Les Parisiens de 1936 : la population du 18e Arrondissement
p. 23-46
Texte intégral
1Décrire une population est un exercice périlleux. Le plus souvent, on se contente de passer en revue ses différents aspects : l’âge, le sexe, le lieu de naissance, la profession. Autant de données apparemment objectives, dont il y a peu à dire, sinon qu’elles sont ainsi, et non autrement. Pour donner sens à ces constats, les chercheurs recourent aux comparaisons, et font apparaître les différences, les écarts à la moyenne, qui caractérisent la population étudiée. C’est assurément de bonne guerre. Mais les catégories utilisées ont-elle toute l’évidence dont on les crédite d’ordinaire ? Et si la description, équipée de tout son appareil quantitatif, dépendait en réalité des choix préalables par lesquels le chercheur a construit ses catégories d’analyse ? Le monde que nous donnons à voir ne dépend-il pas aussi des lunettes à travers lesquelles nous l’examinons ?
2Signaler que toute description est ainsi pré-figurée par les outils d’analyse retenus n’est pas dire que les chercheurs font n’importe quoi. La construction des descripteurs est enserrée dans un ensemble de contraintes qui tiennent d’abord à la disponibilité des données : ce qui n’a pas été recensé ou observé ne peut être exploité. Elles tiennent ensuite à la nature même des données : l’âge et le sexe, par exemple, se prêtent mal à des élaborations raffinées, alors que les professions ne peuvent être exploitées sans un travail amont de catégorisation et de regroupement. La rigueur consiste alors à expliciter les choix préalables qui ont conduit cette construction, pour apprécier dans quelle mesure ils déterminent le tracé et la couleur du tableau que l’on dresse. C’est à quoi l’on s’efforcera dans cette analyse de la population du 18e arrondissement en 1936.
3Et d’abord, pourquoi avoir choisi un arrondissement ? Pour des raisons matérielles : Paris était trop gros pour le temps et les moyens disponibles1. Pourquoi le 18e ? Parce qu’avec 280 000 habitants en 19362, il représente environ 10 % de la population parisienne et parce qu’il est socialement assez hétérogène : ni purement populaire, ni vraiment bourgeois. La méthode adoptée repose sur la construction d’un échantillon dans les listes nominatives du recensement3. Mais – le choix n’est pas anodin – c’est un échantillon de ménages et non d’individus. Nous n’avons pas pris un individu tous les vingt, mais un ménage complet, avec tous ses membres, tous les vingt ménages, ce qui permet d’analyser la structure familiale4. Au total, 13 682 individus, 6 106 ménages : de quoi fonder une analyse relativement robuste.
JEUNES ET VIEUX
4Les données démographiques de base semblent simples. Plus de femmes que d’hommes, comme il est de règle, mais un peu plus qu’en moyenne nationale : 53,7 % de femmes contre 51,9 % en moyenne nationale. L’écart, presque deux points, surprend, car il n’était pas attendu aussi fort. Dans une grande ville, affluent en effet des migrants de sexe masculin que n’accompagnent pas leurs femmes, du moins dans un premier temps. Cela devrait rééquilibrer la balance des sexes. Or ce n’est pas ce qu’on constate.
5La pyramide des âges livre une partie de la réponse. Paris se démarque en effet très nettement du reste de la France sur ce point, avec une surreprésentation, pour les deux sexes, des groupes d’âges compris entre 25 et 55 ans, qui a pour contrepartie un très faible poids des enfants et des personnes âgées. Le 18e arrondissement s’écarte peu des moyennes parisiennes, dont il accentue à peine les caractères : faiblesse des personnes âgées et des jeunes (sauf pour les moins de dix ans), surreprésentation des âges médians, et à l’intérieur de ceux-ci, des hommes. Les deux points supplémentaires du sexe féminin se construisent aux deux extrémités de la pyramide des âges par la sous-représentation du sexe masculin qui chez les personnes âgées semble plus forte qu’en moyenne nationale et qui, chez les jeunes, n’est pas imputable au service militaire puisqu’on la retrouve chez les 15-19 ans.
6Ces anomalies de la pyramide des âges selon les sexes renvoient très probablement à une histoire complexe de migrations féminines et masculines, qui n’interviennent sans doute pas aux mêmes âges et n’ont ni la même origine géographique, ni la même signification sociale. On peut imaginer – mais il reste à le vérifier – un afflux de jeunes provinciales, employées, vendeuses ou domestiques, et un afflux d’immigrants étrangers dans la force de l’âge, prêts à accepter des métiers peu qualifiés s’ils ne parviennent pas à exercer leur métier d’origine.
7On voit ici la complexité de cette population. Un descripteur élémentaire, comme la pyramide des âges, pose trois questions faussement simples : pourquoi moins d’enfants ? pourquoi moins de vieux ? pourquoi plus de femmes ? Répondre en invoquant des comportements démographiques spécifiques serait se moquer : la vertu dormitive de l’opium a perdu ses charmes explicatifs. Mais les solutions ne se laissent entrevoir qu’après quelque détour, en raison notamment du lien qui rend ces questions dépendantes les unes des autres. Comme nous raisonnons en pourcentages, s’il y a moins de jeunes et moins de vieux, c’est peut-être parce qu’il y a plus d’adultes, et réciproquement. Nous ne devrons pas oublier cette logique des vases communicants.
8La première question est la plus simple : il n’y a pas beaucoup d’enfants parce qu’on ne sait pas où les mettre. Avant d’expliquer la faible natalité parisienne par un malthusianisme spécifique5, il faut prendre en compte les contraintes de logement : la démographie dépend du bâti urbain. Les listes nominatives font apparaître des rues où pratiquement tous les ménages sont des familles nombreuses : ils habitent les HLM, alors dans leur neuf, construits en briques sur les anciennes fortifs6. Les enfants sont là, ainsi que dans des logements de fortune qui subsistent dans la zone7, et pas dans les vieilles rues de Montmartre. Cette intuition est validée par nos données. Les ménages de cette zone représentent 4 % des ménages de l’arrondissement, mais ils regroupent 21 % des enfants. Alors qu’en moyenne 71 % des ménages ne comprennent aucun enfant, c’est le cas de seulement 20 % dans cette bande d’immeubles neufs. Plus de la moitié des ménages avec 4 enfants ou plus se trouvent ici. L’effet du bâti est déterminant : l’offre de grands logements par un organisme public maître de sa politique de peuplement entraîne la venue de familles nombreuses.
9La seconde question est la plus obscure, et le recensement ne fournit pas d’élément de réponse. Il est possible que beaucoup de personnes âgées reviennent dans leur province d’origine pour y finir leurs jours. C’est ce que suggère, pour une période plus récente, la recherche de F. Cribier8. Mais, pour l’avant-guerre, nous en sommes réduits aux conjectures. Le poids des provinciaux dans la population, qui sera examiné plus loin, lui donne une certaine vraisemblance.
10La troisième question : pourquoi plus de femmes qu’en moyenne ?, oblige à une analyse plus fine. Pour la classe d’âge de 15 à 25 ans, le sexe masculin est plus nombreux en France ; à Paris, cet avantage est atténué mais ne disparaît pas. Notre arrondissement est atypique de ce point de vue. On pourrait penser à un afflux de domestiques, de vendeuses ou de jeunes employées, mais les chiffres ne valident pas l’hypothèse. Sur 819 jeunes femmes ou filles, on compte 39 domestiques seulement, et 193 vendeuses ou employées. Les inactives (524) sont majoritaires. Faut-il penser que les garçons — indépendamment du service militaire qui est un fait national — ont plus facilement quitté leur famille ? Les sexagénaires et septuagénaires sont moins nombreux à Paris qu’en moyenne nationale, et dans le 18e arrondissement qu’à Paris ; de même pour le déséquilibre hommes/femmes, plus marqué à Paris qu’en province, et dans le 18e qu’à Paris. Peut-être les deux questions sont-elles liées et peut-être y a-t-il plus de femmes parce qu’il y a moins de « vieux » ? Cherchons donc où sont les personnes âgées dans notre arrondissement.
11L’échantillon comprend 541 hommes et 887 femmes de soixante ans et plus. Les femmes mariées étant en général plus jeunes que les hommes, et leur espérance de vie plus longue, on ne s’étonnera pas que 23,4 % seulement des femmes vivent encore avec leur époux, alors que la réciproque est le fait de la majorité de ceux-ci (62,8 %). Dans ce groupe d’âge, vivre seul est beaucoup plus fréquent pour les femmes que pour les hommes (42,1 % contre 19,8 %), comme vivre dans le ménage de sa fille (9,9 % contre 3,3 %), voire de son fils (4,4 % contre 2 %)9. En fait, si l’on considère seulement les personnes âgées sans compagnon, quel que soit leur sexe, les filles sont beaucoup plus accueillantes que les belles-filles. Sur 100 personnes seules de 60 ans et plus, 13 % et 9 % vivent chez leur fille respectivement pour les femmes et pour les hommes, alors que, chez leur fils, c’est le cas de 5,7 % des femmes et de 5,5 % des hommes. Ces observations sont tellement conformes aux leçons de la sagesse populaire qu’on est tenté de passer vite. Une donnée nous manque cependant pour le faire : l’accueil du conjoint survivant par les enfants ne serait-il pas plus fréquent en province ? Comme cet accueil favorise les mères plus que les pères, l’exiguïté de beaucoup de logements parisiens défavoriserait les pères. Peut-être aussi la plus grande capacité des femmes à se rendre utiles et à gagner quelque menue monnaie expliquerait-elle leur maintien dans les lieux après le décès du mari ? En tout cas, le fonctionnement social de la vieillesse nous échappe en grande partie.
MIGRANTS ET PARISIENS
12Une partie du déséquilibre entre les sexes s’explique probablement par l’importance des immigrants dans cette population. Très globalement, l’étude des lieux de naissance se résume dans un tableau simple.
13La proportion d’hommes et de femmes nés dans la Seine est pratiquement identique : 42 %, soit moins de la moitié. C’est une particularité de notre arrondissement, car dans l’ensemble de la ville de Paris, les Parisiens de naissance sont plus nombreux chez les hommes que chez les femmes. Si l’on ajoute aux Parisiens nés dans le département les originaires de la Seine-et-Marne et de la Seine-et-Oise (périmètres d’époque), la région parisienne au sens large pèse un peu plus, autour de 45 et 46 %, sans atteindre la moyenne. C’est dire que la majorité des habitants de cet arrondissement sont nés en dehors de la région parisienne. Les provinciaux l’emportent. L’immigration est forte, bien que légèrement inférieure à la moyenne parisienne, mais avec le même déséquilibre entre les sexes, autour de deux femmes pour trois hommes. Cette différence est confirmée par l’étude des nationalités recensées : 90,4 % des hommes et 94,6 % des femmes ont la nationalité française. Les naturalisations expliquent sans doute en grande partie l’écart entre les indications fournies par les lieux de naissance et par la nationalité, mais il faut noter que les nationalités déclarées aux agents recenseurs ne sont pas toujours parfaitement fiables. C’est pourquoi nous nous appuierons essentiellement sur les lieux de naissance.
14Comme on pouvait s’y attendre, l’Italie est le principal foyer d’émigration (2,1 % des hommes, 1 % des femmes, suivie de près par la Pologne (1,8 % et 1,3 %). Viennent ensuite la Russie (1,4 % et 1 %), puis la Belgique (1 % et 1 %), ce qui tient sans doute à la proximité de la gare du Nord. Le Maghreb vient plus loin, avec une émigration essentiellement masculine (1,7 % et 0,4 %) ; le 18e arrondissement n’a pas, avant-guerre, le caractère qu’il prendra au moment de la guerre d’Algérie, ce qui confirme les résultats obtenus naguère pour la rue de la Goutte d’Or10. Au total, rien ici que de très banal.
15Six fois sur dix, les Parisiens nés à l’étranger sont des hommes. Pour 1 007 personnes de l’échantillon nées à l’étranger, soit 7,4 % de la population de l’arrondissement, 39 % seulement sont des femmes et 61 % des hommes. Comme prévu, ces hommes sont jeunes, ainsi que le montre le graphique suivant pour lequel nous avons adopté des limites de classes d’âge particulières afin d’éviter que le groupe des personnes âgées ne soit trop faible.
1670 % des hommes nés à l’étranger (outre-mer inclus) et 62 % des femmes ont entre 20 et 55 ans ; c’est le cas de 50 % des Parisiens, les provinciaux occupant une position intermédiaire (62 %). La proportion d’enfants est évidemment très faible, ainsi que celle des plus de 55 ans, quoique dans une proportion moindre. Ce qui surprend, et confirme l’analyse précédente, est la moindre proportion de personnes de plus de 55 ans parmi ceux qui sont nés en province : l’écart est de 10 points avec ceux qui sont nés en région parisienne. Il semble donc qu’on ait trois profils démographiques caractéristiques :
- les Parisiens de naissance, parmi lesquels il y a évidemment un peu plus d’enfants, les familles étant là, mais aussi plus de personnes âgées, comme par une sorte d’enracinement ;
- les provinciaux de naissance, qui ont presque autant d’enfants, mais nettement moins de personnes âgées, la fidélité aux racines se traduisant ici par un retour au pays probable ;
- les migrants nés à l’étranger, qui sont venus en célibataires, groupe dans lequel les proportions de jeunes et de vieux sont plus faibles.
17Comme on s’y attend, les migrants venus de province ou de l’étranger ne sont pas répartis uniformément entre les diverses professions11. Retenons à ce stade que les migrations sont en grande partie responsables des écarts entre sexes et entre âges par rapport à la moyenne nationale. L’immigration d’étrangers adultes de sexe masculin explique que les hommes soient ici plus nombreux que les femmes dans la force de l’âge, alors que, dans l’ensemble de l’échantillon, les femmes l’emportent sur les hommes plus qu’en moyenne nationale. Ce dernier trait est dû au poids des femmes parmi les personnes âgées, qui s’explique probablement par deux raisons liées : le retour dans leur province d’origine de couples retraités, qui diminue le nombre d’hommes âgés, les veuves restant plus facilement dans la capitale, soit indépendantes, soit chez leur fille.
18Les provinciaux de notre arrondissement – celui de la gare du Nord -ne viennent pas de toute la France. Les cartes ci-jointes le montrent bien. Pour permettre des comparaisons avec d’autres cartes, elles ont été établies en nombres relatifs et donnent en 10 000e de la population de l’arrondissement les originaires de chaque département. Comme les femmes sont plus souvent nées en province que le hommes (49,6 % contre 44,8 %), la carte qui les concerne est un peu plus dense, mais elle fait apparaître les mêmes résultats. Les zones de forte immigration vers le 18e arrondissement sont les départements du nord de la France, le Nord (2,7 % des femmes et 2,8 % des hommes), le Pas-de-Calais (1,9 % et 1,8 %), l’Aisne (1,5 %). Un axe méridional (Loiret, Cher, Nièvre, Saône-et-Loire) apparaît également, presque aussi important que la Bretagne occidentale, (Finistère, Morbihan, Côtes-du-Nord), mais avant d’étendre ces conclusions à l’ensemble parisien, il conviendrait de regarder la population des arrondissements au sud de la Seine. De même, le Sud-Est et le Sud-Ouest sont très peu représentés, mais peut-être les originaires de ces provinces sont-ils plutôt domiciliés du côté de la gare de Lyon, de la porte d’Italie ou de la porte d’Orléans. Le Massif central apparaît enfin également comme terre d’émigration, avec une place tout à fait particulière pour l’Aveyron (1 % des femmes et 1,2 % des hommes). On pense ici évidemment à l’importance des Aveyronnais parmi les cafetiers, garçons de café, marchands de vin : le « bougnat » est un personnage familier. L’étude fine ne montre rien de tel. Sur 156 originaires de l’Aveyron dans notre échantillon, 28 seulement répondent à ce stéréotype ; les professions les plus diverses sont représentées. Où l’imaginaire social n’entretient qu’un rapport lointain à la réalité.
COUPLES ET MÉNAGES
19L’étude des migrations, provinciales ou étrangères, suscite évidemment la question des groupements dans l’espace. Un sondage au 1/20e ne permet pas d’examiner s’il y a des rues ou des immeubles italiens, polonais ou maghrébins, auvergnats ou ch’timis. En revanche, nous pouvons croiser l’origine géographique des conjoints12. Notre échantillon comprend 3 544 couples. Dans 15,6 % des cas, les deux conjoints (ou concubins) sont nés l’un et l’autre dans la Seine, et dans 18,6 % ils sont originaires du même département, ou du même pays étranger. L’endogamie géographique n’est donc pas négligeable, encore que le critère adopté ici pour l’identifier soit assez large. On devine qu’elle varie beaucoup suivant les origines.
20On s’attend à ce qu’elle soit plus forte pour les étrangers. De fait, pour 631 couples dont l’un des membres seulement est né dans un pays étranger, 223 unissent des originaires du même pays13. Un examen plus attentif révèle des différences de comportement significatives du degré d’insertion de ces migrants dans la société parisienne. Les Polonais, les Espagnols, les Portugais, les Grecs et les Turcs se marient majoritairement entre eux. Dans ce premier groupe, nous avons 121 hommes et 118 femmes qui vivent en couple : 71 de ces couples sont formés d’originaires du même pays. Un second groupe, constitué des Italiens, des Russes et des Roumains semble faire preuve d’une meilleure intégration, du moins pour les hommes, car l’immigration féminine étant ici très inférieure à l’immigration masculine, les femmes mariées le sont très majoritairement à des compatriotes. Dans ce groupe, 192 hommes vivent en couple et 117 femmes, mais 98 seulement de ces couples sont endogames. C’est plus que pour les migrants de province, mais moins que dans le premier groupe.
21Chez les provinciaux, le degré d’endogamie est inégal et mériterait une étude plus fouillée, difficile à mener à bien sur un échantillon dont la taille précarise les résultats à ce degré de finesse. Force est de se contenter d’indications sur des départements gros pourvoyeurs de Parisiens. Pour 129 hommes et 123 femmes mariés originaires du Nord, 49 mariages endogames est un chiffre appréciable. Il est analogue pour le Pas-de-Calais (84 hommes et 84 femmes, 37 couples endogames, plus fort pour l’Aveyron (54 hommes, 51 femmes, 24 couples homogames). Pour les Côtes-du-Nord, en revanche, on ne compte que 10 couples endogames pour 40 hommes et 48 femmes mariées. Ces diversités pourraient être l’indice de la force inégale des sociabilités d’originaires14.
22Ceci dit, d’autres formes de groupements d’originaires échappent à une analyse globale, comme celle que permet le recensement. Une étude plus monographique pourrait éventuellement faire apparaître par exemple des immeubles de garnis où se retrouvent plusieurs locataires qui parlent la même langue. Une analyse plus fine des ménages s’impose. Celle que nous nous sommes donné les moyens de mener en tirant un échantillon de ménages et non d’individus ne nous apportera pas de lumières sur cette question précise. Elle peut en revanche suggérer quelques pistes de recherche.
23Pour analyser les ménages, nous disposons de plusieurs descripteurs, construits lors du dépouillement des listes nominatives : la taille du ménage (nombre de personnes), le nombre d’enfants mineurs, et un grille typologique qui croise trois critères principaux, la position du chef du ménage (homme ou femme seul ou vivant en couple, légitime ou non), la présence dans le ménage d’enfants du chef de ménage (marié ou non), et la présence de personnes autres (parents, amis ou autres).
24D’emblée, on est frappé par la petite taille des ménages. Sur 6 102 ménages, ce qui constitue une base significative, un petit tiers comprend une seule personne, un autre tiers se compose de deux personnes, un gros sixième de trois personnes et moins de 15 % de 4 personnes ou plus. On retrouve ici la remarque faite plus haut sur les contraintes du cadre bâti. Naturellement les ménages sans enfants sont massivement majoritaires : 70 %. Les ménages de 3 enfants ou plus représentent moins de 5 % du total.
25Le type de ménage le plus fréquent est bien la famille nucléaire classique, le couple légitime ou non, avec ou sans enfants, qui représente 53 % du total. Vient ensuite le ménage de solitaire (32 %), constitué quatre fois sur dix par un homme, ce qui peut surprendre, et renvoie probablement à un nombre non négligeable de migrants, proches ou lointains, ou encore d’étudiants, qui vivent en garnis ou dans des chambres de bonnes et ont été considérés comme formant chacun un ménage. Un troisième grand type de ménage est constitué par un adulte sans conjoint, qui partage son toit avec ses enfants, parfois jeunes – les familles monoparentales ne datent pas d’aujourd’hui – parfois plus âgés. Le cas n’est pas rare de femmes d’un certain âge qui hébergent leur grand fils célibataire ou leur fille divorcée avec un ou deux enfants. Ce type de ménage représente un peu plus de 7 % de l’ensemble. Les familles élargies sont très rares, et il est exceptionnel de rencontrer un couple d’enfants aux côtés d’un couple de parents.
26La répartition de ces types de ménages dépend évidemment des milieux sociaux et du cycle de vie. Les ménages de femmes seules sont ceux de personnes âgées, de couturières, de domestiques parfois, d’employés de bureau ou de magasin. La bourgeoisie n’est pas chargée d’enfants ; les ouvriers et manœuvres le sont un peu plus, mais moins qu’on ne s’y attendait en raison sans doute du poids, dans ce groupe, des migrants célibataires. Les couples avec enfants l’emportent en revanche dans la partie la plus stable et la plus qualifiée du peuple, les ouvriers et employés à statut, les gens des métiers. Peut-être faut-il ici également tenir compte des politiques de peuplement conduites par les HLM dans les immeubles neufs construits sur les fortifications et dont on a vu plus haut l’importance.
27On le voit, tout se tient dans la description de cette population. Les structures par âge, les origines géographiques, le type et la taille des ménages ne constituent pas des variables autonomes que l’on pourrait traiter séparément. L’espace social est pluridimensionnel. C’est sans doute encore plus vrai pour les catégories sociales, dont on voit bien qu’elles ne sauraient être utilisées comme des étiquettes simples pour définir des individus.
PROFESSIONS ET GROUPES SOCIAUX
28L’étude des structures sociales du 18e arrondissement constitue l’une des interrogations majeures. Avant d’y répondre, il n’est pas inutile de se pencher sur le choix des catégories d’analyse. Le premier réflexe est d’appliquer à cette population la grille des CSP, mais celle-ci présente des inconvénients de deux sortes. D’une part, c’est une grille d’analyse plus tardive, 1954, et conçue pour décrire l’ensemble de la population française ; on peut craindre qu’elle ne soit pas pleinement pertinente pour décrire, avant-guerre, un quartier de la capitale. La notion de « cadre », moyen ou supérieur, est à l’époque un anachronisme. D’autre part, cette grille ne repose pas sur une analyse concrète des relations sociales qui existent ou non entre les personnes des différentes professions ; son fondement théorique est discutable. C’est pourquoi nous avons élaboré une grille spécifique, à partir d’une étude systématique des relations existant à l’époque, et dans ce quartier, entre les conjoints qui se sont mariés au cours de l’année et les témoins qu’ils ont choisis15. Nos publications antérieures exposent ce travail qui conduit à distinguer 57 groupes sociaux, regroupés ensuite en 11 grands groupes.
29La comparaison des résultats obtenus en utilisant d’une part les CSP de l’INSEE, d’autre part les onze groupes sociaux ad hoc construits à partir des actes de mariage fait apparaître à l’évidence à quel point la description des structures sociales dépend des outils construits par le chercheur.
30Si l’on examine cette population avec la loupe des CSP, on trouve une prépondérance des ouvriers, manœuvres et personnels de service (37,6 % des actifs chez les hommes, et 45,9 % chez les femmes), de forts contingents d’employés (22,5 % et 32,9 %), un petit commerce fort développé (20,7 et 12,1 %), et une bourgeoisie assez réduite. L’image d’un quartier somme toute ouvrier.
31Le paysage social que dessinent les groupes sociaux (désormais GS) est assez différent, car l’étude des réseaux sociaux que le mariage met en œuvre fait éclater la CSP des ouvriers comme celle des personnels de service. Les contremaîtres et certains ouvriers professionnels se joignent à une partie des artisans pour constituer un GS particulier, les « petits cadres et gens de métier ». Ici, la compétence professionnelle, le métier sont le véritable capital ; ils comptent plus que le statut qui peut changer : entre l’artisanat et le salariat, la frontière est poreuse et son savoir-faire permet à l’ouvrier de se mettre à son compte, quitte à retourner chez un patron si la tentative tourne mal. En revanche, dans cet arrondissement, la frontière est assez nette entre le monde des métiers et celui des ouvriers sans qualification et manœuvres. C’est le propre d’un tissu urbain dense, plus favorable aux ateliers en fond de cour qu’aux grandes usines : dans le 18e, rares sont les grandes parcelles occupées par des industries, sinon par le chemin de fer ou le métro. De fait, les employés de la Compagnie du Nord sont nombreux. Avec les postiers et les employés des transports en commun, ils constituent un GS spécifique, celui des « employés à statut et petits fonctionnaires ». Dans ce groupe, il y a très probablement des ouvriers, des aiguilleurs, des électriciens du Nord-Sud, pas seulement du personnel des guichets ou des bureaux. Mais ils ont en partage une garantie de stabilité de l’emploi qui, en ce temps de crise économique, constitue un avantage appréciable et apprécié. Beaucoup en outre, comme les receveurs des autobus, les postiers, les employés du métro, portent un uniforme, signe visible du service public auquel ils appartiennent, même quand ce service est de statut privé, comme c’est encore le cas pour le chemin de fer et les transports en commun.
32Les couturières, tailleurs et domestiques, ne relèvent d’aucun de ces trois groupes. Ils ne bénéficient pas de la sécurité des travailleurs à statut tandis qu’ils se distinguent des ouvriers rémunérés pour leur seule force de travail par une compétence qui les rapprocherait du monde des métiers. Ils s’en séparent par deux traits complémentaires. D’une part, ils travaillent isolés ou en famille, non pas à l’extérieur, mais soit chez eux à façon pour un fabricant ou un marchand qui leur apporte la matière première et vient rechercher le produit fini, soit chez un employeur, comme certaines couturières à la journée ou les domestiques. D’autre part, ce sont souvent des femmes, conformément aux rôles de genre alors dominants qui assignent la femme à l’intérieur16. De ce fait, leur réseau de relations est beaucoup plus limité que celui des gens de métier.
33De ce point de vue, le contraste est frappant avec d’autres ouvriers et personnels de service au sens de l’INSEE, dont le propre est au contraire de travailler toujours à l’extérieur, et en relation avec un très grands nombre de personnes de milieux sociaux divers. Ce GS « peuple de la rue » réunit notamment les garçons de café ou de restaurant et les chauffeurs ou livreurs. Leur rythme de travail est dicté par le rapport aux clients plus qu’au patron, et ils bénéficient d’une autonomie assez large. Ils parlent avec leurs clients, ils encaissent ce qu’ils doivent à leur patron, et reçoivent souvent un pourboire qui manifeste bien l’importance du rapport commercial au client, à côté du rapport salarial au patron. Le garçon de café qui se marie prend pour témoin son patron, ou l’un des habitués du café : c’est toute l’ambivalence de sa position.
34Au sommet de l’échelle sociale, la bourgeoisie n’est pas assez étoffée pour qu’on puisse en adopter une définition trop stricte. On y trouve donc à côté des professions libérales, négociants et industriels et des fonctionnaires supérieurs (magistrats, officiers, professeurs, directeurs commerciaux, ingénieurs, etc.), des directeurs, collaborateurs ou employés supérieurs du secteur privé dont le statut social est beaucoup moins prestigieux, comme les ingénieurs, qui sont souvent à cette époque – le titre n’est protégé que depuis 1934 – des ingénieurs-maison, sortis du rang. En dessous de cette strate supérieure, la classe moyenne se divise en deux groupes aux réseaux de relation clivés : une classe moyenne d’entreprise (entrepreneur du bâtiment, commerçants, hôteliers, restaurateurs) et une classe moyenne de capacité (infirmières, instituteurs, chefs de bureau, etc.). La distinction des employés de bureau et de commerce s’impose enfin d’elle-même.
35A la hiérarchie implicite ouvriers/employés/cadres moyens/cadres supérieurs que donnent à voir les CSP, l’analyse fondée sur l’étude des relations sociales effectives substitue donc un ordre plus subtil où des employés et des ouvriers, voire même parfois des boutiquiers, peuvent se trouver sur pied d’égalité. Cette grille d’analyse, qui prend en compte des particularités plus fines que les CSP et s’ajuste mieux qu’elles à la réalité parisienne de 1936, révèle – au sens des photographes – une société urbaine encore très proche du xixe siècle. Trois traits la caractérisent.
36Le premier est l’importance des classes populaires dans leur diversité, avec un gros contingent d’ouvriers et surtout d’ouvrières en chambre, un « peuple de la rue » très présent, et un prolétariat moderne encore modeste, puisqu’il pèse 18,3 % chez les hommes et 10,4 % chez les femmes. Au total, si l’on y joint les travailleurs à statut, ce peuple parisien pèse très lourd, puisqu’il représente un peu moins de la moitié des actifs masculins, et un peu plus pour les actifs féminins.
37Le second trait apparaît quelle que soit la grille d’analyse : c’est la faiblesse de la bourgeoisie. La bourgeoisie proprement dite (professions libérales, cadres supérieurs, négociants et industriels) représente 5,3 %, et la classe moyenne près de 10 % environ, avec un léger avantage à ce que nous appelons la classe moyenne de capacité que l’on regroupera plus tard sous le nom de cadres moyens, tandis qu’une classe moyenne d’entreprise regroupe des entrepreneurs et des commerçants.
38Enfin, la grille des groupes sociaux met en relief un groupe charnière, à cheval en quelque sorte sur les marges inférieures de la petite bourgeoisie et sur la strate supérieure du monde ouvrier, groupe formé d’artisans, de boutiquiers, d’employés de bureau, ouvert aux plus qualifiés des ouvriers et en contact avec la bourgeoisie. La barrière sociale est ici plus perméable vers le bas que vers le haut. Au-dessus de ce groupe, la classe moyenne supérieure et la bourgoisie sont bien identifiées. Vers le bas, la frontière est indécise : le menuisier ou l’électricien qui montent leur propre affaire, le cafetier qui réussit et prend un grand café, restent très proches du peuple dont ils sortent. De ce point de vue, le discours du Front populaire sur l’union du peuple de France contre les deux cents familles correspond à une représentation plausible de la société.
39Au total, ce tableau nous fournit de la population parisienne à la veille de la Seconde Guerre mondiale une image encore très proche du xixe siècle. Sans doute l’arrondissement étudié est-il particulièrement populaire ; un arrondissement comme le 15e, proche des usines Citroën, serait probablement plus prolétarien au sens moderne du terme. Mais le peuple de Paris, tel qu’il émerge des listes nominatives du recensement, est fait de garçons de café et de filles de salle, de livreurs et de chauffeurs, de musiciens, de marchands des quatre saisons, de travailleurs en chambre pour des entrepreneurs exigeants mais lointains, ou encore de compagnons habiles, mi-artisans mi-contremaîtres, de boutiquiers plus ou moins modestes, d’hôteliers et de concierges. Ces gens qui conservent une certaine autonomie dans leur travail, qui encaissent des factures ou des additions et empochent des pourboires ou discutent des prix de façons, sont bien loin de l’OS aux horaires contraints, soumis aux petits chefs, tel que les grandes usines d’automobile de l’Ouest parisien l’érigent en effigie du prolétariat industriel. C’est le peuple de Carné ou du Renoir du Crime de M. Lange (1936, précisément).
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40On mesure ici à quel point le Front populaire – et non pas ouvrier, précisément – a modifié les représentations que la société française se donnait d’elle-même. Dans notre arrondissement, il n’y a pas encore de cadres et les conventions collectives n’ont pas encore généralisé les catégories ouvrières : manœuvre, ouvrier spécialisé, professionnel. La grande confrontation sociale de mai-juin 1936 a produit et enraciné, entre autres conséquences, une représentation des hiérarchies sociales qui perdure encore aujourd’hui pour l’essentiel, alors même qu’elle a perdu une partie de sa pertinence. De ce point de vue, qui est celui de l’histoire urbaine, le xixe siècle se termine entre 1936 et 1954.
Notes de bas de page
1 Cette recherche a été financée par le PIR-Villes. Elle a fait l’objet d’un rapport remis au PIR-Villes : Relations el structures sociales dans le 18e arrondissement : le peuple de Paris à l’époque du Front populaire, mai 1996, multigr., et de deux exploitations partielles : A. Prost, « Structures sociales du 18e arrondissement en 1936 », dans Ouvriers en banlieue xixe-xxe siècle, J. Girault dir., Paris, 1998, p. 50-64 et « Les peuples du 18e arrondissement en 1936 », dans Paris le peuple xviiie-xxe siècle, J.-L. Robert et D. Tartakowsky dir., Paris, 1999, p. 59-76.
2 276 727 exactement, en recul depuis 1931 où la population culminait à 288 810 (Annuaire statistique de la Ville de Paris, 1951. p. 6-13).
3 Arch. dép. Seine, D2M8 668 à 684.
4 Cette méthode est reprise, avec quelques améliorations, d’une recherche antérieure sur les listes nominatives d’Orléans en 1911. Elle est expliquée dans A. Prost. « La population d’Orléans en 1911 : une enquête d’histoire sociale informatisée », Histoire et Mesure, 1989, p. 121-146.
5 La natalité est plus faible à Paris : en 1936, 11,3 p. mille contre 13.9 pour la Seine banlieue, et 15 pour la France. Les taux de remplacement (qui tiennent compte de la structure par sexes et âges de la population) sont respectivement de 48. 73 et 112 pour Paris, la Seine banlieue et la France sans la région parisienne. Cf. J. Bastié et R. Pillorget, Paris de 1914 à 1940. Paris. 1997. p. 151.
6 38 750 logements HLM ont été construits sur les fortifs entre les deux guerres, dont 4 194 dans le 18e. Il s’agit le plus souvent d’immeubles de 7 étages (ibid., p. 238).
7 Toute une série de petites rues de part et d’autre de la rue Vade et de la rue Lecuyer prolongée, comme l’avenue Picolo, présentes sur le plan de 1936. ont aujourd’hui disparu.
8 F. Cribier, Une vénération de Parisiens arrive à la retraite, Paris. 1978.
9 En 1975, 23 % des retraités parisiens habitaient avec quelqu’un d’autre que leur conjoint (cf. F. Cribier, M.-L. Duffau, A. Kych, « Le maintien à domicile d’une population parisienne très âgée ». Annales de la recherche urbaine, n° 73, déc. 1996, p. 99-107). Parmi les plus de 65 ans de notre échantillon, le pourcentage est de 19,7 %, soit un peu moins. Mais on vit plus longtemps en 1975, ce qui augmente le nombre des solitaires, et peut-être la durée de la cohabitation, donc le nombre de cohabitants observés à un moment donné.
10 Voir notre article, « La me de la Goutte d’Or et la rue Polonceau entre les deux guerres », Le Mouvement social, n° 182, janv.-mars 1998, p. 9-27.
11 Que 45 des 116 hommes nés en Pologne se retrouvent tailleurs, fourreurs ou chapeliers, ou 37 des 108 maghrébins manœuvres ne surprend pas. Dans l’ensemble, la situation des immigrés ne présente guère d’originalité dans le 18e arrondissement.
12 On voit ici le poids des choix de dépouillement. Pour pouvoir précisément mener ce type d’analyse, nous avons reporté dans notre base de données, les informations relatives à la femme après celles relatives à l’homme. C’est une redondance, car les mêmes informations figurent dans l’enregistrement de la femme. Mais avoir dans un même enregistrement les deux membres du couple permet de croiser les informations sur l’âge, le lieu de naissance et la profession. La saisie des données conditionne leur exploitation.
13 Au total, 854 couples dont l’un au moins des membres est né à l’étranger.
14 Nous ne présentons pas ici, faute d’espace, l’analyse fine des différences d’âges au sein du couple, ni celle de l’endogamie professionnelle.
15 Nous avons évidemment exclu de l’analyse les témoins dont nous présumions, en raison de leur patronyme, qu’ils avaient un lien de parenté avec l’un des conjoints.
16 J’ai montré ailleurs (« Les ouvriers Orléanais dans leurs quartiers en 1911 », dans Habiter la ville xve-xxe siècles, M. Garden et Y. Lequin dir… Lyon, 1985, p. 203-222) que l’on pouvait établir une hiérarchie des professions ouvrières à partir du travail des épouses. Chez les manoeuvres, les femmes travaillent en dehors de chez elles. En haut de l’échelle, chez les cheminots notamment, les femmes ne travaillent pas. Au milieu, elles travaillent, mais chez elles. Malgré de nombreuses exceptions individuelles, cette hiérarchie est statistiquement très significative.
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