complétés par des échanges de parcelles avec les tenanciers voisins15. Il s'agit généralement de contrats portant sur de petites quantités, conclus à des prix qui paraissent normaux, compte tenu de la fréquente médiocrité des terres. Mais on compte également deux achats importants en 1637 et en 1638. Dans le premier cas, il s'agit d'une fermette de 67 arpents, tenue à bail à rente par un laboureur de Valpuiseaux au Grand Frenneville, distant de quelques centaines de mètres. M. Vincent se substitue à lui pour payer les 75 L. de rente à l'ancien propriétaire, M. Hurault de Boistaillé, et verse en plus 300 L. au tenancier, qui se voit offrir de demeurer comme fermier là où il était propriétaire. En 1644, M. de Paul lèvera l'hypothèque en remboursant le capital de 1200 L. Dans le second cas, M. Vincent acquiert la moitié en indivis d'une autre ferme de 120 arpents, au Petit Frenneville sur Pierre Guillotin, fils d'un avocat au Parlement, sa sœur Marie conservant l'autre moitié. A une date non précisée, M. Vincent écrivait à son intermédiaire, en lui annonçant un voyage à Rueil : « Je vous supplie très humblement de faire nos excuses à M. Guillotin, d'Etampes, qui vous doit aller trouver cette après dinée pour la ferme de Frenneville, et d'arrêter, voire de passer le contrat si vous le trouvez bon. M. de Marceille (il s'agit du procureur de Saint-Lazare) vous apportera l'argent et stipulera, si besoin est. Le prix est de 1200 L... Il serait bon de retirer les lettres qu'il a (entendez les titres de propriété) et de faire spécifier le nombre d'arpents de terre qu'on dit être de cent cinquante, dont il y en a une grande quantité en friche »16. Il faut croire qu'on ne put s'entendre ce jour là puisque le contrat ne fut passé, par M. Vincent en personne, que le 18 août 1638, et au prix de 1400 L. On voit le soin pris par M. Vincent. Présent à Frenneville du 3 au 8 novembre 1636, il y passe 3 contrats d'acquisition et 9 échanges. Mieux encore, de nouveau à Valpuiseaux, il ne passe pas moins de neuf actes dans la seule journée du 15 décembre 1636 : petits achats, dont trois quartiers de terre « près les ouches des enclos de la maison desdits sieurs » de Saint-Lazare, et surtout échanges. M. Vincent est plutôt généreux, cédant généralement un peu plus de terre qu'il n'en reçoit, mais il s'agit toujours de parcelles tenant d'un ou de plusieurs côtés aux terres de la ferme. On trouve même une parcelle entièrement enclavée...
10Une nouvelle série d'acquisitions reprend en 1645 et jusqu'en 1648. Elles portent encore sur de menues parcelles, à l'exception d'un bel ensemble de 36 arpents (une douzaine d'hectares) en 1656, pour la coquette somme de 1200 L.
11Au total, M. Vincent a déboursé plus de 7200 L. pour arrondir les deux fermes de Frenneville de 90 hectares environ. La comparaison de deux arpentages de 1602 et 1645 sur le Petit Frenneville permet de saisir le résultat de ce travail17. En 1602, les 134 arpents mesurés se répartissaient en un clos, avec les bâtiments, de 14 arpents et 59 parcelles, dont la plus grande couvrait 7 arpents et demi. En 1645, la superficie arpentée est passée à 160 arpents, le clos couvre 18 arpents et le reste se répartit en 35 parcelles seulement, les plus grandes mesurant respectivement 14,27 et 31 arpents : accroissement et concentration.
12Les Lazaristes poursuivirent après la disparition de leur fondateur sa politique foncière à Frenneville. En 1687, les deux fermes, arpentées avec soin couvraient 427 arpents 85 perches18. Le noyau primitif donné en 1635 avait triplé en un demi-siècle. En revanche, M. Vincent ne procéda à aucun achat à Mespuits, déjà plus éloigné. Ce n'est qu'en 1666 et en 1700 que la Congrégation procéda à des achats importants, qui portèrent la superficie de leur ferme de 188 arpents en 1635 à 280 arpents en 170619.
13L'histoire des domaines des Lazaristes sur le plateau de Sa-clay est tout aussi significative. Elle permet également de saisir, en historien, les déformations du réel qu'entraîne l'hagiographie. A travers les biographies d'Abelly et de Coste se déroule une histoire édifiante que je résume20. En 1644, cédant aux instances de ses amis, M. Vincent accepte d'acheter en viager à Jacques Norais, Secrétaire du Roi et à son épouse, Elisabeth Mérault, une ferme de 120 arpents à Orsigny, hameau de la paroisse de Saclay. La pension est assez lourde : 1800 L., mais les Norais étaient des bienfaiteurs de Saint-Lazare. Cette ferme résultait des partages successifs d'un immense domaine constitué à la fin du xvie siècle par les Mérault. La ferme « des Mariettes » voisinait avec d'autres fermes, appartenant à d'autres descendants des Mérault, ou déjà passées en mains étrangères. Les Lazaristes entrèrent en paisible jouissance (si l'on peut dire parce que la ferme fut pillée en 1649 par les Frondeurs), améliorèrent les bâtiments. Mais en 1658, des cousins des Norais intentèrent une action en retrait lignager. L'un des plaignants, qui avait racheté les droits des cousins, était conseiller au Parlement de Rouen, « fort raffiné aux procès », comme écrit M. Vincent21. Il sut présenter le dossier. Les Parlementaires parisiens en voulaient-ils à M. Vincent de ses démarches à la Cour en 1649 et de sa familiarité avec Mazarin ? Souhaitaient-ils, comme le dit le Saint, limiter l'extension de la propriété cléricale ? Toujours est-il qu'un arrêt du 7 septembre 1658 cassa la donation et déposséda Saint-Lazare. Abelly nous montre le Saint rendre grâce à Dieu de cette épreuve, refuser de faire appel. Deux entretiens de Saint-Lazare et quelques lettres sont relatives à cet événement fâcheux. Pour mieux souligner la miséricorde divine, Abelly remarque que la Mission reçut peu après en don une autre ferme, et que celle-là même qui lui avait été enlevée « revint à la compagnie quelques années après la mort de M. de Paul ».
14L'examen du volumineux dossier permet de mieux comprendre les faits. Entré en possession de la ferme de M. Norais à l'automne 1644, M. Vincent chercha aussitôt à agrandir le fonds. L'occasion s'en offrit presque tout de suite. En décembre 1645, la Mission, par l'intermédiaire d'un prête-nom, ce qui implique sans doute un climat peu favorable, acquiert letiers indivis des bâtiments de la ferme des Mallards, à Orsigny, avec 44 arpents de labours. Un an plus tard, le propriétaire des deux autres tiers vend à son tour22. Ainsi, la ferme Norais s'adjoint-elle une ferme de même superficie. En 1651, l'Hôpital des Incurables revend à la Mission une ferme de 175 arpents au Plessis-Trappes, sur le terroir de Toussus-le-Noble, à un peu plus d'un kilomètre d'Orsigny23. Il en coûte 1000 L. de rente, constituées grâce au legs de la marquise de Maignelay et cédées aux Incurables et une soulte de 1400 L. Ce n'est pas fini. En 1655, le Père Menant, de l'Oratoire, vendait 35 arpents de labours qu'il possédait à Villedombe, autre hameau de Saclay et quelques mois avant l'arrêt du Parlement, M. Vincent achetait au neveu du précédent les bâtiments de la ferme et environ 23 arpents de terres et bois24.
15En 1658, loin d'être chassés des riches limons du plateau de Saclay par l'arrêt du Parlement, les Lazaristes y conservaient plus de 350 arpents, plus de 120 hectares. Ce domaine, admirablement placé, allait encore s'agrandir après la mort de M. Vincent par l'achat en 1663 d'une nouvelle ferme à Orsigny, couvrant de 205 à 210 arpents, et en 1668, de la ferme de Villetain, avec 150 arpents de labours et 16 arpents de taillis25 bis. Un arpentage de 1672 arrive ainsi à un total de 643 arpents. Enfin, juste retour des choses, en 1684, les Lazaristes se porteront adjudicataires de la ferme Norais, mise en décret et réuniront ses 160 arpents au domaine26 A la Révolution, et malgré les expropriations entraînées par le captage des eaux du plateau pour alimenter les bassins de Versailles, les Lazaristes posséderont encore à Saclay et aux environs 880 arpents de terres, en trois exploitations. Orsigny, avec ses 240 hectares, était l'une des grandes fermes de la région. C'était le lointain résultat de la politique inaugurée par M. Vincent et poursuivie par ses successeurs.
16D'autres exemples pourraient attester de la sagesse de M. de Paul et de son souci d'accroître le patrimoine de sa maison, en particulier aux environs de Saint-Lazare : agrandissement du clos, achat en 1644 d'un autre clos proche, pour y installer le Séminaire Saint-Charles, maisons dans Paris27.
II. LA GESTION DU PATRIMOINE DES LAZARISTES
17Ainsi constitué, le patrimoine comprenait des éléments fort divers, dont la gestion ressortait de méthodes différentes et posait des problèmes de nature variée. Laissons de côté les aspects liés au régime féodo-seigneurial. Plusieurs des fonds étaient des terres nobles, pour lesquelles M. Vincent dût traiter avec les seigneurs dont elles relevaient pour les droits de relief, d'amortissement. Assez souvent, compte tenu du rayonnement du Supérieur de Saint-Lazare, ces droits furent réduits, voire abandonnés28. Mais les Célestins de Paris, dont mouvaient les petits fiefs du plateau de Saclay, furent indemnisés sans remise... D'autres terres étaient des censives et M. Vincent fut un tenancier consciencieux.
18Il fut un seigneur et un décimateur non moins attentif. Dans trois lettres adressées au supérieur de la maison de Saintes, qui se voyait contester ses droits de lever les dîmes, M. Vincent lui conseille d'exiger son dû, mais d'essayer d'éviter d'entrer en procès. Cependant, ajoute-t-il, si l'accord est impossible, il faut « faire appeler ceux qui refuseront de payer » car « pour les dîmes, c'est un cas privilégié qui oblige en conscience »29
19Mais c'est de l'exploitation des biens fonciers de la campagne, que Monsieur Vincent tirait l'essentiel des revenus de la Congrégation. Comme tout propriétaire foncier, le Supérieur de Saint-Lazare se trouvait en face de deux modes de mise en valeur : la gestion directe, à l'aide de salariés (ou, dans ce cas, de frères) ou l'affermage à temps fixe, contre un loyer. M. Vincent semble avoir toujours hésité entre ces deux formules. Il préférait sans doute, en fils de tenancier exploitant, la première formule. Abelly note : « Il faisait valoir quelques fermes de la communauté de Saint-Lazare par les mains des Frères de sa Compagnie. Il y employait avec les Frères des domestiques pour labourer afin de tâcher d'avoir la provision de blé. Il y faisait nourrir des troupeaux et des animaux domestiques »30. Mais le faire valoir direct demandait un personnel qualifié, des moyens techniques et une surveillance constante. Monsieur Vincent l'employa d'une manière constante pour le clos Saint-Lazare, dont une partie était régulièrement labourée et ensemencée sous le contrôle du Supérieur qui « voyait de temps en temps le compte du petit rapport de la basse-cour ». Les fermes de Rougemont, à Sevran et d'Orsigny, à Saclay, étaient également gérées de cette manière. Le faire valoir direct fut aussi employé temporairement, entre le départ d'un fermier et la passation d'un nouveau bail. M. Vincent le conseillait au supérieur de Montmirail en février 1652 : « Faisant ces terres par vos mains, vous n'eussiez rien perdu, ce qui vous était facile, étant monté de chevaux, d'attirail et de toutes les choses qui sont à désirer pour faire valoir les fermes »31. Encore fallait-il trouver les concours nécessaires. Certains Frères manifestaient peu d'enthousiasme pour les travaux des champs. Dans cette même lettre de février 1652, M. Vincent écrit à M. Delville : « Je m'étonne que le frère François fasse difficulté de prendre soin de votre basse-cour et des choses qui en dépendent comme vaches et laiterie » et il rappelle qu'il a fait voeu d'obéissance. Attentif à tout, le Supérieur de la Congrégation est sensible aux difficultés que pouvait faire naître la présence de servantes dans les fermes exploitées directement : « Il n'est pas expédient qu'il y ait des femmes dans nos maisons des champs... Il y en avait une vieille à Orsigny, honnête et fort utile, mais pour ce qu'il y avait de nos frères, on a trouvé à redire et aussitôt nous l'avons renvoyée »32.
20Il n'en reste pas moins que la plupart des terres de Saint-Lazare, conformément à l'habitude des propriétaires non paysans de l'Ile-de-France furent louées à terme et à loyer fixe : Dans ce cas, M. Vincent voyait lui échapper la gestion quotidienne, mais il n'en restait pas moins attentif à la passation des baux, aux conditions du contrat, aux difficultés qui pouvaient naître.
21En bon ménager, M. de Paul souhaitait naturellement faire jouer la concurrence et trouver les meilleurs exploitants. A suite de la réunion de l'Hôtel-Dieu de Montmirail àu patrimoine de Saint-Lazare, il écrit à Guillaume Delville en novembre 1644, pour lui demander d'attendre l'envoi en possession pour conclure les contrats et de « faire publier les fermes avant de les donner »33. En juin 1638, il se plaint qu'on ait passé le bail du Bourget avant son retour de voyage et sans son avis34. De même, en 1652, il reproche à Delville d'avoir trop vite conclu les affermages de Montmirail : « Nonobstant les raisons que vous avez eues pour vous hâter de passer les baux à ferme, je persévère à vous dire qu'il fallait m'en donner avis et attendre ma réponse »35.
22Comptable devant Dieu des biens de sa Congrégation, et par là même du bien des pauvres, M. Vincent fut un propriétaire sans excessive faiblesse. Mais aussi, comme nous allons le voir, un propriétaire profondément humain et compréhensif face aux adversités du temps.
23Un propriétaire exigeant, mais juste. Il cherche naturellement à tirer le meilleur revenu des biens dont il dispose et règle avec minutie ses rapports avec les laboureurs. Pour les fermes qu'il reçut en don ou qu'il acheta, il dût tenir compte des baux en cours. Il les laisse parfois aller jusqu'à leur terme : c'est le cas de la ferme Norais que Jacques Beaugrand, fermier, conserve jusqu'à l'expiration des 6 ans prévus par son bail de 164036. Mais, le plus souvent, il préfère se donner les mains libres en obtenant le départ volontaire du fermier contre indemnité. Ainsi, après la donation de Herse, M. Vincent traite, le 29 décembre 1635, avec Philippe Morize, qui tient la ferme sans bail en forme. « Neanmoins, ledit sieur Vincent de Paul a consenty et accordé... que ledit Morize... recueille les fruits qui proviendront des bledz et grains qu'il a ensemencés... Mais il devra quitter les bâtiments de la ferme dès Pâques, à l'exception d'une chambre, d'une grange et de deux étables »37. Lorsqu'il achète Villedomble en 1658, les terres sont louées depuis 1653 à Liénart Audry. Celui-ci renonce au bail et promet de libérer les lieux sous quinzaine. On estime les 21 arpents qu'il a labourés et ensemencés à l'automne à 693 L. 15 s. que M. Vincent lui payera. Mais comme il doit les loyers qu'il aurait dû payer au Père Menant pour sa part indivise de la ferme, il ne recevra que 141 L. 5 s38.Cet accord permet de réunir immédiatement les terres à la grande ferme d'Orsigny. A Grigny, après l'acquisition, M. Vincent commence par exploiter directement, avec l'aide d'un laboureur du crû, employé comme domestique. Ayant sans doute apprécié ses services, il lui passe bail deux ans plus tard39.
24Par rapport à ce qui se pratiquait couramment dans la région parisienne, les clauses des baux passés par M. Vincent ou ses procureurs n'apparaissent pas spécialement favorables. Il lui arrive de réactualiser un loyer trop faible : alors qu'Adrien Le Bon, prieur de Saint-Lazare, louait la ferme de Gonesse en 1629 contre 4 muids de froment et un muid et demi d'avoine, M. Vincent passe en 1637 le nouveau bail à sept muids de froment, à quoi s'ajoute une petite rente en grains pour Saint-Victor et quelques journées de charroi40. De bail en bail, la rente foncière exigée par Saint-Lazare suit le mouvement général des loyers.
25Ce qui apparaît original, en revanche, c'est, d'une part, l'extrème précision des clauses annexes du bail, d'autre part, les facilités accordées au fermier entrant pour réussir son installation.
26Extrème précision des conditions annexes ?... M. Vincent souhaite souvent se réserver la possibilité d'un logement pour lui ou ses confrères qu'il envoyait régulièrement inspecter les domaines. Tout est prévu, y compris la nourriture des hommes et des chevaux, la possibilité d'utiliser la cuisine41. Le bail de Mespuits en 1641 prévoyait la livraison de 60 livres de beurre par an et le contrat précise : « Néanmoins, ledit sieur bailleur ou ceux qu'il ordonnera aller sur lesdits lieux pourront prendre sur ladite quantité une livre par semaine que ledit preneur sera tenu fournir et qui luy sera déduite en précompte sur icelle quantité ». De même prévoit-il la plantation d'arbres fruitiers dans les clos, les journées de voiture, le nombre de chevaux attelés...42.
27Mais il est aussi évident que M. de Paul cherchait à faciliter l'installation de ses fermiers. Le bail de l'exploitation s'accompagne souvent d'un bail à cheptel ; c'est à dire que M. Vincent fournit un troupeau d'ovins et parfois quelques vaches. Avance en capital, que la plupart des laboureurs n'auraient pu faire, et qui assure les fumures nécessaires à une bonne mise en valeur43. A la fin du bail, on partage le croît, selon l'habitude. De même fait-il souvent une avance de grains pour assurer les semailles, avance dont le remboursement s'étale sur la durée du bail. Il va même plus rarement jusqu'à faire une avance d'argent. Ainsi, en 1647 reporte-t-il le payement de 90 L. de loyer au nouveau fermier du Petit Frenneville « pour luy servir ayder à bien faire et ensemencer lesdites terres ».
28Dans ses rapports avec les fermiers des domaines de Saint-Lazare, M. Vincent a dû tenir compte des difficultés croissantes du monde rural écrasé à partir de 1630 par les exigences fiscales de Richelieu puis de Mazarin, et, plus encore, des conséquences dramatiques des opérations de la Fronde en région parisienne44. Endettés, incapables de faire face à leurs obligations, de nombreux fermiers devaient abandonner en cours de bail. S'ouvrait alors une négociation pour tenter de sauver ce qui pouvait l'être et préserver les intérêts de la Congrégation. François Hervé, fermier de Mespuits depuis 1641, fit de fort mauvaises affaires. En 1644, M. de Paul dut agiter la menace de la saisie des grains et du cheptel. On s'accorda en septembre. Hervé, dont le fermage était de neuf muids de méteil et qui avait reçu une avance de 4 muids d'avoine, devait plus de 25 muids (pratiquement trois ans de loyer) de blé et toute l'avoine. Il abandonne à Saint-Lazare toute la récolte engrangée, renonce au bail et promet de sortir de la ferme « dans dimanche prochain ». Il restitue les moutons et les vaches qui lui avaient été confiés. A cette saison, Hervé avait labouré la sole des blés. Tous ces labours sont estimés. Deux jours plus tard un nouveau bail est signé mais M. Vincent tient compte de l'expérience : le loyer tombe de 9 à 6 muids, le remboursement des labours et des fumures s'étalera sur les six ans du contrat45. La discussion avait été serrée. Le 21 octobre, M. Vincent écrit à Antoine Portail, depuis Frenneville : « Nous nous sommes enfin accordés avec le fermier de Mespuits par la Grâce de Dieu »46. Les fermiers des terres de Montmirail semblent avoir causé pas mal de soucis à M. Vincent. Reprochant à M. Delville en 1652, dans une lettre déjà citée, d'avoir passé les baux sans le consulter, M. Vincent ajoute : « d'autant que ce sont des fermiers qui ne payeront pas, comme c'est l'ordinaire en ce pays là »47.
29Abelly fait mérite à son héros de son attitude compréhensive à l'égard des fermiers débiteurs. Il aimait mieux, nous dit-il, « leur faire de nouvelles avances et se mettre en danger de tout perdre que d'user d'aucune contrainte ou rigueur en leur endroit »48. De fait, en 1657, alors que la fermière de Montmirail offrait de céder quelques arpents de terre pour se libérer de sa dette, M. Vincent écrit au supérieur qu'il vaut mieux « leur donner trois ou quatre mois de terme pour trouver de l'argent que de toucher à ces terres ». Deux ans plus tard, pour sauver les intérets de sa maison, il accepte cependant un pré, « saut à lui rendre la survaleur s'il vaut davantage »49.
30Les conséquences de la Fronde furent lourdes pour Saint-Lazare et pour ses fermiers. Outre les ravages des troupes logées dans le prieuré et le pillage d'Orsigny, il fallut, dans les années suivantes, consentir des réductions sensibles de loyer en passant les nouveaux baux. Ainsi la ferme de Mespuits, déjà tombée de 9 à 6 muids de fermage, est louée en 1655 pour 5 muids seulement50. Les fermiers de la Chaussée et de Vieux Moulin, à Montmirail, demandent une réduction que M. Vincent conseille de leur accorder « de sorte qu'ils continueront leurs fermes au même prix »51.
31C'est sur ces images de charité et de compréhension à l'égard des misères de ce temps qu'il conviendrait de clore ce propos. J'en prendrai une autre, plus ancrée dans la réalité matérielle des choses de la vie. Il s'agit d'une lettre de juin 1638, écrite sans doute de Frenneville. Elle campe la silhouette d'un Vincent de Paul tel que j'ai voulu le montrer ici, infiniment attentif aux plus humbles détails :
Je vous prie d'envoyer dès demain matin quelqu'un au fermier de Courcelles lui dire que je le prie d'envoyer quelqu'un de ses gendres qui parte le même jour sur le tard pour aller coucher à Saint-Lazare et le lendemain de bon matin pour être ici le soir mardi pour ce que la saison de semer l'avoine du fermier presse. Il ne lui reste plus que quinze arpents à faire. Et de plus, je vous prie d'envoyer quérir le fils ainé du fermier qui est marié à La Chapelle et de vous informer de lui comment M. Bienvenu, notre fermier de Gonesse, lui fait herser deux fois en même temps la pièce de blé dans laquelle M. le Prieur a fait semer son sainfoin derrière la grange. Il me semble que la première fois fut la herse renversée d'un bout et l'autre au travers de la pièce, la herse non renversée, ains à l'ordinaire. Je vous supplye M. de savoir bien cela de ce jeune homme »...52.
Notes de bas de page
1 Abelly, La vie du vénérable serviteur de Dieu..., L. III, chap. 242 : « Sa conduite pour le temporel des maisons de sa Congrégation ».
2 Vincent de Paul, Correspondance, entretiens, documents, ed. P. Coste t. xiii, p. 197.
3 Idem, t. i, p. 394.
4 Sur cette affaire, voir P. Coste, chap. x. Dans son Mémorial (Bibl. nat., ms. fr. 24080), le R. P. Jean de Toulouse n'est pas tendre pour Adrien Le Bon, accusé d'avoir cherché à « se libérer d'une reddition de compte de l'administration dudit prioré » et d'avoir mis « sa maison à prix », ni pour M. Vincent et ses missionnaires.
5 Arch. nat., S 6723, Inventaire des titres de Frenneville et Mespuits, f° 1.
6 Idem, S 6708 (12 mai 1644).
7 Vincent de Paul, Correspondance..., t. ii, p. 486.
8 Arch. nat., S 6687. Jacques Notair se réservait la jouissanec du corps d'hôtel et recevait une pension viagère de 1800 L.
9 Idem, S 6698 (II février 1645).
10 Idem, S 6663 (dos. 2). Les charges étaient assez lourdes : deux « annuels » de 365 messes et 600 L. de pension viagère.
11 Nombreuses mentions de ces voyages et séjours dans la Correspondance, par exemple T. i, p. 235, 325, 327, 359, 481, 546.
12 Vincent de Paul, Correspondance..., t. viii, p. 192.
13 Le très bel Inventaire des titres de Frenneville et Mespuits (Arch. nat., S. 6723) correspond aux cartons S 6666 à 6668. Le complexe dossier des biens du plateau de Saclay emplit les cartons S 6679A à S 6687.
14 Séjours attestés par la Correspondance en 1636, 1644, 1647. En janvier 1649, après ses démarches infructueuses à Rueil pour rétablir la paix civile, il arrive à Frenneville, accompagnant le troupeau de moutons de la ferme d'Orsigny, pillée par les soldats. Il y séjourne, bloqué par le froid jusqu'au 22 février, avant de gagner Orléans puis l'Anjou.
15 Tous ces actes sont analysés, dans l'ordre chronologique, dans S 6723, f° 6 à 100.
16 Vincent de Paul, Correspondance..., t. i, p. 485.
17 Arch. nat. S. 6723, f° 262 et 269.
18 Ibid., idem, f° 306.
19 Ibid., idem, f° 410 et 622. La première acquisition est faite sur Lubin Bonnard, fermier de Mespuits de 1649 à 1662, qui restait redevable de 1987 L. 17 s. pour les loyers échus. La vente est conclue pour 800 L. seulement, mais la Congrégation cède la jouissance viagère des biens à Lubin Bonnard, pour lui permettre de payer ses dettes.
20 Abelly, ouvr. cit., Livre iii, chap. 18 et Coste, ouvr. cit., t. ii, p. 58 sq.
21 Vincent de Paul, Correspondance..., t. vii, p. 404, lettre du 21 décembre 1658. Deux « entretiens » de Saint-Lazare (T. xii, p. 52 et 114) reviennent sur cet événement.
22 Arch. nat., S 6681 A, contrats du 6 décembre 1645 et du 10 décembre 1646. M. Vincent paye le premier tiers 5900 L. et les deux autres avec un titre de 1500 L. de rentes sur l'Hôtel de Ville de Paris.
23 Idem, S 6679 (dos. 1). Les Gouverneurs de l'Hôtel-Dieu des Incurables avaient acquis la ferme en 1650 contre 950 L. de rente au denier 20 (soit 19000 L.). Ils tirent 19400 L. de la revente à M. Vincent.
24 Idem, S 6680 (dos. 1), 18 mars 1655 et 17 juin 1658. Les bâtiments furent détruits lors de la construction de l'aqueduc de Bue et les terres réunies à Orsigny.
25 bis Idem, S 6681 Β (29 décembre 1669 et 23 mars 1668).
26 Idem, S 6681 Β (6 septembre 1684).
27 On peut prendre la mesure de ces achats par un Mémoire, daté du 19 février 1691, retraçant les opérations de la Congrégation depuis 1640 (Arch. nat,. S 6590).
28 A titre d'exemple, l'achat de la ferme du Plessis-Trappes est suivi de plusieurs règlements de comptes avec les différents seigneurs dont dépendaient les terres (S 6679, dos. 1) : 19 juillet 1653, transaction avec le vicomte de Chateaufort : 450 L. de rachat et « un chapeau de vigogne » (dont on a même le prix : 15 L.) ; 27 novembre 1653, payement de 108 L. au sieur de la Perruche, seigneur foncier sur 6 arpents ; 7 octobre 1653 : accord avec la dame de Voisins-le-Cuit pour ramener à 516 L. l'indemnité d'armortissement de 32 arpents de censive ; enfin, 11 novembre 1659, quittance d'Escoubleau de Sourdis pour l'amortissement de 11 arpents et demi.
29 Vincent de Paul, Correspondance..., t. v, p. 613 (Mai 1656) ; t. vi, 377 (juillet 1657) et 423 (26 août 1657).
30 Abelly, ouvr. cit., Livre iii, chap. 24, section 2.
31 Vincent de Paul, Correspondance..., t. iv, p. 324 (29 février 1652).
32 Idem, ibidem, t. iv, p. 313 (25 janvier 1652).
33 Idem, ibidem, t. ii, p. 492 (20 novembre 1644).
34 Idem, ibidem, t. i, p. 487 (14 juin 1638).
35 Idem, ibidem, t. iv, p. 324 (25 janvier 1652).
36 Le maintien de Jean Beaugrand dans les lieux est prévu dans l'acte de donation du 22 décembre 1644 (Arch. nat., S 6687).
37 Arch. nat., S 6723, f° 336 (accord du 29 décembre 1635).
38 Idem, S 6680 (dos. 2), accord du 7 janvier 1659. Les avances à la culture montent à 693 L. 15 s., les loyers dûs à 612 L. 10s., soit 81 L. 5 s. de différence, auxquelles M. Vincent ajoute 60 L. « pour son dédommagement ».
39 Idem, S 6663 (dos. 2), bail du 30 décembre 1655. Le bail prévoit l'accroissement de la surface baillée « sy lesdicts sieurs de la Mission sainct Lazare font acquisition, comme ilz espèrent de quatre vingt arpens de terres labourables ». Au bail à ferme est joint un bail à cheptel de 123 ovins et le délaissement du train de labour contre payement de 390 L. M. Vincent baille également deux vaches laitières. Ainsi le « domestique » devenu fermier possède-t-il tous les moyens d'exploitation.
40 Idem, S 6661 (dos. 3), baux de 1629 et de 1637.
41 Idem, S 6723, f° 214 (8 octobre 1641) : réserve de la chambre au dessus de l'écurie, de la chapelle, usage de la cuisine, plantation de quatre douzaines d'arbres fruitiers.
42 Idem, ibidem, f° 425 (8 octobre 1641) : plantation de quatre douzaines d'arbres fruitiers, réserve d'une chambre pour loger, fourniture de fourrage et de litière.
43 Nombreaux exemples. A celui de Grigny, cité note 38, on peut ajouter les baux de Frenneville et de Mespuits. En 1641, Etienne Rochet reçoit un troupeau de 100 ovins, à rendre sans croît en fin de bail, ce qui est très avantageux pour lui. Son successeur en 1647 ne jouit pas des mêmes profits : les 100 à 120 ovins qui lui sont confiés sont baillés à mi-croît, selon la coutume. En 1653, au lendemain de la Fronde, le nouveau fermier de Frenneville reçoit une avance de trois muids d'avoine et d'un muid de blé (Arch. nat., S 6723, f° 214, 218, 226).
44 Sur le contexte régional, J. Jacquart, La crise rurale en Ile-de-France (1550-1670), Paris, 1974, IVe partie.
45 Arch. nat., S 6723, f° 433 (accord du 15 septembre) et 435 (bail du 17 septembre).
46 Vincent de Paul, Correspondance..., t. ii, p. 485.
47 Idem, ibidem, t. iv, p. 324.
48 Abelly, ouvr. cit., livre iii, chap. xi, section I : « un fermier de la communauté ne pouvant payer ce qu'il debvoit, Monsieur Vincent lui fit encore don de l'argent, et on ne saurait dire combien a été charitable son support pour tous les fermiers, tenanciers et débiteurs de sa communauté qui différaient à payer ».
49 Vincent de Paul, Correspondance..., t. vi, 290 (3 mai 1657), t. viii, p. 4 (4 juillet 1657).
50 Arch. nat., S 6723, f° 440, bail du 13 septembre 1655.
51 Vincent de Paul, Correspondance..., t. vi, p. 290. Dans la même ordre d'idée, M. Vincent écrit le 6 novembre 1653 au Supérieur de Montmirail : « Il serait fâcheux que vous fussiez obbligé de faire saisir la grange du fermier de La Chaussée, car les pauvres gens sont déja trop affligés pour qu'on les afflige davantage » (Idem, t. v, p. 43).
52 Idem, ibidem, t. i, p. 486 (juin 1638).
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