Foyers et temporalités
Hearths and Temporalities
Résumés
Les foyers étant des structures évolutives dont la morphologie change au gré des actions qu’ils subissent, la reconstitution de leur histoire et donc la prise en compte de la dimension temporelle s’avère indispensable et préalable à l’élaboration de toute typologie.
Deux problèmes peuvent alors être soulevés dans notre méthode d’analyse actuelle : (1) une fausse considération linéaire et unidirectionnelle du temps qui, s’il est effectivement constitué d’étapes qui se suivent, contient également des hiatus, des phases d’abandon, des trajectoires interrompues ou parallèles, des retours en arrière, des discontinuités et des modes d’organisation qui changent et (2) un manque de résolution, puisque rares sont les méthodes de datation qui autorisent une saisie temporelle de haute résolution alors que les structures étudiées fonctionnent selon un laps de temps court. Cette temporalité est-elle finalement trop courte pour être saisie et donc définitivement invisible à nos yeux ? Est-ce là un biais inhérent à la discipline archéologique ?
Intégrant les travaux théoriques de F. Braudel et B. Valentin sur la théorie des trois temps ainsi que les apports du perspectivisme temporel – vision multiscalaire du passé et analyse des structures archéologiques comme des palimpsestes –, nous avons appliqué ces questions aux structures foyères.
Selon une perspective hypothético-déductive, nous avons listé les phases potentielles de vie des foyers, susceptibles de constituer des palimpsestes épais et complexes. Identifier ensuite à l’échelle du temps très bref ces événements imbriqués, les ordonner, les dater et en percevoir la durée sont donc les principaux enjeux de l’analyse. Si la méthode précise demande encore à être développée, elle doit néanmoins combiner les études complémentaires : analyse des paramètres de chauffe, étude de la stratigraphie, des composants du foyer et des résidus de combustion et amélioration de la finesse des datations.
Hearths being changeable structures – whose morphology changes according to the actions they suffer –, peacing together their story and taking into account the time dimension is essential and preliminary to the elaboration of the typology.
Two issues can so be raised in our current analysis method : (1) a wrong linear and unidirectional consideration of time, which, if it actually consists of successive steps, also contains hiatus, abandoning phases, interrupted or parallel trajectories, comebacks, discontinuities and changes in the organisational patterns, and (2) a lack of resolution, because of the rarity of quite precise dating methods, while structures observed work in short timeframe. Is this temporality too short to be grasped and so definitively invisible to our eyes ? Is this a bias inherent in the field of archaeology ?
Incorporating the works of F. Braudel and B. Valentin on the Three times theory as well as the outputs of time perspectivism – multiscalar vision of the past and analysis of archaeological structures as palimpsests –, we have applied these questions on fire structures. Adopting an hypothetico-deductive approach, we have listed the potential life phases of hearths, which can form thick and complex palimpsests. Then, identify these events at scale of the very short term, order them, date them and estimate their duration are the main issues of the analysis. If the precise method still recquires improvements, it is clear that it must combine complementary studies : analysis of heat parameters, reading of the stratigraphy, study of the hearth’s components and combustion residues and improvement of the dating accuracy.
Entrées d’index
Mots-clés : foyer, protohistoire, nord-est de la France, palimpseste, phénomène d’effacement (hiatus), témoins de combustion, multiplicité des échelles d’étude
Keywords : hearth, protohistory, palimpsest, erasure phenomenon (hiatus), northeast France, combustion’s remains, multiple levels of study
Texte intégral
Introduction
1Depuis les travaux de M. Julien, il est acquis que les foyers sont des structures dynamiques et évolutives dont la morphologie change au gré des utilisations et autres actions qu’elles subissent (nettoyage, vidange), ces phénomènes s’ajoutant aux processus érosifs et taphonomiques habituels (Julien, 1983 ; Coudret, Larrière et Valentin, 1989 ; Taborin, 1989). Ce dynamisme est néanmoins figé1 dans une seule structure où s’accumulent les différents témoins de l’histoire du foyer (March, 1995, p. 65-67). Conséquence de cela et postulat de départ pour la présente réflexion : les différences morphologiques entre deux structures foyères telles que visibles lors de la fouille peuvent être d’ordre typologique ou temporel. On peut en effet être confronté à des différences morphologiques relevant de différences de « types » – lesquelles sont voulues par les utilisateurs et sont à relier ensuite à des différences de fonctionnement et/ou de fonction(s) – ou avoir affaire à des images reflétant des stades différents de l’histoire de foyer. Des morphologies différentes peuvent donc correspondre à une même forme de départ, les structures ayant simplement eu des histoires différentes2. La prise en compte de la dimension temporelle est donc indispensable à la bonne étude des structures foyères, et son analyse préalable à l’élaboration de toute typologie. Mais peut-on discerner cette temporalité ? et si oui, de quelle manière ?
De la nature et la mesure du temps archéologique
2Avant de nous intéresser à la temporalité des foyers proprement dite, un détour théorique nous semble nécessaire. De manière assez instinctive, le temps est perçu comme homogène, unilinéaire et unidirectionnel, comme en témoigne la symbolisation du temps qui passe par une flèche : il file de manière universelle dans une seule direction et suivant une ligne (Lucas, 2005, p. 9-15 ; Baldi, 2012, p. 6). Pour mieux le mesurer, il est commodément partitionné de manière artificielle en blocs de temps – minutes, heures, siècles, etc. En archéologie, ce sont des phases, des périodes qui se succèdent, visibles notamment dans la stratigraphie et appréhendées par les différents mobiliers (Lucas, 2005, p. 2-9 ; Baldi, 2012), puis calées dans le temps universel par des datations absolues.
3Un des biais liés à la considération de phases qui se succèdent est néanmoins de les considérer isolément alors qu’elles sont liées, voire s’influencent les unes les autres (« We simply cannot isolate and study any period “by itself”: it is always also its own past […]. People’s thoughts and actions in the past were motivated by their own future […] Past, present and future are thus constantly intermingled with each other », Holtorf, 2002, p. 187 ; voir aussi Collingwood, 1927, p. 324).
4Par ailleurs, la linéarité et l’homogénéité du temps archéologique semblent mises à mal dès lors que l’on pousse l’analyse. Comme l’écrit J. S. Baldi, une analyse du bâti montre bien que « l’évolution des habitats se fait par étapes et trajectoires incertaines, de longues périodes de réaménagement ou d’abandon, des modes d’organisation qui changent dans le temps et stratégies souvent irrégulières, des cycles qui reviennent » (Baldi, 2012). Aux phases qui alternent s’ajoutent donc des évolutions parallèles où s’intercalent des phases d’abandon. Le temps n’apparaît alors plus homogène et linéaire mais plutôt hétérogène, discontinu et pluridimensionnel (Dubar et Rolle, 2008).
5Enfin, un dernier problème relève de la résolution, autrement dit de la capacité à percevoir précisément les temporalités passées. Rares sont en effet les méthodes de datation qui autorisent une saisie temporelle de haute résolution, exceptée peut-être la dendrochronologie (Kaeser, 2008 ; Billamboz, 2010). Cela contraste donc avec la vie quotidienne des populations passées, et par extension avec les structures archéologiques étudiées, aux durées d’utilisation souvent courtes. Les datations obtenues étant généralement exprimées en fourchettes, plus ou moins grandes selon la méthode utilisée, et de l’ordre de la centaine d’années, cela pose un problème de précision. Par exemple, quelle est donc la pertinence à considérer des structures synchrones sur une datation si large, alors que celles-ci ont été utilisées à l’échelle du jour, de la semaine ou de l’année3 ? Cette temporalité est-elle trop courte pour être saisie et demeure-t-elle définitivement invisible à nos yeux ? Est-ce là un biais, une absence inhérente à notre discipline ?
6Cette échelle de temps correspond en fait à ce que B. Valentin nomme « le temps très bref ». En effet, s’appuyant sur les travaux de l’historien F. Braudel qui conceptualisait dans les années 1950-1960 le temps court, lié à l’événement et opposé au temps long ou moyen (dont relèvent les phénomènes d’évolution des paysages ou les évolutions sociales ; voir Braudel, 1958 ; Valentin, 2008, p. 30-31 ; Robb et Pauketat, 2012), il remarque que la temporalité ne se mesure pas en préhistoire comme en histoire. Les préhistoriens ne peuvent en effet pas discerner les événements ou les acteurs au sens historique du terme – donc le temps court défini par F. Braudel – mais sont susceptibles d’approcher un temps encore plus bref ou, à l’inverse, extrêmement long (Valentin, 2008, p. 33 et fig. 1). C’est donc bien dans ce temps bref que s’inscrit l’utilisation quotidienne de structures archéologiques, l’enjeu étant de trouver des méthodes pour l’appréhender.
La théorie du perspectivisme temporel
7Un autre élément qui nous est apparu comme particulièrement utile à l’étude de la temporalité des structures foyères est la théorie du time perspectivism (« perspectivisme temporel »), élaborée par G. Bailey à partir, notamment, de la théorie des trois temps de F. Braudel (Bailey, 1981, 1983, 1987, 2007 et 2008). Son premier concept central est que certains phénomènes relèvent du temps court, d’autres du temps long, et qu’à des échelles différentes, on peut donc percevoir des choses différentes (Bailey, 2007, p. 200-202). Il y a ainsi un lien nécessaire à faire entre la problématique et l’échelle d’analyse permettant d’y répondre, sous peine de distorsion : ce principe est celui de la vision multiscalaire du passé4. De plus, cette résolution – c’est-à-dire la mesure plus ou moins grossière que l’on fait d’un phénomène, le bloc de temps plus ou moins large que l’on considère pour l’analyse – doit s’adapter à la durée dudit phénomène (Bailey, 2007, p. 201 et 2008, p. 14).
8Le second grand apport du perspectivisme temporel est de considérer tout ensemble archéologique comme un palimpseste, notion en fait créée simultanément par G. Bailey5, L. Binford6 et R. Foley7 (Bailey, 1981 ; Binford, 1981 ; Foley, 1981). Sa définition littérale – un parchemin dont une première écriture, grattée ou lavée, a fait place à un nouveau texte – implique (1) un effacement d’informations et (2) une accumulation, des transferts d’actions successives plus ou moins conservées, deux phénomènes s’appliquant parfaitement aux restes archéologiques (Bailey, 2007, p. 203). S’ajoute à cela la notion de multitemporalités, les vestiges s’assimilant à des traces d’activités multiples, imbriquées, et pouvant avoir eu lieu à des périodes différentes (Lucas, 2005, p. 37). La perspective chronologique du temps ne s’adapte donc pas à la nature des vestiges archéologiques vus comme des palimpsestes et c’est pour cela qu’il faut au préalable concevoir le temps comme hétérogène et non linéaire8.
9Geoff Bailey défini ainsi plusieurs sortes de palimpsestes (Bailey, 2007, p. 203-208), dont les deux types qui nous intéressent plus particulièrement ici :
le true palimpsest, constitué d’une couche de matériel, tout ce qui existait avant ayant disparu. Seules les traces de la dernière activité réalisée dans le lieu demeurent donc, additionnées éventuellement de quelques éléments intrusifs. Il est donc impossible à différencier d’un épisode unique et les absences sont impossibles à appréhender ;
le cumulative palimpsest, contenant encore tous les éléments des différents épisodes accumulés en un même endroit9. Il n’y a donc aucune perte de données mais tout est mélangé, brouillé et il est impossible d’individualiser les couches et donc de dissocier les différents épisodes. Il y a donc perte de résolution.
10Cette notion de palimpseste a également permis à G. Lucas de redéfinir la notion d’event (« événement ») qui était, selon lui, jusque-là plus adaptée à l’histoire et à l’anthropologie qu’à l’archéologie. Il rejoint ainsi les propos de B. Valentin et sa définition de l’événement correspond finalement au « temps très bref » de ce dernier. Pour G. Lucas, les palimpsestes sont ainsi constitués de résidus d’événements, ce dernier étant conçu comme un assemblage matériel d’objets et/ou de personnes, lesquels persistent plus ou moins longtemps dans le temps et peuvent s’inscrire au sein de plusieurs événements. En outre, ce ne sont pas les vestiges eux-mêmes qui sont révélateurs de l’événement mais leur agencement, plus ou moins réversible10. En effet, certaines actions peuvent effacer les traces d’événements précédents moins résistants, ce sont donc les organisations les moins facilement réversibles – ou à plus forte « inertie » – qui sont les plus visibles aux yeux des archéologues11 (Lucas, 2008, p. 62-63).
Application aux structures foyères
Les foyers : des structures liées au temps très court, des palimpsestes potentiellement épais et complexes
11La notion de palimpseste est aisément applicable aux anciennes surfaces de circulation : des restes appartenant à différents événements s’accumulent sur une même surface et leur agencement peut refléter ces derniers. Cependant, si – selon G. Bailey –, tout ensemble archéologique peut être considéré comme un palimpseste, il nous semble néanmoins qu’il puisse être plus ou moins épais, plus ou moins complexe selon le type de structure. En effet, certaines structures, comme les tombes par exemple, ont une temporalité limitée dont les étapes sont (1) creusement, (2) mise en terre du défunt, (3) fermeture, et éventuellement (4) réinterventions sur la dépouille.12 Les tombes ont donc une durée de vie courte et connaissent peu d’évolutions morphologiques dues à leur fonctionnement (en excluant donc les processus taphonomiques). D’autres structures sont utilisées plus quotidiennement comme les habitations ou les structures foyères et s’inscrivent donc dans le temps court par nature (échelle du jour, de la semaine, du mois, de l’année). Mais là encore une distinction peut être faite entre les structures dont les utilisations influencent fortement la morphologie et les autres. Les habitations, par exemple, ne sont pas modifiées à chaque utilisation, mais à rythme plus long lors de réfections notamment, au contraire des foyers où le rythme de modification est rapide (à chaque action subie). De plus, comme les palimpsestes, les foyers connaissent des phénomènes d’effacement pouvant s’avérer importants, de par les nettoyages ou vidanges qu’ils subissent.
12Par ailleurs, si l’on revient à la conception du temps telle qu’exposée précédemment, il apparaît que renoncer à concevoir le temps archéologique comme simplement linéaire et homogène permet de mieux appréhender la temporalité réelle des structures foyères. En effet, le foyer ne voit pas de simples enchaînements de chauffes similaires (linéarité) mais une succession de chauffes aux caractéristiques et aux durées différentes entrecoupées de phases de nettoyage (hiatus) ou d’abandon (hétérogénéité et discontinuité) auxquelles s’ajoutent des changements de modes d’organisation et/ou de fonctions (changements de trajectoires) ainsi que la possibilité d’utilisations parallèles, de durée différente, un côté du foyer étant par exemple utilisé pour griller de la viande et un second pour faire bouillir de l’eau. Ces événements potentiels – que nous désignerons aussi comme phases potentielles de la vie du foyer afin d’introduire la notion de durée par opposition à l’événement uniquement ponctuel –, sont présentés dans la figure 2. La construction du foyer – elle-même divisible en creusement, mise en place d’une éventuelle bordure etc.–, son fonctionnement comprenant utilisation(s), gestes d’entretien (nettoyage, vidange) et interruptions d’utilisation, et sa mort (il peut être simplement abandonné – auquel cas sa morphologie ne change pas – mais aussi étouffé ou dispersé) ont lieu lorsque la structure est encore fonctionnelle et accessible. Après une éventuelle dernière phase de vidange partielle ou complète sur structure abandonnée mais encore accessible, la structure est enfouie et peut alors connaître une phase de modifications due aux phénomènes taphonomiques divers, avant d’être redécouverte.
13Considérant l’utilisation quotidienne de ces structures, le nombre d’événements – qui plus est de nature différente – qu’elles peuvent connaître, ainsi que leur capacité à être modifiées à chacune de ces phases, il apparaît que les foyers sont susceptibles de constituer des palimpsestes épais et complexes. Selon la typologie de G. Bailey, ils peuvent ainsi s’apparenter à un true palimpsest – où une seule couche est visible mais peut témoigner ou d’une action unique ou d’un effacement de tous les résidus d’événements antérieurs – mais aussi et plutôt à un cumulative palimpsest. Dans ce cas, les différents témoins des phases de la vie du foyer s’entremêlent et G. Bailey considère qu’ils sont indissociables. Mais est-ce vraiment le cas13 ? N’y a-t-il pas des indices permettant de démêler ces événements ?
À la recherche du temps bref : identifier, ordonner, dater les événements et percevoir leur durée
14Rechercher l’événement correspond à ce que G. Bailey nomme la tendance microscopique : le but est de décomposer le palimpseste, d’y distinguer les petits épisodes individuels (Bailey, 2007, p. 209-210).
15Appuyons-nous sur le postulat de départ suivant : chaque combustion répondant à des lois physico-chimiques, elle est inévitablement associée (1) à la production de charbons et de cendres et (2) à une altération du sédiment (rubéfaction, craquellement, voire pulvérulence) et des éléments environnants, notamment lithiques (thermofraction14, rougissements, noircissement et/ou opacification) (Gascò et Beeching, 1989, p. 280-286). Chaque chauffe laisse donc forcément des traces, même si elle relève d’un temps très court. De plus, ses paramètres variant selon les propriétés du feu (combustion complète ou incomplète, durée, intensité, température, distribution et récurrence du feu), la nature du combustible, du sédiment (composition, humidité, compaction) et des éléments lithiques15 (March, 1995 ; March, Muhieddine et Canot, 2010 ; Aldeias, Dibble, Sandgathe et al., 2016), elle est donc potentiellement unique de par ces derniers et peut être différenciée d’une autre chauffe par des analyses macroscopiques, microscopiques et/ou physico-chimiques. La figure ci-contre (fig. 2) présente ainsi un exemple de plusieurs phases de chauffe pouvant être différenciées par la coloration de la surface rubéfiée.
16Il est également intéressant d’analyser une chauffe non pas isolément mais en relation avec la précédente puisque celle-ci en conditionne les conditions initiales. Citons par exemple l’influence de la température du sédiment qui peut être encore chaud d’une combustion précédente, le taux d’humidité plus bas qu’à la première chauffe ou encore l’impact de la teneur en matière organique (cendres et charbons d’une première chauffe non évacués) (Aldeias, Dibble, Sandgathe et al., 2016, p. 71-73).
17L’analyse des paramètres de chauffe peut donc s’ajouter à l’étude plus classique – notamment stratigraphique – des composants du foyer et résidus de combustion qui permet également d’identifier et d’ordonner les événements. En effet, si l’on conçoit l’événement à l’instar de G. Lucas comme des assemblages d’éléments matériels organisés, l’analyse de ces derniers devrait permettre de reconstituer l’histoire du foyer. Par exemple, des chauffes successives peuvent être visibles par la mise en évidence de différentes couches de rubéfaction. La localisation de cette dernière peut également attester de chauffes antérieures si elle est par exemple située sur la face externe des pierres d’une bordure qui devraient rougir du côté du feu. Cela démontre donc que le foyer a fonctionné dans une configuration différente n’intégrant pas cette bordure dans sa morphologie actuelle.
18Il est néanmoins nécessaire de considérer (1) la participation des composants du foyer (bordure, fosse…) à plusieurs événements ; (2) la possibilité que certaines étapes de la vie de la structure n’aient laissé aucune trace, comme une courte interruption entre deux utilisations par exemple et (3) l’éventualité d’une histoire tronquée par des phénomènes de nettoyage liée à une réversibilité différentielle des vestiges et de leur agencement telle qu’évoquée par G. Lucas. En effet, un creusement est plus pérenne qu’une couche de charbons qui sera également plus volontairement évacuée pour une question de bon usage du foyer. De même, si la rubéfaction est irréversible, les cendres sont bien plus volatiles et susceptibles d’être déplacées par le vent ou par lessivage (Gascò, 1985, p. 13-14).
19Existe également la possibilité que des éléments correspondants à différentes phases de fonctionnement se retrouvent juxtaposés sans aucune relation stratigraphique pour les ordonner : auquel cas, comment les corréler ? Réaliser plusieurs datations absolues par structure au lieu d’une seule – si tant est que la méthode choisie soit assez précise – pourrait constituer une solution. De plus, combiner les méthodes d’analyse pourrait permettre d’affiner encore la datation obtenue. La palynologie associée au radiocarbone par exemple pourrait permettre de dissocier des phases via la saisonnalité (différents pollens sont produits à différentes saisons). Ce problème reste néanmoins posé, et il conviendrait de trouver des solutions pour le résoudre.
20Autre problème : tous ces éléments témoignent des phases de chauffe du foyer. Qu’en est-il des phases de vidanges, curages ou interruptions ? D’autres indices doivent alors être recherchés : un dépôt de sédiment « neutre » entre deux couches de résidus de combustion pour une (longue) interruption entre deux utilisations (March, 1996, p. 63), des microcreusements sur le fond de la structure ou des traînées cendreuses pour le nettoyage (March, 1996, p. 61-62), etc. Concernant les phénomènes de vidange, nous avons proposé une méthode pour les structures à pierres chauffées permettant d’interpréter des structures au comblement brassé (fragments pêle-mêle, absence de pierres thermofractées aux éclats encore en connexion, donc restées en place) et comportant des zones « vides » de pierres comme partiellement vidangées (tab. 1 ; Hart, 2016).
21Après la distinction et la datation relative ou, dans une moindre mesure, absolue de ces phases se pose une autre question : celle de leur durée. De prime abord, la rubéfaction, et surtout son épaisseur, paraît être un bon indicateur. Mais de par son caractère cumulatif, une altération forte peut non seulement résulter d’une chauffe longue, mais aussi d’un feu plus court et plus intense, ou encore d’utilisations répétées, sans que l’on puisse privilégier l’un ou l’autre cas (Bruley-Chabot et Warmé, 2009, p. 121-122). Il faut donc corréler cet argument à d’autres. Une grande quantité de charbons et/ou de cendres peut également conduire à l’hypothèse d’un feu long mais cet argument est là encore biaisé par les phénomènes de nettoyage, de même qu’un lien établi avec une zone de vidange importante ne constitue qu’un argument indirect. Par ailleurs, à partir de données expérimentales, R. J. March et E. Canot proposent un calcul de la durée minimale de combustion. Leur modèle mathématique, construit à partir de données expérimentales, simule l’état de fonctionnement des foyers sur des milieux très divers (sols sableux, limoneux, argilo-limoneux, humide ou même sur des amas coquilliers) et permet de connaître le temps minimal nécessaire à un degré donné d’altération à partir de la température atteinte au cours du fonctionnement et des caractéristiques du milieu (March, Baldessari, Ferreri et al., 1991, p. 388-390 ; March, 1995, p. 56-57 et 1996).
Varier les échelles d’analyse
22Le cumul de tous les indices précédemment cités permet donc d’accéder à l’échelle d’analyse la plus petite : celle du temps très bref, de l’événement correspondant à un échelon 0. L’ordonnancement de ces phases permet de reconstituer l’histoire du foyer, à un niveau plus large, celui de la structure (échelle 1). Peuvent alors se poser les questions de sa durée d’utilisation, de son évolution (changement de morphologie, de mode de fonctionnement, de fonction). Un dernier niveau permettant de compléter cette vision souhaitée multiscalaire, et indispensable à la reconstitution archéologique globale (Valentin, 2008, p. 31 ; tab. 2), est celui du site (échelle 2). Il s’agit en premier lieu d’établir le phasage des structures de chauffe d’un même site, pour identifier celles qui ont fonctionné en même temps. Outre la datation par des méthodes fines, le remontage, notamment lithique, peut constituer une méthode permettant d’appréhender le phasage à temps court pour établir la synchronicité réelle des structures. Cette méthode a été largement développée par J.-M. Treffort sur le site de Montélimar Porte de Provence et consiste à chercher des remontages entre éléments lithiques issus de plusieurs structures (Treffort et Alix, 2010). Appliquée au site de Gerstheim Domaine de Bancalis que nous avons étudié dans le cadre de notre master, cela a permis de démontrer l’utilisation asynchrone d’au moins deux structures (fig. 3 ; Hart, 2016, p. 184-186 et 212, 213). Par ailleurs, la combinaison 14C/palynologie peut, là encore, permettre d’établir la simultanéité d’utilisation entre deux structures. Sachant quels foyers ont fonctionné en même temps, lesquels ont connu une interruption – et quand –, il est ensuite possible de comprendre comment ont été gérées les activités de chauffe du site. L’intérêt peut même aller au-delà puisque dans le cas des sites à structures à pierres chauffées, les deux exemples cités ci-dessus remettent en question l’hypothèse en général plébiscitée d’un fonctionnement synchrone de ces « fours » dans le cadre de grands rassemblements (Hart, 2016, p. 184), donc toute l’interprétation du site.
23Enfin, un dernier type d’analyse pourrait consister à conjuguer les différentes échelles. Par exemple, combiner l’échelle 0 et 1 consisterait à corréler les différentes phases des différentes structures entre elles.
Conclusion
24Les structures foyères, utilisées de manière quotidienne, s’inscrivent potentiellement dans des temporalités multiples et complexes, de l’ordre du temps très bref. Nous avons donc cherché, dans un premier temps, à mieux appréhender ces temporalités en considérant le temps non pas comme linéaire et purement chronologique mais comme hétérogène, et en nous basant sur les apports du perspectivisme temporel (notions de palimpseste et de vision multiscalaire ; tab. 2 « Considérations théoriques »). Il s’agissait ensuite – comme pour toute structure archéologique – de déterminer si les événements relevant du laps de temps court pouvaient, au moins partiellement, être appréhendés, et si oui, de quelle manière. Partant du postulat que toute combustion laisse des traces, elle devrait donc être perceptible. À l’analyse stratigraphique classique peut donc s’ajouter l’analyse des paramètres de chauffe et des composants du foyer selon des méthodes complémentaires et conjuguées. Combiner les analyses, rechercher des datations plus fines et garder à l’esprit la trame théorique afin de considérer l’ensemble des possibles peut donc permettre de pallier certains hiatus et imprécisions, et de reconstituer l’histoire de la structure (tab. 2 « Méthode d’analyse »).
Bibliographie
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Notes de bas de page
1 Cette notion de statisme peut néanmoins être nuancée si l’on considère (1) les processus taphonomiques agissant sur les vestiges enfouis qui causent leur constante mutation et (2) l’effet de leur découverte par les archéologues eux-mêmes (réactivation de certains autres processus taphonomiques, affectation par le processus de fouilles lui-même, etc. ; voir Lucas, 2005, p. 32-36).
2 « Il ne faut pas oublier que la vision offerte à sa découverte est celle de son abandon. Cette image figée est l’aboutissement d’une évolution particulière, de gestes et d’activités qui concourent à modifier à divers degrés son état initial », Coudret, Larrière et Valentin, 1989, p. 38.
3 « Archaeologists are aware that the data by which sites are assigned to periods are crude, and cannot be used to pinpoint a precise period of occupation. Nonetheless, they persist in presenting their interpretations as if the spatial distribution of sites on a map implies that all were inhabited contemporaneously. […] The archaeological impact of daily and life-stage time scales has rarely been explored, despite the fact that the archaeological investigation of domestic space has become an important area of archaeological investigation. It is here that the aggregate of quotidian behaviours and activities can be most dramatically misinterpreted if their remains are read amorphously as a long-term trend », Foxhall, 2000, p. 490-492.
4 En guise d’exemple, G. Bailey cite le fort taux d’érosion des sommets de l’Épire : une étude à l’échelle du Pléistocène laisse supposer que l’érosion est due à l’exploitation du milieu par l’homme et notamment à la pratique de l’élevage ; mais à une échelle plus grande l’on voit que le phénomène existait déjà avant et les causes/conséquences s’inversent : l’élevage de chèvres aurait été privilégié en raison de l’escarpement important du terrain dû aux phénomènes érosifs (Bailey, 2007, p. 210-211).
5 Pour G. Bailey, les données archéologiques s’assimilent à un palimpseste d’activités. Ces activités ne sont pas celles d’individus ni même celles de sociétés individuelles, mais correspondent à des ensembles plus larges de comportements. Sont donc visibles des tendances générales, cette résolution amoindrie étant encore accentuée par les marges d’erreur inhérentes aux méthodes radiométriques (Bailey, 1981, p. 109-110).
6 Selon L. Binford, les vestiges archéologiques représentent un épais palimpseste de résidus, issus de nombreux épisodes distincts. Il estime ainsi nécessaire pour les archéologues de considérer les données comme le reflet de différentes réalités et de les étudier selon ces différentes échelles. En effet, la structure des données ne s’assimile pas à une simple accumulation de petits événements, mais plutôt à une combinaison de facteurs et de contraintes organisationnels qui agissent sur les événements ou sur les épisodes de la vie quotidienne (Binford, 1981, p. 197).
7 R. Foley considère les données archéologiques comme une longue accumulation d’événements répétés dont l’organisation est riche mais brouillée et donc moins bien comprise. Les archéologues doivent alors se confronter à ces résidus d’actions et de comportements accumulés et entremêlés (Foley, 1981, p. 8 et 14).
8 « The traditionnal view of time as chronological sequence is only a partial view of the time, and one that seriously misrepresents the nature of the archaeological record. […] In suggesting alternatives, an approach that was more attentive to the multi-temporality of the archaeological record was used, to show how a different way of configuring the data is possible. The archaeological record is a palimpsest of multiple temporalities, and any simple reduction of this through the chronological sequence does it a serious injustice », Lucas, 2005, p. 43.
9 Notons que la taphonomie cause toujours des phénomènes d’effacement et/ou de déplacements.
10 Les deux notions centrales pour lui sont donc celles de residuality (« résidualité ») et celle de reversibility (« réversibilité »).
11 En guise d’illustration, il compare deux types d’organisation : celle d’une bibliothèque, hautement réversible puisque les livres sont facilement déplaçables, et celle du sens de circulation. En effet, passer d’un trafic du côté gauche au côté droit de la route nécessite des changements plus lourds à mettre en œuvre, l’organisation étant donc plus difficilement réversible (Lucas, 2008, p. 62-63).
12 Signalons qu’à côté de la temporalité de la structure peut être analysée celle des objets qu’elle contient. Voir l’étude de L. Olivier sur le mobilier de la tombe de Hochdorf (Olivier, 1999).
13 « Small-scales events are just as visible in the archaeological record as long-term patterns; the only constraint comes through chronological resolution and how we respond to that in constructing narratives », Lucas, 2005, p. 49.
14 La thermofraction désigne un éclatement – des éléments lithiques essentiellement – sous l’effet de brusques changements de température. Cumulative, elle réfère pour J.-M. Treffort à des éléments fragmentés sous l’effet de la chaleur mais dont les fragments ne sont pas dissociés (Treffort et Alix, 2010, p. 214). À l’inverse, nous considérons une pierre comme thermofractée quand la thermofraction est achevée et que les fragments se sont désolidarisés (ils peuvent encore être jointifs), et un élément en cours de thermofraction quand les éléments sont encore associés. La thermofraction peut donc avoir plusieurs stades, de la fissure légère à très avancée (Hart, 2016, p. 209-210 et fig. 116 et 117).
15 Par exemple, une combustion incomplète coïncidera avec une quantité de charbons plus importante et avec des restes de combustible incomplètement brûlés (Gascò et Beeching, 1989, fig 9) tandis que la teneur en oxyde de fer du sédiment influencera son rougissement (Aldeias, Dibble, Sandgathe et al., 2016, p. 73).
Auteur
Universités de Strasbourg (UMR 7044, laboratoire Archimède) et Fribourg-en-Brisgau (Urgeschichtliche Archäologie, Frühgeschichtliche Archäologie und Archäologie des Mittelalters des Instituts für Archäologische Wissenschaften)
Thèse sous la direction de Stephan Fichtl (France) et Christoph Huth (Allemagne) : « Foyers et structures de chauffe domestiques des âges des métaux »
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