Annexe VI
p. 20-24
Texte intégral
1. Transcription
1[Signatures et chachets de droite à gauche]
2. Traduction
2Voici ce qui est exposé à la bienveillante connaissance et aux sentiments compatissants de Son Excellence le fortuné efendi vali de Djedda et cheikh du saint Haram mecquois – que durent sa grandeur et sa prospérité.
3Les soussignés portent à votre connaissance les troubles que leur apportent une situation et des affaires contrariantes. Du temps de votre prédécesseur l’efendi Kāmil Pacha, nous avons constaté une manœuvre secrète et voulue de la part du susmentionné, qui a abouti à la désignation de Faraj Yusr comme chef des négociants de Djedda. Nous nous sommes conformés à cette désignation comme il convient. Le susmentionné est resté à ce poste tout le temps du gouvernorat de Son Excellence susnommée, sans prêter attention à autre chose qu’à l’amélioration de ses propres affaires et leur essor, à nos dépens. Il ne cessait de courir entre les négociants et les marchands au détail sujets de l’Empire et des pays étrangers qui habitent à Djedda, avec des paroles qui incitaient aux disputes, et des manœuvres qui provoquaient l’apparition de dissensions et d’attitudes hostiles : elles ont poussé son affaire à ce dont vous avez été informé, avec le ḫawāja Sava, à propos de la maison Bā Ḫadlaqī, et au sujet du cheikh Yūsuf Bā Nāja et de son différend [avec Sava]. Puis se sont enchaînés les sujets des agitations et de dissensions, jusqu’à ce que la situation à Djedda en devienne pénible et épuisante. Un des marchands de Djedda en a même quitté la ville de dégoût. Et le fait est que tout cela n’arrivait que par la faute et les manœuvres de Faraj Yusr.
4Il fut à l’origine d’affaires contraires à noble loi religieuse et à la haute loi civile en vigueur. C’était sans compter la providence de Dieu – qu’Il soit exalté – et, grâce à vos valeureux efforts, l’apaisement fut établi. Ces enfreintes ne se sont produites qu’à l’époque à laquelle le hājj Faraj Yusr occupait la fonction de bāš tujjār parmi nous, et cela dans le seul but de poursuivre des objectifs dont il vit qu’ils ne seraient atteints qu’en suscitant des dissensions. De telles menées de sa part étaient une extrémité dont nous ne pûmes plus, et nous avons pensé que le silence sur cela conduirait peut-être à des choses plus graves encore.
5Dieu – qu’Il soit exalté – nous a accordé la venue de Votre Excellence dans ces vénérables régions ; votre sollicitude s’est manifestée pour les sujets de l’Empire, comme votre sens satisfaisant de la justice, votre grande attention pour les intérêts des hommes, la sérénité des petites gens et des grands.
6C’est pour cette raison que nous avons pris la liberté d’adresser cette [pétition] à Votre Honneur. Nous prions votre sens de la compassion et de la justice de démettre le ḥājj mentionné de cette fonction, pour qu’il ne puisse plus s’opposer à nos intérêts car nous en avons assez de ses méfaits, et que vous choisissiez, pour le mettre à la place du ḥājj Faraj Yusr, un des marchands de Djedda qui attire votre regard parmi ceux dont la rectitude, la compétence et la probité vous paraissent vérifiées et supérieures, afin que se calment les dissensions et que soit rétablie la sérénité de tous les marchands et habitants du port de Djedda, sujets de l’Empire et des pays étrangers. Et [nous vous prions] de lui interdire après sa démission de se mêler de ce qui ne le concerne pas. Car nous sommes tous sous la protection de Dieu et de l’Empire – que Dieu lui accorde longue vie. Nous sommes venus à Votre Excellence pour nous plaindre. Nous avons présenté notre requête pleins d’espoir, ne décevez pas nos attentes. Lorsque tous les habitants du port retrouveront la sérénité, cela incitera à faire de bons vœux pour notre maître le Sultan de l’islam – que Dieu lui accorde la victoire continuellement.
7Voici qu’il fallait exposer à Votre Excellence. Et la décision revient à celui qui a le pouvoir de décider. Que Dieu prolonge votre existence, efendi. 2 août 1857.
8[Votre] serviteur Muḥammad Mubārak Jalīl ; [votre] serviteur le cheikh al-Aḥmad Bā Raḥīm ; [votre] serviteur le ḥājj Ḥasan al-Sindī ; [votre] serviteur le cheikh Sa‘īd ibn Ḥasan al-‘Amūdī ; [votre] serviteur le cheikh Muḥammad Ibrāhīm Baġlaf ; [votre] serviteur le cheikh ‘Alī Bā ‘Išin ; [votre] serviteur cheikh ‘Umar Bā Darb ; [votre] serviteur le cheikh Yūsuf Bā Nāja ; [votre] serviteur cheikh ‘Abd al-Ġaffār Bā Ġaffār ; [votre] serviteur le syndic des sayyids de Djedda, sayyid ‘Abd Allāh Bā Hārūn ; [votre] serviteur [… ?] ‘Abd Allāh ibn Aḥmad Batwā ; [votre] serviteur Muḥammad Delī ibn Muḥammad Safiyya Muḥibiyya ; [votre] serviteur Abū Bakr Mastūḫān Quṭb ; [votre] serviteur ‘Abd Allāh Šayḫ ‘Umar Sarrāj ; [votre] serviteur Ḥasan bin Aḥmad Bā Bṭīn ; [votre] serviteur Aḥmad Bālḥūl ; [votre] serviteur Aḥmad Sālim Bā Ḫayḍar ; [votre] serviteur ‘Ubayd Sālim Bā Nā‘ma ; [votre] serviteur Sa‘īd ibn ‘Abd al-Karīm Bā Ḫadlaqī ; [votre] serviteur Aḥmad Bā Rasayn.
Notes de bas de page
1 . Source : BBA HR. MKT. 205-72.
2 هدايز : original Dans le texte
3 ّقاشملا : lire Il faut
4 Pour la traduction de cette tournure compliquée, j’ai opté pour la forme, attestée, dérivée de nafīs : « de qualité ». On pourrait aussi traduire par « dans les esprits qui sont l’objet de votre sollicitude,… ».
5 . يّدأي : original Dans le texte
6 Sic (présence d’un ū long à la place d’une ḍamma).
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