Introduction de la deuxième partie
p. 139-140
Texte intégral
1La deuxième étape que nous nous proposons d’aborder traite de la question de l’extranéité des Grecs. En effet, même si le mot même d’étranger n’est abordé dans nos sources qu’une seule fois, nous avons vu que les Grecs doivent être envisagés globalement comme des migrants à part entière. Ils sont venus chercher en Occident une bonne fortune qui leur a échappé dans leurs régions d’où ils sont originaires. Ce sont donc des personnes extérieures aux sociétés qu’ils abordent, des étrangers dans une situation instable qui cherchent à améliorer leur condition en intégrant lesdites sociétés. Les résultats sont aussi variés que les intentions des personnes concernées. Peut-on en effet penser que tous les Grecs migrants ont un objectif réel et constant d’intégration tout au long de leur séjour ? L’empirisme semble le plus probable.
2Les Grecs restent des étrangers selon nos critères d’analyse. Toutefois, ces mêmes critères posent avant tout un problème méthodologique important puisque notre œil analytique n’a rien à voir avec les codes et modes de perception des populations locales – et même grecques d’ailleurs. De plus, nous ne pouvons accoler à tout étranger l’étiquette d’une extranéité uniforme qui serait définie au moyen de critères anachroniques. Nous devons nous référer à ce que présentent nos sources et parfois déduire de celles-ci ce qui n’est pas exprimé directement. Or, la frontière entre l’étranger et le local est bien moins nette qu’on aurait pu le croire. Il n’est pas encore l’heure de nous étendre sur cette question historiographique encore largement débattue. Néanmoins, il nous faut insister qu’ici encore la pluralité des cas grecs induit une pluralité de situations d’extranéité que nous ne pouvons éluder ni généraliser. Le degré d’extranéité variera donc selon les époques, les lieux et les individus, en fonction des situations tendues ou bien au contraire plus ouvertes ainsi que des appuis des uns et des autres.
3Nous nous proposons donc d’analyser ce phénomène de l’extranéité à travers le prisme des aventures migratoires grecques en partant du plus large en allant vers le plus fin. En effet, dans un premier chapitre, nous évoquerons la question de la position générale des Grecs dans les systèmes de pensées occidentales. Quels sont les critères d’appréciation des Grecs par les populations locales ? Est-ce que les différences physiques, sociales ou religieuses participent à créer une image type du Grec qui sera un outil de réflexion utile pour les populations chrétiennes occidentales toujours en quête d’un récit commode qui permette d’expliquer l’arrivée de Grecs dans leurs contrées ? Les Grecs deviennent alors des exemples alternatifs, un outil littéraire qui édifie plus qu’il repousse. Dans un second temps, et une fois ces remarques posées, nous tenterons de comprendre si ces Grecs sont des étrangers comme tout le monde et, si oui, s’ils se comportent et sont bien perçus comme tels.
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