À la recherche des identités et dynamiques sociales paléolithiques
Investigation anthropologique sur l’art mobilier du Magdalénien moyen ancien dans le centre-ouest de la France
Seeking Palaeolithic Identities and Social Dynamics. An Anthropological Investigation Based on Early Middle Magdalenian Portable Art from Western-Central France
Résumés
Il est particulièrement délicat de distinguer une identité culturelle relativement stable, portant en elle les traces d’une longue histoire d’interactions, et les réseaux entretenus par ces mêmes populations à un moment donné de leur histoire. D’après certains chercheurs, les analyses de répartition, de variations et constantes stylistiques opérées par les archéologues permettent plus de dessiner les interactions entre groupes humains que les contours d’identités culturelles. Dans cette perspective, en interrogeant les réalités sociales effectivement atteintes à travers les vestiges préhistoriques, cet essai méthodologique a pour ambition de repousser les limites interprétatives et d’enrichir les hypothèses et les appréhensions des comportements sociaux et culturels des populations du Paléolithique supérieur.
Cette étude repose sur le fait anthropologique que la culture matérielle est partie prenante des pratiques sociales d’interactions, à la fois participative et impactée par ces comportements. Le style des objets et leur répartition dépendent donc des interactions entre individus et groupes, en lien étroit avec leur environnement naturel et social (ressources, démographie humaine, notamment). Il est donc fait appel à des récurrences anthropologiques qui fournissent des clés de lecture pour la distribution et l’évolution des styles de la culture matérielle au regard des contextes et dynamiques sociales qui en sont généralement responsables. À partir des densités humaines suggérées pour le Magdalénien, croisées avec les Magic numbers anthropologiques, des cartes théoriques de répartition des unités sociales humaines peuvent être dressées. Dans ce cadre, la distribution des traits culturels prendra automatiquement sens, d’un point de vue sociologique. Cette méthode est testée sur l’art mobilier osseux du Magdalénien moyen ancien, mis au jour entre le Seuil du Poitou et le nord du Bassin aquitain (environ 16 000 à 14 500 ans B.P.). L’approche est complétée par une discussion des résultats à partir des autres catégories de vestiges. Plusieurs scenarii peuvent se révéler plausibles, mais certains apparaissent plus adaptés au regard des données. Une approche diachronique de l’art sur support osseux suggère au moins deux principales subdivisions, marquées par une progressive densification de la population humaine.
Cet essai méthodologique permet d’interroger les réalités sociales réellement approchées à travers l’art paléolithique, ainsi que d’enrichir et de multiplier nos hypothèses interprétatives et notre appréhension des comportements socioculturels des populations dites magdaléniennes. Cette étude est extraite de travaux en cours, aussi les résultats présentés dans cet article sont-ils préliminaires.
Defining one’s culture and identity seems tricky from the ethnologist and ethnoarcheologist’s point of view, even though the whole of its material and immaterial aspects are known. In the case of archaeological societies, hoping to interpret such a minimal part of a culture’s remains seems even more unreachable and utopian, from which results an archaeological simplification of anthropological concerns. According to some studies, what archaeologists are most likely to figure out concerns interactions, exchange and networks of influence between human groups. One would argue that culture is no more than the result of a long and complex history of influencing, sharing innovations and cultural features, besides maintaining some singularity between each. Another issue arises: it gets rather difficult to distinguish a relative stable cultural identity – resulting from a long history of networks, from networks in itself being maintained by the same populations at a specific period in time.
The keystone of this study relies on the anthropological fact that material culture is « an active constitutive dimension of social practice in that it both structures human agency and is a product of that agency » (Jones, 1997). Its styles consequently depend on interaction modalities and evolution in relation to the natural (resources) and social environment (mainly resources specificities and human demography). Therefore, this research focuses on the characterization of the contexts and social dynamics usually responsible for stylistic distribution and evolution, in order to build an anthropological understanding of Palaeolithic remains. Various studies have suggested certain characteristics which could be relied on which are here tested on bone portable art from Early Upper Magdalenian in western central France archaeological sites (ca 16 000 to 14 500 years B.P.). Two plausible human densities are considered and associated with anthropologic magic numbers, and will allow to draw maps of repartition of prehistoric social units. For each human density version, the distribution of stylistic features will instantly make sociological sense. Afterwards, the plausibility of the territorial areas and social dynamics hereby defined is confronted to other archaeological data. At the end, several cultural territories and network areas may be worth considering as plausible, but eventually data shows a better match with one of these interpretative hypothesis. A diachronic approach of bone art would here suggest at least two main subdivisions during the Early Middle Magdalenian, with a progressive densification of human populations.
This methodological essay allows us to question the social realities actually approached through Palaeolithic art, and to broaden our hypothesis and expectations of Magdalenian populations’ social and cultural behaviours. This research represents a part of a Ph-D in progress, therefore the first results are presented in this article.
Entrées d’index
Mots-clés : magdalénien moyen ancien, centre-ouest de la France, art mobilier, anthropologie préhistorique, style, paléosociologie, géographie sociale, paléodémographie
Keywords : early Middle Magdalenian, western central France, portable art, prehistoric anthropology, style, palaeosociology, social geography, palaeodemography
Texte intégral
Introduction
1Les cultures archéologiques peuvent être définies comme une association stable de comportements partagés et transmis dans un temps et un espace donnés (Perlès, 2013, p. 293). L’art est souvent considéré comme un indice privilégié pour dessiner les identités culturelles et territoriales, en y recherchant des « marqueurs significatifs » (Paillet, 1999, p. 77), ni trop généraux, ni trop détaillés (Bracco, 2005 ; Pigeaud, 2007). Mais comment les reconnaître ? Pour retracer quelles réalités humaines ? Cette opération est complexe pour les anthropologues, mais apparaît presque inaccessible pour le préhistorien en raison des nombreux biais archéologiques imposés par la nature de son objet d’étude, entraînant une simplification importante des préoccupations sociologiques, et de la notion même de culture archéologique. En conséquence, l’interprétation de la variabilité, de l’homogénéité spatiale, et de l’évolution des traditions esthétiques et techniques demeure superficielle au regard de la complexité des sociétés humaines, qui par nécessité est une grande absente des travaux sur les populations paléolithiques. Finalement, « although style is integral to most archaeological research, it lacks meaning » (Wobst, 1977, p. 317 ; voir Valentin, 2008 ; Sauvet et al., 2014).
2Anthropologiquement parlant, la culture est un phénomène dynamique et contextuel dont les changements résultent de l’évolution des stratégies de manipulation de l’identité, en fonction du contexte économique et social (Jones, 1997, p. 110 ; Gosselain, 2000). La culture matérielle, quant à elle, endosse un rôle actif dans les pratiques sociales, puisqu’à la fois elle y participe et est impactée par ces dynamiques d’identification et d’échanges, grâce au pouvoir communiquant de son aspect visuel (De Boer, 1990 ; Jones, 1997). Par conséquent, les modifications dans les modalités d’interactions, et par extension l’évolution des styles, sont étroitement dépendantes de leur environnement naturel et social.
3Cet essai méthodologique a pour ambition de résoudre certaines de ces impasses archéologiques, d’en déjouer certains biais, en faisant appel à l’anthropologie sociale. Au lieu d’analyser « à l’aveugle » la répartition et l’évolution des traits culturels, il apparaît fondamental de définir les contextes et dynamiques sociales responsables de la répartition et de l’évolution de la culture matérielle, afin de construire une meilleure compréhension sociologique des vestiges paléolithiques.
4Le Magdalénien moyen ancien du centre-ouest de la France (Paléolithique supérieur récent) apparaît comme un cadre intéressant pour construire et tester cette méthodologie. Cette région se situe entre le Sud-Ouest européen, densément peuplé, et la France septentrionale peu occupée à cette période (fig. 1 ; Delpech, 1999). Au-delà de traditions techniques et esthétiques largement partagées en Europe occidentale, cette région fait également preuve d’un morcellement spatial complexe à travers la répartition de l’outillage osseux et de certains objets ornés en matières dures d’origine animale, tant du point de vue du support, des techniques, des thèmes que des styles représentés (fig. 2). Aussi, un travail sur l’organisation des groupes de chasseurs-collecteurs et de leurs dynamiques sociales dans le centre-ouest de la France en fonction de l’art mobilier osseux paraît approprié (270 pièces).
Méthodologie
5Un cadre empirique a d’abord été élaboré à partir des données paléoenvironnementales et archéologiques du Magdalénien moyen ancien du centre-ouest de la France.
6La définition du contexte social et territorial des sociétés magdaléniennes est plus complexe. La densité humaine étant considérée comme ayant une influence majeure sur l’organisation sociale, politique et économique (Féblot-Augustins et Perlès, 1992 ; French, 2015), elle constitue ici la clé de voûte pour atteindre ce contexte social. Cependant, actuellement, il n’y a pas de consensus autour de la densité humaine pour la période étudiée. Aussi, deux valeurs sont testées dans l’exposé de cette recherche, empruntées aux travaux de différents préhistoriens (Delpech, 1999 ; Bocquet-Appel et al., 2005). Elles correspondent à des densités faibles, avec un minimum de 0,25 p./100 km² et un maximum de 2 p./100 km², enregistrées de manière générale chez les sociétés de chasseurs-collecteurs vivant dans des environnements rudes (périodes de sécheresse ou zones périglaciaires aux ressources instables ; Binford, 2001 ; Kelly, 2013). Ces densités, associées aux Magic numbers anthropologiques des sociétés de chasseurs-collecteurs (nombre moyen d’individus par unité sociale ; Wobst, 1974 ; Gamble, 1986 ; Kelly, 2013), permettent de définir les dimensions des territoires (tab. 1) et d’esquisser des cartes théoriques de répartition d’unités sociales. Le groupe résidentiel, ou « bande locale », regroupe en moyenne 25 à 30 personnes (environ 4 à 5 familles nucléaires), et correspond à une unité sociale fondamentale associée à l’exploitation d’un territoire. Le groupe régional est essentiellement endogame et repose sur des réseaux d’alliances amicales et matrimoniales privilégiées (Mating Network). Afin d’assurer une reproduction sociale et biologique saine sur le long terme, il doit donc regrouper un minimum de 150 individus (groupe régional minimal, 5 à 7 bandes locales se regroupant régulièrement), et peut atteindre jusqu’à 500 individus (groupe régional maximal, 16 à 20 bandes locales ; Wobst, 1974 ; Gamble, 1986 ; Kelly, 2013).
7Une répartition des unités sociales respectant l’installation des sites archéologiques est proposée. Les territoires, dont l’étendue dépend de la densité humaine testée (tab. 1), sont donc disposés en fonction de la concentration et de l’absence des occupations connues (fig. 3a). Dans ce premier cas, les territoires sont localisés de telle sorte qu’ils englobent les zones où de nombreuses occupations sont connues, tandis que les espaces dépourvus de sites archéologiques sont évités, dans la mesure du possible (en fonction de la taille du territoire à appliquer). Une application globale hypothétique de la densité humaine est également proposée (fig. 3b ; 3c.). Elle permet d’installer les unités sociales sans prendre en compte la répartition des sites connus, y compris dans des zones apparemment non occupées archéologiquement. Cela permet de déjouer au moins une partie des biais archéologiques (carte archéologique très incomplète).
8Enfin, un cadre théorique fait appel à des récurrences anthropologiques permettant d’interpréter la répartition des styles, phénomènes d’homogénéisation et de variabilité.
9L’art mobilier sur supports osseux est soumis à ce cadre de travail : pour chaque densité humaine, la répartition des traits stylistiques des 270 objets du corpus pourra être sociologiquement interprétée. L’analyse des objets ornés repose sur des statistiques simples appliquées sur une base de données décrivant les supports, les techniques appliquées, les thèmes représentés et les choix stylistiques opérés pour les différents détails de chaque unité graphique. Au total, près de 600 colonnes de critères de description composent cette base de données. Ces critères permettent d’interroger tant les tendances générales que la variabilité interne à chaque occupation, qui a son importance dans l’approche de l’organisation sociale des groupes humains, comme cela va être montré (voir infra, le cadre théorique de l’étude). Ces critères sont mobilisés par catégorie (technique, thème, forme des yeux, dynamisme des figures animales, etc.), et les tendances qui s’en dégagent sont croisées afin de mener une réflexion d’ordre plus général sur les pratiques artistiques par site et par région. Les résultats de l’interrogation de la base de données sont principalement représentés par des diagrammes circulaires géoréférencés (situés sur des cartes, à l’emplacement de chaque site concerné), illustrant les proportions de choix thématiques, stylistiques, etc. par site. Les cartes les plus pertinentes sont reportées dans cet article.
10Ces résultats sont finalement discutés au regard des autres catégories de données archéologiques, pour déterminer le scénario social et la densité humaine les plus plausibles.
Cadre de l’étude
Cadre empirique
11Entre 19 500 et 18 500 ans cal. B.P. (16 000 à 14 500 ans B.P. environ, Barshay-Szmidt et al., 2016), l’acquisition des ressources pouvait être relativement imprédictible dans un environnement de type steppe-toundra post-maximum glaciaire (Whallon, 2006 ; Binford, 2012). Une augmentation des troupeaux de grands ongulés dans le sud-ouest de l’Europe a permis une concentration des occupations humaines et donc une augmentation de la densité de population à cette période (Delpech, 1999). Une certaine diversité des écosystèmes aurait permis une restriction des migrations des rennes, ordinairement connus pour leurs grands déplacements saisonniers (Fontana, 2017).
12Les données archéologiques démontrent un fonds culturel commun sur une vaste partie de l’Europe occidentale et centrale, révélant des interactions intenses et durables, directes et de proche en proche : coquillages, silex de qualité, traits techniques et esthétiques (fig. 1 et 2 ; Langlais et al., 2015b). Cependant, des spécificités régionales et locales sont identifiées, et les aires de dispersion différenciées de certains objets traduisent des réseaux d’interactions distincts ou changeants sur le temps long (fig. 2 ; Langlais et al., 2015b ; Pétillon, 2016 ; Langlais et al., 2017).
13Concernant l’art, il faut noter la présence d’abris sculptés de chevaux et bisons très similaires techniquement et stylistiquement entre les sites provenant du Poitou, de la Charente et un site de Dordogne, tandis que d’autres bisons pariétaux sont spécifiques à la Dordogne (Bourdier, 2013). Un rapprochement entre des bouquetins surimposés à ces thèmes dans les abris sculptés du Poitou et peut-être de Charente est également proposé (Bourdier, 2013). Cependant, le centre du Poitou se distingue fortement par la représentation de figures humaines réalistes, tant sur les parois que sur les plaquettes calcaires gravées (fig. 2e ; Airvaux, 2001 ; Bourdier, 2013). L’art mobilier y est également singulier en raison du nombre important de pierres gravées, inégalé à cette période (Airvaux, 2001 ; Gaussein, 2012). Des spécificités régionales apparaissent également sur les supports osseux (voir résultats infra). Le corpus ici analysé se focalise sur les pièces dont l’attribution est la moins incertaine, et compte donc 270 artefacts, provenant de 13 sites (Chauvet, 1910 ; Lwoff et Péricard, 1940 ; Lwoff, 1943 ; Allain, 1961 ; Lwoff, 1962 ; Allain et al., 1985 ; Airvaux, 2002 ; Cattelain et Pétillon, 2015 ; Mazière, 2009 ; Vercoutère, 2009 ; Airvaux, 2011 ; Cleyet-Merle et al., 2014 ; Langlais et al., 2015a ; Langlais et al., 2017).
Cadre théorique pour l’interprétation de la répartition des styles
14Une partie des styles (techniques et esthétiques) est passive : un univers stylistique reproduit par habitude et transmission, qui demeure relativement stable sur le temps long et sur de vastes aires de dispersion, même si les populations concernées ne sont plus en interaction (Wiessner, 1990 ; Gosselain, 2000 et 2011). Il ne subit que des changements graduels, à mesure de transmissions imparfaites des savoir-faire (De Boer, 1990 ; Lycett, 2013). Ces imperfections peuvent mener à l’apparition de « micro-styles » ou « lignées de transmission » au sein d’un groupe régional (fig. 4 ; Gosselain, 2011 ; Lycett, 2013). Une variabilité individuelle peut également s’exprimer, reflétant des disparités de capacité à appliquer des savoir-faire, mais également la valorisation de la créativité individuelle lorsque cela est permis (fig. 4 ; De Boer, 1990 ; Wiessner, 1997 ; Gosselain, 2000). Un changement majeur des styles passifs peut avoir lieu en période de crise (épidémie, migration, etc.) menant à la renégociation des structures idéologiques et des identités.
15Au contraire, certains objets et styles sont actifs, parce que consciemment investis d’un rôle de communication d’information sociale (De Boer, 1990 ; Gosselain, 2000). Ils changent lorsque interactions ou organisation sociale évoluent, en particulier lorsqu’ils sont utilisés comme « ethnic banners » (fig. 4 ; Wiessner, 1990). Il est important de rappeler que les réseaux d’interactions constituent un comportement humain largement répandu, sous-tendant des stratégies économiques (prévention des famines), biologiques (unions exogamiques) et politiques (bonne entente et coopération). Ils peuvent être entretenus par des visites, rassemblements, idéologies communes, échanges et dons de biens (nourriture, objets, matières premières), d’informations et d’individus (Wiessner, 1986 ; Féblot-Augustins et Perlès, 1992 ; Descola, 2006 ; Whallon, 2006 ; Godelier, 2008 ; Bourdier, 2013 ; Kelly, 2013).
16Lorsque l’environnement est imprédictible (ressources instables, famines), l’unité collective pour l’entraide prime sur les individualités, et des statuts reposant sur des savoir-faire spécifiques ou un rôle occasionnel de leader demeurent matériellement discrets (Kelly, 2013). Les styles tendent ainsi à être partagés au sein et entre unités sociales alliées (Wiessner, 1990). Cela est notamment le cas dans des environnements aux ressources instables et non abondantes tels que les régions froides habitées par les sociétés Inuits, ou le désert du Kalahari des !Kung San, où la densité humaine est faible (Binford, 2001 ; Kelly, 2013). D’intenses interactions peuvent avoir lieu entre groupes distants quand leur territoire apporte des ressources complémentaires, et ils ont donc tendance à produire des styles apparentés (influences réciproques) (fig. 5b ; Wobst, 1977 ; Whallon, 2006 ; Kelly, 2013).
17Inversement, les interactions sont plus ponctuelles lorsqu’une entraide est logistiquement impossible (mêmes contraintes environnementales ; fig. 5a et 5c). Des safety networks sont également rares lorsque les ressources sont stables et abondantes (fig. 5c et 5d). Dans ces conditions (fig. 5a ; 5c et 5d), des tensions peuvent apparaître entre voisins, les identités locales se renforcent. La densité humaine tend à augmenter lorsque les ressources sont stables ou abondantes, ce qui permet l’apparition d’une compétition individuelle (propriété de stocks), et la recherche de distinction personnelle à travers l’innovation et la variabilité esthétique et technique intragroupe (fig. 4 ; Wiessner, 1986, 1990 et 1997 ; Whallon, 2006 ; Schwendler, 2012 ; Kelly, 2013). Les réseaux d’interactions avec des groupes distants permettent un approvisionnement en objets et matières premières exotiques pour le prestige individuel ou familial.
18D’après ces tendances observées à travers l’étude ethnologique des sociétés, il apparaît donc que les phénomènes d’homogénéisation et de variabilité des styles, en tant que manière de faire, sont bien influencés par le contexte naturel et social et leur évolution plus ou moins progressive.
Résultats
L’art mobilier sur supports osseux
19La base de données, construite à partir de l’art mobilier sur supports osseux du Magdalénien moyen ancien du centre-ouest de la France, a été interrogée ainsi que décrit précédemment (voir supra, « Méthodologie »). Elle a permis de mettre en évidence certains jeux d’influences stylistiques et de repli artistique qui pourront être soumis au cadre théorique précédent.
20Le centre du Poitou se caractérise par une concentration d’incisives de poulains gravées d’un « V » hachuré (environ 180 pièces provenant de 5 sites, fig. 2f ; Mazière, 2009 ; Airvaux, 2011). Les sites de La Garenne (est du Poitou, Indre), Charente (2 sites) et Gironde (3 sites) se distinguent par des visages humains très schématiques (fig. 2d) et des sculptures phalliformes (Fuentes, 2014). Entre ces régions, la grotte du Puits au Chaffaud (Vienne) regroupe ces deux traditions, et aux marges de cet ensemble, Laugerie-Basse (Dordogne) n’en compte que des éléments isolés.
21Concernant les figures animales, Le Chaffaud et La Garenne sont les seuls à disposer de poissons, sous forme de contours découpés, les autres thèmes ne montrent pas de véritables traits discriminants. Il faut chercher dans le détail de ces représentations : le Poitou se caractérise par une nette diversité des solutions graphiques (fig. 6). La Marche (Vienne) et La Garenne partagent des similarités de forme des yeux et de l’extrémité des membres, mais ces derniers rapprochent également La Marche de Laugerie-Basse (fig. 6a et 6c) ; la forme du museau rapproche Dordogne et Poitou (fig. 6b) ; le pelage montre des similarités entre Le Chaffaud et La Garenne (fig. 6d et 6e). Mais, globalement, de nombreuses spécificités discriminent chaque site.
22De nombreux signes et tracés organisés peuvent être retrouvés à travers le monde, toutes périodes confondues. Mais leur répartition selon la catégorie d’objet orné fait apparaître des tendances plus précises (fig. 7) : la Dordogne se retrouve plutôt isolée, les sites du Poitou partagent certaines similarités, de même que les sites de Gironde et de La Garenne sur leurs bâtons percés (fig. 7b et 7e), tandis que Le Chaffaud montre des influences mixtes du centre-Poitou et de la Dordogne (fig. 7f), ainsi que de La Garenne et de Gironde (fig. 7h).
Interprétation sociologique, 0,25 p./100 km²
23Lorsque la densité de 0,25 est appliquée en suivant strictement la carte archéologique, trois principaux groupes locaux se répartissent l’espace étudié (fig. 8a et 8b cercles et ovales noirs). Deux versions théoriques de groupes régionaux minimaux regroupant 5 à 6 bandes locales sont proposées (ovales bleus). Dans une première version, un groupe régional s’étend entre littoral atlantique et Jura (fig. 8a). Dans la seconde version, un groupe régional minimal regroupe le sud de la vallée de la Loire avec le piémont pyrénéen français (fig. 8b). Lorsque la densité est appliquée de manière généralisée (fig. 8c. et 8d), une bande locale est installée sur chaque concentration principale de sites (hexagones noirs), et d’autres s’installent où peu ou pas d’occupation archéologiques sont connues (hexagones noirs en pointillé). La version de bande régionale minimale proposée englobe seulement le centre-ouest de la France (fig. 8c, forme bleue), tandis qu’une bande régionale maximale a pu s’étendre jusqu’au piémont pyrénéen (fig. 8d, hexagone violet).
24Les spécificités artistiques locales observées lors de l’analyse de l’art mobilier correspondent approximativement aux traits identitaires des bandes locales dessinées par les cartes de répartition des unités sociales proposées à cette densité. La variabilité interne observée dans le Poitou peut résulter de transmissions imparfaites. Le partage de styles entre Gironde et est-Poitou peut être expliqué par des alliances et échanges à l’intérieur de la bande régionale, d’autant plus intenses avec des groupes distants dont l’environnement est complémentaire. Cependant, pour cette faible densité humaine, une forte unité collective est attendue entre groupes locaux, et devrait minimiser les spécificités, ce qui n’est pas le cas. Il faut noter que les sites du centre-Poitou tendent à être légèrement postérieurs aux autres d’après les datations les plus récentes. En effet, de manière générale, La Garenne (Indre) et les sites de Gironde se situent plutôt entre 14 800 et 15 300 ans B.P. (Langlais et al., 2015a et 2015b ; Pétillon et al., 2015 ; Barshay-Szmidt et al., 2016), tandis que les sites majeurs à incisives de poulains (La Marche et le Roc-aux-Sorciers) se situent entre 14 000 et 14 800 ans B.P. (Pinçon, 2009 ; Brou et al., 2013). Une diachronie des styles permettrait donc une interprétation alternative : une première période de fortes alliances entre est-Poitou (La Garenne) et Gironde, puis une isolation du Poitou des autres régions en raison de ses fortes spécificités locales (voir fig. 2 pour le détail des données, fig. 10 pour une vue plus générale). Dans ce contexte, la première période pourrait correspondre à cette densité, d’autant plus en prenant en compte l’extension des visages schématiques et sculptures phalliformes dans le Jura : la bande régionale minimale de la première carte pourrait être congruente avec ces données, (fig. 8a). Une légère adaptation serait cependant nécessaire afin d’extraire la Dordogne de cet ensemble, qui ne reçoit que des influences et échanges ponctuels. Une adaptation de la répartition de la bande régionale minimale selon l’application généralisée de la densité ferait également l’affaire (fig. 10a). Cette densité semble moins adaptée à la seconde période isolant fortement les bandes locales (voir densité suivante, et fig. 10b. et 10c).
25Les mouvements de matières premières (fig. 1) sont également congruents avec la première comme la seconde configuration de bande régionale, sachant que les échanges ont également lieu avec l’extérieur de la bande régionale. La répartition de certaines industries (fig. 2) coïncide avec ce scénario, en particulier la répartition des navettes qui souligne le partage préférentiel de traditions au sein de la bande régionale contemporaine du style observé à La Garenne et en Gironde. La répartition plus large des autres industries peut résulter de réseaux préférentiels avec certaines bandes locales extérieures à la bande régionale. Il faut également évoquer la possibilité d’une évolution des alliances et appartenances aux bandes régionales, certains individus (mariage), couples ou familles en quittant une pour s’allier avec une autre, et permettant le brassage des traditions. Concernant l’art pariétal, les similarités observées avec les chevaux et bisons du Poitou et Charente et de l’abri Reverdit en Dordogne peuvent également valider ce besoin d’homogénéité dans des lieux de rassemblement au sein de cette bande régionale (Bourdier, 2013).
Interprétation sociologique, 2 p./100 km²
26L’application d’une densité de 2 p./100 km² impose des territoires plus petits, de telle sorte que les bandes régionales sont réparties sur des espaces comparables aux bandes locales de la densité précédente (fig. 9). La répartition théorique des bandes régionales minimales (en bleu) et maximales (en violet) est proposée en fonction de l’application archéologique (fig. 9a et 9b) et généralisée (fig. 9c et 9d) de la densité.
27Dans ce contexte, les spécificités locales observées deviennent des traits identitaires de bandes régionales, et la variabilité interne peut traduire des singularités liées aux bandes locales, des imperfections de transmission, et/ou la mise en valeur d’individualités. Le partage de styles entre bandes régionales, et en particulier entre Gironde et est-Poitou, peut résulter d’alliances privilégiées entre groupes distants comme évoqué précédemment. Cependant, pour cette densité humaine, les interactions hors bande régionale devraient être moins prononcées, cette première période stylistique concorde donc moins aisément avec ce scénario, à moins d’y inclure des mouvements de populations (migration d’individus ou de bandes locales), menant à la transposition de traditions en dehors du groupe régional. La forte identité stylistique du centre-Poitou correspond mieux à cette densité, les échanges apparaissant moins intenses au regard du faible nombre d’indices d’influences ou échanges stylistiques avec les autres bandes régionales (détail fig. 2, vue générale fig. 10b et 10c).
28Les autres données archéologiques démontrent des échanges de petites quantités de matières premières (fig. 1), traduisant l’extension de réseaux d’échanges directs ou indirects pour le maintien de safety networks. La répartition de certaines industries souligne des réseaux d’interactions préférentielles entre unités sociales (fig. 2). Les figures humaines réalistes pariétales et mobilières du centre-Poitou (fig. 2) correspondent parfaitement à cette densité qui permet l’indépendance idéologique et biologique de petites régions (fig. 10b), mais également les bouquetins sculptés des abris de Poitou et Charente (fig. 10c).
Discussions et conclusions
29Grâce à des outils empruntés à l’anthropologie sociale, l’analyse de la distribution et de l’évolution des traits culturels permet la formulation d’interprétations enrichies et diversifiées des dynamiques sociales préhistoriques. Cette démarche a de fortes implications sur le sens social de l’art. D’une part, des biens et images identificateurs ne doivent pas être donnés ni échangés (sauf cas exceptionnel, Weiner, 1985), mais transmis (Weiner, 1985 ; Descola, 2006 ; Godelier, 2008). D’autre part, d’autres traits culturels sont partagés, et des objets échangés pour le maintien d’alliances (Wiessner, 1986 ; Godelier, 2008). Cependant, les objets d’art échangés semblent rares d’après les territoires ainsi dessinés, et les matériaux exogènes (coquillages, silex) ne sont présents qu’en petites quantités et leur origine précise n’est pas toujours traçable. L’homogénéisation de certaines traditions techniques sur de vastes espaces suggère pourtant des interactions plus intenses que perçues, pouvant résulter d’échanges de biens putrescibles, d’informations, et de déplacements d’individus entre groupes régionaux, tels qu’observés en ethnologie mais peu accessibles archéologiquement. Des inconnues demeurent donc, propres aux biais archéologiques. Mais ces absences de données ont pu être mises en évidence grâce à la démarche employée, qui permet de compléter la réflexion sur la définition des territoires, et la distinction entre les objets définissant des identités, les objets recevant des influences extérieures, et ceux qui pourraient réellement avoir été échangés.
30Une approche diachronique de l’art sur support osseux suggère deux principales subdivisions du Magdalénien moyen ancien, marquées par une densification progressive des populations humaines. Un hypothétique premier ensemble stylistique (est-Poitou/Gironde, jusque dans l’est de la France) se corrèle bien avec une densité de 0,25 p./100 km². Une densité plus élevée pourrait également être plausible mais induit une histoire des dynamiques sociales et des déplacements de populations plus complexes. Au contraire, les singularités artistiques du centre-Poitou pourraient tout à fait convenir à une densité de 2 p./100 km², cette augmentation de densité permettant à de plus petits espaces d’accueillir des populations indépendantes endogames. D’autres densités humaines sont testées dans le cadre de la thèse afin d’affiner ces résultats.
31Une difficulté inhérente à l’objet d’étude est cependant rencontrée pour la validation de certains modèles d’organisation des groupes humains : l’incertitude d’occupation de certaines régions, et d’expansion de certaines traditions artistiques et techniques, imposée par l’incomplétude de la carte archéologique. D’autres formes d’incertitudes accompagnent irrémédiablement ce travail, qui résident principalement dans la temporalité de la culture matérielle analysée, souvent issue de fouilles anciennes aux stratigraphies d’une finesse variable, de grottes propices aux remaniements importants des niveaux d’occupation, et aux datations pas toujours en relation avec les objets étudiés.
32Afin de préciser encore ces scénarios d’organisation sociale, un travail pluridisciplinaire approfondi est nécessaire, à une échelle plus locale. Les espaces d’acquisition et les modalités de transport des matières premières, et la définition de la richesse du même territoire en ressources alimentaires, permettraient de réviser la plausibilité de certains territoires dessinés par la méthodologie ici appliquée, en particulier pour les densités les plus élevées. La saisonnalité des occupations et la détermination de leur rôle (résidentiel, logistique, rassemblement) dans le cycle de gestion de l’espace permettraient également de compléter et d’affiner la réflexion menée. Une partie de ces sources d’informations est abordée dans le cadre des travaux en cours, ici largement survolée puisqu’il s’agit de résultats préliminaires.
Bibliographie
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Auteur
Université Paris Ouest Nanterre-La Défense
ED395 Milieux, cultures et sociétés du passé et du présent
UMR 7055, Préhistoire et technologie
Thèse sous la direction de Augustin F. C. Holl : « Pour une anthropologie de l’art mobilier. Identités et réseaux magdaléniens entre Loire et Dordogne »
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Appréhension et qualification des espaces au sein du site archéologique
Antoine Bourrouilh, Paris Pierre-Emmanuel et Nairusz Haidar Vela (dir.)
2016
Des vestiges aux sociétés
Regards croisés sur le passage des données archéologiques à la société sous-jacente
Jeanne Brancier, Caroline Rémeaud et Thibault Vallette (dir.)
2015
Matières premières et gestion des ressources
Sarra Ferjani, Amélie Le Bihan, Marylise Onfray et al. (dir.)
2014
Les images : regards sur les sociétés
Théophane Nicolas, Aurélie Salavert et Charlotte Leduc (dir.)
2011
Objets et symboles
De la culture matérielle à l’espace culturel
Laurent Dhennequin, Guillaume Gernez et Jessica Giraud (dir.)
2009
Révolutions
L’archéologie face aux renouvellements des sociétés
Clara Filet, Svenja Höltkemeier, Capucine Perriot et al. (dir.)
2017
Biais, hiatus et absences en archéologie
Elisa Caron-Laviolette, Nanouchka Matomou-Adzo, Clara Millot-Richard et al. (dir.)
2019