Chapitre 1. L’invention de Plaisance (1830-1860)
p. 14-35
Texte intégral
1Si le quartier de Plaisance n’est défini administrativement qu’en 1860 avec l’annexion, s’il est alors dispersé sur les territoires des communes de Vaugirard, de Montrouge et de Vanves, il connaît une préhistoire. Nous n’évoquerons pas ici les temps lointains de l’Ancien Régime et des plateaux agricoles du sud de Paris. Ce n’est pas notre propos. Mais dès avant la construction du chemin de fer de l’ouest et des fortifications de Thiers, cette banlieue verte, toute proche des barrières de la grande ville, s’anime d’une vie périurbaine qu’il faut examiner, car de là part le choix de promoteurs des années 1840 de créer « Plaisance ».
Plaisance avant le chemin de fer
À la barrière
2Regarder une carte de Plaisance en 1800 n’a aucun sens : Plaisance n’existe pas ! Sans doute la mémoire poétique des lieux permet d’évoquer en 1964 « le souvenir des champs de bleuets et de coquelicots où François Villon venait baguenauder à la recherche constante du diable Vauvert1 ».
3Mais sur les cartes des environs de Paris de cette époque, nous ne voyons que des champs, des « terriers », des « remises » de chasse2, quelques chemins, quelques fermes. Sans doute un peu plus de moulins qu’ailleurs autour de Paris, car le plateau, bien venté, entre Seine et Bièvre (improprement baptisé du nom de Mont car les dénivelés y sont à peine sensibles) se prête à leur fonctionnement. Deux voies conséquentes seulement, la chaussée du Maine et le chemin de Vanves, encore que ce dernier n’ait qu’une importance secondaire car ne conduisant guère loin de Paris au contraire de la rue de Vaugirard ou de la route d’Orléans. Un château, enfin, pas trop ancien mais attesté depuis quelques dizaines d’années, avec autour une belle propriété toute en jardins et terrasses ; château dit du Maine du fait de la proximité de la chaussée et non du fait d’une quelconque appartenance au duc ou à la duchesse éponyme3. La chose, qui a beaucoup occupé les érudits locaux, est maintenant tranchée4. Les bourgs sont plus à l’ouest, avec Vaugirard, plus au sud, avec Vanves, ou au sud-est avec Montrouge.
4La toute première population « urbaine » de Plaisance est celle qui se fixe à la toute proximité de la barrière du Maine, chaussée du Maine, donc, laquelle est partiellement bâtie au début du xixe siècle comme on peut le voir sur la belle gravure d’Hubert d’après Courvoisier, qui nous montre la Chaussée du niveau de la rue de la Gaîté à la barrière.
5Cette première population, d’avant le chemin de fer et d’avant les lotissements, nous est très mal connue. Dans une lettre, le percepteur de Vaugirard-Montrouge5 se plaint de la grande mobilité de la population qui habite près des barrières et qu’il connaît mal car ce sont fréquemment des tenanciers de guinguettes, volontiers éphémères ; il y aurait aussi beaucoup de spéculateurs-bâtisseurs qui disparaîtraient aussi vite qu’ils arriveraient ; même les rentiers ne se fixeraient pas dans cette zone. Mais tout de même, on y trouve des carriers, des jardiniers avec les célèbres pépinières de la famille Cels6. Il y a aussi déjà des miséreux et une légende fait état de Cartouche rencontrant « un vieux mendiant de Montrouge, aveugle, à longue barbe blanche, qui gîtait dans une baraque près de la route du Maine7 ».
Le temps des guinguettes
6Au sud de la Chaussée se trouve ce qui fit longtemps la « gloire de Plaisance », ce qui fit « les grandes heures de Plaisance8 », les célèbres guinguettes, parmi les plus connues de la première moitié du xixe siècle. Autour d’une douzaine sont décomptées par Lucien Lambeau9. La barrière du Maine et ses environs sont ainsi l’objet de très nombreuses gravures ou illustrations. Elles ouvrent sur de gracieuses perspectives sur les guinguettes et la campagne, et sont de facture romantique. Ainsi, évoquant la série Palaiseau de 1819, gravures « trop jolies », Lambeau estime que la barrière du Maine apporte à sa série des barrières « une note quelque peu romantique et qu’il n’a pas dû souvent rencontrer dans la banlieue parisienne ». La réputation de la barrière du Maine était encore suffisamment importante en 1852 pour que L’Illustration y consacre un dessin nous montrant une bande de jeunes fêtards10 du nouvel an.
7Si l’on suit Gilbert Perroy, la partie de Plaisance la plus proche des barrières, à l’extrême nord du quartier, était dès le xviiie siècle un lieu d’escapade de l’aristocratie, qui venait s’y mettre à l’aise. On y trouvait aussi des fermes, la ferme du Moulin de Beurre, la ferme Doré... Au début du xixe siècle, un grand érudit, professeur au Collège de France, orientaliste, Caussin de Perceval, y acheta une très vaste propriété où il se fit construire une villa de campagne.
8Mais la vraie gloire de Plaisance fut le cabaret de la mère Saguet11, établi dès avant la Révolution et qui connut son apogée sous la Restauration. Après s’être un temps appelée Au rendez-vous des artistes12, la guinguette ferma ses portes en 1859. Maisonnette modeste, elle fut décorée par des peintres. S’y rencontra toute la jeunesse intellectuelle, artistique et bohème du premier xixe siècle. La liste est impressionnante : Abel et Victor Hugo13, Dumas père, Musset, Nerval, Scribe, Lamartine, Sainte-Beuve, Murger et bien d’autres auteurs, Charlet, les frères Devéria, Hippolyte Bellangé, Delacroix, Gavarni, Raffet et bien d’autres peintres et dessinateurs ont hanté ces murs, sans compter le chansonnier célèbre Béranger, qui y était assidu, et les politiques libéraux ou républicains appelés à un grand avenir, Thiers, Armand Carrel, Pyat... Bref, tout ou presque ce qui a compté dans le siècle est venu déjeuner d’omelettes ou de galettes dans le jardinet de la mère Saguet, ou boire dans son établissement moult breuvages. Ils y ont aussi travaillé puisque Victor Hugo y aurait composé parmi ses plus célèbres poèmes.
9Les causes de ce succès sont multiples : la chaussée du Maine était aisément accessible sans doute. Mais surtout l’endroit, à quelque 300 mètres au sud, était encore complètement rural à la différence de la rue de la Gaîté – elle aussi au-delà de la barrière, mais déjà bien urbanisée au début du xixe siècle. Or ces jeunes gens romantiques goûtent fort la campagne ; c’était là la plus proche qui leur soit accessible alors qu’étudiants, jeunes auteurs ou jeunes artistes14 fréquentent souvent la rive gauche. Ce qui signifie que l’urbanisation de cette partie nord de Plaisance entre 1840 et 1850 les a fait fuir. Les générations suivantes ont d’autres lieux et d’autres goûts, le Boulevard puis Montmartre.
Plaisance après le chemin de fer et les fortifications
10L’ouverture du chemin de fer (la ligne de Paris à Versailles), en septembre 1840, et la construction des fortifications de Thiers, en 1841, donnent les deux années clés de notre histoire des origines. Désormais Plaisance se voit assigner deux frontières : la voie de chemin de fer le sépare du reste de Vaugirard15 et ce qui était un hameau ou un écart de la commune est maintenant nettement à part de celle-ci et tend à se rapprocher naturellement de Montrouge dont le Plaisance à venir n’est séparé que par deux routes, l’une très large, la chaussée du Maine, l’autre très étroite, le chemin de Vanves. Le mur de Thiers, lui, sépare radicalement le sud du Plaisance à venir du centre de la commune dont il dépend encore, Vanves16.
11Les espaces sont donc redéfinis par ces deux nouvelles frontières. Mais aussi la proximité de la gare (l’embarcadère comme on disait alors) et les perspectives d’une nouvelle croissance de Paris, annoncée par ce mur si éloigné, encouragent le développement des lotissements dans cette banlieue maintenant proche de la ville-centre.
Le lotissement « des limites »
12La première phase du lotissement à Vaugirard et à Montrouge qui va aboutir à la création de l’écart de Plaisance17 a été déjà souvent étudiée. Dans la « limite » de Vaugirard, des propriétaires, Perceval, Couesnon, Cels, Schomer, Bournisien, Blottière... et des lotisseurs, Chauvelot, mais aussi Lebouis, Desprez... (ils sont parfois les deux à la fois) vont mettre en vente des parcelles, souvent petites, qui suivent le parcellaire rural tout en le retravaillant avec de multiples et complexes cessions de terrains qui permettent des ventes solidaires de lots, des tracés de rues à partir des chemins ruraux, les prolongeant, mais aussi tentant de quadriller systématiquement le nouveau quartier, ce qui crée un tissu urbain inédit : on y trouve une régularité géométrique mais souvent inachevée par une impasse, un coude, une traverse... L’ensemble s’effectue de 1836 au début des années 1840. Les années suivantes, les opérations de voirie se poursuivent mais toujours avec des difficultés. Ainsi, en 1846, la perspective de créer une grande allée le long du chemin de fer échoue : « Mon intention par ce projet (racheter un terrain) était de suivre ce qu’avait commencé M. Blottière, c’est-à-dire le boulevard le long du chemin de fer, avec une rue au milieu ; cela aurait donné beaucoup d’agrément et procuré tout à la fois une belle promenade18. » Ainsi l’Assistance publique, gros propriétaire entre la chaussée du Maine et le boulevard de Vaugirard, ne vend ses terrains que par à-coups.
13Si nous connaissons très bien, grâce à Catherine Bruant et Jean-Christophe Tougeron, ces processus, nous connaissons beaucoup moins bien, comme souvent en histoire urbaine, ses suites : quels types de maisons sont construits ? maisonnettes individuelles ? petits immeubles de rapport de 3-4 étages ? Sans doute l’habitat modeste était-il dominant, car ces lotissements sur un plateau sans équipement et au voisinage du chemin de fer et de ses inconvénients19 n’étaient pas destinés à la bonne bourgeoisie. Mais étaient-ce le boutiquier de Balzac20, le petit rentier ou l’ouvrier – et lequel ? – qui étaient la cible ? Même s’il semble acquis que le prolétariat le plus pauvre n’avait pas accès à ces lotissements, ne pouvait-il pas louer certains très petits logements des immeubles ? Ou s’installer dans les interstices ? Bref, sur ce point notre ignorance reste grande. En effet, nous n’avons aucun recensement à notre disposition et les sources dont nous disposons sont insuffisantes : les registres paroissiaux ne nous donnent que la population concernée par un acte particulier (dès lors qu’elle souhaite le faire), baptême, mariage... Les listes électorales éliminent le peuple, du fait du régime censitaire, et les femmes.
14Les lots étaient de petite-moyenne dimension (100 à 300 m2). Nous en avons un exemple avec la maison anciennement sise au 2 bis impasse Lebouis21, qui aurait été construite sur un lotissement situé sur les terrains de M. de Perceval lotis par M. Lebouis. C’est d’ailleurs seulement en 1841 que la propriété, qui change plusieurs fois de détenteur avant, semble se fixer dans une famille. Le lot comptait 165 m2 et faisait partie d’un ensemble de quinze lots.
15Les noms des rues nous donnent-ils des informations sur le nouveau village ? Si les propriétaires, les saints, les moulins et lieux-dits sont bien sûr présents, rue de Constantine, rue de Médéah, rue Mazagran renvoient à la toute récente colonisation de l’Algérie et marquent l’espace au point que c’est « Commune d’Alger » qui figure sur le Plan pittoresque de Paris de 1842. Mais beaucoup tient aux initiatives personnelles comme la demande de transformation en 1853 de la rue Saint-Charles en rue Guilleminot par la veuve du général, qui refuse toutefois d’accepter la condition posée par le conseil municipal : la prise en charge de dépenses de l’école des jeunes filles pauvres22.
16Entre 1845 et 1850, Chauvelot va tenter de recommencer les mêmes opérations plus au sud, au « village des Thermopyles », en association avec Couesnon, le propriétaire du château du Maine. Mais alors que la commune de Vaugirard, sur le territoire de laquelle se trouvait la première opération de 1840, avait été en grande partie mise devant le fait accompli par les propriétaires et les lotisseurs, la commune de Montrouge réagira beaucoup plus vivement. La municipalité intentera un procès aux propriétaires qui avaient vendu leurs terrains dans des conditions irrégulières ; elle s’opposera au prolongement sur des terrains appartenant à un hospice religieux de l’avenue Sainte-Marie (Villemain actuelle)23. La municipalité aurait menacé de destruction des constructions nouvelles de M. Sarrazin sur des terrains d’anciens moulins et ainsi fait fuir les nouveaux habitants, « population bruyante24 ».
17La troisième opération de Chauvelot est la création du village de la Nouvelle-Californie à Vanves au pied des fortifications, et mordant quelque peu sur la zone non aedificandi... Ce village nous concerne moins directement ici car il ne sera pas annexé par Paris en 1860 et reste territoire de Vanves (puis de Malakoff25 quand la commune est créée en 1883). Il ne fera donc pas alors partie du quartier de Plaisance. Mais il reviendra, pour partie, dans notre histoire en 1925 quand Paris s’agrandit pour la dernière fois en annexant la « zone » au pied des fortifications que l’on détruit. Une partie de la Nouvelle-Californie restera à Malakoff, une partie retournera à Paris et à notre quartier de Plaisance dans les années 1920. Nous l’évoquerons alors.
Plaisance-Vaugirard en 1 845
18En 1845, nous avons une bonne idée du développement du « hameau » de Plaisance grâce aux renseignements fournis par le maire de Vaugirard au sous-préfet de Sceaux26. Le losange avenue du Maine-chemin de fer–rue du Chemin-de-fer (future rue du Château)-rue de Vanves le délimite assez précisément ; quelques habitations tendent aussi à s’établir vers le sud le long de la rue de Constantine (Vercingétorix) et de la rue de Vanves.
19L’augmentation de la population du « quartier » de Plaisance pose des problèmes particuliers à la commune de Vaugirard, notamment d’équipement et de voirie. Mais on peut aussi en voir un effet original avec la création d’une deuxième compagnie de Plaisance de la garde nationale en 184527.
20Le pavage des voies est inégal ; ainsi la rue de Constantine « est bien pavée dans toute la partie qui a été offerte par M. de Perceval ». Mais plus au sud, elle reste un chemin de terre. Plaisance disposerait de vingt et un réverbères à l’huile ou au gaz, dont le plus grand nombre se trouve chaussée du Maine, mais les petites rues Mazagran, Saint-Médard... en sont aussi pourvues. Seule la rue du Chemin-de-fer reste encore sans éclairage ; comme dans le reste de Vaugirard, ces réverbères fonctionnent huit mois de l’année jusqu’à deux heures du matin. La chaussée du Maine dispose aussi de trottoirs tout récents, qui viennent d’être achevés, après des discussions clochemerlesques, en accord avec la mairie de Montrouge (le côté sud-ouest de la chaussée est à Vaugirard, le côté nord-est est à Montrouge !).
21Plaisance dispose de trois écoles privées, que la mairie subventionnerait 90 francs par mois et où sont scolarisés 75 enfants. Longtemps les habitants de Plaisance eurent des difficultés pour aller à leur église, fort éloignée. En effet, l’église de Vaugirard qui se trouvait rue Saint-Lambert « à l’extrémité même de la ville [...] était encore une incommodité de plus pour les habitants logés du côté de Paris ou de Plaisance28 ». La mairie aurait contribué à la nouvelle chapelle édifiée en 184429 en payant la location à la Fabrique. Il ne s’agit que « d’une modeste chapelle desservie par un vicaire de Vaugirard, au milieu des jardins de la rue Saint Médard, aujourd’hui rue de Texel [...] lieu de culte d’une population d’environ 2 000 âmes30 ». Plaisance s’équipe aussi d’établissements de bains, d’un gymnase, d’un pensionnat31.
Une banlieue mal perçue, mal représentée
Les difficultés d’être un écart
22Plaisance-Vaugirard est contigu de Montrouge. Bien des questions qui concernent le quartier sont donc à étudier entre les deux communes, qui tendent toutes deux à se décharger de certaines de leurs responsabilités sur leur voisine. Les archives communales de Vaugirard et de Montrouge témoignent de ces conflits. En 1830, la mise en place de potences de fer pour les quatre réverbères de la chaussée du Maine fait l’objet d’une première discussion suite aux contacts établis par Denoyez, conseiller municipal de Vaugirard, auprès de Montrouge. On espère un accord « dans leur intérêt réciproque32 ». En 1840, le financement du poste de la garde nationale de la barrière du Maine (chauffage, entretien), auquel participent des gardes des deux communes, suscite l’ire de Montrouge, qui y contribuerait seule33. Mêmes discussions sur l’éclairage de la chaussée du Maine34, sur la répartition des frais de pavage du chemin de Vanves, devenu impraticable35. En 1846, Montrouge refuse de payer l’élargissement de la rue de Vanves, devenue chemin de « grande vicinalité », car si la commune est satisfaite de ce classement elle estime avoir déjà beaucoup dépensé pour le pavage et « ne peut rien donner de plus36 ». Les conflits portent aussi sur les jours de marché, qu’il convient de se partager de manière équitable37. Par exemple, Montrouge s’oppose avec vigueur à l’ouverture d’un marché aux porcs à Vaugirard le lundi, ce qui serait préjudiciable à Montrouge38. Enfin, entre les communes concernées, des octrois s’installent comme au coin de la rue de Vanves et de la rue du Transit (future rue d’Alésia) à la limite de Vaugirard et de Vanves39.
23Ces conflits aux marges des trois communes ne favorisent pas excessivement un développement de l’équipement et de la voirie favorable aux habitants du futur Plaisance. Le découpage administratif ne correspond plus, et de moins en moins, au nouveau quartier en pleine expansion, autour de la rue de Vanves.
24Dans de telles conditions, on conçoit que Plaisance fait longtemps figure de territoire mal connu de la mairie. En 1843, le maire constate que « l’administration ne possède aucun plan des nouvelles rues du quartier de Plaisance40 » et demande la levée d’un plan du nouveau quartier.
25La chapelle de la rue Saint-Médard, elle-même, accueille des habitants de Montrouge, annonçant ainsi la future paroisse et le futur quartier. D’ailleurs, en 1845, le sous-préfet de Sceaux envisage déjà une recomposition possible des territoires communaux : « Si la section du Petit-Montrouge est détachée de la section du Grand-Montrouge, il conviendra peut-être de réunir Plaisance à la première. » Belle anticipation du futur XIVe arrondissement41 !
La confusion des territoires
26L’examen de toute une série de cartes antérieures à l’annexion confirme la difficulté des contemporains à saisir ce territoire proche de Paris. Une carte de 1842 fait apparaître entre « VAUGIRARD » et « MONTROUGE » une commune inexistante, « LE MAINE42 » ! Plaisance est aussi absent d’un plan de 184443.
27Par contre, à compter de 1847, « Plaisance » figure sur toutes les cartes mais de manière très variable, à cheval sur la voie de chemin de fer (« QUARTIER DE PLAISANCE44 ») ou à l’ouest de la voie de chemin de fer (futur XVe arrondissement)45. Une seule carte situe Plaisance clairement à l’est du chemin de fer46, empiétant même sur le territoire de Montrouge et annonçant sa place future dans le quatorzième.
Le premier Plaisance : la paroisse
28C’est l’Église qui fera preuve de modernité et d’anticipation en suivant les nouvelles concentrations urbaines et en concevant la nécessaire création d’une paroisse de Plaisance qui sera constituée en mars 1848.
29Mais cette création ne va pas sans problèmes. Et la bourgeoisie de Vaugirard renâcle devant les dépenses occasionnées par la nouvelle paroisse. Un épisode est particulièrement révélateur en 1858 : la demande de la Fabrique et de l’abbé Gaudreau d’une contribution de 18 866 francs à la commune pour l’agrandissement de la modeste chapelle de Plaisance. Or, souligne le maire de Vaugirard, la chapelle s’est constituée de manière illégale et la Fabrique doit remettre les titres de propriété à la commune. La situation se complique du fait que le terrain appartient à un propriétaire privé et devient carrément clochemerlesque lorsque la veuve Thivien et son fils se disputent à propos de la substitution des titres ! Dans de telles conditions, le conseil municipal ajourne sa décision et saute sur l’occasion de la future absorption de Vaugirard par Paris pour renvoyer cette dépense liée « aux prétentions de l’abbé Gaudreau47 ».
30Du côté de Montrouge, nous retrouvons des attitudes voisines, d’abord opposées à la création d’une paroisse du Petit-Montrouge (c’est-à-dire de la partie de Montrouge comprise dans les fortifications de Thiers) contre laquelle se prononce le conseil municipal le 13 décembre 184648. Puis contre la création de la paroisse de Plaisance en 1848, qui englobait une partie du Petit-Montrouge. Alors Montrouge aurait à fournir les dépenses de trois paroisses (Grand-Montrouge, Petit-Montrouge et une partie de Plaisance). Une pétition d’habitants de Montparnasse et de la chaussée du Maine « s’oppose formellement à une proposition de M. l’Archevêque de Paris [...] l’érection d’une succursale de curé, à Plaisance, commune de Vaugirard ». Le conseil, constatant qu’« une forte partie de la population de Montrouge se trouve comprise » dans la paroisse en cours de création regrette que la commune de Montrouge n’ait pas été tenue au courant, estime que la création de la nouvelle succursale du Petit-Montrouge lui coûte déjà beaucoup, que la population de 3000 habitants de Plaisance-Vaugirard est suffisante pour une paroisse et que, du point de vue administratif, la population annexée devra se partager entre Vaugirard pour le culte et Montrouge pour les actes civils, décide de s’opposer à l’unanimité « par tous les moyens en son pouvoir » au projet de découpage de la nouvelle paroisse49.
31En septembre 1849, le territoire de la nouvelle paroisse est fixé, par le chemin des Fourneaux (rue Falguière) à la Croix du chemin des Bœufs, par le chemin des Bœufs à la rue de Vanves, par la rue de Vanves et la chaussée du Maine à la barrière du Maine50. On peut remarquer que ce premier découpage d’un Plaisance, paroissial, mord assez largement sur le futur XVe arrondissement et reste strictement sur le territoire de la commune de Vaugirard. Le dynamisme de Notre-Dame de l’Assomption (nom de la paroisse) est tôt fort. Ainsi, en 1856, constatant que Plaisance ne dispose que d’une école laïque de garçons (alors que l’école de filles est chrétienne), le curé, l’abbé Hugony, crée une école chrétienne de garçons en appelant les frères maristes et en les installant dans une maisonnette au 55 rue de Constantine51. Et malgré les réticences de la mairie de Vaugirard, en 1857 la nef de l’église est légèrement allongée.
32Notons aussi qu’en 1855, une paroisse protestante de Plaisance est fondée, mais qu’elle rayonne sur un vaste territoire correspondant aux futurs XIIIe, XIVe et XVe arrondissements52.
33Si la municipalité de Montrouge avait été vivement réticente aux projets des bâtisseurs et de Chauvelot, une mutation, tardive, apparaît quelques années avant l’annexion à Paris. On sait que, dans les années 1850, la municipalité échappe aux habitants de l’ancien centre (le Grand-Montrouge, hors les fortifs) pour glisser aux mains de la population, en forte croissance, du Petit-Montrouge. Le déplacement de la mairie au cœur du futur XIVe arrondissement en est le signe le plus évident. Et la municipalité tend, elle aussi, à une anticipation, celle du XIVe arrondissement, dont elle est le cœur. Avec cette nouvelle perspective, la partie occidentale de Montrouge devient plus intéressante et moins marginale. « Le quartier dit de Plaisance » est pour la première fois mentionné au conseil municipal comme partie de la commune allant de la rue des Plantes à la rue de Vanves. Et Montrouge souhaite fixer « un plan d’ensemble des rues projetées s’ouvrir » dans le quartier53. Il s’agit d’un vaste plan destiné à assainir les voies, favoriser l’écoulement des eaux, faciliter les communications, plan élaboré en relation avec les principaux propriétaires, l’Assistance publique... Il est frappant de constater que Chauvelot devient une référence. C’est sur le modèle de la « rue Chauvelot » (ou rue Sainte-Eugénie, future rue Hippolyte-Maindron) ouverte par le lotisseur et « construite de chaque côté de maisons importantes » que le conseil fixe la largeur des rues à dix mètres54. Ce dynamisme montrougien viendra trop tard. La commune va être annexée dans sa partie nord, alors la plus dynamique. Mais on conçoit mieux, même si ce n’est pas notre propos ici, la réticence du conseil municipal devant l’annexion55, qui tient certes aussi à d’autres considérations56.
Un écart pauvre et mal considéré
34Dans sa lettre au préfet de Sceaux, le maire de Vaugirard n’est pas très élogieux pour ses concitoyens de Plaisance tout en leur reconnaissant l’excuse de beaucoup de pauvreté : « Le quartier de Plaisance et de la chaussée du Maine renferme très peu de familles aisées et beaucoup de misères. On en juge par la faiblesse des côtes des contributions, par le nombre de côtes irrécouvrables et de certificats de carence. » Le quartier compte également beaucoup de pauvres inscrits au bureau de bienfaisance de Vaugirard et beaucoup d’enfants bénéficient de l’instruction gratuite.
35Et pour le maire de Vaugirard, pauvreté et grossièreté vont de pair : « On en juge par la tenue des personnes réunies soit aux offices, soit aux bals les jours de fêtes patronales ou aux distributions des prix des écoles ; et aussi par la tenue plus que négligée des enfants. »
36Toutefois existe une petite élite de propriétaires, comme de Perceval, qui ne se plaignent pas de la situation du quartier, en particulier les trois conseillers municipaux censés représenter particulièrement Plaisance : Degouy, 2 rue de Vanves, un des plus anciens membres du conseil municipal de Vaugirard, Fenoux, résidant dans le centre de Vaugirard, mais propriétaire rue du Moulin de-Beurre et Doré, même rue.
37Au bilan de tout ceci, Plaisance coûterait beaucoup à Vaugirard, qui aurait dépensé ou engagé 80 000 francs pour le quartier. Toutefois le maire s’oppose vigoureusement à sa séparation car si « ce quartier n’a pas d’industrie, point de commerce », il y a une notable exception à cette appréciation générale : « les débits de vins », qui apportent un quart des revenus de l’octroi de la commune ! De là ce plaidoyer vigoureux du maire et son sentiment que « depuis quatre ans l’administration s’en est occupée tout particulièrement57 ».
38Du côté de Montrouge, on dispose de quelques éléments sur la population plaisancienne grâce à une publication des registres paroissiaux de Saint-Pierre de Montrouge entre 1847 et 185258 où nous avons isolé les rues de Vanves et la chaussée du Maine. La source ne donne guère de précisions sur le statut et la richesse des pères, mères, parrains, marraines. Les grands nombres sont le commerce (41 cas) et les marchands de vins (32 cas), le bâtiment (27 cas), les métaux (14), et encore l’agriculture (18). Du côté est du futur Plaisance, donc, une population déjà visiblement plus petite-bourgeoise qu’à Vaugirard à l’ouest.
Plaisance s’affirme-vers une première « démocratie plaisancienne »
Plaisance veut son indépendance
39Selon le maire de Vaugirard, c’est « dès la formation de ce quartier [que] des idées d’indépendance ont germé dans la tête de quelques habitants », en particulier à cause d’une volonté de construction sauvage : « Étant chez eux, les lotis prétendaient avoir le droit de construire à leur convenance », sans se préoccuper des questions d’alignement, de nivellement (essentiel pour assurer l’arrivée de l’eau aux fontaines et pour assurer l’écoulement des eaux de pluie). Trace d’une indépendance de cette population quand elle peut accéder à une petite propriété foncière pour construire. Mais aussi trace de la volonté des propriétaires de terrain et des promoteurs-lotisseurs de s’émanciper de tout contrôle public. Ainsi, en 1828, un propriétaire de Vaugirard, M. Sevraz, intercepte de son initiative le « barrage » du chemin de la Gaîté (la future rue Vandamme – rien à voir avec la rue de la Gaîté, qui se trouve alors sur le territoire de Montrouge) et le conseil municipal exige le rétablissement du chemin dans son état primitif59. Le Conseil proteste aussi contre l’ouverture d’une rue par M. Schomer en 1838 sur son terrain entre la rue de Vanves et la rue de l’Ouest : « Le Conseil, considérant que le terrain sur lequel le sieur Schomer ouvre la rue offerte est totalement miné par une carrière, ce qui offrirait de graves dangers pour la sûreté publique ; et que cette rue serait d’ailleurs trop peu utile. » Suite à quoi, le conseil municipal refuse de payer le pavage de la rue et de lui donner le statut de rue classée60.
40Même type de refus à Montrouge où la demande d’un propriétaire de Vaugirard, M. Violette, de prolonger la rue de la Procession (actuelle rue de Gergovie dans le XIVe) sur le territoire du Petit-Montrouge se heurte à un refus de toute participation financière à une demande considérée comme une spéculation des propriétaires du coin61.
41L’esprit d’indépendance des premiers Plaisanciens est superbement illustré par l’épisode de la maison du Robinson de Plaisance62 dont toutefois il convient de se méfier ; le cas reste exceptionnel et a fait figure de mythe (maintenant entièrement perdu) en son temps. Cet artisan, fabricant de guêtres, put acheter dans les années 1830 un terrain de M. de Causseval, sis 14 rue de Constantine (au 22 rue Vercingétorix – maison maintenant disparue mais encore là en 1967). Puis, entre 1837 et 1850, il construisit, absolument seul, une maison comprenant quatre étages d’habitation, deux étages de combles et des caves voûtées ! Selon Marius Boisson, il était le type de « l’ouvrier parisien indépendant ayant le goût de la petite maison hors barrière ». Sur la façade de sa maison, il fit graver plusieurs inscriptions : « Travail, Courage et Patience », « Labor improbus omnia vincit (Le travail vaincra toutes les difficultés) ». Deux statues décoraient le balcon du premier étage où logeait Pernot. Pierre Boujol les vit encore en 1967 sur un petit pavillon situé en arrière de parcelle. Peut-être étaient-ce les ducs d’Orléans et de Joinville ?
42Prototype des premiers Plaisanciens ? « Nous possédons un portrait du Robinson de Plaisance », écrit Marius Boisson. « La tête est belle, l’expression est un peu dure et volontaire. Une tireuse de cartes lui avait prédit qu’il mourrait aussitôt sa maison finie. La tireuse de cartes s’était trompée. » Pernot mourut en effet à 72 ans en 1870 ! Au rez-de-chaussée, il avait ouvert un café, « Maison Robinson Vins café ».
43Bâtie à l’écart du centre de Vaugirard, à sa lisière orientale, séparée de l’essentiel de la commune par la voie des chemins de fer, Plaisance demande dès 1845 à devenir une commune autonome. Les habitants du « hameau de Plaisance », selon le préfet de la Seine63, « se plaignent de n’être pas suffisamment protégés par l’administration de Vaugirard ». La question de l’éclairage de la chaussée du Maine semble avoir été à l’origine de la révolte des Plaisanciens, qui se plaignent « de n’être éclairés que par cinq réverbères et seulement huit mois de l’année », de « n’avoir pas de lampadaires et de ne pas pouvoir réussir à faire paver la rue de Constantine64 ». Le maire de Vaugirard assure pourtant les Plaisanciens d’une bonne surveillance du commissaire de police de Vaugirard et du garde champêtre de la commune65. Il déclare que l’élite de Plaisance, notamment les trois conseillers municipaux qui représentent la section, n’est pas favorable à la scission. De fait, Fenoux, un de ces trois conseillers, édite en 1846 une affiche par laquelle il contredit « la pétition [...] des habitants de Plaisance dans le but de se plaindre de l’administration municipale » et évoque « la bienveillante sollicitude de M. le Maire66 ».
44Les deux préfets diligentent une enquête auprès de la mairie de Vaugirard, mais on sent dès leurs premières notes que leur interrogation porte d’abord sur la population de Plaisance (estimée à plus de 3 000 habitants) et sur sa possible augmentation. Au bilan, le sous-préfet de Sceaux67 décide de repousser la demande de scission plaisancienne. Il en rajoute même sur la description péjorative de l’écart par le maire de Vaugirard : « cette section renferme peu d’habitants aisés et ayant assez de lumières ou de temps pour exercer des fonctions municipales » !
45Quelques années plus tard, pendant la Deuxième République, la question de l’indépendance de Plaisance est de nouveau posée. Mais il y a une différence de taille : cette fois, les élus de Plaisance participent à la revendication scissionnaire et, surtout, le maire de Vaugirard s’y dit très favorable68. Sans doute Vaugirard ne trouvait plus son compte à la présence de Plaisance sur son territoire. Le temps des guinguettes s’achevait et les revenus qu’elles apportaient au budget municipal devenaient maigres en regard des dépenses croissantes qu’occasionnait une section pauvre qui connaissait une croissance démographique vive. Mais c’est justement ce sentiment qui pousse l’administration préfectorale à refuser la demande de scission. À Plaisance, en effet, il faudrait créer tous les édifices communaux, tous les emplois municipaux, alors que les ressources de sa population sont médiocres, et « consentir à cette mesure ce serait assurer la ruine de celle-ci (Plaisance) au profit de la première (Vaugirard) quand toutes les parties de la commune doivent se prêter un mutuel appui69 ». Et lorsque les habitants de Plaisance tenteront de s’adresser directement au ministre de l’Intérieur pour obtenir la scission, le préfet de la Seine maintiendra fermement sa position70. Bel exemple d’une décision pleine de bon sens technocratique et démocratique dans son principe d’une administration mais qui va contre le vœu des populations concernées !
46De la revendication plaisancienne nous avons de belles traces dans des affiches conservées à la BnF. Sans directement revendiquer l’indépendance, une belle affiche (non datée, de 1848 sans doute) présente le club républicain :
« RÉPUBLIQUE FRANÇAISE
CLUB
DE
L’UNION DE PLAISANCE
[le texte...]
LIBERTÉ, ÉGALITÉ, FRATERNITÉ
Vive la République ! MAGNAN Président »
47Clairement, la mention en gras de Plaisance ressort avant tout (plus que République, Liberté...). Le club anticipe la commune et des commissaires spéciaux sont nommés pour représenter Plaisance au Club central de Paris. Des contacts sont pris avec le Club de Montrouge.
48Puis viennent les affiches qui évoquent clairement l’aspiration à la scission de Vaugirard. La première, signée de Fenoux (conseiller municipal), le 26 mars 1848, est adressée « Aux habitants de PLAISANCE71 ». Les motifs de la revendication indépendantiste sont clairs : éloignement, dans tous les sens du terme, de Vaugirard, croissance urbaine :
Citoyens, Depuis longtemps vous avez manifesté le désir de vous constituer en commune ; d’une part l’éloignement où vous êtes de Vaugirard, d’autre part attendu l’agrégation croissante et rapide de votre population qui, en peu d’années, a presque doublé. Votre affranchissement se fait sentir chaque jour, et surtout l’hiver pour les secours religieux, les constatations de décès, l’éloignement de l’école communale, etc.
49Constatant avec plaisir le soutien de Thibout-Mairie (sic), le maire de Vaugirard, et « l’approbation bien franche » du conseil municipal, les habitants de Plaisance tentent de profiter des événements révolutionnaires pour envoyer une députation à l’Hôtel de Ville devant les membres du gouvernement provisoire. Celui-ci, sans être négatif sur le principe d’une commune de Plaisance, refuse toute création d’une mairie, même provisoire, avant la consultation des autorités locales et la mise en place d’une commission locale.
50Fenoux prend la présidence de cette commission locale et conseille dans l’affiche la prudence et la modération à ses concitoyens :
S’il arrivait des cas urgents où la présence du Maire de Vaugirard fût utile, respectez toujours son autorité [...] Pour ces motifs, mes chers concitoyens, j attends de vous en toute confiance cette modération et ce calme qui fait l’unité de toutes les forces, et vous invite instamment à prendre patience pour donner au travail le temps de se faire ; de considérer, quant à présent, l’autorité de la Mairie de Vaugirard comme la seule administration compétente qui existe en ce moment. Salut et Fraternité.
51Un an après, la réponse du préfet de la Seine n’est toujours pas venue et Fenoux signe une deuxième affiche aux habitants de Plaisance le 10 mai 1849. À l’argument avancé par les autorités de la modestie des ressources de la future commune, il répond qu’elles seront loin d’être négligeables et que « s’il le faut encore, nous consentons d’avance à nous imposer extraordinairement pour subvenir à tous nos besoins (ce sont du moins les paroles qui m’ont été dites par beaucoup d’entre vous) ». Une pétition est organisée pour soutenir la demande : « On signera jusqu’au 17 courant chez M. Favier, limonadier, rue de l’Ouest. » Une grande réunion aura lieu au même local le 17 à dix-neufs heures.
52La réponse négative du préfet nous vaut une dernière affiche de Fenoux, non datée mais de mi-1849 environ. Le préfet confirme que, selon lui, la nouvelle commune ne pourra se payer une administration fiable et que, dans tous les cas, un nouveau découpage doit être réfléchi sérieusement au niveau départemental. Une nouvelle réunion aura lieu « dans le local du citoyen Héraut ». Et Fenoux de conclure « qu’il n’y a nullement de [s]a faute » dans l’échec.
53Après 1849, nous ne trouvons plus de traces d’une velléité scissionnaire de Plaisance72 ; mais peut-être est-ce le seul fait des circonstances qu permettent moins l’expression populaire ?
Plaisance républicain et révolutionnaire ?
54Peut-on affirmer que, dès 1848, Plaisance se dégage comme un « village » républicain ? L’affiche du Club de l’Union de Plaisance nous montre une intense vie politique avec des réunions tous les lundis, mercredis et vendredis de dix-neufs heures à vingt-deux heures ! Le club, qui se vante du nombre de ses membres et qui souhaite mobiliser « tous les habitants de Plaisance qui n’y ont pas encore paru », prépare activement les élections. Mais Plaisance n’est pas exempt de tensions sociales précoces. Ainsi la Compagnie de la garde nationale de Plaisance73 assure la protection de la rue de la Gaîté pour en empêcher l’accès aux insurgés en juin 1848 et des affrontements ont lieu barrière du Maine74. Déjà, dans les années 1840, la garde avait assuré la protection des installations de chemin de fer pendant les premiers mouvements sociaux de cheminots !
55Nous savons aussi qu’en 1850, la chaussée du Maine (au numéro 36) était le siège de l’Association des cuisiniers réunis, association qui avait invité Pierre Leroux, le « communiste » – au sens de 1848 – bien connu, le 1er mars 1849 à un banquet socialiste et égalitaire75. C’est aussi un cuisinier de la rue de Médéah et sa femme lingère (le couple Alliot) qui participent en juillet 1849 à la fondation d’une Association des travailleurs de toutes les professions et de tous les pays.
56Il y eut aussi en avril 1848 un Club populaire de Montrouge, présidé par Roybin, et une Société populaire de Montrouge, présidée par Boitard, qui avaient des adhérents dans la partie de la commune rattachée ensuite à Plaisance.
57Peut-on voir aussi un signe révolutionnaire dans le fait que Jean-Baptiste Boichot, un des députés républicains socialistes élus en mai 1849, en fuite après l’insurrection du 13 juin 1849, réfugié en Angleterre où il fonde la Commune révolutionnaire, association de proscrits, fut arrêté par la police en 1854 alors qu’il venait tenir une réunion clandestine à Plaisance76 ? Ce qui signifierait la présence d’un groupe socialiste pour l’y accueillir et l’écouter.
58Plaisance accueille aussi, premier nom d’une longue série d’auteurs oubliés et méconnus qui ont résidé dans le quartier, un philosophe socialiste, le baron Hippolyte Colins de Ham, dit Colins, décédé en 1859 au 63 rue de Vanves (à Montrouge alors). Si Marcel Cerf lui a rendu un hommage dans la revue historique de l’arrondissement, les dix-neufs volumes de ses Sciences sociales ne sont plus lus par personne malgré la grande influence qu’il eut sur le socialisme, belge en particulier77.
Un écart à vive sociabilité
59En dehors même des guinguettes pour Parisiens que nous avons décrites, mais qui tendent à s’effacer avec la croissance de l’urbanisation, Plaisance paraît déjà un village animé avec ses 3 000 ou 4 000 habitants. Le maire de Vaugirard peut ainsi se vanter de sa présence aux fêtes, cérémonies, bals et banquets de l’écart.
60Les traces n’abondent pas mais nous savons que, dès les années 1840, à l’initiative de la Compagnie de Plaisance de la garde nationale, le quartier organise une fête annuelle d’une semaine en juin où l’on retrouve tous les ingrédients des fêtes populaires du xixe siècle (bals, jeux...)78. La question de la disponibilité d’un terrain pour la fête fait l’objet de nombreuses discussions en 184679.
Jeux d’images
La double image
61Elle est admirablement perçue dans le guide Jouanne de 185680. Déjà se mêlent les souvenirs des guinguettes populaires et artistiques et un nouveau Plaisance, pauvre et déplaisant, avec sa situation médiocre et polluée :
À la place de ce hameau [de Plaisance] qui possède une chapelle s’étendait il y a vingt ans une plaine aride, parsemée de guinguettes fréquentées pour la plupart par des carriers, et dont quelques-unes portent encore un nom célèbre parmi les rapins du faubourg Saint-Germain : tel est par exemple le Moulin de Beurre.
A La gauche de Vaugirard, au-delà de la barrière du Maine, sur le plateau un peu plus élevé qui domine cette commune est situé le hameau de Plaisance [...] Plaisance du reste ne justifie guère son nom. On y trouve plus de carrières que de villas, plus de pierre que d’arbres, plus de poussières ou de boue que de gazon. Le Chemin de fer de l’Ouest (voie rive gauche) qui le traverse y a établi des gares de marchandises et des ateliers.
62La double image du Plaisance d’avant 1860 perdurera avec le temps. Si l’unanimité se fait sur l’heureux temps des guinguettes, l’héritage des constructions du temps de Chauvelot est pensé contradictoirement : pour les uns matrice du « village de Plaisance » qu’il faut défendre contre la rénovation-destruction dans les années 1960-1985, pour les autres « avènement du triste Plaisance » avec des rues géométriques et des « maisons presque toutes semblables », et de médiocre qualité, que l’on pourrait effacer sans trop de scrupules81.
Plaisance : une « banlieue »
63En s’éloignant plus encore vers le sud, vers les limites des limites, au plus près des fortifications, le futur quartier accueille les plus marginaux ; ceux que Jules Vallès type du beau nom des « irréguliers de Paris82 ». Il est significatif que le premier de ceux qu’il évoque et auquel il consacre de nombreuses pages est un certain Fontan-Crusoe avec les « aventures d’un déclassé racontées par lui-même ». Ce très beau texte ne peut être tronqué excessivement et nous en donnons ici de longs passages :
Nous sommes en 1857 ; je viens de publier une brochure de huit pages intitulée : Un galop à travers l’espace. Je fonde sur cette publication des espérances qui ne se réalisent pas ; et la vie sans abri recommence ; elle continue presque sans interruption jusque bien avant dans l’année 1858.
A cette époque, je vais demeurer aux fortifications, sous un arbre, près de la porte de Vanves. Je ne pouvais plus passer la nuit dans l’intérieur de Paris ; la nouvelle organisation des sergents de ville, triplés, quadruplés, me le défendait.
Certes, quand je vis M. Haussmann arriver aux affaires, ce que je savais de son indomptable énergie me fit tout de suite entrevoir l’avenir, et je ne me trompai pas sur les conséquences désastreuses pour moi de cette nomination. On allait refaire Paris, détruire les petites rues, supprimer l’ombre, et il n’y aurait plus place pour les penseurs sans domicile dans les coins obscurs. Nos petits-neveux se trouveront bien de ces améliorations, mais je ne crois pas être séditieux, et je reste dans les limites de la plus pure vérité en disant que j’en ai beaucoup souffert.
L’arbre sous lequel je demeurais existe encore, et, le dimanche quelquefois, j’y vais en pèlerinage et je m’assieds dessous avec religion ; j’y reste un peu de temps par reconnaissance. Je ne crois pas devoir m’abstenir de cet hommage, les jours où la terre est mouillée. Elle l’était bien autrement quand, pendant mon sommeil, humide des eaux de l’orage, elle se creusait et prenait l’empreinte de mon corps endormi !
Je partais de Paris le plus tard possible, à dix heures d’ordinaire, quand on fermait la bibliothèque, mais à onze heures seulement, quand je pouvais, pour mes deux sous, entrer dans quelque crémerie. Je retardais autant qu’il m’était permis mon départ, par cette raison qu’il me fallait arriver à mon arbre quand personne ne passait plus. Je me mettais donc en route jusqu’au dernier moment. Oui le voyage était pénible ! Je trouvais la force de me tenir éveillé dans les rues de Paris, par peur des sergents de ville ; mais je cédais en arrivant sur la route de Vanves dès que j’avais passé la rue du Transit. Plus de police ! La route était déserte, bordée de champs, et il n’y avait sur le parcours qu’une pauvre maison. Je dormais en marchant. [...]
64Nous avons la chance de disposer d’une belle œuvre de Jongkind tout à fait contemporaine de ce texte, ce qui nous permet une vision sensible de la porte de Vanves au mitan du siècle. Isolement, pauvres maisons créent ce paysage des marges/marginaux qui est un trait de Plaisance. Un lieu encore sans police, sans ordre. La liberté, la révolte, la nature mais aussi la solitude et la faim. Fontan-Crusoe et le Robinson de Plaisance, l’irrégulier, déclassé misérable, et l’artisan indépendant ; les deux figures symboliques de ce Plaisance des limites de la ville sont curieusement associées – alors qu’elles ont été construites tout à fait indépendamment – dans une figure littéraire universelle, celle de l’homme libre dans la nature.
65L’annexion de Vaugirard et des parties de Montrouge et Vanves situées à l’intérieur des fortifs produit sur notre Fontan-Crusoe un premier effet ; voici la police de M. Haussmann portée jusqu’aux remparts et notre « irrégulier » contraint de s’exiler en 1862 à Arcueil ! Plaisance entre ainsi dans Paris.
Notes de bas de page
1 N. Frank, à l’entrée « Montparnasse », mais évoquant joliment Plaisance dans le Dictionnaire de Paris, Larousse, 1964.
2 Voir, par exemple, l’aquarelle de Louis Cherrier de 1826, RH XIV, 1994. 3 11 a accueilli Fréron le célèbre chroniqueur littéraire du xviiie siècle.
3 Il a accueilli Fréron le célèbre chroniqueur littéraire du xviiie siècle.
4 Voir la lettre de J. Mizitrano du 10 septembre 1976 à Gilbert Perroy, Archives Sté Hist XIVe.
5 Lettre du percepteur de Vaugirard-Montrouge du 30 janvier 1830 au receveur de l’arrondissement de Sceaux (A Paris, DO 935).
6 Voir Jean Emile Bayard, Montparnasse hier et aujourd’hui, ses artistes et écrivains étrangers et français les plus celèbres, 1927, qui cite Chateaubriand à ce sujet.
7 Le roi des bandits. Le mendiant de Montrouge, s.d., vers 1930.
8 Selon Gilbert Perroy, « Les grandes heures du quartier de Plaisance », Annuaire SH XIV, 1956-57 OU « Dans le Paris inconnu, du Moulin de Beurre au cabaret de la Mère Saguet, les grandes heures du quartier de Plaisance », Miroir de l’histoire, mai 1956.
9 Lucien Lambeau, Histoire des communes annexées à Paris en 1859, Vaugirard, Paris, E. Leroux, 1912.
10 Valentin, « À la Barrière du Maine », L’Illustration, 1er janvier 1852.
11 Cf. aussi Antoine Parménie, Une guinguette littéraire au temps du romantisme : le cabaret de la mère Saguet, dact., s.d.
12 De 1850 à sa fermeture en 1859.
13 Voir, par exemple, Adèle Hugo, 1802-1841, Victor Hugo raconté par un témoin de sa vie (Mme Vict. Hugo), Paris, 1863.
14 Géricault aurait même eu un temps son atelier au 4 de la rue du Moulin-de-Beurre, RH XIV, 1973. Ceci n’est toutefois pas assuré.
15 Le conseil municipal de Vaugirard avait bien compris la portée à terme de la création du mur de Thiers en manifestant le 5 novembre 1840 sa « crainte que la Ville de Paris ne prenne un jour ces fortifications pour limites », cf. Lucien Lambeau, op. cit.
16 La coupure est accentuée partiellement par l’ouverture du chemin de fer de petite ceinture, en février 1857.
17 Alexandre Chauvelot aurait revendiqué la paternité du nouveau toponyme selon Catherine Bruant et Jean-Christophe Tougeron, « La formation du XIVe arrondissement – Plaisance et Thermopyles (Nouvelle-Californie et Villafranca) Alexandre Chauvelot lotisseur des limites », dans Jacques Lucan (dir.), Paris des faubourgs, Formation, transformation, Pavillon de l’Arsenal, 1996. Nous suivons leur article pour ce paragraphe. Cf. aussi Catherine Bruant, « Plaisance et les Thermopyles », dans Action artistique de la Ville de Paris, Montparnasse et le XIVe arrondissement, 2000 et P. Ritti, « La fondation de Plaisance », Les Trois Monts, juillet 1928.
18 Affiche de la commune de Vaugirard, « Aux habitants du Quartier de Plaisance », signée du conseiller municipal Fenoux, BnF, s.d.
19 Il y aurait eu un accident grave à Plaisance en 1855, qui aurait fait douze morts, selon Les Trois Monts, décembre 1930.
20 R. L. Cottard évoque « Plaisance, idéal du boutiquier de Balzac », dans « L’évolution du 14e arrondissement de 1860 à nos jours : terroir, peuplement et habitat », RH XIV, 1984-85.
21 Jean Villetay, « Une maison particulière, impasse Lebouis depuis 1831 », RH XIV, 1982.
22 Conseil municipal de Vaugirard du 16 février 1853, cité par Lucien Lambert, op. cit.
23 Nous suivons de nouveau ici Catherine Bruant et Jean-Christophe Tougeron, art. cité.
24 D’après H. Castillon d’Aspet, Guide à la Tour Malakoff et à la Californie parisienne. Rendez-vous de la Bonne société aux portes de la capitale, t86o, cité par Catherine Bruant, art. cité.
25 On pourra lire à ce sujet, État des communes... Malakoff, 1901 ; Émile de la Bédollière, Histoire des environs de Paris, 1867.
26 Lettre du maire de Vaugirard au sous-préfet de Sceaux du 8 novembre 1845 (A Paris, DO 935).
27 Conseil municipal de Vaugirard des 9 février et 8 août 1845, DO 935.
28 Jules de Lamarque, Vaugirard en 1859, Lallemand-Lépine, 1859.
29 R. Héron de Villefosse, entrée « Plaisance » du Dictionnaire de Paris, Larousse, 1964 : « La plus petite église paroissiale de Paris. »
30 « Le cinquantenaire de Notre-Dame de Plaisance, 1848-1898 », L’Écho de Plaisance, avril 1899.
31 Selon Jean Blottière, « Souvenirs du Vieux Plaisance », RH XIV, 1968, qui s’appuie sur des documents de son aïeul de Plaisance.
32 Réunion du conseil municipal de Vaugirard du 15 mai 1830, A Paris, DO 935.
33 Réunion du 3 novembre 1840 du conseil municipal de Montrouge (AD 92).
34 Réunion de la première session du conseil municipal de 1841 (AD 92).
35 Réunion du 9 novembre 1841 (AD 92).
36 Réunion du 4 septembre 1846 (AD 92).
37 Réunion du 26 juillet 1853 (AD 92).
38 Réunion du 14 mars 1854 (AD 92).
39 Réunion du conseil municipal de Vaugirard du 16 août 1854, DO 935.
40 Conseil municipal du 4 mai 1843, DO 935.
41 Lettre du sous-préfet de Sceaux au préfet de la Seine du 24 novembre 1845, DO 935.
42 Plan topographique de Paris, de sa banlieue et de ses fortifications, par A. Zakrzewski, 1842.
43 Plan de Paris et de ses fortifications, par Logerot, 1844.
44 Paris en proportion avec son enceinte, 1849, ou Paris nouveau, 1855.
45 Nouveau plan de Paris fortifié, par A. Bernard, 1847 ; Paris, ses fortifications et sa banlieue, 1850, éd. Danlos ; carte d’état-major, 1852.
46 Les fortifications de Paris, 1847.
47 Réunions du conseil municipal de Vaugirard des 4 juin, 15 et 23 novembre 1858, 18 février 1859 et 24 mai 1859, A Paris, DO 935. Toutefois la commune continue de payer le loyer du terrain au propriétaire.
48 AD 92.
49 Réunion du conseil municipal provisoire de Montrouge du r8 juin 1848, AD 92.
50 C. Chevalier, Guide topographique des paroisses de Paris, Paris, 1873. Cf. aussi L’Écho de Plaisance, avril 1899, art. cité.
51 L’Écho de Plaisance, avril 1897.
52 R. Vilatte, Une paroisse protestante, Plaisance, 1855-1955, Paris, 1956.
53 Conseil municipal de Montrouge du 21 mai 1858, AD 92.
54 Conseil municipal du 21 mai 1858.
55 Le conseil municipal du 7 mars 1859 vote par 20 voix contre 10 et 5 abstentions contre l’annexion, AD 92.
56 Vaugirard aussi est très réticente devant son annexion, ayant crainte de perdre sa tranquillité et de voir les loyers augmenter. Cf. Lucien Lambeau, op. cit. Par contre, Vanves se félicite de l’annexion d’une partie de son territoire car, désormais, la commune devient limitrophe de Paris et espère en tirer des bénéfices, conseil municipal du 7 mars 1859, cf. État des communes à la fin du xixe siècle, Vanves, notice historique et renseignements administratifs, 1901.
57 Au point même de chauffer le corps de garde !
58 Léon Aubert, Le Petit-Montrouge et l’église Saint-Pierre, 1938. Ce livre, qui évoque peu Plaisance, est très souvent approximatif...
59 Délibération du conseil municipal de Vaugirard adressée au préfet, 1828, A Paris, DO 935.
60 Délibération du 7 avril 1838, A Paris, DO 935.
61 Réunion du conseil municipal de Montrouge du 8 février 1847, AD 92.
62 L’histoire est merveilleusement racontée par Marius Boisson – aussi romancier, oublié, de Plaisance –, dans Coins et recoins de Paris, 1927. Cf. aussi Pierre Boujol, « Rue Vercingétorix : La Maison du « Robinson de Plaisance », Logements, octobre 1967.
63 Selon le préfet de la Seine évoquant Plaisance, lettre au sous-préfet de Sceaux du 25 octobre 1845 (A Paris, DO 935).
64 Lettre du sous-préfet de Sceaux au maire de Vaugirard du 31 octobre 1845 (A Paris, DO 935).
65 Lettre du 8 novembre 1845, citée.
66 Affiche de 1846, citée.
67 Lettre du sous-préfet de l’arrondissement de Sceaux au préfet de la Seine du 24 novembre 1845, A Paris, DO 935.
68 Lettre du sous-préfet de l’arrondissement de Sceaux au préfet de la Seine du 18 avril 1849, A Paris, DO 935.
69 Lettre du préfet de la Seine au sous-préfet de Sceaux du 22 juin 1849, A Paris, DO 935.
70 Lettre du préfet de la Seine au sous-préfet de Sceaux du 1er septembre 1849, DO 935.
71 En majuscules dans le texte.
72 Par exemple, le maire Thiboumery n’y fait aucune allusion dans son Aperçu rétrospectif sur l’administration communale de Vaugirard, années 1848 à 1858 présenté par M. le maire de Vaugirard au conseil municipal, Vaugirard, 1859.
73 À la différence de 1870-1871, la garde nationale instituée en 1830 n’est pas ouverte à tous les citoyens.
74 Jean Blottière, art. cité.
75 Selon J. E. Bayard, op. cité, 1927, qui cite un article du Mois-du 1er mars 1849.
76 Notice Boichot du Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français ou Maitron.
77 Cf. site internet, <www.pum.umontreal.ca>, « Un génie méconnu ». On peut voir encore sa tombe au cimetière de Montrouge.
78 Jean Blottière, art. cité.
79 Affiche « Commune de Vaugirard, Aux habitants du Quartier de Plaisance », signée de Fenoux, BnF (entrée en 1846).
80 A. Joanne, Les environs de Paris illustrés, 1856.
81 Cf. Gilbert Perroy, « Les grandes heures du quartier Plaisance, RH XIV, 1956-1957.
82 Jules Vallès, Les réfractaires, chapitre « Les irréguliers de Paris », 1865.
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