Peut-on parler de maisons fortes en Sicile ?
p. 145-159
Note de l’auteur
Cet article est le résultat d'une réflexion faite à l'occasion de ma thèse, dirigée par J.-M. Pesez, concernant les châteaux féodaux de la Sicile occidentale au XIVe siècle. La comparaison des châteaux siciliens avec les maisons fortes françaises m'ayant été suggérée par Monsieur Pesez, c'est avec grand plaisir que je publie aujourd'hui, en son honneur, un premier bilan.
Texte intégral
1Dans les textes médiévaux siciliens, on ne rencontre aucun équivalent sûr de la domus fortis qui apparaît dans la documentation écrite française des XIIe-XVe siècles et qui n'était autre que le centre d'une petite seigneurie rurale. Résidence fortifiée, la maison forte était caractérisée par des fossés qui l'isolaient des autres habitations et la plaçaient à un niveau social supérieur, un terre-plein en forme de motte basse, une muraille d'enceinte et une tour résidentielle, dominant symboliquement l'ensemble.
2Face à la notion de maison forte, les chercheurs ont rencontré un certain nombre de difficultés : c'est, d'une part, un problème de définition de ce genre de construction à l'intérieur d'une plus vaste recherche sur le rapport hiérarchique des demeures aristocratiques en général et, d'autre part, une incertitude quant à la chronologie et à l'évolution de ces places fortifiées. On rencontre aujourd'hui sous le nom de maison forte des réalités si différentes que Jean-Marie Pesez, qui avait essayé de faire avec Françoise Piponnier un portrait-type de la maison forte à partir des exemples bourguignons2, a dû nuancer ses affirmations précédentes pour admettre que la maison forte se présente « changeante dans ses structures d'une province à l'autre, diverse aussi dans ses dimensions, traversée par la hiérarchie des pouvoirs »3. En ce qui concerne l'interprétation historique de la maison forte et du phénomène qu'elle constitue, les historiens sont encore prudents et les archéologues hésitants : les sites fossoyés et terrassés sont innombrables et ils présentent des origines et un contexte social et économique très variés.
3Pour la Sicile, Henri Bresc émet l'hypothèse de l'existence de maisons fortes édifiées dans les casali par les familles chevaleresques qui y avaient été fieffées durant la domination normande4 mais, même si Ferdinando Maurici cite un certain nombre d'habitats de chevaliers normands ayant pu recevoir une structure plus ou moins fortifiée dès le XIIe siècle5, l'archéologie ne connaît encore aucun exemple de maison forte en Sicile.
Le vocabulaire des textes médiévaux
4Dans les sources écrites siciliennes, certains mots restent encore enveloppés d'obscurité. Entre le vocabulaire très varié des forteresses6 et celui plus restreint de la maison rurale7, on ne distingue pas nettement le ou les termes qui, juridiquement, correspondraient à la maison forte.
5Le terme motta qui, en Italie septentrionale, désigne dès le XIe siècle un petit relief naturel ou artificiel, ainsi que la maison forte qu'il soutient8, n'est employé en Sicile qu'à partir du XIVe siècle9 et indique un habitat fermé de fondation récente10 ou un casale fortifié au cours du XIVe siècle11. Seulement dans l'appellation terra Sale cum motta12, le mot motta est utilisé comme synonyme de structure fortifiée : en l'occurrence une tour, détruite avec l'habitat de Salaparuta lors du tremblement de terre de 1968.
6Le vocable mansio, très rare13, pourrait indiquer une simple résidence noble, un modeste palatium rural, facile à fortifier car située sur un site protégé : un petit rocher à Margana (Fig. 1) et un éperon rocheux à Mazzarina14.
7L'hospicium devait être également une construction seigneuriale défendable comme dans le cas du casale de Melia où le grain, acheté en 1308, se trouvait dans la domus la plus importante et certainement la plus sûre du village : l'hospicium de Don Riccardo Filangeri15.
8Le mot turris est attesté fréquemment dans les documents du XIIe siècle, mais il semble indiquer une simple tour érigée pour le contrôle des cultures situées aux alentours des villes16. Au XIVe siècle le même mot désigne parfois les anciens donjons normands17, mais il signale surtout une tour de campagne18 ou de caricatore19. Du point de vue archéologique, les nombreuses prospections sur le terrain ont permis de fixer une typologie de ces petites fortifications. Il s'agit, dans la plupart des cas, d'une tour de dimensions modestes, implantée sur un petit rocher : une tour de guet qui, lorsqu'elle était encore associée à un casale20, assurait la protection de l'habitat. Mais, très vite, à la suite de la disparition des casali, ce réseau de tours intercalaires se renforça pour la surveillance et la protection de l'activité économique du seigneur du fief dépeuplé.
9Certaines petites résidences fortifiées isolées apparaissent sous la désignation de fortilicium qui pourrait correspondre à un statut intermédiaire entre la simple maison noble et le château. Toutefois, on ne peut pas généraliser ce concept : si le fortellicium de Margana n'était, au XIVe siècle, qu'une simple tour implantée sur un petit rocher, le fortilicium de Cristia (province d'Agrigente) était une forteresse difficilement accessible qui fut probablement le repaire d'une “compagnie” de mercenaires catalans dite de la Cristia21. Si l'on ajoute que la terra et le château de Cristia furent alternativement détenus par deux des plus grandes familles siciliennes (Ventimiglia et Peralta), on s'éloigne encore plus du concept de la maison forte française22. Je citerai enfin le cas de la forteresse inexpugnable de Muxaro (province d'Agrigente) et celui du donjon de Burgio (province d'Agrigente), tous deux documentés sous l'appellation de fortilicium23, pour trancher la question : contrairement à la dénomination de domus seu fortalicium ou fortalicium donnée à certaines maisons fortes françaises au XIIIe siècle24, le terme fortilicium utilisé par les notaires siciliens des XIVe et XVe siècles indiquait principalement un château. Mais il y a, de toute façon, une certaine redondance des termes utilisés au XIVe siècle. A la simple lecture des documents, on est trompé sur la réalité militaire de la Sicile à cette époque. La notion de château y est totalement faussée ; les barons ne manquaient pas de présomption pour oser appeler castrum une construction qui n'était ni une résidence aristocratique capable de jouer un rôle stratégique important, ni un siège administratif ou un centre de pouvoir, ni même un lieu de fixation pour le peuplement ou encore le cadre d'une communauté rurale permanente. On peut donc avoir des doutes sur le sens des termes rencontrés dans les textes médiévaux et, pour le XIVe siècle, seul le travail sur le terrain a permis de compléter les informations écrites et surtout de corriger ce que la théorie avait d'a priori.
Typologie et fonctions des châteaux féodaux de la fin du Moyen Âge
10Le château sicilien du XIVe siècle n'apparaît pas comme un lieu guerrier mais plutôt comme un centre de résidence ou de refuge. S'il conserve des éléments architecturaux de défense, ceux-ci apparaissent, somme toute, trop peu sophistiqués pour l'époque et surtout peu efficaces pour une défense active. Ce sont les sites qui devaient constituer la meilleure stratégie militaire même si, dans le cas de petits rochers, il s'agissait plutôt d'une ostentation destinée à imposer une image de marque face à la plèbe. Si le but était vraisemblablement d'intimider l'adversaire, il est tout aussi évident que la volonté de marquer la différence sociale l’emportait sur les nécessités militaires et que la tour-résidence, peu adaptée à la défense, possédait encore une forte valeur symbolique. En outre ces châteaux, rarement habités par les barons – qui préféraient résider en ville – ne présentaient qu'un programme résidentiel sommaire par rapport au confort et au luxe des palais urbains et de quelques grands complexes castraux contemporains.
11Or, ces petits châteaux se multiplièrent dans la seconde moitié du XIVe siècle. Si l'on élimine la fonction militaire et la fonction résidentielle comme programme principal de la plupart des châteaux siciliens de la fin du Moyen Âge, il ne reste que le rôle économique pour justifier la présence de ces nombreuses constructions. Ce sont, en effet, de simples tours de guet, occupées généralement par un seul gardien, qui regroupent les tours de campagne, de caricatore et de fondaco. Ce sont de petits châteaux pour l'hébergement d'une garnison réduite qui assurait la protection de la massaria du baron du fief non habité et le contrôle du système routier permettant le transport du froment jusqu'au lieu d'embarquement. Mais ce sont également de vastes édifices agricoles fortifiés, gérés par un agent de la puissance comtale. Le château n'était plus seulement le protecteur d'une ville ou d'un bourg, il devint le centre fortifié des activités agricoles dans le fief dépeuplé. Même si on installa des pagliai à côté du château ou sur l'emplacement de l'ancien village, ce n'étaient que des habitations périssables qui abritaient temporairement les ouvriers agricoles provenant des habitats majeurs.
12L'aspect modeste de la plupart des châteaux siciliens du XIVe siècle et leur rôle au sein de l'organisation rurale ne pouvaient que m'inciter à une comparaison avec les maisons fortes françaises. La symbolique du rocher, de la tour et de certains éléments architecturaux – créneaux, latrines/bretèches et fentes d'éclairage/meurtrières – rappelle beaucoup mieux les éléments de prestige de la maison forte que les organes de défense des forteresses. Mais il manque en Sicile deux éléments caractéristiques et indispensables de la maison forte : les douves et la motte. La motta des documents siciliens n'est, en effet, jamais synonyme de terrassement : les sites fossoyés et les plates-formes artificielles étaient inexistants en Sicile occidentale au XIVe siècle (à l'exception du fossé à pont-levis de Monte San Giuliano-Erice25 et de ceux de Castellammare del Golfo26 (province de Trapani). Motta correspond, au contraire, à une colline rocheuse caractérisée par des versants abrupts. Ce terme n'a donc rien à voir avec la motte de l'Europe du nord des Xe, XIe et XIIe siècles, butte artificielle tronconique de terre et siège d'une seigneurie importante, ni même avec la motte, souvent associée à la maison forte des XIIIe, XIVe et XVe siècles, désignant une plate-forme dont la hauteur n'excédait que rarement le mètre.
13En Sicile, c'est le terme petra qui, signalant une résidence fortifiée isolée, indiquait également la typologie du relief, c'est-à-dire un rocher. Le site, soigneusement choisi, faisait partie intégrante de la construction et participait sûrement à la reconnaissance sociale au même titre que les buttes artificielles des pays plats. Dans le cas de Petra Margana et de Petra d'Amico (province d'Agrigente), la fonction de la petra était de toute évidence d'un autre ordre que militaire : une nécessité psychologique, un symbole du pouvoir. Mais si, dans les sources françaises, il arrive que la motte soit synonyme de maison forte27, petra en Sicile est souvent l'équivalent de château rupestre28.
Symbolisme ou archaïsme ?
14En s'en tenant aux descriptions documentaires et aux vestiges, les éléments qui caractérisent la maison forte française : fossés, plate-forme artificielle et tour, ne coïncident pas parfaitement avec ceux d'un petit château sicilien de la fin du Moyen Âge. Ici, pas de fossés, la plate-forme est naturelle et consiste en un petit rocher ou un éperon rocheux difficile d'accès. Seule la tour appartient au vocabulaire des deux types de résidence seigneuriale. Le logis des maisons fortes consiste généralement en une tour quadrangulaire ; cette dernière, étant l'élément le plus puissant et parfois même le seul bâtiment fortifié, suffit à désigner la maison forte. En Sicile, la tour est puissante par sa hauteur et sa terrasse crénelée, mais il s'agit surtout d'une tour à vocation résidentielle : les éléments de défense étaient concentrés dans la courtine protégeant le côté le plus accessible du site et l'entrée du château.
15Si l'on tient compte de la fonction de la maison forte française, la comparaison rencontre également des difficultés. Lorsque l'édifice sicilien présente des éléments qui permettent de lui attribuer la fonction de centre d'exploitation agricole : granges, écuries, silos, les documents du XIVe siècle ne le citent que comme castrum ou arx29. Quant au statut, il n'est pas très précis. Dans ce latifondo vide et nu, les taxes étaient liées aux droits sur le fief agricole : taxes sur la transaction du bétail, arrentaria sur les bêtes errantes, droits de chasse. La concession du droit de justice étant réservée aux terres féodales les plus importantes.
16Ce n'est donc que dans le caractère dérisoire et la valeur symbolique des défenses qui, en Sicile, tiennent surtout de l'archaïsme, que l'on peut trouver des points communs entre le petit château sicilien et la maison forte française. On a, en effet, défini les pietre des documents comme de petits sites rocheux naturellement escarpés, dont le rôle était de démontrer la prééminence sociale et temporelle. Lorsque le monde des casali disparut, la campagne fut totalement remodelée pour favoriser la production extensive des céréales et les pietre se multiplièrent rapidement. Installés au centre de l'exploitation agricole, ces rochers fortifiés, même s'ils étaient petits, constituaient l'unique élément de contraste et de puissance de toute la zone environnante.
17Néanmoins, plus que de symbolisme, le petit château sicilien était marqué d'un grand archaïsme qui n'appartient pas au vocabulaire des maisons fortes. Si les petites fortifications rurales françaises étaient dépourvues d'éléments défensifs importants, conditions imposées par les pouvoirs publics, elles surent tirer profit de la valeur symbolique de ces organes pour dominer les autres maisons et la masse des paysans. En Sicile, cet attachement à la terre manque totalement et les propriétaires de châteaux du XIVe siècle n'avaient pas encore la volonté de repeupler leurs fiefs qu'ils considéraient principalement comme un revenu. Contrairement à celui de l'époque normande, le seigneur de la fin du Moyen Âge n'était plus attaché à son fief et déléguait le contrôle et la gestion de son patrimoine féodal à une personne de confiance. Ce détachement de la part des familles féodales provoqua l'abandon définitif des quelques villages qui avaient résisté au phénomène de dépeuplement et il faut attendre le XVe siècle, lors du repli de certaines familles féodales sur leurs terres, pour assister aux premières tentatives de repeuplement30.
La notion de maison forte en Sicile : un phénomène des temps modernes ?
18Les tours côtières, déjà évoquées par Jean-Marie Pesez lors de la table ronde sur la maison forte au Moyen Âge31, correspondent beaucoup mieux à la demeure intermédiaire que fut la maison forte française. Mais il s'agit d'un phénomène lié aux temps modernes, à partir du XVe siècle.
19Dans le cas de la tour de Solanto (province de Palerme) construite dans la seconde moitié du XIVe siècle, les documents sont précis : il s'agit d'un castrum sive turris et feudum32. Il en est de même pour la tour de Roccella qui est appelée castrum dans l'acte de cession de 138533. Toutefois, Solanto et Roccella suivirent le même destin qu’un grand nombre de tours côtières construites au XVe siècle34 : toutes devinrent le centre d'un grand ensemble productif autonome, combinant souvent une madrague (pêcherie de thon), un trappeto (raffinerie de sucre de canne) ou un caricatore (port d'exportation pour le fromage et le froment). C'étaient des établissements industriels liés au pouvoir féodal et protégés par une tour habitable et parfois des fossés. Animés par une taverne, ils constituèrent souvent le noyau d'une nouvelle génération d'habitats féodaux.
20Lorsqu'au sujet de l'évolution de la Turmburg de l'Allemagne du sud-ouest, Jean-Marie Pesez écrivait que « le destin de ces tours les assimile finalement aux maisons fortes, sur le plan du statut et de la fonction, de même qu'il les rend partiellement semblables par leurs structures »35, il pressentait déjà, pour la Sicile, une situation analogue. Toutefois, il semble qu'on ne puisse parler de notion de maison forte en Sicile qu'à partir du XVe siècle, lorsque le nouveau pouvoir féodal rétablit un contact direct avec la réalité de la campagne et quand le château devint la demeure quasi permanente et le centre de la massaria personnelle des familles féodales36.
21L'activité sucrière, installée sur le littoral exposé aux dangers de la mer, se fortifia. Dès le XVe siècle, la raffinerie se présentait comme un organisme autonome, avec son tavernier, son cuisinier, son panetier, son magasinier, son dépensier et ses gardes37. De plus, pour échapper à l'hégémonie de Palerme, ces trappeti créèrent leur propre caricatore. Toute l'activité était concentrée dans la cour dominée par la tour et entourée de bâtiments et de maisons. À Brucato, dans la contracta basse du fief, l'entreprise sucrière était protégée par une tour38. À Trappeto (province de Palerme), une tour défendait la raffinerie de sucre en activité dès le XVe siècle39. À Partinico (province de Palerme), une tour protégeait la sucrerie, la taverne, l'abattoir, les ateliers et les fours40. À Ficarazzi, le trappeto était entouré d'un fossé avec une barbacane et des créneaux41. Il en est de même pour la pêche au thon, devenue l'activité principale des pêcheurs siciliens. L'abondance du poisson a favorisé l'implantation de nombreuses madragues dans les eaux de Palerme et de Trapani. Par rapport à la petite pêche, dont les barques vulnérables étaient l'objectif préféré des pirates, les madragues ne semblent pas avoir tellement souffert durant les périodes d'insécurité. Les pêcheurs étaient nombreux et ne s'éloignaient jamais beaucoup de la côte mais, surtout, toute l'activité était protégée par un château on une tour42. Il est enfin intéressant de noter que ce sont les madragues qui favorisèrent le repeuplement des zones côtières43.
22Quelques documents donnent des indications sur le type de construction de ces édifices et attestent la vocation de centres agricoles ainsi que le caractère relativement modeste des bâtiments. Un contrat de 1430 nous apprend que le baglum du fief de Margana est le centre administratif de la commanderie des chevaliers Teutoniques44. Il était protégé par un mur de 6 m de haut et 0,75 m de large et par une tour de 8 m de haut. L'intérieur était composé d'une salle, de quatre chambres (dont un local municionis, la “sainte-barbe”), d'une cuisine, d'une remise, d'une écurie et d'un silo (camera di la fossa). Il s'agit de la transformation du petit château du XIVe siècle en une ferme fortifiée. Dans un autre document de la moitié du XVe siècle, le fondaco fortifié de la Marine de Patti (province de Messine) est appelé hospicium45 : il était défendu par un fossé, une barbacane et une petite tour ou mirador. Le mot hospicium prend donc, au XVe siècle, le sens de petite fortification. On est, ici aussi, devant le cas d'un établissement fortifié au même titre que les trappeti et les madragues qui se développèrent à la même époque. À Brucato la tour est citée, en 1462, cum viridario, domibus et trapito et acquafrida46. Trabia est élevé en 1509 au rang de fief noble cum turri, cum fundaco, molendinis, tonnaris et cannamelarum trappeto47.
23À Ficarazzi, un document de 1468 concerne le projet de construction de la tour, la quale lo excellenti et magnifico signuri misser Petru de Speciali intende fare nel suo trappeto nelle Phecaraze, sopra la rucchetta, appresso lo ditto trappeto48. La tour de Ficarazzi fut donc construite en position forte par rapport au trappeto49. En outre, ce document nous donne des informations précises sur la forme et les dimensions de la tour, sur les éléments constitutifs ainsi que sur les matériaux de construction50. Il s'agissait d'une tour carrée, de 16 m de côté environ, s'élevant sur trois niveaux sous terrasse. Le rez-de chaussée, protégé par un talus, était voûté en plein cintre. Il accueillait deux grandes citernes creusées en partie dans le roc et accessibles de toutes les pièces du premier étage grâce à une trappe. Les salles de l'étage noble, voûtées en croisée d'ogives, étaient éclairées par de nombreuses baies et chauffées. Le troisième niveau servait principalement aux activités domestiques. La terrasse crénelée permettait de recueillir les eaux de pluie. Un pont-levis donnait accès à la tour et un escalier à vis desservait tous les niveaux.
24Le phénomène de l'hospicium, du baglum ou de la massaria fortifiée et les différentes manifestations de la tour de trappeto, de caricatore et de madrague reposent sur des statuts de centre d'exploitation. En 1452, Jacopo Pilaya obtenait l'autorisation « de faire prison, pale, moulins et paroirs » à Batticano (province de Palerme)51 ; à Bonfornello (province de Palerme), les Santa Columba obtinrent l'autorisation d'installer un caricatore avec la franchise de 120 tonnes de fromage et de froment libres de traite par an52 ; à Brucato, Enrico Rosso obtint la libre extraction de 300 salmes de grain de la Marine de Brucato53. Ces établissements répondent bien au besoin de protection et leur force se traduit par la présence d'une tour à merlons et barbacane et de murs d'enceinte. La représentation graphique faite de Rocella, Trabia et San Nicola à la fin du XVIe siècle54 laisse entrevoir un ensemble fortifié dominé par une tour (Fig. 2, 3), seul élément visible aujourd'hui.
25S'il est prématuré d'établir un lien entre la situation en Sicile et celle en France, un recoupement est néanmoins possible : c'est l'aspect social et économique des ensembles fortifiés siciliens dont l'implantation fut favorisée par la politique de développement de la production et de l'exportation menée par Alphonse le Magnanime. Ces centres d'exploitation étaient généralement administrés directement par le seigneur du fief qui, au tournant du XIVe siècle, avait vu son pouvoir politique disparaître dans l'ordre transtamariste de la dynastie catalane puis castillane. Lorsqu'après 1400 la distribution des privilèges devint parcimonieuse, le pouvoir de la noblesse se limita à sa force économique. Néanmoins, la construction d'une tour, ou la récupération d'un petit château préexistant55, donnait une image de force dans le paysage et permettait au seigneur de protéger son établissement rural tout en y logeant avec sa famille56. Quant au pouvoir sur les hommes, il était souvent limité aux ouvriers de l'entreprise, même si les barons cherchèrent à attirer les habitants des grandes villes dans leurs fiefs57. Certaines tentatives furent vaines58 ou n'obtinrent de résultats que beaucoup plus tard59.
26Ce qui manque donc, en Sicile, c'est le village dont fait normalement partie la maison forte française60. Mais les recherches menées en Auvergne61 démontrent que la maison forte pouvait être également isolée et qu'elle ne joua qu'un rôle limité dans l'encadrement des hommes, même si elle était en relation avec le peuplement paysan. Connaissant la situation de l'habitat sicilien à la fin du Moyen Âge, on ne peut que difficilement imaginer une maison forte au centre d'un village permanent, car il s'agissait, dans le meilleur des cas, d'habitats temporaires sous forme de pagliai. Seules les entreprises industrielles du XVe siècle attirèrent petit à petit la population des villes, renforçant ainsi la puissance du seigneur grâce aux droits tirés de l'autorité publique.
27Des différentes manifestations de la maison forte en Europe – tour-salle, manoir, bastide, motte, casa forte, moated site, Wasserburg, Wohnturm, Turmburg – se dégage le caractère symbolique de la tour62 qui est la demeure et le centre de gestion et d'administration d'une seigneurie rurale, comme pour les entreprises siciliennes du XVe siècle. Ces dernières obtinrent facilement l'autorisation de se fortifier car elles ne risquaient pas d'affaiblir l'autorité centrale. Dotées d'un appareil défensif limité, elles se protégeaient contre le brigandage mais ne constituaient pas un danger pour la monarchie.
28Ces conditions sont-elles suffisantes pour appliquer à la Sicile la notion de maison forte ? Pourquoi pas : les termes de baglum et d'hospicium recouvrent des réalités qui se rapprochent assez de la notion de maison forte. À ces deux mots que nous ont légués les documents, on pourrait ajouter le toponyme massaria castello, que l'on rencontre parfois dans les campagnes siciliennes et qui indique une ferme fortifiée d'époque moderne63.
29À ces rapides réflexions et à cette hypothèse, l'étude historique et archéologique des centres d'exploitation siciliens des XVe et XVIe siècles pourra seule donner des informations complémentaires concernant le statut, la fonction et l'architecture de ces établissements ruraux qui étaient de toute évidence fortifiés.
Notes de bas de page
2 J.-M. Pesez, F. Piponnier, Les maisons fortes bourguignonnes, dans Château-Gaillard, V, Caen, 1972, p. 143-164.
3 J.-M. Pesez, Maison forte, manoir, bastide, tour, motte, enceinte, moated-site, Wasserburg, ou les ensembles en archéologie, dans La maison forte au Moyen Âge (MFMA) Actes de la table ronde de Nancy-Pont-à-Mousson, 31 mai-3 juin 1984, M. Bur (dir.), Paris, 1986, p. 331-338
4 H. Bresc, Les Normands, constructeurs de châteaux, dans Les Normands en Méditerranée dans le sillage des Tancrède, Actes du colloque de Cerisy-la-Salle, 1988, P. Bouet, F. Neveux (éd.), Caen, 1994, p. 63-75 : p. 63-64.
5 F. Maurici, Castelli medievali in Sicilia. Dai Bizantini ai Normanni, Palerme, 1992, p. 121-123.
6 Id., Ibid., p. 124-130.
7 Cf. H. Bresc, La casa rurale nella Sicilia medievale. Masseria, casale e “terra”, dans Archeologia Medievale (AM), VIII, 1980, p. 375-381.
8 A. A. Settia, Tra azienda agricola e fortezza : case forti, “motte” e “tombe” nell'Italia settentrionale. Dati e problemi, dans AM, VII, p. 31-54 : p. 32 ; R. Comba, Tours et maisons fortes dans les campagnes médiévales italiennes : état présent des recherches, dans MFMA, p. 317-324 : p. 318.
9 H. Bresc, Motta, sala, pietra : un incastellamento trecentesco in Sicilia, dans AM, II, 1975, p. 428-432.
10 Motta Sant’Anastasia (province de Catane) : terra Mocta Sancte Anastasie, en 1327 (H. Bresc, op. cit. à la note 9, p. 428-429) ; arce Motte Sancte Anastasie (M. DA Piazza, Cronaca 1336-1361, A. Giuffrida (dir), Palerme, 1980, p. 50, ch. 3). En 1357, près de Taormine (province de Messine) : Mocta Sancti Nicolai de novo habitata (G. Cosentino, Codice diplomatico. Federico III d'Aragona, re di Sicilia (1355-1377), Palerme, 1885-1890, p. 368-369, doc. CCCCXC). En 1357, le fief San Calogero (près d'Augusta) est concédé avec la Motta (G. Cosentino, Ibid., p. 376, doc. DVII). Motta Sant'Agata (province d'Agrigente) : Motta Sancte Agathe, vers 1350 (E. Librino, Rapporti fra Pisani e Siciliani a proposito d'una causa di rappresaglie nel sec. XIV. Note ed appunti, dans Archivio Storico Siciliano (ASS), XLIX, 1928, p. 208) ; Castri Mocte Sancte Agathe districtus Camarate en 1398 (G. Di Giovanni, Notizie storiche su Casteltermini e suo territorio, Sala Bolognese, 1980, p. 230) ; La Motta, en 1402 (F. Maurici, L'insediamento medievale nel territorio di Agrigento : inventario preliminare degli abitati (XI-XV secolo), dans Sicilia Archeologica (SA), 83, 1994, p. 7-71 : p. 55). Dès lors, Motta Sant’Agata n'est plus que le nom d'un château et d'un fief dépeuplé de la baronnie de Cammarata : Castri et pheudi Moctae in territorio Camaratae siti (G. Di Giovanni, op. cit. à la note 10).
11 Motta Camastra (province de Messine) : Casale di Crimasta o Motta di San Michele (C. Cosentino, Codice diplomatico, op. cit. à la note 10, p. 237, doc. CCLXXXIV). Motta d’Affermo (province de Messine) : à la fin du XIVe siècle, le casale Sparto est entouré d’une muraille ; il prend le nom de Motta d’Affermo et Giovanni di Fermo est appelé dominus Mocte (H. Bresc, op. cit. à la note 10, p. 430). En 1331, le casale de Pettineo (province de Messine) est entouré d’une muraille et prend le nom de Motte (Id., Ibid.). Motta Santo Stefano (province d’Agrigente) : terra sive casale Motte Sancti Stefani (G. Stalteri Ragusa, G. L. Barberi, Il Magnum Capibrevium dei feudi maggiori, dans Documenti per servire alla Storia di Sicilia (DSSS), Società Siciliana per la Storia Patria, 1ère série, ΧΧΧII, Palerme, 1993, p. 465) ; Terra Sancti Stephani cum castro, vers 1350 (E. Librino, op. cit. à la note 10, p. 209).
12 Terra Sale cum Motta vers 1350 (Id., Ibid., p.208) correspond sûrement à la Sala di Madonna Alvira (G. Silvestri, I capibrevi di G. L. Barberi, dans DSSS, série I, ΧΙII, I : Feudi del Val di Mazara, vol. ΙII, Palerme, 1985, p. 9) devenue Salaparuta (province de Trapani) (H. Bresc, op. cit. à la note 10, p. 431).
13 On ne le rencontre que dans deux cas : à Mazzarino (province de Caltanissetta) en 1154 et à Margana (province de Palerme) en 1328 (F. Maurici, op. cit. à la note 5, p. 128).
14 En admettant que le site de la mansio soit le même que celui de l’actuel château du XIVe siècle.
15 Melia : casale de Castronovo, actuellement Castronuovo di Sicilia (province de Palerme). Le document est cité par H. Bresc, Un monde méditerranéen. Économie et société en Sicile. 1300-1450, Rome-Palerme, 1986, II, p. 678, note 395 : in hospicio Domini Riccardi [Filangerii] existenti in dicto casali.
16 F. Maurici, op. cit. à la note 5, p. 150.
17 Aderno et Paterno (province de Catane), Id., Ibid., p. 246, 344.
18 Turri Camastra (P. Sella, Rationes decimarum Italica nei secoli XIII e XIV. Sicilia, Città del Vaticano, 1944, p.129) ; turri de la Chabbica (Ibid., p. 128) ; feudum cum turri Misilcassimi (G. Silvestri, op. cit., à la note 12, ΙII, p. 241) ; Turri et terra Misilindini (M. Da Piazza, op. cit. à la note 10, p. 229, ch. 95).
19 Turris maritime Agrigenti (G. Cosentino, op. cit. à la note 10, p. 407-408) ; castrum sive turris et feudum Solanti (G. Silvestri, op. cit. à la note 12, ΙII, p. 29).
20 Chabica, Misilcassimo, Misilindino (province d’Agrigente), mais ces habitats furent balayés par les guerres féodales et angevines.
21 H. Bresc, op. cit. à la note 15, p. 786.
22 La maison forte correspond à une législation comtale précise. Elle possédait une fonction militaire et politique modeste et surtout symbolique : c’était presque toujours la demeure d’un petit noble et le centre d’une seigneurie domestique. Elle ne joua qu’un rôle limité dans l’encadrement des hommes.
23 F. Maurici, op. cit. à la note 10, p. 56 (Muxaro) ; p. 39 (Burgio).
24 H. Couturier, F. Piponnier, Les maisons fortes dans les hiérarchies des forteresses foréziennes, dans MFMA, p. 261-270 : p. 264.
25 F. Maurici, op. cit. à la note 5, p. 295.
26 Id., Ibid., p. 278.
27 J.-M. Pesez, op. cit. à la note 3, p. 337.
28 Petra Calatasudemi ; Petra Jancasi ; Petra Bualis (province d’Agrigente).
29 Castrum dans le cas de Baida (province de Trapani), Barangi (province d'Agrigente), Calatubo (province de Trapani), Colobria (province de Palerme), Melia, Siculiana (province d'Agrigente) ; Arx pour Patellaro (province de Palerme).
30 Canicatti (province d'Agrigente), Cefalà (province de Palerme), Misilmeri (province de Palerme), Siculiana (province d'Agrigente), Sommatino (province d'Agrigente), Margana (province de Palerme), Montechiaro (province d'Agrigente), Brucato (province de Palerme). Pour ces trois derniers, ce fut un échec ; quant aux précédents, les résultats n'arrivèrent qu'à partir du XVIe siècle.
31 J.-M. Pesez, op. cit. à la note 3, p. 335.
32 G. Silvestri, op. cit. à la note 12, p. 29.
33 E. Mazzarese Fardella, II Tabulario Belmonte, Palerme, 1983, p. 115, doc. 33 : In qua Roccella constructum est castrum per dictum dominum comitem.
34 Bonfornello, Brucato, Ficarazzi, San Nicola, Trabia, Trappeto (province de Palerme), Siculiana Marina (province d'Agrigente).
35 J.-M. Pesez, op. cit. à la note 3, p. 335.
36 H. Bresc, op. cit. à la note 15, p. 786.
37 Id., Ibid., I, p. 240.
38 H. Bresc, Les sources historiques, dans Brucato. Histoire et archéologie d’un habitat en Sicile, J.-M. Pesez (dir.), Rome, 1984,I, p. 37-84 : p. 59.
39 S. Mazzarella, R. Zanca, Il libro delle torri, Palerme, 1985, p. 169-170.
40 H. Bresc, op. cit. à la note 15,I, p. 22.
41 Id., op. cit. à la note 7, p. 381.
42 Id., op. cit. à la note 15, II, p. 877 : Solanto vers 1380 ; S. Mazzarella, R. Zanca, op. cit. à la note 39 : la tour Torrazzo de San Vito lo Capo (province de Trapani) entre le XIVe et le XVe siècle, p. 184 ; San Nicola en 1443, p. 375 ; Trabia en 1445, p. 374 ; Mondello en 1454, p. 138.
43 Cf. par exemple Trabia, San Nicola.
44 H. Bresc, op. cit. à la note 7, p. 381.
45 Id., Ibid.
46 Id., op. cit. à la note 38, p. 61.
47 A. Belvedere, V. Brunazzi, D. Lino, Trabia, dans Città nuove di Sicilia XV-XIX secolo, dans Per una storia dell'architettura e degli insediamenti urbani nell'area occidentale, M. Giuffrè, G. Cardamone (dir.), II, p. 86.
48 A. Palazzolo, La torre di Pietro Speciale a Ficarazzi, Palerme, 1987, p. 27. Document provenant de l'Archivio Storico Siciliano, notaire G. Randisi (1451-1500), vol. 1154 bis (1466-1409).
49 Ruchetta indique un rocher, un lieu surélevé par rapport à la campagne avoisinante.
50 In primis la detta turre lo prefato Perosino [maître d'oeuvre] fabrica de la misura et forma quatrata et per ogni lato de la presente de fori serrà canne otto et rutti, la circumferentia serrà canne trenta due...
Item a pede de la ditta torre si farrà una scarpa di larghezza in pedi a discretione e voluntà dello ditto Signore [Pietro Speciale] la quale si farrà a quella parte de la detta torre che non è edificata supra lu plano di la detta rocchetta zioè tutto lo lato verso lo trappeto e de la parte de levante e punente fina alla rocchetta preditta la quale scarpa serrà fina a la equalità e plano dela ditta rocchetta...
Item in lu fundu di la ditta torre zoè dalla parte verso el trappito si farrà una gisterna e una fossa la quali sarranno de longhezza canne sex e di larghezza de lu ditto muro verso el trappito fina a la ditta rocchetta e de altezza fina alo plano dela rocchetta preditta.
Item altra gisterna serrà dammusata ad butti e similiter la detta fossa tra la quale serrà suo perimetro condicente la quali fossa serrà intonichata e havirà sua boccha sin solo del primo dammuso per zioè alo plano di la ditta rocchetta la gisterna vero serrà insirrata de fabrica circumdita in modo chi sea apta e comoda a tenere et conterrao aqua ; e non dannificare la fabrica de la ditta torre serrà battunata seu intonicata, chomo a cisterna se aptene e havirà suo collo seu cannolo conrespondere a tutti haltre dammuse che se farranno a ditta torre et in omne uno havirà aperturaperpotersene trarre aqua...
Item a lo secundo dammuso lo quali similiter havirà suo partemento da una parte versu tramontana sarrà longa sex canne largha canne dui palmi sex e mezo vel circa et serrà alta canne quattro vel circa e dammosata a gurgiarino cum dui croci e incordonata seu imbastonata in lo principio de la quale farrannosi soi capitelli condecente e tutti li petri di taglio e farrannosi in la detta Sala in lo suso verso Palermu finestra una grandi e verso levante una finestra picchula tutti in petra di taglio de fori e intro in cantoneri l'altizza e la larghezza de le quali serrà a volumptà de lo ditto Signore...
Item lu terzu e ultimu dammusu lu quali havi ut supra suo perimetro e longu sarà voltatu a dui butti rustici como lo primo dammuso di sotto a luno dili quali si farrà una parimenta p.ta verum di condecenti grossezza/et l'altro indi havirà dui cruci serranno con q.lle membre zoè una sala una cocina unu ripostu e dui cammari e omni membru havirà sua fenestra e porta tutti...
Item in li dui dili ditti cuius membri zoè a la Sala sarà una chimenia di altiza condecenti e ala cochina una altra grandi per li furni e fuculari et haviranno loru cannola seu colli a la equalitati dui ditti merguli di la turri e unu iettaturi di aqua chi nexa fori dila turri preditta. Item si farrà uno giragiru per sagliri a la ditta turri in quali serrà di lu fundamentu zoè di lu solu di la rocchetta predetta e ad una di li cantoneri seu agnuni di la ditta turri et ascendirà fina a lu astracu superiuri e havirà suo cappellu supra lu astracu predittu e serrà apertu in burduni comu quelli di la sala grandi di lu castellu novu di Napuli e havirà porti correspondenti a tutti tri li dammusi / miragno et astraco superiuri e tutti altri aperturi necessarii per usu e lustru di lu garagolu predittum in petra di taglu di fori di intra in cantuneri larghezza seu circumferencia di lu quali si farrà a voluntati di lu dittu Signuri pretendendo porte a lu noytu di la ditta turri e porte di sua fabrica e serrà dila petra di li Ficarazi. Item sifarrannu dui pileri supra li quali sifurmirà lu ponte livaturi per andari a ditta turri e sirrannu di altizza e grossizza necessaria e condecente e di petri di taglu in cantuneri.
51 H. Bresc, op. cit. à la note 15, p. 876.
52 Id., op. cit. à la note 38, p. 59.
53 Id., Ibid.
54 M. Scarlata, L'opera di Camillo Camiliani, Rome, 1993, p. 587 (Rocella) ; p. 590 (San Nicola) ; p. 591 (Trabia).
55 Il est intéressant de noter que de nombreux châteaux siciliens ont été transformés en masserie fortifiées. La ferme sicilienne, appelée baglio pour la forme de ses bâtiments résidentiels et agricoles, construits autour d’une vaste cour quadrangulaire, reprend dans ses grandes lignes le plan du château-cour. Le destin de ces châteaux qui, au XIVe siècle, avaient déjà et surtout la fonction de centres agricoles, atteste une certaine continuité d’occupation entre le bas Moyen Âge et l’époque moderne.
56 À Brucato, des contrats sont rédigés dans la tour, en particulier le testament de dame Argentea, femme de Rogerius Salamone (H. Bresc, op. cit. à la note 15).
57 H. Bresc, Désertions, regroupement, stratégie dans la Sicile des Vêpres, dans Guerre, fortification et habitat dans le monde méditerranéen au Moyen Âge, A. Bazzana (éd.), Madrid-Rome, 1988, Castrum 3, p. 237-245 : p. 245.
58 C’est le cas de Brucato, Margana.
59 C’est le cas de Siculiana.
60 J.-M. Pesez, F. Piponnier, op. cit. à la note 2.
61 G. Fournier, P. Charbonnier, Les maisons fortes en Auvergne, dans MFMA, p. 271-288 : p. 284.
62 J.-M. Pesez, op. cit. à la note 3, p. 385.
63 G. Bresc-Bautier, H. Bresc, L'habitat sicilien médiéval, prospection dans le territoire des Madonies (23-30juillet 1983), dans Structures de l'habitat et occupation du sol dans les pays méditerranéens : les méthodes et l'apport de l’archéologie extensive, G. Noyé (dir.), Rome-Madrid, 1988, Castrum 2, p. 59-72 : p. 62.
Auteur
CIHAM, Lyon
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