Contourner les silences à Poitiers
Getting Around Silences in Poitiers
Résumés
L’archéologie est caractérisée par des hiatus et des absences auxquels il faut trouver des méthodes pour comprendre et reconstituer l’histoire. L’article veut montrer aussi bien les silences rencontrés dans les sources et/ou sur le terrain, que les moyens utilisés pour les contourner. Bien que basé sur un cas d’étude précis, la ville de Poitiers et ses rivières, le but de l’article est de proposer une méthode qui peut être appliquée à d’autres cas d’étude avec des hiatus et absences similaires.
Une compréhension plus claire et complète de l’évolution de l’histoire de la ville est obtenue grâce à une approche multiscalaire, ainsi qu’une vision sur le temps long, dans une démarche diachronique. Le cadre chronologique s’étend des premières phases urbaines de Poitiers (qui remontent à la fin de la Protohistoire) jusqu’à la fin du xviie siècle où une dernière tentative de rendre le Clain navigable échoue à nouveau et scelle définitivement la fin du trafic fluvial de la ville. Différentes échelles géographiques sont utilisées pour étudier les voies fluviales et terrestres : au niveau de la ville, régional et suprarégional. De plus, les sources utilisées dans la thèse sont très variées : sources archéologiques au sens large (vestiges fluviaux, voies, sédiments, éléments de topographie fluviale, etc.), textuelles, planimétriques et iconographiques.
La méthode proposée a ensuite été testée à travers trois cas d’étude à Poitiers : l’étude des rivières, la question de la navigation et les points de franchissement. Pour ces cas d’étude, les sources archéologiques sont lacunaires et même quelquefois totalement absentes (aucune embarcation retrouvée), d’autres sources sont alors employées pour comprendre ces silences et mieux les contourner. À la fin, les apports différentiels de chaque source sont discutés.
Archaeology is characterized by hiatus and absences for which novel methods have to be identified in order to understand the history. This article shows sources, field silences and the methods used to bypass them. Even if the article concerns the city and rivers of Poitiers, it aims to propose methods that can be applied also to other cases of study characterized by similar hiatus and absences.
In particular, a clearer and more complete understanding of the city evolution is obtained thanks to a multiscale view together with a diachronic temporal approach. The chronological frame stretches from the earliest occupation phases of Poitiers (which goes back to the end of the protohistory) until the end of the 17th century when the last attempt to make the Clain river navigable for shipping failed again and sealed the very end of the fluvial traffic of Poitiers. Various scales of observation are then used to study the waterway and terrestrial routes at the level of the town, the regional and supra-regional context. Furthermore, different sources have been employed in this context: archeologic sources in the broad sense (archaeological remains in the river, ways, sediments and topography fluvial elements studied in a sonar survey, etc.), textual sources, planimetric and iconographic sources.
Such a research scheme has been tested on three specific cases of study regarding the city of Poitiers: the study of its rivers, the question of navigation and the crossing points. As archaeologic sources are lacunar or sometimes totally missing (no boats remains), different sources have been employed to understand and bypass such silences. Eventually, differential contributions of every source are discussed.
Entrées d’index
Mots-clés : archéologie fluviale, ville, rivières, réseau, commerce fluvial, points de franchissement, Poitiers, approche multiscalaire
Keywords : fluvial archaeology, city, rivers, network, river trade, crossing points, Poitiers, multi-scalar approach
Texte intégral
1La présente étude est basée sur une thèse en cours depuis septembre 2016 sur « Poitiers et ses itinéraires fluviaux et terrestres des origines à la fin du xviie siècle ». L’étude des itinéraires fluviaux et terrestres de la ville de Poitiers est proposée sur le temps long et à plusieurs échelles d’analyse. Une étude transdisciplinaire est utilisée pour pouvoir répondre au mieux aux problématiques. Les trois exemples présentés ci-après mettent en valeur la nécessité de croiser les sources ainsi que l’importance de la démarche multiscalaire pour pouvoir « contourner les silences » rencontrés à Poitiers. Il s’agira également de questionner les sources utilisées et de voir les informations différentielles qu’elles apportent. Après une courte présentation du cadre de l’étude : « Poitiers et ses rivières », la méthode sera explicitée puis les trois cas d’étude développés. Pour chaque cas sont développés les questions posées, les silences rencontrés, les sources archéologiques disponibles et les autres sources envisageables pour répondre aux interrogations. Une conclusion provisoire est également proposée.
Poitiers et ses rivières
2Poitiers (Vienne, Nouvelle-Aquitaine) se trouve sur le seuil du Poitou, à cheval entre les bassins sédimentaires parisien et aquitain, et entre les massifs montagneux primaires du Massif central et du Massif armoricain. La ville est presque entièrement entourée par les vallées de deux rivières : le Clain bordant la partie est de la ville, et par son petit affluent, à l’ouest : la Boivre (fig. 1). L’accès terrestre de la ville se limite à la zone dite « de la Tranchée » large de 400 mètres au sud-ouest de la ville. Le promontoire de Poitiers domine de 30 mètres les vallées des deux rivières. Se trouvant en pays calcaire, les cours d’eau entaillent fortement les plateaux qu’ils traversent, formant des vallées encaissées et entourant la ville de falaises. La vallée du Clain a une largeur d’environ 150 à 300 mètres, sa partie la plus large se trouve au niveau des îles au milieu du Clain : Pré-l’Abbesse et Pré-l’Évêque. La rivière, elle, est large de 40 mètres maximum (au niveau du pont Saint-Cyprien). Son petit affluent, la Boivre, ancienne zone marécageuse, est totalement canalisée dans son passage à l’ouest de la ville, elle est en partie souterraine à l’emplacement de la gare SNCF (construite en 1851) au nord-ouest de Poitiers.
Observer des évolutions : changer d’échelle sur le temps long
3La méthode diachronique est adoptée dans la thèse et dans chaque cas d’étude abordé ci-après. Le cadre chronologique s’étend des premières phases urbaines de Poitiers qui remontent à la fin de la Protohistoire1, jusqu’à la fin du xviie siècle marquée par de nouvelles relations entre la ville et ses deux rivières. La dernière tentative de rendre le Clain navigable échoue en 1670 (Caplane, 1999, p. 116) et marque la fin du trafic fluvial à Poitiers. Les sources du xviie siècle à nos jours, donnant des informations sur les problématiques qui nous intéressent et notamment sur les états antérieurs des rivières à celui qui nous apparaît aujourd’hui, seront utilisées (sources d’archive, cartes, cadastres, cartes postales, inspections des appuis immergés, etc.).
4Différentes échelles géographiques sont employées pour l’étude des voies fluviales et terrestres. Chaque cas montrera que ces itinéraires ne peuvent pas être compris sans un recul nécessaire (changement d’échelle). En effet, l’itinéraire se justifiant par le déplacement d’un pôle à un autre pour des raisons d’intérêts réciproques, vient la question de savoir d’où il provient et où il va. Pour les itinéraires fluviaux par exemple, ils ne peuvent pas être compris sans l’intérêt qu’ils vont avoir pour l’accès au commerce ligérien via la Vienne que le Clain rejoint à Cenon-sur-Vienne. De même, replacer ces itinéraires dans le paysage qui les entoure et appréhender les changements qu’ils ont connus renseigne sur leur histoire et leur évolution. L’exemple de la Boivre est le plus significatif : l’aspect actuel de ce cours d’eau est totalement artificialisé, il est impossible de faire des hypothèses sur sa possible navigabilité dans son état actuel. Grâce au croisement des sources, il est possible de reconstituer une partie de son histoire.
Trois cas d’étude poitevins éclairés par la multiplicité des sources
Cas 1 : essai de reconstitution de l’ancien paysage fluvial de Poitiers
5L’image actuelle du Clain et de la Boivre ne correspond pas à l’aspect qu’elles avaient dans le passé, ce qui influe beaucoup sur la situation des vestiges archéologiques et leur conservation. L’enregistrement potentiel des sites archéologiques sur les dépôts alluviaux dépend de la conservation des terrasses alluviales. Les terrasses ne seront conservées que si on a un déplacement des vallées, et toutes les terrasses seront conservées du même côté (Campy et al., 2013). De plus, à proximité des villes, les rivières sont aménagées, canalisées, portent des moulins, ce qui a une influence sur leur évolution.
6Les fouilles effectuées au bord des deux rivières peuvent donner des informations sur des déplacements de leurs lits (paléochenaux, berges végétalisées, alluvions, etc.). L’inventaire des opérations archéologiques aux environs des deux cours d’eau a été un premier travail. Les sites donnant des informations sur l’ancien aspect de la rivière ont ensuite été sélectionnés (fig. 2a : sites 1 à 6). Les opérations archéologiques sur des vestiges de l’Antiquité et du haut Moyen Âge (cave, sépulture, silos, fond de cabane), dont certaines se sont rapidement remplies d’eau lors de la fouille, dont la fonction indique qu’elles ne l’étaient pas durant leur utilisation, ont ainsi été sélectionnées. Les observations se basent donc sur cinq opérations archéologiques au bord du Clain (il s’agit de trois diagnostics pour le 71, rue de Feuillants [Brunie, 2011], Pré-l’Abbesse [Nibodeau, 2012], ancien lycée des Feuillants [Gerber, 2013b] et de deux fouilles pour la rue des Caillons et l’hôpital Pasteur [Gerber, 2013a] ainsi que d’une donnée actuelle). Les sites sont répartis inégalement sur le cours du Clain dans son passage à Poitiers. Les données altimétriques2 obtenues par les responsables d’opération sur le terrain (prise en altimétrie du fond des structures en creux), comparées avec des données modernes et contemporaines (comme le niveau régulièrement atteint du Clain aujourd’hui), permettent d’observer les variations du niveau de l’eau à travers le temps (fig. 2b). Il s’avère ainsi qu’après le xe siècle, la nappe phréatique s’est élevée d’1,80 mètre environ. Le xe siècle représente un terminus post quem, puisque les chantiers évoqués n’ont pas fourni de données du xie au xvie siècle. Ces modifications observées sont probablement en lien avec la construction des moulins et de leur bief à partir du xie siècle et surtout des xive et xve siècles où ils deviennent très nombreux (Galloux, 1998). D’autres aménagements importants sur la rivière auraient pu modifier son aspect et ses caractéristiques : ponts, gués, creusement de biefs pour alimenter les moulins, etc. En plus, lors de la mise en navigation du Clain, de 1609 à 1670, treize écluses semblent avoir été construites de Poitiers à Cenon (aménagement d’écluses et de canaux de navigation en aval de Poitiers) (Creuzé, 1798 ; Caplane, 1999, p. 111-116).
7Les sources planimétriques offrent d’autres informations précieuses. Les cartes anciennes (carte d’état-major, carte de Cassini, cadastre napoléonien) ont été géoréférencées et entrées dans un SIG. Elles montrent des modifications du tracé des cours d’eau (exemple fig. 3) : des sources archivistiques donnant des informations sur l’aspect, la profondeur et la composition (nature du fond) du Clain pour les périodes modernes (séries F14, S, W) ; les documents iconographiques et planimétriques (vues cavalières anciennes, plans non géoréférencés) montrant, pour le Clain, une rivière différente, avec de nombreuses îles (sous le nom de « Pré », « Jardin », « Ilots »), moulins, marais, bras secondaires au milieu de celle-ci3. Un texte de 19234 parle des envasements naturels et envasements et ensablements artificiels du cours d’eau dus aux ouvrages, franchissements et hauts-fonds.
8La Boivre quant à elle a été totalement cachée par la ville, elle a presque totalement disparu du paysage, on assiste ainsi à « l’apprivoisement » puis à l’« imbrication » de la rivière dans la ville (Ultsch, 2010). C’est un phénomène récent, qui se produit durant la période industrielle avec la construction de la gare de Poitiers dans le lit même de la rivière en 1851. Les opérations archéologiques sont rares voire inexistantes sur cette rivière. Les sources planimétriques, les vues cavalières anciennes (fig. 4) éclairées par les textes médiévaux nous apprennent que la Boivre, zone marécageuse étendue, fut assainie au xie siècle5, et progressivement transformée en deux vastes étangs avec chaussées pour alimenter des moulins. Son aspect semble encore se modifier ensuite : elle est composée de divers canaux sur le cadastre napoléonien (fig. 3).
9Les données LiDAR6 utilisées pour le repérage de sites archéologiques (Hesse, 2010) et particulièrement sous couvert végétal (Georges-Leroy, 2011) peuvent également être utilisées pour le repérage de paléoméandres (Vayssière et al., 2016 ; Notebaert et al., 2009). C’est un travail qui est en cours7 pour le Clain et la Boivre (fig. 5). Le MNT (modèle numérique de terrain) a été découpé en fonction des alluvions quaternaires prises sur la carte géologique géoréférencée8 afin de ne garder que le fond des vallées, d’éliminer les valeurs extrêmes et de réduire le spectre des altitudes. Des traitements ont ensuite été réalisés (égalisation de l’histogramme, paramétrage du calcul des statistiques dans la symbologie, ombrage, calcul de pente, etc.9), avec un va-et-vient entre : les données LiDAR, la carte géologique, l’orthophotographie et le cadastre napoléonien. Il s’agit d’un premier inventaire des paléoméandres, les zones pertinentes pour notre étude sont ensuite étudiées plus en détail avec une prospection de résistivité électromagnétique, ou tomographie de résistivité électrique (ERT) par exemple. Sur un espace restreint, un exemple de la comparaison entre les paléoméandres repérés et le cadastre napoléonien permettent des rapprochements au niveau du tracé des parcelles cadastrales et de canaux actuels du Clain.
10Pour conclure, dans l’état actuel des connaissances, les données archéologiques ont permis de constater la hausse du niveau du Clain depuis le haut Moyen Âge. Il y a des hiatus à la fois géographiques – la Boivre est totalement exclue de l’étude, et le Clain est représenté par cinq opérations archéologiques concentrées essentiellement dans la partie centrale du méandre du Clain (fig. 2) – et chronologiques – aucune information n’a pu être exploitée du xie au xviie siècle. Les données d’archives, bien que tardives, peuvent fournir des éléments de réponse à ce silence ; et les sources iconographiques et planimétriques permettent de reconstituer un aspect des cours d’eau au moins depuis le Moyen Âge. L’exploitation des données LiDAR a permis de dresser un premier inventaire des paléoméandres possibles sur la vallée du Clain et de la Boivre. Les opérations de terrain sont la suite logique de ces premières constatations.
Cas 2 : Poitiers, voies fluviales : comment peut-on retracer l’histoire de la navigation à Poitiers en l’absence de témoins archéologiques ?
11Aucune embarcation n’a été retrouvée dans le Clain ou la Boivre. Aucun aménagement portuaire n’a été retrouvé sur Poitiers. Nous avons une absence de données archéologiques au niveau de la ville de Poitiers.
12La navigation, au même titre que l’étude des réseaux routiers, nécessite une analyse multiscalaire : il faut la replacer dans un système fluvial au niveau du bassin-versant. Rivière de moyenne importance, le Clain se jette dans la Vienne et relie ainsi Poitiers à la Loire. L’antique ville portuaire de Ratiatum à Rezé, sur la Loire, est citée comme étant la deuxième ville des Pictons au iie siècle par le géographe Ptolémée (Gerber, 2014). Il devait donc exister une navigation fluviale jusqu’à la Loire durant l’Antiquité (fig. 6). La Loire constitue, à l’époque romaine, une frontière entre la province lyonnaise et celle d’Aquitaine et entre les deux cités des Pictons et des Namnètes (Strabon, Géographie, iv, 2, 1 ; Serna, 2010). La découverte d’un quai antique10 à Naintré sur le Clain à proximité de sa confluence avec la Vienne (fig. 6) atteste sa navigabilité à l’époque antique (Cayre, 2013 et 2015). Ce site pourrait constituer un point de rupture de charge, les marchandises passant de navires conçus pour une navigation fluvio-maritime à des bateaux plus adaptés à la navigation sur le Clain. Le quai antique est situé dans l’agglomération antique du Vieux-Poitiers qui est traversée, dans sa partie orientale, par la voie romaine venant de Saintes et reliant Poitiers à Tours11. Durant le Moyen Âge, de rares mentions d’un port à Poitiers apparaissent mais son emplacement reste inconnu. Il est cité en mars 1259 à propos des poissonniers12. Vers 1285, Poitiers obtiendra l’autorisation d’établir un port franc sur le Clain, mais aucun autre document ne traite de sa réalisation13 (Favreau, 1978). À partir du xie siècle et surtout des xiiie et xive siècles, l’aménagement de biefs et de retenues d’eau pour les moulins sur le Clain ont pu rendre la rivière impropre à la navigation. Avec l’évolution des embarcations (Rieth, 1998), le Clain ne correspondait peut-être plus à des bateaux plus larges et nécessitant un tirant d’eau plus important. En effet, à partir de 1429, le premier projet d’aménagement pour rendre le Clain de nouveau navigable est formulé par le roi Charles VII (Olivier, 2007)14. Jusqu’en 1670, les registres de délibérations (archives communales de Poitiers) ne cessent de mentionner les difficultés rencontrées et la reprise des projets. Le Clain aurait été réellement navigable entre 1609 et 1670 grâce à l’aménagement de canaux de navigation et d’écluses en aval de Poitiers (Creuzé, 1798 ; Caplane, 1999).
13Pour conclure, le changement d’échelle géographique a permis de voir le lien avec le trafic fluvial ligérien et la ville antique de Rezé. La découverte d’un quai antique à Naintré, proche de l’embouchure de la Vienne, renforce cette hypothèse. Bien des éléments manquent, mais les textes nous éclairent pour le Moyen Âge avec la mention d’un port en 1259, bien que son emplacement reste inconnu. Les projets de rendre le Clain navigable à partir de 1429 constituent une source précieuse d’information et indiquent que le Clain n’était plus navigable durant cette période. Cet arrêt de la navigation est sans doute à mettre en lien avec l’évolution de la construction navale, mais aussi de la construction des ponts à partir du xie siècle et des moulins qui se multiplient particulièrement sur les rivières durant les xive et xve siècles. Ces différentes modifications ont amené la nécessité de travaux pour rendre le Clain navigable selon les nouveaux besoins de la navigation de commerce à partir du xve siècle. Des écluses sont aménagées en aval de la ville avec des canaux de navigation pour faciliter le passage des embarcations (Caplane, 1990). La prospection sonar réalisée, suivie d’une prospection subaquatique, pourra permettre d’en savoir plus sur d’éventuels aménagements portuaires et embarcations.
Cas 3 : les points de franchissement à Poitiers : entre méconnaissance et effet de source
14Quels étaient les points de franchissement de l’Antiquité à nos jours ?
15Une prospection inventaire en août 201515 (Gorin, 2015b et 2016) a permis d’examiner en détail les vestiges d’anciens ponts sur le Clain, déjà connus grâce à des relevés réalisés par Patrice Arbona lors d’une sécheresse en 199016. Ces relevés, bien que peu précis, montrent que les vestiges se trouvent sous les ponts actuels du Clain à Poitiers, et les recherches archivistiques nous indiquent que des ponts portant le même nom sont présents depuis au moins le xie siècle17. Si ces vestiges sont ceux des ponts médiévaux, on a une pérennité des itinéraires à Poitiers depuis le xie siècle au moins. D’autres relevés comme les relevés d’appuis immergés conservés aux archives communales nous donnent des informations sur l’emplacement précis de certains vestiges (même si ça n’est pas le premier objectif de ces interventions). Une prospection sonar a été réalisée en 201518, et l’inventaire des hauts-fonds19 a pu être proposé. Une carte des points de franchissement attestés (ponts, gués) et possibles (hauts-fonds) sur le Clain à Poitiers a alors été établie (fig. 7). La confrontation de cette carte avec les données des fouilles préventives peut donner des éléments de réponse : par exemple, un haut-fond se trouve en face de l’occupation antique de Saint-Cyprien fouillée en 2013 et révélant l’existence d’un quartier artisanal antique au bord du Clain (Gerber, 2013b), il aurait pu servir comme point de franchissement durant l’Antiquité à cet endroit (?).
16Aucun point de franchissement n’est attesté pour l’Antiquité à Poitiers pour le moment. Cependant, l’étude de l’organisation de la ville et de ses itinéraires vers les villes environnantes et leur confrontation avec les points de franchissement repérés en prospections (gués, hauts-fonds) peut permettre de faire des hypothèses sur leur emplacement. Durant l’Antiquité, la ville de Poitiers est globalement organisée autour d’un decumanus est-ouest et d’un cardo nord-sud ; mais l’urbanisme semble s’adapter à la topographie et non suivre un plan orthonormé (Gerber et Hiernard, 2016). Un quartier est aménagé à la fin du ier siècle de l’autre côté du Clain (fig. 8). Les grands axes de communication empruntent les vallons secs pour rejoindre les villes environnantes : le vallon sec dit de Montbernage allant vers le sanctuaire antique de Saint-Éloi puis vers la route de Pleumartin et celui allant vers Bourges pour le Clain et celui de Nantes pour la Boivre. Seule la Grand’Rue autour de laquelle la ville s’organise pose question : elle descend directement à la rivière et, une fois celle-ci traversée, se trouve directement en face des falaises calcaires à leur point le plus haut. Différentes explications se dégagent : la Grand’Rue utilise elle-même un talweg alors que tout le reste de la pente du promontoire n’est qu’une série de terrasses successives aujourd’hui masquées par l’urbanisme (Aymé, 2013) ; elle se dirige vers un haut-fond (prospection sonar) ; elle se trouve à égale distance entre la route de Bourges et celle qui conduit au sanctuaire de Saint-Éloi. Les pôles urbains et périurbains retrouvés en fouilles préventives vont s’organiser autour de ces grands axes, comme l’amphithéâtre, les thermes, les sanctuaires et les sépultures le long des voies de communication.
17Pour conclure, aucun point de franchissement n’est attesté avant la mention des ponts à partir du xie siècle. La restitution des grands itinéraires de Poitiers durant l’Antiquité permet néanmoins de faire des suppositions sur l’emplacement des grands axes de circulation et donc des points de franchissemen. Un récent article dans Aquitania (Monteil et al., 2016) permet de renouveler les connaissances sur les villes et axes secondaires reliant les villes au sein de la cité des Pictons. Les prospections inventaire et sonar, et le repérage des vestiges de ponts, gués et hauts-fonds, permettent de faire de nouvelles hypothèses, par exemple le haut-fond évoqué ci-dessus en face du quartier artisanal antique de Saint-Cyprien. À partir du xie siècle, les premières mentions de ponts sur le Clain et la Boivre apparaissent. Ces textes nous donnent un terminus ante quem, mais n’indiquent pas la date de construction. Ils sont mentionnés dans des chartes d’abbaye pour les droits de passage ou de propriétés sur des moulins. Par exemple, la date de première mention est la même pour les ponts Saint-Cyprien et Joubert : 1083, dans la Charte de l’abbaye de Saint-Maixent pour la donation de la moitié d’un moulin à cette abbaye : « […] et ortum unum propre pontum sancti Cipriani usque ad pontem Engilberti20 ».
Conclusion
18Les silences rencontrés dans les sources et/ou sur le terrain, et les moyens utilisés pour les contourner ont été abordés en se basant sur trois cas d’étude traitant des relations de la ville de Poitiers avec ses rivières à travers le temps. L’approche la plus efficace est le croisement de sources qui ont des éclairages complémentaires, sur une échelle de temps long et avec une vision multiscalaire. Pour mieux comprendre les hiatus (chronologiques, géographiques), la prise en compte du contexte géomorphologique du milieu étudié est primordiale (déplacement et/ou disparition de témoins archéologiques), en particulier pour l’archéologie des rivières. Il convient ensuite de replacer l’objet étudié dans son ensemble, à savoir dans un paysage – voir les notions de paysage fluvial (Serna, 1997), paysages fluviaux urbains (Valette et Carozza, 2010) –, pour comprendre les temporalités complexes des objets étudiés. Les rivières se modifient au cours du temps, près des villes, elles sont aménagées pour répondre aux besoins économiques et logistiques. Les sources utilisées montrent bien des modifications de l’aspect des rivières, différents aménagements (utilisations du cours d’eau), des variations du niveau d’eau. Mais il est difficile de remonter au-delà du xie siècle. Par ailleurs, la question de la navigation à Poitiers au fil du temps en l’absence totale d’embarcations a pu être éclairée en partie par l’étude des itinéraires fluviaux qui ont permis de voir le lien des Pictons avec le port antique de Rezé, et la découverte d’un quai antique à Naintré. Une mention à partir de la moitié du xiiie siècle, des projets pour rendre le Clain navigable à partir du xve siècle vont réellement nous éclairer sur ce désir de rendre le cours d’eau navigable en lien avec l’évolution de la batellerie. Pour terminer, la question des points de franchissement, inconnus avant le xie siècle, peut être pensée en termes d’itinéraires terrestres. Les opérations de terrain réalisées sur les rivières ont révélé des informations inédites sur les cours d’eau à Poitiers. La continuation de ces opérations (prospection subaquatique et géophysique, datations) ainsi qu’une étude archéogéographique permettront sans doute d’en dire davantage sur le paysage « fluvio-urbain » de la ville de Poitiers à travers le temps.
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Valette P., Carozza J.-M. (2010), « Les paysages fluviaux urbains : évolutions du rapport ville/fleuve à travers l’exemple de l’agglomération toulousaine et la Garonne », Zones humides et villes d’hier et d’aujourd’hui . Des premières cités aux fronts d’eau contemporains , actes du IIIe Colloque international du Groupe d’histoire des zones humides, Valenciennes, Villeneuve-d’Ascq , Revue du Nord, 26, p. 219-237.
Vayssière A. et al. (2016), « Étude des paléoméandres holocènes de la plaine alluviale du Cher (site de Bigny, moyenne vallée du Cher) », Géomorphologie . Relief, processus, environnement, 22/2, p. 163-176.
8.3. Lesson : Analyse de terrain (https://docs.qgis.org/2.2/fr/docs/training_manual/rasters/terrain_analysis.html, consulté le 4 juillet 2017).
Notes de bas de page
1 Les quelques traces de l’occupation gauloise à Poitiers sont connues à travers des fouilles archéologiques dans le centre-ville et remontent à la seconde moitié du iie siècle avant notre ère (fouille rue de la Marne) et de la Tène finale-début de l’époque augustéenne (« terres noires » contenant du mobilier de cette période : fouilles des Cordeliers, de la Médiathèque et de l’hôtel Aubaret à Poitiers) (Gerber, 2014).
2 Issues du rapport de diagnostic de l’ancien lycée des Feuillants (Gerber, 2013b), sont en mètre NgF.
3 À titre d’exemple : 3 W 277, 1828, Archive communales de Poitiers ; 3 W 227, 1874, Archives communales de Poitiers (donnant également la composition du fond de chenal à différents endroits).
4 AC, 3 W 277, 1923 : À Poitiers, le 9 juin 1923. Ouvrages, faucardements et améliorations du lit des cours d’eau. Rivière le Clain, commune de Poitiers. Extrait du rapport du subdivisionnaire : « ENVASEMENTS NATURELS. - Ils sont dûs à l’existence de hauts-fonds sur lesquels des plantes aquatiques, des roseaux notamment, croissent en abondance. […] Ces hauts fonds s’élèvent peu à peu et certains d’entre eux sont sur le point d’atteindre le niveau normal des eaux ; ils sont situés en aval du pont du tunnel et en amont et aval des ponts Saint-Cyprien, Joubert et Pont Neuf » (ce qui a été vérifié en prospection sonar).
5 « Biberis [Boivre] [...] Concedimus quoque stagnum civitati contiguum, quod Agnes fecit ad munimentum civitatis, quod pater avi nostri habuerat in dominio, solidum et quietum, ita ut nullus posset cursum aque ad hoc stagnum venientis impedire », diplôme d’Aliénor, reine d’Angleterre, duchesse d’Aquitaine, confirmant les privilèges de l’abbaye de Montierneuf, 4 mai 1199 : original Archives de la Vienne, carton 7, no 63 (Audouin et Boissonnade, 1923).
6 Light Detection and Ranging, qui permet la détermination de l’altitude d’un terrain, ainsi que la hauteur de la végétation et des bâtiments qui s’y trouvent (Bilodeau et Deroin, 2008).
7 Réalisé avec l’aide d’Anaëlle Vayssière, doctorante contractuelle avec mission d’enseignement, Ecole doctorale de géographie de Paris, université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.
8 Alluvions quaternaires : Fy à Fz dans la nomenclature. Source : SIG archéologique du PCR ATAAP (Atlas topographique des aqueducs antiques de Poitiers) sous la direction de Frédéric Gerber, Inrap/université de Poitiers, HeRMA Ea 3811. D’après les cartes BRGM.
9 Voir par exemple Steinman, 2015 ; « 8.3. Lesson: Analyse de terrain », 2017.
10 Seule la partie supérieure de la structure est fouillée pour le moment, elle aurait été mise en place au cours du iie siècle de notre ère. La datation de la structure a été réalisée par dendrochronologie, et confirmée par l’étude céramique et la découverte d’une monnaie (Cayre, 2015, p. 58).
11 « Cet axe routier mentionné par la table de Peutinger et l’itinéraire d’Antonin était jalonné de plusieurs bornes miliaires qui témoignent de l’entretien de cette voie antique par l’administration impériale jusqu’au ive siècle de notre ère » (Cayre, 2015).
12 « […] le vendredi emprès les Brandons l’an de grâce millle cinquante et huit [en style de l’Annonciateur, comme en style de Pâques, cette date correspond au 7 mars 1259] […] Quiconque aportera poisson à Poictiers pour vendre […] Et ne se pourront accompaigner les diz marchans de Poictiers ne les autres ensembles, si ce n’est sur le port », Jean de Saint-Denis, sénéchal de Poitou, promulgue les statuts des poissonniers, 12 février 1298 : B. Reg. 12, p. 410 (Audouin et Boissonnade, 1923). La seule autre mention de ce port selon Robert Favreau (Favreau, 1978) avant le xve siècle est celle d’un « marchand du port » qui vend du poisson à la commune en 1387, AC Poitiers, K 1, f. 33 v°.
13 « Et de omnibus et singulis rebus supradictis, volumus solvi nobis duas partes et majori et communie Pictavensi pro refectione alveorum dicti fluvii Clanni [Clain] et pro constructione dicti portus et pro aliis rebus dicti portus, cum locus fuerit, reparandis, terciam partem, retentis nobis emendis, que racione dicti portus vel in dicto portu pro costuma vel alia de causa aliquo modo possent evenire », Lettres royaux permettant aux bourgeois de Poitiers d’avoir un port libre sur le Clain et fixant les droits à payer pour les différentes sortes de marchandises, copie du temps sans date, ni sceau, Arch. mun. A. 11, B. Man. Saint-Hilaire, fol 36 v°, C Reg. 12, p. 382. Selon Audouin et Boissonnade, 1923, I, no 120, p. 166-168 : vers 1285.
14 Il est question d’un port en 1430 sans préciser l’implantation envisagée (AC Poitiers, J 935), puis en janvier 1432 (AC Poitiers, M, reg. 13, p. 85) dans Favreau, 1978, p. 307.
15 Prospection inventaire en kayak durant une semaine sur le Clain au niveau de la ville de Poitiers (limite amont : pont de chemin de fer au bout du chemin du bas des sables – limite aval : pont de L’Intendant-Le-Nain).
16 Relevés non topographiques, récupérés auprès de l’auteur (Patrice Arbona) et montrant des vestiges présents sous les ponts Saint-Cyprien, Joubert, de Rochereuil et de L’Intendant-Le-Nain.
17 Pour la période médiévale, les mentions de ponts apparaissent à partir du xie siècle : trois ponts sur le Clain sont mentionnés (1083 : pont Saint-Cyprien et pont Joubert ; 1126 : pont de Rochereuil) et deux ponts ou chaussées avec des moulins sont mentionnés pour la Boivre (Pont Saint-Lazare : 1063 ; pont Achard : 1017). Le pont du château apparaît plus tardivement et sa construction est entièrement liée à celle du château de Poitiers à la moitié du xiiie siècle (1248) – recherches archivistiques réalisées dans le cadre d’un mémoire de master 1 (Gorin, 2015a).
18 Avec l’aide des membres de l’Arep Maref (Association de recherche et d’étude du patrimoine maritime et fluvial), et l’expertise de Félix Gomez pour le traitement des données sonar.
19 Zones de moindre profondeur d’eau entre deux zones plus profondes appelées mouilles.
20 Audoin, 1848, no 96, p. 106 (référence donnée par C. Dietrich, Topographie und Verfassung der Städte Bourges und Poitiers bis in das 11. Jahrhundert, Lübeck/Hambourg, Matthiesen Verlag [Historische Studien, 380], 1960).
Auteur
Université Paris 1, Panthéon-Sorbonne
UMR 7041, Archéologies et sciences de l’Antiquité (ArScAn), équipe Archéologies environnementales
Thèse sous la direction d’Anne Nissen : « Poitiers et ses itinéraires fluviaux et terrestres des origines à la fin du xviie siècle »
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
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