1Les statistiques générales de la Tunisie, publiées en 1939, nous indiquent les données suivantes : sur 59 222 juifs tunisiens, seule nationalité pour laquelle nous ayons des chiffres qui indiquent la confession, 32 282 vivent à Tunis, soit 66 %, 15 613 vivent dans les villes secondaires de Tunisie, soit 26 % (Bizerte, Gabès, Grombalia, Sfax, Sousse) et 4 100 vivent à Djerba. Les autres vivent dans de petites villes et espaces ruraux. Voir Régence de Tunisie, Direction des affaires économiques, direction des renseignements et des contrôles civils « Statistique générale de la Tunisie, année 1939 », Tunis, chap. 1 : « Démographie », p. 10.
2Ainsi, le Guide des périodiques parus en Tunisie de 1838 au 20 mars 1956 évoque dans son deuxième fascicule, les titres en langue française, qui représentent la majorité des titres aux côtés d’une presse en langue arabe, judéo-arabe, ou italienne : « la langue française a fini par dominer l’espace journalistique tunisien » sous le protectorat (introduction). Cette presse est présente à Tunis et dans les grandes villes littorales (Bizerte, Sousse, Sfax), et couvre tout l’éventail des opinions politiques. On compte près de 1 000 titres de presse européenne en langue française en Tunisie, publiés entre 1838 et 1956. Voir Muḥammad Ḥamdān, Guide des périodiques parus en Tunisie : de 1838 au 20 mars 1956, fascicule 2 : Guide des périodiques en langues européennes, Tunis, Fondation nationale pour la traduction, l’établissement des textes et les études, Beït al-Hikma, 1989.
3Élie Cohen-Hadria, Du protectorat français à l’indépendance tunisienne, op. cit., p. 44-45.
6La méconnaissance de la langue italienne explique que nous n’ayons pas exploité le journal L’Unione, principal journal italien de la régence, dans lequel travaillent de nombreux juifs italiens avant les lois racistes de l’État fasciste en 1938. Les Italiens de Tunisie avaient d’ailleurs une double culture, lisaient le français et ainsi avaient aussi accès à la presse francophone, qui est le média sur lequel nous avons choisi de fonder notre étude. Nous pouvons malgré tout parfois connaître les échanges entre L’Unione et les autres titres à travers les rapports sur la presse réalisés par la résidence générale, que nous utilisons plus loin.
7En ajoutant Tunis socialiste, il s’agit des quatre quotidiens de langue française diffusés à Tunis, voir Élie Cohen-Hadria, Du protectorat français à l’indépendance tunisienne, op. cit., p. 52.
8Bimensuel édité à Paris, crée en 1919.
9Journal allemand de la ville de Cologne, un des plus important de la région, de tendance libérale et de centre-droit. Il tente de s’opposer à la montée du NSDAP, et continue de paraître après le 30 janvier 1933 en étant soumis à une sévère censure.
10La Tunisie française, 28 octobre 1930.
12LPM, 14 novembre 1933, photo intitulée « Hitler et Goering participant à une manifestation de propagande », la source de la photo n’est pas indiquée.
13LPM, 18 avril 1933, photo sous-titrée : « Prisonniers politiques au camp de concentration d’Oranienburg », photo Wide World.
18Hermann Goering est alors ministre de l’Intérieur pour la Prusse et ministre dans le premier gouvernement Hitler du 30 janvier 1933.
20Nahum Sokolow (1859-1936) fut écrivain, journaliste et leader sioniste, il préside alors l’Organisation sioniste mondiale.
25LPM, 30 mars 1933. Le journal fait référence au boycott prévu pour le 1er avril 1933, organisé par un comité présidé par Julius Streicher, proche d’Hitler depuis 1923. Streicher justifie cette action en expliquant que le Reich répond là aux boycotts menés par les juifs contre les produits allemands.
29Le Volontaire juif, avril 1933.
30Ce « boycott antisémite » se veut une réponse au boycott des produits allemands par les juifs dans le monde. Sous ce prétexte, les nazis recensent le 31 mars les magasins tenus par des juifs, et leur annoncent qu’à partir du premier avril, ils ne pourront plus les vendre.
34Avec notamment un article sur quatre colonnes au sujet de la « manifestation monstre à Paris contre l’antisémitisme allemand ». Pour illustrer cet article, le journal publie une photo des anciens combattants volontaires juifs contre l’antisémitisme allemand, qui récolte des fonds pour les réfugiés allemands, lors du meeting organisé dans la salle Wagram, à Paris. LPM, 10 avril 1933.
35Ainsi, le 31 mai, un long article sur trois colonnes en une évoque la conférence faite le 30 mai 1933 à la Sorbonne (Paris) par le docteur Weizmann, ancien président de l’organisation sioniste.
36« 20 000 livres seront brulés demain à Berlin », LPM, 10 mai 1933 ; « Des bûchers monumentaux », LPM, 12 mai 1933.
39La Tunisie française, 2 mai 1932, coupure de presse dans AIU, TU C 6, dossier « Réfugiés allemands ». La même information est relayée dans « Le volontaire juif en Tunisie », Le Volontaire juif, mai-juin 1933.
40AIU, TU C 6, lettres du 1er novembre 1934, école de Tunis.
41AIU, TU C 6, lettre de Cittanova à M. Half, secrétaire général de l’AIU, 16 juillet 1935.
43Bernard Lecache est français, d’origine ukrainienne. Il est journaliste et fut mobilisé en 1916. Voir Emmanuel Debono, Aux origines de l’antiracisme, op. cit., p. 11.
44Emmanuel Debono, Aux origines de l’antiracisme, op. cit.
47Marcel Peyrouton est résident général en Tunisie de juillet 1933 à mars 1936. Il devient résident général au Maroc (septembre 1936) puis ambassadeur en Argentine, et enfin il revient en Tunisie comme résident général, à nouveau, en juin-juillet 1940.
48CADN, 1TU/1/V/1870, Rapport, Ferryville, 1er janvier 1936, p. 2.
50Le Droit de vivre (désormais DDV) no 21, août 1934, article « Pour que Tunis ne devienne pas Constantine ». Le Droit de vivre est l’organe de presse de la LICA, d’abord mensuel, puis hebdomadaire à partir de mai 1935.
53Ph.-E. Landau, « La presse des anciens combattants juifs face aux défis des années 1930 », art. cité, p. 5.
54Ph.-E. Landau, Les Juifs de France et la Grande Guerre, op. cit., p. 228.
55Samuel Schwartzbard est emprisonné à la suite de l’assassinat à Paris l’ex-chef du gouvernement ukrainien, Simon Petlioura, accusé d’avoir commis des massacres anti-juifs durant la guerre contre les bolcheviques (1918-1920). À l’issue de son procès, Schwartzbard a été acquitté. Voir Emmanuel Debono, Aux origines de l’antiracisme, op. cit., p. 11.
56Cité dans Henry Torres, Le procès des pogromes, Paris, Les Éditions de France, 1928, p. 256-257, cité par E. Debono, Aux origines de l’antiracisme, op. cit., p. 52.
58Joseph Kessel, né en Argentine, fut engagé volontaire dans la Grande Guerre dans l’artillerie puis dans l’aviation, médaille militaire, journaliste, grand reporter et romancier dans l’entre-deux-guerres, combattant dans la Seconde Guerre mondiale, engagé dans les forces aériennes françaises libres, Croix de guerre 1939-1945. : Joseph Kessel a suggéré dès 1927, selon Yves Courrière, biographe de l’écrivain, la fondation d’une association qui luttera contre les pogromes et l’antisémitisme. Voir Yves Courrière, Joseph Kessel ou Sur la piste du Lion, Paris, Club France-Loisirs, 1986, p. 281, cité dans E. Debono, Aux origines de l’antiracisme, op. cit., p. 46, et Dictionnaire de l’Académie française, consultable sur https://www.academie-francaise.fr/les-immortels/joseph-kessel
61Félix Allouche, « Le langage des poings », Le Réveil juif, 6 mars 1931, cité dans E. Debono, Aux origines de l’antiracisme, op. cit., p. 90. Félix Allouche est le fondateur de cet hebdomadaire sioniste, à Sfax, en 1924. C’est l’un des journaux sionistes les plus importants d’Afrique du Nord : voir Michael M. Laskier, North African Jewry in the Twentieth Century, op. cit., p. 181.
63« La grande manifestation de Marseille contre l’antisémitisme hitlérien », LPM, 25 mai 1933.
64E. Debono, Aux origines de l’antiracisme, op. cit., p. 58.
65Le Volontaire juif, janvier-février 1933.
67Ce qui est caricatural, et révélateur des sources policières qui ont « volontiers recours à l’argument d’une hostilité ancestrale entre Juifs et musulmans », alors que, selon E. Debono : « La présence de musulmans dans les foules qui assistent aux meetings de Lecache est attestée dans divers compte rendus », Emmanuel Debono, Aux origines de l’antiracisme, op. cit., p. 175.
68CADN, 1TU/1V1870, note « au sujet d’une conférence contre l’antisémitisme », Tunis, le 23 janvier 1836.
69Ibid., note du Commissariat de la sûreté au sujet du journaliste Lecache Bernard, Tunis, le 30 janvier 1936.
70DDV, 12, février 1936 et CADN, 1TU/1V1870, Rapport, Ferryville, 1er janvier 1936, p. 2. Les sept sections sont : Ferryville, Bizerte, Tunis, où une section féminine est créée en 1936 (voir DDV, 12, février 1936), Sousse (70 membres, voir DDV, 12, février 1936), Sfax.
72CADN, 1TU/1V1870, Rapport de l’inspecteur Gillet à Monsieur le chef du service des Renseignements généraux, Tunis, 19 février 1937. Dans l’entre-deux-guerres, environ 20 000 juifs vivent dans la Libye dominée par l’Italie depuis 1911, et ont subi des violences de la part des fascistes italiens locaux dès l’arrivée au pouvoir de Mussolini, et bien avant les lois raciales fascistes de 1938 : voir Jérémy Guedj, « L’Italie antisémite en Afrique du Nord », dans Le miroir des désillusions. Les Juifs de France et l’Italie fasciste (1922-1939), Paris, Classiques Garnier, 2011, p. 199-204.
73Ex-leader communiste, Jacques Doriot a fondé en juin 1936 le Parti populaire Français, parti politique français que Michel Winock qualifie « d’organisation fasciste » : Michel Winock, Jean-Pierre Azéma (dir.), Histoire de l’extrême droite en France, Paris, Seuil, 1993, p. 172.
74À la suite de la dissolution de la ligue des Croix-de-Feu, le colonel François de La Rocque fonde le Parti social français (PSF), parti politique nationaliste et anticommuniste, en juillet 1936.
76CADN, 1TU/1V1870, « Note pour monsieur le chef du service de la sécurité générale », Tunis, le 12 février 1937.
77Installé en Tunisie dans l’entre-deux-guerres, où il est vice-président de la chambre de commerce, Marcel Gozland est né en Algérie, de nationalité française, et avait combattu dans la Grande Guerre à ce titre. Il fut plusieurs fois blessé pendant la guerre. Informations fournies par Claude Nataf, président de la SHJT.
79DDV, 21, 4 avril 1936, « La vie de la LICA », section de Tunis.
81Information sur la tendance politique des membres de la LICA : entretien avec Claude Nataf, président de la SHJT.
82DDV, 38, 1er août 1936.
83Sur la notion « d’italianité » en Tunisie, voir Martino Oppizzi, Les Juifs italiens de Tunisie, op. cit.
84Emil Ludwig, Entretiens avec Mussolini, Paris, Albin Michel, 1932, p. 85, cité dans Jérémy Guedj, « Les Juifs de France, l’Italie fasciste et la « question juive », 1922-1939 », Archives juives, 43/1, 2010, p. 118.
85DDV, 49, 17 octobre 1936. Les rapports de l’État-major de l’armée présentent ces manifestations de façon différente : à l’issue de la conférence de M. Vaillant-Couturier, le rapport évoque une manifestation de jeunes chantant des hymnes révolutionnaires, et une contre-manifestation qui s’organisa au chant de la Marseillaise. Plus de trace d’invectives antisémites ni de fascistes italiens : « Aucun incident sérieux ne vint troubler l’ordre public. » SHD, GR 7 NN 9 505, analyse de la situation politique 1-15 octobre 1936, point 7 : Conférence de M. Vaillant-Couturier.
87Propos de Bernard Lecache, DDV, 20 juin 1936, et cité dans Jérémy Guedj, « Les Juifs de France, l’Italie fasciste et la “question juive”, 1922-1939 », art. cité, p. 120.
88Paul Sebag, Histoire des Juifs de Tunisie, op. cit., p. 211.
90C’est d’ailleurs avec le président de la Ligue italienne des droits de l’homme, Luigi Campalonghi, que Paul Ghez et Marcel Gozland animent un meeting, en juillet 1939, devant « 2 000 personnes à Tunis, 800 à La Goulette », devant des « juifs italiens nombreux dans la salle » ils proclament « le Fascisme n’est pas l’Italie » : DDV, 158, 1er juillet 1939, voir chapitre 4.
91AIU, Libye I-C 26, lettre de L. Loubaton, du comité de Tripoli au président de l’Alliance israélite universelle, 18 août 1923, cité dans Jérémy Guedj, « Les Juifs de France, l’Italie fasciste et la “question juive” », art. cité, p. 116.
92Jérémy Guedj, « Les Juifs de France, l’Italie fasciste et la “question juive” », art. cité, p. 121.
93Abdelkrim Allagui, Juifs et musulmans en Tunisie, op. cit., p. 88-89. C’est cependant après la Seconde Guerre mondiale que les juifs deviennent majoritaires au sein du Parti communiste tunisien : voir Claude Nataf, « Les mutations du judaïsme tunisien après la Seconde Guerre mondiale », Archives juives, 39/1, 2006, p. 125-136.
94Paul Sebag, Histoire des Juifs de Tunisie, op. cit., p. 218.
96Armand Attal, « 1847-1947 : cinquante ans de sionisme en Tunisie », art. cité, p. 56-57.
97CADN, 1TU/1V1724-2, « Au sujet d’une réunion sioniste », Tunis, 14 avril 1933.
98Sur le sionisme en Tunisie : Haïm Saadoun « L’influence du sionisme sur les relations judéo-musulmanes en Tunisie », dans Sonia Fellous (dir.), Juifs et musulmans en Tunisie, op. cit. ; Olfa Ben Achour, De la velleité à la volonté. L’émigration des Juifs de Tunisie de 1943 à 1967, un phénomène complexe, thèse de doctorat sous la direction de Colette Zytnicki, Toulouse, université Jean-Jaurès.
99Comme celle du « jeune orateur » Alfred Rossi, annoncée dans les colonnes du Petit Matin le 6 décembre 1930.
100Frédéric Encel, Géopolitique du sionisme. Stratégies d’Israël, Paris, Armand Colin, 2009, p. 84.
102LPM, 12 novembre 1936.
103Marie-Anne Matard-Bonucci, « Les prologues fascistes à la guerre », dans Alya Aglan, Robert Frank, 1937-1947. La guerre-monde, Paris, Gallimard, 2015, t. 1, p. 70 et 79-81.
104LPM, 12 novembre 1936.
105Depuis 1936, le plan Blum-Daladier (respectivement chef du gouvernement et ministre de la Guerre) accorde des crédits exceptionnels pour l’achat d’armements afin de doter la France de bombardiers et d’avions de combats, et moderniser la marine. Voir Johann Chapoutot, « Les démocraties et la guerre », dans Alya Aglan, Robert Frank, 1937-1947. La guerre-monde, op. cit., t. 1, p. 157.
106Le Néo-Destour est fondé en 1934.
107LPM, 12 novembre 1937. Le 17 juillet 1936 un putsch militaire a lieu contre le gouvernement républicain espagnol soutenu par une coalition de front populaire. Ce putsch, auquel s’est rallié Franco, alors commandant des troupes du Maroc, est un semi-échec, et débouche sur une guerre civile. Au mois d’août, alors que les démocraties choisissent la non-intervention, les forces de Mussolini et d’Hitler s’engagent dans le soutien militaire aux putschistes, et l’URSS envoie des armes aux Républicains. Voir Marie-Anne Matard-Bonucci, « Les prologues fascistes à la guerre », art. cité.
108LPM, 12 novembre 1937.
110Le journal évoque ici les prémices de l’Anschluss, c’est-à-dire la montée du NSDAP en Autriche. L’annexion de l’Autriche a lieu quelques semaines plus tard, et s’accompagne d’une répression violente sur les socialistes, communistes et juifs, envoyés par milliers notamment à Mauthausen : Marie-Anne Matard-Bonucci, « Les prologues fascistes à la guerre », art. cité.
111Le quotidien évoque là le Xe congrès de Nuremberg, réuni par Hitler du 5 au 12 septembre 1938, à l’issue duquel les démocraties occidentales espèrent encore pouvoir négocier au sujet des Sudètes, région de Tchécoslovaquie qu’Hitler souhaite annexer. Voir Johann Chapoutot, « Les démocraties et la guerre », art. cité, p. 163.
112Hervé Drévillon, Olivier Wieviorka, Histoire militaire de la France, op. cit., t. 2, p. 359-362.
113Serge La Barbera, « Ambiguïtés relationnelles entre communautés française et italienne dans la Tunisie coloniale autour de la Seconde Guerre mondiale », Outre-Mers. Revue d’histoire, 92/346-347, 2005, p. 282.
114Christine Levisse-Touzé, L’Afrique du Nord dans la guerre. 1939-1945, Paris, Albin Michel, 1998, p. 16.
115CADN, 1TU/1/V/1871. Les Statistiques générales de Tunisie indiquent pour le recensement de 1936 : 108 068 Français pour 94 289 Italiens, c’est d’ailleurs la première fois que le nombre de Français dépasse le nombre d’Italiens. Statistique générale de la Tunisie 1939/Régence de Tunis, direction des renseignements et des contrôles civils, disponible sur https://0-gallica-bnf-fr.catalogue.libraries.london.ac.uk/ark:/12148/bpt6k9105739w. Ces chiffres officiels constituent un ordre d’idée, mais ils sont contestés par Juliette Bessis, qui pense qu’ils sont probablement surévalués pour le nombre de Français : voir Serge La Barbera, « Ambiguïtés relationnelles entre communautés française et italienne », art. cité, p. 280.
116Chantal Metzger, Le Maghreb dans la guerre, 1939-1945, Malakoff, Armand Colin, 2018, p. 67.
118Albert Memmi a 19 ans lorsqu’éclate la guerre, il sort tout juste du lycée. Il livre ses impressions sous la forme d’un journal intime ou de notes manuscrites, et rapporte aussi son expérience de travailleur forcé dans les camps de travail nazis instaurés en Tunisie. Il s’agit des premières réflexions écrites de celui qui deviendra essayiste et philosophe, voir Albert Memmi, Guy Dugas, Journal de guerre, 1939-1943, op. cit., p. 7-20.
120LPM, 25 septembre 1938.
122Christine Levisse-Touzé, L’Afrique du Nord dans la guerre, op. cit., p. 16.
123Charles-Robert Ageron, « Les colonies devant l’opinion publique française (1919-1939) », Outre-Mers. Revue d’histoire, 77/286, 1990, p. 69.
124LPM, 12 décembre 1938.
126Hervé Drévillon, Olivier Wieviorka, Histoire militaire de la France, op. cit., t. 2, p. 354.
127Albert Memmi, Guy Dugas, Journal de guerre, 1939-1943, op. cit., p. 32.
130Habib Bourguiba (1903-2000) participe à la vie politique au sein du Destour en Tunisie, qu’il considère très vite comme trop conservateur. Il fonde alors le Néo-Destour en 1934. Entre 1934 et 1936, il est emprisonné dans le Sud tunisien par Marcel Peyrouton. Libéré en 1936 par son successeur, Armand Guillon, il reprend le combat politique, jusqu’à connaître à nouveau l’emprisonnement en France entre 1938 et 1942. Voir article « Bourguiba », rédigé par Emma Murphy dans Encyclopedia Britannica.
131Cité dans Christine Levisse-Touzé, L’Afrique du Nord dans la guerre, op. cit., p. 32.
133Fayçal Cherif, La Tunisie dans la Seconde Guerre mondiale. Impacts et attitudes (avril 1938-mai 1943), thèse de doctorat en histoire contemporaine, dirigée par Jean Martin, université Paris 4, janvier 2001, p. 34. Cette thèse a été publiée sous le titre La Tunisie dans la tourmente de la Seconde Guerre mondiale, Tunis, Centre de publication universitaire, 2014. Les références des pages que nous indiquons dans notre ouvrage sont celles de la thèse.
134Chantal Metzger, Le Maghreb dans la guerre, op. cit., p. 53.
135Archives nationales d’Outre-Mer, Aix en Provence, 11H51, bulletin d’information no 7 du 18 septembre 1939, cité dans Christine Levisse-Touzé, L’Afrique du Nord dans la guerre, op. cit., p. 30.
136Fayçal Cherif, La Tunisie dans la Seconde Guerre mondiale, op. cit., p. 164-165 et 473.
137Charles-André Julien, dans L’Afrique du Nord en marche, Nationalisme musulman et souveraineté française, Paris, 1952, p. 93, écrit : « Le voisinage de la Tripolitaine ne lui (la population tunisienne) laissait aucun doute sur la réalité de la politique musulmane du Duce », cité dans Romain Rainero, « La Politique fasciste à l’égard de l’Afrique du Nord : l’épée de l’Islam et la revendication sur la Tunisie », Outre-Mers. Revue d’histoire, 64/237, 1977, p. 507.
139LPM, 3 septembre 1938.
143AIU, TU II C 6, « 1938, le racisme italien et ses répercussions sur la colonie juive italienne en Tunisie », lettre de M. Hakim, directeur de l’école de garçon de la Hafsia, non datée (année 1938).
144Les statistiques générales de Tunisie indiquent 7 000 Italiens devenus français de 1924 à 1928, et 9 930 entre 1929 et 1939, avec un pic dépassant 1 000 naturalisations en 1938 et 1 415 naturalisations en 1939. Statistique générale de la Tunisie 1939, op. cit.
145Jerémy Guedj, « L’Italie antisémite en Afrique du Nord », art. cité, p. 206.
146Martino Oppizzi, Les Juifs italiens de Tunisie, op. cit., p. 209-240.
147LPM, 11 novembre 1938.
148La Nuit de cristal est le nom donné aux violents pogroms anti-juifs qui eurent lieu les 9 et 10 novembre 1938 en Allemagne, Autriche annexée et dans la région des Sudètes.
149LPM, 16 novembre 1938. Young Perez fut champion du monde poids mouches en 1931 et 1932, et bénéficia d’une très importante couverture médiatique à cette occasion en Tunisie, rendant plusieurs fois visite pour des interviews au journal Le Petit Matin. Arrêté à Lyon le 21 septembre 1943, il est déporté à Auschwitz et meurt en janvier 1945 lors des « marches de la mort ».
150LPM, 20 septembre 1938.
152René Cohen-Hadria, cousin d’Élie Cohen-Hadria, est né en 1905, avocat au barreau de Tunis, membre du conseil de la Communauté de Tunis entre 1938 et 1947. Voir Claude Nataf, « Les Juifs et la franc-maçonnerie », art. cité, p. 15, n. 29.
153LPM, 26 décembre 1938.
154DDV, 132, 7 janvier 1939.
155Mussolini s’affirme en protecteur de l’islam et diffuse cette idée par une importante propagande, relayée en Tunisie par Radio Bari et la librairie Saliba, avenue Jules-Ferry, qui vendait tous les ouvrages de la propagande fasciste. Voir Fayçal Cherif, La Tunisie dans la Seconde Guerre mondiale, op. cit., p. 152.
156« Devant l’agression fasciste, toute la Tunisie derrière la France », DDV, 143, 25 mars 1939.
157Juif de nationalité tunisienne, qui s’engage volontairement avec son frère en 1939 dans l’armée française, voir Claude Nataf (dir.), Les Juifs de Tunisie sous le joug nazi. 9 novembre 1942-8 mai 1943, Paris, Le Manuscrit, 2012, p. 113.
158« La vie des sections : Tunis », DDV, 143, 25 mars 1939.
159AIU, TU C 6, Tunis 1937-1939, situation générale des Juifs, « Tunis, Élie Dana ».
160« “L’Unione Italiana Antiracista” de Tunis combat bien », DDV, 156, 17 juin 1939.
161DDV, 158, 1er juillet 1939.
162Ce film de propagande nazie, réalisé en 1936 pendant les Jeux olympiques de Berlin, est diffusé à partir de 1938.
163DDV, 160, 15 juillet 1939.
164Cependant, les déclarations de loyauté provenant des militaires musulmans, des réservistes et les engagements volontaires de musulmans sont nombreux à la veille de la guerre : voir Fayçal Cherif, La Tunisie dans la Seconde Guerre mondiale, op. cit., p. 42.
165CADN, 1TU/1/V/1601-2, Demande de subvention, 4 avril 1935.
166Ibid., Rapport moral de l’Assemblée générale de l’Amicale des Combattants de Verdun de Tunisie, 9 mars 1935.
168Souk-el-Arba est appelée aujourd’hui Jendouba. Elle est située à une centaine de kilomètres de Tunis, en direction de la frontière algérienne.
170LPM, 15 mai 1938. L’historien Fayçal Chérif évoque les actes d’allégeance des militaires musulmans envers la France, qui « furent des démonstrations de l’incontestable alliance des militaires tunisiens face à la conjoncture de guerre », Fayçal Cherif, La Tunisie dans la Seconde Guerre mondiale, op. cit., p. 42.
172Félix Samama, à ne pas confondre avec Félix Scemama, est le président du conseil de la communauté en 1938-1939 et avocat de profession. Né en 1896, Félix Samama, alors de nationalité tunisienne, ne s’est pas engagé durant la Première Guerre mondiale. Naturalisé français en 1923, il a été mobilisé comme tous les citoyens français en âge de l’être en 1939. Le Conseil de la communauté a été instauré en 1921. Il est désigné par tous les Israélites, âgés de plus de 21 ans. Il gère tout ce qui a trait à la communauté juive.
173LPM, 24 novembre 1938.
174LPM, 14 septembre 1938.
175LPM, 16 septembre 1938.
176LPM, 24 septembre 1938.
177CADN, 1TU/1/V/1871-1, fol. 68-70.
178La Dépêche tunisienne, 2 septembre 1939.
179Ainsi, La Dépêche tunisienne présente en p. 2 la liste de 36 mobilisés, membres de son personnel, parmi lesquels on trouve : Maurice Allal, Édouard Berrebi, Georges Besnainou, Albert Bismuth Moïse Chikly, Brigadier Kessis, Jacques Lumbroso, Joseph Sammut, Georges Scemama, La Dépêche tunisienne, 13 septembre 1939.
180Paul Sebag, Histoire des Juifs de Tunisie, op. cit., p. 221.
181LPM, 2 septembre 1939.
183Le Grand Conseil est une instance créée en 1922, qui remplace l’ancienne conférence consultative. Au sein du Grand Conseil, la population israélite est représentée dans la section tunisienne par 4 conseillers sur un total de 40. Ils peuvent aussi être élus dans la section française s’ils en ont la nationalité. Le Grand Conseil donne des avis sur les questions économiques de la régence. Paul Sebag, Histoire des Juifs de Tunisie, op. cit., p. 215.
184LPM, 2 septembre 1939.
185LPM, 4 septembre 1939 et La Tunisie française, 4 septembre 1939.
186Décret reproduit dans LPM, 26 septembre 1939.
187LPM, 27 septembre 1939.
188LPM, 28 septembre 1939.
189LPM, 13 novembre 1939. L’Italie est encore neutre, jusqu’au 10 juin 1940, date à laquelle elle entre en guerre contre la France et l’Angleterre.
190Christine Levisse-Touzé, L’Afrique du Nord dans la guerre, op. cit., p. 55-56.
191SHD Vincennes, 2 H 182, dossier 3, CSTT 1er Bureau, « Engagements des Israélites 1939 1943 », fol. 632-633.
195Christine Levisse-Touzé, L’Afrique du Nord dans la guerre, op. cit., p. 56.
196SHD 2H 182, « Engagements des Tunisiens au titre de la loi du 13 avril 1910 », note de service, 25 novembre 1939.
198CADN, 1TU/1/V/1871-1 fol. 95-96.
199LPM, 14 novembre 1939.
200Il s’agit du dépôt du 163e RI, ce régiment n’est pas reformé lors de la Seconde Guerre mondiale. Les engagés vont être versés dans plusieurs régiments ensuite.
201LPM, 15 novembre 1939.
202LPM, 25 novembre 1939.
206Ibid. CADN, 1TU/1V1871-1 fol. 98
207SHD 2 H 182 « Engagements des Israélites marocains et tunisiens pour la durée de la guerre », du général Noguès, commandant du théâtre d’opérations de l’Afrique du Nord à M. le Président du Conseil, ministre de la Défense nationale et de la Guerre, 15 novembre 1939. Albert Memmi, dans un texte écrit sans doute en 1947, réfléchit aux engagements des Tunisiens en 1943. Il affirme que le mouvement d’engagement est important : « En 1939, de très nombreux Tunisiens [note : il ne spécifie pas s’il s’agit de juifs, mais on peut le supposer] se présentèrent sans y être obligés, aux Bureaux de recrutement » : voir Albert Memmi, Penser à vif. De la colonisation à la laïcité (1941-2002), Paris, Non lieu, 2017, p. 24.
208Paul Sebag, Histoire des Juifs de Tunisie, op. cit., p. 256 : « Chiffres de la répartition de la population tunisienne israélite selon le sexe et l’âge (1946) ». Pour les hommes : 2 585 (25-29 ans) + 2 695 (30-34 ans) + 2 248 (35-39 ans) = 7 528.
209Albert Memmi, Guy Dugas, Journal de guerre, 1939-1943, op. cit., p. 33.
210CADN, 1 PER 49 / 3 MI 247 : Tunis socialiste, 12 juin 1921 ; « À une femme qui applaudissait », Tunis socialiste, mars 1921-octobre 1923.
211Dans un article qui veut poser les jalons d’une réflexion sur le non-engagement, l’historien Christophe Prochasson conclut : « Comme l’engagement, qui n’est nullement réductible à une forme unique de comportement et répond à des sociologies et des ressorts individuels on ne peut plus divers, le refus d’intervenir dans les problèmes de la cité est soumis au même régime de pluralité. À tel point d’ailleurs que le non-engagement peut parfois présenter tous les aspects d’une forme paradoxale d’engagement », Christophe Prochasson, « Jalons pour une histoire du “non-engagement” », Vingtième Siècle. Revue d’histoire, 60/4, 1998, p. 102‑111. Nous verrons dans la 3e partie qu’Albert Memmi a voulu s’engager en 1943, sans y parvenir.
212Le 10 septembre 1939, Paul Reynaud, alors président du Conseil proclame : « Nous vaincrons par ce que nous sommes les plus forts ». Cité dans Rémi Dalisson, Les soldats de 1940, une génération sacrifiée, Paris, CNRS Éditions, 2020, 1re partie, chap. 1, e-Book.
213Albert Memmi, Guy Dugas, Journal de guerre, 1939-1943, op. cit., p. 34.