Blasonner en latin (xiie-xvie siècle)
p. 293-305
Texte intégral
1Les armoiries apparaissent un peu partout en Europe occidentale à l’horizon des années 1140. Dès l’origine, la langue utilisée pour les décrire est la langue vernaculaire et non pas le latin, probablement parce que l’Église est entièrement étrangère à la naissance de ces nouveaux signes sociaux. Ceux-ci ont pour fonction première de dire l’identité des combattants sur les champs de bataille et de tournoi ; comme tels, ils sont d’abord décrits par des hommes de guerre et par des hérauts d’armes, dans une langue qui n’est pas encore savante, ni même particulière.
2Rapidement, toutefois, l’usage des armoiries cesse d’être limité aux seuls combattants : princes, seigneurs ou chevaliers. Il s’étend aux femmes, aux clercs, aux habitants des villes, aux artisans et même aux paysans ; puis, un peu plus tard encore, aux personnes morales : villes, corps de métiers, confréries, communautés religieuses, institutions et juridictions diverses. À la fin du xiiie siècle, l’ensemble de la société occidentale fait usage d’armoiries1. Celles-ci sont à la fois des signes d’identité, des marques de possession et des motifs ornementaux. Elles sont présentes en tous lieux et sur de nombreux supports ; pour les décrire on utilise désormais une langue spéciale : la langue du blason2. Celle-ci s’est constituée au fur et à mesure de la diffusion des armoiries dans l’espace géographique et dans l’espace social entre le milieu du xiie siècle et la fin du xiiie, date à laquelle elle atteint déjà une pleine maturité.
3Longtemps délaissée par les philologues, cette première langue du blason a fait l’objet de quelques travaux importants depuis les années 1960 : ceux du professeur américain Gerard J. Brault et de ses élèves portant sur l’ancien français et l’anglo-normand, étudiés surtout à partir des armoriaux et des textes littéraires3. Cette langue s’appuie sur un lexique spécifique, emprunté pour une bonne part au vocabulaire des étoffes et du vêtement, et sur une syntaxe originale, qui n’est pas celle de la langue littéraire, encore moins celle de la langue ordinaire, mais qui permet, avec une économie de moyens remarquable, de tout décrire et de le faire avec une grande précision. Blasonner des armoiries en langue vulgaire ne pose guère de problème aux hérauts d’armes, aux poètes et aux romanciers du xiiie siècle. Du moins en France, en Angleterre, aux Pays-Bas, en Allemagne et dans les pays germaniques.
***
4Il n’en va pas de même en latin. Dès la fin du xiie siècle, en effet, annalistes, chroniqueurs, rédacteurs de chartes, scribes et clercs de tous ordres sont conduits à introduire des descriptions d’armoiries dans les œuvres ou les documents qu’ils compilent en latin. Ils sont gênés pour le faire et, pendant quelques décennies, ont recours à des solutions peu satisfaisantes : soit ils essayent de traduire le blasonnement en latin et, ce faisant, le mutilent ou le trahissent ; soit ils mélangent termes latins et termes vernaculaires et optent ainsi pour une formule peu intelligible ; soit, plus simplement et plus clairement, ils introduisent au milieu d’une phrase en latin un blasonnement entièrement vernaculaire.
5Le plus ancien exemple de blasonnement en latin que j’aie rencontré me semble être dû au moine Jean de Marmoutier qui, vers 1170-1175, dans son Historia Gaufredi Normannorum ducis et comitis Andegavorum, décrit la cérémonie d’adoubement de Geoffroi (à Rouen, en 1127) et comment, à cette occasion, son beau-père, Henri Ier Beauclerc, roi d’Angleterre, a suspendu au cou du nouvel adoubé un écu armorié orné de lions. Cet écu, inspiré par celui qui se voit encore sur la splendide plaque funéraire de Geoffroi, aujourd’hui conservée au musée du Mans, se blasonne en langue vulgaire, tant médiévale que moderne : « d’azur semé de lionceaux d’or ». Le latin de Jean de Marmoutier est plus imprécis : Clipeus leunculos aureos ymaginarios habens collo ejus suspenditur4. Ni le champ d’azur, ni la disposition des lions en semé ne sont évoqués.
6Cette imprécision du latin héraldique perdure au xiiie siècle chez de nombreux auteurs. Peu sûrs de leurs traductions ou adaptations, certains chroniqueurs placent à côté de la description en latin une description en langue vulgaire introduite par les mots quod vulgo dicitur. D’autres se contentent de blasonnements en latin vagues ou écourtés, oubliant les couleurs, confondant les figures (leones qualifiant aussi bien les lions que les léopards ; aves, les aigles, les faucons, les merlettes et tous les autres oiseaux), négligeant les positions et les dispositions à l’intérieur de l’écu (alors qu’il s’agit là de l’essence même de la syntaxe héraldique) et laissant de côté tout ce qui leur fait problème, notamment la qualification des figures géométriques. Matthieu Paris, par exemple, ne fait dans ses chroniques aucune différence entre un écu palé, un écu losangé et un écu echiqueté : pour blasonner un écu palé d’or et de gueules, il se contente des simples mots aurea et rubea sans préciser la nature de la partition du champ ; de même pour un écu losangé de gueules et de vair (rubea et varia) et pour un autre échiqueté d’or et d’azur (de auro et azuro)5. Il est ainsi impossible de savoir quelle est la figure ; nous savons seulement que les écus sont bichromes.
7Tous les auteurs, cependant, ne sont pas aussi imprécis que Matthieu Paris. Certains parviennent même à blasonner correctement en latin des armoiries relativement simples. En voici quelques exemples recueillis dans un armorial anglais inédit de la seconde moitié du xiiie siècle, compilé en anglo-normand mais comportant quelques blasonnements latins :
scutum fasciatum vario et rubeo transverso (Coucy : fascé de vair et de gueules) ;
clypeum nigrum g lobulis aureis distinctum (Cornouailles : de sable besante'd’or) ;
in scuto aryenteo leo niyer cum corona rubra (Rochefort : d’ary ent au lion de sable couronné de gueules) ;
scutum azureum liliis aryenteis interstinctum, inter quae leo aureus observo ore erigitur (Holland : d’azur seme'de fleurs de lis d’argent, au léopard lionne'd’or brochant)6.
8À partir du xive siècle, les textes latins conduits à décrire des armoiries se font plus nombreux et plus variés : chartes et documents administratifs ou notariés, textes historiques et narratifs, poèmes et œuvres littéraires, traités juridiques, traités de noblesse et même armoriaux et manuels de blason directement rédigés en latin. Les difficultés sont encore plus grandes qu’au xiiie siècle car les armoiries sont plus chargées et compliquées, souvent divisées en plusieurs quartiers qu’il faut blasonner avec précision et dans un ordre qui est signifiant. Par là même, essayer de créer une véritable langue latine du blason, précise et rigoureuse, devient à partir du milieu du xive siècle une nécessité.
9Les premiers à le faire sont les juristes et les notaires7 ; ils sont imités par les historiens et les poètes, puis par des auteurs de traités de toutes natures, clercs en majorité. Cette langue latine du blason décalque son vocabulaire sur celui de la langue vulgaire (bande : banda ; fasce : fascia ; pal : palus ; sautoir : saltatorium) mais garde pour l’essentiel la syntaxe du latin. Or celle-ci convient mal pour décrire des armoiries à l’intérieur desquelles l’empilement des plans et la division de chaque plan en plusieurs quartiers sont des éléments syntaxiques de base. L latin doit user et abuser des propositions relatives là où le blasonnement vernaculaire se contente de juxtaposer et de hiérarchiser des syntagmes. En ancien et moyen français, par exemple, l’ordre des mots dans la phrase héraldique est un élément syntaxique essentiel pour décrire la structure et le compartimentage de l’armoirie. En latin, où la place des mots dans la phrase est plus libre, cela n’est guère possible. D’où, pour une même armoirie quelque peu compliquée, un blasonnement français tenant en deux ou trois lignes et un blasonnement latin demandant parfois six ou huit lignes. Contrairement à d’autres domaines techniques ou scientifiques, la phrase latine du blason est toujours ici plus longue que la phrase vernaculaire.
10Citons pour exemples trois blasonnements d’armoiries royales empruntés à un traité compilé en latin vers le milieu xve siècle :
scutum quadripartitum, primus et quartus quadrans caeruleis liliis aureis incerto numero respersus, secundus et tertius rubeus tribus leonibus aureis gradientibus et ora observentibus altero alteri superposito impressus (royaume d’Angleterre : écartelé d’azur semé de fleurs de lis d’or et de gueules à trois léopard d’or) ;
scutum coccineum cruce plana argentea impressum, crux ipsa quaternis quadrantibus angulata, in quoque angulo quattuor cruces quarum media circulo est circumscripta (royaume latin de Contantinople : de gueules à la croix d’argent cantonnée de seize besants crusillés du même) ;
in solo argenteo quinque scutula caerulea in crucis modum collocata, quodlibet quinque nummis bysantiis argenteis puncto nigro impressis et in decussim dispositis onustum (royaume de Portugal : d’argent à cinq écussons d’azur poses en croix, chacun charge de cinq besants d’argent poses en sautoir)8.
***
11À partir du milieu du xvie siècle, cette langue latine du blason, créée artificiellement deux siècles plus tôt, entre dans une nouvelle phase. Elle sert à décrire des armoiries dans des textes sans cesse plus nombreux et de toutes natures. Des armoriaux entiers sont désormais compilés en latin, notamment en Allemagne et dans des pays d’héraldique plus récente, n’ayant guère connu les blasonnements en langue vulgaire sur les champs de bataille et de tournoi (Hongrie, Pologne, Scandinavie). En héraldique comme dans d’autres domaines du savoir, plus on avance dans le temps, plus le latin devient une langue du Nord. En outre, partout, le blason tend à devenir une langue de bibliothèque et de cabinet, maniée par des érudits, des philologues, des « antiquaires », des juristes et des théoriciens. Il n’est plus le fait des hérauts d’armes et se coupe de la réalité vivante des armoiries.
12Ces hommes de cabinet cherchent à débarrasser la langue latine du blason de ses insuffisances et de ses imprécisions, et en même temps à lui donner une autonomie plus grande par rapport à la langue vulgaire. Mais ils ne luttent en rien contre sa lourdeur, bien au contraire. La chasse est désormais faite aux termes par trop décalqués sur les mots vernaculaires. On les remplace par des termes rares, poétiques, précieux, ou bien on leur substitue des néologismes savants. L’afféterie, la pédanterie, l’excès de précision rendent les blasonnements tortueux, parfois obscurs, souvent très longs. La langue vernaculaire du blason sait encore (pas toujours, cependant) allier concision et précision, le latin n’y parvient pas. Il use et abuse des prépositions et des propositions subordonnées, des périphrases et des comparaisons ; et souvent il le fait pour livrer une précision inutile, le seul jeu des associations de couleurs, strictement réglementé par les règles du blason, permettant au lecteur familier des armoiries de reconstituer la structure de l’écu. En outre, la langue offrant des possibilités de nuance, de détail et de subtilité infinies, l’écart se creuse entre la représentation des armoiries – limitée par la taille du dessin et la nécessité de lisibilité – et leur blasonnement latin qui peut s’étendre sur un nombre de lignes ou de pages sans limite. L’érudition fait parfois place à la cuistrerie, notamment dans la première moitié du xviie siècle. Par la suite, à partir des années 1660, les blasonnements en latin se font plus rares, sauf en Scandinavie où ils restent en usage jusqu’au xixe siècle.
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13L’étude de la langue latine du blason n’a jamais suscité l’intérêt des chercheurs, qu’ils soient héraldistes, philologues ou linguistes. Elle pose pourtant des questions essentielles concernant la composition et la description des armoiries (les plus grandes difficultés concernant le jeu des figures géométriques, des axes, des plans et des compartimentages) et la genèse d’une langue néo-latine technique, en grande partie recréée sur la langue vernaculaire. Il serait pertinent de mieux cerner la naissance de cette langue mais aussi d’étudier comment elle s’est diffusée, géographiquement et intellectuellement. La langue héraldique vernaculaire est pratiquement la même en France et en Angleterre, mais elle est différente dans les pays germaniques. Par là même, la langue héraldique latine qui en est décalquée présente elle aussi des divergences9. En outre, si à partir du xve siècle elle tend parfois à s’unifier, les différences restent fortes entre les blasonnements latins employés par les héraldistes dans leurs armoriaux ou manuels et ceux, plus savants et plus précieux, qu’utilisent les érudits, historiens ou philologues.
14Le présent article ne peut pallier ce manque de travaux. Il souhaite seulement attirer l’attention sur ces questions et, dans l’esprit de notre colloque, proposer pour la première fois une liste des principaux termes de blason latins rencontrés dans des sources compilées entre la fin du xiie siècle et le début du xviie. Ces sources sont celles qui ont été mentionnées plus haut : annales, chroniques, chartes et documents notariés, textes littéraires, documents administratifs et législatifs, traités de droit, de noblesse, de blason, armoriaux, recensements d’armoiries et, pour les débuts de l’époque moderne, ouvrages d’érudition portant sur l’histoire, l’archéologie et la philologie. Faute de place, il m’est impossible d’en donner ici la liste détaillée. Mais j’espère avoir un jour prochain l’occasion de transformer mes nombreuses fiches en un véritable Dictionnaire latin des termes de blason (xiie-xviie siècle). Pour l’heure, je me contente de deux annexes : un glossaire analytique et un glossaire alphabétique. Je remercie par avance tous les chercheurs qui pourront m’aider à les enrichir et à les améliorer.
Annexes
Annexe
Glossaire analytique
couleurs :
argent (blanc) : albus, argenteus, candidus
azur (bleu) : azureus, azzurrus, blavus, caeruleus, cyaneus
gueules (rouge) : coccineus, guleus, miniatus, puniceus, ruber, rubeus
or (jaune) : aureus, croceus, flavus, galbinus, giallus, luteus
pourpre (gris ou violet) : purpureus, subniger
sable (noir) : furvus, niger, pulleus
sinople (vert) : prasinus, viridis
fourrures :
hermine (d’), adjectif : ermeticus, erminalis, Pontici muris vellere descriptus, Pontici muris maculis respersus
hermine (P), substantif : maculae ad instar illarum muris Armenii, vellus
vair : varius, variatus
vairé : variatus, variegatus ; petasis (rubeis et aureis) variegatus
pièces :
bande : balteus, balteus obliquus, benda, fascia diagonalis, fascia obliqua
bâton : baculus, fissura
bordure : bordura, limbus, margo
burelle :fasciola transversa, teniola transversa
chef : caput, caput scuti, summum, summitas
chevron : cantherius, chevernus, signum capitale, tigillum, tignum, trabea
cotice : aerola transversa, bendula, fasciola diagonalis
croix : crux
croisette : crucicula, crux minuta
fasce : cingulum, fascia, fascia transversa, transversum
franc-canton : angulus, angulus quadratus (dexter, sinister)
franc-quartier : quadrans (dexter, sinister)
fretté : cancellatum, fectatum, reticulatum
pairie : palliolum, pallium
pal : palus
sautoir : crux sancti Andreae, decussis, saltatorium
partitions :
bandé : oblique fasciatum, obliquo teniatum
barré : oblique sinistrorsum fasciatum
coupé : bipartitum transverse, partitum ex transverso, sectum ad diametrum, sectum fasciatim
écartelé : quadripartitum, quadripartite partitum, quarteratum, quarteratim sectum
échiqueté : scaccatum, tesselatum, tesselarum ductibus distinctum
fascé : barratum, fasciatum, Jasciatum transversum, teniatum
gironné : contra-conatum, cuneatum
losangé : rhombalis interstinctum
palé : pallatum, (x) pali (aurei et coccinei)
parti : ab summo bipartitum, ad perpendiculum bipartitum, partitum secundum longum
principaux meubles :
(animaux et végétaux gardent pour la plupart leur nom usuel dans le blason latin)
annelet : annellus, annulus
anille : ferrum molendinarium
besant : besantium, circululus, nummus bysantinus
billette : laterula, plinthidis
coquille : conchylium
croissant : luna cornuta, luna crescens, lunula
écusson : scutulum, scutum parvum
étoile : stella
fleur de lis : lilium
fusée : fusillus
Iambei : lemniscus, limbus
losange : rhombulus, rhombus, tessera
mâcle : macula
manche : manica
merlette : merula
molette : rotula, stelluta perforata
orle : limbus simplex (duplex, triplex)
quintefeuille : quinquefolium
roc d’échiquier : latrunculus lusorius
rose : rosa
tourteau :globulus, pila, tortella
trèfle : trifolium
positions et dispositions :
à dextre : ad dextra, dextro (positus)
à senestre : ad sinistra, sinistro (positus)
de l’un en l’autre : de dictis coloribus transmutatus, ex eisdem coloribus commutatus
en bande : oblique dextrorsum (positus)
en cœur : in media parte
en chef : in capite, in summo
en croix : in crucem (positus)
en fasce : ad modum fascie, fasciatim, in loco fascie (positus)
en orle : in circulum
en pal : in palum (positus)
en pointe : deorsum, infra
en sautoir : decussim (positus, trajectus)
semé : conspersus, interstinctus, sparsus
sur le tout : desuper, insuper, supra (positus)
modifications des lignes de bordure :
cannelé : canaliculatus, invectus
crénelé : cernellatus, pinnatus
denché : acute indentatus, incuspidatus
denticulé : denticulatus
endenté : dentatus, indentatus
engrelé : ingradatus, ingrediatus
nébulé : nebulatus, nubilatus
noué : nodatus
ondé : undatus, undulatus
ployé : curvatus, incurvatus
vivré : acute multangulatus
modifications des extrémités de la croix et du sautoir :
ancré : anchoratus, reversus
au pied fiché : cujus pars inferior spiculata est
bourdonné : globulatus
fleudelisé : liliatus
fleuronné : floridus, liliatus
patté : patens, patulatus
potencé : patibulatus, pedatus
tréflé : trifoliatus
attributs des principales figures :
accompagné : (cum...), ambitus, comitatus
adossé : tergo obversus, tergo stans
affronté : coram aditus, coram erectus
armé et lampassé : Jaculis et lingua (...)
becqué et membré : rostro et cruribus (...)
bicéphale : capita duo habens
chargé : adpictus, impressus, onustus
componé : compositus, gombonatus
contourné : conversus, deversus
couche : jacens, recubans
couronné : coronatus
issant : emergens, exeuns
naissant : nascens
passant : gradiens, incedens
rampant : erectus
renversé : eversus, reversas
saillant : saliens
Lexique alphabétique
adpictus : chargé
aerola transversa : cotice
albus : (d’) argent
ambitus : accompagné
anchoratus : ancré
angulus : franc-canton
angulus quadratus : franc-quartier
annellus : annelet
annulus : annelet
argenteus : (d’) argent
aureus : (d’) or
azzurrus : (d’) azur
baculus : bâton, cotice
balteus : bande
balteus obliquus : bande, barre
barratus (-um) : fascé
benda : bande
bendula : cotice
besantium : besant
bipartitus (-um) ab summo : parti
bipartitus (-um) ad perpendiculum : parti
bipartitus (-um) transverse : coupé
blavus : (d’) azur
bordura : bordure
caeruleus : (d’) azur
canaliculatus : cannelé
cancellatus (-um) : fretté
candidus : (d’) argent
cantherius : chevron
capita duo habens : bicéphale
capite (in) : en chef
caput : chef
cernellatus : bretessé, crénelé
chevernus : chevron
cingulum : fasce
circulum (in) : en orle
circululus : besant, tourteau
circum (in) : en orle
coccineus : (de) gueules
comitatus : accompagné
commutatus ex eisdem coloribus : de l’un en l’autre
compositus : componé
conchylium : coquille
conspersus : semé
contra-conatus : gironné
conversus : contourné, renversé
coram erectus : affronté
coronatus : couronné
croceus : (d’) or
crucicula : croisette
crucem (in) : en croix
crux : croix
crux minuta : croisette
crux sancti Andreae : sautoir
cujus pars inferior spiculata est : au pied fiché
cuneatus : gironné
curvatus : ployé
cyaneus : (d’) azur
decussim positus (trajectus) : posé en sautoir
decussis : sautoir
dentatus : endenté
denticulatus : denticulé
deorsum : en pointe
desuper : sur le tout
deversus : contourné
dextra (ad) : à dextre
dextro : à dextre
emergens : issant
erectus : rampant
ermeticus : (d’) hermine
erminalis : (d’) hermine
eversus : renversé, versé
exeuns : issant
fascia : fasce
fascia diagonalis : bande, barre
fascia obliqua : bande
fascia transversa : fasce
fasciatim : posé en fasce
fasciatus (-um) : fascé
fasciatus (-um) transversus (-um) : fascé
fasciola diagonalis : cotice
fasciola transversa : burelle
fectatus (-um) : fretté
ferrum molendinarium : anille, fer de moulin
fissura : bâton, cotice
favus : (d’) or
foridus : fleuronné
furvus : (de) sable
fusillus : fusée
galbinus : (d’) or
giallus : (d’) or
globulatus : bourdonné
globulus : besant, tourteau
gombonatus : componé
gradiens : passant
guleus : (de) gueules
impressus : chargé
incedens : passant
incurvatus : ployé
incuspidatus : denché, vivré
indentatus : endenté
indentatus acute : denché, émanché, vivré
infra : en pointe
ingradatus : engrelé
ingrediatus : engrelé
insuper : sur le tout
interstinctus : semé
invectus : cannelé
jacens : couché
laterula : billette
latrunculus lusorius : roc d’échiqier lemniscus : lambel
lingua et falculis : armé de lampassé
liliatus : fleurdelisé
lilium : fleur de lis
limbus : bordure, lambel
loco fascie (in) : en fasce
luna cornuta : croissant
luna crescens : croissant
lunula : croissant
luteus : (d’) or
macula : mâcle
manica : manche
margo : bordure
media parte (in) : en coeur
merula : merlette
miniatus : (de) gueules
modum fascie (ad) : en fasce
modum pali (ad) : en pal
multangulatus acute : émanché, vivré
nascens : naissant
nebulatus : nébulé, ondé
niger : (de) sable
nodatus : noué
nubilatus : enté, nébulé, ondé
nummus bysantinus : besant
oblique dextrorsum positus : posé en bande
oblique sinistrorsus (-um) fasciatus (-um) : barré
oblique teniatus (-um) : bandé
obliquofasciatus (-um) : bandé
onustus : chargé
pallatus (-um) : palé
palliolum : pairie
pallium : pairie
palum (in) : en pal
palus : pal
partitus (-um) ex transverso : coupé
partitus (-um) secundum longum : parti
patens : patté
patibulatus : potencé
patulatus : patté
pedatus : potencé
petasis variegatus : vairé
pila : tourteau
pinnatus : bretessé, crénelé
plinthidis : billette
prasinus : (de) sinople
pulleus : (de) sable
puniceus (de) gueules
purpureus (de) pourpre
quadrans (dexter, sinister) : franc-quartier
quadripartite partitus (-um) : écartelé
quadripartitus (-um) : écartelé
quarteratim sectus (-um) : écartelé
quarteratus (-um) : écartelé
quinquefolium : quintefeuille
recubans : couché
reticulatus (-um) : fretté
reversus : ancré, versé
rhombalis interstinctus (-um) : losangé
rhombulus : losange
rhombus : losange
rosa : rose
rostro et cruribus : becqué et membré
rotula : tourteau
ruber : (de) gueules
rubeus : (de) gueules
saliens : saillant, sautant
saltatorium : sautoir
scaccatus (-um) : échiqueté
scutulum : écusson
scutum parvum : écusson
sectus (-um) ad diametrum : coupé
sectus (-um) fasciatim : coupé
signum capitale : chevron
sinistra (ad) : à senestre
sinistro : à senestre
sparsus : semé
stella : étoile
stelluta perforata : molette
subniger : (de) pourpre
summitas : chef
summo (in) : en chef
summum : chef
supra : sur le tout
teniatus (-um) : fascé
teniola transversa : burelle
tergo obversus : adossé
tergo stans : adossé
tesselarum ductibus distinctus (-um) : échiqueté, losangé
tesselatus (-um) : échiqueté, losangé
tessera : losange
tigillum : chevron
tignum : chevron
tortella : tourteau
trabea : chevron
transmutatus de dictis coloribus : de l’un en l’autre
transversum : fasce
trifoliatus : tréflé
trifolium : trèfle
undatus : ondé
undulatus : ondé
variatus : vair, vairé
variegatus : vairé
varius : vair
virgulatus : bandé, fascé, vairé
viridis : (de) sinople
Notes de bas de page
1 Sur l’apparition et la diffusion des premières armoiries, on me permettra de renvoyer à mon Traité d’héraldique, 2e éd., Paris, 1993, p. 20-58 et 298-310.
2 En français moderne, le mot blason n’est pas l’exact synonyme du mot héraldique. Ce dernier qualifie la science qui a pour objet l’étude des armoiries. Le terme blason a un sens plus limité : il désigne l’ensemble des figures, des couleurs et des règles qui composent les armoiries. Le verbe blasonner, attesté dès la fin du xive siècle, signifie « décrire des armoiries dans la langue spécifique de l’héraldique ». L’étymologie du mot blason reste controversée. Dans les textes littéraires des xiie et xiiie siècles, où son emploi est fréquent, il désigne tantôt le bouclier du chevalier couvert de figures, tantôt le fait de décrire ces figures. Voir l’ouvrage de G. J. Brault cité à la note suivante, spécialement p. 130.
3 G. J. Brault, Early Blazon. Heraldic Terminology in the twelfth and thirteenth Centuries with Special Reference to Arthurian Literature, Oxford, 1972 ; A. M. Barstow, A Lexicographical Study of Heraldic Terms in Anglo-Norman Rolls of Arms (1300-1350), University of Pennsylvania Press, 1974. Pour l’allemand et le néerlandais, presque tout reste à étudier. Force est de recourir, encore et toujours, au vieil ouvrage de G. A. Seyler, Geschichte der Heraldik, Nuremberg, 1890, p. 6-70.
4 Jean de Marmoutier, Historia Gaufredi Normannorum ducis et comitis Andegavorum, L. Halphen, R. Poupardin éd., dans Chroniques des comtes d’Ajou, Paris, 1913, ici p. 179.
5 T. D. Tremlett, « The Matthew Paris Shields », dans A. R. Wagner éd., Aspilogia II. Rolls of Arms Henry the Third, Londres, 1967, p. 36-38, no 83, 84, 92.
6 Londres, British Library, ms. Harley 6589, fol. iiiv. Voir A. R. Wagner, A Catalogue of English Medieval Rolls οf Arms, Londres, 1950, p. 7.
7 Sur le blasonnement (laborieux) en latin des notaires de Florence au xive siècle, voir C. Klapish-Zuber, M. Pastoureau, « Parenté et identité : un dossier florentin du xive siècle », Annales. ESC, 5 (1988), p. 1201-1256.
8 Paris, BNF, ms. latin 6020, fol. 51 et 51v (Liber armorum et de arte blaysonandi de Bernard de Rousergue).
9 Dans les pays germaniques, la priorité est souvent donnée à l’image sur le blasonnement. Les armoiries sont peintes ou dessinées avant d’être blasonnées. En France et en Angleterre, c’est plutôt le contraire : beaucoup d’armoiries sont blasonnées avant d’être représentées. De ce fait, en Allemagne et dans les pays germaniques, la description en latin colle davantage à l’image qu’au blasonnement en langue vernaculaire.
Auteur
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2011
Des sociétés en mouvement. Migrations et mobilité au Moyen Âge
XLe Congrès de la SHMESP (Nice, 4-7 juin 2009)
Société des historiens médiévistes de l’Enseignement supérieur public (dir.)
2010
Une histoire provinciale
La Gaule narbonnaise de la fin du IIe siècle av. J.-C. au IIIe siècle ap. J.-C.
Michel Christol
2010