Chapitre 6. Plaisance assassiné ? (1958-1985)
p. 455-594
Texte intégral
1Entre 1954 et 1982, Plaisance perd 22000 habitants, soit 27 % de sa population, qui chute en dessous de 60000. Si l’on pense que le quartier est un quartier périphérique de la capitale, cette baisse prend encore plus de relief. Ainsi le quartier Montsouris voit, pour la même période, sa population rester au même niveau.
2C’est que Plaisance devient en ce début de Cinquième République un des points d’attaque de la « rénovation », qu’il faudrait plus exactement appeler rénovation-destruction, à Paris. C’est ce phénomène qui marque notre quartier, le transformant profondément1. C’est de la que nous partirons dans ce chapitre. La vie dans le bouleversement de l’espace ; la vie dans la lente mort d’un paysage urbain.
3Sans doute les visées « rénovatrices » n’avaient pas été absentes avant 1958, mais c’est bien avec le nouveau régime que se mettent en place les opérations décisives. Dans le courant des années 1980, ces opérations ne sont pas achevées ; en particulier c’est vers 1985 qu’est lancée la ZAC Didot dont les travaux ne sont terminés qu’en 2007. Mais cette dernière rénovation plaisancienne prend un tout autre caractère que les précédentes2. La destruction du bâti ancien et la construction de grands ensembles immobiliers n’y sont plus de mise. Nous sommes bien entrés dans une autre époque, qui n’est pas l’objet de ce livre.
Quelle rénovation ?
4Pratique conduite par des opérateurs privés et publics – dans un agencement complexe -, la « rénovation » plaisancienne fait l’objet d’un débat dont certains termes sont propres au quartier, mais qui est assez proche de celui qui concerne toutes les opérations parisiennes. De la nécessité de la rénovation aux conditions de sa mise en œuvre, du sens urbain ou social à donner a ses évolutions en fonction des politiques et opinions, la gamme des questions à aborder est large.
5Dans les faits, il y a eu une suite d’opérations3, parfois globalisées dans des plans ou ZAC, parfois sauvages. Le point de départ a été surtout la désindustrialisation du quartier, qui a autorisé des grands travaux à dominante privée, au sud et à l’est du quartier. Du côté des pouvoirs publics, nous constatons grossièrement quatre grandes opérations inégalement achevées et concentrées au nord et à l’ouest, partie la plus pauvre du quartier : autour de l’ensemble Maine-Mont-parnasse (1958-1970) ; autour de la radiale Vercingétorix (1968-1977) ; autour de la ZAC Guilleminot (19731985) ; autour de la ZAC Didot (1985-).
Le constat de la vétusté (ou taudisation) des logements
6Le constat de la médiocrité du bâti plaisancien est sans cesse répété, souvent comme un élément de justification à la rénovation. Seul Quatorzième Village, journal des opposants à la « rénovation », ne l’évoque que très rarement, voire le contredit ou le nuance.
7Il faut sans doute distinguer entre plusieurs niveaux. Des critiques portent sur le très médiocre confort, le manque d’équipements (absence de W.-C. intérieurs, de salle de douche ou bains...). De la pourront s’introduire des nuances sur la possibilité d’installer ces éléments de confort sans détruire la maison. « Bien des immeubles du quartier sont dénués de tout confort élémentaire4 », écrit une cellule du PCF, alors que Robert Mandera se souvient de cette « maisonnette » où une femme « s éclairait encore à la lampe à pétrole » dans les années 19605. L’argument qu’un tiers des logements n’ont pas de toilettes est aussi avancé6.
8Le deuxième niveau concerne la vétusté du bâti, son usure, son délabrement. La aussi une alternative paraîtra possible : destruction ou réhabilitation ? Ainsi, en 1968, le PCF préconise de « détruire les vieilles maisons vétustes7 » et, en 1975, ses élus visitent les « maisons décrépies8 ». Sabine Chalvon évoque le Plaisance des années 1960 : « Là-bas se dressaient les immeubles vétustes et délabrés9. » Et le Guide Bleu de 1968 écrit :» très vétusté, ce quartier [...] ». Le Centre régional de documentation pédagogique accompagne une diapositive de la rue du Moulin-de-la-Vierge de ce commentaire : « Les immeubles populaires du xixe siècle, souvent très dégradés10 ».
9De cette vétusté, aggravée par le manque d’entretien des proprietaries, on glisse aisement au taudis misérable. Présentant une diapo de la rue des Thermopyles, le commentaire souligne que « les habitations se sont dégradées jusqu’a prendre l’aspect de taudis11 ». Mais il souligne que certains ont réhabilité des logements, alors que le députe de la Marlene, gaulliste « rénovateur », estime que « le remplacement des taudis » est inévitable12. Le PCF dénonce aussi les taudis, comme ceux de la rue Decres dont il publie des photos13.La cellule Didot donne une illustration d’un de ces logements :
La loge où ils étaient concierges, sa femme et lui, compte une pièce sombre ouvrant par un carreau fenêtre sur une cour puits, plus une chambre sans feu a l’étage [...] On vide les ordures directement dans l’égout de la rue14...
10Inconfort, vetuste puis taudis, tout ceci doit-il déboucher sur une destruction ? La question ne se pose plus lorsque la maison ou l’immeuble sont considérés comme de médiocre et mauvaise qualité, soit du fait même de leur construction, soit du fait d’une excessive dégradation. Ainsi lorsque le concierge de la rue Didot repeint son logement, rien n’en subsiste quinze jours plus tard, car « le salpêtre avait tout cloqué, pourri15 ». Ironisant sur les opposants a la rénovation-destruction, René-Louis Cottard s’amuse des « prétendues belles maisons disparues. Elles étaient pourries, sordides intérieurement pour la plupart16 ». Pour justifier la politique de De la Marlene, un de ses partisans explique que du fait de la présence de carrières sous Plaisance, on ne put y bâtir que « des constructions mal fondées, de mauvaise qualité, qui employèrent beaucoup de matériaux de récupération17 ». Des 1959, des architectes avaient estime que seuls quelques pour-cent des immeubles du quartier pouvaient être considérés comme étant dans un « état solide18 » et, en 1968, la Ville avait estime que de vastes dots entiers étaient irrécupérables19
11« Ne plus voir cette scène », écrivait en 1969 Le Canard du XIV, présentant une photo d’une rue misérable avec des maisons aux murs lépreux. Tous ne concluent pas de la même façon mais, sauf à faire silence sur la question, tous ne peuvent que dresser un constat de la situation négative, voire dramatique, d’une grande partie du logement et du bâti plaisancien. Sans compter qu’aux immeubles évoques s’ajoutent les meubles et les logements d’occasion comme ceux des gitans.
Insalubres ?
12Un des terrains d’attaque des opérations de rénovation était la présence d’îlots insalubres, classes comme tels par la Ville de Paris au début du xxe siècle. L’îlot Plaisance avait le numéro 17. On sait que le critère de classement d’un immeuble en insalubre était l’importance des décès par tuberculose. L’îlot 17 regroupait toute la partie du quartier Plaisance comprise entre les rues Vercingétorix, d’Alesia, Raymond-Losserand et l’avenue du Maine. C’est sur cette base de l’îlot 17 que s’appuie grandement l’opération dite de la ZAC Guilleminot. Un article titre ainsi « Un peu d’histoire autour de l’îlot 1720 » pour justifier les destructions totales demandées par la Ville21.
13La confusion, plus ou moins volontaire, entre l’îlot insalubre et le quartier – tout ou partie – permet de délimiter des périmètres de « rénovation » élargis. Ainsi, proposant de démolir 4 170 logements dans le secteur de la ZAC Guilleminot, la DGAU indique que ce « secteur particulièrement vétuste comprend notamment l’ancien îlot insalubre numéro 1722 ». D’autant que l’administration a l’écoute du PCF a propos de la destruction des logements insalubres. Le conseiller municipal communiste Gajer regrette ainsi en 1971 qu’on ne prévoie plus que de détruire 650 des 1 100 logements insalubres dont la destruction était prévue dans le secteur Vandamme23.
14Des associations analysent bien ce phénomène d’un point de vue général : « Après la seconde guerre mondiale, la résorption des îlots insalubres donne alors l’occasion du remodelage des quartiers reconstruits24. » Et les adversaires de la rénovation-destruction dénoncent le critère des ilots insalubres, soulignant que les chiffres de tuberculose remontant a 1919 n’ont plus aucun sens : « Le critère [de la tuberculose] a passe, mais la notion d’insalubrité n’a pas été précisée. Elle n’est d’ailleurs que le prétexte social au “plan de reconquête” dont parle le P.U.D. [plan urbain du district]25 ».
15Cependant plus que l’îlot insalubre, c’est la disparition des entreprises industrielles de Plaisance qui sert de point d’attaque aux grandes opérations, plus nettement privées, de « rénovation ».
La désindustrialisation comme clé de la « rénovation »
16Bien entendu, il ne faut pas entendre ici des industrialisation dans le sens actuel. Il s’agit en fait de délocalisations industrielles, qui procèdent d’un mouvement ancien dans l’agglomération parisienne du déplacement des industries vers la périphérie de la ville, dont d’ailleurs Plaisance avait bénéficié, nous l’avons vu, a la fin du xixe siècle.
17Notons aussi que, si le fait est constate par certains, il n’est que tres rarement remis en cause et ne fait l’objet d’aucune grande campagne, sauf, mais sans l’organisation de luttes importantes, de la part du PCF et des syndicats.
18Entre 1950 et 1975, Plaisance va perdre ses sept principales usines. Hispano-Suiza26 et Au Planteur de Caïffa27 partent des le début des années 1950, puis dans le courant des années 1960 et au début des années 1970 partent Breguet, Ernault28, Les Asphaltes et Bitumes de la SMAC, les ateliers de la Belle Jardinière. Les derniers a partir sont les Ateliers des PTT. Bien plus tard, dans les années 1980, le garage des ΤΑΜ, rue Didot (l’antique dépôt de la Compagnie des tramways Sud), fermera ses portes aussi29. Au total Plaisance perd de 1954 a 1974 100 000 m2 de locaux industriels30.
19Les motivations avancées pour ces fermetures sont variées. Pour Breguet et la Belle Jardinière, qui venaient de moderniser leurs ateliers et qui souhaitaient encore s’agrandir dans le quartier en 1959, le départ tient a l’impossibilité de réaliser cette visée devenue hors de prix alors que la vente de leurs terrains leur permettra des opérations très intéressantes31. Pour Ernault, le départ du siège social et des ateliers en banlieue est lie a la volonté de moderniser la production et a des propositions venant des opérateurs de la « rénovation » : « Au début des années 1960 [...] confronté aux problèmes suivants : d’une part inadaptation et vétusté des bureaux et de ses ateliers parisiens, d’autre part, nécessité de quitter a bref délai le quartier Plaisance en cours de rénovation32... » Les Asphaltes et Bitumes de la rue d’Alésia sont, eux, soumis a une forte pression des habitants du quartier du fait de leur pollution. En 1964 Le Canard du XIVe dénonce « des fumées noires à Plaisance » et exige la décentralisation de l’usine33.
20Le seul cas de décentralisation qui suscita une vraie opposition fut celui des ateliers des PIT du boulevard Brune. Ce départ de plus de 1 000 salariés est dénoncé au prétexte que « les ateliers ne gênent pas les Parisiens » et qu’il leur serait possible de s’étendre et de se moderniser34. Il est vrai aussi que ce départ affaiblit la section du PCF, qui perd ainsi dans les années 1970 deux cellules d’entreprise dynamiques.
21Cette perte des entreprises industrielles a aussi suscité un peu de nostalgie comme chez Brassens, interrogé en 197935, qui déclare qu’il aimait bien les Asphaltes malgré leur pollution, ou comme chez ce lecteur de La Page, qui écrit au journal une lettre évoquant la Belle Jardinière, Ernault et les Asphaltes : « Tout cela a été détruit36. » Mais cette nostalgie reste très marginale au regard d’autres manifestations du même ordre a propos du Plaisance perdu.
22Surtout, la disparition des usines est le point d’attaque de certaines grandes opérations de rénovation, car il permet d’éviter la phase difficile des expulsions. En effet, pour obtenir un espace cohérent pour une vaste opération urbaine, il n’y avait alors à expulser que quelques immeubles enclaves ou contigus. Des 1959, Paul Maitre et Jacques Tournant, deux des maîtres d’œuvre de la « rénovation » de Plaisance, écrivent ainsi :
Certains îlots occupés presque uniquement par des ateliers et des dépôts – souvent vétustes et insalubres – devraient pouvoir être assez facilement libérés [...]. Ce sont d’ailleurs des îlots choisis comme « mous » dans la proposition et sur lesquels il a été dessiné une première étude du plan Masse37.
23Et les deux architectes proposent deux grandes opérations, aux Mariniers, sur les terrains laissés libres par Hispano-Suiza mais agrandis a tout le périmètre Raymond-Losserand/Brune/Didot/Petite Ceinture, et une opération Pierre-Larousse sur les terrains attendus de la Belle Jardinière, d’Ernault et des Asphaltes agrandis a tout le périmètre Pierre-Larousse/Didot/Alésia/Raymond Losserand. Sur ces deux vastes espaces tout doit être rase, la voirie ancienne disparaît et de grands ensembles doivent être construits.
24Cette façon de faire est approuvée par la Ville et les élus. Ainsi, lors d’une conférence organisée par la Direction de l’urbanisme en 1960, il est décidé de faire disparaître 15 pavillons des passages Noirot et de la Villa des Camélias pour l’opération Mariniers38. En 1986, le même phénomène se présente encore puisqu’à la suite du départ du garage municipal de la rue Didot, il est envisage pour la nouvelle ZAC de démolir l’immeuble du 71-73 rue Raymond-Losserand39.
25Au bilan, comme le déclare Maitre devant la société de rénovation de Plaisance en 1961, « les zones de rénovation se délimiteront au fur et a mesure et se transformeront suivant les terrains libérés par des industries40 ». Le PCF, qui défend avec vigueur une rénovation sociale rapide, demande des constructions sur les terrains de Breguet et des Asphaltes en 196841 et constate que les départs d’usine ont permis de libérer des terrains42.
26Le rôle clé de la désindustrialisation plaisancienne dans l’économie générale de la « rénovation » est aussi sensible a propos de l’opération radiale Vercingétorix. En effet, les logements construits devaient permettre d’accueillir les populations expulsées suite a la construction attendue de la radiale. En Janvier 1967, le conseil municipal de Paris vote que 376 des 641 logements prévus sur les terrains issus de l’usine Breguet soient réservés « pour les familles atteintes par la rénovation du secteur Plaisance43 ». La décision est confirmée en 1971 et précisée en vue de « reloger les occupants à évincer pour la réalisation de la radiale Vercingétorix44 ». Les élus souhaitent aussi que les terrains issus de l’ex-Belle Jardinière soient acquis par la Ville pour les mêmes45.
27Ces vastes opérations ont suscité des critiques de spéculation. La vente des terrains de la Belle Jardinière par les frères Willot, pour 5 millions de francs, a La Garantie foncière qui propose ensuite de les revendre à la Ville de Paris pour 16 millions, suscite un tollé46.
28Beaucoup de promesses aussi sont faites sur l’usage de ces terrains libérés pour de grandes opérations immobilières. Ainsi on devait construire un lycée privé sur le terrain des Asphaltes et Bitumes47. Pour l’opération Mariniers-Hispano Suiza sont promis l’extension du collège, des crèches, une cite artisanale48... La question n’étant point tant que ces promesses n’aient été que très inégalement tenues mais que l’ampleur des terrains disponibles permettait aux architectes de prévoir un programme ample et complet d équipements, et par la séduisant.
29Ce qui est assure, c’est que ces terrains permirent la réalisation de grands ensembles parisiens, avec des immeubles montant a 12, 15, 20 étages49. La part des logements sociaux fut loin d’être négligeable, du fait du compromis visible qui se manifeste entre opérateurs et élus de toutes tendances politiques. L’État se réserve aussi certains terrains. Ceux du Planteur de Caïffa seront occupés par l’INSEE de 1954 à 199450. Ceux des ateliers des PTT seront en partie réaffectés à un bureau de poste et a un central téléphonique51.
30À ces macro-opérations, il faut ajouter toutes les petites opérations, en taches de léopard, effectuées lors du départ (ou de la faillite) des nombreuses PME plaisanciennes. Il arrive que pendant des années subsiste un bâtiment abandonné ou un terrain vague, comme sur l’ancienne maréchalerie du 105 rue du Château. Dans la blanchisserie du 214 de la rue Raymond-Losserand s’installent des travailleurs africains52. Mais finalement des constructions privées – de qualité le plus souvent – sont réalisées53.
31Éléments clés de la mise en œuvre de la « rénovation », les opérations pratiquées sur les anciennes usines se situent cependant dans une perspective plus large de rénovation urbaine.
Le processus
Maine-Montparnasse
32L’opération Maine-Montparnasse dépasse de beaucoup le quartier Plaisance et concerne aussi Montparnasse et une partie des VIe et XVe arrondissements. Pensé par Dautry des les années 1930, le réaménagement de la gare Montparnasse commence avec l’ouverture en 1929 et 1936 de deux gares annexes, Maine-départ et Maine-arrivée. Mais c’est en i960 seulement que commence l’opération principale (achevée en 1967), la destruction de la vieille gare, des deux gares annexes et des ponts qui enjambaient le boulevard Edgar-Quinet et l’avenue du Maine, et la construction de la nouvelle gare.
33Cette opération ferroviaire s’accompagne d’une immense opération urbaine54 sur les terrains laissés vacants entre la place de Rennes et la nouvelle gare et sur les terrains latéraux a l’emprise des chemins de fer. Grand parvis, centre commercial et immense tour doivent former un immense centre commercial, administratif, financier et culturel de Paris, occupant de 20 000 à 30 000 personnes55, qui sera relié par des autoroutes urbaines à la place Denfert-Rochereau et à la porte de Vanves.
34Plaisance est d’abord directement concerné par l’opération du fait de la radiale envisagée. Mais des constructions latérales a la nouvelle gare concernent aussi notre quartier. Un immense building de 200 mètres de long, destine principalement a des logements, est construit par l’architecte J. Dubuisson. Une nouvelle rue, appelée rue du Commandant Mouchotte, est aménagée au pied de celui-ci. Un nouveau pont est construit sur le chemin de fer, le pont des Cinq Martyrs du Lycée Buffon. Ces opérations font disparaitre la quasi-totalité de la rue Vandamme et la partie la plus proche de la voie ferrée de la rue du Château.
35L’ensemble de cette immense opération est a peu près achevé en 1972, et le Guide Bleu se félicite du résultat : « donner a la rive gauche le centre qui lui a toujours manque et créer au Sud de Paris un pole d’attraction capable d’équilibrer celui du nouveau quartier de la Défense a l’Ouest56 ». Aux marges nord du quartier, a l’initiative de la SNCF et de la Ville, l’opération Maine-Montparnasse semble avoir suscité peu de réserves. Le Canard du XIVe y voit « une parfaite unité de conception » et n’émet aucune critique sur les voies nouvelles57. Les principales inquiétudes, dont le PCF se fait l’écho, portent sur les effets spéculatifs de l’opération, qui pourrait entrainer une hausse des loyers des logements voisins.
36Une exposition au Grand Palais en avril 1967 donne a voir, par un jeu de dominos, la physionomie future de Paris. Mais ce qui frappe dans cette maquette en modèle réduit, c’est que les dominos tours-buildings... s’installent sur tout le quartier et pas seulement près de la nouvelle gare58 !
La machine est lancée
37Les logiques de la destruction de l’îlot insalubre, de la reprise des territoires usiniers et des visées urbanistes d’un nouveau Paris débouchent sur une machine financière, technocratique et politique qui bouleverse par étapes successives le quartier, particulièrement dans sa partie la plus pauvre, occidentale. Une étape bouscule l’autre. Maine-Montparnasse, projet urbain du Grand Paris, débouche sur l’exigence de rénovation-destruction du quartier Vandamme-Plaisance (l’extrême nord de Plaisance), car il faut assainir l’environnement et prévoir les premiers relogements. Puis est posée l’exigence de la radiale Vercingetorix pour relier le nouveau grand centre a la périphérie. De la des destructions qui supposent des relogements sur des terrains disponibles ou a trouver. L’élimination complète de l’îlot 17 peut alors être organisée au travers de la ZAC Guilleminot. Enfin la cohérence exige de relier ce nouveau territoire rénové aux opérations effectuées plus à l’est, sur l’ancien dépôt de tram. Ce sera la ZAC Didot.
38Certes, cette machinerie implacable a des rates sérieux, que nous verrons, et des réorientations partielles sont opérées. Mais le sentiment d’une évolution inévitable est fort. Bien entendu, le journal de De la Malène, le député UDR, impose cette idée d’une « tâche nécessaire59 ». Mais des sources plus diverses vont dans le même sens. Le journal de la cellule Didot du PCF écrit que « cette rénovation s’impose60 ». Dans un article de France-Soir Magazine, les journalistes estiment en 1972 que la rue Vercingetorix « n’a plus de raison de subsister » et que cette rue « bien sympathique ne pouvait plus tenir longtemps61 ». L’abbé de Notre-Dame-du-Travailleur aurait déclaré : « C’est le progrès, on est impuissant. » Dans le volume du CRDP de 1979, les légendes des photos évoquent la rénovation dans son mouvement inéluctable : photos de la rue Jules-Guesde « en attendant la rénovation62 ».
39Lorsque la rénovation est presque achevée, en 1986, Béatrice de Andia, présentant une exposition au musée Carnavalet, envisage dans des termes plus durs encore le caractère inévitable de la rénovation-destruction : « Aussi quel que soit l’avis des habitants, au nom d’un niveau de vie a respecter, d’une dignité humaine a protéger, après la dernière guerre la transformation de l’ouest du XIVe s’impose63. »
40Certains des arguments des opposants a la « rénovation » tentent parfois de remettre en question le fonctionnement qui semble irréversible de la machine a rénover : « faux progrès64 », « rénovation d’inutilité publique65 ». Ils sen prennent aussi à l’absence de démocratie : parmi ceux qui définissent les ZAC, on ne trouve « surtout pas les habitants66 ».
41Une autre caractéristique de cette grande machine rénovatrice est sa lenteur67. Les études et propositions préliminaires, la mise en place des institutions et des ressources, la mise en œuvre des opérations de rachat, puis d’expulsions ou de départs, la destruction du bâti ancien, puis la construction du nouveau bâti, s étalent sur dix a vingt ans pour chaque grande phase. Commencée avant la guerre, la « rénovation » de Plaisance ne s’achève ainsi qu’en 2007 ! Cette lenteur est vivement critiquée par le PCF68 qui, s’il souhaite « une rénovation progressive69 » permettant le relogement des habitants, s’inquiète de certains atermoiements70.
42Ce qui risquait le plus de gripper la machine – hormis les réactions des habitants – était sans doute les questions du financement et des profits qu’on en attendait. Le rêve des urbanistes et politistes d’un grand centre urbain rive gauche, accessible par une voirie moderne, environné d’un habitat de qualité, était sans doute pharaonique. Du fait que Plaisance était un quartier très densément habité, les coûts étaient tres élèves. Même en tenant compte du fait que les rachats s’effectuaient a un prix au mètre carré inférieur au prix du marché dans le quartier, les sommes déboursées sont énormes. La charge foncière devient ainsi tres élevée d’où la tentation/contrainte, sur une même emprise au sol, soit d’augmenter le COS (en réalisant des immeubles sociaux élèves ou en minimisant la place réservée aux espaces verts et aux équipements collectifs), soit d’augmenter les prix (en réalisant des immeubles chers destines a une population aisée)71. De la d’incessants tâtonnements qui ralentissent, voire remettent en cause le grand projet initial.
Un tournant des pouvoirs publics, 1974-1977 ?
43L’arrivée au pouvoir de Giscard d’Estaing entraîne une inflexion de la politique urbaine. Dans une lettre-directive adressée à Jacques Chirac le 25 septembre 1974, il demande une réorientation, en particulier a Paris. Les associations anti-rénovation de l’arrondissement constatent le fait : « A la même période on assiste de la part des pouvoirs publics a une évolution de la politique et de la législation en matière d’urbanisme. Les grandes opérations, type XIII ou XXe par exemple, sont de plus en plus critiquées : le "cadre de vie" devient une préoccupation des citadins72. » Globalement, il s’agit désormais de respecter davantage les constructions et la voirie anciennes, de diminuer la hauteur des nouvelles constructions, de limiter la place des autoroutes urbaines au profit des espaces verts. Ainsi sera réduite « la brutalité des actions de rénovation73 ». Comme le résume bien la paroisse Notre-Dame-du-Travail, « d’un parti pris d’architecture très haute, on passa a la diminution des hauteurs (ce qui réduisit le nombre de logements), le maire renonça en 1977 au projet de la radiale et l’État demanda le maintien de davantage d’immeubles anciens74 ».
44Ce tournant, dans lequel les associations veulent naturellement voir d’abord l’effet de leurs luttes et de la qualité de leurs analyses, s’est un temps heurte à une réticence de la part du PCF, qui craint qu’il ne conduise à la construction de moins de HLM et d’équipements sociaux : « C’est en effet ce que viennent de décider ceux qui nous gouvernent, sous couvert de respecter une décision élyséenne prescrivant le maintien a Paris du patrimoine ancien75. »
45Par ailleurs, il convient de noter que ce tournant ne fut guère suivi en ce qui concerne les destructions des anciens immeubles plaisanciens. Sur la ZAC Guilleminot, les destructions furent massives pendant les années 1970 et 1980, et seuls 10 % des immeubles et maisons furent sauves76. Si le trace des rues fut conserve et les hauteurs partiellement limitées, Taction des anti-rénovation ne fut pas ainsi un vrai succès à court terme sur ce secteur. C’est seulement à compter de la fin des années 1980 que les opérations « table rase » s’interrompent.
46Notre objet n’étant pas l’étude des politiques publiques et des enjeux qui conduisent a ces choix, mais une histoire de quartier, nous ne développerons pas ici l’histoire de la rénovation vue des opérateurs, Ville de Paris, SAGI, Crédit Lyonnais, Suez, RIVP... Il faut toutefois dire un mot du principal moteur de la « rénovation » du quartier, la SEMIREP (Société d’économie mixte pour la rénovation du secteur Plaisance).
« L’abominable REMISEP [sic] »
47La SEMIREP n’est pas le seul opérateur sur le quartier. Et la SAGI sera chargée de l’opération de l’îlot des Mariniers, près du boulevard Brune77. Et l’interpénétration des opérateurs est une évidence. Ainsi la SAGI est actionnaire, a concurrence de 26 %, de la SEMIREP. C’est toutefois bien cette société d’économie mixte qui assure l’essentiel des grandes opérations (Vandamme-Plaisance, Guilleminot et diverses opérations au sud de la rue d’Alésia). Contrôlée à 42 % par la Ville de Paris (les élus sont nombreux parmi ses dirigeants, comme le député de la Malène), avec d’abondants capitaux privés ou mixtes, elle est dirigée dans les faits par son directeur général adjoint. Installée longtemps dans la rue Bardinet, a l’extérieur de la zone sensible, la société a en charge de fixer les orientations, d’opérer les expulsions et les destructions pour préparer le terrain aux promoteurs ou aux Offices publics. C’est elle qui supporte, de fait, le long temps d’immobilisation du capital que comportent les opérations.
48Objet de tres nombreuses critiques, la SEMIREP est parfois présentée comme spéculatrice, du fait de son statut d’économie mixte. C’est surtout le PCF qui est le grand dénonciateur de ces spéculations, en particulier celle qui se fait au bénéfice de la Garantie foncière sur les terrains de la Belle Jardinière78. La SEMIREP est aussi accusée d’avoir encourage la spéculation en dormant son aval a la construction de l’hôtel Sheraton au détriment des équipements sociaux prévus.
49Les méthodes de la SEMIREP ont été tres discutées. La société a tenté d’amortir le choc auprès des populations en multipliant les enquêtes, notamment par le biais du COPRAS (Comité parisien de recherche et d’action sociale, rue Saint-Benoît). Celui-ci réalise en 1962 une « enquête sociologique du secteur de Plaisance79 » ou sont examines, par questionnaires ou enquêtes orales auprès d’habitants, dissociations et des assistantes sociales, les sentiments des populations devant la rénovation à venir et les besoins exprimés. A vrai dire, l’ensemble est tres médiocre et on est en droit de se demander s’il ne s’agit pas d’une simple précaution plus que d’une vraie visée de connaissance.
50La SEMIREP se préoccupe aussi d’informer la population. Des dépliants explicatifs sont distribués des 196180. Une association de propagande est créée en 1966, Le XIVe d’aujourd’hui et de demain81. Elle publie des brochures qui n’ont cependant qu’un écho très faible. Elle utilise la mairie du XIVe pour présenter ses opérations, comme cette réunion de mars 1966 a la Mairie ou une centaine de personnes peuvent voir des maquettes. Et le Bulletin de la mairie ose affirmer, suite à cette réunion, que « bien que les deux secteurs [Plaisance et Mariniers] a rénover comptent nombre de locaux insalubres, il s’agit de ne pas détruire complètement la physionomie du quartier82 ». Quant on sait ce qui est advenu des deux secteurs concernés, on se demande s’il s’agit d’un mensonge délibéré ou d’un refus de voir les faits !
51Ensuite la SEMIREP pratique en direction des occupants une combinaison de la séduction – financière – et de la menace, voire de la brutalité. Certainement une grande majorité des occupants acceptent de partir contre des relogements acceptables et surtout des indemnités non négligeables. « La REMISEP [sic] indemnise bien », regrette un peu un opposant a la rénovation83. Pour les locataires récalcitrants, la SEMIREP vise d’abord a la lassitude et a l’épuisement en rendant leur vie plus difficile : on laisse d’abord les maisons se dégrader, puis on passe a l’arrachage des systèmes électriques, des plomberies. On détruit des conduites de gaz, on défonce des parquets84... Des photos montrent comment la SEMIREP saccage une maison peuplée par une quinzaine de personnes dont dix enfants85. Le 13 octobre 1977, un appartement près de l’atelier du sculpteur Petit est saccage, les planchers sont crevés86. Viennent ensuite les menaces et les actes plus ou moins licites. Ainsi le directeur adjoint Dérez est-il condamné a trois mois de prison avec sursis pour violation de domicile et dégradation de biens chez une demoiselle de la rue de l’Ouest87. Enfin, dans les cas les plus forts de résistance, c’est avec la police que la SEMIREP procède pour les expulsions.
52On conçoit que l’image de la société ne soit pas des meilleures dans le quartier, surtout à 14e Village : « traite des vieux88 », insensibilité89, arrogance (ce sont « les maîtres du quartier, arrogants et dépourvus d’humanité90 »). Une chronique de 14e Village est titrée « Chronique des ignobles méfaits de 1 épouvantable Remi-sep91 ». On conçoit aussi que certains souhaitent répondre avec des arguments plus forts que la polémique (« Expulsons la SEMIREP92 ») ou le boycott93. Dans deux cas, des actes de violence sont perpétrés contre les locaux de la société par des groupes autonomes94.
53Le bilan ne doit cependant pas faire illusion. Sorti des espaces anti-rénovation (dont l’audience croît), on trouve peu de critiques vives contre la SEMIREP, qui paraît surtout comme le pilote discuté et peu aimé de la grande machine inéluctable de la rénovation-destruction.
Le débat sur l’urbanisme et l’architecture
« Rénovation ? : on rase tout et on recommence95 »
54La critique actuelle des grands ensembles, dont une partie de Plaisance est peuplée maintenant, n’est pas si inédite que cela. Nous l’avons ressentie des la construction des logements collectifs sur les fortifs, qui a déplu à nombre de Plaisanciens dans les années 1920.
55À la construction dominante de grands immeubles qui caractérise les opérations plaisanciennes, beaucoup opposent d’autres stratégies urbaines. La réhabilitation est avancée par tous ceux qui veulent conserver à Plaisance son aspect de « village ».
56Rares sont ceux qui concluent à l’intérêt esthétique des grandes constructions nouvelles. Mais, en 1986, Beatrice de Andia estime encore que « une fois les travaux finis, les habitants sont réinstallés dans des bâtiments rénovés [comprendre neufs ici], dignes de l’idée que leurs édiles se font d’eux ». Avec la participation « des plus grand architectes de notre temps », « ce secteur possède aujourd’hui un parc immobilier, dont le rythme et les couleurs, le volume et les ouvertures prouvent une imagination, une harmonie et une puissance d’un haut niveau96 ». Et il est bien vrai que de tres grands noms de l’architecture moderne ont fait à Plaisance une part notable de leur œuvre ou leurs premiers pas (Alluin et Mauduit, Daniel Badani, Patrick Berger, Jean-Claude Bernard, Ricardo Bofill, Antoine Grumbach, Maurice Novarina, Philippe Panerai...), ce qui conduit finalement à une uniformité moindre que ce que prévoyaient les premiers projets97. Mais de Andia doit regretter quelques « immeubles » ou « barres » construits au début de la rénovation. En 1988, le secrétaire de la Société historique du XIVe, Cottard, défend aussi la réussite de la rénovation98. Bien plus tard, Dominique Copin plaide pour « un autre regard sur un géant », la barre du Commandant-Mou-chotte, évoquant sa beauté la nuit99. Tout ceci ne fait pas beaucoup et l’évolution de Gilbert Perroy, le maire de l’arrondissement, est plus significative. Chaud partisan de la rénovation-destruction avant 1960, au fur et à mesure qu’il voit détruire les « hôtels ouvriers et les cours de ferme », ou les ateliers d’artistes, et construire de grands immeubles, son inquiétude ne cesse de croître100. Quant au Guide Bleu, il est en 1968 d’une grande prudence, saluant les grandes opérations du Grand Paris rive gauche, mais ne se prononçant en rien sur la nouvelle architecture. Du cote du parti communiste, longtemps rien ou presque n’est dit sur les grandes constructions et leur (in)intérêt esthétique tant il défend « les constructions de masse à Paris101 ».
57Après un temps très court de rêve des urbanistes de la Ville, les oppositions aux nouvelles constructions se font dominantes. La laideur des grandes « constructions bétonnières102 » frappe tôt les anciens de Montparnasse comme André Salmon qui, dans les années 1960, évoque la construction a la place de l’atelier de Gauguin « d’un de ces horribles "beaux immeubles" à loyer modéré103 ». Pour Roland Dupuy, libraire rue Daguerre et président des PME du XIVe, Maine-Montparnasse et son environnement sont « un monstre d’urbanisme104 ». Pour Ludovic, en 1978, « la population est menacée par un entassement d’immeubles modernes [...] mortellement insupportables105 ». « Trop grand », résume Pierre Bourdugue106.
58Comme dans les années 1920 se manifeste une réticence à un modèle américain de l’architecture urbaine. Roland Dupuy dénonce le « mini Manhattan », un candidat de l’Union des Français de bon sens en 1978 s’oppose à un Paris devenu « Chicago107 ».
59De ces grands immeubles on dénonce aussi qu’ils enlèvent le soleil a leurs voisins108, qu’ils ne respectent pas le passe, qu’ils manquent de variété qu’ils détruisent la vie de quartier et qu’ils n’ont pas taille humaine109... Surtout, peut être, ils manquent d’âme. On a fabriqué un « paysage sans âme », estime Pierre Bourdugue en 1991110. Certaines critiques sont plus vives avec le Groupe Femmes, qui écrit :
Ce ne sont pas les H.L.M. inhumains, impersonnels, anonymes qui créeront une vie de quartier [...] ces lieux concentrationnaires favorisent les agressions111.
60Plus violemment encore, une petite poésie anonyme écrit : « Le vieillard a parlé/ Du cube de glace dont il s’est échappé/Du Goulag qu’on appelle HLM112. » Deux actifs anti-rénovation estiment, eux, que les expulsés prennent « non pas les chemins de la liberté, mais ceux de la cage a lapins113 ».
61Bien sur, il s’agit la de critiques d’ordre architectural ou urbain, qui ne prennent pas en compte les éventuels progrès de confort ou de taille des logements nouveaux. Ce qui est sur, c’est que ces critiques progressent en influence dans les années 1970 au point qu’elles finissent par faire quasi-consensus et que certains aspects en sont pris en compte par les politiques. Les idées de la variété des formes à construire, de la continuité de la trame urbaine, de la limitation de la hauteur des nouveaux immeubles sont progressivement reprises par tous. Le cadre des propositions du concours d’idée114 de l’APU XIV et de VDL XIV115 en 1979-1980 fixe ainsi la hauteur maximale des immeubles à six étages et refuse tout bloc sans maintien de la trame des rues (sans élargissement) et respect du parcellaire. En septembre 1978, de la Malène, dans sa campagne électorale, ne dit guère autre chose en se prononçant pour une réduction de la hauteur des immeubles a construire et la conservation « des rues anciennes au maximum », en souhaitant un quartier « aimable, aéré, vivant » avec de petites place116...
62Aux grandes constructions nouvelles s’oppose aussi l’idée de la réhabilitation des vieux immeubles. Sur ce point les désaccords restent grands, surtout en ce qui concerne le secteur Guilleminot. Les opposants à la rénovation-destruction estiment que même dans 1’îlot insalubre une grande partie des immeubles ou des maisons peut être réhabilitée. A partir de 1977, l’APU XIV affirme que « la réhabilitation d’un maximum d’immeubles est la solution de base pour orienter l’aménagement du quartier et s’oppose à la solution “table rase”117 ». Les comités de rues fixent à 170, puis 200 le nombre d’immeubles de la ZAC Guilleminot a réhabiliter. Les partisans de la réhabilitation estiment que le manque de confort de nombre d’immeubles classes insalubres ne justifie nullement leur destruction118. Par ailleurs, ils pensent que la réhabilitation sera d’un bien moindre coût que la rénovation-destruction, d’au moins 30 % (sans compter qu’il y a moins de dépenses en voirie nouvelle, en réseaux divers)119. Les principes de la réhabilitation sont bien sur d’apporter le confort (salle de bains...) et d’agrandir certains logements dont la taille ne correspond plus aux exigences actuelles (ce qui diminue cependant le nombre total de logements).
63Les architectes anti-rénovation destruction trouvent l’appui de certains, comme ce candidat « de bon sens » en 1978 : « Sans nier la nécessité de remplacer certains immeubles vétustes, faut-il pour cela accepter les destructions d’immeubles dont une seule modernisation, confiée à de petites entreprises, pouvait assurer le maintien120 ? » Alliance sociale intéressante de certains architectes et de certains artisans121.
64Toutefois, l’unanimité est loin de se faire sur la réhabilitation comme solution. Au PCF, il y a d’évidentes hésitations. En juin 1975, le PCF manifeste son inquiétude contre la réhabilitation a l’initiative privée, qui signifie l’embourgeoisement du quartier122. En octobre 1977, un article se prononce a la fois pour la construction d’HLM dans le quartier et pour « réhabiliter les immeubles existants sur fonds publics pour garantir le maintien des habitants sur place123 ».
65Il est vrai qu’une réhabilitation privée est présente dans le quartier et le journal de l’UDF se félicite que de charmantes maisons soient améliorées rue des Plantes124. N’est-ce pas aussi ce que réalise le couple Varda-Demy dans son quasi-taudis de la rue Daguerre où « film après film on a pu faire des travaux pour habiter un lieu a notre convenance avec une courette jardin125 » ? C’est aussi ce que constate le CRDP en 1979. Le commentaire accompagnant une diapositive de la rue des Thermopyles, montrant des habitations très dégradées, ajoute :» Cependant depuis quelques années des actions de réhabilitation visent à remettre en état certains immeubles. Évidemment couteuses... » Ainsi la réhabilitation privée est un chemin vers l’embourgeoisement du quartier.
66Les architectes et urbanistes des années 1950 et 1960 prévoyaient une quasi-totale éradication de l’ancien. On le voit bien dans les grands projets présentés en 1959 par Paul Maitre et Jacques Tournant126. Elle est largement réalisée dans certaines zones de Plaisance dans les années 1960. Ainsi, sur l’opération des Mariniers, au sud du quartier, la décision est prise de détruire les quinze pavillons présents127. Il en sera de même sur le secteur Plaisance-Vandamme où tout sera détruit. Toutefois, ces architectes reconnaissaient une certaine valeur aux plus anciennes maisons du quartier, qu’on pouvait sauver par un « curetage des dots ». C’est ce qui fut décide pour la ZAC Guilleminot. Initialement une vingtaine d’immeubles seulement devaient être sauves. Ce chiffre fut porte a 72 en 1978128 sous la pression des anti-rénovation et dans un contexte de changement d’attitude de l’opinion publique. Ainsi, en 1975, Le Monde publie un article de Jean Perrin regrettant les destructions massives et demandant : « Une expérience de réhabilitation publique de ces logements menée et contrôlée par l’Office d’H.L.M. ne pourrait-elle pas être tentée129 ? » En fait on se contenta de ne pas détruire les immeubles sauves, sans les réhabiliter car considérés dans un état correct. Il faudra attendre les années 2000 pour voir une expérience importante de réhabilitation sociale avec le Château ouvrier.
Bofill à Plaisance
67Le débat sur l’architecture nouvelle est porte a son maximum avec l’architecte Catalan Ricardo Bofill. Une célèbre émission de télévision connue pour son esprit de polémique lui fut même consacrée130. Bofill se vit confier la réalisation de la plus ambitieuse – au plan esthétique – des opérations de rénovation dans le secteur compris entre Notre-Dame du-Travail et Maine-Montparnasse. Il y construisit un ensemble de grandes places (Catalogne, Séoul...), entourées de constructions importantes et majestueuses. La discussion continue sur la qualité de ces œuvres qui divisent les Parisiens. Toujours est-il qu’elles sont devenues aussi un objet de tourisme et évoquées dans les guides actuels comme un symbole du nouveau Plaisance.
68Les travaux de Bofill sont parmi les tout derniers de la rénovation plaisancienne. Commences en 1979, ils sont achevés en 1985. De ce fait ils sont perçus dans le quartier comme l’achèvement du processus de destruction-reconstruction, de plus en plus mal accepté à Plaisance. En octobre 1980, un article sur « le dernier bastion de la Cité Vercin » souligne la menace que représentent les projets de l’architecte Catalan pour les derniers artistes résistant à l’expulsion de la cite131. En 1982, le journal communiste local ironise sur le fait que Plaisance a « échangé sa population travailleuse... contre Ricardo Bofill132 ! ».
69Il semble cependant que Bofill ait tenté d’amadouer les associations locales, envoyant en 1979 à VDL XIV une note ou il présentait ses projets133. Mais dans les derniers numéros de 14e Village, on voit très vite une dénonciation de l’architecture Bofill. Son projet est un « délire », « monumental, spectaculaire et frimeur134 ». « La folie Bofill » est dénoncée par Gérard Courtois comme un « urbanisme autoritaire, monumental, en rupture avec le quartier » car les places tourneraient « le dos au quartier Guilleminot ». Enfin la hauteur des constructions ouvrirait sur un paysage beau pour les riches clients des étages élevés de l’hôtel Sheraton alors que les habitants de Plaisance seraient écrasés135. Sans aller jusque-là, dans L’Express, dix ans plus tard, un journaliste ironise sur les dîners « bofillisés136 ».
70Ce sentiment partagé est souligne avec plus de prudence par l’abbé de Notre-Dame-du-Travail, Alain de La Morandais, en 1985 : « J’ai vu, sous mes fenêtres, se creuser les fondations de Bofill, puis s’élever, à grand renfort d’ouvriers portugais, les frontons et les colonnades du célèbre architecte Catalan qui provoque les grimaces de ses confrères français137. » Une vue assez neutre domine aussi a droite où l’on se contente de noter les progrès lents des travaux. Le seul écho local vraiment positif est encore la préface de B. de Andia a l’exposition sur le XIVe arrondissement de 1986, où elle met en avant l’« imagination, [la] harmonie, [la] puissance d’un haut niveau » du chef-d’œuvre de la place de Catalogne138.
Une rénovation sociale ?
71Si certains textes que nous avons cites caractérisent les opérations de rénovation-destruction de Plaisance aussi comme un procédé de transformation de la sociologie des populations du quartier, qui s’ouvrirait, de ce fait, davantage aux classes moyennes, nous avons aussi vu que certains « rénovateurs », en tout premier lieu le PCF, défendaient le principe d’une « rénovation sociale ». En quelque sorte, la construction de nombreux HLM ou d’autres types de logements sociaux permettrait le relogement de la population travailleuse dans de meilleures conditions que le taudis. Il faut bien constater qu’avec de grandes inégalités qui reflètent des compromis politiques, les nouvelles constructions après destruction furent assez largement des logements sociaux. En ce sens d’ailleurs, ce n’est sans doute pas seulement de ces opérations que découlent les évolutions des caractéristiques socioprofessionnelles du quartier.
72Certains secteurs de la rénovation plaisancienne furent massivement laissés a une construction privée de « luxe », c’est le cas en tout premier lieu des immeubles construits au voisinage de la gare et de l’avenue du Maine, et de certains immeubles bofilliens. En gros la pointe nord-ouest de Plaisance devient un lieu de résidences bourgeoises (la grande barre de la rue du Commandant-Mouchotte étant destinée à des locataires issus des classes moyennes). Mais de Notre-Dame-du-Travail a la porte de Vanves, il en va tout autrement, que ce soit dans les opérations qui concernent la ZAC Guilleminot ou dans celles qui se sont appuyées, plus au sud, sur les grands espaces usiniers libérés.
73Le PCF est le grand porteur de la construction de HLM dans le quartier. « Des logements corrects à des loyers abordables. Des HLM139 », voici le mot d’ordre. Le PCF est vigilant sur le respect des programmes de construction d’habitats sociaux140, regrette l’insuffisance de la part des HLM141. Il est toutefois conscient que les loyers en HLM peuvent être plus chers que ceux payés par les locataires des immeubles pauvres et anciens du quartier142.
74Du côté des partisans de la rénovation, on insiste sur l’assurance donnée d’une place importante des HLM dans les nouvelles constructions. Il est significatif qu’une photo illustrant un article intitulé « Urbanisme a Plaisance », paru en 1971, montre une destruction en cours rue du Moulin-de-la-Vierge en annonçant en légende la construction d’un HLM143. Et dans leur journal électoral en vue des municipales de 1977, les gaullistes donnent une longue liste de 2 000 logements HLM ou ILN construits à Plaisance144.
75Du côté des anti-rénovation, si l’on dénonce d’éventuelles réductions de la part des logements sociaux dans les ZAC145, on insiste surtout sur le fait que le relogement, même en HLM, est un leurre et que les destructions entraîneront le départ – plus ou moins contraint ou volontaire – des populations modestes du quartier146. Aucun article de 14e Village n’est ainsi consacré à la lutte pour des HLM, perçus par le journal comme un des éléments du dispositif de grands habitats collectifs dont il ne veut pas.
76Au bilan, si les HLM sont restés minoritaires dans l’ensemble de la rénovation plaisancienne, le total des divers logements sociaux créés est loin d’être négligeable, variant selon les secteurs de 0 à 100 %.
77C’est a proximité de Maine-Montparnasse que s’est jouée l’opération la plus symbolique, qui a parfois occulté ces réalisations sociales importantes : la construction de l’hôtel Sheraton. Cet immense hôtel de luxe de 1 000 chambres, construit entre la rue du Commandant-Mouchotte et la rue Vercingetorix sur les anciennes rues de Médéah et Perceval, devient le symbole des promesses non tenues des rénovateurs. C’est « le principe de la carotte », qui est dénoncé par Frédérique Barbier. Les équipements sociaux et scolaires promis au début des années 1960 ont fait place a un centre commercial avenue du Maine et au Sheraton147. Mêmes critiques dans la presse communiste, pour une fois sur la même ligne que les anti-rénovateurs148. Cet hôtel pour riches, « dont le besoin ne se faisait nullement sentir à cet endroit149 », fait l’objet de l’ironie d’un ancien du quartier sur « la suite présidentielle de l’hôtel Intercontinental dont l’ombre me cache mes vieux jours150 ». Le gigantisme et la hauteur de l’hôtel151 frappent les esprits en contraste avec le quartier ancien. Le concours d’idées de VDL XIV et APU XIV présente ainsi un dessin significatif, « petite rue et Sheraton ». L’hôtel devient ombre menaçante : « Ils l’[la rue de l’Ouest commerçante] ont écrasée sous l’ombre du Sheraton, hôtel froid et borgne, comme certaines tombes du cimetière Montparnasse152. »
78Et les vieilles maisons « achèvent de mourir a l’ombre menace de l’Hôtel Sheraton et de l’ensemble Maine-Montparnasse153 » ; la menace est d’ailleurs très concrète au début des années 1970 car l’énorme trou creusé pour établir les fondations d’un hôtel aussi immense semble bien avoir entraîné des fissures graves pour les vieilles maisons voisines154.
Victimes de la « rénovation »
79Dans le débat sur la rénovation-destruction, l’argument du sort fait à certains groupes revient souvent, en particulier les problèmes des plus pauvres et des plus vieux.
80Pour ces derniers, il semble bien que nul ne conteste leurs difficultés particulières. Les paroisses y sont particulièrement sensibles, insistant sur les « conséquences psychologiques pénibles pour les personnes âgées155 », « ce sont elles qui subissent péniblement ces évolutions 156 » ou « le traumatisme du départ157 ». En 1986, lorsque est envisagé dans le cadre de la nouvelle ZAC Didot de détruire le 71-73 rue Raymond-Losserand, « immeuble qui abrite de nombreuses personnes âgées », on souligne que leur expulsion entraînera de graves problèmes psychologiques158. Beaucoup souhaiteraient rester comme ce couple de retraités qui témoigne dans Le Monde en 1976 : « Nous souhaitons rester ici, car c’est ici que nous sommes nés. Nos murs sont plus solides que ceux que nous voyons construire159. » Certains drames ont eu lieu :
Les expulsions ont tué au moins cinq personnes dans la Cité Blanche : quatre vieilles dames sont mortes dans les mois qui ont suivi leurs expulsions (...) Un vieux Russe qui ne comprenait pas le sens du papier qu’il recevait et qui s’est jeté par la fenêtre160.
81Des difficultés viennent aussi de la perte de leurs repères dans un quartier en plein bouleversement : « Dans ce paysage de séisme, un septuagénaire égaré promène son cabas entre les palissades des chantiers161. » Une poésie dure décrit un vieux revenant dans son atelier : « Le vieillard aveugle tel une épave/cognant et toussant contre les murs délabrés162... »
82L’adaptation des personnes âgées dans les nouveaux grands ensembles est discutée. Pour Reine Franchi et Françoise Emery, ils y deviennent invisibles « dans l’aménagement feutré des tours et autres ensembles163 ». Une notion d’enfermement apparaît : « Un vieillard au regard fixe/Échappé de son cube froid [...] Le vieillard a parlé/Du cube de glace dont il s’est échappé164. »
83Cependant, nombre de personnes âgées seraient prêtes à partir. Souvent pauvres, elles seraient sensibles aux primes : « Les quelques millions de francs qu’on offre à des habitants souvent âgés leur semblent une aubaine, un Pérou165. » Soumis a des « pressions » et aux gênes, ils seraient aussi souvent « résignés au pire166 ».
84Beaucoup est vrai dans ces images des personnes âgées, premières victimes de la rénovation-destruction, même si certains propos relèvent de quelques licences poétiques : « Ce soir là, le vieux est mort de froid/Dans la tombe qu’on lui a présentée (...] Encore une victime de la Traite des Vieux pratiquée par la SEMIREP167. »
85Les difficultés rencontrées par les habitants pauvres touchés par la rénovation sont finalement moins évoquées ou moins ardemment. II y a bien sûr la conscience que « le problème du nouveau loyer pour les personnes modestes se révèle douloureux168 ». « Quitter une maison si branlante soit-elle où l’on paie 180 francs par trimestre pour un immeuble neuf à 300 francs par mois, c’est un drame pour beaucoup. Mais qu’y faire et comment169 ? » Mme Ledoré, qui habite au 152 rue Vercingetorix, dont la maison tremble quand les trains pas sent, ne veut pas abandonner son logement où il y a de la place pour être relogée dans une HLM « qui mangerait la moitié de la paie de mon mari ouvrier chez Renault170 ». Le peintre Claude Delsault, qui paie un logement, « peu confortable il est vrai », 150 francs par trimestre, sait qu’un nouveau logement lui « coûtera sûrement plus cher171 ». Cette préoccupation est sensible dans toutes les enquêtes où les habitants manifestent leur envie d’être relogés sur place ou dans le voisinage172, mais sans hausse de loyer. C’est le PCF local qui paraît, assez naturellement, le plus actif sur cette question173, regrettant que cette situation contraigne les familles pauvres à quitter le quartier ou à se reloger dans des habitats misérables.
86Mais l’enjeu symbolique le plus important de la rénovation plaisancienne fut sans doute la radiale Vercingétorix dont l’abandon constitua la plus éclatante victoire des anti-rénovation.
La déroute de la radiale
87En 1957, pour relier Maine-Montparnasse au périphérique, un grand projet d’une autoroute urbaine longeant l’emprise du chemin de fer et se substituant à la rue Vercingétorix fut adopté en conseil municipal. La radiale devait d’ailleurs se poursuivre vers la place Denfert Rochereau en obliquant vers l’est ! Les réactions des notables locaux mirent tôt fin a ce projet de la branche Denfert-Rochereau, mais il n’en alla pas de même pour la radiale.
1957-1972 La radiale à peine discutable
88Décidée en 1957, la construction de la radiale prend réellement forme en 1964 quand le conseil municipal de Paris vote de premiers crédits pour les rachats et expulsions. Ces crédits sont chaque année renouvelés et, progressivement, la Ville acquiert le terrain nécessaire au voisinage de la rue Vercingétorix174.
89Dans cette période, nul ou presque ne conteste la nécessité de cette autoroute urbaine, considérée comme inévitable. Un bon exemple en est un article de France-Soir Magazine. Bien qu’avec un peu de nostalgie, les journalistes enregistrent le fait :
En 1975, la rue Vercingétorix, 1 575 m. de long, aura fait place à une radiale allant de la gare Montparnasse à l’autoroute Paris-Chartres. C’est tout un quartier qui disparaît (...) La voie étroite et vieillotte bien qu’interminable n’a plus de raisons de subsister entre la tour de Montparnasse et l’autoroute de l’Atlantique175.
90Les courants politiques principaux soutiennent ou acceptent la radiale, en particulier les élus du quatorzième arrondissement176. Au conseil municipal, 1 élu communiste Gajer déclare qu’« au plan strictement technique la radiale Vercingétorix se justifie177 » et le PCF prépare la restructuration de la cellule Raymond Losserand dont « le périmètre sera dans l’avenir très réduit en raison de la création de la radiale Vercingétorix178 ». La mairie du XIVe évoque favorablement les acquisitions de parcelles179.
91Parmi les arguments avancés, celui de la modernisation et de la cohérence des projets urbains est souvent présenté. Le Canard du XIVe évoquant « le plan Maine-Montparnasse » et la « création d’une voie nouvelle » insiste sur la belle unité de conception180. Regrettant le ralentissement dans l’avancée de la radiale, Informations 14e, le journal communiste écrit : « La radiale Vercingetorix devait amener une certaine rénovation du quartier composé pour l’essentiel de logements insalubres. Faute de crédits la radiale ne commence pas, la rénovation non plus181. » Un article du Monde affirme avec une certaine fierté moderniste que « la capitale aura sa première autoroute urbaine182 ».
92Par ailleurs, l’argument d’une amélioration de la circulation dans le quartier est aussi avancé. Il s’agit de « désencombrer Plaisance183 ». Et, encore en 1973, le président des PME de l’arrondissement espère que la radiale va améliorer les transports184.
93Enfin, il faut noter que certains observateurs estiment, au moment où commence a se développer une contestation aux autoroutes urbaines, que l’intérêt esthétique et architectural de Plaisance ne justifie pas une opposition : « La qualité et la richesse des tissus urbains ne sont pas identiques dans le secteur de Notre-Dame et dans cette partie du XIVe arrondissement185. »Le Monde va encore dans le même sens en 1972, estimant la radiale absolument « nécessaire186 » et pas la voie sur berge.
94Bien entendu, des problèmes sont tôt posés. Et en tout premier lieu les difficultés rencontrées pour le rachat des parcelles et le sort des habitants. Des 1962, le PDG Richard Pouzet estime que la réalisation de la radiale Vercingetorix et de la bretelle Froidevaux exigerait des « démolitions particulièrement importantes187 ». Il y a, à la fois, des problèmes de coûts, qui expliquent en grande partie la lenteur de l’opération, et des problèmes humains : « Les travaux de libération du sol sont toujours délicats et difficiles à cause des problèmes économiques et humains qu’ils posent188. » Ces difficultés expliquent l’option prise en 1972 de rapprocher la radiale de la voie de chemin de fer et de réduction de son emprise dans le quartier189.
95Les communistes s’inquiètent, eux, des effets secondaires de la radiale. En tout premier lieu, ils pensent que la radiale entraînera un risque sérieux de spéculations dans un « quartier qui sera revalorise par la proximité de la radiale190 ». Enfin, de manière plus inédite, il semble qu’ils soient parmi les premiers a s’inquiéter de la pollution sonore pour les logements HLM proches de la radiale. Le conseiller municipal Gajer demande ainsi des travaux d’insonorisation ou le pas sage en souterrain par endroits de la radiale191. Mais ces demandes ne débouchent pas du tout alors sur une remise en cause de la radiale.
96Notons enfin qu’une opposition vigoureuse a la bretelle Froidevaux se manifeste des le début des années 1970. Et les élus192 du XIVe, alors qu’ils soutiennent la radiale, nous l’avons vu, relaient avec succès cette opposition. Cette bretelle, qui devait traverser des quartiers habités par des populations beaucoup plus aisées que celles de Plaisance, et considérés comme mieux bâtis, suscite ainsi une première réaction locale qui laisse présager de possibles alliances.
1973-1977 Du doute à la contestation : la radiale avorte !
97À compter de 1973-1974, le discours dominant devient celui des adversaires de la radiale au point que ses partisans se situent désormais dans une position défensive et en constant recul.
98Sans exagérer le phénomène il semble que de premières oppositions se manifestent dans des milieux assez hétérogènes. Ainsi la Société historique, qui regroupe nombre d’anciens du XIV, plutôt aisés, s’émeut de ses « adhérents de la rue Vercingetorix en train de la quitter pour une pauvre autoroute193 ». Les habitants de la nouvelle barre de la rue du Commandant-Mouchotte sont aussi parmi les premiers à manifester leur inquiétude. Avoir une autoroute dont leur rue sera le débouché les inquiète naturellement et une journaliste peut assez justement prévoir qu’« un jour peut-être les habitants des Balcons de Montparnasse, dont le chantier va bon train à l’angle des rues du Commandant Mouchotte et Vandamme se joindront à eux, ayant “découvert” qu’ils ont acheté la vue sur un carrefour d’autoroutes194 ».
99Ainsi vieille bourgeoisie locale et nouveaux habitants aisés se retrouvent dans l’opposition a la radiale. Il est assez significatif que le Comité Vercingétorix, qui lutte contre le projet, ait son siège 220 boulevard Raspail et non à Plaisance. Du côté des riverains de la radiale, les choses sont plus complexes. En 1973-1974, la grande majorité des habitations comprises entre la rue Vercingetorix et le chemin de fer ont déjà été expropriées et sont en voie de destruction. De l’autre côté de la rue Vercingetorix, ceux qui doivent voir passer la radiale à leur pied, « ils pensent qu’on démolira aussi leur immeuble [...] pour en construire de plus modernes195 ». Ainsi les riverains sont-ils en partance, à la recherche de relogements ou de nouvelles boutiques pour les commerçants196. Cependant ceux qui habitent des HLM ou des logements sociaux récents, assurément destines à rester, manifestent de plus en plus leur mécontentement devant les nuisances possibles. Nous ne connaissons malheureusement pas vraiment la composition de la première manifestation des habitants le 25 Janvier 1974197.
100Au-delà, il faut prendre en compte la réaction « de tout un quartier198 », qui se réunit progressivement contre la radiale. Le rôle des associations locales est peut-être plus significatif qu’un référendum local dont les conditions de représentativé sont toujours discutables199 : 36 associations contre une se prononcent en juin 1975 contre la radiale200. La lutte contre la radiale prend ainsi sens, pour une grande partie de la population de Plaisance, de lutte pour la défense du quartier. Bien sur Plaisance, ne détonne pas dans l’ambiance générale. La Croix note que, des 1973, le « projet risque de ne pas aboutir » car on conteste la pénétration d’autoroutes en ville201.
101Ce sentiment général d’opposition du quartier se retrouve aussi dans le ralliement des partis et syndicats à la lutte contre la radiale. Le parti communiste local, longtemps plutôt favorable, devient un opposant résolu, et au conseil municipal du 28 novembre 1974, le groupe communiste rappelle (sic) « son opposition au projet de super périphérique » en demandant une simple avenue202. En 1977, il édite une affiche en grands caractères « POLLUTION-BRUIT-RADIALE Nous en avons assez203 ». Le parti socialiste, les syndicats (la CFDT en tout premier lieu) participent aussi à ces mouvements204. A l’Hôtel de Ville, le Comite Vercingétorix reçoit l’appui des groupes communistes et socialistes en mai 1977205.
102Il n’est jusqu’aux élus RPR et centristes qui ne commencent à manifester leur réticence au moins en se réfugiant dans un prudent silence. Lors de la campagne des élections municipales de 1977, leur journal local n’évoque plus la radiale206 !
103Le vrai organisateur de la lutte est le Comité Vercingétorix, fondé au printemps 1974, qui organise les actions suivant un modèle que nous retrouverons et retracerons plus longuement lors de notre examen des forces socio-politiques locales et ou se retrouvent lobbying, modalités festives, propagande, participation guidée des habitants, expertises techniques et manifestations dures.
104Le discours anti-radiale, devenu largement dominant, s’appuie sur plusieurs arguments parfois cohérents, parfois particuliers. Les nuisances au voisinage et à l’environnement sont le trait le plus commun207. Mais on trouve aussi démonté l’argument de la nécessité et de l’utilité du projet. La radiale n’améliorera pas les transports, au contraire, sauf pour les privilégiés qui pourront se payer des parkings208. Plaisance deviendrait une sorte de cul-de-sac surencombré par l’afflux de voitures suscité par la nouvelle voie rapide209. Une variante plus directement écologique souligne que la crise pétrolière annonce la crise de l’automobile comme mode de transports urbains et présente l’autoroute urbaine comme un projet dépassé210. En ce sens les solutions de remplacement, comme la radiale entièrement souterraine, ne sont pas admissibles et les associations refusent la « carotte » des jardins sur dalle alors qu’il faut une vraie coulée verte. Enfin, nous trouvons une variante plus proprement urbaniste, qui dénonce la radiale comme un élément du dispositif de la rénovation de Plaisance : « La voie triomphale » n’est qu’un élément de mise en valeur de Maine-Montparnasse, du « Manhattan » parisien et du Sheraton, sans compter quelle « défigure le quartier211 ». Conclusion générale, le projet est maintenant « nuisible, inutile et ruineux212 ».
105Devant cette dénonciation qui ne cesse de s’accentuer, les pouvoirs publics tentent de maintenir le projet en le rendant plus acceptable213. En 1976, le directeur général de l’aménagement, Raoul Rideau, promet une voie couverte par des dalles jardins avec le « moins de nuisance possible214 ». En juin 1976, dans un article sur un festival local de musique, Jacques Lonchampt évoque « les jardins qui recouvriront la voie rapide Vanves-Montparnasse215 ». L’autre recul est l’annonce d’un resserrement de la radiale de 60 mètres a 45 ou 30 de large216.
106Mais on sent bien que l’incertitude gagne. Le Monde, longtemps farouche défenseur de la moderne radiale, connait une même évolution. Et l’abandon du projet, en juin 1977, par le nouveau maire de Paris, Jacques Chirac, ne surprend pas. Une fête de la victoire célèbrera l’événement217. Pendant de nombreuses années, le lieu restera un terrain vague218, un terrain de fêtes plus ou moins sauvages219, avant que ne s’y installe une maigre coulée verte.
107La victoire contre la radiale a marque fortement l’identité de Plaisance. Sans nous prononcer sur le fond et le ton, particuliers, un texte de Monts 14 en 2004 en souligne bien encore l’importance :
Souvenez-vous la radiale en 1974 : tout un quartier doit être rase pour faire arriver une autoroute au cœur de Paris [...] Prenant Vercingétorix pour emblème, les gaulois de l’époque remportèrent une victoire immortelle sur l’abominable entreprise220.
Des rénovations
108Nous évoquons ici rapidement chacune des grandes opérations de rénovation, dans leurs particularités qui prennent sens chronologique et territorial.
109Il faut mettre à part les grandes opérations de rénovation sur les territoires usiniers (Asphaltes, Hispano, Belle Jardinière, Ernault, Bréguet...). Toutes aboutissent a des opérations « table rase » avec destruction des immeubles intégrés dans les îlots concernés. Toutes aboutissent à la construction de grands ou moyens ensembles, avec une part assez importante de logements sociaux et d’équipements.
110Nous avons déjà examine l’opération Maine-Montparnasse, à l’extrême nord du quartier et qui ne le concerne que très partiellement.
111À son voisinage, l’opération Plaisance-Vandamme, commencée au début des années 1960 et achevée dans le courant des années 1980 avec Bofill. Elle extermine une grande partie du plus vieux Plaisance, celui des années 1840-1850. Les constructions font la part belle aux logements privés de qualité. Il y eut fort peu de luttes contre cette rénovation, sauf rue de Médéah.
112Plus au sud, l’opération ZAC Guilleminot, implantée sur l’ancien dot insalubre 17 (et à laquelle fut rattaché l’ancien territoire prévu pour la radiale), commencée en 1972 et achevée vers 1990, fut aussi une opération « table rase » à 86 %. Certains immeubles furent sauvés toutefois, grâce aux luttes, et rappellent modestement le Plaisance de 1950. Les constructions sociales furent largement majoritaires et, en ce sens, le Plaisance nouveau continue le Plaisance ancien. Il y eut un mixte de grands ensembles (au Moulin-de-la Vierge) et de résidences de taille plus modeste. C’est la ZAC Guilleminot, avec la radiale, qui suscita le plus de luttes. Mais si la victoire fut totale pour la radiale, l’échec des anti-rénovation-destruction est sensible pour la ZAC Guilleminot.
113La dernière opération, ou ZAC Didot, commencée en 1985, à partir des terrains du garage municipal, n’est pas dans notre période. Mais, a la différence des opérations menées sur les anciennes usines, les immeubles inclus dans l’îlot furent respectés et rénovés. Les constructions furent limitées et mélangèrent habitat social modeste et plus aisé.
Vivre et mourir – le temps de la rénovation-destruction
114Pendant trente ans, une grande partie du quartier vit au rythme des expropriations, des départs, des expulsions, des dégradations, des destructions, des terrains vagues, des chantiers et des palissades.
115Le quartier connaît aussi un bouleversement brutal, qui le transforme profondement, dans ses structures urbaines, dans sa population, dans ses modes de vie. Certes, il y a des zones moins ou autrement touchées (les grands habitats collectifs au sud des Maréchaux, beaucoup d’ilots compris entre la rue Didot et la rue des Plantes), mais toutes et tous vivent ce temps exceptionnel, dur, tragique et passionnant.
Le bulldozer et la mort d’un quartier
116Le cycle de la rénovation-destruction-reconstruction mérite quelques détails. Le premier temps est celui de la lente dégradation, du lent abandon d’une maison dont les habitants partent progressivement au fil des départs volontaires ou des expropriations. Le second temps est généralement plus brutal et plus rapide. En quelques jours, quelques semaines au plus, la maison est détruite, rasée. Puis vient le temps (parfois quelques semaines, parfois des années) du terrain vague. Enfin arrivent les travailleurs du bâtiment, qui édifient les nouveaux immeubles (une à deux années). Ces étapes se chevauchent fréquemment dans le quartier et le paysage plaisancien voit alterner maisons sauvées, maisons à demi abandonnées, maisons en cours de destruction, terrains vagues, chantiers, nouvelles constructions.
117La première étape est donc celle de la blessure et de la maladie. En voici une description, qui commente une diapositive du CRDP de Paris en 1979 :
Les maisons populaires du xixe siècle dans l’attente de la démolition ou dune hypo thétique réhabilitation, ne sont plus entretenues ; elles sont peu à peu désertées par leurs locataires ; les boutiques du rez-de-chaussée ferment ; certaines fenêtres sont étayées par sécurité ; d’autres sont murées221...
118L’absence d’entretien des maisons222, accentué par les dégradations volontaires commises par la SEMIREP, « Et d’arracher le système électrique, la plomberie, de défoncer les parquets, de rendre définitivement inhabitable le refuge [...]223 », se double de la fermeture des boutiques. Les « calicots d’adieu » fleurissent sur leurs vitrines, occasions de petits drames :
Sur le trottoir d’en face, la blanchisserie-teinturerie, « à la Boule de Neige », est close pour toujours avec cette inscription maintenant dépassée : « Venez vite chercher votre linge avant notre disparition »224.
119Dans ces maisons, « un peu de vie subsiste encore225 ». Les concierges sont ceux (celles) qui « tiennent » le plus longtemps, tentant de sauver quelques apparences : « L’abandon des boutiques n’a pas complètement entamé une sorte de respectabilité : loge de concierge, poignées de cuivre226. » Certains habitants s’accrochent plus longtemps et quelques-uns, très particuliers, prennent goût a cette situation. Vivant alors (mais non comme squatteurs) dans « un immeuble à moitié désaffecté et voué à la démolition, rue Maurice Ripoche, dans le quartier de Plaisance », des artistes musiciens et cinéastes en gardent un très bon souvenir : « On pouvait faire tout le bruit qu’on voulait et on ne sen privait pas227 ! »
120Mais il s’agit la d’un cas rare, l’image dominante est celle de la dégradation et du délabrement : « immeubles dégradés devenus taudis228 », « murs délabres229 »... A ceci on peut ajouter les cas de fissures, voire des effondrements, qui apparaissent sur les immeubles proches des travaux de terrassement voisins. C’est le cas en novembre 1971 pour des immeubles proches du trou du Sheraton.
121Cependant, ce qui semble avoir marque le plus les sensibilités de l’époque dans cette dégradation des maisons abandonnées ou à demi abandonnées, ce sont les volets clos230 et plus encore les fenêtres murées231. Au fur et à mesure que les locataires abandonnent leur logement, les propriétarise ou la SEMIREP veulent ainsi interdire l’accès des appartements vides aux squatteurs. C’est ce paysage « hanté de maisons murées » que retiennent les enfants de l’école de la rue de l’Ouest dans leurs dessins232.
122Après la longue maladie vient la destruction. Image dominante du quartier, figurant dans les titres des articles ou des numéros spéciaux : « Fleurs et faunes d’un quartier en démolition233 » ; « VANDAMME : les maisons tombent les unes après les autres234 » ; « avenue du Maine-rue Vandamme on démolit. Ces maisons vont disparaitre235 ». L’effondrement236, l’écroulement237, la perte sont les premiers mots qui viennent aux témoins. La généralité de ce sentiment doit être notée. Ce ne sont pas seulement les militants de 14e Village ou les journalistes qui parlent. Les anciens du XIV y sont aussi sensibles. Dans le journal même de De La Malène, Georges Duguet écrit une petite poésie sur Plaisance dont nous pouvons extraire ces vers :
De ci de la, confidentielles,
Des boutiques sans clientèle
Attendent qui ?
Sans doute qu’on les démolisse238.
123D’autres ont des mots plus forts encore : « Les maisons et les jardins, éventrés avant l’ultime pénétration destructive239... » A l’achèvement du processus, c’est l’image du quartier « rase » qui apparaît : « Tous les vieux immeubles sur ces photos furent rasés240. »
124Le symbole de cette destruction, c’est le bulldozer fracassant les murs avec sa force mécanique et sa violence brutale. Sans cesse, il est évoqué (et photographié) : « En attendant ce paradis, les riverains vivent actuellement l’enfer. Celui des marteaux piqueurs et des bulldozers241. » Une maison abandonnée indique « que bientôt les bulldozers vont passer242 ». Plusieurs indices montrent aussi combien il frappe les esprits. Des enfants le dessinent243, des poètes le mettent en vers :
Les bulldozers se mirent en route depuis le début de la rue [...]
Les vibrations pulvérisèrent les jardins transparents du jeune homme aux fougères
Il perdit ses lunettes et se mit à pleurer244.
125Et le passant-chaland, Jean-Marie Drot, décide alors de sauver la mémoire :
Un jour de décembre 1960, je m’en souviens encore, flânant derrière la vieille gare Montparnasse, soudain je suis tombé sur des monstres mécanisés qui pulvérisaient les charmantes petites maisons de la rue du Château245.
126Puis vient le temps du terrain vague. Parfois tres court, parfois des années. Ces terrains sont l’objet de descriptions très contradictoires. Il semble bien qu’ils servent fréquemment de dépotoirs, de dépôts d’ordures, d’immondices ou de détritus246. Ainsi, sur un terrain de la rue du Château où « autrefois une maréchalerie existait », « ce terrain est devenu un dépôt d’ordures et un refuge pour les rats247 ».
127Mais les terrains vagues sont aussi propices à de nombreuses aventures ; ainsi Dangles se plaint que « les enfants jouent sur ces tas d’immondices248 ». Des joueurs de boules se sont installes sur les friches de l’usine Hispano Suiza, rue de la Briqueterie249. Des associations anti-rénovation-destruction occupent ces terrains pour en faire une crèche sauvage qui voit « des petits personnages qui éclaboussent de leur vie le morne terrain vague de la Cité Vercingétorix250 ». Plus généralement, Gérard Courtois évoque les « structures imaginaires » qui s étaient installées sur les « terrains vagues de la rue Vercingétorix251 ». Cet imaginaire sur lequel nous reviendrons est aussi encourage par la flore particulière qui s’y développe : « Les fougères de la rue Vercin », titre une poésie de 1979252. Le sentiment d’une « végétation non programmée qui surgit partout253 », dune végétation originale, « la pourriture a ses fleurs, ses éclosions254 », luxuriantes, libres, non contrôlées.
128La dernière étape, le chantier, la construction, est beaucoup moins souvent évoquée. C’est seulement une fois quelle est achevée, ou presque, que Ton s’exprime (en mal le plus souvent, comme nous l’avons vu). Toutefois l’ensemble occasionne des gênes qui s’ajoutent aux difficultés du quartier. Les bruits255, la poussière256, les gravats257, les détritus qui s’accumulent, les rues barrées accentuent ce sentiment de quartier sinistre : « Les chantiers, d’où montent des sons rythmes et hargneux258... » On s égare entre « les palissades et les chantiers259 ».
129Ainsi le quartier ne ressemble plus à celui dans lequel on vivait, et Ton n’y habite plus, on y « campe » pour reprendre l’expression d’un journaliste !
130De tout ceci ressort plus gravement, pour beaucoup, le sentiment d’une mort et parfois d’un assassinat. Les mots sont durs, cruels. Gilbert ou Laurence Perroy reprennent constamment celui de l’éventrement : « malgré les terres éventrées tout à l’entour de Maine-Montparnasse260 » ; « dans les patios éventrés des couvents » ; « les maisons et les jardins, éventrés261... ».
131Le florilège mortuaire est abondant : « La rue Vercingétorix ne veut pas mourir262 » ; « Les indices apocalyptiques de la mort, de la destruction se multiplient à l’infini, jour après jour263 » ; les maisons, vieux hôtels... « qui achèvent de mourir264 » ; « Elle [la rue Vercingétorix] agonise depuis sept ans déjà et maintenant la fin est proche265 » ; le quartier» meurt266 »...
132Cette mort, des maisons et du quartier, est aussi celle des habitants du quartier qui ne font qu’un, pour certains, avec les murs de Plaisance :
Avant qu’ils n’aient fait couler le sang froid des pierres. lis tranchent sur la vie des autres comme ils cassent les pierres [...] Je voudrais [...] leur faire payer le prix de ces pierres267.
133Et Françoise Emery et Reine Franchi, les pasionarias du quartier, citent : « ceux de la Cite Blanche, ceux de... », « c’est votre long martyr qui nous a donné la force de nous révolter268 ».
134La guerre aussi est évoquée comme image de cette mort. Chirac et de La Malène « ont démoli, dégradé tout un quartier, sinistre, bombardé269 », et plus fort encore : « Soudain c’est 1939-1945 : maisons éventrées, rasées ou murées ici ou là270... » C’est donc aussi un « massacre271 » et un assassinat. Jean-Paul Sèvres avait ouvert un cabaret populaire rue de l’Ouest, évoque « les rues assassinées272 ».
135Tout ceci compose un paysage plaisancien qui n’a plus rien de plaisant (même s’il en appelle aux sens et aux sentiments, donc à l’art). Certes, rappelons encore une fois que tout Plaisance n’est pas directement concerne, que la « rénovation » dure plus de trente ans, se déplaçant dans le quartier. Mais toutes et tous ont vu ce « paysage de séisme273 », toutes et tous ont vu ce paysage sans ses maisons, sans ses habitants, sans vie, ce paysage vide274, ce paysage « lunaire275 », où les grands trous voisinent avec les squelettes des dernières maisons. Laurence Perroy ne voit dans ces murs aveugles, ces chantiers que des circonstances qui « ne permettent aucun paysage276 ».
Attente, départ, relogement
136Dans ce contexte mouvant et tragique, quels furent l’attitude et les sentiments de la population concernée, plus ou moins, par la « rénovation » ? On s’amusera, seulement un peu, du rapide résumé de Mme de Andia en 1986 : « La mutation commence au cœur de Plaisance. Les autochtones sont évacués. Une fois les travaux finis, ils sont réinstallés dans des bâtiments rénovés277... » ! Même l’UDR est conscient que tout n’est pas si simple, constatant que « les travaux de libération du sol [sont] toujours délicats et difficiles à cause des problèmes économiques et humains278 ».
137Il y a ainsi une première étape de longue attente, attente du projet général ou du sort réserve plus précisément a son immeuble, a sa maison... « Sur le papier tout est prévu et étudié. Mais dans la réalité c’est l’attente et l’inquiétude279. » La SEMIREP en est bien consciente, faisant distribuer en 1961 un « dépliant explicatif pour éviter que la population ne s’affole280 ». « L’angoisse des habitants281 » avait été, en effet, fort précoce et accompagne toute la période. Le PCF déclare qu’« on ne peut qu’être inquiet de l’avenir des habitants et des conditions de leur relogement282 ». Sans doute la médiocrité ou la confusion des informations vinrent-elles accentuer ce sentiment. Que devaient penser les habitants qui recevaient de la SEMIREP une lettre leur disant : « Bien que votre habitation ne soit pas susceptible d’être démolie dans l’immédiat, nous devons dès maintenant prévoir votre relogement283 » ?
138L’ignorance de son sort se retrouve chez l’imprimeur du 170 rue Vercingétorix, Peylamourgue : « Les P. ne savent pas ce qu’ils vont faire : déménager l’imprimerie ? Oui [...] Mais où et quand284 ? » Le peintre Claude Delvault, lui aussi, « ne sait pas où il ira, lui qui habite le quartier depuis 25 ans285 ». Cette incertitude, cette absence d’horizon d’attente, accentuées par la lenteur et les retards pris par les opérations, est la doléance unanime qui figure dans les résultats de l’enquête publique de 1979286. C’est aussi sur cette question que se plaint Edwige Avice à Jacques Chirac en 1980287.
139Ces inquiétudes, ces incertitudes, et le sentiment de l’impuissance face à la machine-rénovation conduisent à un certain fatalisme. « On n’a pas encore reçu d’avis d’expropriation. On verra bien », déclare une employée de la maison Vernet, couverture et plomberie. Une étudiante dit : « Depuis dix ans on parle d’expropriation, je n’ai encore rien vu venir. On verra bien288. » Ce sentiment dominant est relevé aussi par les opposants à la « rénovation », avec regret car il ne favorise pas la mobilisation : « Elle [la population] a tant l’habitude d’être tenue à l’écart que nos efforts lui semblent naïfs [...] Ceux que nous invitons à se battre nous répondent que la partie est perdue d’avance289. »
140Sans doute aussi la population touchée est-elle sensible à des questions plus immédiates, plus tangibles : « Indifférence, fatalisme ? La plupart des gens ne savent pas pourquoi on démolit, pourquoi on les chasse. Ils ont des problèmes d’argent, d’expropriation, d’indemnités290. » Ainsi, à une réunion publique à la mairie du XIVe en 1966, de « nombreuses questions ont été posées touchant les aspects les plus variés des problèmes, en particulier ceux du relogement des futurs expropriés291 ». Ce n’est pas non plus un hasard si la presse politique insiste sur cette question : « RELOGER SUR PLACE NOS EXPROPRIÉS », titre en grands caractères le journal électoral de l’UDR en 1971292. Le PCF axe une grande partie de son action sur le même thème, le relogement sur place (en HLM) des expulsés293.
141La question des indemnités aboutit parfois à des conflits avec la SEMIREP, comme au 70 avenue du Maine où les habitants créent une association contre une indemnisation jugée trop médiocre des expropriés294.
142Les pressions sont parfois brutales au moment du départ si les habitants trainent. Il y a des saisies des biens meubles295. Puis viennent les cas d’expulsions par la force pour les derniers résistants. La « journée » du 24 novembre 1977 est la plus connue. Plusieurs centaines de gardes mobiles investissent Plaisance pour procéder aux expulsions de quatre immeubles, les 86 bis rue du Château, 31, rue Vercingétorix, 85 rue Pernety et 94 rue de l’Ouest. Action d’éclat destinée à impressionner l’ensemble du quartier et à montrer la détermination des pouvoirs publics à en finir avec l’opération Guilleminot. L’intervention ne fut pas sans violences, tabassages, brutalités, interpellations296.
143Sans partager toute la force de l’expression de Vasco et Franchi, il y a bien du vrai lorsqu’ils parlent du « cri de mécontentement des expulsés297 ». Certes, tous ne connurent pas les conditions extrêmes d’une expulsion violente et beaucoup partirent avec un certain soulagement car le départ mettait fin à une longue période d’attente et d’angoisse. Mais tous eurent un « cri » au fond de la gorge.
144Après l’attente et le départ, vient la réinstallation. Nous ne disposons pas de statistiques précises. Beaucoup partirent hors du quartier (qui perd 27 % de sa population en vingt ans, rappelons-le), plus ou moins volontairement, en particulier en banlieue où les loyers étaient moins chers. En ce sens ils ne faisaient que suivre et accélérer un mouvement commence dès les lendemains de la Deuxième Guerre mondiale. D’autres se relogèrent ou furent relogés dans le quartier. Passant pour les uns d’un taudis ou d’un immeuble sans confort à un autre car il restait encore dans d’autres rues du quartier des logements pauvres disponibles. Beaucoup enfin trouvèrent a se reloger dans les logements sociaux, nombreux nous l’avons vu, construits sur les opérations de « rénovation ». Les grands immeubles du Moulin-de-la-Vierge, ainsi, accueillirent des anciens habitants comme Paulette, très connue dans le quartier pour sa minuscule buvette au 17 rue Decrès, Au bon accueil298. Avec quel bonheur de vivre ?
Marginalités
Squats
145À côté de ces anciens habitants pris dans la tourmente et les tourments de la « rénovation », une nouvelle population vint s’installer dans les immeubles à demi abandonnés ou vides du quartier : les squatteurs. Sans doute y eut-il parmi eux quelques anciens du quartier, mais ce n’était qu’une infime minorité. Rue de l’Ouest, rue Raymond-Losserand, rue Vercingetorix, rue du Château, rue du Texel, ils sont ainsi « nombreux à Plaisance299 », en particulier dans les années 1970 et 1980. En voici une description excessive mais non sans validité :
Tandis que les urbanistes réalisent des espaces propres, rationnels, et sous contrôle vidéo, cette pègre cosmopolite, chômeurs de mauvaise moralité, étudiants dévoyés, artistes alcooliques, musiciens drogues, agitateurs politiques, filles-mères sans cette réputation, cette zone, cette faune occupe Plaisance un quartier pourri dont personne (personne de sérieux) ne veut plus300
146On conçoit que cette population choque certains, comme le président de la Société historique, qui tient à rappeler que « la population prolétarienne était propre et digne sans rien de commun avec les futurs squatters301 ». Cette population divise visiblement les Plaisanciens. On peut repérer aussi une chronologie qui fait passer d’une image acceptable à la fin des années 1970 à une image qui ne cesse de se dégrader dans les années 1980.
147Le reproche le plus vif est celui de la drogue et de l’insécurité. « Ce sont des voleurs », déclare un habitant d’un immeuble en partie squatte, rue du Texel302. Une Plaisancienne estime « qu’avant, avec les squatters, les dealers, c’était parfois malsain303 ». Le cure de Notre-Dame-du-Travail estime qu’aux difficultés du quartier « s’ajoute une dangereuse insécurité due aux squatteurs304 ». Les tensions sont relevées par nombre d’observateurs. Il arrive que des squatteurs forcent la porte d’un appartement occupe305. Le Comité des habitants de la rue Lebouis, actif dans la lutte anti-rénovation, estime qu’il ne faut pas tout tolérer des squatteurs306. On conçoit bien que la droite mobilise contre les squats, se réjouissant de la fermeture du grand squat de la rue Raymond-Losserand où séviraient viols, drogues, meurtres : « Cette opération n’a que trop tarde307. » Un texte plus ambigu apparait dans les colonnes du journal communiste qui dénonce, en 1984, les malheurs du quartier : « immeubles dégradés devenus sordides, faux squatters, drogue308... »Introduisant ainsi une nuance forte entre les vrais squatteurs (ceux qui n’ont pas d’autres moyens de se loger) et les autres. Il est vrai que certains justifient cette action par ce seul problème du logement, comme Élisa, qui déclare au Quatorzième Village quelle n’avait nulle part ailleurs où aller309.
148Mais une grande part des squatteurs est certainement une population marginale et qui a le gout de cette marginalité. Le célèbre squat du 4-6 rue Raymond-Losserand, « artistico-margino-drogue310 », ceux de la rue Vercingétorix, où « les squatters continuent à dessiner des campanules sur les murs311 » en pleine destruction de la rue, et ceux de l’impasse Lebouis où va un temps siéger Actuel s’insèrent dans un Plaisance « lieu de rencontre de toutes les marginalités, du squatter aux dandys312 ».
149Viennent enfin les squatteurs militants, qui occupent les maisons et les logements vides pour les protéger de la destruction : « On dit : un squat raté, c’est un immeuble démoli313. » Les squatteurs deviennent « des occupants sauvages qui entravent la bonne marche de la démolition et du racket immobilier314 ». Cette occupation militante fabrique alors des « recherches de formules nouvelles pour la société urbaine315 », comme au 86 bis rue du Château, sur l’ancienne école Saint-Joseph316. Au squat du 4-6 rue Raymond-Losserand, au moins à ses débuts entre 1977 et 1980, les 40 occupants se réclament d’une action non marginale, à visée communautaire, et tentent de remettre les locaux en état317. Une association y est même fondée, dite des « Trois Cornets » (du nom de l’ancien moulin du xviiie siècle)318.
150L’action squatteuse devient ainsi mot d’ordre, comme cette inscription peinte sur un mur d’une rue ou passe le cross du 14e Village : « Squaterisons en masse le quartier319 ». Dans ce cadre la cohabitation entre habitants, voisins et squatteurs est présentée comme acceptable : « Squatters et locataires ne cohabitent pas mai à Plaisance. En dépit de quelques avatars320. » Plus largement, il est possible que le mode de vie « libre » des squatteurs n’ait pas été sans échos chez certains anciens Plaisanciens attachés à cette liberté et communauté du quartier.
151Bien sûr, l’histoire des squats de Plaisance ne serait pas complète si Ton n’évoquait pas leurs expulsions. Elles suscitent protestations en 1978-1979321, lors du sommet de la phase militante, puis indifférence ou approbation dans les années 1980322.
152Militant, marginal, misérable, artistique, violent ou inquiétant, le squat est indissociable du Plaisance des années de la « rénovation ». Exprimant les tensions extrêmes de la ville en ruine.
Pathologies ?
153La violence et la délinquance ont toujours été présentes à Plaisance, nous l’avons vu, même si elles tendaient à prendre des formes moins vives depuis 1914. Certains espèrent même que la « rénovation » va éradiquer cette violence ancienne d’un quartier pauvre. Ainsi Le Figaro espère-t-il que la radiale va faire disparaître « la cour des miracles » de la rue Vercingétorix323. Il ne sera pas ici question de formes nouvelles, liées à la fois au développement de la crise sociale et du chômage à compter de la fin des années 1970 et aux nouvelles formes urbaines qui s’implantent dans le quartier. Nous ne voudrions ici qu’évoquer la délinquance liée à la période de transition de la « rénovation ». Sans ignorer toutefois que cette période « rénovatrice » ne peut être dissociée des années 1960 et 1970 ou apparaît un temps particulier d’une délinquance dite jeune.
154Des sources journalistiques diverses semblent en tout cas bien attester l’existence d’une délinquance particulière, associée au quartier sinistré. Voici peut-être le texte le plus significatif, issu du groupe Femmes XIV, dénonçant l’augmentation des viols tôt le soir dans le quartier :
Nous ne pouvons nous empêcher de faire le lien entre cette agression à huit : heures du soir et le fait que le quartier Guilleminot soit désert et sombre à cette heure. La destruction du quartier, la moitié des maisons murées, les commerçants qui partent, les habitants qui ne se connaissent plus, qui s’enferment chez eux dès la sortie du travail, des bistrots qui ferment. Toute cela fait que la rue n’appartient plus aux habitants [en gras dans le texte], leur appartient moins que jamais324.
155Aux squats comme lieux de délinquance, se substitue ici un discours qui met l’accent sur le quartier désert, ou semi-désert, sans vie, sans sociabilité, discours qu’on retrouve en partie dans Le Monde, qui évoque « ceux qui restent habitent [...] dans la poussière, le provisoire et l’insécurité : l’appartement du peintre a été cambriolé deux fois en quelques mois325 ». Mais la plupart des textes associent rénovation, squat, drogue et délinquance : « La drogue est présente partout ... Violence et délinquance sont présentes326. » Estimant que la sécurité est dans l’ensemble bonne dans le XIVe arrondissement, Bernard Pessac fait exception « pour les grandes zones de rénovation qui favorisent l’établissement de squatters et d’un certain milieu interlope327 ».
156En 1983-1984, le PCF sera celui qui ira le plus loin dans la dénonciation du quartier victime de l’insécurité du fait de la rénovation-destruction. Ainsi « Chirac et De La Malene auraient fait s’installer des groupes de délinquants, produits et symptômes de la crise328 » dans le quartier. En mai 1984, la description se fait plus inquiétante encore :
immeubles dégradés devenus sordides, faux squatters, drogue, viols et trafics, prostitution, rixes : des zones sont à la dérive [...] Le secteur de la ZAC Guilleminot et notamment la rue de l’Ouest sont devenus invivables non seulement pour les rares anciens habitants qui y subsistent mais pour tout le quartier alentour ; à quelques dizaines de mètres de l’hôtel de police, n’importe qui se voit proposer de la drogue par de véritables chaines humaines de petits trafiquants. Combien de personnes âgées ont été attaquées au retour des bureaux de poste qui entourent le secteur dont c’est la base arrière ? [...] La mairie de droite du XIVe se prépare-t-elle à accueillir rue de l’Ouest une partie des trafiquants et délinquants de l’îlot de Chalon329 ?
157Description apocalyptique assurément, et excessive, mais qui repose bien sur une réalité, la possibilité, dans le cadre d’un quartier ou immeubles mures, mines côtoient terrains vagues et chantiers, du développement d’une criminalité particulière. Et il n’est pas que les communistes qui s’interrogent sur une action minimaliste de la police, laissant s’établir dans le Plaisance « rénové » un abcès de fixation de la délinquance330.
158Un roman de la série « Brigade mondaine » de Michel Brice, Le voyou de Montparnasse, paru en 1978, décrit la présence d’une « faune » barbare criminelle dans les caves d’immeubles abandonnes de la rue de l’Ouest ou de la rue Raymond-Losserand. Au-delà d’un contenu propre à ce style de littérature, on pourra noter que Plaisance s’efface encore dans ces nouvelles circonstances derrière Montparnasse, plus vendeur.
Bouleversement et nostalgie
159Vivre dans ce quartier, c’est aussi vivre un processus de transformations radicales qui voit coexister l’ancien qui disparaît et le nouveau, c’est s’adapter à des formes, non seulement incertaines et provisoires, mais qui changent de manière irrémédiable le cadre urbain et le cadre de vie. A ce bouleversement répond le développement d’une nostalgie du passé récent, qui contribuera à la construction d’une mémoire particulière.
160Tôt envisagée par décideurs et observateurs, la prédiction que la rénovation allait « bouleverser la vie du quartier331 » devait vite se vérifier. « Dans ce quartier ou tout change332 », où la physionomie et les populations sont radicalement modifiées par endroit, où les « masures » sont remplacées par des tours333, les habitants vivent au rythme des effacements et des novations : « Envahissant les unes, chassant les autres, elle [la rénovation] favorise la naissance de nouvelles espèces, de nouvelles familles334. »
161De là un sentiment de déstructuration et de contraste des vies et des paysages qui ne cesse de s’accentuer : « Ici la rénovation est pratiquement achevée et laisse un paysage souvent désarticule : immeubles anciens conserves, mais isolés de leur contexte et cernés de constructions beaucoup plus hautes ; décrochement des immeubles neufs par rapport à la rue qui perd son alignement et son unité335. » Les rues nouvelles ont des plaques, mais semblent « venir de nulle part » alors que les vieilles rues sont encore sur les plans336 ! Ce qui frappe le plus les habitants et les observateurs, c’est le contraste, par ailleurs très photogénique337, entre immeubles anciens et nouveaux grands et hauts habitats :» Les vieilles maisons de Plaisance côtoient tel ou tel building moderne338. »
162De manière réductrice, mais joliment dit d’un point de vue symbolique, Gérard Courtois résume le bouleversement ainsi : « Le XIV arrondissement de Paris est passe sans transition de la bohème a l’attaché case, de la palette des peintres aux placards publicitaires et des cités d’artistes aux galeries commerciales339. » Ces mutations si rapides et brutales exigent une adaptation des mentalités de ceux qui restent dans le quartier. La nostalgie est la réaction première qui permet de surmonter, ou tout au moins de vivre ce passage.
163Il faut sans doute tenir compte du fait que la nostalgie du temps qui passe340, du « bon temps » passé341 est une constante des sociétés, accompagnant aussi le vieillissement des individus. De même que le discours du « Paris perdu » est de tout temps. Mais ici, nous assistons à une véritable construction d’une image sensible a nombre d’habitants du quartier : c’est un jeune homme pour qui « la nostalgie s’installe définitivement dans ses yeux »lorsque la dernière maison de la rue Vercingétorix est détruite342. C’est un militant plaisancien anti-rénovation qui titre un article de Libération, « Plaisance Blues343 ». Mais l’image présentée comme celle du Plaisance perdu tient pour une grande partie du mythe.
164Ce mythe juxtapose deux imageries. Le Plaisance des années 1950, grossièrement, prend d’abord l’allure d’un village344 quasiment provincial, avec ses ruelles, ses petites maisons345, ses jardins346, ses champs, voire ses fermes et ses coqs. Mais d’un village parisien avec ses petits commerces, ses artisans, ses bistrots et ses cités d’artistes347. Dans ce vrai quartier-village auraient habité des populations diverses, qui acceptaient aisément de se mêler avec harmonie et qui avaient des sociabilités actives, en particulier dans la rue. Bien sûr, tout ceci faisait de Plaisance un quartier plein de charme, de pittoresque et de poésie.
165Voici donc l’ancien secrétaire général de la mairie du XIV arrondissement qui regrette « les bistrots ou petits restaurants provinciaux ou exotiques, les boutiques artisanales de la rue Vandamme et adjacentes, et les quelques maisons assez rustiques, entourées de jardins348 ». Voici le poète local qui chante : « Las c’était naguère un village/Οù s’étendaient les caquetages/Du poulailler/Mais dans la naissante lumière/Qui peut voir un coq, tout fier/s’égosiller. [...] Adieu, ô vestiges champêtres/Qui ne peuvent plus reparaître/Qu’en souvenir349. » Voici aussi le passage du Progrès, qui donnait rue des Suisses, détruit en 1976 : « Une allée pavée, une vingtaine de petites maisons à un étage, avec jardinet devant et au bout à droite, la fontaine publique protégée par un cerisier merveilleux au printemps350. »
166Vient aussi l’image d’une population perdue, bariolée, socialement et ethniquement : « Y a plus de bougnats, même plus de bicots351 », il n’y a plus de créateurs comme les artistes et les écrivains : « Quelle pépinière de talents, désertée depuis que l’immobilier sévit sur le quartier352. » « II n’y a plus d’imprimerie ni de petite métallurgie dans les cours, ni de vitriers et aiguiseurs de couteaux ambulants, ni de corbillards353 ... » La mosaïque sociale est constamment remise en avant :
Là-dedans il y avait tout un peuple d’artisans, d’ouvriers, d’artistes et de populations mélangées depuis longtemps. Mon grand-père était un anarchiste républicain de Carrare et de nombreuses familles de Carrare vivaient là ! Puis il y a eu les Espagnols, les Portugais et les Arabes et les cités d’artistes354 ...
167Des journalistes plutôt partisans de la rénovation reconnaissent aussi que disparait « le style social 1920 qui mêlait Partisan aux habitants des villes d’autrefois et le client des tout petits bistrots aux locataires des “maisons ouvrières” et aux tout petits bourgeois. Un style bien sympathique mais qui ne pouvait plus tenir longtemps355 ». Cet heureux mélange vivait aussi harmonieusement : « artistes, jardins, petites rues à l’échelle humaine, artisans et ouvriers vivaient en si bonne harmonie356 », d’autant que les relations de voisinage étaient riches.
168Les boutiques, car « les artisans et les petits commerçants avaient droit de cité357 », le bistrot et la rue font, bien sûr, partie de cette vie sociable perdue : « Tous les copains qu’on retrouvait la nuit/Dans le bistro du Kabyle/Des fois je me demande ou ils trainent aujourd’hui358. » C’est dehors que Ton allait faire ses courses « au grand air359 », c’est dehors que l’on voyait les petits métiers clé la rue et que les enfants jouaient, libres.
169Bien sûr, tout ceci faisait du Plaisance d’avant la rénovation-destruction un quartier plein de charme et de pittoresque. Ainsi « la rue Didot, jusqu’à la Porte, était pittoresque avec ses petits commerçants et artisans, loges parfois dans des échoppes en encoignure360 ». Il y a aussi les petits détails comme les « bains douches en mosaïque au fond d’un jardin361 ». Du pittoresque à la poésie il n’y a qu’un pas. L’image d’un « quartier plein de vie et de poésie » livre aux bétonneurs362 est finalement partagée par un partisan de la « rénovation », qui reconnaît que les anciens immeubles de Plaisance « ne manquent pas de poésie363 ».
170La dimension mythique de certains de ces souvenirs est évidente. Il y a d’abord les oublis. Très rares sont ceux qui évoquent les usines comme la Belle Jardinière ou Ernault364. Et si les Asphaltes et Bitumes sont cités, c’est souvent à cause de leur odeur désagréable365. Rares aussi sont ceux qui évoquent le mauvais côté de Plaisance. Il faut un amateur du Paris noir, qui n’est pas du quartier, pour regretter « les bistrots louches et hôtels borgnes », « les frappes » et les « pierreuses366 », certes déjà en déclin après la Seconde Guerre mondiale mais bien présents encore dans les années 1950 ; ou un artiste marginal pour avoir la nostalgie des « coins noirs » et des « filles méritantes367 ».
171Ainsi le Plaisance violent de l’avant rénovation, le Plaisance des taudis et des immeubles médiocres, le Plaisance des tensions sociales graves, et aussi le Plaisance communiste, le Plaisance usinier, tend à être effacé des souvenirs nostalgiques qui se construisent dans les années 1970 et 1980 au profit du Plaisance quartier populaire, heureux et villageois. Et rares sont ceux qui ironisent sur « la nostalgie des promeneurs, regrettant les immeubles vétustes et sans confort qui certes, ne manquent pas de poésie lorsque l’on a l’avantage de ne pas y habiter368 ». Gilbert Perroy rend assez bien compte de cette ambiguïté en souhaitant « préserver le souvenir d’un pauvre faubourg d’hôtels ouvriers et de vieilles cours de ferme qui deviendra peut-être digne de s’appeler Plaisance369 ».
172La chasse aux traces est alors sans doute le dernier signe des exigences sensibles de l’adaptation au bouleversement total d’une grande partie du quartier.
173Ce sont naturellement les photographes (professionnels ou amateurs) qui sont les premiers acteurs de cette tentative de sauvegarder le passé. Dès septembre 1968, à l’issue d’une visite aux ateliers de Plaisance, N.G. espère que « les photographes ont fixé sur leurs pellicules en noir ou en couleurs ces sites menacés370 ». Françoise Bouchez371, dans les années 1960, Laurent Sax en 1979, « vivant moi-même dans ce quartier chargé de souvenirs d’enfance, j’ai arpenté ses rues à l’époque, avec mon appareil photo372 », Jean Mounicq373 en 1979-1981, dans le cadre d’un projet parisien plus vaste où Plaisance tient une part importante, et bien d’autres, innombrables, qu’il est impossible de citer, fixent ainsi une mémoire du quartier qui s’efface. Il y a aussi des projets plus collectifs. Ainsi des artistes de Pernety souhaitent que soient « rassemblées des photos de la vie du quartier, vieille ou récente, également dans le but d’y trouver des sources diverses d’inspiration374 ». À compter de 1976, l’Association des Amis d’Edgar (du théâtre d’Edgar, boulevard Edgar-Quinet) s’intéresse à la mémoire visible de Plaisance et de Maine-Montparnasse et lance des équipes de jeunes pour photographier et filmer le quartier375.
174Des peintres aussi, comme Claude Delsault ou Daniel Vacher, tentent de retenir des traces du quartier. Quant à Jean-Marie Drot, il lance en 1960 sa série de quinze émissions destinées à la télévision sur Montparnasse, à la suite des destructions de la rue du Château, « qui nous a donné l’énergie d’entreprendre ce long voyage à travers les rues et les cours de Montparnasse376 ». Bien entendu, Plaisance n’est pas omniprésent dans ces émissions.
175La presse aussi accompagne certains de ses articles sur la rénovation-destruction de Plaisance de photographies. Des photos d’enseignes de vieux hôtels377, de maisons qu’on va détruire, ou la publication de huit photographies, fort belles, prises en 1942 et montrant boutiques, auberges, cafés... aux alentours de la rue Vandamme378 vont bien dans ce sens d’une sensibilité au passé qui s’efface.
176Cette sensibilité se retrouve dans la recherche et la description des traces par les promeneurs. Ainsi les Amis d’Edgar organisent en juin 1976, dans le cadre de leur fête, une promenade l’après-midi en petits groupes intitulée « Les endroits disparus/Sur la piste du quartier Plaisance379 ». Puis vient la quête des signes, des vestiges : « Le vieux Montparno nous indique les derniers vestiges d’un quartier populaire appelé Plaisance » comme rue Raymond-Losserand, « au 103 l’enseigne d’un commerce, depuis longtemps évanoui, apparaît encore sur la façade noircie par le temps : “Au Mont-Blanc”380 ». Ce goût de l’inscription qui s’efface lentement se retrouve dans cette description du 26 rue Vercingétorix, « immeuble de deux étages surmonté d’une inscription tenace, Hôtel de la Paix381 », ou d’une autre maison de la même rue, « une maison de village, aux lignes déformées par le temps, et l’inscription “Café” qui ne veut pas s’effacer382 ». Trace plus modeste et peut-être plus émouvante encore, après une destruction : « ici ou là, un papier peint déteint, seul vestige des expulsés383 ». D’autres se contentent du plaisir de vivre dans ces traces anciennes comme Henri Marquet, qui habite rue Pernety où restent les vestiges de l’ancien lavoir municipal384.
177Le regret que les destructions aient fait disparaître toute trace des anciens ateliers d’artistes, de Brancusi385 à Gauguin, est aussi manifeste386.
Deux groupes dans la tourmente
178Les commerçants-artisans et les artistes plasticiens ont toujours tenu une place importante dans le jeu social plaisancien. Ils méritent un examen particulier.
Du côté des commerçants-artisans
179Sans doute les commerçants et artisans de Plaisance étaient-ils bien moins nombreux dans la population que les travailleurs salariés. Mais les commerces et échoppes contribuent à fabriquer le paysage du quartier, de ses principales rues, et si les commerçants-artisans ne jouent plus de rôle politique de premier plan comme au xixe siècle, leur rôle sociable reste grand. Enfin, il faut tenir compte dans cette analyse du fait que le quartier vit, comme ailleurs, le déclin du petit commerce au profit des moyennes ou grandes surfaces ; seulement la « rénovation-destruction » est plus brutale par son éradication totale des commerces.
180Avant même la destruction, les commerçants et les artisans de services locaux sont touchés par le déclin de leur clientèle qui part : « Ma clientèle s’en va387 », « ma clientèle fiche déjà le camp. Avec qui voulez-vous que je travaille388 »... Jusqu’au PCF qui consacre un article à ce problème intitulé « Commerçants et artisans du quartier Guilleminot – Une situation tragique389 ». En fait il y a sans doute de grandes variations dans cette situation. Certains s’en sortent, notamment ceux qui peuvent vendre en prenant en compte la hausse des prix des terrains. D’autres, souvent âgés, vivent très mal cette situation, jusqu’au drame du suicide390.
181D’un autre point de vue, le départ des commerçants et artisans est signalé comme contribuant aux difficultés et à la mort du quartier. Ces rues, où les boutiques sont fermées, où « les commerçants partent [...] et les bistrots ferment », deviennent dures à vivre et les violences s’y développent391. Il est clair que, ni la rue Vercingétorix, ni même la rue de l’Ouest, n’ont retrouvé, après la « rénovation », leur vitalité commerçante et artisane, changeant ainsi la face du quartier.
La fin des cités d’artistes ?
182Plaisance est, jusque dans les années 1950, quartier privilégié des artistes (sans jamais atteindre la renommée de Montparnasse toutefois). Dans l’histoire de l’affaiblissement de la présence plasticienne à Plaisance, il y a des facteurs qui ne tiennent pas au quartier. Ainsi il est clair que Paris perd la place de premier centre artistique mondial que la capitale avait conservée jusqu’au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Les artistes étrangers y viennent moins s’y exposer, s’y former, y loger.
183Mais le Plaisance le plus touché par les opérations est celui où s’étaient concentrées les plus importantes cités d’artistes, souvent de confort modeste et de loyers faibles. La rue Vercingétorix et la rue du Moulin-de-Beurre, en particulier, regroupaient des dizaines d’ateliers, dont certains remontaient au xixe siècle. De tout ceci il ne restera rien en 1985. Dès les années 1960 l’alerte est donnée, suscitant de premières réactions. La cité Vercingétorix connaît de premières expropriations392. Les tentatives de défense de ces ateliers et cités d’artistes furent sans succès, la destruction retenue là étant généralement maximale.
184La cité Vercin, menacée dès 1965, évacuée aux trois quarts en 1976, investie en 1977393 et où cinq irréductibles394 tinrent le coup jusqu’au début des années 1980 attire encore l’œil d’une journaliste en 1974 : « Quelques ateliers où vivent encore une dizaine d’artistes. Couverts de fleurs et de feuillages, anachroniques, ils attendent l’heure et la pioche des démolisseurs395. » En 1979, Reine Franchi rappelle que des artistes sont toujours là : « Coucou la cité Vercingétorix se porte bien » dans le désert des bulldozers et que c’est « un vrai paradis notre cité, croyez-moi » avec sa verdure et ses petites maisons bricolées396.
185Il reste que, progressivement, des centaines d’ateliers sont détruits dans l’arrondissement397, dont un très grand nombre à Plaisance. Si le secteur nord-ouest est le plus touché, d’innombrables petites opérations privées ont aussi affecté des ateliers plus dispersés comme ceux de la villa Brune, dès 1965398 ; ou la destruction du célèbre atelier du fondeur Valsuani399.
186À ces départs contraints, la Ville de Paris tente de répondre par une politique de relogement : « mettre à la disposition des artistes des locaux adaptés à leur activité et édifiés, dans toute la mesure possible, dans le périmètre de l’opération Plaisance400 ». Des ateliers furent ainsi reconstruits principalement dans ou aux abords de constructions HLM. La SNCF accepta de dégager certains logements du passage Gergovie401 pour que s’y installent les artistes délogés du Moulin de Beurre dans les années 1960402. Les 193 et 225 rue d’Alésia virent s’installer progressivement une trentaine d’ateliers403. D’autres ateliers furent construits404 rue Didot (une vingtaine), rue de l’Ouest (une poignée), rue de Ridder (une trentaine), rue Decrès (une quinzaine) et, plus tardivement, rue Jean Zay (une dizaine). De-ci, de-là, des logements furent aussi réservés ou aménagés pour les artistes et/ou leurs ateliers. Si on ajoute à cela des opérations à caractère plus individuel, assurées par des promoteurs privés et à des coûts prohibitifs pour la grande majorité des artistes, 100 à 150 ateliers furent ainsi mis à disposition des artistes expulsés, ce qui fut très loin de faire le compte. Les autres durent quitter le quartier ou se retrouver un atelier par leurs propres moyens alors même que les prix des locations ne cessaient de monter.
187Toutefois, le bilan n’était pas nul, ce qui illustre l’attachement du quartier à ses artistes et à l’image du quartier qu’ils véhiculaient. Le démontre l’importance qu’y attache la presse politique. Illustrant un article, « Urbanisme à Plaisance », le journal de De la Malène montre une photo de la construction d’ateliers d’artistes en bordure du HLM du 225 rue d’Alésia405. Le PCF accorde aussi une grande attention à ce phénomène, multipliant les articles pour le relogement des artistes et la sauvegarde de certaines cités406. Le maire du XIVe, Gilbert Perroy, y était également attaché, interrogeant le préfet de police sur cette question et obtenant de lui diverses promesses407. « Vivre dans le XIVe » tente pour sa part, à la fin des années 1970, de sauver les derniers ateliers de la cité Vercin et le 6 rue Raymond-Losserand408.
188L’attitude des artistes devant ces questions est plus complexe. Beaucoup sont partisans de rester et plaident pour la réhabilitation des cités vertes, estimant les nouveaux ateliers inadaptés409. D’autres craignent l’éparpillement, notamment en banlieue410. Mais certains acceptent le départ vers des ateliers nouveaux, moins ghettos d’artistes411. La plus grande inquiétude reste le prix, y compris des ateliers qui leur sont réservés, qui « rendent problématique l’avenir des artistes dans l’arrondissement412 ». Si le solde a, sans doute, été négatif, il ne faut pas oublier que des cités d’artistes ou des ateliers de Plaisance n’ont pas été touchés par la « rénovation », en particulier au sud et à l’est du quartier.
189Une partie considérable de Plaisance a ainsi vécu un temps incertain, bouleversé et par bien des côtés tragique. Il y avait là aussi un champ de possibles inédit, de la résistance à la dissidence.
Plaisance en résistance ?
190Il sera ici surtout question du Plaisance luttant ou résistant à la « rénovation », luttes qui s’accompagnent de pratiques sociales et culturelles inédites. Toutefois, ces luttes ne trouvèrent pas de vraie traduction politique, sinon à analyser comme telle la reconquête de Plaisance par le parti socialiste en 1978.
191Toujours est-il que de 1958 à 1978, pendant vingt ans, le quartier, comme Paris, est dominé par le parti gaulliste. Cette domination, après soixante ans d’hégémonie de la gauche à Plaisance, n’est pas à mettre fondamentalement sur le compte d’une évolution sociologique du quartier. Elle est le fait d’un mouvement brutal, même si, dès 1956, gaullistes et poujadistes obtenaient un score assez élevé dans le quartier. Cette domination gaulliste cesse définitivement au profit du PS dès 1978 à Plaisance.
Plaisance gaulliste 1958-1978
192Dès l’élection de novembre 1958413, la droite fait une forte percée, passant de 35 % des exprimés en 1956 à 54 %. Plaisance bascule à droite ! Les élections suivantes confortent le succès du candidat-député gaulliste, qui obtient entre 38 et 48 % des suffrages au premier tour, la droite se situant au total entre 51 et 58 % des exprimés jusqu’en 1973. On pourra déjà noter que l’évolution sociologique du quartier, son début d’embourgeoisement, qui commence dans les années 1960, n’est pas à l’origine de ces résultats, qui sont liés au bouleversement politique de 1958.
193Un homme traduit cette situation, Christian de la Malène, député de la circonscription de 1958 à 1978. Juriste, il fait partie des jeunes loups du gaullisme (il a 37 ans en 1958) ; proche de Michel Debré, il participe activement au retour du général, menant des missions à Alger pendant l’été 1958. Il sera secrétaire d’État en charge de l’information en 1961-1962 (un poste clé sous de Gaulle) et à la recherche scientifique. Homme du pouvoir, il participe au groupe qui organise les campagnes électorales du parti gaulliste. Proche de Marcellin, il est attaqué pour des histoires de passeport par Le Nouvel Observateur en 1973414.
194Mais l’essentiel de la carrière de ce fidèle gaulliste415 est ailleurs. En 1965, il est élu rapporteur général du budget de Paris et restera à ce poste jusqu’en 1977. Ce qui en fait le quasi-maire de Paris avant l’élection de Jacques Chirac dont il devient un des adjoints. Il est ainsi un des hommes clés des opérations de rénovation de Paris.
195Avec Christian de la Malène, Plaisance a donc un député gaulliste influent, écouté du préfet, proche des principaux dirigeants du régime, un homme déterminé à agir pour faire de la capitale une mégapole moderne et, parfois, sans trop de scrupules comme le montre son invalidation célèbre de 1978 !
196Avec quelque méchanceté, Edwige Avice se moquera du gaulliste lors des chaudes campagnes de 1978 en soulignant qu’il s’agit d’un vieux célibataire de 58 ans qui a voté contre la loi autorisant l’avortement416.
197Il reste qu’en 1958, Plaisance s’est donné au gaullisme comme le reste de Paris et de la France. Si ce mouvement, national, n’a donc rien de particulier au quartier, il prend du relief du fait du caractère encore très ouvrier de Plaisance en 1958. Toutefois ce sont, naturellement, surtout les petites classes moyennes (commerçants, artisans, une partie des fonctionnaires...) du quartier qui lui donnent une audience dominante, avec la population la plus âgée.
198Le parti gaulliste appuiera sans discontinuer la rénovation-destruction dans le quartier417, mettant en avant les arguments des rénovateurs que nous avons déjà exposés. À compter du milieu des années 1970, cette position « rénovatrice » se heurte à une hostilité croissante de la population plaisancienne (ancienne ou nouvelle) et contribue à la détérioration de l’image du député et du parti gaulliste dans le quartier. Voici de la Malène traité de « casseur de Plaisance418 », et Chirac et de la Malène qui « mènent à Plaisance » une politique de « désespoir419 ».
199Sans doute, dès 1960, les élus gaullistes sont-ils conscients des difficultés qu’entraînera la rénovation, d’autant qu’une partie de leurs électeurs, « anciens » du XIVe, sont attachés au patrimoine local. Ainsi le journal local de De la Malène publie-t-il le petit poème de Georges Duguet, « charmante poésie très évocatrice de notre vieux Plaisance420 », ou un article non signé dont le titre, « Rénovation n’est pas rupture », souligne que le quartier doit conserver son côté « village421 ». Et les élus mettent quelques limites au processus. Caldaguès et Giraud s’opposent en 1961 à l’élargissement des rues Raymond-Losserand et Didot et demandent plus de relogements422.
200Sur des points importants, toutefois, l’évolution ne se fait qu’à reculons comme sur la radiale. À propos des espaces verts, il est significatif que le journal électoral de 1971 ignore entièrement cette question423, alors que celui de 1977 lui accorde une place importante424. En 1971 aussi, en partie pour satisfaire son électorat commerçant-artisan, le journal se fait le défenseur des automobilistes, regrettant « des interdictions de stationnement abusives » et certains couloirs d’autobus425.
201L’influence du gaullisme à Plaisance tient aussi à ce que certains appellent un clientélisme, en particulier auprès des personnes âgées. L’effort en leur faveur est le premier point, et de loin, mis en avant par 14e Montrouge, Montparnasse, Plaisance, Montsouris Demain en février 1977, qui décrit les remises de paquets aux vieux426... Il y a aussi, bien sûr, la présence aux festivités qui donne lieu à photos et commentaires dans le journal de la mairie427. Rien qui ne soit de nature à surprendre l’observateur. De la Malène peut aussi profiter de sa grande influence au conseil municipal pour obtenir des réponses rapides du préfet à certaines questions428. On n’aura garde d’oublier la composante mémorielle de cette action, qui met en avant la Résistance, au travers aussi du nouveau monument aux morts en 1982.
202Les gaullistes accordent aussi beaucoup d’importance aux œuvres sociales, en particulier à celles qui sont de statut mixte privé-public. Le long hommage rendu à la mère supérieure des Augustines de l’Hôtel-Dieu lors de son décès et à Notre-Dame-de-Bon-Secours, « la plus vénérable institution charitable de la capitale429 », en est un des multiples cas. Enfin on doit noter que le parti est aussi localement un parti de l’ordre, de l’évacuation des chiffonniers du boulevard Adolphe-Pinard430 à celle des squatteurs.
203Toutes ces actions et les réseaux qui les accompagnent paraissent plus importants que la propagande. Le parti gaulliste n’arrive pas à publier un journal local régulier. Notre quartier 14e, consacré à la circonscription de Plaisance, réussit à sortir régulièrement de novembre 1970 à janvier 1972, puis n’a de parutions qu’épisodiques au moment des élections. 14e Montrouge, Montparnasse, Plaisance, Montsouris Demain ne sort qu’au moment des élections municipales.
204Le déclin de l’influence gaulliste à Plaisance est sensible et rapide à compter du milieu des années 1970. En mars 1978, la réélection de De la Malène tient à des procédés discutables (187 votes venus de Pondichéry et 42 votes du Togo sont concentrés sur un bureau de Plaisance ! 69 procurations ont été données à des personnes qui n’habitent pas le quartier). L’écart est si faible, malgré tout, que le Conseil constitutionnel doit annuler l’élection. Et malgré la tendance générale des électorats à confirmer l’élu déchu, de la Malène est largement battu en novembre 1978 par Edwige Avice. La droite ne reviendra plus à Plaisance. Il n’est que de lire en 1981 l’indigence de Notre quartier 14e Plaisance pour mesurer la baisse brutale de l’influence de ce qui reste du gaullisme dans le quartier.
205Il y a moins à dire sur la droite non gaulliste. Elle est, comme partout à Paris, très faible à Plaisance, malgré la tentative d’un journal d’arrondissement, Paris 14 Rive gauche, qui paraît irrégulièrement de 1982 à 1987 mais qui évoque très peu Plaisance (13 numéros sur 30 n’en disent même aucun mot). Le journal reprend des thématiques voisines de celles des gaullistes, comme l’aide aux personnes âgées431, et tente de se positionner sur le nouveau créneau sécuritaire432. On peut aussi noter quelques relents poujadistes, comme la candidature de l’Union des Français de Bon Sens. Louis Tardy, en 1978, insiste sur la défense des petites entreprises, regrette la transformation du quartier en un Chicago sans sécurité433.
206L’évolution de l’influence de la droite, et surtout de sa principale composante, gaulliste, à Plaisance ne ressortit pas de l’évolution socio-professionnelle classiquement attendue. En 1958, avant la « rénovation » du quartier, le succès gaulliste à Plaisance s’inscrit dans un surgissement puis un enracinement fort du gaullisme à Paris, qui n’a rien à voir avec les particularités du quartier. En 1978, le quartier a sensiblement évolué socialement, puisque les couches les plus populaires ont largement diminué à Plaisance. Mais cette évolution ne profite pas à la droite, qui perd à la fois dans les quartiers restés les plus populaires et chez les nouveaux Plaisanciens.
207Il serait tentant de voir dans le ralliement au gaullisme de Plaisance en 1958 une résurgence du boulangisme girouiste de 1890. Mais le parallèle est périlleux. Le vote boulangiste plaisancien fut un vote de marginalité contre le centre, le vote gaulliste plaisancien est un vote de légitimité et de normalité parisienne. Le seul point commun à ces deux périodes est leur durée relativement courte dans un quartier où la gauche domine le plus souvent.
208Les luttes contre la « rénovation » vont beaucoup compter dans la chute du parti gaulliste à Plaisance.
Le mouvement anti-rénovation434
209Nous trouvons très peu de traces d’une opposition, marquée sous la forme de luttes, à la rénovation-destruction avant 1974435. En 1965, une campagne de presse bénéficia du soutien de Cocteau et Picasso pour tenter de sauver les cités d’artistes menacées436. Mais il semble bien que les destructions liées à l’opération Maine-Montparnasse, dans les années 1960, puis celles liées au secteur Vandamme, au tout début des années 1970, n’aient pas suscité de grandes réactions.
210Ce sont les opérations liées à la radiale, surtout, puis celles de la ZAC Guilleminot qui cristallisèrent les oppositions. C’est le 25 janvier 1974 qu’a lieu une première manifestation des habitants. C’est cette année là que naissent deux organisations qui vont structurer le mouvement, le Comité Vercingétorix, qui organise l’action contre la radiale, avec le soutien des groupements qui luttent contre le tout-automobile, l’Association pour la défense des droits des piétons et la Fédération des usagers des transports en commun. Vivre dans le XIVe (VDL XIV) est fondé par deux militants qui ont des objectifs plus généraux concernant le quartier et la ville. Désormais la presse nationale s’intéresse à Plaisance non seulement comme un modèle de la « rénovation », mais aussi comme un modèle de la contre-rénovation.
211Un collectif très large d’associations locales organise, les 31 mai et 1er juin 1975, un référendum populaire avec douze points de vote, dont la validité porte naturellement à discussion, qui donne 93 % d’opposants pour près de 4 000 votants437. Le 12 juin 1976 est organisée la première fête de la radiale sur les terrains en friche le long du chemin de fer438. Les associations de défense se multiplient, comité de défense de la cité Vercingétorix, comité de la rue Lebouis...
212Le mouvement atteint son apogée en 1977. Les initiatives se multiplient comme la peinture d’une fresque anti-bulldozer sur le mur du 63 rue Pernety439, l’occupation sauvage de vastes terrains pour la fête des 11-12 juin avec la participation de vingt organisations et associations. Les occupations de maisons abandonnées, au profit des associations ou des squatteurs, se multiplient. En même temps se développent les capacités d’expertise et de proposition des opposants avec la création de l’Atelier populaire d’urbanisme du XIVe (APU XIV) et la multiplication des comités de rues (Texel, Ouest, Château, Jules-Guesde), qui examinent les dossiers immeubles par immeubles. Un journal, 14e Village, se veut fédérateur et propagandiste des initiatives.
213Un collectif du XIVe s’est aussi constitué. Regroupant un très grand nombre d’associations, syndicats et sections de partis politiques, il multiplie les démarches auprès de l’Hôtel de Ville.
214La décision du nouveau maire de Paris d’abandonner la radiale est certes une victoire de ce mouvement, mais la mairie ne ralentit en rien les opérations de la ZAC Guilleminot. L’affrontement décisif sur ce point a lieu en novembre 1977440. Des centaines de policiers quadrillent le quartier Guilleminot le jeudi 24 novembre. Le premier objectif est l’expulsion du 86 bis rue du Château où se sont installés des artisans alternatifs regroupés dans l’ARBRE, et des associations (L’École et la Ville, APU XIV...). Des arrestations sont opérées dont celle de Jean-Paul Portes, président de VDL XIV, de Chantai Henocque et de Reine Franchi (présidente de Paris-écologie XIV). Une manifestation à laquelle participent les politiques (Edwige Avice, Rolande Perlican, Bernard Trippier) regroupe 300 personnes. De nouvelles arrestations sont opérées. De petites barricades sont édifiées avec des matériaux de construction pris sur les chantiers, mais la préfecture les dégage à l’aide de ses bulldozers.
215C’est le sommet de la résistance plaisancienne à la ZAC Guilleminot. Certes, il y aura des résistances ponctuelles à des expulsions, en particulier avec le nouveau lieu symbolique du 4-6 rue Raymond-Losserand ou d’autres immeubles. Il y aura aussi des actes plus violents, conduits par des autonomes, comme l’incendie mis à une baraque de vente d’immeubles de luxe en octobre 1978441. Mais, globalement, le ton change en 1978. Le cross442 du 14e Village, en janvier 1978, ne suscite pas d’incidents et un débat s’instaure à propos de son compte rendu dans le journal, jugé trop timoré par certains. La fête du 18 juin 1978 prend un caractère plus technique, les comités de rues et APL XIV exposent leurs propositions alternatives.
216Pendant la nouvelle enquête publique ouverte en mars-mai 1979, les associations diffusent une affiche-plan sur la possible réhabilitation et font signer une pétition qui obtiendra près de 2 000 noms. Un grand « festival animation folklore urbain » a lieu quatre dimanches de suite pour « la survie du quartier de Plaisance à Gaieté » en avril-mai 1979443. Au début de 1980, APL XIV organise un concours d’idées, sorte d’appel d’offres pour une nouvelle architecture. En juin 1980, une nouvelle fête réaffirme qu’« on ne veut pas qu’on démolisse nos maisons », mais force est de constater que le mouvement ne peut s’opposer aux nouvelles démolitions et ne résiste plus que ponctuellement (cité Vercin, Moulin des Trois Cornets). Les observateurs s’accordent pour constater son déclin, que traduit au mieux la disparition de 14e Village, au début des années 1980. Le Moulin des Trois Cornets (au 4-6 rue Raymond-Losserand) sera le dernier lieu444 d’une résistance qui prend, à vrai dire, des formes de plus en plus marginales et douteuses.
217Au travers de ce rapide historique, on peut percevoir que se posent deux questions. Qui étaient les moteurs de ce mouvement et quelle était son influence ? Quels modes d’action ont été privilégiés ?
218Il est difficile d’avoir une idée de la sociologie des activistes anti-rénovateurs. Des noms reviennent comme Frédérique Barbier, Simone Bigorgne, Gérard Brunschwig, Étienne Chevillard, Gérard Courtois, Françoise et Bernard Emery, Reine Franchi, Chantai Hénocque, Jean-Louis Lambert, Jean Macheras, Olivier Mongin, Jean-Paul Portes, et bien d’autres tout aussi importants, la liste ici donnée n’étant là que pour montrer la diversité des militants. Il est en particulier difficile de savoir s’ils sont des anciens du quartier ou venus plus récemment, voire s’ils y habitent. Toutefois nous savons que les premiers membres, tant du Comité Vercingétorix que de VDL XIV, n’étaient pas tous de Plaisance, et beaucoup n’étaient même pas de l’arrondissement. Ainsi la secrétaire du Comité Vercingétorix en 1974 n’habite pas Plaisance. Sur les 38 membres de VDL XIV en 1975, cinq seulement résidaient à Plaisance (comme Gérard Brunschwig) et la moitié des adhérents n’étaient pas de l’arrondissement445 ! L’essentiel des adhérents sont étudiants, enseignants, avocats, architectes, urbanistes, artistes, journalistes... Il est assuré aussi qu’un très grand nombre d’entre eux sont jeunes. Il n’est que de regarder la photographie du rassemblement devant Le Clairon, le 24 novembre 1977, ou le film tourné par Gérard Brunschwig. Toutefois, la base sociale et spatiale des anti-rénovation s’élargit au moment de l’apogée du mouvement. Avec les groupes et comités de rue, le travail de porte à porte, la défense des expulsés (et des immigrés), une population plus diverse apparaît. On aurait certainement tort de résumer la sociologie des acteurs aux futurs directeurs d’Esprit et de la rédaction du Monde.
219Profondément significatif est aussi le refrain de la Marche radieuse anti radiale, chanson des fêtes de VDL XIV : « On veut vivre dans le Quatorzième/ Avec toutes les maisons qu’on aime/Avec les artisans/les petits vieux, les commerçants/Les immigrés et les artistes/Les squatters et les utopistes. » Un peuple plaisancien est décrit qui n’évoque que sous une forme discrète et très particulière (« artisans ») l’ancienne masse ouvrière et prolétarienne du quartier.
220En tout cas, des accusations d’extériorité au quartier sont avancées. Josette Cedrone dénonce les « aventuriers » qui viennent faire la fête plus que la lutte446. Le journal gaulliste oppose les habitants du quartier à ceux qui « ont l’avantage de ne pas y habiter447 ». La participation de certains autonomes prônant la violence ou le vol comme récupération a aussi pu inquiéter une grande partie des habitants. Cette opposition entre habitants et anti rénovateurs est souvent reprise par ces derniers eux-mêmes, qui s’estiment parfois mal suivis par la population et qui lui reprochent son indifférence, avec un ton quelque peu condescendant :
On espère toujours voir les habitants prendre l’affaire en main, se rendre compte qu’ils ont des droits sur ce lopin de sol. Mais ils nous regardent, ils s’amusent un moment, et puis ils restent chez eux, chacun dans sa cage, devant sa télé, pendant qu’on détruit leur ville448.
221Vasso, un des animateurs les plus infatigables de la lutte contre les expulsions, se plaint aussi amèrement que dans les bistrots du quartier, on râle mais on ne fait rien et on cède finalement449. Toutefois il semble que le développement de comités de rues a entraîné des rapprochements, toujours difficiles, entre les groupes sociaux très divers concernés par la rénovation450.
222Le journal communiste, lui, fait de l’abandon de la radiale « un recul devant la protestation populaire451 ». Disons que le peuple travailleur des années 1950-1960 de Plaisance, violemment touché par la rénovation-destruction, attaché à son quartier, sans nul doute, mais qui se trouvait devant une gamme de possibilités contradictoires (s’accrocher sans grande perspective à un logement médiocre et minuscule, accepter un relogement incertain et plus cher, mais sans doute plus confortable...), a manifesté une vraie sympathie pour le mouvement anti-rénovation-destruction, dans les années 1975-1980, mais n’y a participé que de loin.
223Par contre, le tissu associatif et politique plaisancien s’est largement retrouvé dans le mouvement. À côté des associations les plus directement concernées, Comité Vercingétorix, VDL XIV et APU, les soutiens ne manquent pas et se développent. La cause de la radiale amène précocement des associations antitout-automobile et des associations écologiques. Mais aussi les associations de parents d’élèves, les amicales de locataires, des associations d’artistes plasticiens (l’Union des artistes plasticiens, l’Atelier d’art public...), des associations culturelles comme les Amis d’Edgar ou la MJC Porte de Vanves, des associations sportives comme le Paris FC ou le Bougnat Pernety FC, le groupe féministe, les unions locales des syndicats et les sections du XIVe des partis de gauche (PCF, PSU, PS, Paris-écologie). Toutes ces organisations ne participent pas activement et également au mouvement, mais leur nombre témoigne d’une adhésion progressive de la société civile à l’opposition au massacre du quartier. Des associations comme la Société historique n’adhèrent pas au collectif mais manifestent aussi une sympathie grandissante à cette opposition.
224Enfin, il faut bien percevoir que le mouvement obtient un soutien qui vient de tout le XIV arrondissement, voire du Paris rive gauche. Significatif est l’appel de soutien au Moulin des Trois Cornets signé par 32 artistes, intellectuels, écrivains... en 1978452 : toute l’intelligentsia (entre la nouvelle gauche et l’extrême gauche) signe ce texte. Les associations qui soutiennent en 1980 le concours d’idées des architectes d’APU débordent également largement de Plaisance et de l’arrondissement453. Et l’on vient du Larzac soutenir la lutte454. Ainsi l’écho du mouvement qui concerne la rénovation du quartier dépasse Plaisance, ce qui à la fois le renforce mais accentue les tensions possibles entre lui et nombre d’habitants.
225L’autre caractère important des luttes contre la « rénovation » est l’usage de modes d’action sinon totalement inédits, du moins très diversifiés. Il y a naturellement l’information (réunions publiques multiples, panneaux sur les marchés, tracts, affiches). Jean-Louis Lambert, en particulier, réalise toute une série d’affiches qui renvoient à l’imagerie de 68 aux Beaux-Arts455. Mais de la résistance à l’expulsion456 et à la police457 aux nombreuses fêtes458 – une d’entre elles a fait l’objet d’un film de Gérard Brunschwig récemment retrouvé et projeté -, des slogans peints sur les murs459 aux pétitions460, des référendums aux expositions461, des propositions techniques aux rendez-vous et démarches envers les élus, toute une gamme d’actions est présente.
226À l’examiner de plus près, on pourra constater qu’elles veulent toutes exprimer un processus d’auto-appropriation du quartier par ses habitants. Les fêtes ont lieu sur des friches réoccupées, le cross dans les rues à demi abandonnées de la ZAC Guilleminot... Avec une certaine ambiguïté : si, pour tous, ce processus est imposé aux autorités, pour les uns cette lutte se suffit à elle-même et doit être mise en valeur, pour les autres elle s’associe avec une négociation qui concrétise un résultat ou qui permet le contrôle des habitants462. L’exemple du cross organisé par 14e Village est le plus significatif. Alain Cérioli, le secrétaire de Paris-écologie XIV, rappelle au journal que « si l’on veut conquérir la ville, il faut la prendre », que le cross a eu lieu sans l’autorisation de la police, que les militants ont interdit la circulation automobile463.
227Le mouvement anti-rénovation-destruction fut-il un feu de paille ? Dès janvier 1979, Gérard Courtois écrivait, « évaporée cette effervescence qui n’était pas factice, mais fugitive, aléatoire, comme une mode, comme une veille d’élections » pour conclure que « le XIVe est rentré dans le rang464 ». Mais il constatait aussi que ce mouvement de « grouillements marginaux » avait bénéficié aux partis politiques. Sujet clé sur lequel il nous faudra revenir.
228Surtout la réponse à cette question exige un détour par un questionnement socio-culturel élargi sur le (les) sens de cet engagement contre la destruction du quartier.
Une nouvelle « culture » urbaine ?
229Plaisance a été de longue date un terrain de marginalités et d’avant-gardes artistiques, surtout plastiques. En ce sens, nombre de pratiques artistiques ne font que continuer cette tradition du quartier. Ainsi la riche expérience de décollage, collage, peinture que Jacques Villeglé réalise dans les rues du quartier (La femme, 1966, au coin de la rue Desprez ; Le métro conteste, 1969, rue de l’Ouest, etc.) se situe parfaitement dans cette démarche, même s’il est possible déjà que le début du processus de destruction ait joué dans ces choix avec un parallèle entre l’affiche décollée/effacée et le quartier qui s’efface. Il en va sans doute de même, quoique avec une visée plus révolutionnaire, avec Gérard Fromanger quand il installe en octobre 1968 les sculptures « Souffle », rue d’Alésia (près du métro du même nom). Ernest Pignon-Ernest réalise aussi ses collages dans les ruines des immeubles détruits. Treize ans après, c’est toujours l’association marginalité/ avant-garde qui conduit Blek le rat à réaliser en 1981 le premier graph en France à Plaisance465.
230Ces expériences de l’art dans la rue, de l’art total s’expriment aussi dans les happenings comme celui de 1958, « Le théâtre est dans la rue », passage de la tour de Vanves466.
231La naissance du théâtre Plaisance467 relève de la même approche culturelle. Fondé en 1963 par Jean-Jacques Aslanian, au 111 rue du Château, il montre les pièces et les spectacles d’avant-garde : évoquons le Grand Magic Circus (en 1968), Ubu roi (en 1970), Rita Renoir (l’ancienne strip-teaseuse du Crazy Horse en 1972), En attendant Godot (en 1974), Le ciel et la merde (d’Arrabal en 1978), Adieu Super-mac (de Christopher Franck en 1978), La Tête de la méduse (de Boris Vian en 1979)... Le théâtre fut aussi le lieu d’un grand happening grand-guignolesque organisé par Fernando Arrabal en 1969.
232Jean-Jacques Aslanian donne une belle image de son projet dans un court texte-poème :
Temple
Bordel
Haut lieu de culture
Éprouvette
Instrument de création
Le Théâtre de Plaisance est tout cela à la fois.
Espace convenable
Calculé aux confins de la misère et de la sensibilité
Il se prête à ce jeu
Où l’artiste et son double
Sont créateur et ouvrier
Dans un même préau.
233On y retrouve bien les thèmes de cette culture, avant-garde, terrain d’expérience, marginalité, création...
234Les expériences musicales conduites chez les Lloyd-Lebailly, rue Maurice-Ripoche, relèvent du même avant-gardisme. Là, « on ne pourrait pas compter tous ceux qui y sont passés, et qui y sont restés une heure ou six mois468 ». Tout ce que Paris a connu de très grands musiciens underground est ainsi passé à Plaisance au début des années 1970. Ainsi notre quartier continue à se prêter volontiers à ces expériences artistiques novatrices, avec sans nul doute une réactualisation pré- et post-soixante-huitarde qui se retrouve aussi à Montparnasse avec le théâtre d’Edgar.
235Par là, sans doute, par leurs thématiques de la rue, de l’action... ces avant-gardes (on pense à Jean-François Bizot469) ont des liens avec ce que nous appelons la nouvelle culture, liée plus étroitement aux mutations-destructions du quartier.
236Mais projets et praxis de cette nouvelle culture sont plus larges, sans doute.
237L’idée de la liberté est au cœur de ces pratiques. D’abord le style libre, improvisé470 prôné par Jean-Paul Sèvres dans son cabaret « Tout à la joie » où il réalise son rêve, « avoir le droit de pratiquer honnêtement sans avoir toujours à rendre des comptes471 ». À l’ARBRE (Atelier rudimentaire de Bricolage et Recherche d’Émotion), où Jean Baudouin crée un ensemble d’ateliers, on trouve « la confirmation d’une liberté de s’exprimer472 ». La crèche sauvage du 32 rue Raymond-Losserand est bien entendu baptisée « crèche buissonnière473 ». Les artistes qui résistent cité Vercin sont « dingues d’accord. Mais LIBRES [en majuscules dans le texte]474 ». Il n’est pas jusqu’à Alain Finkielkraut (c’est bien lui l’ami de promotion de khâgne de Gérard Courtois) qui n’écrit que le cross de 14e Village témoigne de la « liberté » du sport475.
238Cette liberté culturelle s’accompagne de multiples sentiments qui traduisent parfois des contraintes. Ainsi de l’aspiration à une petite échelle et de l’opposition aux élites. Le célèbre Small is beautifull est bien présent à Plaisance. Où l’on plaide volontiers pour l’échelle artisanale : la liberté, c’est « le rêve que tout artisan même modeste souhaite réaliser476 ». Il s’agit d’agir à l’échelle des « petits hommes477 ». Le groupe de musiciens Les Gorgons jouent rue Maurice-Ripoche « dans une povr’soirée » en 1984478. On s’honore à la fête de la radiale de juin 1977 d’organiser un festival de la chanson inconnue479.
239On oppose volontiers un populo, « les vieux, les ivrognes, les artistes, les artisans, les ouvriers du coin480 », aux élites extérieures, aux « personnages en vogue et hautement intellectuels [qui] préfèrent garder un silence prudent481 » sur la rénovation-destruction. Et on se méfie des arrivistes. L’ARBRE « exprime un renouveau irréprochable dénué d’arrivisme482 ».
240Cette liberté, cette indépendance ne sont pas cependant individualisme et repli. Au contraire, l’affirmation de pratiques de quartier, de pratiques conviviales, très exigeantes sur le plan de la participation de chacun et sur le contrôle par tous est aussi au cœur de cette culture. Le lien au quartier est très constamment réaffirmé par les cultureux, des Amis du théâtre d’Edgar483 au théâtre Plaisance484, du « Tout à la joie », qui veut « animer, faire vivre le quartier, faire la parade au ras du quartier » et « éviter de se couper du quartier, de se laisser bouffer extérieur en quête d’une marginalité tranquille, soucieux d’aller s’encanailler un soir485 », aux chanteurs (comme Chantai Grimm) qui, au festival parisien de chanson et de folklore urbain, chantent des chansons de quartier ou plus engagées comme On rénove mon quartier486. Des expériences de radio et de télé de quartier sont aussi lancées.
241L’inscription dans le quartier, ce sont aussi des lieux qui privilégient la zone en rénovation, lieux précaires et libres. Nous en avons déjà cité beaucoup, en voici quelques autres :
Rue du Château, 86 bis, ARBRE, ateliers./ Rue de l’Ouest, 22, Galerie l’Ouvertür/35, Tout à la joie !/ 68, Crèche La Roulotte/88, Crèche et innombrables activités/ Rue Raymond-Losserand, 4-6, Moulin des Trois Cornets/16, Radio Plaisance/32, Crèche buissonnière et autres.
242L’occupation des rues et terrains vagues ou friches est aussi un aspect essentiel de cette culture, qui prend partout de l’ampleur dans les années 1970. Théâtres de rue, spectacles, fêtes, carnaval, sport de rue, promenades... et, bien sûr, manif à vélo.
243Enfin l’exigence de la participation (qui s’oppose à la simple consommation sociale ou culturelle) est souvent mise en avant. Les parents des crèches sauvages participent par tours à la garde des bébés. Toutefois une des deux crèches fait appel à un permanent487. Il faut participer aux innombrables ateliers autogérés, aux préparations des soirées488, animer des ciné-clubs489, tenir la buvette et la gargote du Moulin des Trois Cornets490.
244Tout ceci suppose une auto-organisation et un contrôle. Peut-on parler de culture autogestionnaire en se référant à la dimension plus politique et sociale du terme ? En tout cas, ce n’est pas un hasard si le quartier accueille en janvier 1978 « les six heures de l’autogestion » avec la participation du PSU, de la CFDT, du MAN, de la LCR, etc.
245Le quartier « en rénovation » se prête bien à ces expériences d’utopie concrète, de rêve fou qui se réalise un temps : « Ce quartier a été pendant des mois un fantastique terrain d’aventures où chacun venait faire l’expérience de sa petite idée fixe, de son gadget, de son fantasme491. » L’ARBRE était « une utopie vivante492 ». « Tout est possible au 68 » où garderie, clinique, imprimerie, alimentation « autoorganisés » cohabitent493 et les enfants de la crèche qui jouent sur les terrains vagues de la rue Vercingétorix y trouvent « l’espace de leurs rêves494 ». Une utopie concrète, qui se revendique d’un humanisme peu formalisé car de sources très diverses et qui s’oppose aux « idéologies » trop intellectuelles.
246Sans doute aussi peut-on inscrire cette culture dans le cadre des nouveaux mouvements urbains « à la recherche des formes nouvelles de la société urbaine495 », qui se traduirait par la présence d’associations comme Autrement la Ville ou Villes Humaines496, le premier festival de chanson et de folklore urbain, ou l’intérêt manifesté par de nombreux architectes, urbanistes et de nombreuses revues comme Autrement, Place ... L’association à la lutte écologique est présente aussi avec un parallèle entre la marée des voitures sur la radiale et les marées noires en mer du Nord497.
247Toutes les pratiques culturelles sont mobilisées dans le schéma ici évoqué : avec une priorité aux spectacles de rues, mais on trouve aussi théâtre, fête498, carnaval, cinéma499, clown500, chanson, bal, marionnettes501, voire radio502 et télé, mais aussi alimentation503 et éducation. Les arts plastiques avaient précédé ce mouvement mais y sont encore par leur participation – inégale – à la lutte contre la « rénovation » avec la réalisation du mur de la rue de Gergovie et l’Association d’Art public. L’AAP ne regroupe toutefois que six adhérents et quelques sympathisants autour de Hervé Béchy, Philippe Goy et Henri Marquet504.
248Il reste à mesurer la portée de cette culture de l’utopie concrète, de la liberté, de la modestie, du quartier et de la participation. Elle est assurément plus durable que le mouvement anti-rénovation même et elle est restée très présente à Plaisance. Il est clair qu’elle rencontrait certaines traditions très anciennes du quartier, comme son esprit d’indépendance né au xixe siècle. Il n’y a pas si loin du Robinson de Plaisance, que nous avons vu construire sous le Second Empire sa maison, à Jean-Jacques Aslanian construisant son théâtre : « Je trouvai le lieu [...] Il fallut creuser, remuer la terre et l’évacuer. Démolir, reconstruire, équiper, décorer [...] Et le Plaisance fut paré pour appareiller505. » Il n’y a pas si loin non plus du restaurant coopératif, Le pied sur le plat506, à la Marmite des communards de 1871.
249Toutefois, les équipes de VDL XIV, de l’APU ou de l’Atelier d’Art public apportaient, souvent de l’extérieur, et c’est là un des paradoxes, une expertise, des compétences techniques qui pouvaient en même temps entrer en conflit avec l’esprit d’indépendance du peuple de Plaisance. Un très bon exemple en est fourni lorsque l’AAP voulut rénover le vieux square Sainte-Léonie. Ils se heurtèrent aux jeunes du quartier, qui leur expliquèrent qu’ils trouvaient la situation très positive car « on fait ce qu’on veut507 ».
250Si l’idée de la liberté est ainsi partagée par tous, on perçoit bien qu’il existe aussi une résistance populaire à une certaine approche qui fait que cette liberté se veut souvent très organisée et technicienne et parfois donne des leçons au peuple.
251Il est d’ailleurs aussi significatif que le courant communiste, en déclin mais encore très fort jusqu’à la fin des années 1970 dans le quartier, et très implanté dans les couches ouvrières, reste très extérieur à cette culture d’utopie auto-organisée. Du côté du PCF, où l’on a conservé de bonnes relations avec les plasticiens que le parti défend avec vigueur, la stratégie tend au contraire à exiger des pouvoirs publics qu’ils s’engagent dans la promotion de la culture. Ainsi le mouvement des Jeunesses communistes du XIVe, estimant insuffisante la seule Maison des jeunes et de la culture de la porte de Vanves, en réclame une seconde pour Plaisance508.
252Rassemblant des forces politiques et des sensibilités très diverses, allant de la nouvelle gauche (partie du PSU et de la CFDT, intellectuels, une partie des catholiques de gauche) à l’extrême gauche (anciens maos, libertaires, certains trotskistes, autonomes...), le mouvement anti-rénovation, sans doute resté minoritaire à Plaisance, n’a trouvé de traduction politique qu’avec l’essor tardif et brutal du parti socialiste dans le quartier. Il est alors voué à un éclatement et à une extinction rapide au début des années 1980. Il en reste néanmoins un acquis considérable très présent dans le quartier, en particulier du point de vue de la place considérable que vont continuer à y prendre les associations et des pratiques culturelles très autonomisées ou éclatées.
Du côté du PCF. Le début de la fin ?
253Force dominante dans le Plaisance des travailleurs des années 1950, le PCF connaît à Plaisance, plus qu’ailleurs, un déclin sensible qui continuera après la période que nous étudions ici.
254Le premier choc est celui de 1958. Le parti tombe à 27 %. Cependant, il n’y a là aucune particularité plaisancienne. Ce sont exactement les mêmes chiffres de chute d’un quart des voix qu’au plan national (le PCF chute de 25,6 % à 19 %). Alors que l’électorat (y compris populaire et ouvrier) commence à recevoir les fruits de la croissance et aspire à la paix, le parti apparaît en 1958 partout décalé avec sa thématique de la paupérisation et de la crise, sa maigre déstalinisation et sa difficulté à ouvrir un chemin vers la paix en Algérie.
255Non particulière à Plaisance, cette chute n’est pas non plus particulière au PCF, au sein de la gauche. À Plaisance, socialistes et divers radicaux perdent au moins autant que le parti communiste en 1958 par rapport à 1956. Ce qui fait, conclusion importante, que si le PCF a perdu au profit des gaullistes sa domination sur le quartier, il reste très largement en tête de la gauche.
256L’évolution des votes communistes à Plaisance pendant la Cinquième République prend ensuite une tournure très particulière. Alors que, au plan national, le PCF, sans jamais retrouver son niveau de 1956, reprend des couleurs en progressant très légèrement jusqu’en 1978, à Plaisance, l’audience du parti recule à partir de 1962 et on voit que le bastion plaisancien s’effrite. En 1978, pour la première fois, le score du PCF à Plaisance est même devenu inférieur à son score national ! 11 cède d’ailleurs aussi la première place à gauche au parti socialiste. Au moment où la gauche va reconquérir le quartier ! Et en 1981, dans le cadre d’un recul général, à Plaisance la chute est particulièrement dramatique. Au bilan, en 1958, le PCF avait une audience une fois et demie supérieure à Plaisance par rapport à l’ensemble de la France ; en 1981, cette audience est désormais inférieure d’un tiers. Le bastion est devenu un point faible.
257Il est clair ici que le recul électoral est largement associé à l’évolution de la composition socio-professionnelle des habitants du quartier.
258Toutefois, on ne saurait réduire l’histoire du communisme plaisancien à celle d’un recul. De 1958 à 1980, il reste une force politique de première importance, jouant un rôle encore notable dans certains secteurs.
Le parti et la « rénovation »
259L’attitude du PCF devant la rénovation-destruction est marquée dès le début par un double aspect qui le conduit à soutenir le processus509. Il y a d’un côté l’attachement à la modernité, au progrès et à la grandeur de Paris qui entraîne le parti du côté des rénovateurs, des modernisateurs. Par ailleurs, très attaché à l’amélioration des conditions de logement – à l’évidence vraiment médiocres -des travailleurs, le parti est favorable à la destruction des taudis et à la construction de logements sociaux neufs plus confortables, plus grands510. Tôt conscient des risques associés à cette position, il réclame donc, pour assurer le relogement sur place des Plaisanciens les plus pauvres, la construction de logements sociaux en très grand nombre dans les opérations en cours511, avec des niveaux de loyers qui restent compatibles avec les revenus des salariés. Très vigilant, il est même à certains moments le moteur de l’accélération de la rénovation, s’opposant aux rumeurs512, à tout affadissement513 et à tout ralentissement514, en particulier celui qui caractériserait le mandat présidentiel giscardien. Ainsi, à la suite de l’annonce du ralentissement de projets sociaux de la ZAC Didot, le journal communiste écrit :
C’est en effet ce que viennent de décider ceux qui nous gouvernent, sous couvert de respecter une décision élyséenne prescrivant le maintien à Paris du « patrimoine ancien »... Il paraîtrait en effet que ce genre d’opérations traumatiserait les habitants et détruirait la vie de quartier ! [...] Bref, prétextant du « patrimoine » – chacun aura pu admirer la ravissante architecture d’époque de ce quartier ! – on freine toute construction de masse à Paris515.
260La lecture de ce texte de 1975 montre le communisme plaisancien encore peu conscient des questions du patrimoine local (qui était pourtant le sien...) et de la déstructuration sociale et sociable du quartier. Au début des années 1980, sans réévaluer de manière critique l’option qu’il avait choisie, il manifestera pourtant une vue très négative sur les résultats du processus.
261Le PCF montre aussi longtemps une méfiance devant la réhabilitation des anciens immeubles en laquelle il voit une défense bourgeoise et illusoire d’un patrimoine d’ailleurs localement médiocre et qui aura pour conséquence l’éviction des habitants populaires des immeubles ou appartement rénovés généralement par des propriétaires privés516, dans le contexte d’une hausse des prix des terrains. En parallèle, le PCF s’oppose à toute « rénovation sauvage517 », à l’« anarchie518 » immobilière qui favoriserait aussi la rénovation « bourgeoise » alors que le contrôle serait plus grand sur les opérations planifiées. Toutefois, à compter de 1977, il s’oppose au tout-destruction519 et demande plus de réhabilitations520, notamment des ateliers d’artistes.
262Une première déception du PCF devant le processus sera l’opération Vandamme Il constate au début des années 1970 que les promesses de logements ou d’équipements sociaux ne sont pas tenues et que l’hôtel Sheraton occupe une grande place non prévue dans le projet initial521.
263Le PCF se fait aussi fortement l’écho de la population devant les gênes occasionnées par les destructions et les opérations trop lentes. Il s’oppose aux expulsions brutales522.
264L’évolution la plus marquée du PCF concerne la radiale Vercingétorix. Partisan, jusqu’en 1971, de sa construction523, qui permet de détruire les taudis avoisinants et de moderniser le système de circulation dans la capitale, il se rallie entre 1972 et 1974524 à l’opposition à l’autoroute plaisancienne. En grande partie du fait de la proximité de celle-ci avec les HLM de la rue Vercingétorix ou de la porte de Vanves ou avec les logements sociaux de la SNCF de la rue de Gergovie525, mais aussi parce qu’elle « défigure le quartier526 ». Il devient ensuite un participant actif à la lutte contre la radiale527, restant toutefois défiant vis-à-vis de VDL XIV. Notons aussi que le parti communiste est à la pointe de la lutte pour la couverture du périphérique dont le bruit perturbe gravement les habitants populaires des logements de la porte de Vanves528.
265Dans les années 1982-1984, le parti semble constater les dégâts sociaux et politiques du processus de rénovation-destruction. En vingt ans, malgré la construction d’un nombre significatif d’HLM et de logements sociaux, la population ouvrière a diminué considérablement dans le quartier qui, sans devenir un quartier riche ou bourgeois, a maintenant une population très mélangée. Et le PCF devient un des principaux acteurs du sentiment de la mort d’un quartier populaire dans les années 1980. En 1982, le journal communiste publie un des articles les plus tragiques sur les effets de la rénovation que nous déjà abondamment cité : évoquant « 1939-1945 », la « rénovation-bulldozer », le « paysage lunaire » et les « derniers bistrots », il conclut :
Pour gagner ce faux luxe de béton, Plaisance a perdu ses impasses, ses verdures, ses commerçants529.
266Le PCF est aussi gagné par un discours sécuritaire qui témoigne d’une certaine amertume sans lui apporter grand succès. Il dénonce l’insécurité et les agressions à la porte de Vanves, réclamant un îlotage policier530, il dénonce l’installation (par Chirac) de « groupes de délinquants, produits symptomatiques de la crise » sur la ZAC531 et évoque en termes violents et inquiétants l’insécurité qui y règne : « N’importe qui se voit proposer de la drogue par de véritables chaînes humaines de petits trafiquants... Combien de personnes âgées ont été attaquées au retour des bureaux de postes... »
267Le parti communiste, partisan de la rénovation « sociale », a donc vu sa stratégie, en grande partie, échouer (sauf par la construction tout de même non négligeable de logements sociaux, qui ont contribué à maintenir un certain habitat populaire dans le quartier). Son rêve du maintien d’une population de travailleurs dominante à Plaisance s’est heurté à un processus de rénovation-destruction qui a éliminé nombre de travailleurs, parmi les plus pauvres, coupant par là même une grande partie de ses bases électorales. Sans doute l’évolution était-elle inéluctable dans le cadre de la propriété foncière privée. Mais en arrivant un peu tardivement dans la lutte contre la radiale, en ne s’engageant qu’à peine contre les destructions massives, le parti perdait aussi de son influence générale auprès d’une partie de la population locale qui, quelle que soit son origine sociale, était attachée au vieux Plaisance.
Le parti dans le quartier
268Dans ce contexte difficile et difficilement géré, le parti communiste reste à Plaisance une force politique importante menant des combats essentiels sur le front social. Du point de vue de l’espace, il est l’écho des difficultés des grandes concentrations ouvrières, en particulier des HLM de la porte de Vanves ou de la rue Raymond-Losserand. Il est aussi omniprésent dans la lutte pour la défense et la construction d’ateliers d’artistes.
269Son insertion dans Plaisance continue par bien des côtés à ressembler à celle des années d’avant 1960. Des préaux des écoles aux bistrots ou aux théâtres, il occupe le terrain pour ses réunions publiques et les postes de L’Humanité Dimanche532 restent en grand nombre sur les marchés et aux coins des rues le dimanche. Toutefois, les réunions premières pour le parti (conférences de section, conférences d’arrondissement) sont très souvent tenues à Malakoff, commune voisine devenue le vrai bastion communiste. En ce sens se prolonge le mouvement commencé dès 1945 d’une relative marginalisation du communisme plaisancien (et parisien) au regard du communisme banlieusard.
270La force du communisme plaisancien reste évidente toutefois au regard des autres quartiers de l’arrondissement. En 1969, les deux sections du quartier Plaisance comptent 638 adhérents dont 330 habitants environ. Soit environ la moitié des adhérents du parti dans l’arrondissement533. Le siège du PCF XIVe, déménagé autour de 1960, reste rue du Château, au n° 149, à Plaisance donc.
271Il y eut aussi, un temps, un dynamisme de la propagande avec la reparution en avril 1968 de Informations 14e, journal des communistes de l’arrondissement qui consacre la plus grande part de ses informations locales (minoritaires dans le journal au regard de la politique nationale) à Plaisance. Mais à compter de 1984, le journal, réduit le plus souvent à une seule courte feuille, n’a plus qu’une parution épisodique.
272À vrai dire, il importe aussi de souligner que les cadres locaux du parti (et une grande partie de ses effectifs, environ 50 %) sont fournis par les cellules d’entreprise (en particulier par les PTT Brune, véritable bastion du parti [et de la CGT], les employés du tri reprenant le flambeau des ouvriers des ateliers et du timbre). Le candidat du parti à Plaisance aux élections législatives de 1967, 1968 et 1973, Pierre Albert, est lui-même travailleur à la poste. À examiner les adresses des membres des comités de section534, on peut constater qu’une grande partie n’habite ni Plaisance, ni l’arrondissement. Ainsi, curieusement, ces cadres sont assez éloignés des questions locales et partiellement indifférents à celles-ci. La vie de tel ou tel secrétaire de la section Plantes, travaillant intensément à une brigade du tri, habitant Aubervilliers ou Vitry, voire l’Essonne, lui laissait peu de temps pour s’imprégner de Plaisance. Il est aussi significatif que pour présenter « deux femmes dans le XIVe », le journal communiste évoque une ouvrière du Timbre qui habite Villeneuve la-Garenne et une institutrice, pas des habitantes535.
273Par ailleurs, la génération militante issue de la Résistance, dont les principaux héritiers étaient à Plaisance Maria Rabaté (députée élue à la proportionnelle avant 1958, encore candidate, sans succès, à Plaisance en 1958 et 1962) et Robert Francotte536, s’efface. Il est significatif de voir que, dans les années 1970, les conseillers municipaux communistes qui interviennent sur Plaisance et la rénovation sont des élus d’autres arrondissements. Si Rolande Perlican, candidate députée défaite en 1978 et 1981, est élue sénateur de Paris, il y a là plus une conquête qui conforte son statut de permanente responsable de l’arrondissement que vrai apport à l’action locale même si la sénatrice de Paris a une activité importante au Sénat.
274Le parti communiste a des champs et des lieux privilégiés d’intervention et d’action. Il est constamment celui qui revendique le plus fort les équipements sociaux (écoles, crèches...). Il défend vigoureusement les locataires537. Un bel exemple en est la figure d’Eugène (1913-1997), longtemps président de l’Union des locataires du 69 rue Raymond-Losserand (le futur Château ouvrier), « le père de l’immeuble, celui qui s’est battu pour les loyers 48, qui aidait une femme à remplir sa feuille d’impôts538 ». Le PCF participe activement à la lutte de défense des immigrés539 lors de leur expulsion du foyer du 214 rue Raymond-Losserand540.
275Il est particulièrement actif dans la défense et la prise en compte des revendications des habitants des HLM de la porte de Vanves, du boulevard Brune ou des alentours qui constituent un bastion ouvrier inentamé. C’est au sort de ces habitants qu’il s’attache particulièrement devant la menace que constitue la radiale pour leur tranquillité, car elle doit passer sous ou devant leurs fenêtres. C’est aussi pour ces habitants des confins du quartier qu’il demande précocement la couverture du périphérique. Il défend aussi vigoureusement la MJC de la porte de Vanves, mal entretenue et sans moyens541. Les communistes ne négligent nullement la défense des espaces verts542 même si ce n’est pas pour eux une priorité.
276Le PCF accorde aussi une grande importance à la culture. Il est un défenseur constant, nous l’avons vu, des plasticiens. Mais il soutient aussi grandement les institutions professionnelles culturelles comme les théâtres, les maisons de jeunes et de la culture543. Toutefois, il manifeste un certain scepticisme sur le projet de l’Entrepôt544 ou regrette que les places du Théâtre 14 soient trop chères545. Le journal des cellules du tri Brune, Le postier de Brune, a ainsi des pages culturelles encourageant à aller voir Ubu au théâtre Plaisance546. Le PCF organise aussi de très nombreuses journées culturelles (cinéma547, expositions ventes au profit du parti, débats...). Le 17 mars 1970, la section Plaisance organise au théâtre une soirée sur mai-juin 1968. Outre l’intervention de Pierre Juquin, on projette un documentaire « Images de mai-juin 1968 », on diffuse des chansons de Joan Baez, Jean Ferrat et Stéphane Reggiani et le théâtre Gérard-Philippe de Saint-Denis présente un « cabaret548 ».
277Le PCF est aussi un lieu de sociabilités locales, avec ses permanences tenues à son siège, 149 rue du Château, ou dans des cafés. La permanence de la collecte de la vente de l’HD le dimanche matin a lieu en 1959 au café du coin de la rue de l’Ouest et de la rue du Château. Les cellules de la poste et de Broussais organisent des réunions au Bouliste, 79 rue Didot. D’autres salles, d’organisations amicales, peuvent être utilisées comme la salle Étoilée du 63 rue Froidevaux, la salle du Théâtre 14, 10 rue Georges-Lafenestre, la salle protestante de la rue Olivier-Noyer. Il y a aussi les débats devant les HLM comme celui d’octobre 1975 devant le « 156549 ».
278Il reste que les réunions internes principales se tiennent, nous l’avons vu, à Malakoff, ce qui marque un certain signe d’extériorité territoriale des communistes plaisanciens, très bien inscrits dans le quartier, mais en même temps relevant d’une identité sociale qui n’est pas principalement locale.
279Analysant l’implantation du PCF à Plaisance en mars 1978, Gérard Courtois constatait que celle-ci « est ancienne et forte dans le quartier » mais que les changements sociologiques risquaient de le conduire à céder la première place aux élections législatives au PS550. Et il est vrai que le déclin551 du PCF va s’accentuer dans son antique bastion plaisancien dont il ne reste quasiment rien aujourd’hui. La sociologie jouait bien contre le parti à Plaisance, qui n’avait en 1958 pas perdu plus ici qu’au niveau national alors que la rénovation n’était qu’une esquisse. Mais en prônant longtemps la rénovation, la « rénovation sociale » certes, le parti a contribué à faciliter la destruction de la partie la plus pauvre de Plaisance. Si la réhabilitation privée, au coup par coup, aurait sans doute eu des effets voisins, et peut-être pires au plan de la reconstruction des logements sociaux, que les opérations ZAC, la position du PCF, malgré une inflexion dans la seconde moitié des années 1970, lui a aliéné tant une partie des nouvelles classes moyennes que certains anciens habitants populaires attachés au vieux patrimoine plaisancien.
Le triomphe d’Edwige Avice ou comment ramasser la mise ?
280Certes, le parti socialiste était ancien à Plaisance. Mais la scission de 1920, puis les années 1930 et la Résistance avaient surtout bénéficié au parti communiste et la « vieille maison » était restée relativement faible dans le quartier, alors même que le radicalisme (sauf l’épisode mendésiste) s’y était effondré. La présence politique lisible du parti socialiste reste longtemps épisodique, comme en témoigne la parution tout aussi épisodique de son journal local, Le Populaire de Plaisance.
281Compris entre 13 et 21 points, le retard socialiste (ou FGDS) sur le candidat communiste tombe cependant à 2,5 points en 1973 avant que la tendance ne s’inverse (+ 2 en mars 1978 et + 30 en 1981 dans la foulée quelque peu déformante du succès mitterrandien). La fin de notre période signifie donc aussi le début de l’hégémonie électorale des socialistes à Plaisance alors qu’il faudra attendre encore vingt ans pour que le XIVe tombe, avec Paris, dans la poche socialiste.
282Là encore, il y a dans cette évolution locale bien des traits de l’évolution générale qui voit, à compter de 1978, l’affaiblissement du PCF au profit du PS. L’évolution est accentuée et plus précoce avec les changements sociologiques du quartier. Mais il est clair aussi que les nouveaux socialistes adoptent une stratégie qui leur permet, à la fin des années 1970, de capitaliser les luttes anti-rénovation-destruction. En novembre 1977, Bernard Trippier et Edwige Avice sont ainsi arrêtés lors de la journée du 24, se mobilisant davantage que les communistes dans cette forme de résistance552. La nouvelle candidate socialiste en 1978553 s’engage nettement contre « le projet ridicule et vraiment négatif qui doit aboutir à la destruction d’une bonne partie du quartier Guilleminot554 ». Elle critique la rénovation urbaine conduite depuis vingt ans qui fait de Paris une « ville réservée aux catégories sociales les plus fortunées555 ». Par ailleurs elle tient un discours très favorable aux associations dont elle veut servir de point d’appui556. Marc Chavardès, exposant le programme socialiste sur la ville, insiste aussi sur la puissance du mouvement associatif à Plaisance que le PS soutient pleinement557.
283Sans doute y avait-il aussi dans le profil d’Edwige Avice des particularités qui rencontrent un écho fort dans le Plaisance des années 1970. La jeune candidate (elle a 33 ans en 1978) met en avant sa modernité en regard du vieux réactionnaire gaulliste de la Malène558. Comptent aussi sa résidence dans le quartier qui fait d’elle une Plaisancienne et son appartenance au courant le plus à gauche du PS, le CERES, qui lui vaut sympathie dans les milieux gauchisants du quartier. Se présentant aussi comme cadre de banque, elle obtient également nombre de suffrages des nouvelles classes moyennes et supérieures salariées du quartier.
284Le triomphe du nouveau parti socialiste contraste aussi avec l’effacement du PSU. Celui-ci aura connu son heure de gloire dans les années 1960, et en particulier en 1968 où son candidat, Mangenot, obtient 8,7 % des suffrages exprimés à Plaisance559. Il bénéficie aussi de l’image positive de ses militants issus de la lutte pour l’indépendance de l’Algérie, de la popularité de certaines grandes figures comme Claude Bourdet, que l’on voit intervenir au conseil municipal contre les perturbations du chauffage dans les HLM560...
285Après le ralliement des rocardiens au PS en 1974, le PSU est affaibli et entre dans un rapide déclin malgré sa participation aux luttes contre la rénovation et sa position stratégique dans la mouvance « autogestionnaire ».
286Le quartier connaît, au contraire, une progression rapide, quoique confuse et très irrégulière, des écologistes. Ces derniers, qui obtiennent leurs meilleurs scores plutôt à Petit-Montrouge-Montsouris qu’à Plaisance dans notre arrondissement561, attirent des électeurs d’origine sociale et politique très diverse. Avec 9 % des suffrages aux élections municipales de 1977 dans le quartier, ils font une entrée remarquée sur le champ politique plaisancien. Cependant, en 1978, ils se divisent ; Paris-écologie 14ème, dont la candidate est Reine Franchi, fait une campagne qui se veut indépendante de la droite et de la gauche562. D’autres soutiennent le candidat PSU. Reine Franchi n’obtient que 6 % des suffrages. En 1981, les écologistes, en pleine crise interne, renoncent à présenter un candidat à l’élection législative (alors que Brice Lalonde avait obtenu au premier tour de l’élection présidentielle 4,5 % des suffrages à Plaisance).
287Cependant, l’influence écologiste se marque aussi par l’importante participation du mouvement à la lutte contre la rénovation-destruction. La présidente de Paris-écologie XIV, Reine Franchi, est une personnalité locale importante. Habitante de la cité des artistes, la Vercin, elle anime leur lutte. Dotée d’un joli talent d’écriture, elle écrit abondamment dans 14e Village. Les écologistes sont aussi au cœur d’un réseau, sis au 32 rue Raymond-Losserand. Ils créent en mars 1978 une radio libre, Radio-Plaisance563. Ils animent les luttes locales interdisant la circulation des voitures lors du cross sauvage du 29 janvier 1978 dans la ZAC Guilleminot et quittent les instances de concertation en janvier 1978564 après les expulsions violentes du 24 novembre 1977.
288Notons enfin que l’extrême gauche, si elle n’est pas absente de Plaisance (la LCR ou LO vendent leurs journaux sur les marchés ou à la sortie des entreprises ; on note la courte présence d’une mouvance maoïste, puis autonome dans certaines luttes contre la rénovation), n’obtient des résultats électoraux que très épisodiquement. Encore sont-ils très faibles et ne dépassent pas les 2 %.
289Au bilan, on pourra noter que la mouvance d’auto-activité ou d’autogestion si présente dans le quartier dans les luttes contre la rénovation et la radiale et dans les pratiques culturelles n’a pas vraiment trouvé de traduction politique, sauf à considérer comme telle le triomphe socialiste dans le quartier au tournant des années 1970 et 1980. Mais Plaisance a été durablement et fortement marqué par ces sensibilités où se rencontrent modernité et tradition locale. Le PCF, touché par l’évolution socio-professionnelle du quartier et venu tardivement à la conscience que son attitude pour une « rénovation sociale », qui acceptait les destructions massives, le desservait, perd au même moment sa position dominante à gauche.
290Toujours est-il que Plaisance, après une parenthèse d’une vingtaine d’années, reprend sa place dans l’avant-garde de la gauche parisienne. La défaite de De la Malène à l’élection partielle d’octobre 1978 et sa déroute en 1981 écartent durablement la droite du quartier.
L’ancien et le nouveau – les anciens et les nouveaux
291Nous avons jusqu’à présent insisté sur la question, qui est bien au cœur de la période, de la rénovation-destruction et de ses effets. Toutefois, réduire l’histoire plaisancienne à cette dimension serait distordre par trop la réalité. Ainsi la majorité de l’immobilier du quartier (environ 65 %) n’a pas été touchée par ces opérations – au moins directement. Ainsi vit-on à Plaisance aussi dans un cadre urbain inchangé ou peu changé, en particulier à l’est de la rue Raymond-Losserand, vers Didot et Plantes. Il se crée alors des modes de vie, des populations qui cohabitent ou voisinent, parfois échangent, parfois s’ignorent.
Du quartier de travailleurs au quartier à forte mixité sociale
292Il nous a été difficile d’obtenir les résultats des recensements postérieurs à 1954. C’est grâce au géographe Yvan Chauviré, qui a constitué des bases de données sur la population parisienne, que nous pouvons présenter cette analyse succincte.
293La dépopulation du quartier (et de Paris) n’échappe pas aux observateurs les plus divers, qui constatent que la rénovation ne fait qu’accentuer le phénomène : « La rénovation du quartier de Plaisance, même avec l’apport des nouveaux locataires de l’immeuble Maine-Montparnasse et de l’ensemble de l’îlot des Mariniers se solde par une diminution de la population565... »
294Pour certains, notamment dans le milieu des anciens de la Société historique, il s’agit là de la traduction contemporaine d’un mouvement commencé au xixe siècle, qui fait que le « petit » tend à rechercher l’acquisition d’une petite maison en verdure, ce qu’il ne trouve plus à Plaisance. Plus que d’une contrainte, il s’agit d’un choix : « Le même tenace espoir de la maison individuelle commun à l’employé comme à l’ouvrier éparpille sans cesse les plus économes vers leur rêve : de nouveaux et lointains villages566. » Le rêve de la « banlieue verte » serait ainsi à l’origine d’une aspiration à quitter Plaisance et son habitat dense567. La période de la « rénovation » ne ferait ainsi que prolonger un mouvement commencé dès l’entre-deux-guerres et qui s’accentue après la Seconde Guerre mondiale : la génération de 1914 « est partie à de rares exceptions près en banlieue568 ». Cette thèse, qui voit dans ces départs la reproduction de mouvements de tout temps, est par trop unilatérale. En effet, les départs précédents s’effectuaient dans le cadre d’un quartier à population croissante ou stable alors que, là, le mouvement s’accompagne d’un solde très négatif. Il y a lieu d’examiner d’autres facteurs de cet « exode de la population569 », dont la dimension contrainte est évoquée par d’autres570.
295Étudions d’abord le tableau qui présente l’évolution de la population active, qui décroît un peu plus vite que la population du quartier. Les chiffres sont évidemment attendus et la tendance est bien la tendance parisienne (et non celle de la France, qui ne connaît pas un déclin des ouvriers avant 1975). Mais pour notre propos, nous retiendrons quelques faits significatifs. Le déclin des ouvriers, dominant depuis 1860 à Plaisance, est intense (moins seize points). Il commence avant la rénovation. Une très intéressante étude portant sur l’îlot 2 782, un des plus populaires de Plaisance, confirme ce fait. Les ouvriers y passent de 56 à 44 % de la population active entre 1954 et 1968 alors même que la rénovation-destruction n’a pas commencé (un seul petit immeuble détruit au 22 rue Du-Cange). La proportion des cadres y est multipliée par deux (de 7 à 15 %) comme approximativement celle des salles de douche ou de bains dans les logements (de 4 à 12 %)572. De premières réhabilitations, isolées et privées, ont donc lieu avant la rénovation, qui se poursuivront pendant et après.
296La rénovation accentue le mouvement de chute des ouvriers. Toutefois les classes populaires salariées, si elles chutent significativement, restent encore majoritaires dans le quartier au début des années 1980. Les petites classes moyennes progressent légèrement et connaissent une mutation classique avec le glissement des artisans-commerçants (ou de leurs enfants...) vers les cadres moyens ou techniciens. Évolution qui n’a rien de particulier à Plaisance, à peine plus accentuée finalement573.
297Le plus spectaculaire est sans doute l’arrivée des classes supérieures, d’une vraie bourgeoisie à Plaisance. Nous avions vu qu’elle était presque totalement absolument absente du quartier (sauf de quelques îlots privilégiés). Sa progression est brutale, surtout après 1968, dans le contexte donc de la « rénovation ». Sans doute est-elle absente des grands logements sociaux (sauf de ceux qui sont à proximité de la porte de Châtillon ou de certains ILN), et se concentre-t-elle dans les nouveaux logements de standing construits avenue du Maine, ou dans les logements Bofill... Mais elle envahit aussi certains logements anciens au fil d’une réhabilitation qui donne grande valeur aux anciennes petites maisons plaisanciennes sans confort. À l’intérieur même d’un petit immeuble coexistent aussi appartements de très bon confort, rénovés par de nouveaux propriétaires-habitants, et appartements de piètre confort.
298Rapidement, Plaisance passe donc de son statut de quartier à très large hégémonie ouvrière et populaire à un quartier avec une grande mixité sociale et une grande diversité de situations (dans le cadre d’un salariat qui reste hégémonique).
299Ces évolutions sont assez bien vues par les observateurs. L’image du Plaisance quartier « populaire574 », quartier « pauvre575 », quartier ouvrier576, est encore très présente en 1958 et dans les années 1960. Ces visions perdurent jusqu’en 1975577 et, comme avant 1958, exagèrent naturellement quelque peu la présence des artistes et des artisans dans cet antique peuple prolétaire plaisancien : « C’est un quartier populaire, d’ouvriers et d’artisans, avec une grande tradition artistique, mélange bohème et anarchiste578. » Puis vient le temps de l’incertitude. Edwige Avice, en 1980, évoque encore un « important quartier populaire » mais qui cède le pas aux riches579, et Alain Keramoal parle des « derniers vestiges d’un quartier populaire appelé Plaisance580 ».
300Le constat du départ ou de la chasse des ouvriers et de classes populaires ou modestes et de l’embourgeoisement de Plaisance ne cesse d’être effectué. La physionomie de la population de Plaisance ou de certains de ses îlots est « radicalement modifiée581 ». L’Association de défense du Moulin des Trois Cornets (rue Raymond-Losserand) estime que la « spéculation chasse les couches populaires de Paris. À cet égard la situation de Plaisance est exemplaire.582 » Edwige Avice note aussi que Plaisance « pense, s’appuyant sur sa propre expérience que Paris est désormais une ville réservée aux catégories sociales les plus fortunées583 ».
301Assez naturellement, le sentiment de l’embourgeoisement et la nostalgie se cumulant, rares sont ceux qui voient au tournant des années 1970 et 1980 que le quartier est devenu un quartier mixte socialement. Pour certains, qui mythifient le passé, il s’agit d’une continuité. Dans un article titré « rénovation n’est pas rupture », dans le journal gaulliste, l’auteur anonyme se réjouit que se maintienne « ce mélange d’âges et de professions qui fait de notre quartier un groupe social original584 ». Raoul Vilette, un Parisien connaisseur des zincs, constate avec plus d’acuité que dans les bistrots du quartier, « la petit bourgeoise new look, du type de celle qui s’est implantée dans ce quartier [...] depuis cinq ans » côtoie plus ou moins les habitants populaires encore nombreux585.
302La difficulté de la cohabitation de l’ancien peuple et des nouveaux habitants a été perçue par certains. Ainsi le curé de Notre-Dame-du-Travail estime que désormais « [f]aire une paroisse c’est faire cohabiter des personnes et des groupes d’horizons sociaux et culturels peu homogènes, qui, bien souvent, se contentent peu ou prou de s’ignorer586 ». Dès 1968, le maire de l’arrondissement, Gilbert Perroy, saluant les nouveaux habitants de l’opération Maine-Montparnasse, souhaite que ceux-ci constituent avec les anciens de Plaisance une « vraie communauté de quartier, faite de travail et d’entraide entre jeunes "cadres" et vieux artisans, entre jeunes et vieux travailleurs, les nouveaux sachant et voulant vraiment écouter les anciens587. »
303Ces appels furent-ils suivis ? Il faudrait poursuivre cette étude par une étude d’anthropologie culturelle pour le savoir. Toujours est-il que le choc socio culturel est manifeste dans les années 1970 et 1980. Avec de curieux effets générationnels, les nouveaux devenant des anciens comme cette mouchottienne arrivée en 1973 et ironisant en 1991 sur la nouvelle rhumerie de la place de Catalogne, destinée à une « élite en mal de cocktails588 ». Vingt ans avant, des graffitis « HLM pour riches » avaient été dessinés dans les ascenseurs de la rue du Commandant-Mouchotte par de vieux Plaisanciens589 ! Les nouveaux faux ateliers d’artistes, en fait logements luxueux590, les couples de « jeunes cadres dynamiques591 », leurs goûts snobs à l’Entrepôt592 jureraient avec la vie populaire.
304Il est temps maintenant d’examiner les populations plaisanciennes et leurs modes de vie. Compte tenu de ce contexte évolutif, nous présentons d’abord ce qui nous semble relever de la continuité, de l’ancien, puis ce qui apparaît ou s’accélère. Cette division ne devra toutefois pas être prise trop au pied de la lettre tant ancien et nouveau sont souvent appelés à s’imbriquer.
Du côté de l’ancien
305Même sensiblement racorni par les destructions, le bâti ancien demeure important. Sans revenir au débat sur sa taudisation, les descriptions convergent plutôt sur son charme593, qui tient en grande partie à son pittoresque, à son ancienneté ; les « cours verdoyantes594 » ou les « maisons de village aux lignes déformées par le temps595 » sont poétisées par un poète local G. Duguet : « On y [à Plaisance] voit d’anciennes masures/Qui, malgré rides et blessures/Ont résisté596. »
306Les immeubles du xixe siècle au plan clair et agrémentés de jolies fenêtres597, les portes ouvragées en bois, « le vieil escalier598 » sont aussi encore remarqués. Sans doute cet habitat se fait-il plus rare et, en 1991, Alain Keramoal fait de la « descente de la rue Raymond Losserand, une ultime plongée dans l’habitat d’autrefois599 », voyant dans la cour du 121 « une maison ouvrière typique du Second Empire ». Georges Brassens constatait de même en 1979 que « la rue de Vanves, ça n’a pas trop changé600 ». La rue des Thermopyles devient le modèle de cet habitat pittoresque et résistant. Une diapositive du CRDP de Paris, prise en 1979, est accompagnée de ce commentaire :
Au cœur du quartier populaire de Plaisance cette voie a conservé sa physionomie du xixe siècle : chaussée étroite, pavée, bordée de maisons basses, accompagnée parfois de minuscules jardinets, d’ateliers ou d’entrepôts de fortune601.
307Ainsi le décor planté par Alexandre Arnoux en 1958, « on voit encore à Plaisance des porches rustiques, des cours de métairies abandonnées de leurs porchers602 », subsiste quelque peu, ici ou là, même les hôtels pour immigrants dont une soixantaine existe encore en 1978603. Parfois il s’agit seulement de quelques maisons ou immeubles isolés, à proximité des nouveaux logements comme la célèbre buvette de Paulette au 17 rue Decrès604. Enfin, notons que la plupart des beaux immeubles en pierre de taille construits entre 1890 et 1914 ont été sauvés de la rénovation-destruction.
308À décor ancien, familles et habitants de longue date plaisanciens ? Nous avons déjà largement cité ces témoignages recueillis dans les années 1970 par la Société historique et montrant ces lignages plaisanciens de longue durée comme la famille Taulin, dans le quartier depuis 1860. D’autres témoignages nous les présentent comme ces deux habitants qui évoquent la chute du dirigeable Le Pax en 1902605 comme cette centenaire, Albertine Pichot, habitant le même appartement de la rue Raymond-Losserand depuis 51 ans606, ou l’imprimeur M. Cornu, né rue du Château, dont le père s’est installé là en 1920607. Ces évocations participent certes de la construction du souvenir ou de la mémoire locale608.
309Malheureusement, la pauvreté des sources de l’INSEE ne nous permet pas de calculer la part des natifs de Plaisance dans la population des années 1970 et 1980. Ces « anciens » de Plaisance, ces lignages plaisanciens sont-ils si nombreux dans un quartier qui connaît une forte dépopulation, un fort exode et de fortes mobilités ? Et nous avons vu que nombre de vieilles maisons ou d’antiques appartements sont occupés par de nouveaux habitants.
310Il faut aussi faire une petite place aux plus récents des habitats anciens, les ex-HBM construits dans l’entre-deux-guerres ou dans l’immédiat après-guerre. Il y a peu d’informations sur eux. À l’exception de la presse communiste609, ils n’intéressent guère. Le sentiment est évident d’une détérioration de cet habitat. La construction du boulevard périphérique affecte les immeubles les plus pauvres de la porte de Vanves. Les trottoirs sont souvent « défoncés », les squares miteux et bruyants610. Seul l’échec de la radiale évite à d’autres HLM d’avoir une autoroute urbaine à quinze mètres de leurs fenêtres611.
311La dégradation des logements, après les efforts consentis des années 1930 au début des années 1960612, est aussi évidente. Les HLM Vanves-Bouchor ont des appartements mal isolés, non ravalés, sans aire de jeux613 Significatif est l’état de la crèche du 156 rue Raymond-Losserand : « Au fond d’une petite cour. Locaux minuscules où la lumière n’entre pas614. »
312La criminalité n’y était pas nouvelle, nous l’avons vu s’y manifester dès les années 1930. On peut noter que se manifestent des rivalités pour le contrôle du quartier, dans les années 1980, entre « les habitants, principalement originaires des immeubles en briques rouges (le 156) » et ceux « provenant de la porte de Vanves ou de la rue Didot615 ». C’est aussi l’époque où la population de ces HLM commence à changer. La population y avait toujours été modeste – voire très modeste à la porte de Vanves. Mais des populations d’origine immigrée y viennent en nombre à compter des années 1970. Même du côté des habitats collectifs, de bien meilleure qualité et longtemps réservés aux familles d’officiers ou des sous-officiers, vers la porte de Châtillon, des difficultés se manifestent notamment lorsque l’autorité militaire tente d’expulser les retraités et veuves les plus modestes qui ne paient plus qu’irrégulièrement leur loyer616.
313Il apparaît clairement que, le quartier ayant les yeux fixés sur la « rénovation », les pouvoirs publics et les médias locaux (l’analyse de 14e Village est significative de ce désintérêt) ont oublié, dans les années 1970 et 1980, ces – déjà anciens – habitats collectifs. Le réveil n’en sera, dix ans plus tard, que plus brutal.
Du côté des institutions
314Depuis les années 1900, les paroisses de Plaisance s’étaient quelque peu assoupies. Tant la brochure sortie en 1985 par le nouveau curé de la Morandais que le site actuel de Notre-Dame-du-Travail ne font pas non plus grand écho à l’activité paroissiale entre 1958 et 1985. Sans doute l’Église a-t-elle retrouvé quelques bienfaits de l’État avec la Ve République. Quelques signes symboliques le prouvent, comme le nom de Jean Viollet donné au square Didot en 1961. Les paroisses ne semblent pas avoir joué un rôle sensible dans la lutte contre la « rénovation ». L’abbé Greiffiths, en 1972, constate la menace contre le quartier pour conclure, « mais c’est le progrès, on est impuissant617 ». Des critiques plus vives contre la paroisse sont formulées par « Ludovic » dans 14e Village en 1978. Il dénonce le désintérêt de l’Église devant l’expulsion de la communauté de l’ARBRE du 86 bis rue du Château ; or le terrain était celui de l’ex-école des Frères Saint-Joseph et l’Église aurait dû, selon l’auteur, défendre cette « utopie vivante618 ».
315Le réseau d’œuvres, si vivant en 1900, avait largement décliné ensuite, à la fois du fait de leur sécularisation et de leur détachement des paroisses et du fait de leur marginalisation au regard de l’action des pouvoirs publics. Notre-Dame-du-Rosaire maintient son club sportif et son Cercle amical619. Mais le dynamisme n’est pas encore de retour.
316Les paroisses et les œuvres sont aussi affectées elles-mêmes par les destructions. En particulier l’emprise foncière importante de l’Église dans le quartier de Notre-Dame-du-Travail est grandement touchée. Au début des années 1970, le terrain du 86 bis rue du Château et, en 1980, celui du 27 rue Guilleminot appartenant à la Congrégation du Saint-Nom de Jésus et Marie, sont expropriés. Il n’est pas jusqu’au presbytère de Notre Dame-du Travail qui ne soit menacé ! Seule l’école Sainte-Isabelle tient bien le choc, développant son enseignement secondaire au 78 rue Pierre-Larousse où sont les Sœurs trinitaires de Valence.
317Les églises maintiennent aussi une certaine aura locale par leur monumentalité. Héron de Villefosse fait de Notre-Dame-du-Travail et de Notre-Dame-du-Rosaire « les seuls édifices intéressants du quartier620 ». Mais « Ludovic » pense que la première « a l’originalité péjorative, vue de l’intérieur, de ressembler à une usine par sa charpente métallique621 ».
318Au moins ces édifices permettent aussi aux paroisses d’accueillir des événements culturels. L’orgue du Rosaire attire un grand public et son maître de chapelle est réputé. Notre-Dame-du-Travail est le lieu d’une série de concerts « Musique dans la ville » en 1976 et ses tribunes sont remplies d’une grande assistance variée622. En juin 1980, la paroisse accepte qu’un concert de « Guilleminot en fête », la fête de 14e Village, ait lieu dans l’église623.
319Tout ceci ne semble pas permettre aux deux paroisses un rayonnement qui paraît bien médiocre dans un quartier de longue date très déchristianisé. La nomination de l’abbé de La Morandais en 1983 à la cure de Notre-Dame-du-Travail était assurément le signe d’une volonté de reconquête qui pourrait s’appuyer sur les mutations, bien analysées, du quartier. Mais ceci n’est plus notre histoire.
320Les trois grands navires hospitaliers de Plaisance continuent leur évolution vers une médecine moderne, qui s’éloigne toujours plus des pratiques d’assistance originelles. Notre-Dame de Bon-Secours peut s’enorgueillir de sa maternité, agrandie en 1971 et devenue dans les années 1970 un service de pointe, sous la direction du professeur Chartier, avec sa préparation active à l’accouchement sans douleur et les « maris en salle de travail624 ». À Saint-Joseph se construit un foyer moderne pour élèves et jeunes infirmières de 78 lits.
321Broussais poursuit sa réorganisation administrative dans un grand ensemble qui rassemble dans un même groupe Broussais, Antoine Chantin, la fondation Siegfried, 825 lits et 1 337 agents625. Les dernières salles communes, les derniers pavillons en bois disparaissent pour des pavillons modernes (Leriche, Mariniers) qui accueillent, autour des professeurs Dubost et Milliez, la médecine cardiaque de pointe (premier cœur artificiel en 1968...). L’hôpital devient glorieux626 et à la mode627, et les malades célèbres y sont nombreux, de Jean-Paul Sartre à Johnny Hallyday... Et Broussais s’ouvre sur des questions nouvelles (avortement, drogue).
322À ces trois grands hôpitaux, il convient d’ajouter l’hôpital Léopold-Bellan, qui survit au milieu du quartier nord de Plaisance, et l’Institut de puériculture du boulevard Brune, qui fait aussi hôpital de jour et centre de maladies infantiles628, les dispensaires et œuvres (Furtado-Heine) de la rue Jacquier.
323La rénovation-destruction affecte, par contre, certains établissements (dispensaires, œuvres sociales). La maison de l’Armée du Salut629, les baraquements du Secours populaire, au Moulin de la Vierge, la clinique privée du 219 rue Vercingétorix, le dispensaire de psychiatrie de la rue Guilleminot630 sont ainsi effacés de la carte. Même si elles ne sont pas concernées par ces destructions, certaines œuvres ont perdu le dynamisme de leurs fondateurs. C’est le cas évident de l’Association générale des familles ou du Centre d’action sociale du Moulin-Vert (qui concerne aussi le Petit-Montrouge) dont les bâtiments périclitent malgré les efforts de la majorité municipale631.
Effacement des ouvriers/Effacement de la misère ?
32417 000 ouvriers résidaient à Plaisance en 1954, 6 000 en 1982. Cet effacement absolu (et relatif, nous l’avons vu) du paysage social plaisancien des ouvriers était attendu dès 1958 par les experts avec les effets du départ des usines. Ils pensent que ceux-ci ne pourront faire face à de longs déplacements : « Certains ouvriers [de Hispano-Suiza] qui, depuis fort longtemps, avaient élu domicile non loin de leur travail vont se trouver devant le problème des transports de Plaisance à Bois-Colombes632. »
325L’image même des ouvriers du quartier ou du quartier ouvrier en est affectée naturellement. Le PCF tente de maintenir une image positive, insistant dans sa défense du maintien des ateliers de la poste boulevard Brune sur le fait que les ouvriers du timbre sont des artistes633. Certains artistes continuent aussi à porter cette association ouvrier/avant-garde comme le directeur du théâtre Plaisance, qui écrit encore en 1979 : « Il [le théâtre] se prête à ce jeu/où l’artiste et son double/sont créateur et ouvrier/dans un même préau634. »
326Toutefois, le départ des usines n’avait suscité que peu de réaction à Plaisance. Il semble aussi que le peu de réaction des ouvriers à leur départ fut assimilé par certains à une faiblesse devant les expulsions :
Jour après jour, dans tous les troquets et autres lieux de Plaisance, dans tous les PMU où flambent doucement les rêves du prolétariat et, jour après jour, pardessus comptoirs, zincs, tables, s’élève, redoutable, la puissante colère populaire : « Et un Côte du Rhône ! » Par un matin hivernal éclate au grand jour le premier incident. « Pas de problèmes. La REMISEP indemnise bien »635.
327Curieusement, 14e Village reprend ainsi une ancienne image de l’ouvrier alcoolique et moutonnier636.
328La condition ouvrière fait aussi l’objet de peu d’échos locaux (si l’on excepte les taudis que nous avons évoqués). Il est vrai d’ailleurs que, au sommet des Trente Glorieuses, celle-ci s’est très sensiblement améliorée. Toutefois, les accidents du travail637 restent mentionnés. Et la vie fragile est toujours là. Le parti communiste dénonce les saisies des meubles d’un ouvrier soudeur, père de trois enfants, habitant porte de Vanves638. Un article de la cellule Didot dénonce la mort d’un vieux couple de concierges, logeant dans une pièce malsaine, en 1971 :
Notre camarade Raymond est mort, Rue Didot, Le 8 janvier 1971, De MISÈRE [...]
Ils avaient « économisé » l’année dernière, pour ripoliner de clair les murs. 15 jours après le salpêtre avait tout cloqué, pourrit [sic]. La maladie les envoyait alternativement à Broussais. Alternativement... à cause des poubelles. Il fallait bien qu’un reste pour sortir les poubelles, sans cela ils auraient perdu la loge, leur abri, peut-être... L’alternative devenant impossible. Il est mort, elle a perdu la tête639.
329L’image du quartier misérable devient toutefois rare, même si, poétiquement, Jean-Jacques Aslanian pense encore que son théâtre est (bien) situé dans un espace « calculé aux confins de la misère et de la sensibilité640 », vieille thématique de la marge créative plaisancienne.
330De même s’efface l’image des marginaux habituels. Les derniers chiffonniers-clochards sont évacués du dernier reste de la zone (boulevard A. Pinard et avenue Georges Lafenestre) : « 102 clochards ont quitté les lieux, des barrières mises en place le samedi à titre préservatif [sic]641. »
331Cependant, les figures ouvrières et misérables ne disparaissent pas complètement de notre corpus des années 1970 et 1980. Mais nous verrons que c’est le travailleur immigré qui en devient l’emblème. Significatif est que les deux seules figures d’ouvriers évoquées dans 14e Village soient un travailleur du bâtiment portugais et un ouvrier algérien des Compteurs de Montrouge, domicilié dans un garni de la rue Pernety642. Il est vrai que, grande et particulièrement brutale mutation locale, les immigrés, qui comptaient pour 5 à 10 % des ouvriers du quartier en 1954, constituent en 1982 la majorité de nos ouvriers plaisanciens.
332Notons enfin que si le nombre d’ouvriers résidant et/ou travaillant à Plaisance diminue brutalement dans cette période, celui des employés se maintient. Mais cette population, qui dépasse la population ouvrière, ne fait l’objet d’aucun discours sensible. Elle ne fixe toujours pas d’image symbolique.
Les jeunes comme toujours…
333Il pourrait paraître paradoxal de situer les lignes qui suivent sur la jeunesse plaisancienne du côté de l’ancien. D’autant que la construction du groupe jeunes est généralement datée des années 1960. Mais, fondamentalement, « nos » jeunes nous semblent encore largement relever du mode social antérieur des jeunes des classes populaires parisiennes. On pourrait dire que, jusqu’à la fin des années 1970, Gavroche est encore là à Plaisance. Même si, de-ci delà, des lycéens et des étudiants semblent affirmer de nouvelles pratiques urbaines. En fait, c’est chez les plus jeunes, les enfants, que l’on trouve les premiers signes importants des nouveaux parents, plus aisés.
334Ainsi le modèle jeune, remontant au xixe siècle sans doute, de la liberté, de la rue, reste prégnant jusque dans les années 1970. Avec ses exaspérations de violence pour certains. Les mots ne trompent pas : « garnements », « 400 coups »... Les lieux ne trompent pas : les petites ruelles ou impasses, le reste de la zone, les terrains vagues et abandonnés sont les espaces privilégiés des jeunes, particulièrement des garçons : « la “zone” où aboutissaient les promenades du jeudi [...] c’était le no man’s land rêvé pour les ébats des garnements643 » ; « Dans les années 1960, les jeunes y faisaient les 400 coups644 » ; villa Deshayes, les gamins jouent au foot sans se préoccuper des voitures645. Les jeunes de tout âge occupent aussi, au grand dam de certains, les terrains vagues et jouent ainsi « sur un tas d’immondices646 ». Le square, quelque peu abandonné, de l’impasse Sainte-Léo-nie est aussi un lieu de prédilection des jeunes, qui y sont en permanence dans la journée et même le soir. Une photo nous les montre jouant au foot sur un terrain poussiéreux647. Interrogés par les membres de l’Association d’art public du XIVe qui pensent à réaménager le square, les jeunes sont clairs : surtout ne rien faire qui puisse toucher à leur liberté (surtout pas de gardiens !) :
Non vraiment, ce square, je le trouve très bien, même s’il n’est pas aménagé, moi je le trouve bien parce qu’on peut faire ce qu’on veut648.
335Cette liberté des enfants du peuple est remise en cause par la « rénovation » et ses équipements. Un des épisodes les plus significatifs est le sort réservé aux premières années du nouveau centre socio-culturel de l’avenue Marc-Sangnier, ouvert en 1970 sur un des derniers terrains libres de la « zone », non loin de la porte Didot. Voici ce que déclare son directeur d’alors :
Le centre, les équipements sportifs ont été implantés sur leur territoire. Il y a eu un refus presque tribal. Les premières années, les jeunes rentraient avec leurs motos, se battaient à coups de chaînes. Il y avait des vols. Certains s’introduisaient la nuit dans le centre pour l’occuper, dormir, s’amuser649...
336Et, se souvient le directeur, pendant plusieurs années, « il ne fallait proposer aux jeunes que ce qu’ils demandaient ». Cette attitude, nous la retrouvons souvent, avec des nuances plus favorables cependant, à la MJC, avenue de la porte de Vanves. Les incidents y furent multiples (mais il y eut aussi beaucoup de belles réalisations). Il est vrai que la MJC fut mal entretenue et qu’elle fut vite dans un état lamentable. Mais les bagarres y sont légion et 14e Village, pourtant quelque peu libertaire, peine à comprendre ce « grand casse ludique, gratuit650 ».
337La violence s’est aussi exercée contre l’école de la rue Maurice d’Ocagne, comme le montre ce fait divers de 1966 :
D’anciens élèves du groupe scolaire de la rue Maurice d’Ocagne, qui furent arrêtés, escaladaient, chaque nuit, les grilles de leur ancienne école, cassaient tout, tables et bureaux, déchiraient les blouses des filles, les livres, les cahiers et les dossiers... Ils n’avaient pas 17 ans651.
338Bien entendu, il s’agit là de cas extrêmes, qu’il faut différencier des petites bêtises commises par « la bande à Dupond », une « bande de petits Poulbots », sévissant rue du Château, dont les méfaits principaux consistaient à jeter des pétards dans le café du bougnat de la rue652 !
339Mais tout ceci confirme bien l’existence, jusqu’au début des années 1980, de jeunes accoutumés aux joies de la liberté de la rue, goûtant aux plaisirs de l’aventure urbaine, dans ses marges souvent, se groupant en « petite communauté » suivant l’expression du danseur étoile Patrick Dupond et réagissant aux empiètements de la norme urbaine éducative-hygiéniste sur leur mode de vie.
340Dans les milieux anti-rénovation-destruction où le rêve autogestionnaire était grand, l’attitude devant ces titis, un peu voyous, est ambiguë. Il s’agit d’organiser cette liberté. Pour l’ARBRE, il s’agit d’« offrir la possibilité d’offrir aux enfants de se livrer à des travaux concrets en relation directe avec ce qu’ils pourraient être amenés à vivre sur un terrain d’expériences-aventure, et dans le sein même de leur ville653 ». Pour le Comité Vercingétorix, « nous avons essayé de créer un bout de parc » pour les gamins654. Une institutrice du quartier, Simone Cassuto-Duprat, occupe un « terrain à l’abandon, jonché de détritus et de vieilles voitures » où elle organise des jeux avec les enfants655. Ainsi, il s’agit de partir du terrain d’aventures pour développer une mission éducative encadrée.
341L’autre alternative proposée, pour les enfants et les jeunes plus âgés, est la M)C, ambition656 des pouvoirs publics gaulliens ou malraussiens. Plaisance, quartier populaire, bénéficie en effet d’une MJC, construite dans les années 1960. On est bien là dans le nouveau ! Son ambition fut grande, y compris celle d’être au cœur de la culture populaire, comme le montre son organisation d’une grande fête « populaire » les 20-21 juin 1964657. La MJC est soutenue fortement par le PCF local, et les jeunes communistes du XIVe exigent la création d’une nouvelle MJC en sus de celle de la porte de Vanves et du centre culturel Marc Sangnier : « NOUS VOULONS UNE MAISON DES JEUNES DANS LE QUARTIER PLAISANCE658 ». La MJC s’engageant ou semblant s’engager aux côtés de la gauche plaisancienne, par exemple en participant au cross de 14e Village anti-rénovation de janvier 1978, est alors victime de restrictions brutales de crédits et « laissée à l’abandon659 ».
342La vraie innovation durable des années 1970 est la multiplication des ateliers pour enfants, qui correspond parfaitement à la nouvelle population du quartier qui souhaite multiplier l’offre culturelle et éducative pour ses enfants. Alors qu’en 1963, l’étude de la COPRAS660 notait l’extrême rareté de l’offre socio-culturelle ou socio-éducative pour les enfants, à la fin des années 1970, on compte certaine ment déjà plus d’une vingtaine de lieux de ce type. 14e Village est en pointe sur cette question, informant abondamment ses lecteurs de l’offre, qu’elle soit privée, étatiste, associative ou communautariste-sauvage. Si le journal a plus de sympathies, sans doute, pour cette dernière offre, il se doit de répondre à une grande demande et d’informer complètement. De l’école des parents (au Moulin-de la Vierge) aux ateliers municipaux de l’ADA (4 rue Didot), de Griffe Songe (24 bis rue Gassendi) à l’atelier de danse Lise Dubois (6 bis rue Hippolyte-Maindron), les listes s’allongent de propositions multiples pour la progéniture plaisancienne661. Et la boule de neige des ateliers pour enfants ne fera que gonfler ! Certains de ces enfants devenus ados constituent sans doute la clientèle de « jeunes plus divers » qui arrivent au centre Marc-Sangnier dans la seconde moitié des années 1970 et qui, avec le concours de diverses associations, vont contribuer à la stabilisation et à l’essor de ce centre, après sa difficile insertion dans la « zone662 ».
343Peut-être aussi faudrait-il considérer comme inédite la politisation des lycéens de François Villon, enfants des nouvelles petites classes moyennes du quartier. Après mai 1968, on les voit manifester contre l’expulsion des travailleurs immigrés de leur foyer en 1974663 ou (re ?)constituer un cercle de la Jeunesse communiste révolutionnaire en 1979664. Les Jeunesses communistes, qui ont une vie très active de longue date dans le quartier, semblent marquer le pas. Des tentatives d’organiser des jeunes dans des mouvements crypto-gaullistes, d’apparence plus ou moins apolitiques, firent, elles, long feu665.
344Ces lignes souffrent d’une absence évidente, celle des filles et jeunes filles, peu présentes dans nos sources, sauf en creux. Elles ne viennent pas jouer au foot avec les garçons square Sainte-Léonie, leurs blouses d’écolières sont déchirées par les tenants des équipées nocturnes dans l’école Maurice d’Ocagne...
Du côté du commerce et de l’artisanat
345Près de 4 000 commerçants-artisans résidant à Plaisance en 1954, moins de 1 500 en 1982. Comme les ouvriers, ce groupe social est un grand perdant de la période. Seule nuance possible, le nombre de boutiques et d’échoppes diminue sans nul doute à un rythme moins rapide, car de plus en plus de boutiquiers ou artisans n’habitent plus dans leur arrière-boutique ou au-dessus de leur atelier mais vont vivre ailleurs.
346L’image de la vie de ce secteur est toujours embellie par le souvenir et la nostalgie, qui y voient un des signes du quartier disparu. Cette image parasite quelque peu une réalité plus complexe. Car le déclin de ce groupe, s’il tient en partie à la rénovation-destruction qui fait disparaître un grand nombre des commerces et petits ateliers des rues Vercingétorix, de l’Ouest, Vandamme, etc., tient aussi au changement d’attitude des consommateurs et à une concurrence liée aux évolutions socio-économiques plus générales.
347Tous s’accordent cependant sur l’importance de la petite dimension, déjà ancienne, de ces activités. « Le petit hôtel qui lui fait face s’appelle Hôtel de la Gare666 » ; « Plaisance. Une toute petite boutique667 »... Présentant son film Daguerréotypes, de 1975, sur les commerçants du côté Maine de la rue Daguerre, le côté populaire, Agnès Varda en souligne le style « sans panache » à la différence des commerces côté avenue Denfert-Rochereau668.
348Ce sont ces petits commerces, de proximité ou de voisinage, qui disparaissent669, crémerie, épicerie670... Avec eux s’effacent aussi des goûts, des odeurs, des cris, des parlers et certaines sociabilités : une « mouchottienne » regrette la disparition des commerces de la rue Vandamme « avec ses charcuteries qui vendaient de vrais pâtés bretons, ses “chinois”, son boulanger, son café » et de la rue de l’Ouest avec son « odeur de marché de Provence671 ».
349Ainsi tous semblent se faire défenseurs du petit commerce, des gaullistes aux communistes, des anciens aux nouveaux habitants, et nombre de textes se prononcent pour leur réinstallation dans le cadre de la rénovation-destruction. D’autant que la boutique et l’échoppe seraient le porteur d’une vie sociale essentielle pour le quartier : « Ainsi disparaîtra toute une vie artisanale et commerciale, riche et originale672 », des « lieux de rencontres animés673 ». Cette vue mérite d’être nuancée. Les conflits restent latents entre habitants-consommateurs et boutiquiers surtout. Deux indices témoignent de leur perduration. Lors de l’enquête sociologique réalisée par le COPRAS en 1962-1963, une des conclusions les plus fermes fut que les commerces étaient trop nombreux, trop dispersés, trop petits et que les ménagères se plaignaient des prix. Elles souhaitaient un resserrement des commerces dans quelques rues (Losserand, Didot) et la création de parkings pour y accéder674. Évidemment tout cela répondait un peu trop bien aux espoirs du commanditaire de l’enquête, la SEMIREP ! Mais force est aussi de constater que ce sont bien les consommateurs qui font, en partie, la décision en se réorientant vers de nouveaux commerces qui suivent l’évolution de la consommation ou en allant dans les grandes ou moyennes nouvelles surfaces675.
350Les artisans suscitent moins de contestation. Leur défense repose aussi sur l’idéal du producteur-créateur libre, si forte dans les années 1970. Aussi les figures artisanes sont-elles légion dans la presse. Bien sûr, les artisans d’art sont au premier rang, mais il faut évoquer d’abord le cordonnier Pierre Perrin, dernier d’un grand métier qui avait dominé, on s’en souvient, le premier Plaisance, celui des années 1860. Au 24 rue Gassendi, dans une petite et pittoresque échoppe, il exerce le métier depuis 1966676. Mais il y a aussi Max Le Verrier, le fondeur d’art de la rue Deparcieux, installé depuis 1933677, le restaurateur d’art, Jean-Paul Ledeur, installé rue Raymond-Losserand, au n° 61, depuis 1960678, l’artisan serrurier Georges Merdin, rue de l’Ouest, qui fabrique le paquebot France en réduction6799...
351Tout n’est pas si simple dans ces renouvellements des boutiques ou des ateliers, où fonctionne une dialectique ancien-nouveau complexe. Ainsi l’imprimeur Cornu, vieille maison de la rue du Château, constatant la fermeture de vingt-cinq imprimeries en dix ans dans le quartier, voit la croissance de « petits commerces marginaux – Je veux dire dont l’utilité ne se justifie en rien680 ».
352Et, de fait, se multiplient aussi à Plaisance – à côté des modernes agences bancaires... des boutiques, plus ou moins ateliers, qui vendent des objets très variés et qui se réclament en partie de la tradition ancienne et artisanale. Le numéro de 14e Village consacré à la rue du Château cite ainsi une boutique de vieux jouets, au 102, une boutique-fabrique de puzzles au 116, une boulangerie de « Pain à l’ancienne » au 146681... Et en 1991, à la rubrique « Le passé recomposé – boutiques de charme – boutiques mode – artisanat » du numéro spécial de L’Express consacré au XIVe arrondissement ne figurent pas moins de sept adresses plaisanciennes sur les neuf du XIVe ! Il faudrait aussi faire leur part à la nouvelle architecture ou au « design » des nouveaux commerces convoquant passé et extrême modernité : « Le bureau de timbres ressemble à une bijouterie, le café a des airs de maroquinerie682. »
353Les cafés et les restaurants, de tout temps très nombreux dans les rues de Plaisance, restent les lieux d’une sociabilité très diversifiée où l’alcool est encore bien présent. Dans une belle enquête de 1980-1981683, Raoul Vilette nous en présente un bon nombre, dont on peut s’amuser à classer les caractéristiques :
Clientèle « mélangée » – Au Vieux Paris, rue Didot, « variée » – Le petit pot, rue Raymond-Losserand ;
Petit : Café-Hôtel du Berry (rue de la Sablière), « petit bistro fréquenté surtout par ceux qui ont peur de n’être pas toujours acceptés dans les autres » ; L’Oasis (rue Raymond-Losserand), « petit bar, un peu crade, mais bien animé » ;
Sombre, un peu crado : L’Oasis et le pseudo-salon de thé, rue du Château ;
Des traces du passé (« vieilles plaques publicitaires » rue du Château, « café traditionnel peu rénové », Au Vieux Paris) ;
Un patron à forte personnalité (gentil au Café Hôtel du Berry, un Kabyle venu des Folies-Bergère à L’Oasis) ;
Une vive animation (à L’Oasis, au Petit Pot avec le PMU), du bruit (de la foule, du jukebox, rue de l’Ouest) ;
Déco quelque peu baroque : couleurs vertes (gazon au Petit Pot), orange (rue de l’Ouest).
354Des caractéristiques voisines se retrouvent dans d’autres sources, avec ces petits bistros modestes et chaleureux comme Chez Renée, ouvert en 1959, au 51 rue de Plaisance, où « ça crie [...] foire du trône avec manèges humains [...] et hop les petits verres684 ». De nombreuses formes de sociabilité s’y déroulent ou s’y organisent. Certains patrons tentent de s’ouvrir à une clientèle jeune en leur présentant des jeux spécifiques685. On joue aussi aux dominos, on fait des projections de films686 ou de photos de voyage. Et, bien sûr, on joue à des tombolas687.
355Cette sociabilité populaire au café, ancienne, rencontre parfois la vie politique et sociale. Les vendeurs de l’HD vont régler leurs journaux Chez Raphaël, au coin de la rue du Château et de la rue de l’Ouest. Et le journal communiste Le postier de Brune a dans ses annonceurs Au Bon Accueil, que « de nombreux postiers se félicitent de connaître688 » !
356Les anti-rénovation usent aussi volontiers des bistros. On se rassemble devant Au Clairon lors des journées de 1977689. Une photographie de Robert Canault présente aussi la fanfare devant Le Cactus690. Il n’est pas jusqu’aux anciens combattants et résistants qui ne défilent derrière une fanfare pour aller faire un déjeuner au Bon Accueil691.
357Ainsi les cafés continuent-ils à être des lieux sociables et populaires même si beaucoup disparaissent avec la rénovation-destruction692. Mais tous n’ont pas bonne presse et des pressions s’exercent aussi contre eux. L’idée qu’il y avait trop de bistros, malgré leur pittoresque, à Plaisance se trouve, de longue date, dans les milieux hygiénistes, du maire de l’arrondissement aux assistantes sociales693. Il est vrai que les cafés sont nombreux, se côtoyant parfois : « Au milieu de la rue [Vercingétorix], ils sont trois, côte à côte694. »
358Certains bistros se situent aussi encore dans la tradition cosmopolite-artistique de Plaisance, « enclaves cosmopolites jouxtant des parcelles spécifiquement provinciales, propices, elles mieux que toutes autres aux aventures ambiguës, à l’inattendu, aux rencontres telles que les concevaient les surréalistes, à un exemplaire imbroglio de désirs, d’appétits, de vices masqués et de sournoises démarches695 ». La rue Raymond-Losserand devient « la calme et trompeuse rue Raymond Losserand » ! Et Ange Bastiani évoque le restaurant antillais La Ravine Chaude que fréquente Gérard Klein et où coulent l’alcool et le rhum, le bar jazzy du 177 rue du Château dit Le Téléphone rouge, Le Verseau, rue Raymond-Losserand, « une bonbonnière » ouverte aux homosexuels, et le club du 31 rue Vercingétorix dans une vieille cave « oubliette » de la rue, lui aussi homosexuel. Tous bars chauds qui prolongent à Plaisance ceux de la rue de la Gaieté ou de la rue du Maine. Tous lieux qui disparaîtront avec la « rénovation » et l’offensive hygiéniste.
359Alors qu’au contraire se développent les cafés-spectacles comme Le Magique, rue de Gergovie, où Marc Havet présente toute la richesse de la chanson, ou comme le restaurant-café de l’Entrepôt, « bien clean » avec « ses garçons homos de bon ton » aux yeux de Raoul Vilette ! Ces lieux prolongent certes la tradition précédente du lien artiste-bistro mais en éliminant tout relent sulfureux.
360Par ailleurs se développe un commerce où les immigrés jouent désormais un rôle important. Ce n’est pas encore le temps fort de l’épicier arabe. Mais déjà les salons de coiffure comme celui d’Hamid et Ali, venus du Maroc, rue de Gergovie, ouvert vers 1965696, et les cafés sont souvent tenus par les immigrés. Au Vieux Paris est « repris par les Arabes », L’Oasis a un patron kabyle... Il y a aussi des bistrots portugais, rue Pernety. Le café Lexicon, 180 rue d’Alésia, café arabe, fait l’objet d’une descente de police en décembre 1978697, certains de ces établissements étant accusés de servir de couverture à la vente de la drogue.
361Le monde du commerce, du café et de l’artisanat, s’il compte beaucoup moins à Plaisance au début des années 1980, n’a pas pour autant disparu. Il a subsisté largement dans les rues qui n’ont pas été fortement concernées par la rénovation-destruction, se concentrant ainsi dans les rues Raymond-Losserand, Didot ou d’Alésia. Il s’est aussi, comme toujours, renouvelé. Les commerces changent leurs offres, les artisans leurs productions, les cafés leur style. Avec une double et complexe volonté d’associer modernité et héritage, le nouveau empruntant aux registres de l’ancien, en particulier du fait du retour de la nostalgie.
362Cependant ce monde continue à perdre de son influence sociale, qui était si grande autour de 1900 et qui avait commencé à décliner dans les années 1930. Très rares sont les initiatives comme celle de l’Association des Artisans et Commerçants du Sud XIVe, qui organise avec la mairie une série de « fêtes de la gentillesse à Plaisance698 ».
Les artistes plasticiens : la fin de la grande époque de Plaisance
363La rénovation-destruction avait concerné les plasticiens du quartier. Victimes des destructions de nombre de cités ou maisons d’artistes, ils ne retrouvent que partiellement des ateliers ou des ateliers-logements, et leur nombre est sans doute en diminution. Si certains ont vécu cette période comme une lutte ou comme le lieu d’un art d’avant-garde, cela n’empêche pas un certain déclin du Plaisance des arts, trente ans après celui de Montparnasse.
364L’importance du Plaisance artistique autour de 1960 mérite d’être notée699. C’est encore là, à cette date, que le nouveau réalisme trouve ses plus grandes forces. Plaisance « est des plus abondants en ateliers », note le sculpteur Gilbert Privât, lui-même Plaisancien700. L’Indicateur Bijou en recense encore 78 en 1962, ce qui est très loin de faire le compte, car ne se donnent à lire dans cet annuaire que les artistes devenus importants701. Et ce quartier contient « les plus charmants repaires d’artistes702 ». Du beau pavillon de Gilbert Privat, rue Raymond-Losserand, à la maison de village de Beaufort Delaunay703, rue Vercingétorix, ces cités, villas, impasses, sans compter les « très nombreux ateliers individuels, souvent masqués, au fond de jardinets ou d’impasses, en “chartreuse”704... », contribuent au pittoresque et à la petite verdure plaisancienne.
365Mais Plaisance reste marqué par la modestie du plus grand nombre de ses artistes (qu’elle soit contrainte ou délibérée). Les « modestes artistes705 » du quartier ont souvent leur atelier « sous les toits706 » comme Daniel Clément, installé dans une chambre d’hôtel, rue du Château707. Arrivé beaucoup plus tard, en 1981, rue Maurice-Ripoche, Louis Fachat vit et peint dans une modeste pièce où s’entassent les tableaux non vendus708. Les artistes plaisanciens restent sensibles à ce côté discret, enfoui, marginal qui caractérisait le quartier. Jean-Marie Drot se souvient de sa visite à Giacometti dans les années 1960, « je suis dans la caverne de quelqu’un qui se cache709 ».
366Ce qui n’empêche pas certains de ces artistes d’aimer la sociabilité locale. Michelle, installée dans un atelier moderne de la rue du Moulin-de-la Vierge, souligne aussi l’importance du bistro et du quartier où elle trouve son « énergie » d’artiste710. D’autres sont plus attachés à la sociabilité du groupe artistes, notamment dans les villas et cités où ils trouvent l’« ambiance agréable », avec des « goûts communs » et des échanges matériels et amicaux711.
367Ces modèles, finalement différenciés, de la vie des artistes plaisanciens vers 1960 sont attaqués par la rénovation, même s’il en subsiste toujours des aspects à la fin du xxe siècle. Il y a des morts ou des départs qui sont significatifs. La mort de Giacometti en 1966 est importante compte tenu de l’attrait considérable qu’il exerçait sur les jeunes artistes. Mais aussi, on voit bien que nombre de ceux-ci quittent le quartier, de Niki de Saint-Phalle à César, au début des années 1960. Certes, ceci ne tient pas au seul Plaisance. On sait que Paris, dans son ensemble, perd à cette période de son rôle premier dans les arts plastiques. Mais finalement Plaisance, qui avait été au cœur de la tentative de « l’envolée lyrique » et abstraite des années 1940 et 1950, témoigne bien de la convergence d’un déclin parisien et local avec la diminution du nombre des ateliers. Les « grandes heures » artistiques de Plaisance, même cachées sous celles de Montparnasse, ont vécu.
368Bien sûr, tout n’a pas disparu. Il y a même de nouveaux arrivants, comme Alfred Manessier, qui installe son atelier 51 rue Maurice-Ripoche en 1979, à 68 ans, ou comme Gromaire qui vient se loger, en 1964, rue Liancourt712.
369Des lieux ont aussi été maintenus et des artistes y sont restés attachés. C’est le cas du 26 rue des Plantes où Pignon est encore à la fin des années 1980713, de la villa Brune (même s’il y a eu bien des destructions). Zao Wou Ki, installé à Plaisance, rue Jonquoy, en 1959 est resté fidèle à son atelier bien caché714. Près de la porte de Châtillon, le petit groupe de sculpteurs et verriers installés dans des grands immeubles collectifs y reste bien présent comme Gérard Choain ou Bernard Mougin715.
370Il y a, enfin, ceux qui acceptent d’aller dans les nouveaux ateliers plaisanciens comme Edgar Lavergne716 ou Michelle, rue du Moulin-de-la-Vierge, avec, nous l’avons vu, plus ou moins de bonheur. Jean-Louis Lambert, le verrier et artiste en trompe l’œil, actif militant, est relogé (atelier-logement) rue Pierre-Larousse.
371Au bilan, malgré ces cas non négligeables, Plaisance manque de souffle – et plus prosaïquement d’ateliers – pour assurer le renouvellement de sa force artistique. À la fin des années 1980, pour les artistes modestes et marginaux, les prix d’un atelier sont déjà souvent inaccessibles. En outre pour les sculpteurs disparaissent les opportunités de s’installer dans d’anciens entrepôts, d’anciens petits ateliers industriels, récupérés désormais par les promoteurs.
L’effacement de la visibilité des provinciaux
372Plaisance avait été de longue date un quartier d’immigrés de province avec l’afflux des Bretons, en particulier (même si la diversité des origines avait été très grande). On voit, là aussi, s’effacer les traces de cette immigration encore évoquée par Agnès Varda lorsqu’elle se souvient de son film Daguerréotypes, tourné en 1975 et des commerçants « arrivés de leur village par la gare Montparnasse717 ». Jean Robic, le champion cycliste, arrivé à Plaisance en 1942, reste une des dernières gloires du quartier718. Des associations sont encore créées comme l’Amicale des Bretons originaires du canton de Faouët dont le siège est 55 rue de l’Ouest719. Si le siège des Bretons de Paris et de la région parisienne, la Maison de la Bretagne, est à Montparnasse, rue du Départ, son président, Pascal Pondaven, habite rue Vercingétorix. Mais, dès les années 1960, le plus grand nombre des associations bretonnes est en banlieue720.
373Trois épisodes sont significatifs de ce déclin de la présence et de la visibilité bretonne. En 1967, un débat a lieu au conseil municipal de Paris sur une proposition de Jean Tibéri que « soit prévue la construction d’un foyer du jeune Breton ». Il est relayé par un autre conseiller, P. Giraud, qui souhaite un foyer « pour les jeunes travailleurs bretons, si nombreux dans ce quartier ». La réponse du préfet est négative. Il y aura bien construction d’un foyer de jeunes, mais il ne sera pas ouvert particulièrement aux jeunes Bretons721. En 1972, le cabaret Le Ti-Jos, 27 rue Vandamme, le plus célèbre cabaret breton depuis 1949, est détruit dans le cadre de la rénovation. Il ne rouvrira pas ses portes à Plaisance722. Enfin en 1976 s’interrompt la tradition de l’élection de la duchesse de Bretagne, victime à la fois du vieillissement du rituel et de l’effacement de l’identité bretonne de Plaisance.
Entre deux : les sociabilités
374Les sociabilités constituent un cas type où il est presque impossible de démêler l’ancien et le nouveau, qui coexistent en tout. Le meilleur exemple en est sans doute les fêtes de quartier, antique tradition plaisancienne, qui se maintiennent ou sont réactivées dans notre période. Ainsi les anti-rénovation-destruction usent-ils de la fête à la fois comme moyen de lutte et comme mode de vie sociale du quartier. Dès 1975, faire « la fête » est une pratique du Comité Vercingétorix723 et 14e Village reprendra le flambeau de 1977 à 1980. En 1980, les Amis d’Edgar organiseront avec le théâtre Praxis un grand carnaval qui aura un énorme succès724. D’autres fêtes, plus institutionnelles, sont organisées, qui par la MJC de la porte de Vanves725, qui par les associations de commerçants, comme la fête de la gentillesse qui se tient en automne autour de la porte Didot726, sans compter les innombrables fêtes des écoles... Mais ce goût de la fête peut dissimuler des différences, différences d’avec les fêtes de l’avant 1958, différences entre les fêtes. Pourtant, toutes ont des points communs, comme la réoccupation de la rue, même si elle est plus sauvage chez les anti-rénovation que chez les institutionnels. Seules la braderie commerçante et une course professionnelle (les 50 kilomètres de Paris avec le soutien du Parisien libéré) distinguent vraiment la fête « officielle » des fêtes sauvages de 14e Village qui déclinent en 1980727.
375D’autres formes anciennes de la sociabilité populaire restent très vivantes : les jeux de chevaux728, de cartes au bistrot729, les dominos730 et surtout les boules : la mairie doit ouvrir un terrain de boules sur la dalle de la Petite Ceinture pour arrêter le jeu sauvage rue de la Briqueterie731. Vraie et durable résistance d’une culture populaire. Les bals, eux, se raréfient. Si abondants encore entre les deux guerres, les bals du 14 Juillet vont sans cesse diminuant. Mais aussi le bal annuel des associations disparaît. Les jeunes, il est vrai, ont d’autres lieux, et pas seulement à Plaisance, pour danser et se connaître. Certes des tentatives ont lieu, trace encore de la nostalgie. Ainsi, en 1977, la fête de 14e Village propose-t-elle un bal, et encore en 1980, un « bal musette ». Mais le genre a perdu de son attrait et ne reviendra plus vraiment dans le quartier. Vraie novation que cet affaissement.
376Le sport en est-il le substitut ? Ce serait mésestimer l’ancienneté de sa pratique à Plaisance. Toujours est-il que le sport est une activité très présente, au point que les pouvoirs publics doivent ouvrir des installations là où des terrains sont disponibles (stade et piscine sur l’ancienne zone732) et que 14e Village organise son cross annuel733 alors que les commerçants mettent une course de marche au programme de leur fête de la gentillesse. Dans tous les cas, il s’agit d’une appropriation du quartier. Ainsi le 50 kilomètres « anima tout le quartier de Plaisance734 » et le 3e cross du 14e Village parcourt tout le Plaisance en rénovation735. Le foot reste le plus populaire chez les gamins, mais le judo, comme ailleurs, plaît désormais davantage que le tir... Le vélo – comme sport – disparaît au profit de la marche et de la course à pied. Mais ici rien de particulier à Plaisance.
377Si la Fanfare du XIVe est parfois présente à Plaisance, si 14e Village en montre une photo736, ces témoignages d’une musique populaire, si essentielle à la fin du xixe siècle, diminuent comme partout ailleurs à Paris.
378Au bilan, nous voyons bien que si des formes anciennes ou récentes de la culture populaire plaisancienne tendent à s’affaisser, voire à disparaître, du bal au vélo, de la fanfare au cinéma, les formes les plus quotidiennes (de la belote aux boules, du tiercé à la magie737...) résistent, petits isolats populaires dans un quartier en plein bouleversement. Les fêtes et les sports sont plus des éléments de continuité, moments partagés plus largement par tous.
379La rue reste au cœur de cette sociabilité : « L’on se connaît, l’on s’interpelle, l’on se salue738. » On déjeune sur le trottoir de la rue Vercingétorix739 ou l’on boit l’apéro sur le trottoir de la rue Jonquoy740. Mais les transformations urbaines semblent affecter cette situation. Sans le dater vraiment, Agnès Varda constate qu’entre 1951 et 2003, « peu à peu la vie de quartier a évolué ; on se parle moins souvent qu’avant741 ». Le ..groupe Femmes du XIVe met cette évolution sur le compte de la rénovation-destruction, qui ferait que « les habitants ne se connaissent plus, s’enferment chez eux à la sortie du travail » et que « la rue n’appartient plus aux habitants, leur appartient moins que jamais742 ». Ici nous manquons cruellement d’études sérieuses ou de sources sur les pratiques privées des Plaisanciens, en particulier sur l’usage de la télévision, qui les intégrerait à la culture de masse.
Du côté du nouveau
Les immigrés
380Nous disposons d’une statistique, un peu vague, de l’évolution du nombre des natifs étrangers (ou coloniaux) à Plaisance et de leur proportion dans la population totale entre 1954 et 1982743.
381On voit bien l’augmentation considérable de l’immigration dans un quartier parisien où elle n’avait jamais été très importante jusqu’alors. Les flux sont aussi différents : aux Belges, Italiens et Russes d’avant 1939 se substituent Portugais, Algériens (Marocains et Tunisiens aussi mais en moins grand nombre) et plus tardivement Africains noirs. On s’accorde pour noter une concentration dans les taudis les plus pauvres744 ou dans les hôtels meublés, en particulier pour les Arabes. 60 hôtels à Plaisance accueilleraient ces immigrés745. La ZAC Guilleminot, au cœur de l’îlot insalubre, est « bourrée d’hôtels meublés où résident de nombreux travailleurs immigrés746 » qui y ont ainsi remplacé les provinciaux du premier xxe siècle.
382Ces immigrés sont donc au premier plan de la « rénovation » de Plaisance. En 1970, rue de Médéah, ils se battent pour être relogés, suite à une expulsion. Mais ils auraient été, selon nombre d’anti-rénovation, peu combatifs. Ainsi les auteurs du « concours d’idées » de 1980 évoquent le « faible taux de résistance » des « travailleurs migrants de nombreux hôtels meublés, faciles à déplacer ». Un membre du Comité Vercingétorix déclare à une journaliste que « les riverains de cette pauvre rue comprennent un tiers d’émigrés qui ne rêvent que de retourner chez eux » et n’ont aucune envie de se battre contre la radiale747. Ainsi, malgré la volonté d’agir en direction des immigrés de la mouvance anti-rénovation qui se marque par un grand article, « Histoire d’immigrés », dans le 14e Village de février 1978 et la création d’un groupe Immigrés748, il semble bien que les liens entre cette mouvance et les immigrés aient été fragiles.
383Un autre grand lieu où se concentrent certains immigrés sont les foyers officieux ou officiels. Ainsi, au milieu des années 1960, plusieurs centaines d’immigrés d’Afrique noire (surtout du Mali) se sont installés au 214 rue Raymond-Losserand, non loin de la porte de Vanves, dans une ancienne blanchisserie industrielle désaffectée. Ils seront brutalement expulsés le samedi 29 janvier 1974 par la police dans des conditions qui rappelleraient, selon le journal communiste, les « ratissages de sinistre mémoire ». Ils sont ensuite transférés dans plusieurs foyers des XIXe et XXe arrondissements alors que la démolition du bâtiment commence immédiatement ! On leur refuse l’usage du cinéma récemment fermé au 224 de la rue749.
384Cette expulsion très brutale entraîne de vives réactions de la part du PCF, de la LCR, du MRAP, des lycéens et professeurs du lycée François Villon et de diverses associations. Une manifestation a lieu dans les rues du quartier750. Il est vrai que des promesses répétées avaient été faites par la majorité municipale de construire des foyers pour « travailleurs migrants », passage de Gergovie751 et rue des Arbustes752. Le premier, avec 304 lits, est ouvert en 1976 ; situé dans les projets initiaux entre la radiale et la voie de chemin de fer ( ! ! !), il bénéficie de l’abandon du projet d’autoroute urbaine, mais reste aux marges du quartier. Le second, avec 300 lits, est ouvert en 1977 dans le cadre plus agréable d’une rue-impasse le long de la Petite Ceinture.
385La lutte contre les expulsions des Africains et pour la construction de foyers dans le quartier se prolonge dans la dénonciation des bavures policières. Ainsi l’irruption de la police au café arabe, 180 rue d’Alésia, à une heure du matin, le 27 décembre 1978, accompagnée de violences, du pillage de la chambre du gérant, de l’arrestation des dix présents suscite une manifestation du MRAP devant le café.
386Ces actions valent-elles compréhension et absence de xénophobie ou de racisme dans un quartier où la question de l’immigration n’avait jamais posé de graves difficultés, mais volontiers patriote ? On pourrait d’abord noter que les démarches (ou contraintes) communautaires sont déjà très présentes. Dans le foyer de la rue Raymond-Losserand se regroupent exclusivement des immigrés d’Afrique noire qui déclarent ne pas vouloir être dispersés car c’est une « communauté753 » qui est aussi un réseau de travail, nombre d’entre eux se faisant embaucher au service de nettoiement de la Ville. Dans les foyers officiels, si le regroupement est moins exclusif, il demeure la règle et les trois Africains interrogés par 14e Village en 1978 s’accordent pour dire qu’ils n’ont pas de liens avec le quartier754.
387Les Portugais, s’ils ont un habitat plus dispersé, se retrouvent entre eux dans des associations et des cafés comme Os Minhotos, rue Pernety, où les femmes ne peuvent venir qu’en famille755. Pour les immigrés d’origine maghrébine, la réalité est plus complexe. Ils habitent souvent dans des hôtels meublés, comme Ahmed K., venu à Plaisance en 1967, logeant dans un hôtel de la rue Pernety où se retrouvent des Arabes, des Kabyles et un seul Français. Il déclare n’avoir que « très peu » d’amis dans le quartier car « les gens sont méfiants ». Toutefois il a suivi un cours d’alphabétisation à Plaisance et il participe à des activités au comité d’entreprise des Compteurs de Montrouge où il travaille756. Ce qui contribue à sa socialisation. Ce cas est-il exemplaire ? Au moins l’insertion professionnelle des immigrés ne fait-elle pas de doute, des Asphaltes757 aux Compteurs ou sur les chantiers du bâtiment jusqu’à la crise qui s’ouvre à la fin des années 1970.
388Une autre activité étrangère est le commerce et les cafés. Nous avons vu les immigrés ouvrir salons de coiffure et bars. Dans ces cafés, tenus par des Arabes (de toutes nationalités ou origines), on note des mixités incertaines. Au Vieux Paris, « Algériens intégrés ou titulaires de la double nationalité et prolos français » se côtoient. À l’Oasis, tenu par un patron kabyle, le public est à dominante arabe mais ouvert. Au 65 rue de l’Ouest, il s’agit d’un vrai bistrot arabe758. Au Café-Hôtel de Berry, vieux bistro traditionnel et populaire, la clientèle française est, selon R. Vilette, pas trop raciste. Ce qui laisse planer un doute sur le sentiment populaire.
389Quelques mots enfin sur la communauté gitane de Plaisance dont les premiers éléments sont arrivés avant la guerre. Nombre d’entre eux habitent au « 156 », rue Raymond-Losserand, ou dans son environnement. Ainsi en 1967, « en face de l’école [Maurice Rouvier] un entrepôt immense était occupé par des gitans759 ».
390La présence d’une délinquance immigrée, d’origine sociale, n’est pas particulièrement nouvelle760 et ne semble pas susciter alors un grand écho.
391Rien n’est évidemment dit encore sur la question de la deuxième génération. Le silence de nos sources sur l’arrivée des populations d’origine étrangère dans les anciens HBM de la porte de Vanves ou dans les nouveaux habitats sociaux créés dans le cadre de la « rénovation » avec la résorption des taudis et meublés est plus étonnant, comme si ce phénomène n’avait pu être lu significativement par ses contemporains.
Du côté du genre. Plaisance à la pointe du féminisme
392Aux élections législatives de mars 1978, dans la circonscription de Plaisance, trois femmes sont candidates, Edwige Avice pour le parti socialiste, Rolande Perlican pour le parti communiste et Reine Franchi pour Paris-écologie761. Si Edwige Avice n’est pas élue du fait de la fraude, nous l’avons vu, elle prend sa revanche en octobre, à la suite de l’annulation, et devient députée.
393Cette situation politique n’est pas un hasard, elle traduit la forte avancée féministe dans notre quartier. Certes le mouvement féministe est présent partout ailleurs, en particulier à Paris, mais de multiples éléments convergent à Plaisance. Le groupe Femmes de l’arrondissement a son siège à Plaisance, au 88 rue de l’Ouest762. Mais nous trouvons aussi un groupe appelé Chansons de femmes (58 rue Pernety)763, un groupe appelé Les Répondeuses (105 boulevard Brune) et, dépassant le cadre local, le Centre de documentation féministe (revues de presse, permanence, dossier, revues féministes) au 110 rue du Château, puis au 50 rue de l’Ouest764. Une intense vie féministe, donc, qui fait suite à un combat important pour la contraception et l’avortement dans les années 1973-1978.
394Des liens importants sont établis entre des médecins femmes du XIVe et l’hôpital Broussais pour faire appliquer la loi Veil, avec le soutien de la directrice de l’hôpital, Mme Renoir, « qui a été admirable dans ce combat [...] avec des femmes du quartier765 ».
395La description qui est faite de la condition des jeunes femmes, « qui viennent en situation d’interruption de grossesse, déclenchée par elles-mêmes, par des concierges, par des copines à n’importe quel âge de grossesse », est impressionnante : « des filles qui avaient 20-25 ans qui arrivaient, qui étaient incapables de décliner leur identité, qui avaient 4 de tension » et des saignements graves766. Elle n’est sans doute pas pire que celle qui aurait concerné des jeunes filles des années 1950. Toutefois le quartier – et son grand paquebot hospitalier y est aussi pour quelque chose – dit maintenant ces choses-là.
396En est-il de même du viol ? Des cas de viol sont maintenant évoqués dans la presse. Ainsi Arielle écrit à 14e Village :
Le 31 avril, après la fête du XIVe, J. Y. m’a proposé de m’héberger chez lui, rue de l’Ouest. Quand je me suis allongée, il a essayé de me toucher [puis l’auteure de la lettre décrit une tentative de viol]767.
397Dans un esprit plus militant, le groupe Femmes du XIVe dénonce une tentative de viol dans le quartier à 20 heures et le refus du commissariat de police d’enregistrer la plainte768. Ces dénonciations publiques n’attestent pas nécessairement une croissance des viols, mais en prenant place dans l’espace public, ce discours énonce des tensions autrefois réservées au secret des mains courantes. Ces tensions se retrouvent – bien atténuées – dans les critiques que porte Edwige Avice à l’encontre de De la Malène, qui a voté contre la loi Veil769.
398Le modèle de la femme au foyer s’affaisse au profit de celui de la femme active770. Rappelons cependant que nous avions vu que les Plaisanciennes avaient été actives bien avant les années 1960, et des vieilles concierges de 75 ans sont encore là dans le quartier pour en témoigner771.
399La prostitution, encore assez présente dans les années 1950, tend aussi à disparaître du quartier, même au voisinage de la gare, au grand dam du sulfureux Ange Bastiani772. La destruction des ruelles voisines de la gare et de l’emprise des chemins de fer lui porte un coup fatal et définitif.
400Peut-on associer ces tendances qui ont des traits bien généraux à l’histoire de notre quartier ? Sans doute est-il le lieu de modernités sociales, sans doute aussi s’établit-il à l’occasion de cette période de rupture de l’équilibre urbain une mentalité plus libérée. Chez les Lloyd-Lebailly, dans un immeuble à demi abandonné, peuplé d’une famille d’artistes musiciens et cinéastes, l’esprit est « sex, drug and rock and roll773 ». D’autres se souviennent d’expériences amoureuses « dans les petites chambres en haut d’un de ces immeubles coquets voués à la démolition rue de l’Ouest774 ».
401Le quartier est aussi un lieu où se trouvent longtemps nombre de bars et clubs homosexuels, Le Verseau avec « une fidèle clientèle masculine peu soucieuse de protéger ses arrières » ou le 31 rue Vercingétorix avec « sa clientèle de charmants jeunes hommes qui ne connaissent pas tous Roger Peyrefitte [...] Sur la carte du club, un bien adorable adolescent aux fesses expressives, dessiné au crayon par Jean Boullet. Tout un programme775 ». Mais ici est-on bien dans le nouveau ? Ou au contraire dans le prolongement de la tradition du Plaisance permissif, permissif car marginal, où l’on venait comme Rosny aîné goûter aux ivresses les plus folles ? Le nouveau serait plus dans cette description des serveur(se)s au tout nouveau café branché du cinéma de Frédéric Mitterrand, l’Entrepôt : « service jeune », « filles sveltes », « garçons homos de bon ton776 ».
402Ces évolutions ont des limites. En particulier dans les communautés immigrées. Bien sûr, pas de femmes dans les grands foyers de travailleurs de la rue des Arbustes ou du passage de Gergovie. Pas de femmes dans les cafés portugais, sauf en famille. Mais aussi, dans un article sur le square Sainte-Léonie, fréquenté surtout par des gamins d’origine populaire, l’auteur note que les garçons (enfants ou ados) jouent au ballon dans le (très petit) square alors que les filles n’y entrent pas, restent assises à l’entrée et discutent entre elles777. Différenciation sexuelle ou discrimination sexuelle ?
403Dans tous les cas, la nouvelle condition féminine, le nouveau couple posent une exigence grandissante, l’ouverture d’un nombre toujours plus grand de crèches dans le quartier.
404Sans doute, au xixe siècle, les crèches étaient-elles destinées aux familles les plus pauvres où la femme était contrainte de travailler ; il n’en va plus de même à compter des années 1960 où la crèche devient indispensable pour des jeunes couples où le travail de la femme traduit une norme égalitaire. Soulignons aussi que le mouvement de professionnalisation des crèches se poursuit. Ainsi l’antique crèche Plaisance-Montparnasse, rue Jules-Guesde, au statut particulier du fait de son origine privée, rejoint en 1969 le service de la PMI778. La crèche, qui avait tourné depuis 1946 « à la force du poignet », garde son local ancien, avec sa façade pittoresque et ses pièces hautes de plafond et pas toujours fonctionnelles, mais peut ainsi baisser ses tarifs, rendre son personnel plus stable et se moderniser.
405La revendication de nouvelles crèches, poussée par le PCF779 et d’autres forces de gauche, aboutit à des constructions. Les grands projets urbains doivent d’ailleurs désormais envisager ou promettre une crèche en leur sein780. À la crèche un peu piteuse du 156 rue Raymond-Losserand s’ajoutent la crèche Sainte-Léonie ou du Maine (1949), agréable ancienne maison de repos reconvertie, mais peu accessible, la crèche Hippolyte Maindron (1961), la crèche Bardinet (1973), la crèche des Mariniers (1976)781. En 1978, six des sept crèches PMI du XIVe sont à Plaisance où convergent revendications féministes et exigences sociales. À ces crèches il faudrait ajouter les crèches « sauvages » que nous avons évoquées déjà mais qui ne dureront que le temps de l’utopie autogestionnaire. Les haltes-garderies se développent également. On en compte cinq en 1978 dans le quartier. D’autres crèches ou haltes-garderies ouvriront dans les nouveaux immeubles collectifs dans les années 1980.
La nouvelle question des vieux
406Titre paradoxal ? Mais il est vrai que le vieillissement bien connu de la population parisienne se retrouve à Plaisance, même rénové. Un signe : 8 % de retraités782 dans la population plaisancienne en 1954, 12 % en 1968, 16 % en 1982. Le mouvement est lancé, qui ne s’arrêtera plus. Et bien souvent évoqué, peut-être parce qu’il s’agit d’électeurs potentiels783. On insiste ainsi sur la rénovation (fondation Tisserand784), la reconstruction (Maison Jules Siegfried785) ou la construction de nouveaux foyers pour personnes âgées (le 12-14 rue de Ridder786), d’autant plus nécessaires que nombre d’anciens et d’anciennes ont été touchés par les expulsions.
407L’accent est désormais mis aussi sur les activités des personnes âgées, sur leurs clubs, particulièrement, bien sûr, à XIVe Village où, à tous les âges, il faut se prendre en main. On compte quatre clubs de vieux à Plaisance en 1977-1978787. Au foyer Jules Siegfried, dans le nouveau, « le très majestueux, très beau, très austère, très moderne bâtiment », le journal critique l’absence d’animateurs, le « vide », la « tristesse » des lieux788. La seule activité notée est la fête de Noël789. Au contraire, le club Plaisance, rue de Ridder, où une centaine de personnes âgées logent, est « gai, coloré, clair » et de multiples activités occupent 80 des 100 habitants790. Le club est surtout célèbre par ses marionnettes qui se donnent en spectacle à la fête de la radiale des 11-12 juin 1977791.
408Mais les personnes âgées, en ces temps de nostalgie et de mutation, sont aussi présentées comme autant de mémoires et d’identités locales. Elles sont abondamment interrogées par la Société historique, surtout les anciens de Plaisance. Les vieux et les centenaires sont célébrés pour leur fidélité au quartier792.
409Pourtant apparaissent aussi les signes de tensions ou de difficultés, au-delà de l’insuffisance des revenus des retraités que dénonce le PCF793, et des effets des expulsions. La solitude des vieux commence à être évoquée avec cet épisode d’une vieille dame de 83 ans de la rue Francis-de-Pressensé, morte seule, hémiplégique et paralysée, et qui avait refusé l’hospitalisation794. Isolement qui serait accentué, selon certains, dans les nouveaux grands habitats collectifs795.
410On note aussi certaines tensions avec les jeunes. Au petit square Sainte-Léo-nie, où les gamins jouent au ballon avec (trop de) vigueur, les retraités ne viennent plus796. Enfin, la personne âgée est mise en avant comme la plus fragile devant la délinquance : « Combien de personnes âgées ont été attaquées au retour des bureaux de poste797... »
411Dans un Plaisance vieillissant rapidement, les âgés sont bien ainsi source de nouvelles questions pour le quartier.
Retour des associations
412La distinction ancien/nouveau est particulièrement difficile pour l’étude du monde associatif. En effet, les associations ne cessent de naître et de mourir. La disparition d’associations et la création de nouvelles n’étonnent donc pas. Toutefois, certaines mutations peuvent être rapidement notées. Les associations qui avaient été si vigoureuses à Plaisance à la fin du xixe siècle s’étaient quelque peu assoupies au mitan du xxe siècle. Notre période connaît un renouveau associatif. Ce sont les associations liées à la « rénovation du quartier » qui constituent la vraie innovation. Nous avons déjà largement évoqué Vivre dans le XIVe, l’APUR, l’Atelier d’art public, l’association du Moulin des Trois Cornets, les comités de rues, le Comité Vercingétorix, toutes bases du mouvement anti-rénovation. Mais il y a eu aussi XIVe Aujourd’hui Demain, qui était proche de la SEMIREP, l’Association de défense du quartier Plaisance, proche du PCF, l’Association des artistes sans atelier. Des groupements sportifs participèrent à cette action, comme le Bougnat Pernety Football Club ou l’Association sportive Pernety et rues autour. Sans compter des associations plus généralistes, comme les Amis de la Terre, les Droits des Piétons et d’autres encore. Beaucoup de ces associations, si l’on excepte naturellement les comités de rue, ne sont pas « purement » plaisanciennes, à commencer par la plus active, VDL XIV, qui se revendique d’être du XIV et non de Plaisance, même si son siège vient à Plaisance.
413Ces associations, si elles sont les plus actives dans les années 1970, ne vivront, pour certaines, qu’un temps relativement court. Les associations de locataires ont une vie plus assurée, même si elles connaissent des difficultés comme la CNL XIV (qui a toujours son siège à Plaisance) dont les activités paraissent en dents de scie et affectées par la disparition de certains des immeubles anciens où elle avait une grande force.
414Les associations culturelles ou sportives restent nombreuses. Les associations sportives existaient de longue date à Plaisance, longtemps signes identitaires du quartier. Et les tireurs des Ex sont toujours là au 125 rue Raymond-Losserand. Le Rosaire anime encore son club sportif et, au 12 rue Crocé-Spinelli, les Magnarelles de Plaisance sont toujours actives. Nous comptons une quinzaine d’associations sportives souvent très marquées localement (Bougnat Pernety FC, Cercle pédestre de Montrouge, Club sportif de Plaisance, LOREM, Association sportive Didot-Plaisance...). On compte aussi de très nombreuses associations sportives liées aux écoles, collèges, usines ou bureaux
415Les associations culturelles se renouvellent davantage. Certaines héritent du passé comme le Moulin-Vert. Mais cette antique association de tradition familiale catholique doit céder le premier rang à l’association Plaisance – Notre maison, 32 rue Olivier-Noyer, de sensibilité protestante, mais ouverte à tous et où se multiplient les activités. Beaucoup s’investissent dans la lutte anti-rénovation : Vidéo-Flash, les Amis d’Edgar. Ce dernier cas présente un intérêt particulier. En effet, le théâtre d’Edgar n’est pas plaisancien, mais montparno, car situé boulevard Edgar-Quinet. Mais l’association des Amis du théâtre participe très activement dans les années 1970 à la vie sociale de Plaisance. Notons enfin qu’à l’extrême fin de notre période se développent des associations qui masquent une visée professionnelle (cours de danse, atelier d’arts...) et ne sont guère pensées comme associatives...
416En ces temps de mutations des structures familiales, les associations portant sur ce thème se développent, avec parfois une composante religieuse chez les plus anciennes comme le Moulin-Vert. Désormais l’enfant est au centre de la famille et les associations de parents d’élèves ont leur heure de gloire (en particulier, celle très active de l’école Maurice Rouvier, qui édite régulièrement un Bulletin). L’École des parents et des éducateurs s’installe au 25 rue du Moulin-de-la-Vierge, dans le nouveau grand habitat collectif. Mais il y a aussi, nous l’avons vu, l’efflorescence des crèches ou garderies associatives, des ateliers pour enfants, des écoles parallèles...
417Le recul des associations à but social avait marqué le Plaisance du premier xxe siècle ; le recul de la misère et l’intervention accrue des pouvoirs publics ayant rendu quelque peu caduques ces associations qui avaient fait la gloire de Plaisance à la fin du xixe siècle. Il faut attendre l’extrême fin de notre période pour voir un vrai renouveau de ces associations, renouveau qui ouvre d’ailleurs une autre période de l’histoire de notre quartier, où la crise sociale revient au premier rang devant la crise urbaine. La création du Moulin en 1983-1984 par Jean-Louis Lambert en est le meilleur exemple. Association qui s’occupe principalement d’apporter un soutien scolaire aux enfants des familles en difficulté, elle continue l’École des Parents en s’orientant beaucoup plus nettement vers une pratique sociale798.
418Plaisance accueille enfin toute une gamme d’associations, de Que Choisir ? à l’Union des consommateurs du XIVe, d’Autrement la Ville à Combat Transports et la Fédération des Usagers des Transports, sans compter les associations bretonnes – en baisse – que nous avons déjà évoquées...
419Ainsi Plaisance renoue avec le dynamisme associatif799 qui était le sien à la fin du xixe siècle. Pour autant est-ce un signe du dynamisme du quartier ? De l’implantation d’une nouvelle culture associative ? Nombre de ces associations (plus de la moitié) ne se pensent pas plaisanciennes, mais du XIVe, voire parisiennes même si leur terrain de prédilection est Plaisance. À l’opposé de ces groupements, le développement, plus durable, des associations de parents d’élèves dans chaque école, des associations de locataires dans les immeubles, des comités de rue, de crèches associatives, de micro-associations culturelles... témoigne d’un certain éclatement du quartier.
Vers une nouvelle culture ?
420Bien entendu Plaisance n’échappe pas aux mouvements culturels de son temps et sans doute y compte-t-on un nombre croissant de téléviseurs comme partout ailleurs. Mais de ceci nos sources ne témoignent pas. Par contre, nous voyons bien comment certaines pratiques culturelles (au sens ici classique et restreint du terme) se transforment, voire s’interrompent, pour céder la place, au-delà du temps brutal et, nous l’avons vu, créatif de la rénovation-destruction, à des pratiques toujours plus diversifiées, multiples et en relations complexes. Des pratiques qui correspondent, tout ou partie, aux nouvelles populations, après une phase intermédiaire de culture d’avant-garde qui se veut autant marginale, créative que populaire.
421Le départ définitif de Brassens en 1966 de l’impasse Florimont est sans doute un premier signe de la fin du temps de la culture populaire plaisancienne. L’autre signe le plus évident de cette évolution est le déclin des cinémas de quartier, qui avaient structuré la culture locale. Nous avions vu que, dans les années 1950, Plaisance comptait sept cinémas, ils ne sont plus que quatre en 1964, deux en 1975 et un en 1980 ! Encore ce dernier cinéma, l’Entrepôt, a-t-il un destin particulier qui ne fait plus de lui vraiment un cinéma de quartier, mais un complexe culturel parisien.
422Il faut en retracer l’historique800. En 1972, Frédéric Mitterrand reprend l’antique Olympic, rue Boyer-Barret, et en fait un cinéma d’art et d’essai. En 1975, il crée dans un ancien entrepôt, rue Francis-de-Pressensé, l’Entrepôt où il ouvre trois salles. L’Olympic fermera ses portes. Frédéric Mitterrand gérera l’Entrepôt jusqu’en 1986. Du cinéma de quartier, on passe ainsi au cinéma d’art et d’essai, puis à un complexe d’activités très diversifiées, avec l’ouverture progressive d’un café, d’un restaurant (cher), d’une librairie spécialisée dans le cinéma, d’une scène de concert, d’une petite galerie... Cette évolution attire l’attention des grands critiques comme celui du Monde, Jacques Siclier, mais Raoul Vilette se moque de cet endroit clean pour « petite bourgeoisie new look801 ». Informations 14e, le journal communiste, manifeste aussi son scepticisme802. Au contraire, l’Olympic avait gardé plus longtemps une vie de cinéma de quartier avec ses séances dont témoignent les souvenirs de Madeleine M., avec son inconfort : « il y avait les puces avec ! », mais « cela animait le quartier, c’était symbolique803 ».
423Pourrait-on voir une même évolution en ce qui concerne le théâtre ? En 1958, la chose est simple, de longue date Plaisance n’avait pas de théâtre. Le populo intéressé allait à Montparnasse ou à la Gaîté. Puis, en 1963, Jean-Jacques Aslanian ouvre son petit théâtre de Plaisance, au 111 rue du Château804. On s’y veut d’avant-garde et proche de la culture festive. En 1979, le théâtre s’ouvre aux enfants avec un cycle de clowns et comédiens, « Les Fabuliers », à 18 h 30805. Signe de difficultés (combien de séances devant de rares publics806 !) et d’une tentative d’adaptation à une demande de plus en plus diversifiée. Le théâtre ferme ses portes en 1986. Au théâtre avant-gardiste, festif, succède un théâtre plus institutionnel, plus « culturel » avec l’ouverture en février 1982807 Théâtre 14, au 20 avenue Marc-Sangnier, près du centre socio-culturel du même nom. Construit sur l’ancienne zone, dans le cadre de la politique de création des théâtres municipaux d’arrondissement par la Ville de Paris, il se situe sur le terrain du théâtre de haut niveau, exigeant, montrant autant de « classiques » que de « modernes ». Son public dépasse largement son aire géographique. Comme le centre socio-culturel, le théâtre ne suscite pas l’unanimité dans le quartier et le journal communiste regrette les « prix plutôt élevés808 »
424Dans cette évolution vers la culture dite « grande », il manque cependant un musée. L’ouverture du musée Adzak, du nom du peintre qui le fonde en 1980 et l’inaugure en 1984, 3 rue Jonquoy, témoigne du possible plaisancien à ce propos, mais il s’agit en fait d’un très petit musée, mal ouvert au public, inconnu des Parisiens809. Il faudra attendre encore vingt ans et la fondation Cartier-Bresson, impasse Lebouis, pour que Plaisance ait son musée...
425Plaisance accueille donc progressivement des structures culturelles, qui traduisent à la fois l’évolution du quartier et son inscription dans une culture parisienne plus large. Dernière étape de sa « civilisation » ou de son urbanité, de son retour dans la ville-centre En tout cas, après l’heureuse « surprise » de Jacques Siclier, c’est au critique musical du Monde de s’étonner de la grande réussite de concerts de musique classique à Notre-Dame-du-Travail, auprès d’un « public venu sans la moindre difficulté dans ce lieu insolite où l’on prédisait un four aux organisateurs810 ».
426Il y a également le développement, mais qui prend aussi corps sur la durée, des formules de micro-structures culturelles, salles de spectacles811, ateliers pédagogiques et galeries812 (jusqu’à une galerie spécialisée dans la peinture balinaise813...) qui s’ouvrent sur une grande diversité de propositions culturelles, tant montrées que pratiquées. De la musique de tout acabit aux petites manifestations théâtrales, de l’expo photo814 aux clowns et jongleurs, de la poterie au yoga815, de l’art de rue à la musique de chambre, sans compter un premier ciné-club816, toute une gamme d’activités à voir, entendre ou vivre sont désormais proposées aux Plaisanciens. Et la tendance ne cessera de croître. Là aussi, sans doute, le public est plus proche des nouvelles classes moyennes plaisanciennes, mais nombre de ces activités, de petite taille, de caractère fugitif, reprennent aussi des traits des anciens plaisirs plaisanciens, parfois explicitement.
427Plaisance a toujours accueilli des artistes de la scène, des auteurs compositeurs ; Brassens, bien sûr, mais aussi Anne Huruguen, auteure pour Enrico Marias817, Pierre Souki, l’ancien horloger818, Marcel Mouloudji dont le jeune futur danseur étoile Patrick Dupond se souvient, rue du Château : « Marcel Mouloudji demeurait en face de chez nous. Parfois il répétait dans la cour qui bénéficiait d’une acoustique extraordinaire819. » Puis, plus modernes, une petite bande de musiciens de la rue de l’Eure (autour d’Alain Planès et MBZ)820, le guitariste jazzy gitan qui avait ses habitudes aux Boulistes, rue Vercingétorix, René Mailhes821Gérard Bousquet, l’accordéoniste, fils du patron du Restaurant Bleu, rue Didot822.
428Plaisance (à ses limites de la rue Daguerre) accueille aussi un couple de cinéastes, avec Jacques Demy et Agnès Varda. Ils ont aimé tourner dans l’arrondissement du cinéma de fiction ou documentaire. En 1975, Agnès Varda tourne Daguerréotypes sur ses voisins les commerçants, travaillant avec un « câble électrique branché chez moi, bref [...] de chaque côté de ma porte. C’était un cinéma de quartier823 ». Une coopérative de cinéastes fonctionnait aussi, rue de l’Ouest dans les années 1980824. La question d’un quartier non plus cinéphile, mais cinéphilique, peut alors se poser825.
429Plaisance n’accueille toujours qu’un nombre assez limité d’écrivains, plus souvent des romanciers que des « intellectuels » d’ailleurs ; il y a certes l’écrivain de roman policier David Pierce, qui habite depuis 1953 villa Deshayes826, Jean-Claude Schineizer, rue de la Sablière827, Gabriel Audisio, Daniel Boulanger, Henri Héraut (peintre et auteur de Zoo), Thierry Masutti, Philippe Delannoy et quelques autres comme le secrétaire de Sartre, André Puig. Ce qui ne fait pas tant. Malgré la présence, un temps, d’Actuel, les intellectuels ne se bousculent pas, même s’ils viennent porter leurs réflexions autogestionnaires828. Le rêve d’Anne Huruguen, en 1963, de fonder dans le quartier un « club d’artistes et d’intellectuels » n’eut guère de suite829.
430Sans jamais devenir un quartier intello, et conservant une culture toujours diversifiée comme sa population, Plaisance tend cependant à s’intégrer finalement dans une culture rive gauche parisienne, mâtinée de la particulière et ancienne présence des artistes marginaux et de son expérience de la culture vivante et auto-appropriée de la phase de la rénovation-destruction.
Les nouveaux habitants ?
431Au milieu des années 1980, il est trop tôt pour étudier sérieusement les nouveaux habitants des nouveaux grands immeubles plaisanciens ou des maisons rénovées. Nous ne pouvons donc rien dire de solide sur les populations modestes qui viennent habiter les nouveaux HLM près du chemin de fer ou sur les terrains des anciennes usines, ni sur les classes moyennes ou bourgeoises qui viennent habiter les immeubles de standing de l’avenue du Maine, de la place de Catalogne ou, de-ci delà, des petits immeubles neufs ou joliment rénovés.
432Par contre, nous disposons de quelques éléments sur les plus anciens de ces nouveaux... Les personnes qui vinrent s’installer au milieu des années 1960 dans l’immense barre, rue du Commandant-Mouchotte, qui longeait la nouvelle gare Maine-Montparnasse, accompagnant la première opération de rénovation plaisancienne. De 2 500 à 3 000 habitants selon les sources830, massivement locataires, occupèrent des logements comportant tout le confort moderne, sans être très luxueux. Par ailleurs la grande proximité du chemin de fer entraînait une pollution, sonore en particulier, qui sera atténuée avec la construction de la dalle et du jardin Atlantique. La population, perçue comme privilégiée, comme habitant dans des HLM pour riches (alors que ce n’était pas un HLM), était essentiellement composée de classes moyennes jeunes831. Un habitant, le secrétaire général de la mairie du XIV a livré une petite brochure en 1979, Comment vivre à Maine-Montparnasse ? Certains y ont vu un « clapier aux intellectuels832 » ! En tout cas, les mouchottiens, comme ils s’appellent, fourniront des écrits plus tard à La Page.
433Les témoignages convergent sur la vitalité, assez typique dans la première phase des grands ensembles, de la vie associative des habitants833. L’Association des locataires est tôt créée, revendiquant contre la hausse des charges et de loyers ou pour l’amélioration des équipements publics. Une association culturelle verra aussi le jour834. En mai 1968, l’immeuble aurait été très soixante-huitard, « la plupart des fenêtres arborant des drapeaux rouges835 ».
434Curieusement, ces habitants d’une immense barre de plusieurs centaines de mètres de longueur sont parmi les plus actifs à se plaindre des phases suivantes de la rénovation. Ils luttent vigoureusement contre la radiale Vercingétorix836, qui devait aboutir en 1975 dans leur rue, laquelle ne pourrait plus être franchie que par deux passerelles ! Ils se plaignent aussi vivement des destructions opérées dans les secteurs Vandamme et rue de l’Ouest et de la construction d’un quartier sans commerces, sans charme, sans gaîté à leur voisinage immédiat, ce qui accentuait une certaine « grisaille837 » de leur environnement. Ces habitants d’une grande barre sans grand charme mais confortable et qui bénéficiaient d’un environnement pittoresque et vivant dans les années 1960 et au début des années 1970 se retrouvent alors au cœur du monde bétonné de Maine-Montparnasse, sans petits commerces et sans vie autre que celle de la gare et de l’hôtel Sheraton. La proximité de Montparnasse reste cependant un grand plus qui évite à la barre une paupérisation, issue plausible que connaîtront d’autres grands immeubles collectifs.
Nature et culture : squares et voitures, de nouveaux termes
435Plaisance avait connu avant l’expansion de Paris un temps mi-campagnard mi-urbain. Puis le développement du bâti avait sans cesse repoussé vers le sud, vers la périphérie, les dernières traces conséquentes de la nature-campagne au grand dam, au tournant de 1900, des nostalgiques du Plaisance verdoyant. La revendication de squares à Plaisance était vive, leur absence étant un signe de plus du quartier déshérité. Puis, au premier xxe siècle, nous avons vu le quartier s’intégrer à Paris, s’urbaniser, se citadiniser et l’aspiration à un square diminuer nettement d’intensité alors même que la densité d’habitants et d’habitations est extrême. Les plaisirs de la ville, plus que de la nature !
436Aussi ne faut-il guère s’étonner si, en 1958, Plaisance reste très mal loti en squares. Chacun le constate, de P. Maître et J. Tournant, les maîtres d’œuvre de la rénovation838, aux opposants à la rénovation. Par ailleurs ses deux squares sont en mauvais état, particulièrement le minuscule petit square de l’impasse Sainte-Léonie, avec ses 1 720 mètres carrés, « plateau sablé » à peine planté, sans aucun aménagement839, à l’abandon encore en 1979, plus terrain que square840. Ce qui n’empêchait pas le square d’être « très utile aux familles riveraines et à celles qui fréquentent la crèche du Maine841 » et aussi aux gamins du quartier. En juin 2000, Monts 14 évoque encore ce square « très apprécié autrefois842 ». Ouvert aussi à la veille de la Seconde Guerre mondiale, le square Didot, devenu Jean Viollet en 1961, n’a que 2500 mètres carrés et on en est encore en 1977 à envisager son agrandissement843.
437En 1960, toutefois, à l’occasion des travaux du périphérique, deux petits squares, de 2 500 mètres carrés environ, sont inaugurés au voisinage de la porte de Vanves844. Petits squares encastrés dans des immeubles pauvres, pollués par le périphérique tout proche, mal plantés, ils ne sont qu’un très petit appoint vert au quartier.
438Et pourtant, témoignages et, plus encore, souvenirs font fonctionner l’image d’un Plaisance encore verdoyant et campagnard jusqu’au début des années 1970. Il y a au 4 rue Raymond Losserand « l’ombre d’un marronnier de 50 ans que la gardienne croit planté par Napoléon [III], lui-même845 ». L’abbé Greiffiths, de Notre-Dame-du-Travail, évoque « de vieux jardins ravissants846 ».
439Ce sentiment d’une présence du passé vert de Plaisance est poussé à l’extrême chez Nino Frank, qui évoque en 1964 « cet air campagnard et populaire [qui] perpétue (...) le souvenir des champs de bleuets et de coquelicots où François Villon venait baguenauder847 » !
440Toujours est-il que la beauté des antiques verdures plaisanciennes est saluée avec abondance, « la cité demeure, à chaque printemps, une des plus belles de Paris et peut-être du monde entier848... ». Aux Trois Cornets il y a « un jardin magnifique849 », sans oublier le « cerisier merveilleux au printemps » qui était au bout du passage du Progrès jusqu’en 1976850. Robert Mandra, arrivé à l’école Maurice Rouvier en 1967, dit qu’« il y avait encore au coin une cour de ferme avec des poulets et des canards » tandis que Basile Kamir constate, en 1975, que son voisin, rue Vercingétorix, élève un coq et des poules. Lui-même avait « un âne dans son arrière-boutique851 ».
441Cependant, à bien examiner témoignages et souvenirs, des localisations précises de cette nature du tournant des années i960 et 1970 apparaissent. D’abord les jardinets des petites maisons852, puis les jardins des cités, impasses, villas, plus ou moins privées : « Regardez, en face, il y a une allée qui mène à de vieux jardins853 » Bien sûr, la cité Vercingétorix et ses ateliers fleuris en est le premier exemple, mais toutes les « impasses » peuvent être évoquées, comme la Villa Brune, à l’autre extrémité du quartier, « allée verdoyante854 ».
442On aura pu noter aussi que, très souvent, il s’agit de lieux où vivent les artistes : le sculpteur Petit vit au milieu du jardin du 4 rue Raymond-Losserand, la cité la plus fleurie est celle des artistes, rue Vercingétorix, la villa Brune accueille un grand nombre d’artistes...
443Plus rarement sont évoquées les cours des immeubles où fleurissent parfois quelques plantes et où poussent quelques arbres ou arbustes. Le dessin titré « Les cours », paru dans la brochure du concours d’idées organisé par l’APUR en 1980855, nous présente une jolie cour verdoyante. Mais est-ce le cas le plus fréquent même si les destructions révèlent les « lilas dans les cours856 » ou si des habitants transforment des cours en jardins857 ? Il reste enfin quelques glycines sur des façades, et les jardins des institutions (hôpitaux, fondations...), très rarement présentés.
444Une question mérite alors d’être posée – et son absence quasi totale dans le débat des années 1960-1985 est frappante : la grande majorité des Plaisanciens bénéficiaient-ils de ces « espaces verts » (comme on commence à les appeler à l’époque) et comment ? Seul le PCF demande une fois que les jardins des grandes institutions ne soient plus clôturés de murs pour être accessibles858. Certes, les cours des immeubles sont alors plus aisément accessibles que de nos jours, mais les quelques jardins qui s’y trouvent n’en sont pas moins peu ouverts aux passants. Les jardinets des maisons sont parfois derrière celles-ci et les Plaisanciens n’en bénéficient guère. Quant aux jardinets en façade, ils sont certes plus visibles, mais pas du tout accessibles. Au fond, il y a à Plaisance une verdure cachée, mal ou peu ouverte, et parfois découverte à l’occasion des destructions : « une maison en ruine laissait apercevoir en son ventre un arbre859 » ; « une végétation [...] surgit [...], en grands marronniers dans les patios éventrés des couvents860 ». Les visiteurs de Gilbert Privât le sentent bien en 1968 : « Et nous fûmes, pour finir, reçus au fond d’un jardin mystérieux et inconnu861. » L’artiste avait évoqué lui-même les ateliers « masqués, au fond de jardinets ou d’impasses » en 1963. La verdure est ainsi elle-même élément d’un dispositif qui tend à la discrétion de tous : « Des cités fleuries, entourées de murs de lierres ou de liserons. Leurs mondes [Plaisance et environ] sont défendus, ceinturés d’ombres et de feuillages. Ainsi se dérobent et s’isolent de modestes artistes, d’humbles artisans, de pauvres ouvriers sans avenir, des malades et des nécessiteux862. »
445Il reste qu’avec ses très rares et maigres squares, la majorité de la population plaisancienne, ne bénéficiant que partiellement des îlots privés de verdure du quartier, n’a que peu de contacts importants avec des « espaces verts », sinon par une sensibilité particulière à l’imaginaire tant du passé campagnard que de la cité des artistes. D’autant que les espaces sauvages sont devenus rares depuis le début du xxe siècle avec le progrès du bâti. Les derniers espaces qui subsistaient sur la zone sont progressivement occupés par le périphérique, des écoles, des stades, des centres culturels... Le dernier jardin sauvage est la Petite Ceinture où les jeunes pénètrent. La période de la rénovation destruction rouvre toutefois un espace à ces jeunes aventuriers avec la multiplication des terrains vagues, nous l’avons vu, entre le chemin de fer et la rue Vercingétorix, sa flore particulière et sa faune de chats ou de rats.
446Ce lien, en grande partie mythique, du Plaisance d’avant à une verdure campagnarde s’accompagne donc de l’association de la rénovation-destruction à une destruction de cette verdure. Complétons une citation partielle, déjà donnée plus haut, de l’abbé Greiffiths en 1972 : « Mais le quartier part en ruine, dommage. Regardez en face, par exemple, il y a une allée qui mène à de vieux jardins ravissants. » L’association est flagrante.
447Toutefois, la rénovation pouvait être l’occasion d’apporter à Plaisance les « espaces verts » qui lui manquaient, en particulier des squares ou des jardins publics. À vrai dire, les projets initiaux des « rénovateurs » n’abondaient pas en espaces verts (autres que ceux qui accompagnaient l’environnement immédiat des habitats collectifs). Ainsi il n’y a pas de square prévu dans la première étude de Maitre et Tournant de 1959. À la conférence de la société de rénovation de Plaisance tenue à l’Hôtel de Sens en 1961, Maitre déclare que « la création d’autres espaces verts étant d’un coût fort élevé, il est proposé de les remplacer par des coulées de verdure qui ont l’avantage d’éviter aux piétons la traversée des voies à grande circulation et où peuvent être aménagés des terrains de jeux et de sports863 ». Une coulée verte le long de la radiale, oui, des jardins publics, non ! Et le premier plan concernant le secteur Vandamme prévoit « de grands bâtiments séparés par des espaces libres garnis de verdure864 », toujours sans jardin public. Ainsi les effets d’annonce du type, « trois hectares d’espaces verts doivent être aménagés dans le secteur865 », mêlent-ils verdure le long des rues, coulées et verdure au pied des immeubles...
448C’est seulement au milieu des années 1970 que se développe fortement la pression en faveur de la création ou de l’amélioration et de l’agrandissement de jardins publics à Plaisance et que les pouvoirs publics initient une vraie politique d’espaces verts. Les mécontentements et les revendications signalent cette prise en compte : mécontentement de la dimension du square des Suisses, devenu un « bout de jardin866 », du mauvais aménagement et de la médiocrité des squares Raymond Losserand-Alésia et Pauly867 ou de ceux de la porte de Vanves868, de la multiplication des petits squares miteux869, des promesses non tenues : « Au fil des promesses non tenues [...] le quartier risque de se trouver un jour complètement privé d’espaces verts870. »
449Avec l’élection du maire de Paris, la question des espaces verts devient de plus en plus politique et, bien sûr, désormais le bilan municipal doit faire figurer en bonne place les réalisations vertes. Elles sont quasi absentes du journal de De la Malène en 1971. Mais ce dernier peut annoncer en 1977 et 1978 des réalisations riches : « En 70 ans 2 000 m2, en sept ans, 51 300 m2. Ou les espaces verts à Plaisance871. » Il est aussi significatif que la seule vraie annonce de Jacques Chirac le 27 février 1980, lors de sa visite à Plaisance, concerne la réalisation de deux squares872. Sans doute y a-t-il des annonces trop optimistes et les choses se réalisent plus lentement que prévues, mais sans doute aussi dans les années 1975-1980 l’élan est donné. La squaromanie ne s’arrêtera plus : square des Suisses, square Raymond-Losserand/Alésia, square Pauly, square du Moulin-de-la-Vierge873, square des Mariniers (qui deviendra Auguste Renoir), square rue des Arbustes. On en annonce d’autres en face de Notre-Dame-du-Travail874, au voisinage des immeubles Bofill, et, dès 1977, au niveau Bauer Thermopyles875. Certes il s’agit de petits, voire très petits squares, mais qui vont progressivement verdir ou reverdir Plaisance.
450La « coulée verte » le long du chemin de fer est, en partie, liée au sort de la radiale, mais ne s’y oppose pas vraiment car, dès le début, les promoteurs de l’autoroute urbaine en prévoyaient une, éventuellement sur la dalle qui recouvrirait tout ou partie de la radiale876 ou à son voisinage. L’abandon de la radiale en 1977 permet une réalisation assez rapide de ce cheminement le long de la rue Vercingétorix, cheminement qui ne cesse de se resserrer au fur et à mesure que l’on s’éloigne de la place de Catalogne et que l’on se rapproche de la porte de Vanves. Aussi y a-t-il quelque excès à parler de manière aussi optimiste que Mme de Andia :
Partout se multiplient jardins et musées de plein air [...] Ainsi se découvrent des gazons vallonnés autour du moulin de la Vierge, des ombrages le long de la coulée Vercingétorix877.
451Au bilan de cette forte évolution, Plaisance a perdu beaucoup de ses espaces verts privés (jardinets, cités, verdure des cours...), sauvages (terrains vagues, restes de la zone, emprise SNCF), voire semi-sauvages (rares très petits squares mal entretenus comme celui de l’impasse Sainte-Léonie) au profit d’un développement d’espaces verts publics qui s’aménagent progressivement et, semble-t-il, de manière consensuelle, même si les écologistes ont été les poissons pilotes. Fort retour, donc, de la nature en ville, mais domestiquée, citadinisée et qui pourrait passer comme plus sociale, puisque moins privée, s’il n’y avait ce refus vigoureux des gamins de Plaisance de voir aménager leur médiocre petit square Sainte-Léonie par les artistes de l’AAP, épisode que nous avons déjà relaté.
452Nombre de textes opposent aussi la voiture et la verdure. Dès 1968, N. G., de la Société historique, note avec regret que le beau jardin du sculpteur Gilbert Privat risque de disparaître pour « construire un garage à sa place878 ». Le Comité Vercingétorix estime en 1975 qu’une vraie coulée verte est incompatible avec toute radiale. Une journaliste dénonce aussi le fait que la radiale occupera avec ses cinq hectares le double de ce qui est prévu pour les espaces verts et que « planter le béton » coûtera beaucoup plus cher que planter un arbre879.
453Cependant la question automobile ne semble pas encore faire rage dans le quartier. Même si on voit bien que les tenants de la voiture se font plus discrets à compter des années 1980, il n’y a pas de raz de marée anti-voitures ou pro-vélos et, dans le discours local, ce n’est pas la pollution gaz qui est évoquée mais la sécurité automobile et surtout le bruit.
454Plus généralement, on peut constater que les idées d’élargissement des rues880, de développement du stationnement881, d’opposition aux PV et aux couloirs d’autobus882 sont encore assez largement exprimées jusqu’au début des années 1970. Significativement, ces thèmes, très présents dans la presse de la majorité municipale en 1971, en disparaissent presque totalement en 1977.
455Le mécontentement à propos de la sécurité automobile remontait, on l’a vu, à l’entre-deux-guerres et avait un caractère de classes affirmé. Avec la démocratisation de l’automobile et sa massification, cette thématique sociale disparaît, mais on continue à se plaindre des dangers, surtout au voisinage des grands axes où l’on roule vite883.
456Curieusement, les embouteillages (ou les transports en commun) sont très peu évoqués et c’est la question du bruit qui porte l’auto au premier rang des préoccupations locales. L’ouverture, au début des années 1960, du boulevard périphérique occasionne une gêne grave pour ses riverains. Et nous avons vu que le PCF est le plus actif dans cette dénonciation884. Dès 1966 d’ailleurs, on s’interroge sur la possibilité de construire de nouveaux HLM le long du périph. Un projet avait été avancé de 2 900 nouveaux logements de ce type entre la porte de Châtillon et la porte de Vanves, mais le niveau atteint en décibels est estimé trop élevé et la Ville construira à l’emplacement prévu des équipements collectifs885. Nous avons vu que l’argument du bruit avait été décisif pour faire renoncer à la radiale.
457Sans doute, enfin, si la voirie plaisancienne, généralement étroite et ancienne, gênait les transports par camion886, l’attachement des Plaisanciens à leurs rues est un des traits de leur opposition à la « rénovation » au point que, progressivement, les « rénovateurs » durent inscrire leur projet dans le respect de la trame ancienne. Seul l’extrême nord-ouest du quartier fut touché par la construction d’une nouvelle voirie, Commandant-Mouchotte, au voisinage de la nouvelle gare887. Quant au tunnel de l’avenue du Maine, il est tôt dénoncé888. Et chacun de se féliciter dans le courant des années 1980 de cette sauvegarde des « coins et recoins imprévus », rue des Thermopyles, villa Adrienne, rue du Texel889...
458Dans ces conditions, très peu d’aspiration à des rues piétonnières890 et encore peu de demandes de couloirs d’autobus, de pistes cyclables (hormis la coulée verte) même si on organise des manifs à vélo891 ou des grèves de la circulation892. Si la défense inconditionnelle de la voiture n’est plus de mise, l’auto n’est pas rejetée du quartier sauf par certains groupes qui restent très minoritaires893.
459Dans le rapport complexe qu’entretient un quartier parisien comme Plaisance au couple culture-nature, il avait longtemps joué un rôle de frontière, de limite entre les deux termes avant de devenir entièrement urbain. Il restait cependant l’héritage d’une nature modeste et privée, qui tenait du premier Plaisance et de ses suites, dont il semble que l’on se rende d’autant plus compte qu’elle est mise en cause. Les déséquilibres apportés par la « rénovation », la suppression de nombre de petites verdures privées, le bruit apporté par les véhicules dans les nouvelles grandes voies de circulation rapide, conduisent cependant à la recherche d’une nature plus abondante et plus organisée et d’une circulation mieux maîtrisée et moins envahissante.
Que reste-t-il de Plaisance ?
460A priori, on pourrait penser que l’identité plaisancienne a été affectée, affaiblie par la rénovation-destruction. Le quartier perdrait de son âme, de sa chaleur humaine et populaire. L’hypothèse mérite cependant un examen plus approfondi car des éléments contraires peuvent jouer. Ainsi la Cinquième République, rétablissant le scrutin majoritaire, crée en 1958 une circonscription du seul Plaisance (et non de Plaisance-Montparnasse comme avant 1939). Le territoire politique pourrait ainsi relancer un (en)jeu identitaire même s’il n’y a pas retour à l’élection d’un conseiller municipal de quartier. Par ailleurs la « rénovation » et les luttes autour de la « rénovation » attirent l’attention sur le quartier, au moins un temps. Mais le premier point qui mérite notre attention est l’éventuelle construction mémorielle d’une identité locale.
Fragilités des mémoires de Plaisance
461Beaucoup de la lecture et de l’appropriation du passé tient de la nostalgie d’un quartier perdu. Mais les supports de la mémoire se font également plus divers, plus complexes. La Société historique du XIVe prend de l’ampleur, atteignant quatre à cinq cents membres et publiant un volume annuel. Nous nous trouvons désormais devant une mémoire qui tend à l’histoire érudite. L’écho en est-il important ? Sans doute une centaine de Plaisanciens sont-ils des lecteurs de la revue annuelle. Cela suffit-il à faire mémoire plaisancienne partagée ? D’autant que la société et sa publication ont pour champ l’arrondissement et non le quartier, même si son dynamique président, le maire Gilbert Perroy, est attaché à la notion de quartier.
462Par ailleurs, l’enjeu urbain conduit à nombre d’études d’urbanistes, sociologues, géographes, architectes, essayistes divers qui font leur place à l’histoire du quartier, histoire souvent engagée dans un soutien à telle ou telle action.
463Ces deux nouvelles constructions du passé s’ajoutent à celles rencontrées dans la presse, ou les brochures locales, ou lors des rituels commémoratifs. Sans compter ceux qui pensent que le quartier n’a pas d’histoire (des journalistes souvent) : « Cette rue Vercingétorix, c’est merveilleux, elle n’a pour ainsi dire pas d’histoire894 » ou c’est un lieu « sans histoire895 ». Alors même que nombre d’habitants du quartier sont sensibles à leur passé, soit artistique, soit politique, comme ceux du 3 rue Vercingétorix :
Tous les habitants de la maison savent que cet atelier appartenait au « père Rousseau », ainsi le nomment-ils, cependant à leurs yeux, son passage n’est qu’un des nombreux événements qui ont illustré leur maison. Ils ont le sentiment de vivre dans des murs extraordinaires, au passé prodigieux. Des évasions spectaculaires s’y sont déroulées, la statue de la Liberté y aurait trouvé refuge pendant la guerre, et ils ont encore sous leurs yeux une issue des catacombes. Aujourd’hui la vie continue, la maison ne s’est pas transformée en musée et personne n’oserait affirmer qu’elle ne verra plus d’hommes ou d’événements exceptionnels896.
L’avant 1848 : une mémoire devenue sereine et quelque peu froide
464Le Plaisance d’avant Plaisance ou le tout premier Plaisance restent évoqués mais on trouve beaucoup moins les traces d’une nostalgie encore présente avant 1958 dans le dernier grand article que Gilbert Perroy lui avait consacré sous le titre évocateur de « Les grandes heures de Plaisance ».
465Ce passé est désormais regardé avec sympathie, certes, et tous peuvent s’y référer : du Plaisance rural et champêtre du xviiie siècle au Plaisance des barrières, des guinguettes et des romantiques du premier xixe siècle jusqu’aux lotissements de Chauvelot. Avec quelques confusions chronologiques bien naturelles.
466Voici, par exemple, dans le premier numéro du 14e Village cette présentation de la légende du Moulin-de-la-Vierge :
Jadis dans la riche plaine à blé de Plaisance, à l’écart des vignobles parisiens, s’élevaient fièrement sept moulins à vent dont les ailes frémissantes étaient, à l’occasion, cinglées par les brises d’île de France. Mais du moulin Neuf, du moulin Vieux, du moulin de la Pointe, du moulin à Beurre (qui devint après la Première Guerre mondiale ce fameux cabaret où se produisaient les artistes en vogue), du moulin Vert, du moulin de Charité (maintenant tristement esseulé au milieu du cimetière Montparnasse), il ne reste plus guère que la légende du dernier. Basile, boulanger du moulin de la Vierge, sis rue Vercingétorix, nous l’a transmise897.
467Les moulins, d’ailleurs, focalisent une attention898 retenue aussi par les noms des rues (même si la rue du Moulin-de-Beurre disparaît avec la rénovation). Plus largement, l’activité rurale (champs, vignes, fermes) est évoquée899, comme celle des carrières avec ce plan de coupe réalisé par les élèves de l’école de la rue d’Alésia lors de l’exposition du centenaire du XIVe arrondissement. Un usage, fonctionnaliste, de ces carrières est celui des pro-rénovation destruction qui y voient l’origine de la mauvaise qualité des constructions plaisanciennes900.
468On se plaît aussi, mais avec modération, à l’évocation du souvenir des guinguettes et cabarets fréquentés par les jeunes écrivains romantiques, les chansonniers et les artistes901 : « Déjà le chahut nocturne avait franchi l’avenue du Maine, au cabaret de la mère Saguet, l’ancien moulin au Beurre, où venaient Hugo, Dumas, écouter Béranger et les chansonniers anti-Bourbon902. » On veut se souvenir aussi du début de l’urbanisation plaisancienne903 avec les figures emblématiques de Chauvelot904 et du « Robinson de Plaisance905 », constructeur de sa propre maison, des premières manifestations d’une autonomie de Plaisance dans les années 1840 (la première paroisse906, les petites dissidences municipales907).
469Tout ceci fait-il mémoire collective plaisancienne ? La variété des sources et des émetteurs atteste en tout cas que ce passé ne fait plus débat ou enjeu. En ce sens, il y a là place pour une petite mémoire consensuelle d’un quartier périphérique parisien longtemps rural.
Les silences de la mémoire politique locale
470Les références sont très rares en ce qui concerne la mémoire politique plaisancienne. La vie politique locale est quasiment entièrement ignorée908 au point que, évoquant un immeuble de la rue Raymond-Losserand qui aurait appartenu à un ancien maire de l’arrondissement, le rédacteur de l’article doit laisser un blanc dans son papier909. Du politique on retient quelques anecdotes comme la venue de Napoléon III à Plaisance en 1866910. Les grandes crises socio-politiques sont passées sous silence ou presque (juin 1848911, la Commune912, la séparation de l’Église et de l’État, l’antisémitisme lors de l’affaire Dreyfus, 1936...). Il est frappant de voir que, dans sa brochure de 1985 sur Notre-Dame-du-Travail, l’abbé Maillard de la Morandais ignore entièrement la Commune (et son action anticléricale), les positions antisémites de Soulange-Bodin, la résistance aux inventaires...
471Curieusement, il en va de même pour les mémoires des deux guerres mondiales913. Il est vrai que ces mémoires passent d’abord par l’arrondissement. Certes des déportés ou des résistants ont donné leur nom à certaines rues, certes il reste quelques plaques sur les façades qui évoquent ces événements et ces hommes, en particulier la Libération, certes il y a les cérémonies commémoratives annuelles à la mairie du XIVe avec les associations d’anciens devant un nouveau monument aux morts inauguré face à la mairie, mais on est frappé de la rareté des textes914. Le plus significatif est l’absence de cette mémoire politique locale (et de toute mémoire locale d’ailleurs) dans la presse communiste. Si l’on y évoque naturellement la Commune ou la Résistance, c’est de manière très générale, comme si le parti communiste n’en avait pas construit une dimension locale. Il faut la sortie en 1979 du livre de souvenirs de Robert Francotte pour que cette période soit davantage prise en compte par la mémoire locale915. La Revue historique de l’arrondissement aborde aussi fort peu 1939-1945 et tardivement. Il faut attendre 1984-1985 pour la parution d’un article conséquent sur « Le martyrologue de la Résistance » dans l’arrondissement916. Tout ceci ne donne pas le sentiment d’une mémoire résistante locale très présente (hormis à la mairie ce qui est tout autre chose).
472Ainsi histoire ou mémoire de la politique locale reste quasi inexistante à Plaisance. Sans doute n’est-ce pas là un fait propre à Plaisance car la mémoire du politique est souvent à une autre échelle que le quartier. Et la construction d’une mémoire consensuelle politique était sans doute difficile. Mais le quartier avait toujours largement construit, nous l’avons amplement vu, son identité par le politique (ou le religieux). La contradiction est donc flagrante.
Le triomphe, un temps, d’une mémoire sociale et populaire
473Il y a là conjonction de plusieurs phénomènes. D’une part, le contexte général est à la mémoire du peuple ; d’autre part, cette mémoire rencontre bien la nostalgie du Plaisance populaire qui disparaît. Cependant, ce qui nous semble le plus intéressant est le tournant pris par la Société historique, très sensible dans une analyse de sa revue annuelle. Le nombre annuel des articles consacrés à Plaisance, assez faible jusqu’à la fin des années 1960 (vieille pratique d’exclusion présente avant 1939 dans Les Trois Monts), est multiplié par trois dans la période 1971-1984 (avant de retomber à un niveau plus bas, intermédiaire, à compter du milieu des années 1980). Et ceci va avec le développement de publications de souvenirs et de documents venus de familles populaires au sens le plus large de ce terme. C’est le président de la société, Gilbert Perroy, qui fut à l’origine de cette mutation, qui correspondait aussi à l’expression d’un désenchantement devant la « rénovation » qu’il avait soutenue comme maire. Lui, qui n’avait vu en 1956 un temps d’heures glorieuses pour Plaisance que dans l’avant 1848, réoriente entièrement sa vision du passé du quartier. Cette politique mémorielle fut aussi assurée en liaison avec Louis Chevalier, qui vint faire une conférence à ce propos devant la Société historique. De ces témoignages, nous avons largement fait notre pain dans ce livre. Toutefois, à leur lecture, le sentiment nous vient d’une certaine déformation du passé populaire plaisancien. D’abord, l’échantillon des témoins est en partie biaisé par leur fidélité au quartier ou à l’arrondissement. Le témoin type vient d’une antique famille plaisancienne, installée au xixe siècle ou au début du xxe siècle, et qui y est restée (ou au moins est restée dans l’arrondissement). De la population migrante, mobile, si nombreuse nous l’avons vu, il y a très peu de traces, sans compter tous ceux qui n’ont pu constituer une famille.
474Cet échantillon favorise le sentiment que Plaisance était habité avant les années 1960 par un bon peuple, stable, familialiste, travailleur, qualifié, divers, quelque peu alcoolique certes mais sympathique : « Cette population prolétarienne était propre et digne917. » Le témoignage d’Albert Taulin sur l’histoire de sa famille plaisancienne918 est accompagné d’une NDLR qui va dans le même sens : « Tout dans cet émouvant témoignage a valeur sur la vie et la mort du peuple des faubourgs, le dur métier manuel, les accidents du travail et de la guerre, la solidarité ouvrière, le patriotisme quand même... » Les titres aussi sont significatifs : « On se plaisait à Plaisance rue Vercingétorix (Sud) 1909 à 1972919 » ; « On se plaisait à Plaisance, rue Bénard depuis 1914 et rue Vercingétorix (nord) depuis 1931920 ». Seul cas, sur une dizaine, qui insiste plus sur le côté négatif de la vie populaire, celui de Rose Descotils-Vasseur qui, malgré ses noces d’or et les bons souvenirs qu’elle garde de l’Avenir de Plaisance, ne peut oublier le départ de sa mère ouvrière, mariée à un peintre en bâtiment et partie vivre avec un ivrogne pendant la Grande Guerre921.
475Cette vision, un peu affadie, de l’ancien peuple plaisancien aborde également très peu le mouvement social – un Plaisance sans grèves... -, le mouvement ouvrier (quasiment rien sur le syndicalisme, le socialisme ou le communisme plaisancien). Très peu sur les usines et leurs ouvriers, peu aussi sur la misère et encore moins sur la criminalité, si longtemps profondes dans le quartier. Quelques mots sur les jeux indisciplinés des gamins dans la zone mais rien de grave. Il faut attendre la publication d’un article littéraire sur le roman de Rosny aîné, Dans les rues, pour voir apparaître un criminel violent922. La misère est évoquée en général de manière indirecte, souvent à l’occasion d’articles traitant des œuvres sociales (autour de Soulange-Bodin, Léonie Chaptal et l’abbé Viol-let, qui font l’objet d’articles importants mais peu nombreux) ou des artistes contraints de vivre dans les quartiers misérables « comme des chiffonniers923 ». Seules les conditions de logement sont vivement dénoncées et leur conséquence, la tuberculose924.
476Il reste que la vie populaire – et Plaisance par là – font leur entrée en force dans la revue de la Société historique. D’autres relais reprennent cette image d’un Plaisance autrefois populaire, populeux, pauvre mais heureux925, avec sa jeunesse bagarreuse mais festive, comme le jeune apprenti boucher Robert la Gambille au bal de Pernety926. Une longue autobiographie, écrite en 1974 (et publiée en 1994)927 par un habitant du 97 rue Vercingétorix entre 1934 et 1954 aune même tonalité. Certes le logement est pauvre, humide, il y a la fumée noire du poêle à charbon, pas d’eau courante, les toilettes sont sur le palier, mais le jeune couple (livreur de journaux, couturière) paraît bien heureux entre la crèmerie et la marchande des quatre-saisons, la boutique de vélos de la rue du Texel, le fermier de Vanves qui fournit en lapins blancs, la grand-mère qui chante dans les cinémas, le verger de Notre-Dame-du-Travail, la cité des artistes, les petits bals et le vieux lavoir.
477La grande misère et la criminalité sont aussi très peu présentes dans les autres sources que nous avons pu consulter. En ces temps de lutte contre la rénovation-destruction, il est vrai que le ton est à embellir l’ancien quartier populaire. Il faut la vision plus originale d’un Ange Bastiani, extérieur au quartier, pour regretter, nous l’avons vu, le temps des « bistrots louches et des hôtels borgnes », des « frappes » et des « pierreuses », ou un travail universitaire sur Giacometti pour décrire ces bistrots de délinquants (et non pas seulement pittoresques) que fréquentait Giacometti928.
478D’autres objets de mémoire sont présents comme les hôpitaux, la démographie, l’industrie (dans les années 1960 au temps de la désindustrialisation) sans qu’on puisse y lire une vraie perspective. Nous avons déjà largement traité du développement d’une mémoire urbaine, enjeu important de la période, autour de la qualité des anciennes constructions et de l’architecture plaisancienne929.
Une mémoire culturelle durable, mais toujours sous Montparnasse
479À lire nos sources, retentit aussi une construction mémorielle, qui sera durable, celle d’un grand quartier artistique. Mais ce Plaisance des arts est rarement présenté comme tel, soit il s’agit seulement d’un segment de Montparnasse ou du XIV arrondissement, soit la territorialisation plaisancienne est tout simplement ignorée. Il en va de même pour la mémoire littéraire et intellectuelle que nous étudierons en premier lieu.
480Nous trouvons mentionnés des auteurs ayant eu un lien avec Plaisance, Paul Mérat, Huysmans, Henri Calet, Lamandé, Charles-Louis Philippe, Léon-Paul Fargue, Aragon, Marcel Duhamel, Sadoul et ceux de la rue du Château en 1928-1929, Georges Duhamel, Verlaine, Rosny aîné930 (sans compter l’helléniste Robert Flacelière, la comédienne Valentine Tessier931 ou le maître de chapelle Maurice Tremblay932). Ils sont parfois évoqués comme « romanciers de Montparnasse » ou du XIVe même si, le plus souvent, une adresse est donnée qui permet au connaisseur de l’arrondissement de les lier à Plaisance. Le seul cas net d’une revendication plaisancienne est celle de Bubu de Montparnasse qui, nous dit fort justement M. Maupoint, est de Plaisance et non de Montparnasse. Mais il s’agit là du personnage d’un roman, non d’un auteur. Le bilan plaisancien paraît alors bien maigre ; il est vrai qu’il n’avait pas lieu d’être considérable si l’on raisonne en seuls termes d’habitat des écrivains.
481Dans les autres sources, c’est l’épisode surréaliste qui est le plus largement évoqué933. Un ancien imprimeur de la rue du Château déclare même qu’il a entendu parler des surréalistes934. Mais c’est sans doute Georges Brassens qui obtient l’écho le plus important avec son interview dans le Guide du 14e Village.
482Tout ceci ne fait pas grande force mémorielle locale cependant, ce qui n’est pas le cas de la mémoire des artistes plasticiens. Ce secteur constitue de loin, de très loin la première référence mémorielle dans la Revue historique du XIVe, mais aussi bien souvent dans les autres sources. Il ne pouvait guère en être autrement quand on a étudié l’extraordinaire richesse de Plaisance en artistes plasticiens, immensément connus ou inconnus.
483Le phénomène est d’autant plus accentué dans la Revue historique du XIVe que Gilbert Perroy est un très fin connaisseur du milieu artistique ; il est d’ailleurs lui-même un bon peintre du dimanche, comme on dit. « Peintre du dimanche », ce fut longtemps la réputation de l’artiste plaisancien le plus souvent évoqué tant par la Société historique que par les autres émetteurs, le Douanier Rousseau. Et il est généralement revendiqué sous la double étiquette de Montparnasse et de Plaisance :
Avant 1900, un autre très grand peintre de Montparnasse vivait à Plaisance (mais c’est toujours le XIVe), le douanier Rousseau935...
484Jean-Michel Drot évoquant sa série d’émissions des années 1960, « les heures chaudes de Montparnasse », situe son [à Rousseau] atelier dans le quartier de Plaisance936 ». Pour Héron de Villefosse, peu idolâtre du peintre, au 2 bis rue Perrel, ironise-t-il, Rousseau était le « saint-patron de Montparnasse937 ». Dans l’exposition de la mairie du XIV sur le centenaire de l’arrondissement un panneau lui est consacré sous le titre « le brave homme de Plaisance ». C’est que le Douanier est un peintre du peuple de Plaisance, au logement modeste aussi comme cet « escalier de meunier que gravit ou descendit tant de fois le Douanier Rousseau, dans cette cour des miracles du 3 rue Vercingétorix938 ».
485Deux autres artistes plaisanciens sont souvent cités, Gauguin et Giacometti. Le premier n’est présenté – lorsqu’il n’est pas breton ou tahitien... – que sous l’étiquette montparnassienne939, le second, dont la reconnaissance artistique va croissant, est présenté comme le type du Montparnassien, réfugié dans un atelier misérable, dans un quartier anonyme ; ainsi le « trait distinctif » de la rue Hippolyte-Maindron serait « l’anonymat et l’insignifiance940 ». Situer ou nommer Plaisance serait alors violer le secret même de l’atelier et de l’artiste et de ses amis comme César.
486La revue historique de l’arrondissement publie aussi de nombreux articles – ou des courtes notules – d’artistes plaisanciens. Un article peut même être titré « Le siècle des artistes de Plaisance (1862-1962)941 ». Quelques figures locales ont droit à des hommages plus prononcés comme Gilbert Privat, « à Plaisance et rue Boulard », Pierre Rivallain, « le plus breton de Plaisance942 », « Gaston Petit sculpteur » depuis 1936 rue Raymond-Losserand943, Henri Héraut et Edgar Lavergne944, Jean Baffier945, Francisco Bores946... Ce ne sont pas nécessairement les plus connus des artistes plasticiens du quartier, mais ceux qui semblaient à Perroy les plus liés à leur quartier dont ils sont des figures locales. Enfin, attachés à la mémoire des lieux qui disparaissent, de nombreux articles évoquent les cités d’artistes de la rue Vercingétorix et de la rue du Moulin-de-Beurre947.
487De grands noms plus anciens ou plus contemporains sont à peine évoqués (Tassaert, Survage, Gromaire, César, Even, Laurens...). C’est assez normal ; seule vraie absence surprenante, Cézanne, dont la présence à Plaisance ne ressortit pas, nous l’avons vu, du seul hasard.
488Sur tout ceci plane le symbolisme montparnassien dominant. Ainsi la série de diapositives du CRDP de Paris sur l’arrondissement948 présente un « Atelier de sculpture rue de l’Ouest », mais c’est pour le commenter d’un texte qui commence par « Le quartier de Montparnasse devient le rendez-vous des artistes, leurs ateliers se multiplient dans le XIVe ». Et de citer la rue Campagne-Première, la rue Boissonnade, l’avenue Denfert-Rochereau, le parc Montsouris et bien d’autres voies qui ne sont pas à Plaisance, à l’exception de la rue de l’Ouest, qui accueillait des sculpteurs. Un bel exemple de la disparition de Plaisance sous Montparnasse. Même ignorance dans le concours d’idées des architectes anti-rénovation-destruction de 1980, pourtant très bien au fait de l’histoire urbaine. Leur brochure cite Degas, Seurat, Maillol et Matisse comme exemples de l’histoire artistique du quartier. Il manque justement les Plaisanciens...
489D’ailleurs, en règle générale, la presse locale ignore absolument la mémoire artistique plaisancienne. 14e Village évoque très rapidement Giacometti au détour d’une interview949 ; Informations 14e, le journal communiste, grand défenseur des ateliers pourtant, nous l’avons vu, ignore tout du passé artistique. On trouve un article dans le journal centriste950, rien dans le journal gaulliste. Certes, il s’agit d’une presse d’abord politique, mais tout de même ce silence quasi total prend sens.
490Ainsi si la Société historique, et son président, ont produit une large recherche et de très nombreux articles sur les artistes de Plaisance, avec une nette conscience de leur importance et de leurs particularités, il apparaît bien que cette mémoire artistique érudite ne peut surmonter la tendance marquée à une confusion rapide sous le nom de Montparnasse de l’ensemble des artistes de l’arrondissement ou à une certaine indifférence encore à cette mémoire, qui peut apparaître souvent éloignée de la culture populaire. À terme aussi, un signe de fragilité se manifeste avec la destruction des ateliers.
491La mémoire de Plaisance reste ainsi globalement fragile. Au-delà de la mémoire immédiate du Plaisance que nous venons de perdre, une mémoire positivée du peuple s’étend dans un contexte particulier entre 1970 et 1984. Le développement de l’érudition locale permet une vision nouvelle de la richesse des arts plastiques plaisanciens ; enfin le rituel mémoriel du Plaisance des champs, des guinguettes et des moulins de l’avant 1848 est encore légèrement sensible. Mais le politique, le conflit (local), le monde dur restent les parents pauvres de cette mémoire. Car la nostalgie du Plaisance perdu doit gommer bien des aspérités et des réalités, de l’extrême misère à la délinquance, des révolutions au communisme... Alors même que la mémoire culturelle risque toujours de faire disparaître Plaisance sous Montparnasse.
Plaisance : éclat et éclatement d’un quartier
492Plaisance connaît une nouvelle spendeur symbolique au temps de la « rénovation ». Plaisance connaît un regain d’intérêt pour l’opinion publique, la presse, les militants, les opérateurs urbains, que l’on soit pour ou contre la « rénovation ». Le quartier y gagne un évident éclat, une sorte de gloire, qui n’est pas sans compenser en partie les difficultés de la période. Mais au-delà de 1980, quand l’essentiel de la rénovation est achevé, que le quartier nouveau, peu à peu, s’installe, que restera-t-il de cette image ? Surtout, comme toujours, Plaisance, s’il se distingue encore nettement socialement des autres quartiers de l’arrondissement, ne s’affirme pas clairement comme culturellement différent quand il ne disparaît pas tout simplement. Enfin la « rénovation » crée ou approfondit des fractures, celle, ancienne, entre l’Est plus cossu et l’Ouest, voisin du chemin de fer, plus pauvre, celle qui différencie le Nord et le Sud de ce quartier qui, rappelons-le, est extrêmement allongé du nord au sud.
493Nous n’insisterons pas sur le Plaisance-village dont l’image se perd, malgré quelques maigres résurgences.
494Par contre, l’image du quartier isolé, caché, marginal, quelque peu affaiblie, nous l’avons vu, avec l’intégration de Plaisance à la Ville, revient sans excès, en particulier chez les locuteurs proches du milieu artistique ou littéraire : de « Plaisance idéal pour les échanges secrets951 » aux photographies de Jean Mounicq autour de 1980, qui montreraient encore une « atmosphère d’attente et d’angoisse un peu distanciée que Malet fait planer sur Paris952 ». Pour Laurence Perroy et Gaudina de Vasconcellos, qui ont réalisé, elles aussi, une série de photos en 1975, « Plaisance est un quartier d’exception, un lieu de rupture, ni ouvert, ni éclaté ; il nous enferme dans ses tissus [...] La voie de chemin de fer et les chantiers [...] ne permettent aucun passage953 ». Dans Libération, un article présente Plaisance comme « zone » et « lieu excentrique de la capitale954 ».
495Mais l’essentiel est ailleurs que dans ces images. L’image dominante de Plaisance, et qui affirme le quartier comme vrai et sensible, c’est celle du quartier en « rénovation955 », ou en lutte contre celle-ci ou pour une autre rénovation. Modèle ou contre-modèle956, Plaisance devient l’objet d’une attention large. Le concours d’idées organisé pour l’aménagement de la ZAC Guilleminot est soutenu par treize organisations nationales. La défense du squat est soutenue, nous l’avons vu, par presque toute l’intelligentsia parisienne, de Sartre à Touraine957. Significativement, le CRDP de Paris dans sa série de diapositives sur le quatorzième arrondissement parue vers 1982 donne 50 % de ses documents à Plaisance sur le seul thème de la rénovation958.
496Nous ne souhaitons pas donner une vue exhaustive des travaux, articles, essais qui concernent la rénovation de Plaisance dans cette période959. Des articles ou des numéros spéciaux paraissent dans la presse960, sans compter une émission spéciale de France Culture et une émission de télévision, Faut-il raser les grands ensembles ? de Michel Pollac en 1982... Des travaux scientifiques sont conduits à l’École spéciale d’architecture de Paris du boulevard Raspail, à l’UP, 6 rue des Flandres, à Sciences Po, à l’école polytechnique de l’université de Lausanne. Des architectes suisses viennent proposer leurs services961, des livres dénoncent la radiale962...
497Ainsi se fabrique l’idée que « la situation de Plaisance est exemplaire963 », que ce soit sur les effets de la spéculation qui chasse le peuple ou les luttes urbaines. Le quartier est ainsi un lieu qui attire les manifestations d’avant-garde, six heures de l’autogestion, rencontre des restaurants coopératifs964, premier festival pari sien de chanson et de folklore urbain...
498Plaisance est omniprésent dans deux journaux d’arrondissement, 14e Informations, le journal communiste (ancienne tradition), et 14e Village. Au point que certains lecteurs protestent contre ce qui leur semble un excès965 !
499Voici donc un Plaisance éclatant966, et certes discuté. Une question demeure. Dès janvier 1979, Gérard Courtois estime que « le XIVe967 est rentré dans le rang, dilué dans la ville... démystifié968 », trace de sa déception devant les difficultés de la lutte contre l’aménagement du quartier Guilleminot après l’espoir qu’avait suscité la victoire de la lutte contre la radiale. À terme, il est plus que plausible que l’apaisement qui se produit dans le quartier avec l’achèvement du gros de la « rénovation » au milieu des années 1985 laisse l’éclat du Plaisance rénové ou anti-rénové s’éteindre.
500Et à côté de cette image, sans doute provisoire, les difficultés « classiques » de Plaisance à construire une image et un territoire969 demeurent, sans doute. Parfois s’accentuent.
501Il y a, bien sûr, ceux qui, suivant quelque peu ceux qui pensent que Plaisance n’a pas d’histoire, « sans style, sans histoire sans âme970 », écrit une journaliste du Monde sur la rue Vercingétorix, trouvent – de longue date – Plaisance laid et sans grand intérêt971. Et ils sont très divers, même s’il y a des circonstances dénonciation particulières. Les guides et dictionnaires sont peu favorables à Plaisance, qui y est souvent complètement absent ou presque972 quand le quartier n’est pas dénigré. Notre-Dame-du-Travail seule sauve quelquefois la face973, mais le Guide Michelin n’y accorde aucun intérêt en 1982 ! Bien des livres consacrés à Paris continuent à ne pas accorder la moindre place à Plaisance974.
502Le Plaisance construit par le « politique » continue de s’affaisser, malgré la circonscription législative plaisancienne. Seules vraies exceptions, les campagnes de 1978, et en particulier la campagne d’octobre 1978 : « Une nouvelle vedette nationale – Plaisance (...) La France va regarder Plaisance » va jusqu’à titrer – malencontreusement quand on connaît l’issue... – le journal gaulliste975. L’image du quartier populaire est un peu affectée : elle est bien présente au début de la période : « Le quartier de Plaisance reste essentiellement populaire976. » Et elle est parfois réactivée dans les luttes : « Certains habitants du XIV, côté Montparnasse et Montsouris, Dieu merci, personnages en vogue et hautement intellectuels » feraient ainsi silence sur les expulsions977. Tout ceci ne fait pas masse sensible cependant.
503Plaisance reste aussi souvent noyé sous/dans d’autres territoires, l’arrondissement ou Montparnasse. À l’exception de Quartier Plaisance, dont nous avons peu de traces, tous les journaux locaux sont titrés du XIV arrondissement même lorsqu’ils se consacrent fortement à Plaisance. Effet de divers facteurs : pour les uns, il s’agit sans doute d’un jeu d’échelles notamment pour la diffusion. Pour d’autres, il est clair que l’enjeu des élections municipales (dont le cadre est l’arrondissement) l’emporte sur celui des élections législatives. Pour d’autres il semble qu’il y ait eu un projet délibéré de découpage territorial large. Ainsi Gérard Courtois et 14e Village s’opposent vivement à Gilbert Perroy, qui plaide en faveur de l’organisation de quartiers et de vie de quartiers à taille plus petite que l’arrondissement978. Et Courtois défend le singulier du titre du journal. Vieille trace de l’ancien refus du quartierisme électoral ?
504En tout cas, cet état de fait ne favorise pas toujours la représentation de Plaisance. Et bien souvent, alors que l’on parle de Plaisance essentiellement, c’est encore le mot XIVe qui est utilisé.
505Le rapport à Montparnasse est plus complexe. Au fond, les deux quartiers sont liés979 par la communauté artistique, mais Montparnasse continue de l’emporter sur Plaisance. De Jean-Marie Drot, qui a titré « les heures chaudes de Montparnasse » sa série télévisuelle pourtant inspirée de la disparition de la maison des surréalistes de la rue du Château, à Nino Frank qui écrit, lui, clairement : « Il convient toutefois de déborder et d’annexer à Montparnasse un quartier jadis nommé Plaisance, qui s’étale jusqu’aux fragiles ateliers de peintres de la Ruche, d’y inclure des îlots de Vaugirard980. » Dans son évocation des bistrots secrets, Ange Bastiani, nostalgique du Montparnasse disparu, n’évoque jamais Plaisance, mais le plus grand nombre des bistrots cités sont dans notre quartier.
506D’autres césures, issues de la « rénovation », viennent affaiblir la possible symbolique unifiée de Plaisance. À l’extrême nord du quartier, la rénovation est telle (urbaine et sociale) que le nouveau sous-quartier s’éloigne de Plaisance981. Il est bien significatif que le building moderne qui longe la nouvelle gare de Maine-Montparnasse, qui avait d’abord été appelé Plaisance982, finisse par être constamment appelé Commandant-Mouchotte, du nom de la nouvelle rue qui le longe. Le PCF, en 1970, réorganisant le territoire des sections du XIV arrondissement détache aussi de la section Plaisance des cellules (dont les cheminots) pour les rattacher à une nouvelle section Maine-Montparnasse.
507La césure entre le nord et le sud (au niveau de la rue d’Alésia) est sans doute moins nette. Mais des éléments de distinction se manifestent. Dans son livre Paris sur zinc983, Raoul Vilette consacre une importante notice (sur 19 dans le livre) à « Pernety », qui ne descend jamais en dessous de la rue d’Alésia. N’exagérons pas ces processus, on peut écrire au détour d’une phrase en 1979 que la rue Jonquoy est « en plein cœur de Plaisance984 ».
508Plaisance a connu en vingt, vingt-cinq ans une transformation brutale et exemplaire qui conduit à une forte baisse et à une mutation de sa population. Mais le quartier a résisté à cette transformation, plus que d’autres sans doute, signe d’une forte identité et communauté de Plaisance. Par là, il a limité cette évolution, conservant, par la construction sociale et des habitats anciens et modestes sauvés, une composante populaire qui tend néanmoins toujours à baisser. Surtout cette lutte a été héroïsée, développant toute une gamme de sensibilités et pratiques inédites qui font du quartier une nouvelle avant-garde. Toute provisoire et ambiguë cependant, comme le montre le succès socialiste où convergent à la fois le déclin du quartier de travailleurs qui votait communiste et l’esprit de résistance du quartier. Une mémoire très sélective accentue encore ces évolutions.
Notes de bas de page
1 La carte des constructions postérieures à 1960 dans le bâti du xive réalisée en 1995 par l’association Monts 14 le montre bien.
2 Pour ce virage, voir Paris-projet. Quartiers anciens, approches nouvelles, APUR, 1998, qui fait de Didot-Thermopyles un symbole de la nouvelle orientation à compter de 1989.
3 Cf. La Rénovation urbaine de Paris, Chambre de commerce de Paris, 1971.
4 « Rénovation Plaisance ? », L’Unité, organe de la cellule Didot du PCF, février 1969 ; cf. aussi « La rénovation en question », Informations 14e (journal du PCF), mars 1975.
5 Rue Maurice-Rouvier, )e me souviens du XIV arrondissement, op. cit.
6 Jean Perrin, « Les 10 000 habitants du quartier Guilleminot campent dans les gravats », Le Monde, 4 février 1975. Cf. aussi l’argumentaire de la Ville de Paris cite dans Quatorzième Village, Janvier 1978.
7 « A propos de la rénovation de Plaisance », Informations 14e, décembre 1968. Cf. aussi « Les immeubles vétustes et sans confort », dans Notre quartier – 14e, journal de droite, septembre 1978, ou le mémoire de la DGAU, préfecture de Paris, du 12 juin 1973, « Objet secteur Plaisance-Guilleminot », qui en fait un « secteur particulièrement vétuste », Arch. Sté historique.
8 « Manifestation pour la rénovation sociale du quartier de Plaisance-Guilleminot », Informations 14e, juin 1975.
9 Sabine Chalvon, Le triangle..., op. cit, 1984.
10 Paris le long des rues, if arrondissement – série de diapositives en prêt, La Documentation française s.d, (1979).
11 Paris le long des rues, 14e arrondissement – série de diapositives en prêt, La Documentation française, s.d., (1979).
12 Notre quartier – 14e, septembre 1978.
13 « Le 14e témoigne », Informations 14e, novembre 1969. Cf. aussi, ibid., juin 1975.
14 L’Unité, février 1969 : « Certains [immeubles] sont de véritables taudis. »
15 Ibid.
16 R. L. Cottard, « L’évolution du 14e arrondissement de 1860 a nos jours : terroir, peuplement et habitat », RH XIV, 1984-1985.
17 Notre quartier – 14e, septembre 1978.
18 Paul Maître et Jacques Tournant, Plaisance, étude d’aménagement, s.d. (1959).
19 Circulaire du 7 mai 1968, Arch. Sté historique. Ainsi aucun des bâtiments construits entre le boulevard Brune, la rue Didot, la Petite Ceinture et la rue Vercingétorix ne serait récupérable !
20 Notre quartier -14e septembre 1978.
21 Cf. aussi l’argumentaire sur la nécessité de détruire l’îlot insalubre cite dans 14e Village, Janvier 1978.
22 Mémoire cite de la DGAU, préfecture de Paris, du 12 juin 1973. Même confusion entre « immeubles vétustes et délabrés » et « îlots insalubres » chez Sabine Chalvon, op. cit., 1984.
23 Conseil municipal de Paris du 23 décembre 1971. En 1969, le PCF voyait dans le quartier Vercingétorix « un quartier compose pour l’essentiel de logements insalubres », Informations 14e, « Le 14’ témoigne », novembre 1969.
24 Concours d’idées sur l’aménagement animation du quartier Guilleminot, Paris XIVe, s.d. (1980). Les associations organisatrices sont Vivre dans le XIV et l’Atelier Populaire d’Urbanisme du XIVe.
25 Gilles el Marie Christine, « La rénovation, la réhabilitation et deux ou trois choses que je sais d’elles », Libération, 2 Janvier 1978. Même relativisation de l’insalubrité dans « À vous de choisir », 14e Village, Janvier 1978.
26 Gilbert Perroy, « Le départ de nos industries du 14e arrondissement », RH XIV, 1970.
27 Jean Levy, « Une enquête bien serrée. Voyage au bout de la rue Boulitte », La Page, mars 1994.
28 Des 1963, Ernault envisage de transférer son siège et son centre technique à Vélizy en 1969, Histoire Ernault SOMUA, 1963.
29 « Une nouvelle ZAC, rue Didot », Paris 14 – Rive gauche, décembre 1986.
30 Cf. Gérard Jigaudon, « Industriels et artisans », dans AAVP, Montparnasse et le XIVe, 2000.
31 Paul Maître et Jacques Tournant, Plaisance..., op. cit., 1959.
32 Philippe Loiseleur des Longchamps, « H. Ernault Somua », Le Nouveau Journal, 14 avril 1972.
33 Mai 1964. Même sentiment exprimé par 14e Montrouge-Montparnasse-Plaisance Montsouris – Demain, février 1976 : la SMAC, pollueuse, « a dû se décentraliser en zone industrielle en grande banlieue ».
34 Informations 14e, « PTT Brune, un transfert qui ne se justifie pas », décembre 1968 ; « PTT Brune on démantèle », juin 1976.
35 14e Village, avril 1979.
36 Un lecteur, « Cinquante Printemps – Je me souviens », La Page, avril-mai 1990.
37 Plaisance..., op. cit., 1959.
38 Conférence organisée à l’Hôtel de Sens le 13 juin i960. Compte rendu disponible dans les archives de la Société historique.
39 Paris 14 – Rive Gauche, décembre 1986.
40 Conférence à l’Hôtel de Ville du 14 novembre 1961, Arch. Sté historique. On voit aussi clairement le même processus avec Breguet et les arrêtés d’expulsion et de rachat des immeubles enclavés, rue de l’Eure et rue Maurice Ripoche, BO du comité municipal des fêtes du XIVe, « Pour la rénovation de Plaisance », avril 1969.
41 « A propos de la rénovation de Plaisance », Informations 14e, décembre 1968.
42 « La rénovation du quartier Vandamme-Plaisance », Informations 14e, juin 1970.
43 Délibération du 29 juin 1967.
44 Délibération du 25 juin 1971.
45 « La rénovation du quartier continue », Notre quartier – 14e, octobre 1971.
46 Paris-tel, novembre 1971. Cf. aussi l’intervention du communiste Gajer au conseil municipal le 25 novembre 1971.
47 Société de rénovation du secteur Plaisance, conférence du 14 novembre 1961. Aussi, Maitre, Tournant, Plaisance..., 1959.
48 Conférence citée du 13 juin 1960.
49 « Nouveau Plaisance... », Informations 14e, novembre 1970, sur les terrains Hispano ; La Page, avril-mai 1990, conférence citée du 14 novembre 1961...
50 Jean Levy, art. cité, La Page, mars 1994.
51 « Un nouveau central téléphonique », Notre quartier 14e Janvier 1972.
52 Cf. la photo de l’expulsion du foyer quelques années auparavant dans 14e Village, février 1978.
53 Au carrefour des rues des Plantes et du Moulin-Vert sur une petite usine de mécanique, P. Nolot, RH XIV, 1998 ; des ateliers d’artistes qui seraient destinés en fait à une population riche sur les terrains d’une imprimerie, 14e Village, Janvier 1981.
54 Cf. Virginie Lefebvre, Paris-Ville moderne. Maine Montparnasse et la Défense 1950-1975, 2003. L’auteure est très favorable a ces opérations. Le projet est présenté dans une grande exposition en 1967 au Grand Palais.
55 Michèle Champenois, « Plus d’autoroutes dans la ville », Le Monde, 26 juin 1974.
56 Le Guide Bleu de Paris, édition 1968, ne consacre pas moins de deux pages a l’opération Maine-Montparnasse. Cf. aussi les différents plans-masses publiés dans Concours d’idées sur l’aménagement..., op. cit., s.d.
57 « Le Plan Maine-Montparnasse », Le Canard du XIVe, juin ou juillet 1963.
58 Cf. « Le troisième siège de Paris, allez voir au Grand Palais les dominos de fan 2000 », dans Paris ville moderne..., op. cit.
59 Notre quartier 14e, septembre 1978.
60 L’Unité, février 1969.
61 Maurice Lyons et Dominique Pons, « L’Adieu a une rue de Paris », France-Soir Magazine, 1er Janvier 1972.
62 Paris le long des rues, op. cit., 1979.
63 Béatrice de Andia, « Préface », op. cit., 1986.
64 T. Masutti, « Ne partez pas, nous on reste ! », 14e Village, Janvier 1978.
65 Lettre ouverte de Reine Franchi et Françoise Emery, ibid., décembre 1979.
66 Marie-Christine Husson, art. cite, Libération, 2 Janvier 1978.
67 Pas seulement à Plaisance ; ainsi le directeur de l’urbanisme Roussilhe se demande si la rénovation de Paris va prendre « 60 ans ou 175 ans ? », en décembre 1968, BO du comité des fêtes du XIVe, avril 1969.
68 14e Infos, juin 1970 : « Jusqu’à ce jour, en effet, 8 ha de terrains seulement ont été libérés. »
69 « Des logements et des loisirs abordables », ibid., avril 1969.
70 « La rénovation en question », ibid., mars 1975 : « On freine toute construction de masse à Paris. »
71 Gilles et Marie Christine, « La rénovation, la réhabilitation et deux ou trois choses que je sais d’elles », Libération, 2 Janvier 1978.
72 Concours d’idées..., op. cit., 1979.
73 Paris le long des rues, CRDP, 1979 : diapo 6 « Zut à la ZAC », « Ces critiques, et révolution de la politique d’aménagement de la Ville de Paris ont entraîne plusieurs révisions du plan initial ».
74 Notre Dame du Travail de Plaisance, 1985.
75 « La rénovation en question », Info 14e mars 1975.
76 14e Village, septembre 1978, constate qu’il n’y aura que 38 immeubles conserves sur 600 alors que le journal souhaitait en conserver 300 environ. Finalement 70 immeubles furent conservés.
77 Conseil municipal du 28 décembre 1959, cite dans la Revue administrative de la Préfecture de la Seine, 1er trimestre 1967.
78 Intervention de Gajer au conseil municipal du 25 novembre 1971, « Spéculations dans le 14e », 14e Infos, novembre 1971.
79 Disponible a la Bibliothèque administrative de la Ville de Paris.
80 Conférence de la SEMIREP Hôtel de Sens, citée, 14 novembre 1961, archives de la Société historique.
81 COPRAS actualités, « Le 14e d’aujourd’hui et de demain », juin 1966.
82 « Plan de rénovation des secteurs Plaisance et Mariniers », BO du Comité des fêtes de la Mairie du XIVe, avril 1966.
83 Vasso, « Chronique des ignobles méfaits de la Remisep », 14e Village, novembre 1977.
84 Bertrand, « Squatt Baby Squatt », Libération, 2 Janvier 1978 ; Concours d’idées..., op. cit. ;» La SEMIREP saccage leur maison », 14e Village, octobre 1977.
85 14e Village, octobre 1977.
86 Gérard Gourtois, « La queue entre les jambes », 14e Village, novembre 1977.
87 Gérard Courtois, « Le directeur adjoint de la SEMIREP en correctionnelle : 3 mois avec sursis », 14e Village, décembre 1979.
88 Chat noir (au 86 bis rue du Chateau), Libération, 2 Janvier 1978.
89 « Ils » ne ressentent rien, Michel, « Plaisance Blues », ibid.
90 Lettre ouverte citée.
91 Vasso, 14e Village, novembre 1977, février 1978.
92 14e Village, décembre 1977.
93 Attitude des écolos en Janvier 1978, cf. Jean-Jacques Porchez, « Les zécolos, Chirac et la SEMIREP », 14e Village, Janvier 1978.
94 Arrestation à la SEMIREP en décembre 1977, Libération, 2 Janvier 1978 ; attentat en mars 1980, 14e Village, avril 1980.
95 Marie-Christine Husson donnant les « mots-clés » du numéro spécial de Libération sur Plaisance le 2 Janvier 1978.
96 Béatrice de Andia, « Préface », De Montparnasse..., op. cit., 1986.
97 Cf. Simon Texier, « La ville hétérogène », dans AAVP, Montparnasse et le XIVe, 2000.
98 « Coup d’œil « retro » sur le 14e. Défense et illustration de notre arrondissement », RH XIV, 1988.
99 D. Copin, « L’immeuble Mouchotte – Un autre regard sur un géant », La Page, juin 2000.
100 Par exemple, G. Perroy, « Entrées d’artistes du XIVe arrondissement », RH XIV, 1974.
101 « La rénovation en question », Info 14e, mars 1975.
102 « Quel “promoteur” songera a dédier sa construction bétonnière à l’artiste Baffier ? », Georges Perroy, « Jean Baffier... », RH XIV, 1980-1981.
103 Cité dans M. Maupoint, « André Salmon, témoin de la grande époque de Montparnasse, nous a quittés », RH XIV, 1969.
104 Entretien avec R. Dupuy paru dans Info 14e, juin 1973.
105 Ludovic, « Les Rudiments de la colère », 14e Village, Janvier 1978.
106 « Entre Maine et Pernety – Un quartier à la recherche de son âme », La Page, mars-avril 1991.
107 « Nos propositions pour le 14e », Le Bon sens 14, février 1978.
108 « Voleurs de soleil », écrit une vieille dame dans 14e Village, février 1978 ; cf. aussi J. Mayen, qui vit en rez-de-jardin et qui voit le soleil disparaître au fur et à mesure d’une haute construction, rue du Moulin-de-la-Vierge, 14e Village, octobre 1978.
109 Cf. T. Masutti, « Ne partons pas nous on reste », 14e Village, Janvier 1978. Ou la résistance d’une maison à « échelle humaine ».
110 P. Bourdugue, art. cite, La Page, mars-avril 1991.
111 Groupe Femmes 14e, « Un soir dans le quartier Guilleminot »,14e Village, mars 1978.
112 « Un soir de pleine lune », Libération, 2 Janvier 1978.
113 Vassso, Franchi, lettre ouverte citée, 14e Village, novembre 1978.
114 Concours d’idées..., op. cit.
115 L’APU XIV et VDL XIV sont les deux principales organisations anti-rénovation. En juin 1977, une nouvelle association, Sauvons Plaisance, se prononce aussi pour rénover l’existant, cf. 14e Village, juin 1977-
116 Notre quartier 14e, septembre 1978.
117 Concours d’idées..., op. cit., 1979.
118 Cf. 14e Village, octobre 1977, Janvier 1978...
119 Gilles et Marie-Christine, « La rénovation... », art. cité, Libération, 2 Janvier 1978.
120 « Nos propositions pour le 14e », Le Bon sens 14, février 1978.
121 Ils sont rejoints par certains artistes, cf. 14e Village, octobre 1980, le point de vue de Serge Marelle.
122 « Manifestation pour la rénovation sociale du quartier Plaisance-Guilleminot », Info 14e, juin 1975.
123 « L’aménagement de Plaisance Guilleminot : où en sommes-nous ? », Info 14e, octobre-novembre 1977.
124 Monique Lelangeais, art. cité, Paris 14 Rive gauche, septembre 1978.
125 Agnes Varda, « J’habite Paris XIVe et pas Paris », Libération, 22 août 2003.
126 Plaisance, étude d’aménagement, op. cit., s.d., 1959.
127 Conférence de la Direction de l’urbanisme, 13 mars 1960. Archives de la Société historique.
128 Cf. le résultat de l’enquête publique, 14e Village, septembre 1978.
129 Jean Perrin, « Nouvelle politique urbaine... », art. cité, Le Monde, 4 février 1975.
130 Droit de réponse.
131 14e Village, octobre 1980.
132 « Travailler et habiter dans le 14e », 14e Info, mai 1982.
133 14e Village, novembre 1979.
134 « Plaisance, le délire d’un architecte », 14e Village, décembre 1980-janvier 1981.
135 G. Courtois, « La folie Bofill... Bluff », 14e Village, décembre 1980-janvier 1981.
136 Alain Keramoal, « Une balade poétique », L’Express, numéro spécial, Le XIVe arrondissement, 18 avril 1991.
137 Notre-Dame du Travail de Plaisance, op. cit., 1985.
138 Préface citée.
139 14e Info, avril 1968. Cf. aussi, « Pour une rénovation en faveur de la population du 14e », 14e Info, mars 1972.
140 « La rénovation du quartier », Info 14e, mars 1975 ; « L’aménagement de Plaisance-Guilleminot : où en sommes-nous ? », Info 14e, octobre-novembre 1977·
141 Ibid, et « La rénovation du quartier Vandamme-Plaisance, Info 14e, juin 1970, où il regrette que seulement 1/3 d’HLM soient prévus.
142 « La rénovation... », art. cité, 14e Info, juin 1970 ; « Nouveau Plaisance – Les HLM demeurent hors de portée de nombreux mal logés », 14e Info, novembre 1970.
143 Notre quartier 14e, Janvier 1971.
144 14eMontrouge Montparnasse-Plaisance-Montsouris Demain, février 1977.
145 Cf. la baisse de 62 % a 56 % des logements sociaux dans la ZAC Guilleminot en 1978, Concours d’idées..., op. cit.
146 Ibid.
147 Frédérique Barbier, 14e Village, Janvier 1978. Cf. aussi Concours d’idées..., op. cit.
148 « Rénovation Radiale Vercingétorix », Info 14e, novembre 1971, rappelle un vote du conseil municipal du 16 décembre 1960 non respecté. Au conseil municipal du 25 novembre 1971, la conseillère communiste Schwartzbad dénonce les promesses non tenues.
149 Selon René Mosse, ancien secrétaire général de la mairie, habitant le building de la rue du Commandant Mouchotte, Comment vivre à Maine-Montparnasse ?, brochure, s.d., vers 1979. Bien entendu, l’hôtel et les constructions voisines sont « sans âme ».
150 Pépé, « Souvenirs, souvenirs », Libération, 2 Janvier 1978.
151 « L’îlot Vandamme entièrement rasé a laissé la place à des immeubles de grande hauteur, dont l’hôtel Sheraton », diapositive 5 « Rénovation rue Vercingetorix », op. cit., CRDP, 1979.
152 Michel, « Plaisance Blues », Libération, 2 Janvier 1978.
153 « Manifestation pour la rénovation sociale... », art. cité, Info 14e, juin 1975.
154 Intervention Schwartzbad, conseil municipal de Paris, 25 novembre 1971.
155 Notre Dame du Travail de Plaisance, op. cit., 1985.
156 Site Internet de Notre-Dame-du-Travail, Petite histoire de la paroisse, 2005.
157 Notre Dame..., op. cit.
158 « Une nouvelle ZAC, rue Didot », Paris 14 Rive gauche, décembre 1986.
159 Jean Perrin, « Nouvelle politique urbaine... », art. cite, Le Monde, 4 février 1976.
160 Thierry Blanchet, « Détruire dit-elle », 14e Village, octobre 1977.
161 Alain Keramoal, « Balade poétique », dans L’Express, numéro spécial, Le XIVe arrondissement, 1991.
162 Chat noir, « Un soir de pleine lune », Libération, 2 Janvier 1978.
163 Lettre ouverte citée du 19 octobre 1979, 14e Village, décembre 1979.
164 Chat noir, art. cité.
165 Michelle Champenois, art. cite, Le Monde, 26 juin 1974.
166 Selon un membre du Comité Vercingétorix cite par Gabrielle Rolin, « Croquis – Vercingétorix... », Le Monde, 16 mars 1975.
167 Chat noir, art. cité.
168 Notre Dame du Travail de Plaisance, op. cit., 1985.
169 Cazaux, Pons, art. cite, France Soir magazine, 1er Janvier 1972.
170 Ibid.
171 Michèle Champenois, art. cité, Le Monde, 16 juin 1974.
172 A 75 % selon l’enquête COPRAS de 1963, COPRAS, Enquête sociologique secteur de Plaisance, 1963 (BAVP) ; à 64 % selon une enquête de 1967, Association Le XIVe d’aujourd’hui et de demain, à votre service, octobre 1967, Arch. Sté historique.
173 « Nouveau Plaisance – Les H.L.M. demeurent hors de portée de nombreux mal logés », Info 14e, novembre 1970 ; cf. aussi Info 14e, juin 1973 ; L’Unité, février 1969...
174 Avec lenteur, cf. BO du Comité des fêtes du XIVe, avril 1969.
175 Maurice Cazaux et Dominique Pons, France-Soir Magazine, 1er Janvier 1972. Cf. aussi, Pierre de Larminat, « L’ilot Vandamme en 1970 », Montparnasse mon village, février 1963 ;» lei passera la “radiale Vercingétorix” », Le Figaro, 2 novembre 1966 ;» Le nouveau tracé de la radiale Vercingétorix », Paris-tel, février 1972 ; la présentation de la délibération du conseil municipal du 30 novembre 1970 dans La Revue historique du XIVe, 1970-1971, etc.
176 Notre quartier 14e, Janvier 1971.
177 Séance du conseil municipal du 23 décembre 1971.
178 Projet de rapport pour l’étude de la décentralisation de la section Plaisance, 1969.
179 « Pour la radiale Vercingétorix », Bulletin municipal officiel du Comité des fêtes du XIVe arrondissement, avril 1969.
180 « Le plan Maine-Montparnasse », Le Canard du XIVe, s.d., juin-juillet 1963 env.
181 « Le 14e témoigne », 14e Info, avril 1969.
182 Pierre Branche, Le Monde, 17 février 1972.
183 Notre quartier 14e, Janvier 1972. Cf. aussi, 14e Montrouge, Montparnasse, Plaisance, Montsouris, Demain, février 1971
184 Interview de Roland Dupuis dans Informations 14e, novembre 1973.
185 Michel Capillon, « Un projet qui risque de ne pas aboutir », La Croix, 15 septembre 1973.
186 Pierre Branche, art. cite, Le Monde, 17 février 1972.
187 Richard Pouzet, Rénovation du secteur Vandamme – propositions et planning, 1962, archives de la Société historique.
188 Notre quartier 14e, Janvier 1971.
189 « La modernisation du 14e », 14e Montrouge, Montparnasse, Plaisance, Montsouris, Demain, février 1971.
190 Intervention de Gajer, conseil municipal du 23 décembre 1971. Cf. aussi 14e Info, avril 1968.
191 Conseil municipal de Paris, 23 décembre 1971. Il obtient que la radiale soit souterraine près de la rue de Gergovie.
192 14e Village, Janvier 1971.
193 Gilbert Perroy, art. cite, RH XIV, 1973.
194 Michèle Champenois, « Plus d’autoroutes dans la ville – Rue Vercingétorix. Le nez contre la radiale », Le Monde, 26 juin 1974.
195 Ibid.
196 Agnes Cadiot, « La radiale Vercingétorix du côté des riverains », La Croix, 15 septembre 1974.
197 Cf. Comité Vercingetorix, Association des Droits des piétons et Fédération des Usagers des transports, La radiale Vercingétorix... enterrée ou pas..., un faux problème. Contre dossier politique, février 1975.
198 Selon l’expression de l’éditorial de Monts 14, octobre 2004.
199 Il est organisé le 1er juin 1975 et donne 90 % de voix contre la radiale, « radiale Vercingétorix à 36 contre 1 : Contre ! », 14e Village, mai 1977.
200 Ibid.
201 Michel Capillon, « Un projet qui risque de ne pas aboutir », La Croix, 15 septembre 1973.
202 Info 14e, « Le 14e au rythme de la vie. La radiale Vercingétorix », mars 1975 ; cf. aussi le numéro de juin 1975
203 Info 14e, juin 1977.
204 Cf. Agnès Cadiot, art. cite, La Croix, 15 septembre 1974.
205 « Radiale Vercingétorix a 36 contre 1 : contre ! », 14e Village, mai 1977.
206 14e Montrouge, Montparnasse, Plaisance, Montsouris, Demain, février 1977.
207 Comme la dénonciation du passage de la radiale au niveau du 1er étage des HLM de la porte de Vanves, « HLM Porte de Vanves – Non au Viaduc », Info 14e, novembre 1976.
208 Michèle Champenois, « Plus d’autoroutes dans la ville – Rue Vercingetorix. Le nez contre la radiale », Le Monde, 26 juin 1974.
209 Comite Vercingetorix, Association des Droits des piétons et Fédération des Usagers des transports, La radiale..., op. cit., 1975.
210 Ibid.
211 « Manifestation pour la rénovation sociale... », art. cité, Informations 14e, juin 1975.
212 Selon le Comite Vercingétorix, cite dans Michèle Champenois, « Plus d’autoroutes dans la ville – Rue Vercingetorix. Le nez contre la radiale », Le Monde, 26 juin 1974.
213 Préfecture de Paris, DGAU, mémoire du 12 juin 1973, archives de la Société historique.
214 Le Monde, 4 février 1976.
215 « Festivals – Musiques dans la ville : Notre-Dame du Travail », Le Monde, juin 1976.
216 Le Monde, 4 février 1976.
217 « Radiale ça va être ta fête », 14e Village, juin 1977.
218 Cf. la diapositive n° 5 de 1979 parue dans Paris le long des rues..., op. cit.
219 « Guilleminot en fête », 14e Village, juin-août 1980.
220 Monts 14, octobre-décembre 2004.
221 Paris le long des rues, op. cit., CRDP, 1979 ; diapositive 4 « En attendant la rénovation, rue Jules Guesde ».
222 « Certains immeubles ne sont plus entretenus », Jean Perrin, art. cité, 4 février 1975.
223 Bertrand, « Squatt Baby Squatt », Libération, 2 Janvier 1978.
224 Cazaux, Pons, art. cité, 1er Janvier 1972. Il s’agit d’une boutiqué de la rue Vercingétorix.
225 Ibid.
226 Michèle Champenois, art. cite, 26 juin 1974.
227 « François et Dorian », site Internet <paris70.free.fr>.
228 « Vivre en sécurité », 14e Info, mai 1984 ; ou « Rénovation, les communistes font le point avec les habitants », ibid., juin 1976.
229 « 1979. Quartier de Plaisance », présentation par Laurent Sax des photographies du quartier qu’il a prises en 1979, site Internet <laurent.sax.free.fr>.
230 « Sur 1 500 mètres de long, beaucoup de volets clos, de vitres sans rideaux... », Cazaux, Pons, art. cite.
231 Paris le long des rues, op. cit. ; T. Masutti, « Ne partez pas nous on reste », art. cite, 14e Village, Janvier 1978 ; Groupe femmes du 14e, « Un soir dans le quartier Guilleminot », art. cité, 14e Village, mars 1978, etc.
232 14e Village, décembre 1979.
233 Libération, 2 Janvier 1978.
234 Avec photos, Paris-tel, septembre 1971.
235 Avec photos, Paris-tel, mai 1971.
236 Michèle Champenois, art. cité.
237 « Le fracas des murs qui s’écroulent », Vasso, Franchi, Lettre ouverte citée, 14e Village, novembre 1978.
238 Notre quartier 14e, février 1971.
239 Laurence Perroy et Gaudina de Vasconcellos, « Vercingétorix en sursis au printemps 1975 », RH XIV, 1975·
240 Laurent Sax, cité.
241 Keramoal, « Une balade poétique », art. cité.
242 Cazaux, Pons, art. cité. Cf. aussi Gabrielle Rolin, art. cité. Vasso, « Chronique des ignobles méfaits... », art. cité, 14e Village, mai 1977 ; « le roulement des bulldozers », Vasso, Franchi, lettre citée, 14e Village, novembre 1978 ;» livre aux bulldozers »...
243 Reine Franchi, « Qui sont les Poètes ? », 14e Village, mai 1977.
244 Annie Thomas, « Les fougères de la rue Vercin », 14e Village, été 1979.
245 Jean-Marie Drot, « Introduction », Les heures chaudes de Montparnasse, 1995.
246 « Terrains vagues livres pendant des années aux rats et aux détritus », Reine Franchi et Françoise Emery, 14e Village, décembre 1979.
247 Conseil municipal du 5 mars 1970. Le préfet répond qui l’a fait débarrasser le terrain et condamner les portes. Même question de Dangles à propos d’un terrain au carrefour des rues du Château et du Commandant-Mouchotte, conseil municipal du 23 mai 1975.
248 Conseil municipal cité du 23 mai 1975.
249 « Une bonne nouvelle pour les joueurs de boules », Notre quartier 14e, Janvier 1972.
250 N. S., « Crèche buissonnière », 14e Village, novembre 1978.
251 « Le 14e... Ces jours-ci », 14e Village, Janvier 1979.
252 Annie Thomas, ;14e Village, été 1979.
253 Laurence Perroy et Gaudina de Vasconcellos, art. cite, RH XIV, 1975.
254 Husson, « Fleurs et faunes d’un quartier en démolition », Libération, 2 Janvier 1978.
255 Des machines, des marteaux-piqueurs... « les poussières et le bruit ont tout envahi », Michèle Champenois, art. cité.
256 « dans un brouillard de poussière troué de feux de planches », Cazaux, Pons, art. cité. ;» épaisse poussière polluante », Vasso, « Chronique... », citée, 14e Village, mai 1977.
257 « Les dix mille habitants du quartier campent dans les gravats », Jean Perrin, art. cité ; « Les gravats sont un étrange terreau », Marie-Christine Husson, Libération, 2 Janvier 1978.
258 Laurence Perroy et Gaudina de Vasconcellos, art. cité, RH XIV, 1975·
259 A. Keramoal, art. cité, L’Express, 1991.
260 Gilbert Perroy, « Entrée d’artistes du XIV arrondissement », RH XIV, 1974. U visite un atelier, 13 rue Vercingétorix, en 1972.
261 Laurence Perroy et Gaudina de Vasconcellos, art. cite, RH XIV, 1975. « Maisons éventrées » dans 14e Information, mai 1982.
262 Gabrielle Rolin, art. cité.
263 Vasso, « Chronique... », art. cité, 14e Village, mai 1977.
264 « Manifestation pour... », art. cité, Information 14e, juin 1975·
265 Cazaux, Pons, art. cité.
266 Annick Bernelle, souvenirs, 14e Village, février 1979.
267 Michel, « Plaisance Blues », Libération, 2 Janvier 1978.
268 Lettre citée, 14e Village, décembre 1979.
269 « Vivre en sécurité dans le 14e », Informations 14e, Janvier 1983.
270 « Travailler et... », art. cité, Informations 14e, mai 1982.
271 Expression de Pierre Bourdugue, « Entre Maine et Pernety. Un quartier à la recherche de son âme », La Page, mars-avril 1991.
272 Jean-Paul Sèvres, « La joie prend ta valise », 14e Village, Janvier 1978.
273 Keramoal, art. cité.
274 Michèle Champenois, op. cit.
275 « Travailler et habiter... », art. cité, Informations 14e, mai 1982.
276 Laurence Perroy et Gaudina de Vasconcellos, art. cité, RH XIV, 1975.
277 Béatrice de Andia, préface, De Montparnasse..., op. cit., 1986.
278 Notre quartier 14e, Janvier 1971.
279 Jean Perrin, art. cité, 4 février 1975.
280 Compte rendu de la conférence de l’Hôtel de Sens du 14 novembre i96r, archives de la Société historique.
281 Le Canard du XIVe, juin-juillet 1963.
282 « Des logements... », art. cité, Informations 14e, avril 1968.
283 Citée dans Jean Perrin, art. cité, 4 février 1975.
284 Cazaux, Pons, art. cité, 1er Janvier 1972.
285 M. Champenois, art. cité, 26 juin 1974.
286 14e Village, octobre-novembre 1979.
287 Lettre citée, 14e Village, octobre 1980.
288 Cazaux, Pons, art. cité, 1er Janvier 1972.
289 Déclaration d’un membre du Comité Vercingétorix, citée par Gabriele Rolin, art. cité, 16 mars 1975.
290 M. Champenois, art. cité, 26 juin 1974.
291 « Plan de rénovation des secteurs Plaisance et Mariniers », BO du Comite des fêtes du XIVe, avril 1966.
292 14e Montrouge, Montparnasse, Plaisance, Montsouris, Demain, février 1971. Dans le même sens, Notre quartier 14e, septembre 1978, un article insistent sur le fait que beaucoup des nouvelles constructions permettent le relogement sur place.
293 14e Information, avril 1968, mars 1970, mars 1972.
294 « Rénovation – Radiale Vercingétorix », Informations 14e, novembre 1971.
295 « Rénovation, les communistes font le point avec les habitants », Informations 14e, juin 1976
296 « Expulsons la SEMIREP » et « La journée du 24 novembre 1977 », 14e Village, décembre 1977.
297 Lettre ouverte citée, 14e Village, novembre 1978.
298 Monts 14, janvier-février 2003. Bien plus tard, les immeubles de la rue du Moulin-des-Lapins accueilleront des habitants expulsés de la rue des Thermopyles, Catherine Bröhl, « Thermopyles Déménagement force », La Page, février 2000.
299 Selon Marie Christine Husson, Libération, 2 Janvier 1978.
300 Bertrand, « Squatt Baby Squatt », Libération, 2 Janvier 1978.
301 R. L. Cottard, « L’évolution... », art. cité, RH XIV, 1984-1985.
302 Lettre de J.D., 14e Village, Janvier 1979.
303 « Plaisance – Sylvie : ça bouge ! », Le Parisien – vivre dans le XIVe, 1990.
304 Notre Dame du Travail de Plaisance, 1985.
305 Marie-Christine Husson, Libération, 2 Janvier 1978.
306 « Une autre manière de voir », 14e Village, juillet-août 1978.
307 « La fin du squat de la rue Raymond Losserand », Paris 14 – Rive gauche, mars 1982.
308 « Vivre en sécurité », Informations 14e, mai 1984.
309 Robert Canault, « Squatter », Janvier 1978. Robert Canault, « Squatter », Janvier 1978.
310 Selon l’expression de J. D. Lavergne, ancien de Paris-écologie, Monts, octobre 2004.
311 Selon la jolie expression d’Annie Thomas dans son poème, « Les fougères de la rue Vercin », 14e Village, été 1979.
312 « François et Doris », paris70.free.fr, 2005.
313 Marie Christine Husson, 2 Janvier 1978.
314 Bertrand, art. cité, 2 Janvier 1978.
315 Diapositive 4 « En attendant la rénovation », Paris le long des murs, op. cit., CRDP, vers 1982.
316 Ludovic, « Les rudiments de la colère », 14e Village, Janvier 1978.
317 Selon Dan et Vik, cf. Robert Canault, art. cité.
318 Gérard Courtois, « Pas d’hiver pour les squatters », 14e Village, février 1978.
319 Photo dans le numéro de février 1978.
320 Marie-Christine Husson, art. cité ; cf. aussi Robert Canault, « Squatter », art. cité.
321 Gérard Courtois, « Pas d’hiver pour les squatters », art. cité ; « Rue de l’Ouest/Un squat de moins », 14e Village, février 1978.
322 Paris le long des murs, op. cit., vers 1982.
323 « Ici passera la radiale Vercingétorix », Le Figaro, 2 novembre 1966. Une teinturière de la rue Vercingétorix se réjouit aussi que « la racaille [soit] partie » suite aux travaux de la radiale, mais les clients aussi ! Michèle Champenois, art. cité, 26 juin 1974·
324 « Un soir dans le quartier Guilleminot », art. cite, 14e Village, mars 1978.
325 Michèle Champenois, art. cité, 26 juin 1974.
326 Paroisse.ndtravail.free.fr, 2005. Même caractéristique du quartier caractérise par les squats, dans un écrit de l’abbé Maillard de la Morandais, « La délinquance et les trafics de drogue », dans Notre-Dame du Travail..., op. cit., 1985.
327 Éditorial, Paris 14 – Rive Gauche, mars 1982. Le journal se réjouit de la fin du « trafic de drogue » rue Raymond-Losserand.
328 « Vivre en sécurité dans le 14e », Informations 14e, Janvier 1983.
329 « Vivre en sécurité dans le 14e », Informations 14e, mai 1984.
330 « Une scandaleuse apparence d’impunité », Notre-Dame du Travail ..., op. cit, 1985 ; Bertrand, « Squatt, Baby Squatt », art. cité, qui pense que la police joue le pourrissement ; Paris 14 Rivegauche, mars 1982, estime que la police laisse faire le trafic de drogue.
331 Déclaration du conseiller municipal Giraud à la conférence de la Société de rénovation secteur Plaisance du 14 décembre 1961, Arch. Ste historique. Cf. aussi Pierre de Larminat, « L’ilot Vandamme en 1970 », Montparnasse man village, février 1963, qui estime que les projets « impliquent bien des transformations dans la vie des habitants du quartier et de ceux qui l’entourent ».
332 M. Lardenois, art. cité.
333 Paris le long des murs, op. cit., vers 1982, diapo 7 ; interview Robert Mandra, je me souviens du XIVe, op. cit. ; lettre d’Edwige Avice citée, 14e Village, octobre 1980.
334 Marie-Christine Husson, Libération, 2 Janvier 1978.
335 Paris le long des murs, op. cit., vers 1982, diapo 8, vue rue de l’Ouest vers la rue d’Alésia.
336 Alain Keramoal, « Une balade poétique », art. cité. Cf. aussi Paris perdu, sous la direction ce Claude Éveno, 1991.
337 Le photographe Laurent Sax note en 1979 les « murs délabrés au contraste saisissant avec les nouvelles constructions émergeant du sol », site Internet <Laurent.sax.free.fr>.
338 Gilbert Perroy, « Notre province à Paris », BO du Comité des fêtes du XIVe, Janvier 1968. Cf. aussi la diapositive n° 11 de la rue Decrès de 1979, qui montre le contraste entre les petites maisons et les immeubles neufs, Paris le long des murs, op. cit., vers 1982.
339 « La vie d’artiste dans le 14e n’est plus ce quelle était », 14e Village, octobre 1980.
340 « On mesure le temps qui passe / De la Tour Maine-Montparnasse / Qui va surgir », G. Duguet, Notre quartier 14e février 1971.
341 Tu ris tu dragues tu picoles et voilà / Les belles années qui passent / Notre rue de l’Ouest elle ressemble à ce temps là / La fini à la casse », Michel Buhler, Le bistrot du Kabyle.
342 Annie Thomas, « Les fougères de la rue Vercin », 14e Village, été 1979.
343 2 Janvier 1978.
344 « Chaque quartier était un village et les habitants tenaient à leur clocher », Françoise Degert, « Rue Raymond Losserand. Loyers forces. Le bœuf ne suit plus », La Page, juin 1996.
345 Encore en 2003, André Brageu évoque, au vu des peintures de Daniel Vacher, les « maisons multicolores » des quartiers disparus, « Brocante de printemps », Bulletin intérieur de la Société historique ..., juin 2003.
346 « Les petites rues adjacentes [de la rue Didot] avaient des jardins, des grilles avec des glycines et des vignes », dans Un lecteur, « Cinquante printemps – Je me souviens », La Page, avril 1990 ; cf. aussi Michel, « Plaisance Blues », Libération, 2 Janvier 1978.
347 Très souvent évoquées, cf. René Mosse, brochure citée, 1973 :» Les artistes d’hier ont disparu », A. Keramoal, « Une balade poétique », art. cite ; N. G., « Visite aux artistes de Plaisance, BO du Comite des fêtes du XIVe, septembre 1968 ; « La vie d’artiste dans le 14e n’est plus ce qu’elle était », 14e Village, octobre 1980.
348 René Mosse, brochure citée, 1973.
349 Georges Duguet, /Voire quartier 14e, février 1971.
350 « Rue des Suisses : Où sont passés les 7000 m2 [de jardins promis] ? », 14e Village, février 1979.
351 Michel Buhler, Le bistrot du kabyle, site <frmusique.ru>.
352 Un lecteur, « Cinquante printemps – Je me souviens », La Page, avril 1990.
353 Agnes Varda, « J‘habite Paris XIV, pas Paris », Libération, 22 août 2003.
354 Michel, « Plaisance Blues », art. cité.
355 Cazaux, Pons, art. cité, 1er Janvier 1972.
356 Emery, Franchi, lettre citée.
357 Françoise Degert, art. cité.
358 Michel Bulher, op. cit.
359 Keramoal, art. cité.
360 Un lecteur, « Cinquante printemps – Je me souviens », art. cité, La Page, avril 1990.
361 Michel, « Plaisance Blues », art. cité.
362 Françoise Emery ..., lettre citée.
363 X, « rénovation n’est pas rupture », Notre quartier 14e, septembre 1978.
364 Un lecteur, « Cinquante printemps – Je me souviens », art. cité, La Page, avril 1990.
365 Que leur pardonne Brassens.
366 Ange Bastiani, 200 bistrots secrets de Paris, 1970.
367 Michel Bulher, op. cit.
368 « Rénovation n’est pas rupture », art. cité.
369 Rapport d’activité, RH XIV, 1973.
370 N. G., « Visite aux artistes de Plaisance », Bulletin officiel du Comité des fêtes ..., septembre 1968.
371 Dont les photos sont exposées au stand de la Société historique lors de la brocante du printemps 2003.
372 Il réalise une centaine de photos, site <laurent.sax.free.fr>.
373 Il prend 12 500 photos de Paris, cf. Jean Mounicq, Marc Augé, Paris retraversé, Imprimerie nationale, 1998.
374 Réunion des artistes évoquée par Gomart, « Tiens-toi au pinceau, j’retire l’échelle », 14e Village, mai 1977.
375 Interview de Mallet, Monts 14, mars-avril 2003.
376 Jean-Marie Drot, Les heures chaudes de Montparnasse, op. cit., 1995.
377 France-Soir Magazine, 1er janvier 1972.
378 « C’était l’îlot Vandamme en 1942 », RH XIV, 1971.
379 Théâtre d’Edgar, Association des Amis d’Edgar, s.d. archives de la Société historique.
380 Alain Keramoal, art. cité, 18 avril 1991.
381 Cazaux, Pons, art. cité, 1er janvier 1972.
382 M. Champenois, art. cité, 26 juin 1974.
383 « Travailler et habiter dans le 14e », Informations 14e, mai 1982.
384 Henri Marquet, « L’atelier d’art public du 14e », Monts 14, octobre 2004.
385 14e Village dénonce en décembre 1977 la destruction de l’atelier envisagé par Brancusi et occupé par Alexandre Istrati et Natalia Dumitresco.
386 Dossier de Gérard Courtois, 14e Village, octobre 1980 ; M. Maupoint, « André Salmon, témoin de la grande époque de Montparnasse nous a quitté », RH XIV, 1969.
387 Le pressing Estival-Pressing de M. Bensamoun, Cazaux, Pons, art. cité, 1er janvier 1972.
388 L’épicier du 157 Vercin, M. Huanès Yaghdjian, ibid.
389 Informations 14e, juin 1975.
390 Ibid.
391 « Un soir rue Guilleminot », 14e Village, mars 1978. Cf. aussi Agnès Cadiot, La Croix, 15 septembre 1974, le communiqué de VDL XIV et de l’APU XIV demandant la réouverture des commerces, 14e Village, octobre 1980 ; la lettre d’Edwige Avice regrettant les petits commerces abandonnés, 14e Village, octobre 1980, etc.
392 N. G., « Visite aux artistes de Plaisance », BO du Comité des fêtes du XIVe, septembre 1968. Le Figaro du 2 novembre 1966 s’inquiète aussi du sort du 3 rue Vercingétorix, « Encore une cité d’artistes condamnée ».
393 « La Ville de Paris rend la cité des artistes Vercingétorix à l’épouvantable REMISEP », 14e Village, octobre 1977.
394 14e Village, janvier 1978. Qui souhaite leur survie sur place.
395 Michèle Champenois, art. cité, 26 juin 1974.
396 14e Village, avril 1979.
397 Entre 1 000 et 2 000 selon Gérard Courtois, cf. 14e Village, octobre 1980, dont l’essentiel dans le secteur Vandamme avant 1970. 600 selon Rolande Perlican entre 1964 et 1984, « Les ateliers d’artistes du 14e », 14e Information, mai 1984.
398 Les artistes du 3-5 villa Brune sont expulsés en 1965-67, Dufresne, art. cité, RH XIV, 1998.
399 Eugène et Marie-Liz Gall, « Gàll Ferenc – François Gall – peintre hongrois », RH XIV, 2005.
400 Cité par N. G., art. cité, septembre 1968.
401 12 ateliers, Le Canard du 14e, s.d., décembre 1963.
402 Henri Héraut, lettre du 13 novembre 1971, Arch. Sté historique, ou E. Lavergne, cf. G. Perroy, « E. Lavergne », RH XIV, 1979.
403 Vote du conseil municipal de Paris en 1965, archives de la Société historique.
404 Cf. « Ateliers d’artistes », 14e Montrouge, Montparnasse, Plaisance, Montsouris – Demain, février 1971 ; Ibid., février 1977.
405 Notre quartier 14e, janvier 1971
406 « Pour sauvegarder les ateliers d’artistes », Informations 14e, avril 1969 ; « L’aménagement de Plaisance-Guilleminot : où en sommes-nous ? », ibid., octobre 1977 ; « Les ateliers d’artistes du 14e », ibid., mai 1984...
407 Lettre de M. Doublet au maire du XIVe du 24 avril 1968, BO du Comité..., septembre 1968 ; le préfet s’engage à construire 22 ateliers d’artistes sur le secteur Vandamme.
408 Cf. Gérard Courtois, « La queue entre les jambes », 14e Village, novembre 1977, ibid., octobre 1979...
409 Selon 14e Village, octobre 1980.
410 Le Canard du 14e, décembre 1963.
411 Michèle, 14e Village, octobre 1980.
412 Diapo 10 : « Atelier de sculpture rue de l’Ouest », en 1979. Paris le long des rues ..., vers 1982.
413 La Cinquième République rétablit le scrutin par circonscription et Plaisance constitue désormais à lui seul une circonscription.
414 Il est aussi attaqué pour avoir acheté, en 1966, 450 hectares de terres dans le Larzac sur l’emplacement du futur camp militaire.
415 Après sa déroute plaisancienne, il sera sénateur. Vieux gaulliste, il appelle à voter non au référendum européen de 2005.
416 Questions à E. Avice par Gérard Courtois, 14e Village, novembre 1978.
417 Dangles, dans Le Nouvel Observateur du 20 mai 1977, cité par 14e Village, janvier 1978 ; Dangles à France Culture, le 24 janvier 1978 ; 14e Montrouge, Montparnasse ... Demain, février 1971 ; Notre quartier 14e, janvier et octobre 1971 ; janvier 1972.
418 « Travailler et vivre dans le 14e », 14e Info, mai 1982.
419 14e Info, janvier 1983.
420 Notre quartier 14e, février 1971.
421 Notre quartier 14e, septembre 1978.
422 Réunion de la société de rénovation du 14 novembre 1961, Arch. Sté historique. Cf. aussi « RELOGER SUR PLACE NOS EXPROPRIÉS », 14e Montrouge, Montparnasse, Plaisance, Montsouris Demain, février 1971 ; « Rénovation n’est pas rupture », Notre quartier 14e, septembre 1978.
423 14e Montrouge, Montparnasse, Plaisance, Montsouris Demain, février 1971.
424 Ibid., février 1977. Grande place dans Notre quartier 14e en 1978 alors que le journal n’évoquait pas les espaces verts en 1972.
425 « ROULER c’est bien, mais il faut GARER » ; « Protéger l’activité commerciale », 14e Montrouge, Montparnasse, Plaisance, Montsouris Demain, février 1971.
426 Notre quartier 14e évoque la multiplication des repas pour les âgés, février 1971. De longs passages sont aussi consacrés à la construction de logements pour les personnes âgées, 14e Montrouge, Montparnasse, Plaisance, Montsouris Demain, février 1971.
427 Par exemple, le départ de l’épreuve de marche, lors de la fête de la gentillesse à Plaisance, est donné par de la Malène, BO du Comité des fêtes du XIVe, janvier 1982.
428 Qui vont d’une plainte pour mauvaise réception de la télévision rue Boulitte du fait du voisinage d’un immeuble élevé, conseil municipal du 13 avril 1975, aux fissures sur immeubles rue Du-Cange et Henrion-de-Pansey, conseil municipal du 12 avril 1975.
429 Notre quartier 14e, janvier 1972.
430 « Évacuation des chiffonniers », Notre quartier 14e, octobre 1971. L’évacuation aurait été souhaitée par les voisins.
431 « S.O.S. 4e âge », Paris 14 Rive gauche, mars 1982 ; « Noël au club Julie Siegfried », ibid., janvier 1984 ...
432 « La fin du squatt de la rue Raymond Losserand », ibid., mars 1982 ; Bernard Pessac, « La sécurité », ibid., juin 1982 et 1985.
433 Le Bon sens 14, février 1978.
434 Nous nous appuyons beaucoup pour ce passage sur le joli livre de Gérard Brunschwig, Il était une fois dans la rue de l’Ouest – Western urbain, Paris, 2008, à la fois témoignage sensible et engagé et étude érudite.
435 Malgré l’affirmation que l’action de la SEMIREP aurait été « contestée dès le début par plusieurs associations de quartier », Paris le long des rues, op. cit., CRDP, vers 1982. Commentaire de la diapositive « Zut à la ZAC ».
436 « Le dernier bastion de la cité Vercingétorix », 14e Village, octobre 1980.
437 Patrick Mignon et Olivier Mongin, « Genèse de notre association de quartier VDL XIV », Autrement, « Contre pouvoirs dans la ville », juin 1976. Marie-Christine Husson, Libération, 2 janvier 1978 ; « radiale ça va être ta fête », 14e Village, juin 1977.
438 Cf. interview de Mallet, Monts 14, octobre 1998.
439 Souvenirs d’Henri Marquet, Monts 14, octobre 2004 ; J. Terne, « Tornade multicolore sur Plaisance », 14e Village, juin 1977.
440 « La journée du 24 novembre 1977 », 14e Village, décembre 1977.
441 « Interview d’un autonome », 14e Village, novembre 1978.
442 Avec le concours de Paris-écologie 14e et de l’ASPRAU 14e, 14e Village, janvier 1978.
443 Avec la participation d’Écoute s’il pleut, Église réformée de Plaisance, Théâtre de Plaisance, ASPRAU, 14e Village, Les Montreurs d’images, APL XIV, VDL XIV et des comités de rues. Cf. affiche déposée à l’association Florimont.
444 B. N., « Moulin des Trois Cornets », La Page, juin-juillet 1990, écrit : « cet immeuble, haut lieu de la lutte contre la radiale Vercingétorix et de l’animation culturelle dans cette période ».
445 Patrick Mignon et Olivier Mongin, « Genèse de notre association de quartier VDL XIV », Autrement, art. cité, juin 1976.
446 14e Village, février 1979. Ce qui explique pour elle le déclin du mouvement.
447 X, « En 70 ans 3000 m2, en 7 ans : 51 300 m2. Ou les espaces verts à Plaisance », Notre quartier 14e, septembre 1978.
448 Déclaration d’un membre du Comité Vercingétorix recueillie dans Gabrielle Rolin, art. cité, Le Monde, 16 mars 1975.
449 Vasso, « Chronique des ignobles méfaits de la SEMIREP », 14e Village, novembre 1977.
450 Ainsi les contacts entre les artistes et les autres habitants de la rue Lebouis, 14e Village, juillet-août 1978.
451 « L’aménagement de Plaisance-Guilleminot : où en sommes-nous ? », Informations 14e, octobre 1977.
452 Christian Audejean, Claude Bourdet, François Châtelet, Jean Cassou, Jean Chesneaux, Michel de Certeau, Gilles Deleuze, Henri Dougier, Marguerite Duras, Reine Franchi, Félix Guattari, Harvey Goldberg, Pierre Halbwachs, Monique Hervo, Pierre Gaudibert, Alain Jaubert, Henri Lefebvre, Jacques Le Sage, Michel Leiris, Gustave Macias, Clara Malraux, François Maspero, Jean-Jacques Mayoux, Olivier Mongin, Bernard Parmentier, Raoul Pastrana, Jean-Paul Sartre, Vieira da Silva, Paul Thibaut, Alain Touraine, Willem, 14e Village, mai 1978.
453 SOS Paris, Culture et liberté, L’Habitat groupé autogéré, Autrement, Études et Chantiers, l’Atelier d’art public, Combat-Transports, Les Droits du Piéton, l’ASEC, les Amis de la Terre, SOS Environnement, Union des arts plastiques, CFDT du ministère de l’Environnement, cf. Concours d’idées..., op. cit., 1980.
454 G. Rolin, art. cité, 16 mars 1975.
455 Ces très belles affiches sont données dans Gérard Brunschwig, Il était une fois dans la rue de l’Ouest – Western urbain, op. cit.
456 « Expulsions, ne nous laissons pas intimider », 14e Village, mai 1977.
457 Cf. la « petite guerre d’usure » sur les friches, G. Rolin, art. cité, 16 mars 1975, et la « journée » du 24 novembre 1977.
458 « L’état de fête est déclaré », 14e Village, mai 1977. Cf. aussi « une autre manière de voir », sur la fête du 18 juin 1978, 14e Village, juillet 1978 ; « Guilleminot en fête » sur la fête des 20-22 juin 1980, 14e Village, juin 1980.
459 « Zut à la ZAC », cf. Paris le long des murs, op. cit., 1982 ; il y a aussi les chansons : « On se fout de notre poire / À coup d’fric À coup de lois », cité dans G. Rolin, art. cité.
460 En mars-mai 1979, cf. Concours d’idée..., op. cit.
461 Cf. l’exposition d’octobre 1977, Gilles et Marie-Christine, art. cité, Libération, 2 janvier 1978 ; aussi la grande exposition APU des 6 au 15 mai 1978, 23 rue de l’Ouest, 14e Village, mai 1978.
462 Ainsi, en mars-mai 1978 VDL XIV demande le contrôle de la « rénovation » par les habitants dans le cadre de l’enquête d’utilité publique, 14e Village, mai 1978.
463 14e Village, mars 1978.
464 G. Courtois, « Le 14e... ces jours-ci », 14e Village, janvier 1979.
465 Simon Rodier, « Gloire à l’art de rue », document privé.
466 Réalisé par Vostell Wolff, un des grands noms du happening, site <www.newmedia-art.com>.c
467 Jean-Jacques Aslanian, « Théâtre de Plaisance », art. cité.
468 Les Gazolines, les Gorgons, Patrick Eudeline, François Lloyd, Léon Cobra Taxi Girl, cf. site <paris70. free.fr>.
469 La présence d’Actuel impasse Lebouis à ses débuts ressort du même phénomène, cf. Vivre sans dormir, 2005. Actuel aurait été aussi dans les combles d’un immeuble de la rue de l’Ouest au début des années 1970, cf. Le Nouvel Observateur, 11 septembre 2007.
470 « Tout à la joie ! », 14e Village, mai 1977.
471 Jean-Paul Sèvres, « La joie prend ta valise », 14e Village, janvier 1978.
472 Ludovic (Jean-Louis Lambert ? ? ?), « Les rudiments de la colère », 14e Village, janvier 1978.
473 14e Village, novembre 1978.
474 Reine Franchi, art. cité, 14e Village, avril 1979.
475 « Les J.O. de la rue Pernety », 14e Village, février 1979.
476 Jean Paul Sèvres, « La joie... », art. cité, 14e Village, janvier 1978.
477 Ludovic, art. cité.
478 Site <gorgons.free.fr>.
479 « Radiale, ça va être ta fête », 14e Village, festival avec Jean Coudret, Évariste, Chantai Grimm, Thierry Mouge.
480 Jean-Paul Sèvres, « Tout à la joie », 14e Village, mai 1977.
481 Vasso, Franchi, lettre ouverte citée, 14e Village, novembre 1978.
482 Ludovic, art. cité.
483 Quand ils participent à la fête de la radiale en 1976 ou quand ils organisent le carnaval en 1980, interview de Mallet, Monts 14, décembre 2002.
484 Un peu réticent au début à cette thématique, le théâtre Plaisance y vient en organisant en 1979 un cycle de clowns et comédiens de rue à 18 h 30 pour s’ouvrir sur le quartier, « Du nouveau au théâtre Plaisance », 14e Village, février 1979.
485 « Tout à la joie ! », art. cité, 14e Village, mai 1977.
486 Ce (premier) festival est organisé à Plaisance en avril-mai 1979. Notons comme chanteurs « de quartier », Michèle Bernard, Chantai Grimm, Patrick Siniavine...
487 La crèche du 68 rue de l’Ouest, sur le terrain vague, accueille jusqu’à 14 enfants, celle du 32 rue Raymond-Losserand accueille jusqu’à 10 enfants avec les seuls parents, N. S., « Crèche buissonnière », 14e Village, novembre 1978.
488 À l’ARBRE, cf. Ludovic, art. cité.
489 Cf. Le ciné-club de Plaisance, 28 rue Olivier-Noyer, les mercredis, 14e Village, janvier 1978. Cf. aussi la lettre de Roger Herzhaft, 191 rue d’Alésia, pour une animation cinématographique, ibid., janvier 1980.
490 Ibid., janvier 1978.
491 Gérard Courtois, art. cité, ibid., janvier 1979.
492 Ludovic, art. cité, ibid., janvier 1978.
493 Au 68 rue de l’Ouest, ibid., numéro 2, 1977.
494 Communiqué (Christine Barbe et Nicolas Malivel) d’Autrement la Ville, ibid., mars 1978.
495 Commentaire de la diapositive 4 « En attendant la rénovation rue Jules Guesde », Paris le long des rues, op. cit., CRDP.
496 Cf. Marie Alli, « Alain Mallet et son théâtre », Monts 14, septembre 2002.
497 Cf. photographie du 88 rue de l’Ouest, parue dans Gérard Brunschwig, Il était une fois dans la rue de l’Ouest – Western urbain, op. cit. ; ou l’affiche « Un jardin pour le quartier » de Jean-Louis Lambert (1976) qui oppose le vert et le noir, ibid.
498 Le festival d’avril mai 1979 convoque tous les genres : chansons, théâtre de la manivelle, chansons à l’accordéon et à l’orgue de Barbarie, jazz band, « folk parisien », musique de chambre, Font et Val, Chantai Grimm... petit bal, animation sportive.
499 Cinéma action avec Vidéo-Flash de Didier Equer, au 32 rue Raymond-Losserand, 14e Village, novembre 1977, ou Video contacts lors de la fête de la radiale de juin 1977, ibid., juin 1977.
500 Ou cirque ; un cirque est installé un temps sur un terrain vague de la rue Vercingétorix en 1979, cf. A. Thomas, poésie citée.
501 Spectacle fait par un club d’anciens (le club Plaisance, 10 rue de Ridder) à la fête de la radiale de juin 1977, 14e Village, juin 1977.
502 La « radio pirate » installée en 1980 rue Gassendi, sur l’ancien atelier d’Isabelle Da, est appelée à un développement privé ultérieurement, Florence Ruzé, « Rue Gassendi, Ado FM grandit... », La Page, septembre 1996.
503 Avec aussi le restaurant coopératif « Le pied dans le plat », rue Crocé-Spinelli, 14e Village, décembre 1977.
504 Henri Marquet, « L’atelier d’art public du 14e », Monts 14, octobre 2004.
505 « Théâtre de Plaisance », art. cité.
506 « La rénovation détruit tous les p’tits restaurants », 14e Village, décembre 1980.
507 Gérard Courtois, « Vous avez dit square », 14e Village, avril-mai 1981.
508 « Une MJC pour Plaisance », 14e Village, mars 1978.
509 « Nécessité de la rénovation », Informations 14e, avril 1968 ; la rénovation s’impose, ibid., mars 1972.
510 Cf. infra cette conception de la « rénovation sociale ».
511 Intervention du conseiller communiste Robert Francotte à la conférence SEMIREP citée du 14 novembre 1961 où, sans contester les opérations, il souhaite le relogement rapide sur place des plus faibles revenus et notamment des personnes âgées.
512 Notamment celles qui concernent l’élargissement des rues Raymond-Losserand ou Didot, 14e Informations, mars 1970.
513 Gajer regrette qu’on ne détruise plus que 650 des 1 100 logements insalubres prévus, conseil municipal du 23 décembre 1971.
514 Informations 14e, décembre 1968, juin 1970.
515 « La rénovation en question », ibid., mars 1975.
516 Informations 14e, juin 1975.
517 Gajer, intervention citée du 23 décembre 1971.
518 Mot employé par Rolande Perlican, 14e Village, janvier 978.
519 14e Village reconnaît en 1978 que le PCF n’est plus favorable à la rénovation-bulldozer mais regrette son action trop respectueuse dans un contexte électoral, mars 1978.
520 Informations 14e, octobre-novembre 1977 et interview de Rolande Perlican dans 14e Village, janvier 1978.
521 Interventions des conseillers, Christiane Schwartzbad le 25 novembre 1971 et Gajer, 23 décembre 1971 ; Informations 14e, novembre 1971 et mars 1972.
522 D’où la participation de Rolande Perlican à la manifestation de protestation de novembre 1977, cf. 14e Village, janvier 1978.
523 Informations 14e, novembre 1969, où le journal regrette que « la radiale ne commence pas, la rénovation non plus », et juin 1970.
524 Groupe communiste, le 27 novembre 1974, qui prétend que telle a toujours été sa position..., 14e Informations, mars 1975.
525 Informations 14e, juin 1975 ; novembre 1976, janvier 1977.
526 Informations 14e, juin 1975.
527 Cf. son affiche infra et Informations 14e, octobre 1977.
528 Informations 14e, janvier 1977 ; Rolande Perlican, Informations 14e, juin 1983.
529 « Travailler et habiter dans le 14e », art. cité, Informations 14e, mai 1982.
530 « À la porte de Vanves », Informations 14e, novembre 1982.
531 « Vivre en sécurité dans le 14e », Informations 14e, janvier 1983 et mai 1984.
532 On vend encore 1 500 HD dans le XIVe en 1971, dont 850 à Plaisance environ, conférence d’arrondissement des 5 et 6 novembre 1971, archives privées.
533 Archives privées. Ces effectifs répartis ensuite dans cinq sections restent grossièrement stables au début des années 1970.
534 Nous disposons de ces listes pour les années 1969-1972.
535 Informations 14e, mai 1970.
536 Dont le livre de souvenirs est salué par ce titre significatif dans 14e Village, été 1979, « Un résistant du 14e, Robert Francotte ».
537 Interventions des conseillers Schwartzbad et Malberg sur les trop lourdes charges des locataires de la SAGECO au 65-75 boulevard Brune, conseil municipal du 26 janvier 1973. Dénonciation des hausses de loyers, Informations 14e, mars 1976...
538 Lettre des habitants du Château ouvrier à Nicole (Catala) et souvenirs de Ghislaine César, La Page, septembre 1997.
539 F. Heintz, « Maurice Lassale. Un conseiller de tous les combats », La Page, avril-mai 2002.
540 « Les immigrés défendent leur foyer », Informations 14e, juin 1973 ; Informations 14e, mars 1974.
541 Ibid., mars 1976, novembre 1976.
542 Ibid., juin 1975.
543 Ibid., novembre 1969, mars 1976, mars 1978.
544 Ibid., juin 1975.
545 Ibid., novembre 1982.
546 Le postier de Brune, novembre 1970. Il est vrai que le tri accueille un militant communiste très attiré par la culture, Maxime Vivas, futur auteur de Paris-Brune, en 2001. Cf. La Page, mai 2001.
547 Maurice Lassalle sera l’organisateur des Nuits du cinéma du XIVème, cf. F. Heintz, art. cité.
548 Archives privées.
549 Ibid., octobre 1975.
550 14e Village, mars 1978, « Éditorial ».
551 Il y a aussi les dissidences comme Union dans les luttes avec Hélène Parmelin et Jérôme Leclerc, 14e Village, avril 1980.
552 « La journée du 24 novembre 1977 », ibid., décembre 1977.
553 Elle succède à Giraud (1962), Stefanaggi (1967 et 1968) et Maillot (1973).
554 Ibid., novembre 1978.
555 Lettre d’Edwige Avice à de la Malène citée, ibid., octobre 1980.
556 Ibid., novembre 1978.
557 Ibid., janvier 1978.
558 Ibid., novembre 1978.
559 En 1962, Calves obtient 5,9 % et en 1967, Mangenot obtient 6,2 %.
560 Question de Claude Bourdet et David Weill du 20 septembre 1966.
561 Aux élections de 1977, les écologistes obtiennent 12 % des suffrages à Montsouris-Petit-Montrouge... contre 9 % à Plaisance.
562 Ce que leur reproche Gérard Courtois, « Les derniers méandres de la course au pouvoir », 14e Village, mai 1978. Cf. aussi les souvenirs de |. D. Lavergne, candidat écologiste en 1978, Monts 14, octobre 2004.
563 14e Village, mars 1978.
564 Jean-Jacques Porchez, « Les zécolos, Chirac et la SEMIREP », 14e Village, janvier 1978.
565 « Urbanisme et démographie », BO du Comité des fêtes ..., septembre 1968 ; « îlot des Mariniers », Revue administrative de la Préfecture de la Seine, 1er trimestre 1967.
566 G. Perroy, « Le départ de nos industries du 14e », RH XIV, 1970.
567 Les « jeunes ne demandent qu’à partir », G. Rolin, art. cité, Le Monde, 16 mars 1975.
568 Cottard, « L’évolution... », art. cité, RH XIV, 1984-1985. Cf. aussi souvenirs Masson, RH XIV, 1975.
569 Selon l’expression de l’abbé de la Morandais dans Notre Dame du Travail de Plaisance, op. cit., 1985.
570 En particulier par la presse communiste, cf. « Nouveau Plaisance... », art. cité, novembre 1970, Info 14e, ou « Travailler et habiter dans le 14e », 14e Info, mai 1982, qui présente le cas d’un ouvrier des PTT contraint à partir vivre à Palaiseau.
571 Le total des pourcentages est inférieur à 100 car le recensement comporte une catégorie « autres » inclassable.
572 Moraux, art. cité, RH XIV, 1975.
573 Les chiffres concernant l’ensemble du XIVe dans Philippe Temple et Jacques Amory, « Paris 14e : un arrondissement charnière », RH XIV, 2005.
574 « Seul le quartier de Plaisance reste essentiellement populaire », Guide bleu, 1968 ; « Ce vieux quartier populaire », dans « Nouveau Plaisance... », art. cité, Info 14e, mai 1970.
575 « Un quartier pauvre, très populaire », impression qu’aurait eue en 1969 Annick Bernelle, 14e Village, février 1979.
576 Quartier populaire et ouvrier pour P. Boussel, dans Dictionnaire de Paris, 1964.
577 Deux articles parus, à l’occasion du débat sur la radiale, dans Le Monde en 1975 évoquent « un quartier pauvre » et « cette pauvre rue [Vercingétorix] », J. Perrin, art. cité, 4 février 1975, et G. Rolin, art. cité, 14 mars 1975.
578 Sur la ZAC Guilleminot, dans Concours d’idées..., op. cit., 1980.
579 Lettre à de la Malène, 14e Village, octobre 1980.
580 « Une balade poétique », dans L’Express, numéro spécial 14e arrondissement, 18 avril 1991.
581 Paris le long du mur, op. cit., CRDP, 1982 diapo 7.
582 Communiqué dans 14e Village, mai 1978.
583 Lettre citée, 14e Village, octobre 1980.
584 Notre quartier 14e, septembre 1978. Aussi B. de Andia, préface, De Montparnasse à Montsouris..., op. cit., 1986.
585 Raoul Vilette, Paris sur zinc, 1981. La mixité est aussi repérée par Henry Marquet dans ses souvenirs (Monts, octobre 2004), qui voit en 1975 au 61 rue Pernety des ateliers de peintre, un imprimeur d’estampes et un ingénieur belge.
586 Notre Dame du Travail de Plaisance, op. cit., 1985.
587 G. Perroy, « Notre province de Paris », Bulletin du Comité municipal des fêtes..., janvier 1968.
588 Témoignage, dans La Page, mars 1991.
589 Cf. les souvenirs de R. Mosse, Comment vivre à Maine Montparnasse ?, s.d., vers 1979.
590 « Les promoteurs de la rue Niepce », 14e Village, décembre 1980.
591 Alain Keramoal, art. cité, avril 1991.
592 Raoul Vilette, op. cit., 1981.
593 On trouve de très jolis dessins de ce bâti ancien dans Concours d’idées..., op. cit., 1980.
594 « Encore une centenaire », Bulletin officiel du Comité des fêtes, 1968.
595 Michèle Champenois, art. cité, Le Monde, 26 juin 1974.
596 Notre quartier 14e, février 1971.
597 Maitre, Tournant, Plaisance étude d’aménagement..., op. cit., vers 1959.
598 Annick Bernelle, qui en constate aussi la saleté, 14e Village, février 1978.
599 A. Keramoal, art. cité.
600 Interview par Marie-Christine Lattes, 14e Village, avril 1979.
601 Paris le long des rues, 14e arrondissement, op. cit., CRDP, vers 1982.
602 « Géographie sentimentale du 14e arrondissement », RH XIV, 1958.
603 Danièle Garin et Didier Noyé, « Histoire d’immigrés », 14e Village, février 1978.
604 « La buvette de Paulette ferme ses volets », La Page, janvier 2003. Le CRDP publie aussi la diapositive d’un « café charbon rue Decrès » en 1979, rue qui a « gardé jusqu’en 1980 des traits caractéristiques du quartier », Paris le long des rues, op. cit., vers 1982.
605 A. L., « Cela s’est passé dans le XIVe. Il y a plus de 60 ans ! », vers 1963, archives de la Société historique.
606 « Encore une centenaire », Bulletin officiel du comité des fêtes, septembre 1968.
607 Dossier « Il était une fois rue du Château », 14e Village, janvier 1979.
608 Cf. par exemple, « Les souvenirs de Madame Jeanne. Il y avait », La Page, juin 1991.
609 Ces HLM sont aussi des bastions communistes ; cf. les 75 appels du « 156 » et les 90 appels de la porte de Vanves à voter communiste, Info 14e, mars 1978.
610 « À la porte de Vanves », 14e Info, novembre 1982.
611 Cf. séance du conseil municipal du 23 décembre 1971.
612 Installation au début des années 1960 du chauffage urbain aux HLM du boulevard Brune, archives de la Société historique.
613 « Du côté des HLM Vanves-Bouchor », 14e Info, novembre 1982.
614 Enquête sur les crèches, 14e Village, novembre 1978.
615 Pierre Louis, « D’un quartier l’autre », La Page, janvier 2001.
616 Séance du conseil municipal du 29 septembre 1965.
617 Cité dans Cazaux, Pons, art. cité, 1er janvier 1972.
618 Ludovic, « Les rudiments de la colère », 14e Village, janvier 1978. Ludovic, « Les rudiments de la colère », 14e Village, janvier 1978.
619 Qui reçoivent des subventions du conseil municipal.
620 Dictionnaire de Paris, 1964.
621 Ludovic, « Les rudiments de la colère », 14e Village, janvier 1978.
622 Jacques Lonchampt, « Musique dans la ville à Notre Dame du Travail », Le Monde, juin 1976.
623 14e Village, juin 1980.
624 « Au Bon-Secours, faut pas plaisanter ! », 14e Village, décembre 1979. L’auteur admet que « c’est une maternité qui marche ».
625 Notre quartier 14e, décembre 1970.
626 « Opération Cœur réussie », 14e Info, avril 1969. Georges Level, « Hôpital Broussais, une médecine d’avant-garde », La Page, juin 1992 ; F. Heintz, « Plus de cent ans au service des malades », La Page, octobre 2000.
627 Regards sur l’hôpital Broussais, op. cit., Anne Vega et Marie-Christine Pouchelle, AP, 1999.
628 Son lactarium, banque de lait maternel, aurait fait l’objet de menaces à la fin des années 1980, selon Omar Slifi, « Institut de puériculture ; Le lactarium sauvé ? », La Page, décembre 1991.
629 Encore évoquée dans une nouvelle d’Armelle Danysz, « Monsieur Victor », 1973.
630 La qualité de ses locaux est contestée lors d’une réunion du conseil municipal en juillet 1976, archives de la Société historique.
631 « Les baraques du 105 rue Raymond Losserand », Notre quartier 14e, novembre 1970, et Paris 14 Rive gauche, octobre 1986.
632 Paul Maitre et Jacques Tournant, Plaisance, étude d’aménagement..., op. cit., vers 1959. Même problème pour « la main d’œuvre triée, habitant le plus souvent dans le quartier » de l’usine de mécanique Rotary.
633 « P.T.T. Brune, un transfert qui ne se justifie pas », 14e Info, décembre 1968. Cf. aussi l’image d’une ouvrière du timbre dans « Deux femmes du 14e », 14e Info, mai 1970.
634 Jean-Jacques Aslanian, « Théâtre de Plaisance », 14e Village, janvier 1979.
635 Vasso, « Chronique des ignobles méfaits de la Remisep », 14e Village, novembre 1977.
636 Mme de Andia, dans « préface », De Montparnasse à Montsouris..., op. cit., 1986, évoque les « pauvres ouvriers sans avenir ».
637 « Quartier Guilleminot : la bavure », 14e Village, février 1978, évoque deux morts sur les chantiers. Aslanian évoque aussi « les peines et les fatigues » des habitants, art. cité.
638 « Quand les communistes parlent de misère », 14e Info, janvier 1977.
639 L’unité, journal de la cellule Didot, s.d., vers février 1971.
640 J. J Aslanian, art. cité.
641 « Évacuation de chiffonniers », Norre quartier 14e, octobre 1971.
642 « Histoire d’immigrés », 14e Village, février 1978.
643 « Cinquante printemps, je me souviens », La Page, avril 1990.
644 Interview d’Alain Girard, directeur du centre Marc Sangnier, Monts 14, janvier 2001.
645 Rosine, « Villa Deshayes », 14e Village, été 1979.
646 Au coin de la rue du Château et de la rue du Commandant Mouchotte, conseil municipal du 23 mai 1975. Entre la rue Vercingétorix et le chemin de fer, cf. Jean-Léon Vandoorne, « Une idée à creuser », 14e Village, mars 1978.
647 Gérard Courtois, « Vous avez dit square ? », 14e Village, avril 1981.
648 Ibid.
649 Interview d’Alain Girard, directeur du centre Marc Sangnier, Monts 14, janvier 2001.
650 14e Village, mai 1977.
651 Ce fait divers est curieusement signalé dans Jacques Morlaine et G. Bellet, L’amour à Paris par arrondissement, 1966.
652 Cf. John K. Abraham, « Dupond de Plaisance. Le danseur étoile Patrick Dupond a grandi entre Montparnasse et Plaisance », La Page, mars 2001.
653 Manifeste de l’ARBRE, Libération, 2 janvier 1978.
654 Déclaration dans G. Rolin, art. cité, 16 mars 1975.
655 Au 105 rue Raymond-Losserand, « Terrain d’aventure pour les enfants », 14e Village, mai 1977.
656 En 1961, Maitre, l’architecte rénovateur de Plaisance, en prévoit deux pour le quartier, conférence citée du 24 novembre 1961.
657 Le Canard du 14e, juillet 1964.
658 14e Village, mars 1978.
659 « À la porte de Vanves », Info 14e, mai 1982.
660 COPRAS, Enquête sociologique du secteur de Plaisance, janvier 1963. Seul le centre de la rue Pierre-Larousse paraît digne d’intérêt. En 1966, signalons aussi le patronage laïc du 14e, 7 rue Asseline, les magnerelles de Plaisance, 12 rue Crocé-Spinelli (liée à l’école privée) et quelques clubs sportifs, cf. BO du Comité des fêtes..., 1966.
661 En voici une liste non exhaustive, par rues : Ateliers de peinture Sylvie R. / Commandant Mouchotte Club de loisirs / Daguerre Postiche d’Hortense / Didot 4 ADA / Édouard Jacques Au chat perché / Édouard Jacques SOS enfants / Gassendi Griffe Songe / Hippolyte Maindron Atelier de danse Lise Dubois / Maine Bibliothèque Vandamme / Marc Sangnier École de musique – Recherche et Loisirs / Mariniers LOREM / Moulin-de la Vierge École des Parents / Olivier Noyer Notre Maison / Ouest La Cocotte / Pierre Larousse Atelier 10 / Porte de Vanves MJC / Raymond Losserand Terrain d’aventures, ateliers.
662 Cf. interview citée d’Alain Girard, directeur du centre Marc Sangnier, Monts 14, janvier 2001.
663 Ils auraient été 200 à manifester, Info 14e, mars 1974.
664 Barricades 14e, 21 mai 1979.
665 Un Comité de jeunes du 14e est créé en 1966, qui organise une semaine de la jeunesse à laquelle auraient participé 600 jeunes, avec bal, cinéma, concours de photo... Son responsable était N. F. Latour, cf. COPRAS actualités, juin 1966, Arch. Sté historique.
666 Cazaux, Pons, art. cité, 1er janvier 1972. L’hôtel est situé en face de la gare d’Ouest-Ceinture. Des mêmes, « la petite clinique vétérinaire, dans son immeuble de deux étages », rue Vercingétorix, et vers le 20 de la rue « des antiquaires (petits, modestes, vieillots à l’image de la rue) ».
667 14e Village, avril 1981.
668 Agnès Varda, art. cité, 22 août 2003.
669 Cf. 14e Info, mai 1982, « Plaisance a perdu... ses commerçants » ; Concours d’idées..., op. cit., 1980, « Déjà de nombreux commerçants ont dû quitter le quartier [...] Peu à peu, les artisans doivent aussi s’expatrier. »
670 Cf. l’épicerie de M. Houannès Yaghdjian, 157 rue Vercingétorix, Cazaux, Pons, art. cité, 1er janvier 1972.
671 La Page, mars 1991.
672 Concours d’idées..., op. cit., 1980.
673 Commentaire de la diapo 11, Paris le long des rues., op. cit., 1982.
674 COPRAS, Enquête sociologique du secteur de Plaisance, op. cit., 1963.
675 Qui sont fréquentes aux rez-de-chaussée des nouveaux grands immeubles. Cf. diapo 8, « Nouveau tissu urbain rue de l’Ouest », Paris le long des rues, op. cit., vers 1982.
676 Cet ancien boxeur présente encore des gants dans sa vitrine ; cf. Josée Couvelaere, « Rue Gassendi. Le cordonnier ne raccroche jamais les gants », La Page, mars 2001.
677 Patrice Maire, « Rue Deparcieux, la fonderie d’art est sauvée », La Page, mars 1997.
678 Qui a connu César et Picasso, « Restauration -Jean-Paul Ledeur : 105 œuvres d’art », Le Parisien, numéro spécial XIVe arrondissement, 1990.
679 « Nos artisans », Le Canard du XIVe, janvier 1964.
680 Interview dans « Il était une fois la rue du Château », 14e Village, janvier 1979.
681 Ibid.
682 Alain Keramoal, art. cité, L’Express, 1991.
683 Raoul Vilette, Paris sur zinc, guide des bons bistrots et de certains autres, Le Dernier Terrain Vague, 1981.
684 Couguar, « Chez Renée – La Godille des Âmes – impressions surréalistes », La Page, 3e trimestre 1989.
685 « Une belle initiative des jeunes du quartier de la mairie », Le Canard du XIVe, juillet 1964. Ce bistro était 9 rue Deparcieux.
686 14e Village organise au Cassis Bar, 101 rue Vercingétorix, des concours de dominos et des projections, 14e Village, mai 1978.
687 Au café Le Lioran, 68 rue Didot, la cellule Didot du PCF accompagne une réunion publique de projections, tombolas, apéritif...
688 Novembre 1970.
689 14e Village, décembre 1977.
690 Ibid., juin 1977.
691 Il s’agit des anciens de Ceux de la Résistance et du Mérite, Notre quartier 14, février 1971. Il s’agit des anciens de Ceux de la Résistance et du Mérite, Notre quartier 14, février 1971.
692 Un des premiers à disparaître sera le café du 3 impasse Florimont où allaient les ouvriers des Asphaltes, RH XIV, 1993. Le café où allait Giacometti, rue d’Alésia, sera remplacé par une agence BNP, « Cinquante printemps, je me souviens », La Page, avril 1990.
693 Avis des assistantes sociales dans COPRAS, Enquête sociologique..., op. cit., 1963.
694 Cazaux, Pons, art. cité, 1er janvier 1972.
695 Ange Bastiani, 200 Bistrots secrets de Paris, op. cit., 1970.
696 François Degert, « Rue de Gergovie, Hamid et Ali artistes-coiffeurs », La Page, mars 1997.
697 « Far Ouest à Plaisance », 14e Village, février 1979.
698 L’Écho de Plaisance, journal de l’association des artisans et commerçants du Sud 14e, 1982, sur la 5e fête de la gentillesse.
699 Nous avons déjà cité l’article charnière d’Alexandre Arnoux dans la RH XIV, 1958, « Géographie sentimentale... », qui évoquait le « clan » des peintres de Plaisance.
700 Gilbert Privat, « Les ateliers d’artistes – Contribution à l’étude en cours du relogement des artistes du quartier de Plaisance », Le Canard du XIV, vers décembre 1963.
701 Notons la présence de Boucard, Carzou, de la Cerna, Delaunay, Even, Jan, Pignon, Svirn, Survage, Szenes, Zingg, Choain, Elion, Giacometti, Giromini, Lambert, Lelios... Une superbe liste encore.
702 « Visite aux artistes de Plaisance », Bulletin officiel..., septembre 1968.
703 Michèle Champenois, art. cité, 1974.
704 Gilbert Privat, art. cité.
705 Selon l’expression de Béatrice de Andia, préface citée, 1986.
706 Gilbert Privat, art. cité.
707 « Peintres d’aujourd’hui », Le Canard du XIVe, vers juin 1963.
708 Monts 14, décembre 2002.
709 Jean-Marie Drot, Les heures chaudes de Montparnasse, op. cit., 1990.
710 Témoignage dans 14e Village, octobre 1980.
711 COPRAS, Enquête sociologique du secteur de Plaisance, op. cit., janvier 1963.
712 Gilbert Perroy, « Marcel Gromaire (1892-1971) », RH XIV, 1980-1981.
713 Keramoal, art. cité, 1991.
714 La Page, octobre 2000.
715 A. Grimaldi, « Les ateliers... », art. cité, RH XIV, 1999.
716 G. Perroy, art. cité, RH XIV, 1979-1980.
717 Agnès Varda, « l’habite Paris XIV et pas Paris », art. cité, 22 août 2003. Le propos est exagéré car les Auvergnats arrivent par la gare d’Austerlitz...
718 « Robic, le panache », 14e Village, été 1979.
719 Déclarée le 29 mars 1967, archives de la Société historique.
720 Cf. aussi Juliette Bonnafé, « Les Bretons de Montparnasse », dans AAVP, Montparnasse et le XIVe, 2000.
721 Séances des 23 mars et 5 mai 1967.
722 Je me souviens du XIVe arrondissement, op. cit.
723 G. Rolin, art. cité, 16 mars 1975.
724 Interview de Mallet citée, Monts 14, mars 2003. Souvenirs d’un témoin, ibid.
725 Les 20-21 juin 1964, Le Canard du XIVe, juillet 1964.
726 « Fête de la Gentillesse à Plaisance », BO du Comité des fêtes..., janvier 1982.
727 VDL XIV note que la fête de juin 1980 est un échec et laisse un trou dans la caisse, 14e Village, octobre 1980.
728 Le local de la rue Vandamme, qui sert de bureau au PMU, est bien connu pour ses rassemblements « d’ivrognes patentés » et de « pauvres hères », selon Ange Bastiani, Les mauvais lieux de Paris, op. cit., 1969.
729 Où « des copains [...] font la belote », poème de G. Duguet sur Plaisance, cité, Notre quartier 14e, février 1971 ; on joue aussi aux cartes dans les cours des immeubles de la rue Vercingétorix, je me souviens du XIV..., op. cit.
730 Concours de dominos au Cassis Bar, 14e Village, mai 1978. On tire les dominos lors des réunions du PCF pour la souscription.
731 « Une bonne nouvelle pour les joueurs de boules », Notre quartier 14e, novembre 1970. Cf. aussi, « un jeu de boule, enfin », évoqué par M. Cazaux et D. Pons dans leur article cité, 1er janvier 1972. Mais on joue aussi encore sur la chaussée dans les années 1970, quelquefois, cf. JMS, op. cit. Les cafés organisent des concours, comme au 79 rue Didot, le dimanche 7 juillet 1963, Le Canard du XIV, vers juin 1963.
732 La piscine et le stade de l’avenue Georges-Lafenestre ouvrent à la veille des élections municipales, cf. 14e Montrouge-Montparnasse-Plaisance-Montsouris, Demain, février 1971.
733 Il aurait proposé deux boucles, soit 3 ou 6 kilomètres à 137 coureurs, cf. 14e Village, janvier 1978, et « Macadam baskets », ibid., février 1978. Alain Finkielkraut s’en fait le chantre dans « Les J.O. de la rue Pernety », ibid., février 1979.
734 « Fête de la gentillesse à Plaisance », art. cité, janvier 1982.
735 Ibid., février 1980.
736 Photo de Robert Canault, ibid., juin 1977.
737 Cf. le petit spectacle de magie donné dans un café de la rue Daguerre en 1975 devant les commerçants de la rue, qui sera le point de départ du film d’Agnès Varda, art. cité, 2003.
738 Marie-Christine Husson, numéro spécial de Libération sur Plaisance, 2 janvier 1978.
739 Je me souviens du XIV arrondissement, op. cit.
740 Au n° 12, le photographe Robert Canault et le rédacteur en chef de 14e Village, idbi.
741 Agnès Varda, art. cité.
742 14e Village, mars 1978.
743 Remercions encore Yvan Chauviré de nous avoir donné ces informations quasiment inaccessibles à l’INSEE.
744 Info 14e, mars 1975 ; la déclaration d’un militant du Comité Vercingétorix, cité dans Gabrielle Rolin, art. cité, 16 mars 1975.
745 Danièle Garin et Didier Noyé, « Histoire d’immigrés », 14e Village, février 1978.
746 J. Perrin, art. cité, 4 février 1976.
747 Cité par G. Rolin, art. cité, 16 mars 1975.
748 Dont le siège est au 32 rue Raymond-Losserand, 14e Village, octobre 1977.
749 Cf. « Les immigrés défendent leur foyer », Info 14e, juin 1973, « Expulsion à la porte de Vanves », Info 14e, mars 1974, « Histoire d’immigrés », art. cité, février 1978.
750 « Expulsion à la porte de Vanves », Info 14e, mars 1974 ; on peut voir aussi dans le 14e Village de février 1978 une photographie du foyer avec une banderole du MRAP.
751 La Direction de l’urbanisme de Paris annonce dans un « mémoire » du 2 novembre 1976, suite à des délibérations du conseil municipal de 1973, 1975 et 1976, l’ouverture imminente du foyer de la rue de Gergovie, Arch. Sté historique.
752 Le conseiller communiste Maurice Lassalle aura été un des plus actifs dans la lutte pour la construction du foyer, cf. F. Heintz, « Maurice Lassalle... », art. cité, La Page, avril 2002.
753 « Les immigrés défendent leurs foyers », art. cité, juin 1973.
754 « Histoire d’immigrés », art. cité, février 1978.
755 Raoul Vilette, Paris sur zinc, op. cit., 1981.
756 Interview d’Ahmed K. dans « Histoire d’immigrés », art. cité, février 1979.
757 Ils y sont nombreux avant le départ de l’usine en banlieue.
758 D’après Raoul Vilette, op. cit.
759 Témoignage de Robert Mandra, Je me souviens du XIVe..., op. cit.
760 Cf. l’étude de V. Stanciu, La criminalité à Paris, 1968, qui relève une affaire de meurtre mettant en cause un Algérien (sur sept cas à Plaisance entre 1958 et 1963) et une petite délinquance d’Africains résidant rue de la Sablière.
761 Muriel Tabaries, de « Choisir », est aussi candidate en mars 1978 mais nous ne savons pas dans qu’elle circonscription. Cf. son interview dans 14e Village, mars 1978.
762 14e Village, mai 1977, décembre 1979.
763 Qui trouve le moyen de se diviser, sa secrétaire Ginette Marty étant accusée par ses camarades, 14e Village, janvier 1979.
764 14e Village, janvier 1979 et décembre 1979.
765 Témoignages d’infirmières dans Anne Vega, Marie-Christine Pouchelle, Regards sur l’hôpital Broussais, op. cit., 1999.
766 Ibid.
767 14e Village, août 1978.
768 « Un soir dans le quartier Guilleminot », 14e Village, mars 1978.
769 14e Village, interview d’Edwige Avice, novembre 1978.
770 « Deux femmes dans le 14e », 14e Info, mai 1970, présente une ouvrière du timbre et une institutrice.
771 Cf. Gérard Courant, le cinéaste, dans Le Monde libertaire du 13 mars 1997, parlant de sa concierge rue de l’Ouest vers 1980.
772 Ange Bastiani, Les mauvais lieux de Paris, op. cit., 1969.
773 « François et Dorian », site <paris70.free.fr>.
774 Cf. « une promenade parfaite », site <www.20six.fr>.
775 Ange Bastiani, 200 bistrots secrets de Paris, op. cit., 1970.
776 Vilette, Paris sur zinc, 1981.
777 G. Courtois, « Vous avez dit square ? », 14e Village, avril 1981.
778 « La crèche Plaisance-Montparnasse rendue à la Préfecture et Ville de Paris », BO du Comité des fêtes..., janvier 1969.
779 « Trop peu de crèches dans le 14e », 14e Info, mars 1970 ; la crèche est attendue 3 ans, îlot des Mariniers, 14e Info, mars 1972...
780 Ainsi le préfet de Paris, Maurice Doublet, promet au maire du XIV une crèche dans le cadre de la rénovation Plaisance-Vandamme, lettre du 26 avril 1968, BO du Comité des fêtes..., septembre 1968.
781 Un bilan des crèches est présenté dans 14e Village, novembre 1978.
782 La figure commence à devenir emblématique, cf. « Avec des retraités », 14e Info, mai 1972, qui montre un couple dans un petit deux pièces de la rue Jules-Guesde, lui ancien des Eaux, elle ancienne employée de maison.
783 Cf. par exemple, les paquets pour les vieux de la mairie annoncés en tête du journal électoral, 14e Montrouge-Montparnasse-Plaisance-Montsouris Demain, février 1977. Ou la réunion du PCF pour les per sonnes âgées le 9 mars, Info 14e, septembre 1978.
784 14e Montrouge-Montparnasse-Plaisance-Montsouris Demain, février 1971.
785 Sous le nom désormais de maison de cure médicale Jules Siegfried, rattachée à l’hôpital Broussais, c’est le dernier avatar de l’ancienne œuvre de la chaussée du Maine, cf. Maison de cure médicale Jules Siegfried, brochure, 1977.
786 14e Montrouge-Montparnasse-Plaisance-Montsouris Demain, février 1971.
787 Le club Didot, 12 avenue Georges-Lafenestre, le club de la Maison pour tous, 32 rue Olivier-Noyer, le club Plaisance, 10 rue de Ridder, et le club Jules Siegfried au 88 rue de Gergovie, cf. 14e Village, novembre 1977 et 1978.
788 14e Village, novembre 1977.
789 « Noël au club Jules Siegfried », Paris 14 Rive gauche, janvier 1984.
790 14e Village, novembre 1977.
791 14e Village, juin 1977.
792 « Encore une centenaire », BO du comité des fêtes..., septembre 1968. Albertine P., veuve depuis 1927, depuis 51 ans rue Raymond-Losserand. Cf. aussi Cazaux, Pons, art. cité, 1er janvier 1972 : « Impuissants les petits vieux qui habitent le quartier depuis si longtemps que... ah, on ne se souvient plus ! »
793 Francotte dénonce l’insuffisance des revenus des personnes âgées pour se reloger, conférence citée du 14 novembre 1961.
794 D. Monchicourt, « La mort de Louise », 14e Village, novembre 1977.
795 Le souhait des anciens serait d’habiter dans un petit HLM de 30 logements au rez-de-chaussée ou au premier étage, selon COPRAS, Enquête sociologique du secteur de Plaisance, janvier 1963.
796 Gérard Courtois, « Vous avez dit square ? », 14e Village, avril 1980.
797 C’est le journal local communiste qui développe cette thématique pour dénoncer la dégradation du quartier rénové, « Vivre en sécurité », 14e Info, mai 1984.
798 Cf. aussi l’arrivée de SOS enfants, 1978, de Personimages, 1987.
799 Marc Chavardès évoque ce dynamisme dans 14e Village, janvier 1978.
800 Nous empruntons ici beaucoup à Jacques Blot, « Les trois vies du cinéma l’Entrepôt », La Page, avril 1995.
801 Paris-sur-zinc, op. cit., 1981.
802 Info 14e « L’image, le livre et les habitants », juin 1975.
803 Témoignage dans Je me souviens du XIVe arrrondissement, op. cit.
804 Cf. Jean-Jacques Aslanian, « Théâtre de Plaisance », 14e Village, janvier 1979.
805 « Du nouveau au théâtre Plaisance », 14e Village, février 1979.
806 Christopher Frank, dont la pièce Adieu Supermac a été jouée au théâtre de Plaisance en 1978, en a tiré un roman, Josepha.
807 Paris 14 Rive gauche, mars 1982.
808 « A la porte de Vanves », 14e Info, novembre 1982. Nous avons aussi recueilli des critiques contre ce théâtre pour intellectuels.
809 « Musée Adzak... », art. cité, La Page, décembre 1993.
810 Jacques Lonchampt, « Festivals – Musiques dans la Ville à Notre-Dame – du Travail », Le Monde, juin 1976.
811 Le Ti-Jos, cabaret breton de la rue Vandamme / Le Magique, de Marc Havet, rue de Gergovie, « un architecte qui n’a pas voulu vieillir », chansons et café-théâtre, Paris sur zinc, op. cit., 1981 ; 14e Village, avril 1981 / L’Utopia, rue de l’Ouest, cf. ibid., avril 1980, surtout musique rock, café... / L’Écume, 99 bis rue de l’Ouest, blues sketch jazz, ibid., mars 1978, avril 1980. Fait aussi galerie / Le Tout à la joie, de Jean-Paul Sèvres, 35 rue de l’Ouest, trois spectacles par mois, ibid., mai 1977.
812 L’Ouvertür, 21 rue de l’Ouest, fait aussi pâtisserie salon de thé, ibid., mai 1978 / Galerie Pernety, 89 rue de l’Ouest, cf. Carrefour, décembre 1973, et archives de la Société historique.
813 Ouverte par Christian Lambert, 11 rue de l’Abbé-Carton, cf. « Plaisance des peintres balinais », 14e Village, mai 1978. Sans compter l’apparition de la culture BD, cf. la boutique L’Âge d’Or, ibid., décembre 1979.
814 Expo Phot Œil, rue Boyer-Barret, ibid., octobre 1979.
815 Yoga-mime, 4 rue Raymond-Losserand, ibid., mai 1978.
816 Le ciné-club de Plaisance projette ses films au 28 rue Olivier-Noyer, 14e Village, janvier 1978.
817 Elle avait créé le Fa Dièse Club, 24 rue du Texel, cf. Le Canard du XIVe, vers juin 1963.
818 Jacques Blot, « Pierre Souki, l’horloger de la rue Gassendi », La Page, mars 1997.
819 John K. Abraham, « Dupond de Plaisance... », La Page, mars 2001.
820 Au 13-15 de la rue, site <www.theatredelacite.com>.
821 Et qui habite en 1975, 6 avenue de la porte de Vanves.
822 Archives de la Société historique.
823 Agnès Varda, « J’habite Paris XIV et pas Paris », art cit.
824 Gérard Courant, Le Monde Libertaire, 23 mars 1997.
825 M. Couraud, « Montparnasse au cinéma », La Page, octobre 1990.
826 Jutta Buch, « Polars – l’extravagant Mister Pierce – Le Canadien David Pierce a adopté le quartier de Plaisance depuis les fifties », La Page, mars 1996.
827 La Page, février 2000.
828 P. Boussel dans le Dictionnaire de Paris de 1964 note qu’il y a « peu d’intellectuels » à Plaisance.
829 Le Canard du XIVe, vers juin 1963.
830 2 500 selon Dominique Copin, « L’immeuble Mouchotte. Un autre regard sur un géant », La l’âge, juin 2000 ; 3 000 selon Janine Gobert, « Les Mouchottiens se rebiffent », La Page, avril 1990.
831 René Mosse, Comment vivre à Maine Montparnasse ?, s.d., vers 1979. Et Paris Projet, janvier 1971, qui estime que les (lasses supérieures constituent les deux tiers de la population active chez les résidents de Maine-Montparnasse (côté XIV et côté XV).
832 Dominique Copin, art. cité.
833 René Mosse, Comment vivre à Maine Montparnasse ?, s.d., vers 1979, Janine Gobert, art. cité, « Témoignage d’une mouchottienne », La Page, mars 1991.
834 14e Village, février 1980.
835 La Page, mars 1991.
836 « Certains des opposants les plus convaincus de la radiale se recrutent parmi les habitants de l’ensemble Maine Montparnasse », Michèle Champenois, art. cité, 26 juin 1974.
837 Frédérique Barbier, Gérard Courtois, « Un peu de couleurs au milieu de la grisaille », 14e Village, mai 1977.
838 Plaisance n’a que deux trop petits squares, ce qui amène les enfants à jouer dans les rues, les impasses..., selon Maitre, Tournant, Plaisance, étude d’aménagement..., op. cit., vers 1959. Encore, plus de quinze ans après, Info 14e constate la rareté de la verdure à Plaisance, « Des arbres. Quartier Plaisance », juin 1976.
839 « Aménagement du square Sainte Léonie, rue Pernety », Bulletin officiel du Comité des fêtes..., avril 1969.
840 G. Courtois, « Vous avez dit square », 14e Village, avril 1981.
841 « Aménagement du square Sainte Léonie, rue Pernety », Bulletin officiel du Comité des fêtes..., avril 1969.
842 Et se félicite de sa future rénovation, « ZAC Didot – Le square Sainte Léonie sauvé grâce aux riverains », Monts 14, juin 2000.
843 Délibération au conseil municipal du 18 février 1977.
844 Ils s’appelleront Julie Bartet et Marc Noguès, cf. Anne Marie Depaillat, art. cité, RH XIV, 2003 et 2004.
845 N. G., « Visite aux artistes de Plaisance », art. cité, septembre 1968.
846 Cité par Cazaux, Pons, art. cité, 1er janvier 1972.
847 Dictionnaire de Paris, 1964.
848 « La ville de Paris rend la cité des artistes... », 14e Village, octobre 1977.
849 Gérard Courtois, « La queue entre les jambes », ibid., novembre 1977.
850 « Rue des Suisses : Où sont passées les 7000 1112 ? », ibid., février 1979.
851 Je me souviens du XIVe..., op. cit.
852 « Il y avait encore de petites maisons avec des jardins », Basile Kamir, ]MS, op. cit. ; Annick Bernelle sur la rue du Château, 14e Village, février 1979 ; le passage du Progrès avant 1976 (« avec jardinets devant »), art. cité ; ateliers « au fond de jardinets... », « de petites maisons entourées de jardins de la rue Vercin », avant 1980, P. Louis, « D’un quartier l’autre », La Page, janvier 2001.
853 Abbé Greiffiths, témoignage cité.
854 « Hector de Pétigny... », art. cité, RH XIV, 1981.
855 Concours d’idées..., op. cit., 1980.
856 G. Perroy, art. cité, RH XIV, 1975.
857 C’est le cas de l’ancien hôtel particulier d’É. Jacques, menacé de destruction, cf. T. Masutti, « Ne partez pas. Nous on reste ! », art. cité, janvier 1978.
858 « Des arbres. Quartier Plaisance », Info 14e juin 1976.
859 A. Kéremoal, art. cité.
860 G. Perroy, art. cité, RH XIV, 1975.
861 « Visite... », art. cité, septembre 1968.
862 Béatrice de Andia, préface citée.
863 Conférence citée, archives de la Société historique.
864 Pierre de Larminat, « L’îlot Vandamme 1970 », Montparnasse mon village, février 1963.
865 Guide bleu, édition de 1968.
866 De 2 200 m2 contre 7 000 promis, « Rue des Suisses : où sont passés les 7 000 m2 ? », 14e Village, février 1979 ; cf. aussi, « Les promesses d’espaces verts : une duperie ! », 14e Info, janvier 1977, à propos du même square.
867 Lettre de C. Torio, « Square, rue d’Alésia », qui dénonce un mépris pour « les habitants de Plaisance », 14e Village, avril 1981.
868 « Quelques petites pelouses maigrichonnes, agrémentées dans le meilleur des cas d’un massif ou de quelques arbrisseaux », « Des arbres quartier Plaisance », Info 14e, juin 1976.
869 G. Courtois, « Vous avez dit square », 14e Village, avril 1981.
870 Michèle Champenois, art. cité, 26 juin 1974.
871 Notre quartier 14e, septembre 1978.
872 14e Village, avril 1980.
873 « Espace vert rue du Moulin-de-la-Vierge », Paris rive gauche 14, décembre 1984.
874 « Guilleminot demain », Notre quartier 14e, septembre 1978.
875 « Mobilisation pour un espace vert Bauer Thermopyles : Bataille gagnée », La Page, septembre 1996.
876 Solution vigoureusement refusée par le Comité Vercingétorix, qui dénonce la « carotte » d’un jardin sur la dalle de la voie rapide, Comité Vercingétorix, Droits des piétons, Fédération des usagers des transports, La radiale Vercin..., op. cit., février 1975.
877 Préface citée, 1986. Même excès d’optimisme chez Pierre Nolot, « La coulée verte du XIV arrondissement », RH XIV, 2001 : « Une magnifique zone de verdure a été réalisée par les paysagistes et les jardiniers de notre bonne ville de Paris. »
878 « Visite aux artistes... », art. cité, septembre 1968.
879 M. Champenois, art. cité, 26 juin 1974.
880 On envisage tôt d’élargir la rue Vercingétorix, cf. Maitre, conférence citée du 14 novembre 1961. Le Guide bleu, 1968, annonce le « percement d’un nouveau boulevard par l’élargissement de la rue du Château jusqu’à la jonction avec l’avenue du Maine ».
881 Le conseil municipal vote un crédit à la coopérative HLM Terre et famille pour construire des garages pour le 235 rue d’Alésia, 9 juillet 1969 ; « ROULER, c’est bien, mais il faut GARER », déclare le journal électoral 14e Montrouge-Montparnasse... Demain, 1971.
882 « Protégez l’action commerciale », 14e Montrouge-Montparnasse... Demain, 1971, s’en prend aux « interdictions de stationnement abusives ».
883 Le conseil municipal décide d’installer des feux, suite aux risques encourus par les lycéens, BO du Comité..., avril 1969.
884 Info 14e, « Quel cadre de vie à la porte de Vanves », juin 1975 ; « Pour la couverture du périphérique », janvier 1977, « À la porte de Vanves » où est évoqué le « bruit insupportable », novembre 1982, juin 1983.
885 Pierre Joubert, « Le bruit du périphérique doit il empêcher la construction d’HLM se demandent les conseillers municipaux ? », Le Figaro, 25 novembre 1966.
886 Noté à propos des « vieilles rues grises et étroites » par Agnès Cadiot, art. cité, La Croix, 15 septembre 1974.
887 Paris Rive Gauche 14, septembre 1984.
888 Par le maire Yves Lancien, dans 14e Village en avril 1980.
889 B. de Andia, préface citée, 1986.
890 Un seul cas trouvé en 1978 avec la rue de l’Abbé-Carton à la proximité de la rue des Suisses, « ce coin ne demande qu’à devenir une rue piétonnière », 14e Village, mai 1978.
891 Lors de la fête de la radiale des 11-12 juin 1977, 14e Village, juin 1977.
892 Souvenirs de J. D. Lavergne, Monts 14, octobre 2004.
893 Cf. Comité Vercingétorix, Droits des piétons, Fédération des usagers des transports, brochure citée, 1975, qui dénonce la priorité donnée à l’automobile.
894 M. Cazaux, D. Pons, art. cité, 1er janvier 1972.
895 G. Rolin, art. cité, 16 mars 1975.
896 Chris Minneth, « Sur les pas du douanier Rousseau », archives de la Société historique, 1961.
897 14e Village, mai 1977.
898 Cf. Notre Dame du Travail de Plaisance, op. cit., 1985 ; abbé Joseph Magnien, Notre Vieux Montrouge, 1961 ; Exposition « Du passé à l’avenir – Centenaire du XIVe arrondissement. 1860-Г960 – Л travers les stands – reportage photographique », J.-R. Vincent, RH XIV, 1961 ; Concours d’idées sur l’aménagement..., op. cit., 1980, etc.
899 Notre Dame du Travail de Plaisance, op. cit., 1985 ; « En 1700, on est là en pleine campagne dans le village de Vaugirard », M. Cazaux, D. Pons, art. cité, France Soir, 1er janvier 1972 ; Concours d’idées sur l’aménagement..., op. cit., 1980.
900 « Un peu d’histoire autour de l’îlot 17 », Notre quartier 14e, septembre 1978.
901 Cf. Héron de Villefosse, entrée Vaugirard du Dictionnaire de Paris, 1964... Ou, pour une période un peu postérieure, le bal de la Butte aux Belles, sur la future zone, cf. Léon Brachev, « Passée la Porte de Vanves », RH XIV, 1981.
902 Pépé, art. cité, Libération, 2 janvier 1978.
903 Jean Blottière, « Souvenirs du vieux Plaisance », RH XIV, 1967.
904 Léon Brachev, art. cité, RH XIV, 1981.
905 P. Boujol, « Rue Vercingétorix, la maison du "Robinson de Plaisance" », Logements, octobre 1967 ; N.G., « Visite aux artistes de Plaisance », art. cité, ВО..., septembre 1968.
906 F. Baron, « La cloche de Sébastopol, histoire d’une visite impériale à la paroisse de Plaisance en 1866 », RH XIV, 1963.
907 Le Concours d’idées sur l’aménagement..., op. cit., 1980, y insiste beaucoup, retraçant ainsi un passé d’autonomie locale auquel sont attachés les anti-rénovation-destruction.
908 Il faut attendre 1981 pour qu’un très succinct article de la Revue historique du XIVe aborde cette question, « Géopolitique locale. Un seul conseiller municipal par quartier de 1871 à 1940 », encore n’est-il absolument pas propre à Plaisance.
909 Il s’agit de la maison d’Édouard Jacques, cf. T. Masutti, « Ne partez pas, nous on reste ! », 14e Village, janvier 1978.
910 Par exemple Héron de Villefosse, Dictionnaire de Paris, 1964.
911 Quelques mots dans Jean Blottière, art. cité.
912 Deux belles évocations de la Commune à Plaisance, toutefois, des barricades aux massacres dans Pépé, « Souvenirs Souvenirs », art. cité, Libération, 2 janvier 1978, et dans la lettre d’A. Taulin du 6 août 1971 au maire, RH XIV, 1971. Mais il s’agit de l’année du centenaire. Une barricade est aussi présentée dans un des dessins de l’exposition du centenaire de 1860, RH XIV, 1961.
913 Cf. Paris 14 Rive Gauche, décembre 1982, « 11 novembre 1982 : le nouveau monument aux morts ».
914 C’est encore Pépé, dans « Souvenirs Souvenirs », qui évoque le plus longuement cette période, les barricades dressées au voisinage du 32 rue de l’Ouest, etc.
915 « Un résistant du 14e Robert Francotte », 14e Village, été 1979.
916 Cf. aussi la très courte notice, « Nos résistants », RH XIV, 1980-1981.
917 R.-L. Cottard, « L’évolution du 14e arrondissement de 1860 à nos jours : terroir, peuplement et habitat », RH XIV, 1984-1985.
918 RH XIV, 1971.
919 Madeleine Tournois, RH XIV, 1975.
920 Suzanne Masson, RH XIV, 1975.
921 Rose Descotils-Vasseur, « Enfant d’ouvrier, d’ouvrière et de la guerre de 1908 à 1920 », RH XIV, 1977.
922 « Un illustre romancier du 14e J.-H. Rosny Aîné », RH XIV, 1985-1986.
923 Michel Georges-Michel, « Les peintres à Montparnasse de 1900 à 1930 », RH XIV, 1958.
924 Cf. aussi Gilles et Marie Christine, « La rénovation, la réhabilitation... », art. cité, Libération, 2 janvier 1978, qui citent les chiffres élevés de la tuberculose dans l’îlot 17.
925 Par exemple, l’introduction à Paris le long des rues, 14e arrondissement, série de diapositives, op. cit., vers 1982.
926 Thierry Masutti, « Robert la Gambille », 14e Village, n° 1.
927 M. Diard, Le petit rouquin de Montparnasse, 1994.
928 A. Loed, Giacometti, op. cit., écrit en 1983, version française parue en 1997.
929 Une déjà très bonne histoire urbaine (au sens restreint) de Plaisance est donnée dans Concours d’idées..., op. cit., 1980.
930 M. Maupoint, « Poètes et romanciers à Montparnasse », RH XIV, 1963 ; M. Maupoint, « Écrivains... », ibid., 1965 ; M. Maupoint, « Écrivains... », ibid., 1965 ; M. Maupoint, « “Notre” Charles-Louis Philippe », ibid., 1970 ; M. Maupoint, « Les poètes au cimetière Montparnasse », ibid., 1974 ; l’intégralité de Quatorzième arrondissement d’Aragon, ibid., 1976 ; « Sociologie d’un quartier disparu. Georges Duhamel de l’Académie française, Rue Vandamme (14e) de 1889 à 1894 », ibid., 1980-1981. L’article semble donner à penser que l’auteur du Notaire du Havre a habité rue Vandamme, ce qui est faux ; « Paul Verlaine à l’hôpital Broussais et son monument au jardin du Luxembourg », ibid., 1980 1981 ; « Un illustre romancier du 14e... », art. cité, ibid., 1985-86 ; Louis Robert, « Un de nos hellénistes Robert Flacelière », ibid., 1982.
931 Note dans ibid., 1977.
932 « Une enfance musicale au Petit-Montrouge », ibid., 1969.
933 Héron de Villefosse, entrée « rue du Château », Dictionnaire de Paris, 1964. Cf. aussi Marcel Duhamel, Raconte pas ta vie, 1972, qui évoque longuement la rue du Château ; Jean-Marie Drot. Les heures chaudes Montparnasse, op. cit., 1995, qui évoque ses films des années 1960 et « les complices de la rue du Château ».
934 Souvenirs de M. Cornu dans « Il était une fois la rue du Château », 14e Village, janvier 1979.
935 Michel Georges-Michel, « Les peintres à Montparnasse de 1900 à 1930 », RH XIV, 1958.
936 Jean-Michel Drot, op. cit., 1995.
937 Dictionnaire de Paris, entrée « Montparnasse », 1964.
938 N. G., « Visite aux artistes de Plaisance », art. cité, 1968. Cf. aussi « Sur les pas du douanier Rousseau », Lausanne Magazine, 15 février 1961, où la maison du 3 rue Vercingétorix est montrée dans son caractère misérable.
939 « Le souvenir de Gauguin, rue Boulard et rue Vercingétorix », RH XIV, 1961 ; Perruchot, « Montparnasse, peintres et écrivains », Crapouillot, 1959 (avec Rousseau) ; entrée « Montparnasse », Diction nuire de Paris, 1964... M. Maupoint, dans son article « André Salmon, témoin de la grande époque de Montparnasse nous a quittés », cite un passage de l’écrivain sur Gauguin..., RH XIV, 1969.
940 A. Loed, Giacometti, op. cit., 1983, 1997 ; Carola Gieidon-Welcke, « Le sculpteur Alberto Giacometti (1901-1966) de 1922 à sa mort rue Hippolyte Maindron », RH XIV, 1974.
941 RH XIV, 1979-1980.
942 Gilbert Perroy, RH XIV, 1973.
943 Gilbert Perroy, RH XIV, 1978-1979.
944 Gilbert Perroy, RH XIV, 1979-1980.
945 Gilbert Perroy, « Nos artistes, Jean Baffier sculpteur statuaire », RH XIV, 1980-1981.
946 Gilbert Perroy, RH XIV, 1983.
947 « Les ateliers d’artistes disparus avec la rue du Moulin de Beurre », RH XIV, 1973 ; en 1974, Perroy réclame une plaque en l’honneur des artistes du 6 Vercingétorix au Sheraton, « Entrée d’artistes du XIV », RH XIV, 1974 ; John Biggart, « L’Académie des émigrés russes à Paris 14e », RH XIV, 1978-1979.
948 Paris le long des rues, op. cit., vers 1982.
949 Celle de M. Cornu, imprimeur de la rue du Château, janvier 1979.
950 Monique Lelangeais, « Les peintres du 14e d’hier et d’aujourd’hui », Paris Rive gauche 14. décembre 1983.
951 Pierre Louis, « D’un quartier l’autre », La Page, janvier 2001.
952 Commentaire de Marc Augé sur les photos de Mounicq de 1980, publié dans Paris retraversé, 1998. 25 des 33 photos publiées sur l’arrondissement sont à Plaisance.
953 Laurence Perroy et Gaudina de Vasconcellos, art. cité, RH XIV, 1975 ; même sentiment dans Marie-Claude Husson, « Plaisance : Fleurs et faune d’un quartier en démolition », Libération, 2 janvier 1978.
954 Bertrand, art. cité ; aussi J.-P. Sèvres, art. cité, 14e Village.
955 « L’urbanisme à Plaisance », Notre quartier 14e, janvier 1971 ; « dans ce quartier de Plaisance en plein bouleversement »...
956 « Plaisance, le délire d’un architecte », 14e Village, décembre 1980, etc.
957 14e Village, mai 1978.
958 Paris le long des rues, op. cit.
959 Par exemple, Jean René Delessert et alii, Plaisance dans Paris, l’histoire d’une tentative de domination, École polytechnique d’architecture de Lausanne ; Jean-Paul Portes, Élisabeth Saada, Politique alternative à l’intervention de l’architecte. Une expérience de réhabilitation populaire dans le 14e, École spéciale d’architecture et UPL ; Valérie de Lapparent et alii, Les conflits locaux engendrés par la rénovation urbaine dans la ZAC Guilleminot, mémoire de sciences politiques...
960 Paris-projet, COPRAS-actualités, Autrement, Place, Espace et Société, Métropolis, Le Monde, Le Parisien, France-Soir, Libération, La Croix, L’Express, Le Nouvel Observateur, Ville de Paris, Connaissance de Paris et de la France, L’Actualité française, L’Observateur commercial et financier, L’Actualité française, Urbanisme et bien d’autres.
961 Lettre parue dans 14e Village, octobre 1977.
962 E. Cherki, Les nouveaux embarras de Paris, 1979.
963 Appel du Comité de soutien des Trois Cornets, 14e Village, mai 1978. Cf. aussi lettre d’Edwige Avice évoquant Plaisance comme le terrain d’une « expérience » dans un « important quartier populaire », ibid., octobre 1980.
964 Organisée par « le Pied dans le plat » en juin 1978, ibid., février 1979.
965 Lettre de Simone Bigorgne, Annie Delatte, Jean Mâcheras, Daniel Roger et Élisabeth Saada, ibid., mai 1978.
966 Qui débouche, mais plus rarement, sur le sentiment d’une avant-garde culturelle : « c’était en quelque sorte le centre de Paris », chez les Lloyd-Lebailly, rue Maurice-Ripoche, site <paris70.free.fr>.
967 Cf. supra sur l’usage de 14e et non de Plaisance par Courtois.
968 G. Courtois, « Le 14e... ces jours ci », 14e Village, janvier 1979.
969 Notons le peu de relations à Malakoff en cette période sinon par certaines conférences du PCF dans cette ville communiste.
970 Gabrielle Rolin, « Vercingétorix ne veut pas mourir », Le Monde, 16 mars 1975.
971 De Informations 14e lorsque le journal communiste veut encore que la « rénovation » continue, mars 1975, à Dangles, le conseiller municipal pro-SEMIREP, qui déclare qu’il voudrait bien conserver les « belles choses » mais qu’« il n’y en a pratiquement pas dans le quartier », Le Nouvel Observateur, 20 mai 1977.
972 Cela va du pittoresque, L’amour à Paris par arrondissement (J. Morlaine et Guy de Bellet), 1966, au plus officiel, Le guide officiel de la rive gauche, 1964, qui cite seulement deux restaurants de Plaisance, sur ses marges d’ailleurs, rue des Plantes et avenue du Maine..., à Jean-Paul Clébert, Paris insolite, 1961, ou à Paris ville enchantée, 1959, etc.
973 Cf. Guide Bleu, 1968, qui souligne la grande importance de cette église pour l’art 1900 et l’usage du métal.
974 Rien dans Jean Lébédeff, Les Paris imaginaires, 1979, rien dans Paris par Renoux, 1982.
975 Notre quartier 14e, septembre 1978.
976 Guide Bleu, 1968.
977 Vasso, Reine Franchi, « Lettre ouverte... », citée, 14e Village, novembre 1978.
978 La position de G. Perroy dans « Le départ de nos industries du 14e », RH XIV, 1970 ; lettre à 14e Village, novembre 1977 ; la réponse, bien vive, du journal dans le même numéro ; nouveau débat dans 14e Village, janvier 1979
979 Bel exemple d’association dans Gilbert Perroy, « Notre province de Paris », art. cité, 1966 : « Bravo chers provinciaux de Paris, Montparnasse et Plaisance... ». Ou de confusion plus ou moins délibérée chez A. Keramoal, art. cité, 1990 : « Le Vieux Montparno nous indique les derniers vestiges d’un quartier appelé Plaisance ».
980 « Entrée Montparnasse », Dictionnaire de Paris, 1964.
981 L’abbé de la Morandais en est bien conscient, espérant que la paroisse réussira à faire une unité, Notre Dame du Travail de Plaisance, 1985.
982 Guide Bleu, 1968.
983 Op. cit., 1981.
984 « Le dénumérateur fou a encore frappé », 14e Village, été 1979. « Le dénumérateur fou a encore frappé », 14e Village, été 1979.
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