Contacts linguistiques dans la péninsule ibérique médiévale
p. 107-116
Texte intégral
La situation linguistique en al-Andalus
1Le problème du rythme et de l’étendue de l’arabisation d’al-Andalus, entendue en son sens linguistique, est connexe mais différent de celui de l’islamisation. Il est clair que la conversion à la religion de Mahomet constituait un puissant facteur d’arabisation, étant donné le lien particulièrement étroit en Islam entre la religion et la langue. On sait que le Coran, révélé « en langue arabe claire » ne saurait, en principe, être traduit. Mais bien d’autres facteurs jouaient dans le même sens, en particulier l’aspiration à une forme de promotion sociale.
2L’existence d’un dialecte arabe andalousien1, ou plutôt d’un « faisceau dialectal », suivant l’expression de Federico Corriente2, ne doit pas nous induire à une erreur de perspective. Nulle part, et à nulle époque, dans le monde arabe, on n’a jamais parlé naturellement l’arabe classique, que je préférerais appeler « l’arabe officiel », et de ce point de vue al-Andalus ne constitue pas une exception : d’où le danger d’expressions telles que celle d’hispano-arabe (hispanoárabe), qui tendrait à faire croire à une situation exceptionnelle, particulière à la péninsule ibérique, quand elle est commune à tous les pays de langue arabe3.
3Que cette langue, en ses différents registres, ait tendu à devenir prépondérante en al-Andalus ne fait guère de doutes. Cette prépondérance n’existait pas seulement au niveau de l’écrit, ce qui ne peut pas prêter lieu à contestation, la littérature latine chrétienne andalousienne étant d’un volume assez restreint et au surplus limitée aux trois premiers siècles de la présence de l’Islam dans la Péninsule4. Mais elle s’affirmait également pour ce qui concernait la pratique orale, dans la vie de tous les jours.
4Il faut évidemment prendre en compte la chronologie. Pour l’époque de l’émirat puis du califat omeyyades d’al-Andalus, du VIIIe au Xe siècle, le bilinguisme roman-arabe5 n’est pas douteux. On laissera ici de côté la question de la présence des Berbères, dont l’arabisation paraît avoir été particulièrement rapide6. Mais à côté des anecdotes qui montrent un cadi de Cordoue s’exprimant en langue romane (al-Hušanī, ∞, cité notamment par Julian Ribera)7, il faut, pour faire bonne mesure, mentionner également tous les témoignages qui prouvent l’ample diffusion de l’arabe dès une époque très précoce, y compris dans des milieux non encore islamisés, que l’on appelle traditionnellement mozarabes – bien que l’emploi de ce terme dérivé de l’arabe musta‘rib (« arabisé ») soit paradoxal pour désigner des populations non arabisées et non islamisées –, ou bien dont l’on suppose généralement que la conversion à l’islam était récente et restait superficielle (les muwallad/s, mal nommés en espagnol muladíes)8. Pour le premier cas, on songe évidemment aux plaintes d’Alvare de Cordoue, au milieu du IXe siècle, sur les jeunes chrétiens qui ne savent écrire qu’en arabe et sont incapables de tourner une lettre en latin. Mais on se trouve là dans un milieu qui, s’il n’est pas encore converti, est proche du pouvoir omeyyade, voire directement à son service.
5Plus probant, à notre avis, comme témoignage d’une ample diffusion de l’arabe, à une date encore plus précoce, dans des milieux à la fois plus populaires et plus éloignés du pouvoir central, encore que de conversion récente, pour autant que celle-ci soit déjà effective9, est l’histoire du poète tolédan Girbīb b. ‘Abd Allāh, qui, dans les dernières années du VIIIe siècle, aurait incité ses concitoyens à la révolte contre l’émir de Cordoue, par ses poèmes en arabe. On imagine mal l’effet qu’aurait pu provoquer cette production poétique sur une population qui aurait été encore ignorante de l’arabe, et de son niveau littéraire officiel, car une poésie en arabe dialectal ne saurait guère être envisagée à une date aussi haute, et, de fait, les extraits qui nous ont été transmis de ces poèmes sont conformes aux règles de la poésie arabe classique.
6Pour la fin du IXe siècle, l’exemple le plus probant me paraît être celui de cet ancien cadi de Tolède, nommé al-Waqqašī, qui, alors que la ville est désormais au pouvoir des chrétiens, et qu’il est réfugié à Valence, explique qu’il connaît la langue romane, parce qu’il a été, durant son enfance, pendant de nombreuses années, captifs des chrétiens : quando era moço peauenno, catiuaronme cristianos, et alli apris fablar tan paladinamiente ladino10.
7Nous avons mis en doute la persistance du dialecte roman mozarabe chez les chrétiens « arabisés », au sens propre de « mozarabes », qui se retrouvèrent, à partir de la fin du XIe siècle, en territoire conquis par les chrétiens du Nord de la péninsule. Certains auteurs pourtant, et non des moindres, et peu suspects de complaisance pour les thèses continuistes et traditionalistes de l’« Espagne éternelle », ne s’avancent pas jusqu’à mettre radicalement en doute cette persistance11. Mais il nous semble que la divergence, si elle existe, tient à une question chronologique : nous parlions essentiellement du XIIe siècle à propos des mozarabes tolédans qui écrivaient, en toute certitude, et parlaient, très probablement, en arabe, alors que F. Corriente, par exemple, ne mentionne que ceux, émigrés en Leόn ou en Castille aux IXe et Xe siècles, qui, de fait, n’ont laissé aucun document écrit en arabe, si ce n’est sans doute des gloses marginales en arabe sur des manuscrits latins12. Nos mozarabes tolédans du ΧΙIe siècle, qui avaient connu auparavant jusqu’à trois siècles de plus que ceux de Leόn ou de Vieille Castille de vie dans le milieu « andalousien », ont pu, de fait, perdre plus complètement la pratique de leur dialecte roman propre.
8Paradoxalement, le, ou les, dialecte(s) arabe(s) andalousien(s), disparu(s), et pour cause, depuis la fin du XVIe siècle13, peut, ou peuvent, être bien étudié(s), grâce à une multitude de sources, alors que les dialectes arabes du Maghreb ou du Mashrek ne sont guère connus en général avant le XVIIIe siècle et les descriptions qu’en ont faites les Européens14. On peut citer tout d’abord les manuels écrits par les grammairiens arabes d’alAndalus eux-mêmes pour corriger les fautes du « vulgaire » (al-‘āmma) parmi leurs compatriotes, parmi lesquels se détache le Madhal du Sévillan du XIIe siècle Ibn Hišām al-Lahmī (m. 577 H/1181)15. De la même origine arabe andalousienne, les recueils de proverbes, aussi bien celui d’al-Zağğālī (m. 694 H/1294-95)16 que celui du Grenadin Ibn ‘Āṣim (mort au début du XVe siècle)17, n’ont pas le même souci de corriger les « fautes », pas plus que les poèmes rédigés volontairement en langue vulgaire, dont l’auteur le plus fameux est le Cordouan du XIIe siècle Ibn Quzmān18. Il existe également, du côté chrétien, mais reflétant l’arabe parlé d’al-Andalus, les dictionnaires latin-arabe médiévaux, tel celui attribué, sans grande justification, au Catalan Ramόn Marti19, et surtout, aux premières années du XVIe siècle, l’œuvre extraordinaire de Pedro de Alcalá20, véritable manuel d’arabe dialectal grenadin, destiné aux prédicateurs chrétiens chargés d’enseigner la doctrine chrétienne aux morisques, les musulmans officiellement convertis du royaume de Grenade récemment conquis21.
9Nous mettrons à part un corpus particulier, celui des 1 200 et quelques actes notariés arabes des chrétiens dits, avec plus de justesse qu’auparavant, « mozarabes »22, de Tolède aux XIIe et XIIIe siècles23, parce qu’il existe une différence d’appréciation sur le caractère de la langue de ces documents. Non que l’on puisse mettre en doute le fait qu’il s’agisse de documents en langue arabe, comme le faisait naguère Claudio Sānchez-Albomoz24. Non seulement le caractère employé, mais la structure même de la langue ne laissent pas de place au doute à cet égard. La divergence porte sur le fait que nous caractérisions ces documents comme « de l’arabe dialectal écrit », compte-tenu des « fautes » par rapport, à la norme de l’arabe officiel et des emprunts à la langue romane qu’ils contiennent, et aussi par prudence, dans un souci de ne pas paraître « arabiser » à l’excès les rédacteurs de ces documents, alors qu’un jeune collègue linguiste espagnol y verrait plutôt de l’arabe littéral, s’efforçant, parfois maladroitement, de se conformer aux modèles des formulaires notariaux andalousiens25.
10Parmi toutes ces sources, il conviendrait bien sûr de prendre en compte, non seulement les différences régionales, mais encore et surtout, peut-être, l’évolution chronologique : l’arabe grenadin du début du XVIe siècle différait certainement de celui attesté au XIIe siècle chez les grammairiens d’al-Andalus ou les notaires mozarabes de Tolède. De même encore la langue de ces derniers, que peut-être vaudrait-il mieux qualifier d’idiolecte, ne peut être considérée comme représentative du parler arabe de la vallée du Tage à l’époque de l’émirat et du califat de Cordoue, quand elle en constituait la Marche Moyenne (al-ṯaġr al-awsaṭ), étant donné l’afflux dans la région de nombreux contingents de mozarabes d’Andalousie, à la fin du XIe et au milieu du XIIe siècle, qui fait que l’arabe des documents tolédans ne peut guère attester que d’une koinè dialectos26.
11Pourtant, il semble que la dimension diachronique n’ait guère été prise en compte par les très nombreuses études qui ont été consacrées, depuis le XIXe siècle jusqu’à nos jours, aux variantes andalousiennes de la langue du ḍād. Dans le domaine du lexique, nous ne citerons que les deux œuvres qui en jalonnent actuellement les termes, depuis le Supplément aux dictionnaires arabes de Reinhardt Dozy27, encore utile, jusqu’au tout récent dictionnaire arabe andalousien de Federico Corriente28. Dans le domaine de la grammaire, les travaux sont beaucoup plus rares, les plus remarquables étant ceux du même F. Corriente.
12En ce qui concerne précisément la structure de la langue, le trait le plus frappant, mis en valeur par Corriente, et qui n’est pas sans conséquence au niveau littéraire, est, dans le « faisceau dialectal andalousien » par rapport à l’arabe classique, la disparition de la valeur distinctive de l’opposition entre voyelles brèves et longues, et son remplacement par l’emplacement de l’accent tonique. Mais l’on sait que c’est là un phénomène plutôt courant dans les dialectes arabes en général, à tel point que dans la réalisation même de l’arabe classique l’emplacement de l’accent tonique peut varier, suivant les habitudes dialectales de chaque région, sans que cela constitue un empêchement à la compréhension. Le phénomène ne peut donc être tenu pour spécifique de l’arabe andalousien, la marque de l’influence d’un substrat ou d’un adstrat roman, où, au contraire, l’emplacement de l’accent tonique joue un rôle pertinent. On notera la règle absolue qui veut que dans les emprunts romans à l’arabe, faits généralement à partir du dialecte, l’accent tonique se situe toujours là où il se trouvait dans l’arabe dialectal.
13Les emprunts lexicaux à la langue romane sont nombreux, et le plus souvent aisément reconnaissables. Mais on observe qu’ils sont en général assimilés à la phonétique de l’arabe (de même que l’espagnol actuel assimile à sa phonétique les emprunts anglo-saxons, à la différence du français contemporain où l’on croit le plus souvent de bon ton de tenter de maintenir la prononciation d’origine). Néanmoins apparaissent des phonèmes étrangers à l’arabe officiel et provenant des langues romanes, tels que le /p/ transcrit en arabe par un /b/ géminé, le /č/ [tch], transcrit par un /ǧīm/ géminé, le problème du /g/ étant plus complexe, puisqu’il existe également, avec des origines différentes, dans plusieurs autres dialectes arabes, notamment, comme il est bien connu, dans le parler de l’Égypte, où il correspond, non seulement à la prononciation actuelle, mais aussi à la plus ancienne réalisation du /ǧīm/29.
La permanence de l’arabe dans la Péninsule ibérique « reconquise »
14Celle-ci est remarquable jusqu’à la fin du XVIe siècle. Certes, en Castille et au Portugal, il faut chercher à la loupe les témoignages sur la pratique et la connaissance de la langue durant le XVe siècle. On peut en trouver néanmoins, au moins chez les mudéjares, les musulmans soumis, aux effectifs limités dans chacun de ces deux royaumes, car les mozarabes, les chrétiens arabisés, sont définitivement réassimilés, même à Tolède, durant le XIVe siècle. Au Portugal, où le roi João Ier interdit, dans les premières années du XVe siècle, aux notaires, de faire des actes en arabe ou en hébreu, visant là certainement une pratique déjà extrêmement minoritaire, on trouve, à hauteur des années 1470, des signatures arabes au dos de contrats de mariage concernant des mouros, passés en langue portugaise. En Castille, la découverte de documents cachés depuis le XVIe siècle dans les murs de palais aujourd’hui en ruine peut en révéler certains, datés des mêmes années 1470, écrits dans un arabe à peu près correct, qui montre au moins la capacité de les lire chez leur destinataire, un alfaquí de la région tolédane, par ailleurs inconnu.
15Mais, globalement, il n’est pas possible de remettre sérieusement en doute l’affirmation selon laquelle les mudéjares de Castille avaient perdu, dans la seconde moitié du XVe siècle, la connaissance de la langue arabe, bien que Ice de Jebir, le mufti de Ségovie, auquel on se réfère toujours en la matière, parle seulement de la perte des écoles de langue arabe. Mais précisément l’œuvre d’Ice de Jebir, créant la littérature aljamiada, en langue espagnole et caractères arabes, s’explique fondamentalement par la perte de la langue arabe chez les musulmans de Castille30.
16Bientôt, et à des dates variables selon les régions et les royaumes, les mudéjars hispaniques vont passer à la situation de moriscos officiellement convertis au christianisme et baptisés, mais qui veulent rester musulmans. Les situations sont très diverses. Grossièrement, on peut dire que le problème se pose d’une manière très spécifique au Portugal, d’où les mudéjars semblent être massivement partis après l’édit de 1497 et où les moriscos du XVIe siècle sont des immigrés venus, poussés par la famine, du Maroc, dont les côtes sont alors partiellement aux mains des Portugais, et que les « vieux mudéjars » castillans comme ceux, plus nombreux, de l’Aragon au sens étroit de la vallée de l’Èbre, sont en voie d’assimilation avancée, tout au moins du point de vue linguistique.
17Mais il en va différemment dans deux cas : les morisques grenadins et ceux de Valence. Il est aisément compréhensible que les morisques grenadins, dont la soumission au pouvoir chrétien remontait à une date récente, aient conservé l’usage de leur arabe jusqu’à la déportation générale et leur dispersion à travers le royaume de Castille, en 1570, pour ne pas dire jusqu’à l’expulsion de 1609-1612. Ce qui est plus intéressant est le phénomène valencien.
18Dans le royaume de Valence, c’est-à-dire l’actuelle Comunidad Valenciana, ou les trois provinces de Castellón, Valence et Alicante, dont la conquête remonte à la première moitié du XIIIe siècle, et où, pour cette première époque, on a pu parler de la « barrière » ou « la muraille de la langue » séparant les musulmans soumis et les colons chrétiens31, cette barrière est tombée au XVIe siècle, non pas en raison de la disparition supposée de l’arabe chez les musulmans, qui rappelons-le représentent encore au début du XVIe siècle environ le tiers de la population du royaume de Valence, et possèdent donc une capacité de résistance culturelle infiniment plus élevée que ceux d’autres parties de la Péninsule, mais par le fait que nombre de chrétiens ont acquis une pratique au moins orale de leur langue. Un travail relativement récent portant sur les sources judiciaires montre, pour une zone, il est vrai, restreinte du Pays Valencien, appelée la comarca de la Valldigna, le bilinguisme arabe-valencien généralisé chez les morisques hommes adultes, le monolinguisme arabe dominant chez les femmes, et la connaissance relativement répandue chez les vieux chrétiens de l’arabe dialectal, la algarabía, par opposition à la algemía désignant la langue romane, soit essentiellement le catalano-valencien dans cette région. La connaissance de l’arabe dialectal, peu ou prou répandue dans une proportion que l’auteur estime à 50 % de la population, mâle, peut-on supposer, âgée de plus de 10 ans d’origine « vieille chrétienne » constitue certainement la conclusion la plus surprenante de l’article32.
Les emprunts à l’arabe dans les langues hispaniques
19Que ce soit en castillan (espagnol), en catalan ou en portugais33, pour ne mentionner que les principales langues romanes hispaniques, les emprunts à l’arabe sont nombreux, et ils ont été depuis longtemps étudiés. Leur nombre est évalué, pour le castillan, entre 850 et 1 000, pour les arabismes simples, à 4 000 avec les dérivés, à des chiffres un peu plus bas en portugais, à la moitié en catalano-valencien34. Il est vrai qu’il entre dans l’étude de ces arabismes, parfois une bonne dose de fantaisie, souvent due à des ignorances, dont la plus répandue est celle qui consiste à imaginer qu’une jota de l’espagnol moderne puisse correspondre à un hā’ de l’arabe, au son identique, quand jusqu’au XVIe siècle en castillan, et aujourd’hui encore dans les autres langues hispaniques, le /j/ équivaut au ğīm de l’arabe, ainsi mudağğan donnant mudéjar. Mais il existe également des recherches menées avec la plus grande rigueur, au moins quant à la phonétique35, sinon quant à la datation36.
20Le double phénomène le plus frappant est d’une part l’accroissement constant des arabismes qui se manifeste au cours de la période médiévale jusqu’à l’extrême fin de la prétendue « reconquête »37, et d’autre part la lente épuration de la langue depuis lors au cours des siècles, qui fait que bien des termes empruntés à l’arabe et recensés dans les dictionnaires sont aujourd’hui sortis de l’usage courant et même franchement tombés en désuétude.
Notes de bas de page
1 Nous employons l’adjectif « andalousien » pour traduire l’arabe andalusī et l’espagnol andalusí et éviter la confusion avec « andalou ».
2 A Grammatical Sketch of the Spanish Arabic Dialect Bundle, Madrid, Instituto HispanoÁrabe de Cultura, 1977.
3 Nous partageons les réflexions de F. Corriente, disant que ce qu’il appelle haz dialectal andalusί n’est pas une Mischsprache, mais le développement relativement indépendant des parlers arabes orientaux des conquérants, l’interférence avec le substrat hispanique ne justifiant pas l’usage de dénominations telles que árabe hispánico ou hispanoárabe : aunque todos la ayamos usado en algún momento, más por inercia que por reflexion (« Balance y perspectivas de los estudios de árabe granadino », dans Estudios Nazarίes. Al-Mudun l, C. Castillo Castillo dir., Grenade, 1997, p. 147-163, voir p. 147-148).
4 Elle se trouve recueillie dans Corpus Scriptorum Muzarabicorum, J. Gil éd., 2 vol., Madrid, 1973.
5 Un auteur, pourtant radical dans la négation du « mozarabisme linguistique », au sens du maintien d’une langue romane dite « mozarabe » durant toute l’histoire d’al-Andalus, écrit néanmoins : El bilingüismo de al-Andalus, que no puede negarse para los primeras siglos... (C. Barceló, « Mozarabes de Valencia y “lengua mozarabe” », Revista de Filologίa Espanola, 77 (1997), p. 253-279, spécialement p. 278).
6 H. de Felipe, Identidad y onomāstica de los Beréberes de al-Andalus, Madrid, 1997, particulièrement p. 74-82 : Onomāstica, arabización e islamización, sur la question de l’arabisation linguistique des Berbères d’al-Andalus.
7 M. Marin, Mujeres en al-Ándalus, Madrid, 2000. p. 14. J. Ribera, « El Cancionero de Abencuzmán », spécialement « La raza y la lengua de los musulmanes espanoles », dans Disertaciones y opúscolos, t. 1, Madrid, 1928, p. 12-26 ; « La Crόnica de Aljoxaní », dans Disertaciones y opúsculos, t. 1, p. 385-416, spécialement : « Uso de la lengua romance en Cόrdoba », p. 397.
8 Cf. J. Corominas et J. A. Pascual, Diccionario Crίtico Etimolόgico Castellano e Hispānico, Madrid, 1981, t. 4, p. 186a : la terminación fue adaptada en castellano a la de los numerosos arabismos en-í (no existe el ár. muwalladî supuesto por la Academia).
9 Nous pensons que la population tolédane, à la date en question, est déjà majoritairement constituée de muwallad/s, conformément à la position qui nous semble raisonnable consistant, sans nier la persistance d’une minorité mozarabe jusqu’à la fin de la période islamique de l’histoire de la ville, à réduire à la fois son importance numérique et son influence (J.-P. Molénat, « Y a-t-il eu des mozarabes à Tolède du VIIIe siècle au XIe siècle ? », dans Entre el califato y la taifa : Mil años del Cristo de la Luz. Actas del Congreso Internacional, Toledo, 1999, Tolède, 2000, p. 97-106). Dans l’hypothèse où les mozarabes seraient plus importants et actifs que nous le pensons dans la ville du IXe siècle, l’argument utilisé ici en serait renforcé.
10 Primera Crόnica General de España, R. Menéndez Pidal et D. Catalan éd., Madrid, 1977, t. 2, p. 536. Références aux sources arabes sur le personnage dans J.-P. Molénat, Campagnes et Monts de Tolède, Madrid, 1997, p. 28-29, n. 25.
11 F. Corriente écrit : En esta obra, el romandalusί [= la langue romane d’al-Andalus], a causa de su intima convivencia con el andalusί [= l’arabe d’al-Andalus] en una situaciόn de bilingüismo y Sprachbund, es consiclerado, no como el imaginario soporte social de la personalidad sempiterna y atάvicamente « hispana » y hasta cristiana que Simonet y sus acólitos sonaron para Alandalús, sino como la segunda lengua de una comunidad fundamentalmente ya islamizada y arabizada dos siglos después de la conquista, en situaciân similar al bereber o amaciga en el Norte de África. Hasta tal punto era lengua de una comunidad predominantemente islámica, que los mozarabes aún bilingues que emigran al Norte cristiano en los siglos IX y X y la usan por algún tiempo para entenderse con la poblaciόn local, pero no te lienen ninguna lealdad que les lleve a conservarla, sino que la abandonan en cuanto dominan suficientemente los dialectos septentrionales locales que, sin duda, les parecen más « cristianos », aunque non puedan impedir llenarlos de arabismos para expresar conceptos de la cultura superior del momento, la del orbe islāmico, que no existίan en ningún dialecto rom., septentrional o meridional. De hecho los romanandalusismos (antes « mozarabismos ») sin segmento ár. son mucho más escasos en los romances septentrionales que los arabismos en la totalidad o parte del lexema (Diccionario de arabismos y voces afïnes en iberorromance, Madrid, 1999, préface, p. 13, n. 4).
12 Á. C. López López, « Las glosas marginales arabes del Codex Visigothicus Legionensis », dans Codex Biblicus Legionensis. Veinte Estudios, León, 1999, p. 303-318, situe la confection de ce manuscrit à Valerica, en Castille.
13 Nous fixons cette date, correspondant à l’expulsion des morisques en 1609, pour tenir compte de la survie, jusqu’à ce moment, de l’arabe parlé dans le pays valencien, que nous évoquerons plus loin. On pourrait également discuter la « disparition » de ces dialectes, en arguant de leur reflet possible dans le parler de certaines villes du Maghreb, où la présence morisque a été particulièrement sensible (F. Corriente, Árabe andalusí y lenguas romances, Madrid, 1992, p. 35, parle de l’impact profond de l’andalousien sur les dialectes d’Afrique du Nord, aussi bien dans le domaine de la phonétique que dans celui de la morphologie).
14 Cf. cependant le judéo-arabe d’Orient connu notamment par les documents de la Genizah du Caire.
15 Al-Madjal ilä taqwīn al-lisān wa-ta’līm al-bayān (Introduction a la correcciόn del lenguage y la enseñanza de la elocuencia), édition critique et étude par J. Pérez Lâzaro, Madrid, 1990 (CSIC-Fuente arabico-hispanas, 6), 2 vol. (1 : étude ; 2 : texte).
16 Amṯāl al-awāmm fīl-Andalus, M. Bencherifa (Ibn Sarīfa) éd., 2 vol., Fès, 1971-1975.
17 Ḥadā’iq al-azāhir fi mustahsan al-ağwiba wa-l-madhakāt wa-l-hikam wa-l-amṯāl wa-lḥikāyāt wa-l-nawādir, éd. Beyrouth, 1992. La collection de proverbes ne constitue qu’un chapitre de l’œuvre. M. Marugán, El refranero andalusί de Ibn ‘Āṣim al-Garnatῑ, Madrid, 1994. Id, « Andalusi Lexicon as refected by Ibn ‘Āsim’s proverb collection », dans Actas del Congreso Internacional sobre interferencias lingüisticas arabo-romances y paralelos extraibericos celebradas en Madrid del 10 al 14 de diciembre de 1990, J. Aguadé et alii dir., Saragosse, 1994, p. 157-163. Voir aussi F. Corriente et H. Bouzineb, Recopilación de refranes andalusίes de Alonso del Castillo, Saragosse, 1994.
18 Pour le dīwān d’Ibn Quzmān, on utilisera, de préférence à l’édition en translittération et à la traduction en vers espagnols d’E. Garcίa Gómez (Todo Ben Quzmān, 3 vol., Madrid, 1972), les éditions en caractères arabes (donc comportant une moindre marge d’interprétation) et les traductions moins « poétiques » de F. Corriente, Gramática, métrica y texto del cancionero hispanoārabe de Aban Qusrnān (Reflexo de la situación lingüίstica de Al-Andalus tras concluir el perίodo de las Taίfas), Madrid, 1980 ; Id., El Cancionero hispanoārabe, Madrid, 1984. Pour des poèmes de même type (zaǧal) qui ne sont pas dus à Ibn Quzmᾱn, F. Corriente, « Textos andalusies de cejeles no quzmanianos en AlhillT, Ibn Sa ‘īd Almagribī, Ibn Xaldūn y en la Genizah », Foro Hispānico, 7 (Amsterdam, 1994) : La sociedad andalusi y sus tradiciones literarias, p. 61-104.
19 Vocabulista in arabica pubblicato per la prima volta sopra un codice della biblioteca Riccardiana di Firenze, C. Schiaparelli éd., Florence, 1871. D. A. Griffin, « Los mozarabismos del “Vocabulista” atribuίdo a Ramόn Martí », Al-Andalus, 23 (1958), p. 251-337 ; 24 (1959), p. 85-124 et 333-380 ; 25 (1960), p. 93-170.
20 Selon toute vraisemblance originaire d’Alcalá la Real, ville située dans la partie de l’Andalousie conquise dès le XIIIe siècle par les Castillans.
21 Arte para Hgeramente saber la lengua Arauiga. Vocabulista arauigo en letra castellana, Grenade, 1505. Petri Hispani De lingua arabica libri duo, P. de Lagarde éd., Gottingen, 1883. Deux études récentes ont été consacrées au vocabulaire arabe de Pedro de Alcalá : F. Corriente, El léxico ārabe andalusi según P. de Alcalá, Madrid, 1988, et E. Pezzi, El Vocabulario de Pedro de Alcalá, Almerίa, 1989.
22 Ici l’emploi du terme « mozarabes » est pleinement justifié, s’agissant de populations linguistiquement « arabisées » en milieu chrétien, et qui, au surplus, revendiquent cette dénomination pour elles-mêmes (cf. J.-P. Molénat, « L’identité mozarabe dans l’Ibérie reconquise, spécialement à Tolède », dans Mutations d’identités en Méditerranée. Moyen Age el Époque contemporaine, H. Bresc et C. Veauvy dir., Paris, 2000, p. 123-131).
23 A. Gonzalez Palencia, Los Mozárabes de Toledo en los sighs XII y XIII, 4 vol. (3 de texte et trad. + I vol. préliminaire), Madrid, 1926-1930.
24 ...aljamiados, continuaron escribiendo durante mas de un siglo en carácteres arábigos su lengua romance (La España musulmana según los autores islamitas y cristianos medievales, 4e éd., 2 vol., Madrid, 1974, t. 2, p. 222). La phrase comporte au moins deux erreurs, parce que ce ne fut pas durant plus d’un siècle, mais plus de deux (de 1085 à la fin du XIIIe siècle), que la langue écrite à Tolède en caractères arabes fut, non une langue romane, mais une variante de l’arabe.
25 I. Ferrando Frutos, El dialecto andatusί de la Marca Media. Los documente mozarabes de los sighs XIIy XIII, Saragosse, 1995. Bien que la divergence n’apparaisse pas dans ce titre qui parle de « dialecte andalousien » pour les documents mozarabes de Tolède, elle s’est exprimée à l’occasion du congrès Entre el califato y la taifa : Mil años del Cristo de la Luz, Tolède, 14-16 décembre 1999.
26 Cf. J.-P. Molénat, Campagnes et Monts de Tolède, op. cit., chapitre I.
27 2 vol., Leyde, 1881, réimp. Beyrouth, 1968.
28 A Dictionary of Andalusi Arabic, Leyde, 1997.
29 F. Corriente, « Los fonemas/p/, /č/ y /g/en arabe hispánico », Vox Romanica, 37 (1978), p. 214-218 ; Id., Arabe andalusί y lenguas romances, p. 43-44, pour le /p/ où il note cependant que le/p/roman avait été converti, dans un premier temps, par les arabophones en/b/, comme en témoignent les toponymes, ainsi Išbiliya pour Hispalis (Séville) ; p. 54, pour le /č/ ; p. 55, pour le /g/, mais aussi p. 53, pour la réalisation comme /g/ du ğīm arabe par les Yéménites lors de la conquête, responsable des formes Tajo (castillan) ou Tejo (portugais) pour le fleuve nommé Tagus en latin.
30 G. Wiegers, Islamic literature in Spanish and Aljamiado : Yça of Segovia (fl. 1450), his antecedents and successors, Leyde, 1994.
31 R. I. Burns, « The language barrier : the problem of bilingualism and Muslim-Christian interchange in the medieval Kingdom of Valencia », dans Contribution to mediterranean studies, M. Vassalo dir., Malte, 1977, p. 116-136. Id., dans Muslims, Christians and Jews, Cambridge, 1984, p. 172-192, sous le titre : « The language barrier : bilingualism and interchange » (trad, catalane : « La muralla de la llengua : el problema del bilingüisme i de la interacció entre musulmans i cristians », dans Jaume I i els valencians del segle XIII, Valence, 1981, p. 303-330). Id., Moros, cristians i jueus en et regne croat de Valencia, Valence, 1987, p. 251-277.
32 E. Císcar Pallares, « “Algaravía” y “algemía”. Precisiones sobre la lengua de los moriscosen el Reino de Valencia », Al-Qantara, 15/1 (1994), p. 131-162.
33 Pour le portugais, outre les travaux de José Pedro Machado (Influência Arabica no Vocabulário Português, 2 vol., Lisbonne, 1958-1961 ; Dicionário Etimológico da Lingua Portuguesa, 3 vol., 2e éd., Lisbonne, 1967 ; Vocabulario Português de Origem Árabe, Lisbonne, 1991), on verra la récente thèse de Myriam Benarroch soutenue en décembre 2000 à l’Université de Paris III.
34 S. Fanjul, Al-Andalus contra España. La forja del mito, Madrid, 2000, p. 190, d’après J. M. Solā-Solé, Sobre ārabes, judίos y marranos y su impacto en la lengua y la literatura españolas, Barcelone, 1983.
35 L’exemple de cette rigueur est donné par F. Corriente dans son récent Diccionario de arabismos y voces afines en iberorromance, Madrid, 1999, bien que l’on puisse regretter l’absence de toute datation ou localisation, pour l’apparition des dérivés romans, ainsi que celle de certains arabismes régionaux (ex. le tolédan d’époque médiévale et moderne, aujourd’hui tombé en désuétude, almocaz ou almocraz, de l’arabe al-muqās, pour un arpentage).
36 Pour la datation des arabismes, les études consacrées à ce sujet (E. K. Neuvonen, Los arabismos del espanol en el siglo XIII, Helsinki, 1941 ; F. Maíllo Salgado, Los arabismos del castellano en la Baja Edad Media (Consideraciones históricas y filológicas), Salamanque, 1983), ne retiennent en général que les attestations littéraires, non celles des documents de la pratique, souvent bien plus précoces.
37 On laissera bien sûr ici de côté les arabismes nés à l’époque moderne et contemporaine des contacts provoqués par les tentatives coloniales sur l’autre rive de la Méditerranée.
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