« Entre église et état ». Élites scandinaves à Paris sous le règne de Charles VI
p. 91-107
Texte intégral
1La période d’une quarantaine d’années qui correspond au règne de Charles VI est loin d’être considérée par l’historiographie Scandinave comme un temps fort des relations entre le royaume de France et les royaumes du Nord1. Ce serait plutôt le contraire : pour bien des historiens, le contexte du Grand Schisme, pendant lequel les souverains Scandinaves optèrent résolument pour l’obédience romaine, alors que le roi de France soutenait le pape d’Avignon, les difficultés internes et externes que chacun devait affronter de son côté, également le développement des influences allemandes sur ces pays bordant la mer Baltique2, ne pouvaient guère favoriser des contacts directs et étroits. L’Université de Paris elle-même, tenue pour un haut lieu de rencontre et de formation des élites ecclésiastiques et politiques Scandinaves depuis des décennies, aurait été presqu’entièrement désertée au profit des nouvelles universités fondées dans l’Empire et les pays limitrophes3.
2Il faut dire que les références documentaires sont fort réduites et témoignent le plus souvent d’une grande ignorance de la part des contemporains. Ainsi, je n’ai trouvé qu’une seule allusion aux gens du Nord dans la Chronographia regum Francorum : en 1390, des nobles danois, non identifiés, auraient participé aux joutes organisées entre Calais et Boulogne4. Enguerran de Monstrelet, évoquant le mariage du roi de Danemark, de Suède et de Norvège, Eric de Poméranie, avec la fille du roi d’Angleterre Henri IV, se trompe sur le nom du roi, sur la date du mariage, sur le nom de la Suède et sur le rôle exact de la reine Marguerite5. Michel Pintoin, le Religieux de Saint-Denis, est cependant un peu plus précis dans un passage de sa chronique mettant en scène des ressortissants danois, à l’occasion d’un événement sur lequel je reviendrai6. Il cite aussi à l’année 1415 deux ecclésiastiques de haut rang, envoyés de l’Eglise Scandinave et du roi Eric au concile de Constance, l’évêque de Schleswig [Johan Skondelev] et l’évêque de Ribe, Peder [Lykke], mais ils interviennent dans le récit comme pères conciliaires représentant la nation allemande7. C’est encore la documentation universitaire parisienne qui, malgré ses lacunes, apporte le mieux quelques lueurs sur les séjours des Scandinaves en France durant le règne de Charles VI. Elle a déjà été passablement scrutée. Néanmoins, il ne m’est pas apparu vain de la réexaminer de plus près et surtout dans le cadre d’un questionnement différent. Il n’est pas niable que le nombre des étudiants nordiques recensés entre 13788 et 1422 dans la remarquable source – par son existence même, malgré ses insuffisances – qu’est le livre des procureurs de la nation anglaise-allemande de l’Université de Paris9, ainsi que dans d’autres corpus documentaires, est bien médiocre. Mais la qualité ne compense-t-elle pas la quantité ? Autrement dit, qui étaient ces écoliers, quelle fut leur destinée, une fois rentrés dans leur pays ? Ont-ils autant, sinon davantage que leurs devanciers parisiens ou que leurs contemporains ayant fréquenté d’autres universités, fait partie des élites au service de l’Eglise et du souverain et occupé les devants de la scène politique Scandinave ? On voit immédiatement qu’établir une simple liste des suppôts parisiens, qui de toute manière ne pourra qu’être très incomplète, est tout à fait insuffisant10. C’est pourtant par là qu’il faut commencer.
3Le Liber procuratorum donne, entre autres, la liste annuelle des gradués ès arts de la nation (tableau I). Mais il ne mentionne que très rarement les étudiants n’ayant pas encore accédé à la déterminance et ceux des facultés supérieures affiliés à la nation. Huit Scandinaves apparaissent dans les procès-verbaux des assemblées de la nation : bien qu’ils n’y soient pas tous mentionnés spécifiquement comme étudiants, la longueur de leur séjour, les missions dont ils étaient chargés donnent à penser qu’ils profitèrent de leur villégiature parisienne pour suivre au moins quelques cours, tel l’archidiacre de Skara Hakon Azzursson qui, envoyé en 1398 par le chapitre cathédral pour régler les affaires du collège de Skara, séjournait encore en 1401 dans la maison du collège « A l’Image Notre-Dame »11. Le dépouillement d’autres corpus documentaires universitaires12, celui des actes de la série M des Archives nationales concernant les affaires des collèges Scandinaves à Paris13, et aussi des archives pontificales et nordiques14 ont permis de repérer encore 16 autres ressortissants des royaumes du nord ayant fréquenté l'Alma Mater, soit au total 51 Danois, Norvégiens et Suédois15. Cela confirme à l’évidence que le Liber procuratorum est loin d’être représentatif de la fréquentation universitaire nordique à Paris.
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Note 1616
Tableau I. Evolution de la fréquentation Scandinave à Paris d’après le Liber procuratorum de la nation allemande17 et d’autres sources.
4En outre, le Liber procuratorum est lacunaire dans le temps. La lacune la plus importante s’étend de fin avril 1383 au début d’avril 139218. Elle est mal venue, car elle empêche de déterminer si le quasi-tarissement de la fréquentation nordique, observé durant cette période et même au-delà, a suivi immédiatement ou non le ralliement solennel de l’Université à Clément VII, le 28 février 1383. Notons que les choix d’obédience divergents des instances politiques et ecclésiastiques après la double élection de 1378 n’ont pas entraîné avant 1383 l’abandon de Paris. Au contraire, les treize étudiants repérés constituent un regain de fréquentation par rapport aux années précédentes pendant lesquelles les Scandinaves se comptent à peine sur les doigts d’une main dans le Liber procuratorum. En 1383, la désertion est probable, l’afflux brusque des étudiants à Prague le laisse entendre. La fréquentation Scandinave y passe d’une moyenne annuelle de 7,4 immatriculations (1378-1382) à 11,6 dans les années 1383-1387, et même à 15 de 1383 à 138519. Cette désertion ne fut jamais totale cependant. A plusieurs reprises sont mentionnés les étudiants danois et suédois : dans un arrêt du Parlement de 1388, un accord s’est conclu entre « entre ceux qui se dient escoliers du royaume de Dace d’une part et le recteur et l’Université de Paris d’autre part »20 ; le 1er août 1397, furent convoqués devant l’assemblée de la nation les domini scolares de Dacia à propos d’une dissension entre le collège de Dacie et le collège de Laon ; le même jour, maître Rotger de Suède adressa une supplique à la nation pour que la maison située in vico Brunelli lui soit restituée à lui et à ses compagnons (socii) originaires de Suède21. Leur nombre ne peut être évalué et leur identité reste à jamais cachée, à quelques exceptions près : Rotger Trast, déjà cité ; « Maistre Jehan Basse du royaume Dasse escolier estudiant à Paris », procureur du collège de Dacie, mentionné en mai 1383, s’occupa des affaires dudit collège au moins jusqu’en août 1386 et, le 15 octobre 1384, il témoigna de concert avec le second procureur, magister Olaus de Dacia, à propos de la vente de la maison du collège aux Carmes22 ; Bryniolf Karlsson, le futur évêque de Skara, bachelier en 1379 et maître ès arts en 1380, semble avoir séjourné continûment à Paris jusqu’en 1385, pour y revenir quelques années plus tard23.
5En tout état de cause, si le vide documentaire du Liber procuratorum est partiellement trompeur, la moisson est restée maigre pendant une quinzaine d’années. Toutefois, on observe un léger redressement de la situation à partir de 1398 (tableau I). Le moment est intéressant : la relative désaffection des étudiants, passé 140024, pour l’Université de Prague où l’agitation religieuse et intellectuelle augmentait en même temps que l’animosité envers les maîtres et les étudiants allemands, ne me paraît pas être un argument décisif. Les Scandinaves pouvaient aussi bien se diriger vers les universités allemandes, or ils ne l’ont pas fait ; ils ont attendu l’après-1409 pour fréquenter Erfurt et surtout Leipzig25. En revanche, c’est le temps du regain d’activité de l’Université de Paris en faveur de la résolution du Schisme et de la soustraction d’obédience française à Benoît XIII. Ne peut-on penser que certains étudiants du camp romaniste ont été à nouveau attirés vers l’Alma Mater en observateurs curieux du tour que prendraient les événements, comme ils l’avaient sans doute déjà été en 1378 ?
6Globalement, la cinquantaine d’étudiants nordiques à Paris pendant le long règne de Charles VI constitue une population universitaire restreinte, surtout si on la compare avec les gros bataillons qui s’acheminèrent vers Prague à une époque à peu près comparable : 250 étudiants recensés de 1372 à 141326. Il n’est guère étonnant que l’on ait conclu à un affaissement de l’attraction de l’Université de Paris aux alentours de 1400. Il faut noter cependant que le déclin Scandinave à Paris est antérieur au début du Grand Schisme : alors qu’on peut repérer près de 130 étudiants des dernières années du XIIIe siècle à 1350, 21 seulement fréquentèrent l’Alma Mater de 1351 à 1377. On ne peut donc incriminer uniquement les affaires ecclésiastiques du Schisme ou encore les troubles du royaume de France dans les premières années du XVe siècle. Sans méconnaître leur possible influence de même que celle de la fondation des universités bohémienne et germaniques après 1348 – encore qu’il n’y ait guère eu de Scandinaves à Vienne, Cologne, Heidelberg ou Erfurt dans les premières années après leur fondation et que l’attraction de Prague ait été longue à se manifester27 – il faut aussi mettre en avant le frein de la peste et de ses graves séquelles démographiques et économiques sur les coûteux voyages universitaires auxquels étaient astreints par force les Scandinaves. Les séjours durent moins longtemps dans l’ensemble que dans la première moitié du XIVe siècle. En témoigne une présence moins assidue dans l’administration de la nation : rares sont les maîtres qui assurent plus d’une fois la fonction de procureur après leur inception ; trois maîtres seulement, peut-être quatre, ont poursuivi une carrière comme maîtres régents ou examinateurs pendant la période considérée28. En revanche, la proportion entre Danois, Suédois et Norvégiens par rapport à la période antérieure n’a pas subi de changement significatif : les Suédois demeurent les plus nombreux (30), suivis des Danois (19), les Norvégiens, comme toujours, sont en nombre infime (2). La palme de l’assiduité parmi les Suédois revient aux huit ressortissants du lointain diocèse d’Abo. Cette présence s’inscrit dans une tradition persistante de fréquentation de l’université parisienne29 au long des XIVe et XVe siècles, tradition que les évêques eux-mêmes ont contribué à entretenir30. Parmi ces huit étudiants, Björn Gregersson [Balk] devint évêque, quatre autres occupèrent un canonicat ou une dignité cathédrale31.
7En effet, les étudiants qui se sont assis sur les bancs de l’Alma Mater ont généralement poursuivi une carrière avantageuse et parfois même exceptionnellement brillante. Comparons le nombre des membres du haut clergé (chanoines, dignitaires et évêques) parmi les étudiants parisiens avant et après 1378, puis avec ceux qui ont fréquenté Prague pendant la période qui nous occupe.
nombre d’étudiants | membres du haut clergé cathédral | ||
Paris avant 1378 | ca 150 | 56 | 37 % |
Paris 1378-1422 | 51 | 34 | 67 % |
Prague 1372-1413 | 250 | 130 | 52 % |
Tableau II. Membres du haut clergé Scandinave ayant étudié à Paris et à Prague.
8Même si l’on tient compte du fait que l’identification des individus s’est améliorée – elle est beaucoup plus aisée vers 1400 qu’au début du XIVe siècle, grâce surtout à une meilleure déclinaison d’identité-, le pourcentage de clercs de haut rang parmi les étudiants parisiens a beaucoup progressé par rapport à la période précédente (67 % au lieu de 37 %) et ils l’emportent aussi sur les suppôts pragois dans la course aux prébendes canoniales (respectivement 67 % et 52 %). Il n’est pas moins intéressant que 55 % d’entre eux aient été déjà pourvus d’un canonicat lors de leur séjour parisien (40 % à Prague). De plus, parmi ces 34 chanoines venus aux études à Paris, 16 ont revêtu une dignité cathédrale, et 12 ont accédé à l’épiscopat32. On pourrait ajouter à ces derniers Otto Bosen, à Paris de 1378 à 1383, élu du chapitre de Ribe en 1409, qui ne put cependant l’emporter devant le candidat du roi, Peder Lykke33 ; de même Gervin Petersson, chanoine de Linköping, qui entra en 1420 au monastère de Vadstena et en devint par la suite le prestigieux confesseur général34. Ces résultats sont corroborés par l’analyse inverse : prenons l’ensemble du corps épiscopal Scandinave contemporain du règne d’Eric de Poméranie, le premier roi de l’Union de Kalmar (1397-1438), et examinons la répartition des lieux de leur formation universitaire.
nombre total d’évêques (danois, norvégiens et suédois)35 : | 56 |
pas d’études connues : | 17 |
lieu d’études inconnu : | 9 |
Paris : | 10 |
Paris et Prague : | 4 |
Prague : | 14 |
autres universités : | 2 |
Tableau III. Universités fréquentées par les évêques Scandinaves.
9Le cursus universitaire de ces évêques est plus ou moins documenté : on en ignore tout pour presque un tiers d’entre eux36 – pour autant, cela ne signifie pas qu’ils ne soient pas allés aux études – ou bien on le devine au détour d’une formule stéréotypée (litterarum scientia) et, plus sûrement, d’un grade académique (9 cas). Le lieu où l’évêque de Stavanger Audun Eyvindsson (1426-1445) devint bachelier en droit canon est tout à fait inconnu, encore que la faculté de décret parisienne soit une hypothèse plausible37. Malheureusement elle ne saurait être confirmée. Quant à ceux dont on connaît l’université fréquentée, ils ont en quasi-totalité choisi celles de Paris38 ou de Prague, et quelques-uns même, pour faire bonne mesure, ont fréquenté les deux39. Le face-à-face des deux grandes universités française et bohémienne est presque exclusif : la très faible présence des futurs évêques dans les autres universités occidentales40 confirme le médiocre attrait qu’elles exercent auprès de la population estudiantine Scandinave qui a déjà été observé. Il est clair enfin que l’Université de Paris rivalisait toujours, aux environs de 1400, avec celle de Prague, malgré une légère avance de celle-ci concernant le corps épiscopal, dans la formation des élites ecclésiastiques Scandinaves. Par conséquent, on en conclura que, s’il y eut peu d’étudiants à Paris durant le règne de Charles VI et le Grand Schisme, de remarquables perspectives s’offraient à eux dans leur carrière ecclésiastique, quand celle-ci n’était pas déjà entamée au moment des études. Il en a été de même quant à leur carrière au service du pouvoir royal.
10La période du règne de Charles VI fut, en gros, pour les royaumes Scandinaves celle du long cheminement vers l’Union de Kalmar (1397) et celle des efforts de la reine Marguerite (« reine et seigneur » de Norvège et de Danemark après la mort de son fils Olaf en 1387, reconnue de même en Suède en 1389), puis d’Eric de Poméranie, son petit-neveu et successeur qu’elle avait fait couronner à Kalmar comme « roi couronné des trois royaumes », pour gouverner l’Union non comme une entité fédérative, une alliance de trois royaumes distincts, mais comme un véritable Etat centralisé. Ces souverains entreprirent une politique de développement d’une administration centrale compétente, encore largement recrutée parmi les hommes d’Eglise, et eurent à cœur d’imposer aux postes clefs de chaque royaume, parmi lesquels figuraient les sièges épiscopaux, de fidèles serviteurs du pouvoir royal. A cet égard, sept au moins des dix archevêques de la période définie plus haut furent des fidèles du souverain. Les études à Paris ne furent pas un empêchement à la progression de leur carrière, au contraire. Je pense par exemple à Peder Lykke, que la reine Marguerite imposa d’abord à Ribe – aux dépens d’un ancien condisciple parisien, Otto Bosen – et qui devint ensuite le très remarquable archevêque de Lund : chanoine de Roskilde dès 1374, maître ès arts en 1379, il semble avoir quitté Paris assez rapidement puisqu’on le retrouve en mai 1380 au Danemark et en décembre 1380 parmi les signataires d’un acte royal. Il fut promu archidiacre de Roskilde avant 1385 et manifestement il était déjà à ce moment-là un personnage important dans l’entourage royal41. En 1397, il fut l’envoyé du roi Eric à Kalmar et, lorsqu’il fut chargé en 1401 des négociations pour le mariage d’Eric avec la fille du roi d’Angleterre, il était le clericus des souverains, autant dire à la tête de la chancellerie royale. Dès avant sa nomination à l’évêché de Ribe en 1409, il faisait partie des conseillers royaux42. Le chanoine de Roskilde Navne Jensen, maître ès arts en 1399 à Paris où il séjourna au moins jusqu’en juin 140343, était trésorier du roi, qui l’imposa sur le siège de Västerås en 1414 contre le choix du chapitre, puis le transféra à Odense. Quant à Jens Gerekesen, bachelier en 140144, son service à la chancellerie et la faveur royale lui valurent d’être nommé archevêque d’Uppsala dès 1408, au mépris de l’élection canonique ; il lui fallut attendre deux ans sa confirmation et affronter l’hostilité de ses chanoines que sa conduite ultérieure ne désarma pas, au contraire.
11Ne concluons pas témérairement que les études à l’Université de Paris constituèrent une condition décisive dans le déroulement de ces carrières exceptionnelles. Tout un faisceau de facteurs divers, qu’il n’y a pas lieu de développer ici, doit bien entendu être pris en compte45. Il faut cependant penser que le séjour parisien avait de solides mérites pour des clercs ambitieux. Que venaient-ils donc chercher à Paris ?
12A l’évidence, d’abord un solide bagage intellectuel.
cursus inconnu : | 13 | étudiants en droit canon : | 11 |
dont simples étudiants : 4 | |||
bacheliers ès arts : | 10 | bacheliers : 6 | |
licenciés ès arts : | 1 | licenciés : 1 | |
maîtres ès arts : | 19 | médecins : | 2 |
total des gradués ès arts : | 30 | théologiens : | 2 |
Tableau IV. Etudes et grades des étudiants Scandinaves à l’Université de Paris46.
13Les gradués de la faculté des arts sont de beaucoup les plus nombreux, puisqu’ils constituent plus de la moitié du corpus et la réputation de l’enseignement parisien des arts libéraux ne faillit pas auprès des étudiants nordiques. Le rapport entre les étudiants qui n’ont pas dépassé le baccalauréat et les maîtres ès arts, nettement favorable à ces derniers, est globalement le même que celui établi par Mineo Tanaka pour l’ensemble de la nation anglaise-allemande47. Toutefois, le nombre relativement élevé d’étudiants dans les facultés supérieures est plus surprenant. Parmi eux, les juristes, qui constituent près du quart du corpus, sont nettement prépondérants. Le seul examen des sources proprement universitaires ne dévoile pas cette tendance : un unique bachelier a été repéré avant 1422 dans les procès-verbaux de la faculté de décret édités par Marcel Fournier et Lucien Dorez48. Pour les autres gradués, ce sont des sources indirectes qui révèlent leur cursus de juristes : si leur présence à Paris est attestée par ailleurs, il est raisonnable de penser que ce cursus s’y est déroulé. C’est le cas par exemple de Sigge Uddsson, futur archidiacre puis évêque de Skara, dont le grade de bachelier en décret, mentionné en 1414 dans une lettre pontificale, a été sûrement acquis à Paris, où il se trouvait aux alentours de 140749.
14Parmi les gradués ès arts de la période, six ont poursuivi des études en droit canon, à l’instar de Jens Basse, qui étudiait en 1384 à la faculté de décret et était bachelier en 138650, un en théologie51, un autre enfin en médecine52. Il est probable aussi que certains maîtres, dont le séjour à Paris fut assez long, avaient entamé un cursus supérieur : par exemple Bryniolf Karlsson était appelé en 1385 « honorable home maistre Bryniulphe Charles, prévôt en l’église cathédrale de Scarencie ou royaume de Suece, maistre es ars, escolier estudiant a Paris »53. Nos onze juristes représentent donc un minimum. De plus, on ne connaît pas précisément le cursus de treize Scandinaves. Certains sans doute étaient des artiens, mais d’autres ne semblent pas devoir être rangés parmi eux, étant donné leur statut ecclésiastique déjà élevé. Ainsi Gunne Andersson Prika souscrivit en 1407 aux nouveaux statuts du collège de Skara établis par Sigge Uddsson. Il était chanoine de Skara à cette époque et avait déjà été inscrit à Prague à l’université de droit en 139754 : il serait étonnant qu’il se soit remis à l’étude des arts libéraux dix ans plus tard.
15Les Scandinaves feraient-ils partiellement mentir l’opinion que la faculté de décret parisienne n’avait pas grande réputation auprès des étudiants étrangers, en particulier ceux de la nation anglaise-allemande à la fin du Moyen Age55 ? De prime abord, ces onze juristes paraissent bien peu nombreux au regard des 195 immatriculés à l’université de droit qui constituent plus des trois-quarts des étudiants Scandinaves à Prague. En fait, la présence à Prague d’une matricule des juristes et à l’inverse la disparition quasi totale des archives de l’université des artiens fausse quelque peu la comparaison. Celle-ci doit plutôt se faire au niveau des grades obtenus. En effet, la documentation, qui ne présente guère de notables différences concernant les grades – elle est mince de part et d’autre – livre à Prague, en tout et pour tout, un bachelier et un docteur en droit canon56, alors que nous trouvons six bacheliers et un licencié à Paris. Tous, sauf un, jouirent au moins d’une bonne prébende canoniale, trois de ces bacheliers, Navne Jensen, Sigge Uddsson et Olaf Larsson, accédèrent à l’épiscopat, et un autre, Gervin Petersson, devint confesseur général de Vadstena. Cela pourrait bien indiquer qu’un simple cursus à l’université de droit de Prague n’était pas pour certains totalement satisfaisant et qu’un grade acquis à Paris en bonne et due forme revêtait, pour les plus ardents à l’étude ou pour les plus ambitieux, un prestige inégalé, même au cours d’une période où les autorités nordiques et l’Université de Paris avaient embrassé des causes opposées.
16Outre les compétences ou les grades, les Scandinaves sont aussi venus à Paris pour y rechercher des acquis qui devaient sans doute jouer un rôle dans leur destinée ultérieure, à savoir la connaissance des événements contemporains et des idées circulant dans les milieux qu’ils avaient l’occasion de fréquenter. Ces acquis sont cependant difficiles à cerner et à évaluer, car les étudiants ont laissé très peu d’écrits, et si certaines des actions de leur carrière laissent entrevoir des influences probables, il faut se garder de considérer les similitudes autrement que comme des hypothèses. Deux des rares lettres d’étudiants Scandinaves conservées illustrent néanmoins assez bien comment ils vivaient et interprétaient les événements survenus dans la vie politique française et comment ils transmettaient les idées et les opinions.
17L’une de ces lettres a pour destinataire le chapitre de Linköping57. Elle s’étend principalement sur le coût des études à Paris mais, sur la fin, elle cite les paroles prononcées à propos du concile de Constance par le recteur Jean Campin, dans une assemblée de l’Université, le 5 septembre 1414 : simus unanimes et constantes, quia juriste et legiste dicunt quod eciam sine papa potest concilium celebrari et si forte non venerit, imminebit sibi deposicio... La seconde, adressée à l’évêque de Linköping, Knut Bosson, l’un des plus influents évêques suédois de la période, à l’automne 141458, doit être attribuée, selon toute probabilité, au chanoine de Linköping et futur brigittin, Johannes Hildebrandi, qui entreprit son voyage vers Paris au début du printemps 1414 ; il fut un des envoyés du monastère de Vadstena au concile de Constance59. Il est absent des sources académiques parisiennes, mais ses liens avec l’Université, dont il vante la gloire insurpassable, sont évidents. Il cite dans sa lettre un magister Fredericus, en compagnie duquel il a interrogé l’économe de Notre-Dame sur les réparations que nécessiterait le mauvais état de la rose orientale de la cathédrale : cela suggère des liens de camaraderie entre les deux hommes. Ce Fredericus est sans aucun doute possible le chanoine d’Abo, Frederik Trast, alors maître examinateur de la nation allemande60. Surtout, Johannes semble très bien informé de tout ce qui touche le milieu universitaire. Il évoque les relations tendues de l’Université et des frères mendiants ; il parle de Jean Gerson61 ; il s’étend assez longuement sur l’affaire du maître en théologie de la nation normande, Ursin Taillevande, en compétition avec Jean de Marie, le fils du chancelier royal, pour l’évêché de Coutances62, et donne l’argument que Ursin a fait jouer devant le Parlement : in partibus gallicanis est privilegium non posse impetrare ad beneficia electiva.
18Ces lettres transmettent ainsi toute une série de nouvelles63, d’opinions et de discussions qui avaient cours à Paris à l’entrée du concile. Les choix effectués rendent sûrement compte autant des préoccupations des auteurs64 que de celles des destinataires. Elles tournent autour de la primauté du concile et aussi, si l’on considère la référence au conflit concernant le siège de Coutances, autour de la défense des libertés ecclésiastiques. On comprendra que Johannes Hildebrandi s’y soit particulièrement intéressé, quand on saura que l’évêque et le chapitre de Linköping avaient soutenu fermement, peu de temps auparavant, l’évêque de Strängnäs, Gjord Petersson, élu du chapitre, dans le conflit qui l’opposa au candidat royal Anders Jonsson (1408-1410). Le chanoine de Linköping apporte ainsi à son évêque une justification a posteriori de cette prise de position qui contribua à le brouiller provisoirement avec la reine Marguerite65. Ainsi, que les étudiants parisiens aient constitué un milieu bien informé et qu’ils aient contribué à diffuser les informations dans les royaumes nordiques, par des lettres ou mieux encore de vive voix, cela est indubitable. Il est même vraisemblable que leur regard sur les événements contemporains ait suggéré aux instances de décision de leur pays des pistes de réflexion nouvelles.
19Dans sa Chronique, à l’année 1400, le Religieux de Saint-Denis relate une étrange ambassade66, qui a piqué ma curiosité et dont je n’ai trouvé confirmation ni du côté français, sauf dans l’Histoire de Charles VI de Jean Juvénal des Ursins67, ni du côté nordique. Deux évêques et deux chevaliers envoyés par la reine Marguerite vinrent prier le roi de France et ses oncles d’accorder en mariage au roi Eric une fille de la maison de France. Après de longues hésitations, dont le Religieux donne la raison, le duc de Bourbon finit par proposer sa fille unique, Isabelle, dès qu’elle serait nubile. Les ambassadeurs comblés de cadeaux, s’en retournèrent chez eux. Il va sans dire que cette ambassade matrimoniale fut sans lendemain68, puisque, dès le printemps 1401, des pourparlers étaient entrepris avec le nouveau roi d’Angleterre, Henri IV, qui aboutirent finalement au mariage d’Eric avec la princesse Philippa en 1406.
20Cet épisode des relations franco-danoises, jusqu’à présent passé inaperçu, ne laisse pas d’être une énigme que je n’ai pas entièrement résolue, du moins jusqu’à présent. Bien que le Religieux de Saint-Denis s’en fasse seul l’écho, il n’y a pas de raison de douter de sa réalité, car la relation est assez circonstanciée. Elle est placée dans le fil du récit avant la mort du dauphin, soit le 15 janvier 1401. Michel Pintoin précise aussi que l’arrivée des Danois eut lieu avant le retour de l’ambassade française envoyée en Allemagne auprès des électeurs dans le courant de l’automne 1400, qui dura trois mois69 : l’ambassade se situerait donc vers la fin de 1400. En revanche, l’anonymat des envoyés persiste. Même en procédant par élimination des évêques dont la présence est attestée en Scandinavie en automne 1400 et au début de l’hiver, il en reste encore quatre ou cinq susceptibles d’être nos ambassadeurs, si toutefois ceux-ci appartenaient vraiment au corps épiscopal. Il n’est pas impossible que Michel Pintoin ait été mal informé ou qu’il ait jugé plus honorable et prestigieux d’attribuer la dignité épiscopale à des ecclésiastiques qui n’étaient pas évêques, ou encore que leur statut ait changé entre le moment de l’ambassade et celui où elle a été relatée70. Dans cette hypothèse, le champ des possibilités s’élargit encore à quelques dignitaires proches des souverains71.
21En fait, ce sont les réelles motivations des deux souverains nordiques qui importent. Je pense qu’il faut rapprocher cet épisode de l’évolution de la situation politique internationale, à savoir la soustraction d’obédience de 1398 et les efforts de la France pour entraîner d’autres souverains dans la voie de cession. Ainsi des négociateurs français, parmi lesquels Simon de Cramaud et plusieurs universitaires parisiens, furent envoyés à la diète de Francfort (26 mai 1400), munis de lettres royales adressées à différents souverains, dont le roi de Danemark72. Malgré le silence des sources nordiques à ce sujet, rien ne permet d’affirmer que ces lettres ne parvinrent pas à leur destinataire danois73.
22La reine Marguerite est réputée avoir soutenu inconditionnellement le pape romain jusqu’après le concile de Pise. Cependant, un faisceau d’indices laisse penser qu’elle réservait avec prudence ses arrières : des contacts peu explicites mais réels avec le pape d’Avignon jusqu’en 138974 ; des relations tendues avec Boniface IX concernant l’exercice du patronat royal75. Nous avons aussi montré, Hélène Millet et moi-même, qu’un représentant, ou tout au moins un observateur, avait été envoyé au concile de Pise, initiative suggérant que l’éventualité de se détacher de l’obédience du pape romain avait été envisagée plus précocement qu’on le pensait76.
23Un lent changement de perspective de la politique nordique concernant les affaires du Schisme a ainsi peut-être germé dès 1400 : l’ambassade pour cause matrimoniale aurait été destinée aussi et surtout à prendre l’air du temps du côté français, éventuellement à donner réponse aux lettres royales du printemps. Mais les difficultés d’application de la soustraction d’obédience et l’échec de la France pour obtenir un soutien franc et massif du côté de l’Empire n’étaient point faites pour conforter les Scandinaves dans la voie d’un soutien moins ferme au pape romain : ils continuèrent à regarder du côté de Rome et s’adressèrent ailleurs qu’à Paris pour le mariage royal.
24Certes, les indices restent bien ténus et incertains. Cependant, il n’est pas totalement hasardeux de penser que le soutien principal de cette nouvelle orientation fut l’entourage des serviteurs royaux dont plusieurs connaissaient bien la situation française. Je ne vois guère d’autre truchement possible que les anciens étudiants de Paris ou ceux qui, justement, vers 1400, furent à nouveau plus nombreux à s’asseoir sur les bancs de l’Alma Mater. La concomitance entre ce regain d’intérêt pour l’université parisienne et la nouvelle attention du gouvernement danois pour la politique française ne me paraît aucunement fortuite.
25Ce serait beaucoup s’avancer que d’affirmer que les étudiants parisiens eurent, dans le déroulement de leur carrière ultérieure, un profil spécifique et des orientations constamment respectées. Tous ne furent pas les serviteurs inconditionnels et soumis d’une monarchie centralisatrice : Peder Lykke lui-même, longtemps serviteur exemplaire de la reine Marguerite et du roi Eric, alla, comme archevêque de Lund, jusqu’à accuser ce dernier de tyrannie. Tous ne furent pas d’ardents défenseurs des libertés des Eglises nordiques et des réformateurs influencés par les idées conciliaires et la pastorale gersonienne : si l’archevêque d’Uppsala, Jens Gerekesen, fut un fidèle sans défaillance de la royauté, sa réputation de pasteur fut Tune des plus exécrables de l’Eglise médiévale nordique.
26Néanmoins, on ne peut méconnaître le rôle important des anciens suppôts de l’Université de Paris dans les rouages ecclésiastiques et politiques des royaumes Scandinaves. Autour de 1400, ni la multiplication des universités germaniques, ni la crise qui affectait la chrétienté occidentale, ni la guerre civile ou étrangère qui sévissait à Paris et dans le royaume de France ne dissuadèrent totalement les hommes du lointain Nord de s’y rendre et lorsque le roi Eric envisagea de créer une université nationale en 1419, projet malheureusement avorté, la nouvelle fondation devait être régie par les statuts et privilèges parisiens. C’est dire combien le prestige de l’Alma Mater restait grand à leurs yeux.
Notes de bas de page
1 En dernier lieu, Une amitié millénaire : les relations entre la France et la Suède à travers les âges, Paris, Beauchesne, 1993.
2 Non seulement dans le domaine des relations commerciales avec les marchands hanséatiques, mais également sur le plan politique : par exemple, en Suède, le roi Magnus Eriksson fut chassé et remplacé, en 1364, par un prince allemand, Albert de Mecklembourg. Dans sa thèse, Jean-Marie Maillefer a étudié l’émigration des nobles allemands en Suède sous la dynastie des Folkungar : L’établissement d’une noblesse d'origine allemande en Suède du milieu du XIIIe siècle à 1363, Université de Paris I, 1995 (dactylographiée).
3 H. Schück, Ecclesia Lincopensis. Studier om Linköpingskyrkan under medeltiden och Gustav Vasa, Stockholm, 1959, p. 448, écrit, à propos des chanoines de Linküping au début du XVe siècle : « les études à Prague ont maintenant remplacé les études à Paris ». A. L. Gabriel, Skara House at the Mediaeval University of Paris. History, Topography, and Chartulary, Notre Dame, Indiana, 1960, intitule le chapitre VIII décrivant la situation des collèges nordiques à Paris dans les dernières années du XIVe siècle : Absencia Scolarum. Egalement, S. Bagge, « Nordic Students at Foreign Universities until 1660 », Scandinavian Journal of History, 9, 1 (1984), p. 13.
4 Chronographia regum Francorum 1270-1405, H. Moranville éd., 3 vol. Paris, 1891-1897, t. 3, p. 97.
5 La Chronique d’Enguerran de Monstrelet en deux livres avec pièces justificatives, 1400-1444, L. Douet-d’Arcq éd., Paris, 1857, t. 1, p. 403 (reprint 1966). [1408] « En apres, en ce mesme temps, Henry, roy de Dace et de Norvege et d’Esclavonnie (sic), print à femme la fille du roy d’Angleterre. Lesquelz royaumes avoient esté mis en la main dudit roy de Dace par la royne d’iceulx pays, laquelle se démist de sa propre voulenté, du tout, de l’honneur et prouffit d’iceulx royaumes en en revestant ledit roy Henry ». Le mariage eut lieu en novembre 1406. La reine Marguerite, qui fut la grande promotrice de l’union des trois royaumes à Kalmar en 1397 et qui fit couronner son petit-neveu roi de l’Union, continua à exercer une influence majeure sur le gouvernement de l’Union jusqu’à sa mort en 1412.
6 Chronique du religieux de Saint-Denys, abrégée RSD, livre XXI, chap. 5, t. 2, p. 768.
7 RSD., XXXVI, 19, 29 et 37, t. 5, p. 620, 625, 672, 720.
8 Le champ chronologique retenu pour cette étude anticipe de deux ans sur le début du règne de Charles VI, pour inclure les premiers mois du Grand Schisme si importants dans les débats qui eurent lieu à l’Université de Paris et dans les choix des maîtres et étudiants de la nation anglaise-allemande.
9 Liber procuratorum nationis Anglicanae-Alemanniae. Auctarium Chartularii Universitatis Parisiensis, H. Denifle et E. Chatelain éd., t. 1 : 1338-1406, Paris, 1894 et t. 2 : 1406-1466, Paris, 1897 [désormais Auct.].
10 Des chiffres globaux des étudiants Scandinaves à Paris, affiliés à la nation anglaise-allemande ont été avancés, légèrement divergents. Par exemple : E. Jorgensen, « Nordiske Studierejser i Middelalderen. Nordboerne ved Universitetet i Paris fra det 13. Aarhundredes Begyndelse til det 15. Aarhundredes Midte », Historisk Tidsskrift, 8Rk V (1915), p. 331-382 ; M. Tanaka, La nation anglo-allemande de l'Université de Paris à la fin du Moyen Age, Paris 1990, p. 45 ; E. Mornet, « Pauperes scolares. Essai sur la condition matérielle des étudiants Scandinaves dans les universités aux XIVe et XVe siècles », Le Moyen Age, 1978, p. 53-102, liste en annexe, p. 97-102. Etablie il y a vingt ans, cette liste demande à être révisée dans le détail.
11 Auct. 1, 754, passim. Le 17 août 1401, comme il devait quitter Paris, il établit comme procureurs du collège de Skara le procureur de la nation qui était alors magister Navno Johannis de Dacia, et Cristiernus Hemmingi, socium suum, tout récent prévôt de Roskilde en Danemark et futur évêque de Ribe (Auct. 1, 831-832).
12 Listes des bacheliers de la faculté de décret (à partir de 1415) dans M. Fournier, L. Dorez et E. A. Van Moe, La faculté de décret de l’Université de Paris au XVe siècle, Paris, 4 vol., 1895-1942. Dépouillement bien décevant : un seul Danois, le chanoine de Roskilde et de Ribe ’de Awensbergh’, bachelier en décret le 15 avril 1416, dont la déclinaison d’identité ne mentionne que le nom de la terre familiale. Il est certainement l’un des fils du chevalier et conseiller royal Jens Nielsen de Avnsbjerg (ibid., t. 1, 2, p. 161).
13 Etudiés par A. L. Gabriel, op. cit. (n. 3).
14 Ainsi, Riksarkivet [RA], Stockholm, perg. brev 1681, 12.2.1382 : Henrik Karlsson était à Paris pour études lorqu’il fut élu évêque de Växjö. Il devint archevêque d’Uppsala l’année suivante. En 1385, il remboursa une dette qu’il avait contractée auprès d’un orfèvre parisien, sans doute au temps de son séjour (RA, perg. brev 2104, 5.4.1385).
15 En comptant l’auteur anonyme d’une lettre adressée au chapitre de Linköping dans le courant de l’automne 1414, dans laquelle il donne des nouvelles de son séjour à l’Université. Svenskt diplomatarium fran och med àr 1401 [SD], C. Silfverstope éd., 4 vol., Stockholm, 1879-1904, t. 2, no 2001. Il peut s’agir de Johannes Hildebrandi, chanoine de Linköping, entré en 1415 au monastère de Vadstena, qui se trouvait à Paris en 1414 (SD, t. 2, no 2000). Il était procureur du collège de Linköping et adressa au même moment une lettre à l’évêque de Linköping (ibid., no 1990). Les deux lettres se trouvent dans un manuscrit écrit pour une grande part de la main même de Johannes Hildebrandi (Bibliothèque de l’Université d’Uppsala, C6, f. 24r-v). Mon corpus serait alors de 50 universitaires.
16 Quatre étudiants en y incluant un certain Arnoldus Lof, déterminant en 1421, probablement identique à Arnouldus Loef qui, en 1424, produisit des témoignages attestant que lui et l’un de ses camarades erant nati in terris subjectis régi Dacie, et quod terre in quibus erant nati, habebant sua jura et leges a rege Dacie... (Auct. 2, 280 et 310-312). Un Arnt Læff était prébendier, en 1439, à la cathédrale d’Åbo (Turku) en Finlande, alors province suédoise, par conséquent soumise au roi danois de l’Union, mais jouissant de ses propres coutumes juridiques (Åbo domkyrkas svartbok, R. Hausen éd., Helsinfors, 1890, p. 379).
17 C’est la date de la première mention – dans le Liber procuratorum, il s’agit le plus souvent de la déterminance – qui a été prise en compte, à une exception près : magister Jacobus [Nicolai] de Dacia, examinateur pour la licence en 1379 (Auct. 1, 577), était déjà en 1370 socius du collège de Sorbonne et procureur de la nation (ibid., 360, passim) ; à l’Université de Cambridge en 1373, Jakob Nielsen revint à Paris à une date antérieure au 14 avril 1378. (ibid., 539). Pour les autres sources, l’affectation à une période est de toute manière imprécise : par exemple, j’ai comptabilisé Olaf Larsson, futur archevêque d’Uppsala, dans la période 1418-1422, en raison de la mention magister in artibus et baccalaureus in decretis insérée dans une supplique à Martin V datée du 28 mai 1418 (Acta Cameralia [Acta pontificum Svecica. Diplomatarium Svecanum appendix], L. M. Bååth éd., Stockholm, 1936-1957, t. 1, 2, no 1046). C’est la pemière mention du grade en droit que j’ai trouvée. La liste des archevêques insérée dans le registre de l’église d’Uppsala précise qu’il était in decretis baccalaureus parisiensis (Diplomatarium Suecanum, t. V, 1, B. E. Hildebrand éd., Stockholm, 1858, no 3834). Olaf Larsson a d’abord étudié à Prague (1407), puis à Leipzig où il est maître ès arts (28.12.1409). C’est donc plutôt entre 1410 et 1418 qu’il a fréquenté la faculté de droit parisienne.
18 M. Tanaka, op. cit., p. 39 et 279, donne l’état des listes de gradués.
19 Les années suivantes, le nombre d’étudiants se stabilise au niveau précédent : 35 (1388-1392), 36 (1393-1397), 36 (1398-1402). Ces chiffres proviennent de ma base de données informatisée concernant les étudiants Scandinaves (UNI), établie pour l’université bohémienne principalement à partir de A. Dittrich, A. Spirk, Monumenta historica universitatis Carolo-Ferdinandeae Pragensis, Prague, 1830-1834, t. 1 et 2 [MUP]. Voir à ce sujet E. Mornet, « Fiabilité et incertitudes de la prosopographie d’une élite sociale et intellectuelle : évêques et chanoines Scandinaves à la fin du Moyen Age », L'Etat moderne et les élites, XIIIe-XVIIIe siècles, J.-P. Genet et G. Lottes éd., Paris, 1996, p. 277-289.
20 Dom M. Felibien, Histoire de la ville de Paris, t. 4, Paris, 1725, p. 540.
21 Auct. 1, 745 et 746.
22 Dom M. Felibien, op. cit., t. 3, p. 226. Jens Basse se trouvait cependant au Danemark en mai 1387. L’ensemble du dossier est édité dans Diplomatarium Danicum [DD], 4e sér., t. II, H. Nielsen éd., Copenhague, 1987, et t. III, T. Riis éd., Copenhague, 1993, passim. AN, L 927, no 72.
23 Auct. 1, 573, 588, 589, 621, 623, 645, 646 (1er avril 1383) ; AN, M 73, no 15 (19 juin 1385) ; Auct. 1, 756 sq (1398). Cf. A. L. Gabriel, op. cit. (n. 3), p. 157.
24 Ils ne sont plus que 23 à Prague, entre 1403 et 1407.
25 De 1398 à 1407 : aucun étudiant à Vienne et Heidelberg ; 1 à Cologne, 9 à Erfurt ; de 1408 à 1422 : 4 étudiants à Heidelberg, 3 à Vienne, 53 à Erfurt, 74 à Leipzig (source : base de données UNI). La quasi-totalité des Scandinaves quitta Prague avec la nation saxonne en 1409 ; très rares sont ceux qui persistèrent dans les années suivantes.
26 En 1372, la constitution d’une université de droit indépendante, donna lieu à l’établissement d’une matricule spécifique qui reste la base principale d’une prosopographie des étudiants pragois.
27 Quatre étudiants seulement recencés de 1367 à 1371 (en raison de graves lacunes documentaires), 29 de 1372 à 1377, soit une moyenne annuelle de 4,8 immatriculations. Il faut donc nuancer l’effet de la translatio studii de Paris à Prague affirmé par M. Tanaka, op. cit. (n. 10), p. 45, et d’autres encore (supra n. 3). C’est l’attrait de l’université de droit qui a été décisif (E. Mornet, « Fiabilité... », p. 283).
28 Otto Bosen, maître ès arts en 1378 (Auct. 1, 538) et examinateur en 1383 (ibid., 655). Rotger Trast, originaire du diocèse d’Åbo, maître régent de 1396 à 1399 (Auct. 1, 727 passim). Il n’était plus à Paris l’année suivante, semble-t-il, puisque son frère, Frederik Trast, qui avait obtenu la licence sous la direction de Rotger, accéda à la maîtrise sous un autre maître, Johannes de Zutfania (ibid., 803 et 815). Frederik a ensuite quitté Paris pour y revenir en 1414-1415. A la session de Carême 1415, il était maître examinateur : Henning Hermansson a déterminé sous sa direction (Auct. 2, 189). Pour le quatrième, il n’est pas impossible que Jens Basse ait enseigné à la faculté des arts durant son long séjour à Paris (supra n. 22).
29 Voir le tableau de fréquentation des étudiants finlandais établi par S. Heininen et J. Nuorteva, « Finland », Ur nordisk kulturhistoria. Universitetsbesöken i utlandet fore 1600, Jyväskyla, 1981, p. 68. Près du tiers des étudiants repérés par les auteurs pour la période 1310-1519 sont allés à Paris.
30 Pour dix des douze évêques qui se sont succédé depuis Hemming (1338-1366) jusqu’à la veille de la Réformation, on connaît l’université fréquentée dans leur jeunesse : huit d’entre eux ont étudié à Paris.
31 Auct. 1, 587 (évêque de 1385 à 1412) ; Henrik Månsson, archidiacre ; Rotger Trast, prévôt (supra n. 28) ; Frederik Trast (supra n. 28), prévôt ; Jäpp Petersson Röd, chanoine. Ce dernier, après avoir fréquenté un temps l’Université de Leipzig (immatriculé en 1414), devint bachelier, licencié et maître ès arts en 1419 (Auct. 2, 262). Il ne quitta Paris qu’après juin 1428 (ibid., 381).
32 Peder Lykke (évêque de Ribe, puis archevêque de Lund), Paris 1379 ; Bryniolf Karlsson (Skara), 1379 ; Björn Balk (Åbo), 1380 ; Anders Jonsson (élu d’Uppsala, évêque de Strängnäs), 1382 ; Henrik Karlsson (élu de Växjö, archevêque d’Uppsala), 1382 ; Navne Jensen (Västeras, Odense), 1398 ; Jens Gerekesen (Uppsala, Skalholt), 1401 ; Christiem Hemmingsen (Ribe), 1401 ; Sigge Uddsson (Skara), 1407 ; Thomas Simonsson (Strängnäs), avant 1417 ; Olaf Larsson (Uppsala), avant 1418. Je tiens pour probable que l’évêque de Viborg, Hermann Rynkeby (1429-1438), est Hermannus de Dada qui, à la fin de 1401, remplaça comme procureur de la maison de Skara maître Navne Jensen et Christiern Hemmingsen (Auct. 1, 837).
33 Acta pontificum Danica [APD], A. Krarup et J. Lindbaeck éd., Copenhague, 1907-1943, t. 2, nos 1137, 1140, 1150-51.
34 II est mentionné comme bachelier en droit en 1420 dans le Diarium Vadstenense. The Memorial book of Vadstena Abbey, C. Gejrot éd., Stockholm, 1988, no 317. En septembre 1414, Johannes Hildebrandi reconnaît avoir reçu au nom du collège de Linköping, par l’intermédiaire de Frederik Trast, 12 écus de Gervin, alors curé de Lärbro en Gotland. Une dette contractée pendant son séjour à Paris, antérieur à cette date ? (SD, t. 2, no 2000).
35 J’ai compris cette fois-ci dans ce corpus Otto Bosen, de même que Niels Jakobsen Lunge, autre candidat malheureux à l’épiscopat à deux reprises, d’abord à Strangnas en 1402, puis à Ribe, où il fut nommé par Alexandre V le 9 octobre 1409, alors que le chapitre avait élu Otto Bosen. Il mourut avant le 18 décembre de la même année. Il s’inscrivit aux universités de Prague (MUP, t. 2, p. 135), d’Erfurt (J. C. H. Weissenborn, Acten der Erfurter Universität, Halle, 1881, t. 1, 74b30) et de Bologne (Acta Nationis Germanicae Universitatis Bononiensis 1289-1543, E. Friedländer et K. Malagola éd., Berlin, 1887, p. 162). En revanche, j’ai laissé de côté les évêques de Schleswig.
36 Ce sont surtout les évêques norvégiens (9 sur 14) qui alourdissent cette catégorie. On connaît le lieu d’études d’un seul évêque : celui de Bergen, Jakob Knudsen (1401-1420), à Prague en 1391.
37 Diplomatarium Norvegicum [DN], Christiania-Oslo, 1847-1992, t. 16, no 81, t. 17,1, no 426, 430. Une lettre du brigittin Johannes Hildebrandi (supra n. 15) à Audun en 1442 laisse entendre qu’ils se connaissaient : liens noués du temps de leurs études ? (ibid., t. 16, no 137).
38 Au corpus des évêques parisiens établi précédemment (n. 32), on doit ajouter Bengt Larsson, évêque de Linköping en 1436, bachelier en décret en 1428 (M. Fournier et L. Dorez, op. cit. (n. 12), t. 1, p. 322).
39 II s’agit de Henrik Karlsson, Björn Balk, Anders Jonsson, et Olaf Larsson (supra n. 32).
40 Leipzig : en 1416, Ulrik Stygge, évêque d’Århus (1424-1449), qui étudia aussi à Heidelberg ; en 1423, Gerd Pedersen, évêque de Børglum (1427-1453). Je n’ai pas bien entendu comptabilisé dans cette catégorie les étudiants de Paris – ou de Prague – qui fréquentèrent d’autres universités. Deux « Parisiens » ont fréquenté aussi Leipzig : Olaf Larsson (supra n. 17 et 32) et Thomas Simonsson (supra n. 32) en 1415.
41 DD, 3 IX, 389 ; Auct. 1, 580 ; DD, 4 II, no 21, 72, 544, 574.
42 SD, t. 1, no 241 ; DN, t. 19, no 636-637 ; SD, t. 2, no 1002 (17.9.1408).
43 Auct. 1, 763, 860-861. Il n’apparaît pas parmi les maîtres de la nation sur le rotulus de l’Université envoyé à Benoît XIII au moment de la restitution d’obédience en octobre 1403. Trésorier royal en 1413-1414 (SD, t. 2, no 803).
44 Auct. 1,823.
45 Voir E. Mornet, « Les chanoines de Roskilde au service des pouvoirs du début du XIVe siècle au milieu du XVIe siècle », I canonici al servizio dello Stato in Europa, secoli XIII-XVI, Ferrare-Modène, 1992, p. 185-206.
46 Le total dépasse les 51 étudiants du corpus, en raison des études supérieures menées par les gradués ès arts.
47 Respectivement 32,4 % et 63,3 %. M. Tanaka, op. cit. (n. 10), p. 62-63 : 30,8 % et 63,7 %.
48 Supra n. 12.
49 RA, Stockholm, KHKb, 14.10.1414 ; Auct., 2, 3 passim. Voir aussi Gervin Petersson (supra n. 34).
50 DD, 4 II, no 504 ; supra n. 22.
51 Johan Flicke, maître ès arts en 1421, était, en 1423, socius collegi Sorbone (Auct. 2, 280 et 297). On peut légitimement supposer qu’il poursuivait des études de théologie, tout comme l’avait fait Jakob Nielsen près de 50 ans plus tôt (supra n. 17 ; DD, 3 IX, no 168).
52 Maître Jäpp Röd du diocèse d’Åbo, qui séjourna à Paris de 1419 à 1428, a emprunté des livres de médecine à la bibliothèque du collège de Sorbonne (Auct. 2, 262 passim. Cf. J. Vieillard, « Le registre de prêt de la bibliothèque du collège de Sorbonne au XVe siècle », Les Universités à la fin du Moyen Age, Louvain, 1978, p. 286). Le second médecin est Jens Bosen, clerc du diocèse de Roskilde, qui, après avoir étudié à Cologne les arts et la médecine, vint vers 1414 à Paris. Bachelier en 1416, puis licencié en 1418, il fut maître régent de la faculté de médecine jusqu’en 1420 ou 1421 (il ne l’était plus en novembre 1421). Commentaires de la faculté de médecine de l'Université de Paris (1395-1516), E. Wickersheimer éd., Paris, 1915, t. 1, passim ; Chartularium Universitatis Parisiensis [Chart.], H. Denifle et E. Chatelain éd., Paris, 1889, t. 4, nos 2124, 2147, 2150.
53 AN, M 73 no 15. Cf. A. L. Gabriel, op. cit. (n. 3), p. 157.
54 Statuts édités dans Auct. 2, p. XI-XII ; MUP, t. 2, p. 148.
55 J. Verger, « Etudiants et gradués allemands dans les universités françaises du XIVe au XVIe siècle », Gelehrte im Reich. Zur sozial-und Wirkungsgeschichte akademischer Eliten des 14. bis 16. Jahrhunderts, Berlin, 1996 (Zeitschrift fur Historische Forschung, 18), p. 32.
56 Johannes de Dulmen, chanoine d’Åbo, futur évêque de Lübeck ; encore est-il devenu bachelier en droit canon à Paris avant 1382 (MUP, t. 2, p. 111).
57 Lettre éditée dans SD, t. 2, no 2001. Elle est datée après le 5 septembre 1414.
58 Supra n. 15. SD, t. 2, no 1990. On peut raisonnablement dater cette lettre du mois de novembre 1414 : elle mentionne que l’empereur Sigismond, en route pour le concile, est arrivé à Coblence. Après s’être fait couronner roi des Romains à Aix-la-Chapelle le 8 novembre, il quitta la ville le 12 pour Constance. Cependant, Johannes semble avoir déjà quitté Paris à ce moment-là : d’après le compte de ses dépenses de voyage, il se serait trouvé à Lübeck le 11 novembre (Bibliothèque de l’Université d’Uppsala, C 6, f. 95r.
59 SD, t. 2, no 1922. Il semble avoir eu l’intention de se rendre aussi à la Curie : ad romanam curiam et alibi ob devocionem et studium scolasticum profecturus...
60 Supra n. 28,31 et 34.
61 La bibliothèque du monastère de Vadstena fut un des principaux centres nordiques de conservation des œuvres de Gerson (E. Mornet, « Gerson en Scandinavie », Pratiques de la culture écrite en France au XVe siècle, Louvain-la-Neuve, 1995, p. 93-108). Même si les plus anciens manuscrits conservés ont été acquis plutôt à Constance qu’à Paris, on ne peut pas exclure que Johannes Hildebrandi, grand pourvoyeur de la bibliothèque en livres achetés ou copiés, ait contribué à faire connaître le chancelier de l’Université, dès son premier séjour à Paris. Il revint à Paris à la fin de l’année 1417 ou au début de l’année suivante.
62 Chart., t. 3, no 2027 ; relation dans Journal de Nicolas de Baye, greffier du Parlement de Paris, t. 2, A. Tuetey éd., Paris, 1888, p. 127. Johannes confond cependant Coutances et Constance.
63 Ces nouvelles ne sont pas seulement internes à l’Université : par exemple, Johannes annonce la mort du roi de Naples Ladislas survenue le 4 août 1414 et il évoque l’ambassade anglaise qui arriva à Paris à l’automne 1414 (RSD, XXXV, 22, t. 3, p. 376).
64 Les lettres sont contenues dans le recueil épistolaire très composite constitué par Johannes Hildebrandi lui-même (supra, n. 15), qui rassemble des pièces se référant pour l’essentiel à la période comprise entre le début du XVe siècle et la fin du concile de Constance. Outre des lettres concernant le monastère de Vadstena, Johannes a copié tout un dossier sur la question de l’évêché de Strängnäs et des pièces se rapportant au concile de Pise.
65 La condamnation des atteintes royales aux libertés de l’Eglise suédoise fut ensuite prononcée au concile provincial d’Arboga, en septembre 1412 (SD, t. 2, no 1616).
66 RSD, XXI, 5, t. 2, p. 768.
67 Choix de chroniques et mémoires sur l'Histoire de France, J. A. C. Buchon éd., Paris 1841, p. 410. Ce n’est pas étonnant si l’on considère que la principale source de Jean Juvénal des Ursins est justement la chronique de Michel Pintoin.
68 Isabelle vécut auprès de sa mère, Anne Dauphine, laquelle mourut en 1417. On la trouve sous le nom de Mademoiselle dans les registres des comptes de la duchesse. Elle vivait encore en 1451. J.-M. de La Mure, Histoire des ducs de Bourbon et des comtes de Forez, t. 2, R. Chantelauze éd., Paris, 1868. Je remercie Olivier Mattéoni de ces renseignements.
69 RSD, XXI, 4, t. 2, p. 764-766. A ce sujet, H. Moranville, « Relations de Charles VI avec l’Allemagne en 1400 », BEC, 47 (1886), p. 489-511.
70 II ne faut pas oublier que Michel Pintoin écrivait sa chronique quelques années après les événements, B. Guenee, « Michel Pintoin, sa vie, son œuvre », RSD, Introduction, t. 1, p. XVIII.
71 Deux futurs évêques pourraient avoir rempli cette mission d’ambassade avec une certaine vraisemblance. Le dilectus regine Niels Jakobsen Lunge, chanoine de Roskilde et archidiacre de Trübnitz (évêché de Schwerin), qui tenta de s’imposer sur le siège de Strängnäs en 1402 et continua à s’intituler évêque de Strängnäs malgré son échec (SD, t. 4, no 2902 ; supra n. 35). Une quittance datée du 7 avril 1402 atteste qu’il [« précédemment chanoine de Roskilde et présentement évêque de Strängnäs »] a remboursé deux prêts de 40 et 50 francs contractés quelque temps auparavant à Paris (Hansisches Urkundenbuch, K. Kunze éd., t. 5 : 1392-1414, Leipzig, 1899, no 524). Ou bien l’archidiacre de Roskilde Peder Lykke, évêque de Ribe en 1409 (supra n. 42) : non seulement il connaissait bien la capitale française, puisqu’il y avait étudié dans sa jeunesse, mais il fut, dès le printemps 1401, l’un des principaux négociateurs du mariage anglais. Il reçut un sauf-conduit de Henri IV le 3 mai 1401 (DN, t. 19, no 634). Ne pourrait-il avoir reçu une mission similaire auprès de la cour de France ?
72 H. Moranville, op. cit., pièce just. IX, p. 505 : « Aux roys de Poulaine et de Danemerche ».
73 Une lettre de la reine, datée du 21 février 1400, demandait aux autorités de la ville de Cologne un sauf-conduit pour ses envoyés l’évêque d’Odense Tetz et le chevalier Folmer Jakobsen, en tournée d’ambassade (Hansisches Urkundenbuch, op. cit. (n. 71), no 399). L’ambassade française arriva à Cologne le 18 mai 1400. Il n’est pas impossible que les lettres royales aient été remises à Cologne ou à Francfort aux ambassadeurs danois.
74 II y eut dans l’Eglise danoise, au début du Schisme, des partisans de Clément VII. Le 18 mai 1382, Urbain VI recommanda en effet au collecteur pontifical pour le royaume de Danemark, l’évêque de Schleswig Hans Skondelev, de confisquer les bénéfices de ceux qui avaient adhéré à Clément VII. Il s’agissait peut-être d’une mesure préventive, significative néanmoins d’une certaine irrésolution (APD, no 771). D’autre part, un échange de lettres eut lieu en 1389 entre Clément VII et Marguerite (ibid., no 792).
75 Le 29 mars 1401, Boniface IX concéda à la reine toute une série de grâces, en particulier celle de disposer à nouveau des bénéfices et dignités ecclésiastiques sur lesquels la couronne avait exercé un droit de patronat (DN, t. 17, nos 213 sq). Il s’agissait sûrement pour le pape romain de conforter l’adhésion des souverains nordiques à sa cause.
76 H. Millet, E. Mornet, « Un témoin Scandinave de la propagande en faveur du concile de Pise (1409) », dans Papauté, Monachisme et Théories politiques, t. 1 : Le pouvoir et l’institution ecclésiales. Etudes d’histoire médiévale offertes à M. Pacaut, Lyon, 1994, p. 123-133.
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