Conclusion de la première partie
p. 135-136
Texte intégral
1Un premier seuil s’impose à nous. Cette première partie entendait identifier la moelle épinière d’un groupe humain à première vue très disparate. Peu nombreux, aux statuts sociaux très différents, tout aurait pu porter à croire que les Grecs en tant que groupes communs ne représentaient qu’une vue de l’esprit et que cette appellation n’était donc pas légitime. Or, nous sommes parvenus à une double conclusion : les Grecs présentent des situations très variées et parfois même contradictoires ; cette diversité est observable selon des critères d’analyse communs qui autorisent les réflexions les plus prometteuses.
2En effet, nous avons découvert de grandes pistes de réflexion qui ont permis de brosser un premier portrait prosopographique des Grecs. Nous avons mis au jour des temporalités différentes, des périodes d’apparitions et d’implantations des Grecs qui fournissent des trajectoires de vie complètement différentes, par exemple entre un marchand du type des frères Effomatos dans les années 1460 et une seconde génération du type du chevalier Guillaume Bissipat quarante ans plus tard. De même, les activités proposées par ces intervenants grecs livrent les premiers éléments identitaires que les Grecs présentent aux sociétés européennes : ce sont des marchands, des militaires, des médecins, des humanistes. Les Grecs sont devenus des experts dans leurs domaines, ce qui justifie qu’on leur consacre une étude.
3Les mobilités des Grecs ont également révélé de nouvelles pistes de réflexion. Des itinéraires ont été définis, tous provenant des points classiques de départs de l’espace culturel grec, tous passant par certains pôles urbains d’Italie avant de franchir les Alpes. Un travail qui aurait pu passer pour attendu mais qui restait à accomplir. La nouveauté consistait en la manière de voyager : seul ou accompagné ; rapidement ou lentement ; de façon définitive ou temporaire. Voici de nouvelles grilles de lecture que nous pouvons appliquer à des entreprises identitaires qui sont encore en gestation. Enfin et surtout, nous récusons l’idée selon laquelle certains Grecs seraient supposés n’être que de passage. En effet, la mobilité géographique des Grecs, parfois atténuée par des périodes de fixations dans un lieu, est sans cesse réactivée au point de devenir un élément d’identification du Grec comme un étranger aux sociétés occidentales qu’il parcourt. Mais cette extranéité est-elle si efficiente ? N’aurait-on pas intérêt à envisager la position des Grecs par rapport à ces mêmes sociétés qu’ils tentent de pénétrer ?
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