La place des messageries dans la municipalité toulousaine durant la première moitié du xve siècle
p. 261-280
Texte intégral
1Les historiens n’ont pas attendu que le thème de l’information soit à la mode pour s’intéresser aux messageries médiévales. Outre les performances physiques des porteurs de lettres du Moyen Âge, leur relative rapidité sur des routes que l’opinion croit volontiers peu propices à la circulation des messages1, ils ont aussi mis en évidence la modestie de leur rang dans la hiérarchie administrative. Sans conteste, à la cour des papes comme à celle des rois, à Saint-Flour comme dans les villes allemandes, le messager est un « humble personnage »2. À lui s’oppose de plus en plus, au cours des xive et xve siècles, le véritable diplomate, non plus simple transporteur de messages mais négociateur habilité à parlementer3.
2Il n’est donc pas question ici de contester un point irréfutable de l’historiographie. On se contentera simplement d’en vérifier la pertinence, de le nuancer si nécessaire et surtout d’en cerner la portée politique et diplomatique. Mais c’est aussi une nouvelle approche du messager que l’on tentera, plus anthropologique et moins institutionnelle. Trop longtemps en effet, les historiens ont regardé ces agents comme de simples maillons, des relais entre deux pouvoirs que le messager serait chargé de relier. Sans doute, cette perspective découle de la lecture des sources, rarement prolixes sur l’identité des porteurs de lettres, mais elle a aussi été influencée par les approches de l’histoire institutionnelle, privilégiant les pouvoirs et leurs « moyens d’action », autant financiers qu’humains4.
3Il ne s’agit pas de contester l’idée que les messagers et les chargés de mission puissent être considérés comme des instruments diplomatiques par des institutions. Encore faut-il cerner le contenu réel de cette diplomatie, qui ne se réduit peut-être pas au transport du courrier mais peut aussi se parer des atours de la symbolique et de l’emblématique. L’idéal enfin serait d’atteindre l’homme messager, par l’étude non seulement de son origine sociale, mais aussi du rapport à son travail et à l’institution municipale5. Cette approche est difficile, voire impossible la plupart du temps, mais elle doit demeurer en filigrane de cette étude, au moins pour contrebalancer la vision que livrent les documents officiels.
4Comme sources principales ont été retenus les registres de comptabilité de la municipalité et les pièces à l’appui des comptes6. Soumises à l’analyse critique, ces sources permettent une étude à la fois quantitative et qualitative de 1330 à 1440, période pendant laquelle la guerre structure fortement l’information toulousaine. En effet, les conflits entraînent à la fois un certain cloisonnement et une incontestable ouverture, marquée par la curiosité à l’égard d’événements extérieurs à la ville (mouvements de gens d’armes dans la région, victoires du roi...). C’est ainsi dans ce contexte, marqué par une quête obsédante de la sécurité, que doit être située cette étude de la place des messagers dans la ville. Il conviendra d’abord de les identifier, pour ensuite étudier la genèse des messageries municipales et enfin expliciter le rang du messager de la ville dans la hiérarchie administrative.
Identification des messagers
5Les messagers existent-ils vraiment à Toulouse ? Le mot est régulièrement cité par les documents toulousains : « messatgier » dans les comptes7, nuncius, dans une moindre mesure, dans les délibérations. Précisons le sens donné par les sources comptables à ce terme en étudiant le contexte de son occurrence.
6Les articles de dépenses notés dans les comptes définissent clairement les messagers comme des porteurs de lettres. En effet, sur les 188 articles de dépenses mentionnant une mission de messager toulousain, 147 évoquent des voyages et sur ces 147 articles, 97 (66 %) s’appliquent à des ports de lettres. Ce pourcentage doit par ailleurs être rehaussé en raison des modalités d’enregistrement des 50 articles (141-191) ne concernant pas les ports de lettres : la majorité (38) sont notés dans les premiers registres de comptes, dont les articles, très allusifs, sont particulièrement avares de détails concernant la nature des missions8. Si l’on élimine ces articles fallacieux du calcul, le pourcentage passe ainsi de 66 % à 78 %, du moins pour la période couverte par les registres précisant clairement les missions (1364-1444).
7L’intitulé des postes de dépenses définit les messagers de la même manière. Dans les quatre registres de comptes identifiant un poste consacré aux missions des messagers (pagas faytas per messagies9, viages de messagies10, « pour menues messageries11 », paguas de messages12) toutes les personnes rétribuées sont appelées « messatgier » et ont pour mission le port de lettres à des interlocuteurs de la ville. À ces postes, s’opposent nettement, au xive siècle en tout cas, ceux qui sont consacrés aux « viatges », c’est-à-dire aux missions des notables négociateurs envoyés pour parlementer.
8L’absence de ces postes de messagers dans les premiers registres ne doit pas nous tromper. Elle est probablement due à l’importance encore mineure des messageries et à l’instabilité de l’office de messager municipal, qui ne s’est pas encore durablement enraciné dans les institutions urbaines13. L’absence de ces postes dans les registres du xve siècle, quant à elle, doit être attribuée à la rationalisation croissante des rubriques des registres de comptes, devenues au fil des ans moins nombreuses et plus synthétiques dans leur formulation. Cette évolution conduit à une redistribution des articles, à l’attribution des messages les plus onéreux au poste des « viatges » et à l’entrée probable des messages les moins chers au poste des « menues dépenses ».
9Le messager existe donc bien aux yeux de la municipalité. Porteur de lettres, il se distingue nettement des notables négociateurs, ceux qu’Albert Rigaudière nomme les chargés de mission14. Cette hiérarchisation diplomatique, dont il faudra cerner les contours et les enjeux, est un phénomène général en Occident15. Toulouse n’y échappe pas. Une étude approfondie des sources révèle même une étroite correspondance entre ces classifications et la réalité des missions des uns et des autres. Si les chargés de mission portent souvent des lettres, les messagers toulousains, quant à eux, semblent se contenter de remettre du courrier au destinataire. Il n’existe nulle trace dans les sources de commentaire oral délivré par les messagers toulousains ou même par les messagers des interlocuteurs de Toulouse. Seuls les chargés de mission, impliqués dans les affaires de leur maître, et donc capables de les comprendre, peuvent articuler écrit et oral dans leurs communications16. À l’époque étudiée, les messagers sont des personnages trop modestes pour expliciter les propos de l’autorité qui les envoie. Il faut aborder des époques antérieures, ou des lieux différents, pour découvrir des messagers porteurs d’informations orales.
10Si la municipalité admet une définition générale du terme de messager, elle en reconnaît cependant plusieurs types. Ainsi, les messagers municipaux sont les officiers rétribués par la ville et attachés particulièrement au service des messageries. Mais deux types doivent pour l’instant nous retenir, avant l’étude fondamentale des messagers municipaux : les messagers occasionnels et les messagers professionnels. Leur importance respective, et surtout leur rang dans la société pourront utilement éclairer la suite de cette étude.
11Les messagers occasionnels17 sont des individus qui exercent des métiers divers, mais qui occasionnellement, à titre nullement officiel ou régulier, sont rétribués par la ville pour des messageries. Il est malheureusement impossible de les cerner précisément dans les sources. Y appartiennent de façon sûre ceux qui sont rétribués au moins une fois par la ville pour un transport de courrier et qui sont associés, à cette occasion ou une autre, à un quelconque métier. Si l’on se fonde sur ce mode d’identification, seuls 21 articles concernent ces messagers occasionnels de façon certaine, sur les 154 rétribuant des ports de lettres. Mais ce nombre de 21 est seulement un minimum, puisque les 38 articles de dépenses ne permettant aucune identification comptent peut-être un certain nombre de messagers de ce genre. En définitive, sur un nombre total d’articles de messageries de 154, le nombre d’articles les concernant s’échelonne entre 21 (14 %) et 59 (38 %). Ainsi, les comptes n’accordent pas une particulière prééminence à ces serviteurs occasionnels de la municipalité.
12Ces 21 articles mentionnent 17 professions différentes. En premier lieu viennent les sergents (9 articles) puis les serviteurs, dénommés « vaylets » ou « macips » (6 articles), certains professionnels de l’information, à savoir un trompette et un chevaucheur (2 articles), des notaires (2 articles), des clercs (2 articles). Il faut par ailleurs citer six articles mentionnant diverses professions et mettre enfin à part quatre articles concernant des notables, notés dans les comptes comme porteurs de lettres mais doués certainement dans la réalité du pouvoir de négocier18.
13Il apparaît ainsi qu’hormis quelques exceptions, ces messagers sont avant tout des personnages de rang secondaire, de simples exécutants. C’est évident pour les « vaylets » et les « macips », termes polysémiques qu’il est difficile de définir plus précisément19. Il est sûr que ce sont des serviteurs et des personnages de rang modeste, comme l’indiquent notamment l’absence fréquente de leur nom ou la mention parfois isolée de leur prénom, formulation familière jamais usitée pour l’élite de la cité. Il est fort possible que la plupart d’entre eux soient des domestiques ou des valets de notables urbains mis au service de la ville et payés par leur maître, lequel est remboursé plus tard par la municipalité20.
14Le rang des sergents est nettement plus élevé : loin d’être d’obscurs exécutants, ils constituent dans Toulouse un corps officiel, organisé et privilégié21. Philippe Wolff rencontre même certains notables parmi eux, désireux de bénéficier des intéressantes exemptions fiscales attachées à leur office22. Mais ces cas me semblent minoritaires et concernent surtout la fin du xive siècle et le début du xve siècle, avant que les capitouls (les dirigeants officiels de la ville), aidés du pouvoir royal, ne s’en prennent avec énergie à l’hypertrophie du corps des sergents. En effet, tous les autres indices montrent que ces personnages se recrutent de préférence dans le commun de la ville23.
15Les messagers professionnels exercent, comme activité principale ou unique, la profession de messager, non seulement pour la municipalité mais aussi pour les habitants de la ville. Le terme de « messager professionnel » semble préférable à celui de « messager de métier », qui pourrait induire l’existence d’un corps organisé des messagers toulousains24. Probablement trop peu nombreux dans la ville, les messagers de profession ne figurent pas parmi les métiers réglementés de la fin du Moyen Âge25. Leur participation aux messageries est à peine supérieure à celle des messagers occasionnels : sur la même base de 154 articles, le nombre d’articles les concernant se situe entre 65 (42 %) et 103 (67 %). Sans doute la ville préfère-t-elle ces spécialistes aux occasionnels, plus ou moins improvisés ou débutants26. Appartiennent sûrement à ces professionnels ceux qui dans les comptes sont désignés sous le nom de « mesatgier » sans être messager municipal. La confusion ne semble guère possible avec les messagers occasionnels, dans la mesure où la mention d’un titre ou d’une profession dans les sources renvoie le plus souvent à une activité ou une qualité de longue durée ou permanente.
16Leur rang social semble être proche de celui des messagers occasionnels. Aucun titre de notabilité ne permet de les assimiler à l’élite urbaine, ce que corrobore l’absence fréquente de leurs noms et prénoms dans certains articles de comptes qui se contentent de citer le paiement de telle somme à « un messager ». Une étude plus fine peut même être conduite grâce aux registres de taille de la fin du xive siècle et du début du xve siècle, dont les données ont été en partie complétées par Philippe Wolff. Tous les « messatgier » rencontrés par l’historien sont des nichils, à savoir des personnes modestes exemptées de l’impôt sur le capital et seulement soumises à la capitation, ou des estimés de la frange la plus basse, appartenant aux classes moyennes inférieures27. Le même résultat est venu de la recherche dans ces registres des personnes qualifiées de « messatgier » dans les comptes municipaux28.
17Il est donc possible de les ranger parmi les catégories les plus modestes de la population29, même s’il est erroné de les considérer comme pauvres ou comme marginaux, aucun de ces messagers n’appartenant à la catégorie des « nichils miserables » qui sont exemptés même de la capitation. Il est en effet logique que soient exclus du service de la ville les exclus et les marginaux, pâtissant d’une réputation douteuse et mal intégrés dans la cité30. Par ailleurs, ces résultats doivent être nuancés à l’aune de la sensible progression accomplie par certaines cotes d’estimes entre 1395 et 140531, et des exemptions dont jouissent certains messagers pour leurs services rendus32. Ainsi, sans pour autant les enrichir, la profession de messager assurerait peut-être à ces individus quelques avantages et une sensible amélioration du niveau de vie.
18La commune peut ainsi puiser dans le vivier des messagers professionnels et occasionnels en cas d’absence des messagers municipaux. Ce sont ces derniers qui doivent à présent retenir notre attention.
Les messageries : une institution municipale
19Quelle place le messager municipal occupe-t-il dans la municipalité toulousaine ? Le statut de cet officier municipal est lié au regard que porte le gouvernement urbain sur l’activité de messager et par conséquent, à sa conception de l’information. La question est donc au centre des interrogations du colloque.
20C’est sous divers noms que cet officier apparaît dans nos sources : « messager des capitouls », « notre messager », « messager de céans » (c’est-à-dire de la maison commune), « messager de la ville », toutes ces expressions soulignent le lien unissant le messager à la municipalité. D’ailleurs, les longs voyages entrepris, les mois passés sur les routes et en mission semblent interdire pour la plupart d’entre eux une autre activité, artisanale par exemple, impliquant permanence ou du moins régularité du travail. Au mieux ces hommes pouvaient-ils se contenter, en sus de leur office, de quelques menus travaux apportant un supplément de rémunération.
21L’office s’individualise progressivement au cours du xiiie siècle. Les sources le mentionnent vers 1240, mais sans préciser s’il est seulement messager ou un homme à tout faire, tout à la fois messager, crieur, trompette et sergent33. En 1286, la coutume de Toulouse l’identifie précisément et le distingue nettement du crieur et des trompettes, affectés à des tâches différenciées34. L’apparition, puis la différenciation progressive des offices de la ville sont liées à l’émancipation et au développement de l’institution communale aux xiie et xiiie siècles, comme dans de nombreuses villes du midi de la France35.
22Mais ce n’est qu’à la fin du XIVe siècle que l’office se stabilise. Les comptes urbains, relativement bien conservés durant ce siècle, permettent de suivre l’évolution chaotique de l’office de messager, qui semble n’exister que par intermittence au cours de la première moitié du xive siècle36. C’est seulement à partir de 1384 que l’on est assuré de la durable stabilisation de l’office, les messagers municipaux apparaissant alors régulièrement dans les comptabilités37. Mais cette rupture s’est peut-être produite plus tôt, entre 1345 et 1384. On peut considérer que dès lors exercent pour la ville un messager, puis deux à partir de la réforme du sénéchal Colard d’Estouteville en 139938, tandis qu’un nombre croissant de messages est confié à ces officiers, aux dépens des messagers professionnels et occasionnels.
23Il est difficile d’expliquer cette stabilisation et cette affirmation de la place des messagers municipaux. On ne peut pas l’inscrire dans un processus général qui toucherait tous les offices de la ville. L’étude de quelques offices urbains dans les comptes du xive siècle révèle que la plupart des offices, qui sont maintenus en 1399, sont déjà bien en place dès le début du siècle. Autre explication hasardeuse : l’insécurité des chemins aurait découragé les vocations de messagers professionnels et contraint le corps de ville à systématiser l’appel aux messagers municipaux. Il est vrai que les documents toulousains ne mentionnent presque plus de messagers de profession au-delà de l’année 140539. La probable diminution de leur effectif a peut-être contribué à augmenter le nombre de missions confiées aux messagers municipaux. Mais cette explication est partielle et ne peut rendre compte de la régularisation de l’office de messager, qui a lieu quelques décennies plus tôt, alors que messagers professionnels et occasionnels semblent encore très nombreux.
24C’est avec la même réserve que l’on peut lier cette évolution à l’essor d’une diplomatie urbaine rendue nécessaire par les nombreux malheurs qui s’abattent sur le pays40. Encore faudrait-il démontrer la réalité de ces changements diplomatiques, et mesurer leur impact sur les messageries41. Dans quelle mesure, en effet, des messagers occasionnels et professionnels ne suffiraient-ils pas pour assurer l’envoi de cet important courrier ? Et l’institution de messagers officiels ne ferait qu’ajouter un ou deux porteurs supplémentaires à un groupe de messagers potentiels presque illimité, tout domestique respectable pouvant faire l’affaire.
25C’est vers d’autres hypothèses qu’il faut se tourner en considérant mieux l’atout d’un messager municipal dans les réseaux de communication entre les villes. À l’image du sceau et du formulaire de la lettre, ce messager serait une garantie supplémentaire contre les risques de falsification. Le crédit dont jouit cet officier municipal, plus digne de confiance qu’un courrier professionnel ou qu’un simple domestique, rejaillirait ainsi sur l’authenticité du message42. En ces temps troublés, où plane notamment la menace des gens de guerre, les autorités municipales peuvent craindre pour la sécurité du courrier. Ce dernier point est vraisemblable, mais on ne peut en aucun cas le vérifier dans les sources : jamais celles-ci n’évoquent ou ne suggèrent le moindre doute quant à l’authenticité des lettres reçues par Toulouse ou par ses interlocuteurs.
26Plus fondamentales semblent les stratégies de représentation entreprises par les capitouls. Le messager, qui à l’extérieur exhibe une robe de livrée et un écusson armorié, est un témoignage de la culture du paraître qui caractérise les villes de l’automne du Moyen Âge43. Loin d’être purement esthétique, cette munificence doit être comprise comme un enjeu de pouvoir44. À l’intérieur de la ville, d’abord, où les dirigeants, en parant leurs agents de toutes sortes d’attributs emblématiques, constituent autant de mandataires légitimes capables d’agir sur la population. Exemplaire à cet égard est le crieur qui, muni de signes tels une robe de livrée et l’office municipal, le désignant notamment comme « cornayre de la villa », peut prétendre parler non en son nom mais en celui d’une autorité supérieure, la municipalité, et même la ville45. Cette stratégie se déploie aussi de plus en plus à l’extérieur, où Toulouse consolide son influence dans la sénéchaussée46, et rivalise avec les autres cités pour la suprématie en Languedoc47. Par l’envoi d’un messager paré d’une robe de livrée, d’un écusson aux armes de la ville48 et muni sans doute de lettres officielles49, les capitouls ne dépêchent plus un simple courrier mais projettent à l’extérieur l’image vivante de la ville, offerte ainsi aux regards des villes environnantes. Dans l’espace languedocien, et dans une moindre mesure, dans l’espace français, Toulouse affirme ainsi sa présence et son identité.
27Cette mise en scène identitaire est au cœur du processus d’institutionnalisation des messageries. Et on ne saurait s’en étonner, les « bonnes villes », dont la personnalité s’affirme dans le royaume de France au cours de la période50, fondant leur prestige sur le regard de leurs voisines51. D’où l’intérêt que représenterait une étude systématique des messageries municipales dans les villes du Languedoc. Leur apparition, puis leur régularisation, seraient des indices non négligeables pour mesurer les stratégies de domination et la construction visible des hiérarchies urbaines. Des chronologies semblables pourraient également suggérer des mimétismes très forts au sein de cette compétition symbolique.
28La royauté s’investit d’ailleurs dans cette rivalité. Tel est sûrement le sens véritable de l’ordonnance du sénéchal de Toulouse sur l’hôtel de ville, promulguée en 1399. Ordre y est donné aux capitouls de ne plus distribuer de parures aux officiers bénéficiaires de livrées, comme le messager, qui devront ainsi se contenter d’une simple robe52. Dans la même perspective, le nombre d’officiers municipaux et de dons est limité53. Isabelle Delabruyère-Neuschwander devine derrière ces mesures les préoccupations financières du sénéchal et son refus des dépenses inutiles54. Il est vrai que Toulouse se débat dans des difficultés économiques inextricables55, et que le sénéchal désire une ville solvable et capable de payer régulièrement ses impôts.
29Cependant, le choix par le sénéchal de certains postes, qui ne pèsent guère dans les dépenses urbaines56, révèle une remise en ordre autant symbolique que financière. En imposant une réduction des dons, du nombre d’officiers et une révision à la baisse de l’apparat des agents de la ville, le sénéchal s’en prend en effet à des symboles forts du pouvoir urbain. Telle était d’ailleurs sa priorité. Depuis sa nomination en 1389, Colard d’Estouteville, agent scrupuleux d’un pouvoir royal en plein essor, multiplie les gestes destinés à montrer sa prééminence et son indépendance par rapport à la municipalité57. Le sort du messager, comme celui d’autres officiers de représentation, est ainsi l’enjeu de rapports de forces où le roi tente de trouver sa place et dont il sortira un jour vainqueur. L’institution et l’affirmation du monopole de la poste royale, au xvie et surtout au xviie siècle, n’en sont-elles pas la conséquence ultime ? Il faudrait réévaluer, à la lumière de cette interprétation, des évolutions qui n’ont été vues jusqu’à présent qu’à l’aune de l’histoire administrative et institutionnelle.
30Mais au regard d’un tel rôle, comment le messager municipal peut-il rester un « humble personnage » ? Il faut à présent cerner et expliciter le rang de cet officier dans la hiérarchie urbaine.
Le messager de la ville dans la hiérarchie municipale
31Trois indices permettent aisément d’identifier la place d’un officier dans la hiérarchie municipale : le montant de la pension annuelle, le rang social de l’individu et la présence ou l’absence de l’officier dans les Annales de la ville, ces chroniques urbaines rehaussées des portraits des capitouls et de scènes pieuses enluminées58. Cette idée ne procède pas d’un jugement a priori des critères de hiérarchisation, mais du simple constat de l’étroite coïncidence de ces éléments. Les officiers disposant des plus hautes pensions sont d’un rang social élevé et figurent dans les Annales, et inversement, ce qui autorise le classement des officiers urbains en deux groupes, bien délimités59.
32Les officiers majeurs, dominant la municipalité, touchent ainsi des pensions couramment supérieures à 25 livres tournois, sont souvent des juristes gradués de l’université60, et ont l’insigne honneur d’être mentionnés dans les Annales, voire d’y être représentés61. On compte parmi eux les assesseurs, les syndics, les trésoriers, et les notaires de la trésorerie et du consistoire. À ce premier groupe s’opposent les officiers mineurs, dont les pensions se situent le plus souvent sous la barre des 20 livres tournois, qui ne sont jamais gradués et ne sont jamais évoqués dans les Annales. C’est parmi ces derniers que figurent les messagers municipaux, le portier, le crieur, le garde, les trompettes et autres officiers subalternes. Cette bipartition est très nette, et s’exprime autant par les textes que par l’image. Sans doute s’exprime-t-elle aussi dans le faste des processions où le gouvernement urbain se montre à la foule, rituellement rangé selon une subtile hiérarchie.
33Mais quelle place précise le messager occupe-t-il parmi ces officiers mineurs ? Le montant de la pension peut être retenu comme indice de classement. Les registres de comptes révèlent une position intermédiaire, voire supérieure à la moyenne des officiers mineurs62. Il est même certaines années où le montant de la pension du messager approche celui des officiers majeurs les moins payés63. Un seul officier mineur, en fait, le dépasse toujours en pension et sans doute aussi en dignité : le portier, dont le rôle dans la municipalité, et peut-être même dans l’information, reste à préciser.
34Cela posé, aucun autre indice ne permet de confirmer ce classement qui situe le messager dans la partie médiane des officiers mineurs. Les Annales ne sont d’aucun secours et le rang social peut difficilement être précisé. En effet, les registres de taille livrent plusieurs noms identifiés ailleurs comme messagers municipaux, mais sans indiquer les professions et dissiper ainsi les risques d’homonymie. Ainsi, qui des deux Guilho Vidal attestés par le registre64 est le fameux Guilho Vidal, messager de la ville peut-être sans interruption de 1384 à 1415 ? Il est même possible qu’une généreuse exemption, venue récompenser les services de ce zélé serviteur de la ville, ait causé l’absence de ce porteur de lettres dans le registre de taille65. Cette exemption semble en tout cas assurée au milieu du xve siècle, lorsque s’affirment les droits fiscaux de certains officiers de la ville ou de la sénéchaussée66. C’est pourquoi nul enseignement ne peut en être tiré.
35Il est en tout cas certain que son office ne pouvait guère l’enrichir. À une pension annuelle assez modique67, plus symbolique que matérielle, s’ajoutent certes des robes de livrées régulièrement accordées par la ville. Mais ces dernières, relevées par d’appréciables « garniments » au xive siècle, sont vraisemblablement de facture assez modeste68 au siècle suivant et ne distinguent nullement le messager des autres officiers mineurs représentant la ville, également bénéficiaires des livrées. Il en est de même des sommes forfaitaires rétribuant leurs missions : rapportées au nombre de jours consacrés au voyage accompli, elles représentent un salaire seulement deux à trois fois supérieur à celui d’un homme de peine, classé au bas de la hiérarchie sociale. Quant aux pourboires, que l’on connaît seulement pour les messagers extérieurs récompensés à leur arrivée à Toulouse, ils ne semblent ni systématiques, ni très élevés69. Reste l’incertitude concernant les courriers des particuliers transportés éventuellement par les messagers municipaux. Mais leur existence n’est pas assurée70 et leur apport pécuniaire, sans être négligeable, ne peut en aucun cas enrichir un individu71. Il en est de même des exemptions fiscales, dont on ne peut certifier la réalité.
36Tout dépend finalement du niveau social de départ du messager municipal. Parti d’une origine modeste, il améliorera sans doute sa position. N’oublions pas cependant que Guilho Vidal, qui reste sûrement plusieurs années au service de la ville, ne porte jamais de titre de notabilité et ne semble jamais admis à une séance du conseil municipal. Il appartient au mieux à la classe moyenne aisée, mais en aucun cas à l’élite urbaine. Sa position administrative semble cependant convenable et permet d’apporter une première explication au décalage entre la valeur symbolique et la modestie du rang du messager : loin d’être un « humble personnage », il doit sûrement à son rôle symbolique et diplomatique une place tout à fait honorable parmi les officiers mineurs72.
37Mais cette explication ne suffit pas à rendre compte de ce décalage. Pourquoi ce symbole vivant de la ville n’est-il qu’un officier mineur honorable et non un officier majeur ? La réponse se lit dans les mots utilisés par la ville pour désigner ses messagers : ils sont avant tout perçus comme de simples porteurs de lettres, des transporteurs, de frustres manœuvres au service de la diplomatie urbaine. Sans être considérés comme de vulgaires portefaix, ils ne peuvent être traités au même rang que ces hommes de loi qui dominent le haut du pavé dans le gouvernement urbain73. Ce sont certes des porteurs de messages, et de même des porteurs de symboles, dont la lettre, marquée du sceau urbain, fait peut-être partie. Mais loin de produire ces signes, qui sont sans aucun doute plus importants que leurs porteurs74, ils se contentent de les transporter d’un lieu à un autre, d’en assurer la survie et la sécurité. La différence est ainsi notable entre la mission des messagers et celle des chargés de mission, qui sont pour une large part les auteurs des messages et puisent dans leur autorité et dans leur savoir des arguments pour négocier avec les interlocuteurs de la ville. Considérés comme des travailleurs manuels, les messagers sont obligatoirement exclus des offices majeurs, réservés à l’élite du savoir et du pouvoir, et notamment aux juristes. Par voie de conséquence, cet office peu classant n’attire pas l’élite urbaine qui préfère le laisser au bon peuple. Ainsi s’explique également la modestie des quelques messagers professionnels et occasionnels identifiés dans les registres de taille.
38Les capitouls tirent un certain profit de la médiocrité de ce statut. En accordant aux messagers des sommes modestes, ils peuvent multiplier les envois de lettres sans grever excessivement le budget urbain. Les dépenses occasionnées par le transport du courrier sont en effet ridicules, comparées à celles qu’entraînent les négociations des chargés de mission75. C’est pourquoi le nombre de voyages accomplis par les messagers est sensiblement supérieur au nombre de voyages confiés aux chargés de mission76. Il ne faut donc pas subordonner l’importance des messageries à leurs poids dans les dépenses urbaines. C’est justement parce que les simples ports de lettres sont peu onéreux qu’ils représentent un atout pour la municipalité.
39Les fondements de la hiérarchie sociale expliquent donc le décalage entre la condition des messagers et leur fonction symbolique. Mais encore faut-il que le messager l’accepte et supporte sans espoir de fortune une activité pénible et dangereuse.
40Il faut d’abord vérifier ce dernier point. Il est en effet trop facile de céder à la facilité et de considérer comme avéré le topos classique du messager médiéval assailli sur les routes par les bandits du grand chemin77. Une étude fine des dangers rencontrés permet de nuancer ce point de vue. En voici un bref bilan78. La mission du messager n’est certes pas de tout repos et les périls, humains comme météorologiques, sont fréquents sur les chemins. Mais l’épouvante du voyageur s’émousse avec l’habitude et s’avive avec l’imprévu. Dans cette perspective, les moments d’exacerbation de l’insécurité comme les lieux sauvages et chargés de fantasmes doivent terroriser le messager, et atténuer par contrecoup ses craintes face aux époques et aux espaces moins troublés79. Par ailleurs, on ne saurait réduire aux seuls dangers des routes les désagréments de la mission du messager. Le voyage l’éloigne aussi, et souvent pour longtemps, de ses proches, de ses amis et parents qui lui assurent habituellement protection et sécurité affective80. La solitude doit souvent être grande sur les routes, puisqu’aucun collègue et aucune escorte ne l’accompagnent, à l’inverse des chargés de mission. À peine peut-il trouver quelque réconfort chez des compatriotes rencontrés au cours de la mission, souvent au lieu de destination du voyage81. Enfin, il ne faut pas oublier l’évidente fatigue entraînée par de longs voyages et qui doit exiger une solide endurance physique.
41La mission du messager est assurément pénible. Il est donc légitime de s’interroger sur le réel attrait de l’office. Passons sur l’éventuelle amélioration du niveau de vie, qui dépend d’un niveau de départ incertain. Il est sûr qu’un messager municipal d’origine très modeste trouve dans son office une source de rétribution intéressante et accepte non seulement sa nomination, mais aussi sa régulière reconduction. Mais les profits de l’office paraissent plus symboliques que matériels : simple porteur aux yeux des gouvernants, le messager jouit peut-être d’un prestige réel auprès de la population ordinaire. Pour mesurer cette réalité, on ne peut malheureusement pas s’appuyer sur les sources, produits de l’élite, et l’on est réduit à une histoire virtuelle aussi périlleuse qu’incertaine.
42Ce prestige est pourtant probable. Le messager est ainsi un voyageur, à une époque où les déplacement sont certes fréquents, mais où les voyages longs et lointains sont plutôt rares et réservés à une petite partie de la population82. En outre, la guerre de Cent Ans, par la montée de l’insécurité sur les routes et par les peurs de capture par les gens d’annes, n’a pu que limiter ce nombre83. Le prestige du messager en bénéficie sûrement, d’autant que le mot « viatge », employé pour les articles de dépenses de messageries, et au xve siècle pour les rubriques de tout voyage, garde à la fin du Moyen Âge une certaine connotation guerrière et aventureuse84. De même, l’appartenance au corps des officiers urbains, la fonction représentative jouée à l’extérieur de la ville devaient sans doute rejaillir sur son prestige. Enfin, il est possible que le messager joue à son retour à Toulouse un rôle d’informateur auprès de la population, transmettant les nouvelles et les rumeurs apprises au cours de sa mission. D’autres Toulousains peuvent agir de la sorte. Mais peu de gens ordinaires voyagent fréquemment vers des horizons lointains, comme Paris et le nord de la France, théâtres privilégiés des guerres civiles et des bouleversements politiques. Les Toulousains, sans doute curieux des événements survenant dans ces lieux85, peuvent trouver dans le messager la source d’informations que les publications urbaines refusent souvent de leur communiquer86.
43Diverses raisons peuvent être ainsi invoquées pour expliquer l’attrait de cet office mineur. Disposant apparemment de volontaires, le corps de ville a pu se dispenser de trop valoriser un office qu’il considérait de toute façon comme peu classant.
44Plusieurs facteurs prédisposent Toulouse à la diplomatie. Ville à fort particularisme, surtout en cette période de surcharge fiscale, Toulouse négocie sans cesse avec le pouvoir dont il conteste les abus et attend grâces et rémissions. Par ailleurs, la bonne ville de Toulouse prétend non seulement servir de relais entre le pouvoir central et l’échelon local, mais aussi consolider son influence dans le pays, la sénéchaussée de Toulouse et le Languedoc. Pour toutes ces raisons, la municipalité doit disposer des instruments diplomatiques adéquats. Les plus performants sont les chargés de mission, recrutés dans l’oligarchie urbaine et capables de négocier d’égal à égal avec les pouvoirs. Mais les plus pratiques sont les messagers, qui pour des sommes très modiques, portent des lettres aux interlocuteurs de la ville. Parmi eux, les messagers municipaux prennent de plus en plus d’ampleur au cours des xive et xve siècles, images vivantes d’une ville attentive à son honneur et à son identité.
45Les messagers sont-ils des agents d’information ou des agents diplomatiques ? Le présent article a souvent hésité entre les deux expressions. Dans l’état actuel de la recherche, le second terme paraît préférable87 : les mots utilisés par les comptes, loin de privilégier la transmission des nouvelles, décrivent plutôt l’action attendue de la part du destinataire, comme une grâce fiscale, une aide militaire ou alimentaire. Le message semble avant tout conçu comme une supplication adressée à un supérieur hiérarchique, prié de prendre sous sa protection la ville de Toulouse. Mais il reste à mesurer la pertinence de cette hypothèse, étayée par un nombre insuffisant d’articles de dépenses. Qu’en est-il ainsi des mots désignant l’action des chargés de mission et les messages reçus par la ville ? Cette enquête lexicale permettrait de cerner si l’information existe vraiment à Toulouse, et à quel point elle structure la vie de relation.
Notes de bas de page
1 Voir la synthèse de Y. Renouard « Information et transmission des nouvelles », dans L’Histoire et ses méthodes, C. Samaran dir., Paris, 1961 (« Encyclopédie de la Pléiade »), p. 95-142, et le bilan plus récent de P. Contamine, « Introduction », dans La circulation des nouvelles au Moyen Âge – XXIVe congrès de la SHMESP (Avignon, 1993), Paris, 1994, p. 9-24. ici p. 14-15. Parmi les travaux les plus récents sur les messageries, on retiendra notamment la thèse de T. Kanao, Le messager à la cour de Bourgogne à la fin du Moyen Âge, thèse dactylographiée, Paris IV, 1992, et les articles subséquents : « Les messagers du duc de Bourgogne au début du xve siècle », Journal of Medieval History, 21 (1995), p. 195-226 et « L’organisation et l’enregistrement des messageries du duc de Bourgogne dans les années 1420 », Revue du Nord, 76(1994), p. 275-298. Pour les messageries allemandes, qui ont donné lieu à de nombreux travaux, on se reportera au bilan bibliographique de P. Monnet, « Diplomatie et relations avec l’extérieur dans quelques villes de l’Empire à la fin du Moyen Âge », dans Guerre et paix du Moyen Âge aux temps modernes. Théories, Pratiques, Représentations, H. Duchhardt et P. Veit dir., Mayence, 2000, p. 73-101 et à l’article du même paru dans le présent recueil. Pour le cas anglais, voir les travaux de Mary Cornelia Hill.
2 Y. Renouard, op. cit., p. 120. C’est ainsi le cas des messagers royaux (E. Vaille, Histoire générale des postes françaises, Paris, 1947, t. 1, p. 172). Le cas des cursores pontificaux, dont Yves Renouard a montré l’importance dans la hiérarchie de la cour d’Avignon, est sensiblement différent, puisque ces personnages ne se contentent pas de délivrer des messages mais sont investis d’autres missions plus gratifiantes, de sorte qu’ils sont bien plus des délégués du pape que des simples messagers (Y. Renouard, « Comment les papes d’Avignon expédiaient leur courrier », Revue historique, 180/1 (1937), p. 1-29, ici p. 8). Mais le statut des cursores pontificaux a récemment été revu à la baisse par A.-M. Hayez dans « Les courriers des papes d’Avignon sous Innocent VI et Urbain V (1352-1370) », dans La circulation des nouvelles..., op. cit., Paris, 1994, p. 49-62.
3 B. Guenée, L’Occident aux xive et xve siècles : Les États, Paris, nouv. éd. 1991, p. 214.
4 Révélateur de cette optique est l’ouvrage de E. Vaille (Histoire des postes françaises..., op. cit.) dont le titre suffit à montrer le propos, tout entier tourné vers la genèse et l’essor d’une institution, la poste, dont les messagers sont considérés comme les précurseurs. Dans une moindre mesure, on retrouve la même perspective institutionnelle dans l’ouvrage de A. Rigaudière (Saint-Flour. ville d’Auvergne au bas Moyen Âge. Étude d’histoire administrative et financière, Paris, 1982, p. 558-578), pourtant pionnier et d’une érudition sans faille sur les acteurs de la diplomatie urbaine, présentés par ailleurs comme des « moyens » de la vie de relation (p. 558).
5 Cette approche, encore balbutiante pour la France, est privilégiée par de nombreux travaux concernant les messageries allemandes. Voir notamment H.-D. Heimann, « Brievedregher. Kommunikations-und alltagsgeschichtliche Zugänge zur vormodernen Postgeschichte und Dienstleistungskultur », dans Kommunikation und Alltag in Spätmittelalter und Friiher Neuzeit (Colloque, Krems an der Donau, 1990), Vienne, 1992 (Verôffentlichungen des Instituts für Realienkunde des Mittelalters und der frühen Neuzeit, 15), p. 251-292, et L. Buchholzer-Rémy, L’intercommunalité en Franconie à la fin du Moyen Âge, Lyon, thèse dactylographiée, 2001, p. 298-303.
6 Toulouse, AM CC 1843-1862, CC 2322-2330 (sauf mention contraire, les cotes renverront désormais aux Archives municipales de Toulouse).
7 Telle est la graphie principale utilisée. Elle sera utilisée à l’exclusion des autres, pour la commodité de l’exposé.
8 CC 1843 (1330-1331) ; CC 1845 (1337-1338) ; CC 1846 (1343-1344) et CC 1848 (1362-1363).
9 CC 1850 (1383-1385), fol. 13.
10 CC 1848 (1362-1362), fol. 56-59v.
11 CC 1853 (1387-1388), fol. 204.
12 CC 1854(1391-1392), fol. 49.
13 Voir infra.
14 A. Rigaudière, op. cit., p. 559.
15 B. Guenée, op. cit., p. 214-217.
16 Ainsi, le 11 septembre 1415, Hugues Coberel, maître des requêtes du duc d’Aquitaine, (BB 2, p. 65, 12 septembre 1415) remet une lettre du roi qu’il commente ensuite. Voir aussi, du côté municipal, les négociations menées dans le nord de la France par Jacques Ysalguier (BB 2, p. 131-133, 27 janvier 1417).
17 L’expression de « messager d’occasion » est de A. Rigaudière, op. cit., t. 2, p. 561.
18 Exemplaire à cet égard est la mission du chevalier Pierre Gibbert, chargé de porter des lettres à Isabeau de Bavière en 1418 (CC 2327, no 27, 15 février 1418), citée et explicitée par P. Dognon, « Les Armagnacs et les Bourguignons, le comte de Foix et le Dauphin en Languedoc (1416-1420) », Annales du Midi, 1 (1889), p. 433-509, ici p. 446.
19 W. von Wartburg, Französisches Etymologisches Wörterbuch, Bâle, 1961, t. 14, p. 197-201 et Bâle, 1969, t. 6, p. 137-138.
20 Voir le compte particulier de l’épicier Guilhem de Paucarota, transcrit dans le journal de comptes de 1362-1363 (CC 1848, fol. 75).
21 C. Douais, « Charles VII et le Languedoc, d’après un registre de la viguerie de Toulouse (1436-1448) », Annales du Midi, 8 (1896), p. 129-194, 308-360, 406-469, et 9 (1897), p. 25-96.
22 P. Wolff, « Registres d’impôts et vie économique à Toulouse sous Charles VI », Annales du Midi, 56 (1944-1946), p. 5-66, ici p. 51.
23 Ainsi, dans les comptes et dans le registre du viguier de Toulouse (Arch. dép. de la Haute-Garonne, 101 B, no 11) qui, pour les années 1437-1448, enregistre les noms des nouveaux sergents, ils n’apparaissent jamais avec un titre de notabilité (monseigneur, maître, noble) ou un grade universitaire. De plus, aucun de ces noms n’a pu être identifié dans l’index de Philippe Wolff, pourtant assez fourni sur ceux qui, marchands ou non, ont assez de fortune pour se livrer à quelques activités commerciales (Commerces et marchands de Toulouse (vers 1350-vers 1450), Paris, 1954, p. 633-670). Le rôle joué par les sergents dans les messageries se retrouve à Saint-Flour, où les messagers occasionnels sont généralement des gens modestes (A. Rigaudière, op. cit., t. 2, p. 561).
24 Cette expression est de E. Vaille, op. cit., t. 1, p. 283.
25 Voir l’étude des métiers réglementés de P. Wolff, op. cit., p. 543-561. Une étude devra être menée ultérieurement pour savoir si les messagers toulousains se regroupent dans une confrérie. Tel est le cas des messagers parisiens, et peut-être des messagers de Cologne (H.-D. Heimann, op. cit., p. 279).
26 Des problèmes archivistiques, qui ne seront pas développés dans le présent article, rendent impossible une étude comparée de l’évolution du nombre de messages portés par les deux types de messagers.
27 Ces catégories sociales et fiscales ont été définies et étudiées par P. Wolff, Les estimes toulousaines des xive et xve siècles, Toulouse, 1956. Pour la recherche des messagers dans les registres de taille, on se reportera à la page 110 de cet ouvrage et à la thèse de l’auteur, Commerces et marchands de Toulouse..., op. cit., p. 463-464. Ces études portent principalement sur les registres CC 155 (1395, estimés), CC 157 (1398, estimés), CC 158 (1398, nichils), CC 159 (1405).
28 En raison des problèmes d’homonymies, il est difficile d’identifier précisément dans les registres de taille les messagers rencontrés dans les comptes. Mais la plupart des homonymes étant des nichils ou des estimés de la frange inférieure, cela ne diminue en rien la valeur du résultat. Voici l’exemple de Johan Sabatier, cité comme messager dans les comptes (CC 1851, fol. 142, 28/1/1386). Il ne figure pas dans le registre des estimés de 1395. Il apparaît deux fois dans celui des nichils de 1398 (CC 158, p. 13 et 199), jamais dans celui des estimés (CC 157). En 1405, le registre mentionne trois Johan Sabatier : le premier est coté 65 £ (CC 159, p. 390), le second est nichil (ibid., p. 395), le troisième est coté 7 £ (ibid., p. 598). Il faut d’abord écarter le risque d’une confusion possible entre le patronyme et le nom d’un métier : En fait, il est peu probable que, dans certains cas, Sabatier soit un savetier, dans la mesure où la mention du prénom sans le nom est peu fréquente dans les registres de taille. Pour le reste, les localisations respectives sont trop divergentes pour établir avec certitude des liens entre les différentes occurrences. Il est pourtant cohérent d’imaginer le scénario suivant. En 1395, le messager Johan Sabatier est nichil. Il l’est encore en 1398. En 1405, soit il s’est enrichi, soit il est resté nichil. Pendant un certain temps en tout cas, il a fait partie de la catégorie la plus modeste de la population. Tout cela reste hypothétique : si le messager est mort entre 1386 et 1395, l’analyse n’est plus pertinente. Cela étant, les analyses concernant les autres messagers mettent en évidence le nombre important de nichils et d’estimés modestes parmi les homonymes.
29 Voir P. Wolff, Les estimes toulousaines des xive et xve siècles, op. cit., p. 108.
30 Pour ce lien entre service urbain et intégration dans la ville, voir P. Jansen, « Office et service de la commune et du prince en Italie (XIIIe-XVe siècle) », dans Hiérarchie et services au Moyen Âge, Aix-en-Provence, 2001, p. 121.
31 Voir le cas de Étienne Bonet, nichil en 1398 (CC 158, p. 284) et coté 28 livres tournois en 1405 (CC 159, p. 589).
32 Ainsi, Johan de Torno est exempté en 1395 « atendut las plazes qu’el a faitz e fa tot iorn de portar letras a Paris e de Paris e esta vila » (CC 155, p. 187).
33 A. Molinier, « La commune de Toulouse et Philippe III », Bibliothèque de l’École des chartes, 43 (1882), p. 5-39, ici p. 12.
34 H. Gilles, Les coutumes de Toulouse (1286) et leur premier commentaire (1296), Toulouse, 1969 (Recueil de l’Académie de législation), 6e série, t. 5, p. 85.
35 Pour une vue générale des offices urbains en Languedoc, voir P. Dognon, Les institutions politiques et administratives du pays de Languedoc du xiiie siècle aux guerres de religion, Toulouse, 1895, p. 98. On trouvera une autre preuve de la correspondance entre apparition, individualisation des offices et développement du consulat dans A. Rigaudière, op. cit., t. 1, p. 166 : à Saint-Flour, le messager municipal, les sergents, crieurs, valets, avocats... municipaux, qui « font leur apparition presque tous, pour la première fois, entre les années 1320 et 1370, sont le reflet indiscutable de l’organisation bien tardive de la communauté sanfloraine ». Ce schéma connaît cependant quelques exceptions : à Narbonne, par exemple, il n’existe pas, au xive siècle, d’office de messager, mais des valets appelés indifféremment messagers, valets consulaires ou écuyers (R. Amouroux, Le consulat et l’administration municipale de Narbonne des origines à la fin du xive siècle, Toulouse, thèse dactylographiée, 1970, p. 139). Tous ces éléments, en tout cas, contredisent fortement E. Vaille, qui affirme que Toulouse, où exerce un messager municipal dès le xive siècle, est d’une étonnante modernité (op. cit., p. 301-302).
36 Ainsi, les registres de comptes CC 1845 1337-1338) (et CC 1846 (1343-1344) ne signalent l’existence d’aucun messager municipal.
37 Tous les registres de comptes conservés à partir de cette date mentionnent l’existence de messagers municipaux et de nombreux mandats de paiement attestent leur exercice régulier de 1384 à 1444.
38 À propos de l’ordonnance de ce sénéchal, dont le respect au cours du xve siècle n’a sûrement pas été exemplaire, voir I. Delabruyère-Neuschwander, « L’activité réglementaire d’un sénéchal de Toulouse à la fin du xive siècle », Bibliothèque de l’École des chartes, 143 (1985), p. 53-89. Mais il est probable que les prescriptions concernant les messagers aient été suivies : aucun compte du xve siècle n’atteste l’existence de deux messagers municipaux pour la même année.
39 Il existe une seule exception, attestée par les sources notariales : Christophe Ayraud, nommé portitor licterarum en 1442 (Arch. dép. de la Haute-Garonne, Not., reg. 6145, fol. 78v-79, cité par P. Wolff, Commerces et marchands de Toulouse, op. cit., p. 464).
40 P. Wolff, Histoire de Toulouse, Toulouse, 1974, p. 183-191.
41 Le mauvais état des premiers registres du xive siècle (CC 1843, CC 1845, CC 1846) rend difficile une étude de l’évolution au cours du siècle.
42 L’idée est de H. Hoffmann, « Zur mittelalterlichen Brieftechnik », dans Spiegel der Geschichte. Festgabe für Max Braubach zum 10. April 1964, K. Repgen et S. Skalweit dir., Münster, 1964, p. 141-170. Pour des exemples de falsifications dues à des messagers, voir notamment G. Constable, « Forged letters in the Middle Ages », dans Fälschungen im Mittelalter, Hanovre, « Monumenta Germaniae Historica Schriften », 33 (1988), t. 5, p. 1 1-37.
43 C. Huizinga, L’automne du Moyen Âge, Paris, nouv. éd. 1980, p. 35-58.
44 Je m’inspire ici des réflexions de P. Bourdieu, « La formation des prix et l’anticipation des profits », Ce que parler veut dire, Paris, 1982, p. 59-95, réimpr. dans Langage et pouvoir symbolique, Paris, 2001, p. 99-131.
45 Pour d’autres exemples de cette culture de la représentation dans les villes à la fin du Moyen Âge, voir B. Chevalier, Les bonnes villes de France du xive au xvie siècle, Paris, p. 205-206.
46 X. Nadrigny, L’information politique à Toulouse dans la première moitié du xve siècle, Paris, École des chartes, thèse dactylographiée, 1999, p. 194.
47 La rivalité est ainsi vive avec les bonnes villes du Bas-Languedoc pour la localisation du parlement. Elle se manifeste nettement dans les doléances de la ville aux états de 1438 (P. Wolff, « Doléances de la ville de Toulouse aux États de Languedoc de 1438 », Annales du Midi, 54-55 (1942-1943), p. 88-102).
48 La seule mention d’un écusson date de 1440. Il s’agit de l’enregistrement, par le minutier d’Andreas del Gres, notaire du consistoire, de la cérémonie de transmission aux capitouls en fin d’exercice, de l’office du messager qui vient d’être remplacé. Fait significatif, l’office y est symbolisé par l’écusson : Anno quo supra et die secunda, mensis decembris, Guillelmus Fornerii, nuper nuncius ville, tradidit realiter dominis de Capitule antiquis scurcellum (sic) in quo sunt arma ville, ponderis VIIem unciarum argenti (Arch. dép. de la Haute-Garonne, 101H 154, fol. 24v). Transmis probablement de messager en messager, l’écusson ne peut donc figurer dans les comptes urbains, qui auraient pu mentionner sa fabrication pour chaque nouveau messager. Comme la plupart des protocoles des notaires de la ville ont disparu, il est normal que cette mention soit isolée.
49 Une étude des lettres portées par les chargés de mission permettra ultérieurement de préciser la valeur des lettres accréditant les messagers.
50 B. Chevalier, op. cit., p. 11-15. À noter que les années 1356-1382, au cours desquelles a lieu cette institutionnalisation des messageries, représentent une période faste pour les assemblées de communes en Languedoc, lieux privilégiés pour l’expression du pouvoir des bonnes villes (H. Gilles, Les Etats de Languedoc au xve siècle, Toulouse, 1965, p. 26).
51 A. Rigaudière, « Qu’est-ce qu’une bonne ville dans la France du Moyen Âge », Gouverner la ville au Moyen Âge, Paris, 1993, p. 96-110.
52 Delabruyere-Neuschwander, op. cit., p. 66-67. Ces parures sont appelées garniment par le document. Le contexte d’utilisation du mot dans l’ordonnance comme dans les comptes urbains ne permet pas de définir ce terme comme « le nom générique employé [...] pour désigner les divers vêtements qui composaient une robe » (F. Piponnier, Costume et vie sociale. La cour d’Anjou ( xive-xve siècle), Paris-La Haye, 1970, p. 389). Ce sont plutôt des parures, terme attesté par les dictionnaires (voir ainsi E. Levy, Provenzalisches Supplement Wörterbuch, t. 4, p. 70), que l’on peut seulement décrire pour des années où le messager municipal n’existe pas. Il s’agit notamment de chausses, de bottes, de fourrures et de diverses étoffes (soie, sendal).
53 Ibid., p. 67-69.
54 Ibid.
55 L’étude du registre de 1404-1405 révèle les sérieuses difficultés financières des capitouls (P. Wolff, « Finances et vie urbaine : Barcelone et Toulouse au début du xve siècle », dans Homenaje a Jaime Vicens Vives, t. 1, 1965, p. 691-704 ; réimpr. dans Regards sur le Midi médiéval, Toulouse, 1978, p. 495-510.)
56 Évocateurs sont les cas des livrées, qui en 1391-1392 (CC 1854) représentent à peine 2,9 % des dépenses urbaines, et même des dons de cires, de torches et de confitures (5,7 %).
57 Le sénéchal a ainsi refusé de prêter le serment habituel de respecter les us et coutumes de la ville. L’ordonnance de 1399 est elle-même un geste fort : jamais un officier royal n’avait entrepris avant lui de régler par le menu le fonctionnement de l’hôtel de ville (I. Delabruyère-Neuschwander, op. cit., p. 64).
58 BB 269.
59 L’étude avait déjà été esquissée par Philippe Wolff, qui s’était appuyé sur le registre de comptes CC 1855 (1404-1405), « Une administration municipale au travail : Toulouse », dans Histoire comparée de l’administration ( ive- xviiie siècles) – xive Colloque franco-allemand, Tours, 1977, Munich, 1980, p. 422-426, ici p. 425-426. Cette étude a pu être vérifiée grâce à l’analyse de deux autres registres, pris au hasard dans des époques différentes : CC 1850 (1383-1385) et CC 1859 (où les pensions n’ont été relevées que pour les années 1431-1432).
60 C’est le cas des assesseurs, des syndics et des notaires. Les trésoriers sont recrutés parmi les changeurs de la ville.
61 Seuls les trésoriers sont régulièrement représentés dans les Annales, du moins au xve siècle (C. Cau, Les capitouls de Toulouse. L’intégrale des portraits des Annales de la ville (1352-1778), Toulouse, 1990). Une thèse de doctorat en cours sous la direction de M. F. Bordes, directeur des Archives de Toulouse, devrait prochainement préciser ce point.
62 Un sondage a été effectué à partir des trois registres évoqués plus haut, CC 1850 (1383-1385) et CC 1859 (1431-1432). Dans les trois cas, la pension annuelle du messager est de 10 livres tournois.
63 Ainsi, en 1431-1432, le juge des appeaulx et conservateur des privilèges touche 15 livres tournois de pension (CC 1859, fol. 68v).
64 CC 159, p. 441 et 541.
65 C’est ainsi que les capitouls et les trésoriers exemptés d’impôt figurent souvent dans le registre de 1398 (CC 157 et CC 158) avec la mention de la formule quitat (acquitté). Mais en 1395 (CC 155) et en 1405 (CC 159), leurs noms sont souvent absents du registre (P. Wolff, « Registres d’impôts et vie économique à Toulouse sous Charles VI », Annales du Midi, 56 (1944-1946), p. 45-46.
66 Révélateur est le registre de l’année 1436, qui ne mentionne aucun messager municipal dans la liste des contribuables mais cite un Pery Laudry, mesatgie de la vila, à la fin du registre, dans une partie consacrée à des remboursements de prêts (CC 161, fol. 52v). Ce dernier n’a vraisemblablement pas payé d’impôt. J. Olivella (Étude sur la population toulousaine au milieu du xve siècle, Toulouse, thèse dactylographiée, années 1960 (année non indiquée), t. 1, p. 23), à partir du registre de 1454 (CC 638), fait la même constatation pour une partie de ceux qui occupent des charges ayant un rapport quelconque avec le gouvernement de la ville ou de la sénéchaussée.
67 On peut le déduire aisément de la comparaison avec d’autres salaires annuels. Ainsi, au début du xve siècle, le messager touche à peine plus que le fournier du collège de Périgord (9 livres tournois) et pendant les années de dévaluation monétaire, il touche plus de deux fois moins (25 livres). P. Wolff, Commerces et marchands de Toulouse (1350-1450), Paris, 1954, p. 439.
68 Les comptes du xve siècle ne mentionnent aucun garniment pour les officiers. En outre, un registre de 1454 précise que les robes livrées aux officiers sont « de drap [...] d’Anglaterra » (CC 1864, fol. 26v). Ces draps, de qualité moyenne, sont souvent utilisés par les officiers subalternes des grandes villes et les membres des petits consulats (P. Wolff, Commerces et marchands de Toulouse..., op. cit., p. 260). Je remercie M. Bordes de bien avoir voulu me transmettre cette référence.
69 Pour établir les comparaisons avec les salaires du personnel du collège de Périgord (P. Wolff, op. cit., p. 439-444) et pour mesurer l’ampleur des pourboires, il a fallu procéder à des calculs extrêmement complexes qui ne seront pas mentionnés ici. Ils seront développés dans une thèse de doctorat en préparation.
70 Philippe Wolff (Commerces et marchands de Toulouse..., op. cit., p. 464). qui consacre un passage de sa thèse aux courriers servant les particuliers, ne cite aucun messager municipal. Et il n’est pas impossible que la ville, en vue d’une plus grande rapidité de transmission, impose à ce dernier le transport des seules lettres de la municipalité. Il n’est cependant rien d’assuré sur la question.
71 Voir la progression réelle mais limitée de la cote d’estime de quelques messagers professionnels, qui transportent le courrier des particuliers (supra).
72 Seule une étude approfondie du rôle du portier, situé au-dessus du messager dans la hiérarchie municipale, permettrait de vérifier cette hypothèse.
73 Pour l’ascension des hommes de loi dans les municipalité du midi de la France, voir A. Rigaudière, « Hiérarchie socio-professionnelle et gestion municipale dans les villes du Midi français au bas Moyen Âge », Revue historique, 269 (1982), p. 25-68, réimpr. Dans A. Rigaudière, Gouverner la ville au Moyen Âge, Paris, 1993, p. 167-214.
74 Sur le décalage entre l’importance symbolique des messagers et leur médiocre condition, voir aussi L. Buchholzer-Rémy, op. cit., p. 302.
75 Ainsi, en 1391-1392 (CC 1854), les messages représentent 20 £ 15 s. et les viatges 748 £ 4 s. 3,5 d. tournois. En 1421 (CC 1856), le rapport entre messageries et négociations est de 87 £ et de 1 781 £ 8 s. 4 d. tournois. Notons qu’au cours de la période ne se dégage aucune évolution linéaire concernant le rapport entre ces deux données.
76 Respectivement 196 contre 232. Mais le premier chiffre doit être largement revu à la hausse pour des raisons archivistiques qui ne seront pas détaillées ici.
77 Ce lieu commun rejoint celui de la violence au Moyen Âge, souvent associée aux routes (C. Gauvard, « De grace especial ». Crime, État et société en France à la fin du Moyen Âge, Paris, 1991, t. 1, p. 1).
78 On ne développera pas cette étude des dangers des voyages, qui trouvera sa place dans la thèse de doctorat en préparation.
79 Une analyse de cinq comptes rendus de voyage dressés par des chargés de mission semble conforter cette interprétation (CC 2322, no 12 ; CC 2326, no 71 ; CC 2330, no 5 et no 15 ; CC 2329, no 23).
80 Ce déracinement dû au voyage est probable (C. Gauvard, op. cit, t. 1, p. 502). Voir aussi C. Deluz, « Partir, c’est mourir un peu. Voyage et déracinement dans la société médiévale », dans Voyages et voyageurs au Moyen Âge – xxvie Congrès de la SHMESP (Limoges, 1995), Paris, 1996, p. 291-303. Mais il n’est jamais explicitement évoqué par les sources. Seule la solitude de l’épouse du messager est visible dans un article de dépense accordant une pipa de vy à un messager per sostentatio de sos enfans e de sa companha. Le messager est le seul officier, et même la seule personne, à bénéficier de cette faveur.
81 Ainsi, en 1382, Laurens de Sent-Peyre, Toulousain à Paris prête 3 francs à Guilho Vidal qui manque sans doute d’argent pour continuer sa mission (CC 1850, fol. 20v).
82 Michel Balard, dans la conclusion du colloque Voyages et voyageurs..., op. cit., a beau affirmer « qu’il faut réfuter définitivement le cliché d’une société médiévale rivée à la terre ou à l’échoppe et dont l’horizon se limiterait aux murs de la ville ou aux molles ondulations de la campagne proche » (p. 307), il donne préalablement une liste assez réduite de voyageurs médiévaux (p. 306). Voir aussi J. A. Cortazar, « Introduction », dans Viajeros, peregrinos, mercaderes en el Occidente Medieval, Gobierno de Navarra, 1992.
83 Voir ainsi le tableau des rançons établi par P. Wolff, Commerces et marchands de Toulouse..., op. cit., p. 65-66.
84 N. Coulet, « Introduction », dans Voyages et voyageurs..., p. 9-10. La pertinence de ces analyses pour le sud-ouest de la France a été vérifiée dans le dictionnaire de W. von Wartburg, op. cit., t. 14, p. 381.
85 Sans doute la population est-elle aussi angoissée que la municipalité qui, en 1418, envoie un informateur à Paris, per saber, veser et enformar del estat, regimen et gobern del reaume de Fransa (CC 2327, no 39). Il est sûr en tout cas qu’elle s’intéresse aux entreprises de Jeanne d’Arc puisque sous la pression du peuple, elle est contrainte de dépêcher une délégation à la Pucelle (BB 6, 26 juillet 1429, fol. 25).
86 X. Nadrigny, op. cit., p. 322-323.
87 C’est d’ailleurs le terme retenu par P. Monnet, « Diplomatie et relations avec l’extérieur..., op. cit., p. 73-101.
Auteur
Université de Champagne-Ardenne, Reims
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