Réécrire l’histoire du peuplement de la Grande Comore à partir des sources archéologiques
Rewrite the Tistory of the Settlement of Great Comoro from Archaeological Sources
Résumés
Il est admis que l’écriture est le moyen de communication par excellence pour sauvegarder et transmettre les faits historiques anciens comme récents. Les écrits sur l’histoire du peuplement de la Grande Comore sont rares et récents et surtout portent divergences et contradictions car l’histoire des Comores se transmet à l’oral, de bouche-à-oreille depuis longtemps. La rareté des documents écrits et l’absence de contenu homogène montrent la nécessité de réécrire l’histoire du peuplement de l’île en exploitant d’autres sources (archéologiques) très fiables pour avoir des versions historiques homogènes, concordantes et correctes sans contradiction. Les chercheurs de l’histoire des Comores doivent employer des approches multidisciplinaires et scientifiques pour dater ou déterminer l’origine et l’époque du peuplement des Comores en général et celui de la Grande Comore en particulier.
It is now admitted that writings is the best way by Excellency to save and transmitting late or recent historical facts. Writings on peopling of Great Comoro history are rare and recent chiefly bear several divergences and contradiction because the Comoros history is transmitted by oral from mouth to ear since long time ago. This writing documents fewness and the absence of homogenous information show the real need to re-write the settlement history of this island by exploiting other precise sources (archaeology) in order to get homogenous historical versions, concordant as well as corrects without contradictions. Researchers of the Comoros history should employ multidisciplinary approaches and scientific to date and to determine the origin and date of Comoros settlement in general and that of the Great-Comoro in particular
Entrées d’index
Mots-clés : origine, époque du peuplement, islamisation
Keywords : islamization, origin
Texte intégral
Introduction
1Réécrire l’histoire d’un pays dont les témoignages et les sources historiques sont majoritairement issus des légendes est aujourd’hui indispensable. La Grande Comore en est un exemple, car l’histoire de ses origines et l’époque de son peuplement faitt l’objet de recherches et débats historiques et archéologiques contradictoires depuis les années 1960. Récits traditionnels, observation architecturale, recherches archéologiques antérieures à 2006 et recherches archéologiques postérieures aux fouilles menées en 2006 se contredisent sur la question de l’origine et l’époque du peuplement. Certaines traditions orales avancent l’hypothèse d’un archipel peuplé depuis le ixe siècle de notre ère par des marchands musulmans en quête de terre paisible après la mort du prophète Mahomet, tandis que d’autres, très vivaces encore aujourd’hui, prétendent que les Comores seraient peuplées depuis les périodes préislamiques par des Djinns et des peuples africains. Ni les unes ni les autres de ces traditions orales, où l’anachronisme est omniprésent, ne précisent les sources sur lesquelles elles s’appuient. De son côté, la littérature de l’histoire des Comores présente des détails historiques fragmentaires, incomplets et quelquefois erronés, comme nous le verrons.
2Il est donc nécessaire et urgent d’éclaircir l’histoire des Comores en l’écrivant autrement, à partir de méthodes et techniques scientifiques. De ce fait, nous suggérons de mener des travaux méthodiques avec une approche multidisciplinaire et scientifique afin d’éclaircir certains points, de briser certains tabous, de faire disparaître les amalgames ainsi que les transpositions historiques afin de promouvoir et de partager des connaissances historiques scientifiquement avérées, solides et irréfutables. L’archéologie, discipline scientifique, est capable de relever ce défi. Les différents travaux que j’ai menés sur le terrain m’ont permis de mettre au jour des données archéologiques pour cerner la question du peuplement ainsi que la succession des périodes historiques des Comores. Grâce à ces témoignages matériels, j’ai également recueilli des informations sur l’organisation des sites afin de mieux connaître les différentes périodes d’occupation, d’abandon et de réoccupation des lieux. Ces recherches en cours me permettent de montrer que les données longtemps avancées concernant le peuplement des îles Comores, et particulièrement celui de Ngazidja (Grande Comore), sont erronées.
Historique des recherches
3Située dans l’océan Indien ouest, l’île de la Grande Comore, localement appelée Ngazidja, est l’une des îles volcaniques formant l’archipel des Comores (Grande Comore, Anjouan, Moheli et Mayotte). Grande Comore est la plus récente, la plus grande et la plus peuplée des quatre îles de l’archipel des Comores, situé entre le nord-ouest de Madagascar et le nord-est de Mozambique. La Grande Comore, qui mesure 77 km de long et 27 km de large, a une superficie de 1 146 km2. Elle est très proche des côtes est-africaines et plus éloignée du littoral ouest de Madagascar (fig. 1 ; Wright, 1984 ; Vérin, 1994 et Blanchy, 1996).
Les recherches antérieures à 2006
4La question de l’origine du peuplement des îles, particulièrement celle de Ngazidja, a été au centre des recherches scientifiques depuis la période coloniale et jusqu’à nos jours. Ces recherches ont été menées à différentes échelles – linguistique, ethnologique, historique, archéologique, musicologique, botanique – et ont abouti à des conclusions contradictoires à la fois concernant l’origine et les dates de l’occupation humaine.
5Les sources écrites qui portent sur le sujet sont assez récentes. Il s’agit de manuscrits swahilis (Damir, 1984 ; Chouzour, 1994, p. 77) et en calligraphie arabe du xive siècle qui traitent de la vie des élites et de leurs liens avec le monde extérieur, notamment de Zanzibar et du Yémen. En effet, durant plusieurs siècles, les historiens oraux traditionalistes s’appropriaient et racontaient seuls les faits historiques et les historiens croyaient que le peuplement de Ngazidja avait commencé à la période islamique, ce qui a été confirmé ultérieurement par les archéologues qui pointaient une période se situant entre le viie et le ixe siècle (Wright, 1984 et 1992 ; Blanchy, 1996, p. 171). Depuis la publication de l’article de Wright (1984), les historiens considèrent que la phase Dembeni (ixe-xe siècle) est la première période du peuplement des Comores (Allibert, 1988 ; Allibert et Verin, 1993 ; Blanchy et Said, 1990 ; Beaujard, 2012).
6Les preuves de l’histoire du peuplement de Ngazidja sont majoritairement ensevelies à plusieurs centimètres, parfois plusieurs mètres, de la surface du sol. L’ensevelissement des sites et des vestiges archéologiques est dû à plusieurs facteurs naturels : les érosions et/ou cendres volcaniques, crachés par le cratère du volcan Karthala, toujours actif. Les vestiges archéologiques, méconnaissables aux yeux des historiens oraux traditionalistes, ont fait l’objet de plusieurs interprétations quelquefois très erronées. L’arrivée de chercheurs étrangers (Français, Pierre Verrin et Jean Martin et Claude Allibert et aussi l’americain Henry Wright) dans les années 1960 et 1980) n’a pas beaucoup fait évoluer les interprétations de ces artefacts archéologiques concernant la date du peuplement. Mais des reconnaissances archéologiques ont alors permis d’établir avec certitude que ces sites archéologiques étaient occupés, du ixe au xixe siècle, par les mêmes groupes (Wright et Kus, 1976 ; Allibert, 1977).
7Parallèlement, plusieurs études historiques, basées sur des manuscrits en arabe et en swahili, ont tenté de déterminer les origines et l’époque du peuplement des Comores et celui de la Grande Comore en particulier. Les résultats ont été contradictoires concernant la date précise de l’installation humaine et l’objectif des premiers occupants, mais pas concernant leurs origines : tous concluaient à une origine asiatique des premiers colons (Moyen et/ou Proche-Orient) et s’accordaient pour dater le peuplement de l’île au Moyen Âge (Blanchy, 2011). Certains voyaient dans ces premiers occupants de simples migrants en quête de terre paisible après avoir échappé à des persécutions durant les conflits socioreligieux tandis que, pour d’autres, ils étaient des marchands marins. À la fin des années 1970 et au début de la décennie suivante, une équipe d’archéologues américains a mené des prospections pédestres et des reconnaissances sur la totalité de l’archipel et a confirmé la date de l’installation humaine (ive siècle) sur ces îles de l’océan Indien ouest en baptisant cette première phase d’occupation « phase Dembeni ». Cinq phases culturelles antérieures au xixe siècle ont ainsi été déterminées sur les 120 sites archéologiques étudiés (tab. 1 ; Wright et Kus, 1976). La première phase est rebaptisée « phase Dembeni » après avoir étendu les investigations sur toutes les autres îles de l’archipel (Wright, 1984).
8À part les quelques recherches archéologiques, les études sur le peuplement de la Grande Comore avant 2006 ont été majoritairement réalisées par des passionnés de l’histoire à partir des recueils de données ethnographiques. Des légendes font état de la présence de Salomon (970-931 av. J.-C) au Comores, qui serait à l’origine du volcan Karthala. Or, les données historiques montraient des origines non seulement arabes de la population comorienne mais aussi et surtout islamiques ; les Comores seraient connues depuis la période préchrétienne et auraient en effet été visitées par le fils du prophète David, connu sous le nom de Salomon-ben-Daoud (Gevrey, 1870, p. 35). Ces résultats préliminaires n’ont fait que renforcer l’idée selon laquelle les Comores sont occupées premièrement par des Arabes depuis le Moyen Âge (Wright, 1984 et 1992 ; Chanudet, 1989 et 2011 ; Chouzour, 1994).
9Pourtant, dès 1987, plusieurs tessons locaux ou régionaux identifiés d’appartenir à la même tradition culturelle car ils portent les caractéristiques, techniques, décoratifs etc (des lignes entrecroisées par exemple) ont été exhumés à Mbachilé durant les fouilles de sauvetage – mais placés alors dans la phase Dembeni. La tradition identifiée comme le TIW (poterie à incisions triangulaires) serait différente de la tradition à engobe rouge de Dembeni (Wright, 1984 ; Chami, 1994 et 1998). Selon Mapunda (2010), la tradition à incision triangulaire est non seulement la tradition la plus repandue sur les sites archéologiques de l’afrique de l’Est mais elle aussi la plus designées differemment avant l’utilisation du terme TIW par Chami 1994. Elle était toutefois appélée, Tana, Wanjé, Maoré etc.
10Les recherches archéologiques menées aux Comores au cours de cette période se sont focalisées sur les mêmes problématiques : détermination de l’origine des Comoriens et de l’époque du peuplement. Elles étaient par ailleurs trop sélectives – les recherches ou publications consacrées à un seul district, région ou île, sont très rares (Villard, 1971 ; Martin, 1983 ; Vérin et Wright, 1984 ; Wright, 1984, 1992 ; Chouzour, 1994 ; Vérin, 1994) – et sous-tendues par certains présupposés : les premières publications considéraient les gens des pays de la côte swahilie, particulièrement les Comoriens, comme des peuples issus de migrants iraniens. Leurs conclusions, quant à elles, ont été abusivement généralisées (Wright, 1992).
Les recherches postérieures à 2006
11Or, les fouilles archéologiques en cours sur l’archipel depuis 2006 prouvent le contraire : la Grande Comore aurait entre 2 000 et 2500 ans d’histoire. C’est le résultat de l’exploration des nouveaux vestiges archéologiques longtemps restés méconnus, pierres basaltiques taillées (fig. 2) et céramiques préchrétiennes et préislamiques (EIW, Early Iron Working – début du Fer – et TIW, Triangular Incised Ware ; poterie à incision triangulaire – proto islamique) (Chami, 2006). Si certains vestiges datent du ve siècle de notre ère, d’autres sont plus vieux encore – 200 ans avant notre ère (Chami et al. 2009 et 2011 ; Kessy, 2009 ; Moustakim, 2012 et 2014 ; Akabogu, 2010 ; Kwekasson, 2011).
12Des matériaux archéologiques (pierres taillées) collectés d’abord sur le territoire des Comores ont nourri des études comparatives ayant attesté que les Comores et les autres pays de la côte swahilie auraient connu les mêmes évolutions culturelles et historiques durant les périodes précoloniales (Chami, 2011 ; Kessy, 2009). Les investigations archéologiques sur la céramique locale et importée viennent enfin à le confirmer : elles démontrent que la typologie de la poterie locale est similaire à celle de l’Afrique de l’Est. Elle comprend quatre traditions et formes de poteries (Chami, 2006 ; Akabogu, 2010). Il s’agit de la tradition du début du fer (EIW), de la poterie à incision triangulaire, du Plain ware (Dembeni) et du Swahili (Chami, 1998 ; Akabogu, 2010) (tab. 2).
13La lecture des couches stratigraphiques des sites comoriens atteste la présence de ces quatre traditions et montre que la succession ou la superposition stratigraphique de ces traditions est identique à celles déjà connues et observées sur les sites archéologiques est-africains (continentale) : si les limites chronologiques observées demandent encore explication, il est clair que les apparitions et les effondrements ont eu lieu aux mêmes moments (Chami, Tabibou et Abderemane 2009 ; Akabogu, 2010 ; Kwekason, 2011 ; Moustakim, 2012, p. 59).
14Présent partout dans des sites swahilis proto-islamiques et ceux du début de l’islam, le TIW prouve que Ngazidja a non seulement été occupée durant cette période mais qu’elle a aussi pu effectuer des échanges commerciaux avec le monde extérieur via le commerce maritime. Mapunda (2010) assure que c’est la tradition la plus présente sur les sites est-africains (fig. 3).
15Ces résultats mettent en évidence la permanence des contacts entre les cités-États des Comores et ceux de la côte swahilie et prouvent l’implication des Grands-Comoriens dans les échanges commerciaux de longues et courtes distances (Ehret, 2002) : les Comores furent donc une plaque tournante du commerce maritime depuis les périodes antiques.
16Les résultats des recherches archéologiques menées au sud-est de la Grande Comore en 2008 par des chercheurs de l’université de Dar es Salaam (udsm) et de l’université des Comores (udc) , que je présentais dans mon mémoire de master 2 intitulé Recherches sur les premières occupations de l’île de Ngazidja à partir des sources archéologiques, et les résultats préliminaires de ma thèse, ont mis en évidence plusieurs preuves matérielles qui attestent de l’existence de peuples préislamiques et des pratiques funéraires non islamiques durant la période islamique. Afin de mettre enfin en lumière l’origine du peuplement des Comores, il est aujourd’hui nécessaire d’entreprendre de nouvelles investigations archéologiques, couplées à des analyses archéologiques sous-marines, des études botaniques et des études génétiques à grande échelle (Chami et al. 2009).
17Allibert (2008) a ainsi étudié des analyses génétiques de 93 Grands-Comoriens installés à Marseille. Les résultats sont surprenants, qui montrent une grande domination de gènes bantus et d’autres africains. 5 à 6 % des sondés présentent des traces génétiques des habitants du golfe Persique, Arabe ou Perses. Des traces très inattendues d’Austronésiens (6 %) à la Grande Comore ont été relevées. Selon l’auteur, ces traces seraient surestimées par rapport à l’insularité de Ngazidja, mais certainement présentes. La totale absence des traces des peuples indiens a été établie.
L’archéologie pour transmettre l’histoire autrement
18Les origines des Comoriens sont longtemps restées méconnues car les données entrecroisaient légendes et récits traditionnels (Ahmed-Chamanga, 1988). Aujourd’hui encore, ces traditions sont utilisées comme sources pour des chercheurs dans certaines disciplines – ainsi des manuscrits des aristocrates locaux majoritairement d’origine arabo perses datant de la période précoloniale qui montrent que l’origine du peuplement est arabo-perse (Chiraz) voir (Chittick 1965. Dans sa première publication sur l’histoire des Comores en 1870, Gevrey a démontré que les Comores seraient d’origine arabe et que la proximité géographique avec le continent africain a inévitablement mené à une domination démographique d’origine africaine. Chami et al. (2009) a recueilli une version contredisant celle-ci et mettant en exergue une présence très ancienne d’Africains sur l’île avant l’arrivée incontestable des Arabes (tab. 3).
19Dans ce contexte, des chercheurs appellent à mettre à jour les techniques et les méthodes employées pour la conversation et la transmission de l’histoire des Comores (Clockers, 2005). Dans un pays où la mémoire est encore bien souvent transmise par des vieillards qui accordent plus de crédit aux Djinns1 qu’aux historiens et archéologues, écrire aujourd’hui l’histoire du peuplement de la Grande Comore demande de prendre de grandes précautions. L’enjeu, en effet, est triple : il s’agit d’éviter à la fois les erreurs de conservation, de transmission et d’apprentissage de l’héritage. Des méthodes et des démarches scientifiques s’imposent comme l’unique solution pour réexplorer l’histoire du peuplement.
20Écrire l’histoire d’un pays à tradition orale confronte de manière aiguë l’historien à la question des sources : il ne doit en effet pas négliger les récits traditionnels, quand bien même ils entremêlent légendes, mythes et histoire, entrecroisent anachronismes et confusions. Pour ce qui concerne la question du peuplement de la Grande Comore, plusieurs hypothèses, notamment des rencontres et des échanges idéologiques entre communautés, sont encore mal étudiées, contradictoirement interprétées ou parfois totalement ignorées.
21Or, l’obtention d’informations auprès de témoins vivants de cette tradition orale demande quelquefois des connaissances et/ou des reconnaissances sociales. La transmission directe à des membres de la famille, du village ou de la région est toujours appréciée et souvent privilégiée par les narrateurs. Lorsque le chercheur ne fait pas partie de ce cercle – cas le plus fréquent aujourd’hui –, il lui est conseillé de ne pas se présenter lui-même chez le narrateur mais de trouver un intermédiaire qui a déjà gagné la confiance de son interlocuteur (fig. 4).
22Dans la tradition orale comorienne, tout élément matériel méconnu par les narrateurs est systématiquement attribué au pouvoir des Djinns (Isabel, 2005). Ce fut le cas du quartz (fig. 5) retrouvé lors de prospections pédestres sur le site de Mémbéni au sud-est de l’île de Ngazidja en 2015. Alors que la présence de ce quartz prouve que les habitants de cette île volcanique entretenaient des relations avec des peuples dont la géologie du pays d’origine est différente de celle de la Grande Comore, les vieux du village voisin, qui ignoraient de quoi s’agissait-il, ont aussitôt associé cette découverte à des Djinns.
Conclusion
23L’histoire précoloniale de la Grande Comore n’est écrite nulle part et la tradition orale est lacunaire, contradictoire et présente de nombreuses failles. Les différents récits, qui ne se recoupent que partiellement, présentent tous une version biaisée et souvent contradictoire des faits, et l’anachronisme y est omniprésent.
24De leur côté, les recherches archéologiques menées avant et après 2006 ne livrent pas des résultats homogènes, ce qui a contribué à accentuer la confusion.
25Au-delà des histoires orales, les recherches archéologiques actuelles mettent en cause la version des récits sur l’origine et l’époque du peuplement de la Grande Comore et appellent à réécrire l’histoire du peuplement de l’île de Ngazidja à partir des sources matérielles. Les archéologues ont ainsi mis au jour des traces de l’évolution historique des Comores sur plusieurs sites tout au long du littoral, tandis que les vestiges archéologiques récemment retrouvés à Ngazidja attestent que l’île a connu des occupations humaines depuis les périodes préislamiques, contrairement à ce qui a été raconté depuis toujours et défendu par la tradition orale.
26L’archéologie, en tant que science employant des approches multidisciplinaires, aura nécessairement sur un impact positif sur cette dernière car elle permettra enfin de retracer, de reconstituer et de réécrire l’histoire de l’île avec certitude. Les chercheurs, historiens et archéologues de Ngazidja, ont le devoir et l’obligation d’une part d’entreprendre des études archéologiques et d’autre part de prendre en considération les résultats archéologiques pour comprendre l’histoire du peuplement de l’île du début à nos jours.
Bibliographie
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Notes de bas de page
1 L’islam admet l’existence des djinns, esprits invisibles, créatures dotées de pouvoirs surnaturels qui, comme les hommes, ont été créées pour adorer Dieu : « Je n’ai créé les Djinns et les hommes que pour qu’ils m’adorent » (s. LI, 56). Ils ont été créés « de feu clair » : « Quant aux Djinns, nous les avons créés, auparavant, du feu de la fournaise ardente » (voir Gaïd, 1986).
Auteur
Laboratoire : UMR7041, ArScAn, Ethnologie préhistorique
Chercheur associé au Centre national de la documentation et de la recherche scientifique (CNDRS)
Thèse sous la direction de Manuel Gutierrez, « Recherches archéologiques sur le peuplement de la Grande Comore jusqu’au xve siècle »
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Appréhension et qualification des espaces au sein du site archéologique
Antoine Bourrouilh, Paris Pierre-Emmanuel et Nairusz Haidar Vela (dir.)
2016
Des vestiges aux sociétés
Regards croisés sur le passage des données archéologiques à la société sous-jacente
Jeanne Brancier, Caroline Rémeaud et Thibault Vallette (dir.)
2015
Matières premières et gestion des ressources
Sarra Ferjani, Amélie Le Bihan, Marylise Onfray et al. (dir.)
2014
Les images : regards sur les sociétés
Théophane Nicolas, Aurélie Salavert et Charlotte Leduc (dir.)
2011
Objets et symboles
De la culture matérielle à l’espace culturel
Laurent Dhennequin, Guillaume Gernez et Jessica Giraud (dir.)
2009
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L’archéologie face aux renouvellements des sociétés
Clara Filet, Svenja Höltkemeier, Capucine Perriot et al. (dir.)
2017
Biais, hiatus et absences en archéologie
Elisa Caron-Laviolette, Nanouchka Matomou-Adzo, Clara Millot-Richard et al. (dir.)
2019