Une arme venue d’ailleurs
Portrait de l'étranger en empoisonneur
p. 95-106
Texte intégral
1Au commencement d'un article rédigé voici un siècle sur la vision des Anglais par les Français au cours du Moyen Âge, Charles-Victor Langlois écrivait ces propos : « Les grandes masses d'hommes voient les grandes masses d’hommes voisines suivant les règles d'une optique particulière, qui n'embellit pas ; elles ne distinguent point les nuances ; elles simplifient et par une synthèse grossière d'observations incomplètes, elles créent des types collectifs. Ces types, naïvement schématiques, hantent dès qu'ils sont fixés, l'imagination populaire »1. C'est celle-ci qui parle par la bouche de Peuple français, quand cette personnification mise en scène par Pierre Gringore, en 1506, dans le Jeu du Prince des sots, s'écrie à l'adresse de son interlocuteur Peuple ytalique : « Chascun a de ton cas notice : / Poison, en lieu de bonne espice, / Tu bailles, offensant la loy »2. Parmi les motifs de la xénophobie ordinaire, un thème apparaît donc qui semble avoir peu retenu jusqu'à présent l'attention des médiévistes : il s'agit de l'association de la figure de l'étranger avec celle de l'empoisonneur.
2Inscrite dans le cadre général d'une recherche sur le crime de poison médiéval, la présente étude se fonde sur une base documentaire mêlant traités toxicologiques, œuvres littéraires, historiques et géographiques, enfin des documents judiciaires. L'enquête s'attachera en premier lieu à fournir quelques exemples de ce discours xénophobe particulier à échelle de référence variable. Puis, elle s'efforcera de cerner les possibles raisons qui conduisent ceux qui le tiennent à localiser comme ils le font les terres d'élection des empoisonneurs. Enfin seront présentées quelques hypothèses d'explications sur les fonctions de ce discours mettant en quelque sorte à distance le crime de poison.
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3La propension à reporter sur l'étranger, entendu au sens large et imprécis que lui donne le Moyen Âge3, le recours à l'arme du poison prend naissance bien avant cette période. Ammien Marcellin relate l'histoire d'un préfet romain qui pourchasse les venefici de l'Urbs après avoir perdu un œil à cause de leurs méfaits lors d'un séjour syrien4. De la Syrie au royaume de Mithridate, l'Orient suscite à Rome un discours où se mêlent fascination et terreur5.
4L'Occident médiéval partage cette vision. Le poète Eustache Deschamps affirme à chaque refrain de sa ballade sur les empoisonneurs : « En Orient servent tel buvrage »6. Figure une liste des pays où se servent les fatales potions : « En Espaigne, Calabre et Arragon, / Chippre et Puille, en Romayne [Romanie] font prendre, / En Sezille souvent le bon bouquon / Qui la mort fait souldainement descendre »7. Plus loin surgissent les Lombards et leur « boire doubteux »8. On discerne ainsi une double géographie du poison : l'une, large, qui situe en Orient la patrie des empoisonneurs ; l'autre, plus proche, qui les place en lisière du royaume des Valois.
5L'actualité rapportée par les chroniqueurs alimente bien sûr le propos du poète car les cas et rumeurs d'empoisonnement impliquant les « estranges pays » y abondent. On peut par exemple lire dans la chronique des règnes de Jean II et Charles V que Blanche de Bourbon, la femme de Pierre le Cruel, roi de Castille, est morte « mauvaisement et traîtreusement », façon courante d'insinuer qu'elle a été empoisonnée9. Le roi Charles le Mauvais désireux d'en finir avec Charles V, recrute des gens pour l'empoisonner10 et tue par le venin Séguin de Badefol11. Au siècle suivant surviennent à Barcelone les morts suspectes du comte de Vaudémont et du duc de Lorraine (1470)12. Le Religieux de Saint-Denis fait écho aux conceptions que l'on se fait de la péninsule italienne, et singulièrement de la Lombardie, au temps de Charles VI. Non seulement il mentionne les crimes venimeux de Galéas Visconti13, mais il en tire une appréciation générale sur les Lombards : le recours au venin est dans les mœurs communes de leur pays14 dont le seigneur-duc fait tester ses plats par vingt goûteurs ne more patrie inficerentur veneno15. Une fois Charles VI devenu fou, beaucoup pensent que sa démence n'a d'autre origine que la malfaisance de Valentine Visconti, accusée de recourir aux poisons et sortilèges parce que, là d'où elle vient, poisons et sortilèges font rage plus que partout ailleurs16. Cette rumeur contraint la duchesse à s'éloigner de Paris17. Froissait rapporte lui aussi la « commune renommée » de ces années 1393-1397 et prête à Galéas la mort « assez merveilleuse » du duc de Clarence son gendre, homme jeune et fort dont seul le poison a pu interrompre la vie18. Au siècle suivant, le chambellan de Philippe le Bon, Jehan Coustain, veut se fournir en substance toxique destinée au comte de Charolais auprès d'une Savoyarde, voisine de la Lombardie où « gens de subtils arts repairent d'ancienneté »19, après avoir vainement tenté de se procurer lui-même du poison en Piémont20. Robert Gaguin signale que Ludovic Sforza est arrivé au pouvoir par des moyens venimeux entre autres21. Apparaît une autre puissance transalpine : Venise, à qui Jean Lemaire de Belges prête des « gentillesses » de « proditeurs » telles que des tentatives d'empoisonnement du roi de Chypre ou du cardinal d'Amboise22 Ainsi s'établit vers 1500 une géographie du poison intégrant aussi la Rome des Borgia (qui synthétise, si l'on peut dire, les traditions ibériques et les traditions italiennes)23 et le royaume de Naples, où la mort de soldats de Charles VIII est attribuée au poison mêlé à du vin en 149524, puis bientôt la Toscane. Un texte de 1589 finit par opposer les anciens Romains « constants en toute saison » aux modernes Italiens constants « en toute poison »25.
6Nous sommes alors à l'aboutissement de l'évolution de la localisation des empoisonneurs. Moins promptes à se saisir des cas d'empoisonnement italiens en particulier pour verser dans des généralisations xénophobes, les sources antérieures au XIVe siècle affectent aux utilisateurs de poison une « patrie » à la fois plus vague et plus lointaine. Cette « patrie », c'est l'Orient qu'Eustache Deschamps n'a pas perdu de vue en répétant que les faux breuvages viennent du Levant, et spécialement de la « Romayne ». Dans son traité communément intitulé De venenis et eorum commodiis remediis, Pietro d'Abano affirme à son lecteur – peut-être Boniface VIII – que la très horrible pratique de l'empoisonnement a pris naissance et essor dans les partes orientales et meridionales26. Les sources narratives relatant les croisades présentent effectivement des cas d'empoisonnements d'origine « infidèle » contre les chrétiens ou entre musulmans mais aussi des affaires impliquant les « Grecs ». Eudes de Deuil rapporte un curieux incident survenu à des Allemands de passage en la ville actuelle de Plovdiv lors de la deuxième croisade. Apeurés par le lâchage d'un serpent au milieu des leurs par une sorte de jongleur, ils lynchent sans merci l'amuseur et, formule exprimant remarquablement l'état d'esprit des Occidentaux à l'encontre des chrétiens d'Orient, « imputent le crime d'un seul à tous, disant que les Grecs voulaient les tuer par le poison »27. Dans son Directorium ad passagium faciendum écrit en 1332, le Précheur Brocardus avertit Philippe de Valois de la « generale propriété de touttes les nations d'Orient » pour le détourner de quelque alliance avec les orthodoxes : « Sy vous gardé doncques, mon souverain seigneur..., que vous n'ayez nul ennemy en vostre pis et que vous ne nourrissiez nul escorpion ou serpent en vostre giron »28. La connotation vénéneuse de l'image animalière choisie ne doit rien au hasard. Et Guido da Vigevano écrit pour le même monarque en 1335 un Texaurus regis francie acquisicionis Terre sancte muni significativement d'un court traité destiné à garder Philippe des empoisonnements29. Entre le traité de Pietro d'Abano et celui de Guido da Vigevano, l'affaire des empoisonneurs de puits de 1321 a renforcé l'opinion commune sur la « toxicité » des Orientaux puisque les accusés ont avoué que l'origine du complot remontait aux sultans de Grenade et de Babylone30.
7Parmi les « stéréotypes de psychologie nationale »31, la propension de tel peuple ou de telle région étrangers à recourir au poison, tant en son sein que contre ses voisins, figure donc en bonne place. A une vision large opposant la chrétienté latine à ses voisins de l'est et du sud, et ignorant encore les spécialités empoisonneuses des Lombards par exemple, s'adjoint après 1300-1330, en France en tout cas, une vision resserrée, nationale pourrait-on dire, prêtant des mœurs empoisonneuses à des contrées chrétiennes. Pourquoi ce trait ressort-il davantage pour certaines ?
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8Tous les voisins du royaume de France ne sont pas en effet logés à la même enseigne du poculum mortifère. Par exemple les Anglais apparaissent rarement en empoisonneurs. Lors d'une des tentatives d'empoisonnement fomentées en 1385 par le roi de Navarre contre les Valois, l'homme chargé de commettre le crime est un Anglais, Jean Delstein32. Or, Michel Pintouin, qui rapporte l'affaire, ne profite pas ici de l'occasion pour stigmatiser une quelconque propension des Anglais à empoisonner leurs ennemis alors même qu'en mai 1384, un autre Anglais, Robert Wourdreton, valet d'un ménestrel anglais lui aussi, confessait au Châtelet avoir tenté d'empoisonner les princes des lys pour le compte du même Charles le Mauvais33. Non, dans les esprits, le poison vient avant tout du Sud et du Levant. Dans quoi peut s'enraciner cet imaginaire ?
9Au fondement des représentations médiévales, il y a souvent la Bible. Orderic Vital raconte comment un abbé calabrais d'origine normande périt du poison à lui baillé par un boulanger sarrasin imitant Ismaël persécutant son frère Issac34. Mais les Écritures ne disent en rien que le personnage tenu pour l'ancêtre des musulmans s'ingéniait à vouloir empoisonner l'ancêtre des juifs35. Il faut chercher ailleurs.
10On peut regarder du côté de la perception occidentale d'un Orient fantasmatique36 qui renferme des plantes dangereuses et des individus détenant des savoirs aussi secrets qu'inquétants. Vers le milieu du XIVe siècle, Jehan de Mandeville décrit les îles de l'océan Indien où l'on trouve « des arbres qui portent farine et d'autres qui portent venin »37. Il fait le lien avec l'accusation d'empoisonnement collectif éclatée en 1348. Avant que ne l’emportent les théories aéristes, les juifs ont en effet été accusés d’avoir semé la mort noire en jetant des poudres dans les fontaines et les rivières de l'Occident. Mandeville dit avoir entendu les aveux d'un juif sur le point d'être exécuté : c'est dans les îles aux arbres portant venin que ses coreligionnaires avaient été envoyés quérir de quoi commettre l'horrible méfait38. La faune rejoint la flore pour la toxicité : Foucher de Chartres décrit les abominables serpents de la terre des Sarrasins39. Le crime de poison est donc commis communément là où les substances toxiques sont à portée de main grâce à la nature ou au commerce, si actif dans les villes de l’Islam.
11Lorsque le poison prend des formes plus élaborées requérant les connaissances des secrets de la nature, l'Orient apparaît également. D'après Orderic Vital, le seul homme capable de guérir le prince Louis de l'empoisonnement dont l'a accablé sa marâtre Bertrade de Monfort vient de chez les « païens » où gisent les secrets de la « physique », secrets réversibles si l'on peut dire40. Adèle de Pouille les connaît qui a appris des médecins de Salerne – dont l'école se vantait d'avoir pour fondateurs un chrétien, un juif et un musulman – le savoir des poisons pour se débarrasser de son beau-fils Bohémond41. Le médecin « très grant clerc et subtil », engagé par Charles le Mauvais pour confectionner un produit capable de tuer Charles V, est originaire de Chypre, île que sa situation rend perméable aux mauvaises influences. L'art des poisons sourd ainsi des savoirs orientaux vus avec inquiétude et curiosité en Occident, où arrive toute la littérature toxicologique d'origine juive ou arabe aux XIIe et XIIIe siècles42 : Avicenne, Rhazès43, Maimonide44 ou Ibn Washiyya45 ont appris à Pietro d'Abano la brillante science de l'Orient en même temps que ses mœurs qui réclament la rédaction de traités pour préserver les puissants du venin.
12Des motifs d'ordres psychologique et moral existent aussi. Dans la civilisation du Moyen Âge occidental, une association est faite entre le recours au poison et la nequitia, la ruse par impuissance, puisque l'arme venimeuse permet au « hardi couard » « failli de cueur » (Eustache Deschamps46) d'éviter l'affrontement loyal avec l'adversaire, ainsi que l'illustre l'affaire de 1321 imputée au désir des princes infidèles de battre leurs ennemis supérieurs en arme47. Or les appréciations morales portées à longueur de récits de croisade sur les chrétiens d'Orient comme sur les Infidèles soulignent la fausseté de ces Orientaux chez qui la ruse prévaut sur la force48. Brocardus dit des gens de l’Orient qu'« ilz ne sont gens en ce monde... plus soubtilz à decepvoir, ne plus cauteleusement traictans une traïson »49. Les vices moraux des Orientaux les prédisposent donc à employer le poison, figure inversée du glaive.
13Pour le second cercle plus proche des empoisonneurs étrangers, on retrouve des éléments d'explication voisins. La nature italienne ou ibérique n'est sans doute pas aussi riche en flore et faune toxiques que les îles de l'océan Indien ou la Palestine, mais elle possède des particularités pouvant favoriser une réputation. Alcuin considère déjà l'Italie comme un pays malsain à l'air nuisible50, allusion à la malaria qui sévissait dans les environs de Rome. Or, divers décès manifestement dus à cette affection – celui de Charles le Chauve, celui du pape Damase II (1048)51 – passent pour avoir des origines venimeuses, si bien que l'association poison-Italie peut trouver là une première origine indépendante des habitants du lieu, davantage impliqués dans un second motif d'ordre socio-économique, apparaissant aux derniers siècles médiévaux. Il semble en effet que le métier d'apothicaire ait été souvent pratiqué en France par des Italiens52. Le maître apothicaire qui examine le corps de Blanche de France se nomme par exemple Simon le Lombart53. Or apothicaires et épiciers sont fréquemmment impliqués dans la confection du poison54. Guichard de Troyes se serait procuré l'aide de Cassiano Petri, apothicaire lombard, préparateur du venin baillé à la reine Blanche de Navarre55 ; un certain Bartolomeo, apothicaire de la même origine, apparaît dans une vaste affaire de poison et d'hérésie présente dans le registre d'inquisition de Jacques Fournier56. Cette piste sociale rejoint en fait la détention des secrets de la nature prêtée aux Orientaux : connaisseurs de l'effet des minéraux ou des végétaux, les apothicaires originaires d'outremonts entretiennent le soupçon à leur encontre.
14S'ajoute la piste morale. Ceux qui soulignent le penchant empoisonneur des Italiens rattachent celui-ci à leur lâcheté dissimulatrice. Certains récits germaniques de la descente d'Henri VII en Italie relatent l'empoisonnement de l'eau et des grains par les adversaires de l’empereur qui sont dans l'incapacité de lui opposer des forces armées57. Le Religieux de Saint-Denis estime que les Lombards utilisent de préférence la ruse traîtresse et agissent dans l'ombre, clam et non in aperto58, prédisposition, pourrait-on dire, à recourir à l'arme clandestine et insidieuse qu'est le venin. Le Livre des Trahisons de France voit leur patrie comme le pays de la trahison par excellence59. Chez Pierre Gringore, les « faulx bruvaiges » désignent autant les paroles trompeuses que les potions douteuses présentées à l'adversaire60.
15Cette similitude des tempéraments péninsulaires et « orientaux » n'est évidemment pas due au hasard. La présence plus ou moins longue des musulmans en Espagne et en Italie, les relations équivoques entretenues par certaines puissances méditerranéennes avec les princes de l'Islam ont imprégné Italiques et Ibériques des mœurs détestables des Sarrasins : Galeas Visconti est au mieux avec Bajazet61. La contiguïté géographique qui peut expliquer le mieux la réputation d'empoisonneurs faites aux chrétiens du sud de l'Europe explique, a contrario, que les Anglais ou les Allemands, présentant bien d'autres vices62, n'en soient pas accablés. En revanche, le risque que court la France selon Gringore, c'est que les Français soient « ytaliqués »63, c'est-à-dire gagnés par les mœurs des péninsulaires.
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16Cette expression curieuse recouvre une réalité que même les plus attachés à la grandeur du royaume de France ne peuvent céler : loin d'être l'exclusivité des étrangers, le crime de poison se commet aussi au pays du Très-Chrétien. On peut se demander alors quelles fonctions remplit le discours à l'évidence imaginaire et fictif tendant à prêter la pratique de l'empoisonnement à certains peuples. On peut dégager deux axes de réponse.
17Le premier met en jeu, comme tous les éléments d'un discours xénophobe, la construction de l'identité : identité occidentale d'abord, face aux autres civilisations accusées d'ignorer l'éthique chevaleresque pour vider une querelle, et de préférer les insidia veneni au verdict pur du glaive que l'ouvrage arabe intitulé le Livre des ruses trouve au contraire bien moins commode et économique que le venin64. Le recours au poison comme penchant naturel des Orientaux constitue un repère pour distinguer d'eux les Latins ou les Francs. Que ceux d'entre ces derniers qui sont installés en Terre sainte tombent dans les travers des anciens maîtres des lieux prouve seulement le caractère contagieux des mœurs levantines.
18Après 1300, l'émergence de nations à l'intérieur de cet Occident s'accompagne d'une discrimination nécessaire à leur différenciation. De notre point d'observation privilégié qu'est la France, on voit bien quel rôle a pu jouer ce discours sur le poison venu d'ailleurs. Ayant une certaine propension à se croire dépositaire par excellence des valeurs chevaleresques, le royaume Très-Chrétien que Deschamps confond dans son poème avec l'Occident, en dénie l’illustration par d'autres. Un des moyens de le faire est de marquer la propension de certains voisins à recourir à l'arme venimeuse, indice de collusion avec les infidèles et de trahison d'une chrétienté seule défendue par le roi de France. Cette propension reflète aussi, autre fondement identitaire, une profonde différence de régime politique. Au régime monarchique parfait des Français s'oppose le régime tyrannique des seigneurs de Milan dont la légitimité douteuse implique l'intrigue et le meurtre65. Or le poison est l'arme des tyrans. Que tient en effet le personnage central de la fresque du mauvais gouvernement de Sienne, sinon une fiole de poison66 ? Que dit Gerson dans Vivat rex, sinon que « comme venin ou poison occit le corps humain, pareillement tyrannie est le venin et le poison et la maladie qui met à mort toute vie politique et royale »67 ? L'empoisonnement est l'un des visages de la tyrannie, et Jean Petit le sait très bien qui, dans son apologie du tyrannicide, en impute plusieurs à Louis d'Orléans, l'époux de la Lombarde, préfiguration du « Français ytaliqué » de Gringore. Traître à sa patrie, l'empoisonneur tient ici le parti de l'étranger : crime de lèse-majesté au moment où le patriotisme naissant prend d'abord la forme de l'obéissance monarchique.
19Quand les chroniques relatent des empoisonnement perpétrés entre « nationaux », l'association étranger/empoisonneur révèle donc la trahison suprême des utilisateurs du poison et implique leur infamie. C'est pourquoi l'accusation d'empoisonnement est une arme de propagande utilisée lors de la querelle des Armagnacs et des Bourguignons, les premiers étant accusés par les seconds d'avoir tué plusieurs des dauphins de Charles VI par des substances toxiques68 ; au plus fort des tensions entre Louis XI et Charles le Téméraire, ce dernier répand des libelles assez semblables à ceux de son grand-père Jean Sans Peur, pour informer le royaume que son chef tyrannique a fait empoisonner son propre frère Charles de France69. Cette propagande s'exerce tour à tour contre un parti lié à la Lombardie, puisqu'il défend l'héritier de Louis d'Orléans et de Valentine Visconti, puis contre un roi connu pour la fascination qu’il nourrit à l'égard du duc de Milan, François Sforza70.
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20Le présent travail a davantage porté sur des représentations que sur des faits tangibles, qui sont toujours extrêmement difficiles à reconstituer. À vrai dire, l'examen des discours tenus sur les empoisonnements n'est pas sans péril car l'historien est tenté de forcer le sens des textes pour les mettre au service de sa démonstration et de débusquer des non-dits ou des sous-entendus invérifiables derrière de brèves mentions. Mais s'il fallait s'en tenir à l'explicite, l'enquête manquerait singulièrement de matière. Alors il faut trouver un délicat équilibre et reconstituer des schémas mentaux vraisemblables et cohérents.
21À ce jeu, il ressort que le portrait de l'étranger en empoisonneur est bel et bien tracé durant le Moyen Âge, et que ses traits représentent d'abord un Sarrasin ou un Byzantin avant de prendre la physionomie de l'Ibérique ou, surtout, de l'Italien. Comme bien souvent, ce portrait dépeint surtout celui qui l'exécute. Il occupe un champ particulier de la xénophobie fondée sur des raisons avant tout culturelles et également politiques. En expulsant hors du cadre de la chrétienté latine puis de la monarchie nationale l'utilisateur du poison, le portrait dessine par contraste la figure idéalisée de l'Occidental ou du régnicole. Honte à qui s'en écarte !
Notes de bas de page
1 C.-V. Langlois, « Les Anglais du Moyen Âge d'après les sources françaises », RH, 52 (1893), p. 298-315, ici p. 299.
2 Pierre Gringore, Œuvres complètes, A. de Montaiglon, J. de Rotschild éd., Paris, 2 vol., 1858-1877, t. 2, p. 247.
3 P. Contamine, « Qu'est-ce-qu'un 'étranger' pour un Français de la fin du Moyen Âge ? Contribution à l'histoire de l'identité française », Peuples du Moyen Age : problèmes d'identification, C. Carozzi et H. Carozzi-Taviani dir., Aix-en-Provence, 1996, p. 27-43.
4 Ammien Marcellin, Histoires, W. Seyfarth éd., Leipzig, 1978, XXVI, 3, t. 2, p. 6-7 (vers 360).
5 Voir J. De Maleissye, Histoire du poison, Paris, 1991, chap. 6, p. 153-169.
6 Eustache Deschamps, Œuvres complètes, A.-H.-É. Queux de Saint-Hilaire éd., Paris, 11 vol., 1878-1904, ballade 465, t. 3, p. 282-283 ; éd. récente dans Eustache Deschamps en son temps, J.-P. Boudetet H. Millet dir., Paris, 1997, p. 243-244.
7 Ibid., vers 10 et suiv.
8 Ibid., avant-dernier vers.
9 Ce que conteste la confession de Pierre du Tertre, secrétaire de Charles le Mauvais, tout en se faisant l'écho de rumeurs d'empoisonnement : D.F. Secousse, Recueil de pièces servant de preuves aux mémoires sur les troubles excités en France par Charles II, Paris, 1755, t. 2, p. 388 ; Chronique des règnes de Jean II et de Charles V, R. Delachenal éd Paris 4 vol 1917-1920, t. 2, p. 70.
10 Ibid., t. 2, p. 295 et 297 ; reproduction de la confession de Jacques de Rue, en mars 1378, également publiée dans D.F. Secousse, Recueil de pièces..., op. cit. n. 9., p. 374 et suiv.
11 Chronique des règnes de Jean II..., op. cit. n. 9., t. 2, p. 301.
12 Philippe de Vigneulles, Chronique, C. Bruneau éd., 6. vol., Besançon-Metz, 1927-1933, t. 2, p. 404.
13 Chronique du Religieux de Saint-Denis, L.-F. Bellaguet éd., Paris, 6 vol., 1839-1852, réimpr. 1995, ΧΠ, 3, t. 1, p. 712.
14 Ibid., XXIV, 18, t. 3, p. 132 : Quod in patria commune est.
15 Ibid., p. 134.
16 Ibid., XIV, 5, t. 2, p. 88 : in Lombardia, unde ducebat originem, intoxicationes et sortilegia vigebant plus quam aliis partibus.
17 Chronique du Religieux de Saint-Denis, op. cit. n. 13, XVI, 20, t. 2, p. 406.
18 Froissart, Chroniques, S. Luce, G. Raynaud, L. et A. Mirot éd., Paris, 15 vol., 1869-1975, I, 94, p. 317 du t. 7.
19 Georges Chastellain, Chronique, J.B.M.C. Kervyn de Lettenhove éd., dans Œuvres complètes. Bruxelles, 6 vol., 1863-1864, VI, 76, t. 4, p. 239.
20 Jacques du Clercq, Mémoires, Michaud, Poujoulat éd., Paris, 1837, IV, 15, p. 636.
21 Robert Gaguin, De origine et gestis Francorum compendium, Paris, 1501, f. 167. L'assertion de L. Sozzi, « La polémique anti-italienne en France au XVIe siècle », Atti della Academia delle Scienze di Torino, classe di scienze morali, storiche, filologiche, 106 (1972), p. 99-190, selon laquelle on passerait d'une lombardophobie au XIVe siècle à une romanophobie après 1450 puis à une vénétophobie vers 1510 (p. 142) est discutable : on a plutôt affaire à une addition d'invectives aboutissant à une italophobie.
22 Jean Lemaire de Belges, La légende des Venitiens, J. Stecher éd., t. 4 des Œuvres, Louvain, 1885, Genève, Slatkine Reprints, 1969, p. 380 et 405.
23 Calixte ΙΠ est réputé avoir dû la tiare à l'empoisonnement de Nicolas V en 1455 ; quant à Alexandre VI, ses crimes de poison supposés sont innombrables ; sur le premier, voir par exemple Philippe de Vigneulles, Chronique, op. cit. n. 12, t. 2, p. 330 et le t. 3-2 des Rerum italicarum scriptores, p. 918. Sur le second, G. Minois, Le couteau et le poison. L'assassinat politique en Europe (1400-1800), Paris, 1997, p. 38. On connaît par ailleurs la triste fin du sultan Djem, voir L. Thuasne, Djem sultan, Paris, 1892.
24 Selon Paul Jove ; voir P. Preto, Epidemia, paura e politico nell'Italia moderna, Bari, 1987, p. 24. Pour l'histoire de Ladislas de Naples, Enguerrand de Monstrelet, Chronique, L. Douet d'Arcq éd., Paris, 6 vol., 1857-1862, réimpr. New York, 1966, t. 3, p. 44-46.
25 J.-F. Dubost, La France italienne, XVIe-XVIIe siècles, Paris, 1997, p. 319-320.
26 Pietro d'Abano, Tractatus de venenis, Venise, 1537, p. 33 : Reges et principes de partibus orientalibus et meridionalibus (ubi scilicet exhibendi venena clandestine ut hommes moriantur, haec pemicies nephandissima cepit originem et invaluit) cotidie usque nunc semper in suis coenis et prandiis terram comedunt sigillatam ; il existe de nombreuses autres éditions de ce traité dont la première date de 1473 ; par ailleurs, une traduction française en a été faite pour Boucicaut en 1402 par le Carme Oger (BNF, ms. fr. 14820). Sur cet auteur médical, qui a écrit un Conciliator paru à Mantoue en 1472, voir D. Paschetto, Pietro d'Abano, medico e filosofo, Florence, 1984 et G. Sodigné-Costes, « L'étude des venins au Moyen Âge : conformité et déviance par rapport à une matière médicale (l'exemple de Pierre d'Abano) », dans Conformités et déviances, Actes du colloque du CRISIMA, II, M. Faure dir., Montpellier, 1995, p. 333-344.
27 Eudes de Deuil, La croisade de Louis VII roi de France, H. Waquet éd., Paris, 1949, p. 36 : scelus unius omnibus imputant, dicentes quod eos occidere Greci veneno volebant.
28 Brocardus, Directorium ad passagium faciendum, traduit sous le titre de L'advis directif pour faire le passage d'oultremer, C. Kohler éd., dans Recueil des historiens des croisades. Documents arméniens, t. 2, Paris, 1906, p. 367-517, p. 431 puis 439.
29 Guido da Vigevano (ou de Pavie), Texaurus regis Francie acquisitionis Terre Sancte de ultra mare necnon sanitatis ejus et vite ipsius prolongacionis ac etiam cum custodia propter venenum, BNF, ms. lat. 11015, en particulier fol. 32-41.
30 Quos pulveres ordinaverant, dit Guillaume Agasse en sa confession, dans Jacques Fournier, évêque de Pamiers, 1318-1325, Registre d'inquisition, J. Duvemoy éd., Toulouse, 1965, t. 2, p. 143. Certains chroniqueurs se font les échos de cette accusation : Guillaume de Nangis, Chronique latine de 1113 à 1300, et continuation, H. Géraud éd., Paris, 2 vol., 1843, t. 2, p. 33. Sur cette affaire, voir entre beaucoup d'études celles de F. Bériac, « La persécution des lépreux dans la France méridionale en 1321 », MA, 93 (1987), p. 203-221 ; D. Nirenberg, Communities of violence. Persecution of minorities in the Middle Ages, Princeton, 1996 ; C. Ginzburg, Le sabbat des sorcières, Paris, 1992.
31 Histoire des étrangers et de l'immigration en France, Y. Lequin dir., Paris, 1992, chap. 6 dû à N. Coulet, p. 178.
32 Chronique du Religieux de Saint-Denis, op. cit. n. 13, VI, 4, t. 1, p. 355. À noter que l'adaptation française de la chronique par Jean Juvenal des Ursins, Histoire de Charles VI, J.-A.-C. Buchon éd., Paris, 1843, p. 350 n'en dit pas plus, alors que l'auteur connaît parfaitement les gammes de l'anglophobie.
33 Voir la confession de Robert Wourdreton dans D.F. Secousse, Recueil de pièces..., op. cit. n. 9, p. 494-501 ; Charles de Navarre aurait dit à Wourdreton que lui et les Anglais partageaient les mêmes ennemis français.
34 Orderic Vital, Historia ecclesiastica, A. Le Prévost et L. Delisle éd., Paris, 5 vol., 1838-1855, t. 3, p. 175 : ferculum ejus corrupit imitatus patrem suum Ismaelem qui ferali ludo simplicem Isaacem gravare studuit.
35 Gal. IV, 29 : « le fils né selon la chair [Ismaël, premier né d'Abraham et de sa concubine Agar] persécutait l'enfant né selon l'esprit ».
36 Voir J. Le Goff, « L'Occident médiéval et l'océan indien : un horizon onirique », dans Pour un autre Moyen Âge. Temps, travail et culture en Occident, Paris, 1977, p.280-298.
37 Jehan de Mandeville, Voyages, M. Letts éd., Londres, 2 vol., 1953, t. 2, p. 337 : « Ci parle des arbres qui portent farine et les autres venins ».
38 Ibid. : « ...De ceste venin avoient envoie querre les Iuyfz un de ces ans pour empoisonner toute crestienté, si comme ie leur ay oy dire a la mort en leur confession. Mais Dieu grace, ilz faillirent a leur propos... ».
39 Foucher de Chartres, Historia hierosolomytana, Recueil des historiens des croisades. Historiens occidentaux, t. 3, éd. non précisé, Paris, 1866, p. 311-487, chap. 49, p. 475, intitulé : De diversis generibus bestiarum et serpentium in terra sarracenorum.
40 Orderic Vital, Historia ecclesiastica, op. cit. n. 34, t. 4, p. 196-197.
41 Ibid., t. 3, p. 181-182 : médecins a quibus veneficiorum eruditionem perceperat.
42 D. Jacquart, F. Micheau, La médecine arabe et l'Occident médiéval, Paris, 1990 ; les auteurs citent plusieurs traités ou parties de traités abordant la question des empoisonnements vue par Rhazès (p. 64) et al Magusi (p. 73).
43 Avicenne, Liber canonis, Venise, 1500, livre IV, section VI : cinq traités d'une trentaine de pages sur les poisons ; le Conciliator de Pietro d'Abano, Mantoue, 1472, question 178, s’appuie explicitement sur le canon d'Avicenne à propos de la thériaque. Il utilise aussi Rhazès selon les recherches de S. Déglise, Étude d'un traité de toxicologie du début du XIVe siècle : le Tractatus de venenis de Pierre d'Abano, mémoire de maîtrise de l'Université de Reims, 1997.
44 Maimonide, Traité des poisons, I. M. Rabbinowicz éd., Paris, 1865. L'auteur juif installé à Fostat en Egypte était connu à Montpellier à la fin du XIIIe siècle. Henri de Mondeville l'utilise (voir Henri de Mondeville, Chirurgie, E. Nicaise éd. et trad., Paris, 1893, traité II, doctrine II, chap. 2).
45 Ibn Washiyya, Livre sur les poisons, R. Levey trad., dans Early arabic pharmacology, Leyde, 1973 ; cet auteur du Xe siècle insiste sur les connaissances particulières que détiennent les Nabatéens en matière de poison.
46 Eustache Deschamps, op. cit. n. 6. ballade 465, vers 1 et 19.
47 Voir par exemple Guillaume de Nangis, Chronique, op. cit. n. 30, t. 2, p. 33 : c'est le roi de Grenade qui a machiné une vengeance :...dolens se saepius per christianos superatum et maxime per avunculum regis Castellae... nec potens se ad libitum vindicare ; quod vi armatorum non potuit, excogitata perficere nequitia machinavit.
48 Eudes de Deuil, La croisade de Louis VII..., op. cit. n. 27, p. 48 : Greci magis prevalerent dolis quam viribus.
49 Brocardus, Directorium..., op. cit. n. 28, p. 431.
50 Alcuin, Lettre 289 de l'édition Philippus Jaffé, Berlin, 1876, cité par J. Paul, « Peuples et nations dans la correspondance d'Alcuin » [p. 97-130], dans Peuples du Moyen Age..., op. cit. n. 3, p. 106-107.
51 Sur Charles le Chauve, voir J. Nelson, Charles le Chauve, Paris, 1994 ; sur Damase, A. Paravicini Bagliani, Le corps du pape, Paris, 1997(1ère éd. italienne 1994), p. 194, n. 6.
52 C. Billot, « L'assimilation des étrangers dans le royaume de France aux XIVe et XVe siècles », RH, 548 (1983), p. 273-296.
53 D.F. Secousse, Recueil de pièces..., op. cit. n. 9, p. 388.
54 Robert Wourdreton devait trouver de l'arsenic sublimat destiné aux princes Valois « à Pampelune, Bordeaux, Bayonne et par toutes les bonnes villes [...] es ostelz des apoticaires », cité dans D.F. Secousse, Recueil de pièces..., op. cit. n. 9, p. 500.
55 A. Rigault, Le procès de Guichard de Troyes, Paris, 1896, p. 95 et chap. 8.
56 Jacques Fournier, Registre d'inquisition, op. cit. n. 30, t. 3, p. 778.
57 Continuatio zwetlensis tertia, éd. MGH, ss, t. 9, Hanovre, 1851, p. 654-669, voir p. 664 : videntes... viribus non posse resistere.
58 Chronique du Religieux de Saint-Denis, op. cit. n. 13, t. 1, p. 714.
59 Le livre des trahisons de France envers la maison de Bourgogne, J.B.M. C. Kervyn de Lettenhove éd., Bruxelles, 1873 : « Trayson est en ce païs plus commune que jamais ne fust en Lombardie », p. 148.
60 Pierre Gringore, Œuvres complètes, op. cit. n. 2, t. 2, p. 247 : « Peuple ytalique tu es un grant flatteur/Tu as cueur faulx et deceptive voix... ».
61 Froissart, Chroniques, J.A.C. Buchon éd., t. 3, p. 279 : « et aussi ils sentoient [les Français] le duc de Milan grand et puissant et moult bien du roi Basaach de Turquie ; si ne l'osèrent courroucer ».
62 Voir par exemple l'étude de M. Schmidt-Chazan, « Histoire et sentiment national chez Robert Gaguin », dans Le métier d'historien au Moyen Âge, B. Guenée dir., Paris, 1977, p. 233-301.
63 Pierre Gringore, Œuvres complètes, op. cit. n. 2, t. 2, p. 247.
64 Le livre des ruses, R.R. Kawam trad., Paris, 1976, p. 286-287. Cet ouvrage rapporte l’empoisonnement du prétendant abbasside Ibrahim par les Omeyyades vers 745 (p. 195). Données tirées du mémoire de maîtrise de M.-A. Paquet, L'empoisonnement dans les premiers siècles du califat abbasside, Reims, 1996, p. 114.
65 C'est la vision de Robert Gaguin qui n'a que mépris pour les reguli transalpins opposés aux légitimes monarques français ; voir F. Collard, « La pensée politique d'un clerc humaniste de la fin du XVe siècle : Robert Gaguin (1433-1501) », Revue française d'histoire des idées politiques, 7 (1998), p. 3-45 et 155-164.
66 Voir W.M. Bowski, A Medieval Italian Commune : Sienna under the Nine, 1287-1355, Berkeley, 1981.
67 Gerson, Œuvres complètes, P. Glorieux éd., Paris, 10 vol., 1960-1973, t. 7, p. 1158, cité par C. Gauvard, “De grace especial”. Crime, État et société en France à la fin du Moyen Âge, Paris, 1991, p. 225 ; elle indique aussi la formule de Christine de Pizan dans son Livre de Paix sur le tyran « plein de venin et de cruauté ».
68 Clement de Fauquembergue, Journal, A. Tuetey éd., Paris, 2 vol., 1903-1910, t. 1, p. 32, séance du 16 juillet 1417.
69 Voir Thomas Basin, Historia Ludovici undecimi, C. Samaran éd., Paris, 3 vol., 1963-1972, t. 2, p. 112-120 puis 130-134 ; Jean de Roye, Chronique scandaleuse, B. de Mandrot éd., Paris, 2 vol., 1894-1896, t. 2, p. 281 et 285.
70 P.M. Kendall, Louis XI, Paris, 1974, p. 142 ; l'auteur rapporte à la même page la plaisanterie du roi à propos de Charles d'Orléans qui se croyait empoisonné par François Sforza : tout empoisonné que se croyait le vieux duc, il avait mis sa femme enceinte.
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