Messagerie, communication organisationnelle et informations stéréotypées dans les comptes des receveurs généraux du Dauphiné, 1355-1370
p. 247-259
Texte intégral
1Au milieu du xive siècle, l’histoire du Dauphiné fut marquée par un processus rare : à la suite du Transport du 30 mars 1349, Humbert II, sans héritier et endetté, légua ses possessions en échange d’une rente viagère à celui qui allait devenir Charles V. Cette transaction faisait en sorte de souder le Dauphiné au royaume de France, dans une « souple union de deux souverainetés »1, sans pour autant le soumettre directement à sa couronne. Les années qui suivirent donnèrent lieu à un processus d’intégration politique qui fut tout sauf linéaire et dont plusieurs jalons demeuraient jusqu’à tout récemment largement mal connus. Il n’est pas exagéré de dire que jusqu’au dépôt de l’importante thèse d’Anne Lemonde, la principauté delphinale avait été oubliée des chercheurs intéressés par le processus de genèse des États modernes2. Pourtant, d’une manière un peu paradoxale, malgré la minceur des recherches, l’histoire de la principauté delphinale est déjà forte de quelques solides études portant directement sur les habitudes de création et d’utilisation des informations administratives au sein de la principauté. Ainsi les usages administratifs et culturels guidant la création des informations fiscales ont-ils été au cœur des travaux d’Isabelle Vernus-Moutin. Tablant sur la belle collection de révisions de feux des xive et xve siècles disponibles aux Archives départementales de l’Isère, cette auteure a mis en valeur la transformation des procédures d’établissement des cahiers de répartition de l’assiette des dons gratuits consentis par les assemblées d’états du Dauphiné. Ces recherches ont permis de connaître avec précision quelles furent les procédures employées par les enquêteurs delphinaux pour définir la capacité de payer de chaque communauté. De même, l’analyse des stratégies développées par les représentants des communautés pour résister à cette fiscalité d’État – des stratégies reposant sur la destruction volontaire des rôles de taille antérieurs et sur l’usage des bâtons de taille – a montré que le renforcement financier de l’État delphinal avait nécessité un intense effort de validation des informations fiscales dont il disposait3. En regard de ce contexte historiographique et du thème de cette rencontre, il paraît judicieux d’envisager comment les informations administratives étaient mises en circulation au sein des institutions de la principauté. C’est dans cette perspective que la belle collection des comptes des receveurs généraux du Dauphiné devient intéressante. Entre 1355 et 1370, les frais de messagerie, ainsi que leur brève justification, ont été inscrits dans ces documents. Nous pouvons croire qu’ils offrent une représentation crédible des réseaux de communication assurant la liaison entre des intermédiaires situés tant à l’intérieur de la principauté qu’à l’extérieur4. En nous intéressant tour à tour au service de messagerie, aux procédés de gestion de l’information et à la nature de ces informations, nous tenterons de préciser les caractères généraux de cette représentation.
2En Dauphiné, les années sur lesquelles porte la documentation mise en œuvre sont notoires pour les nombreux troubles qu’elles connurent. L’acheminement des informations administratives, sous la forme de document écrit ou de message oral, était à coup sûr une occupation exigeante pour les hommes qui se chargeaient de cette tâche. Pour cette raison, il est justifié de porter attention sans plus tarder à ces individus. Au premier abord, on doit noter qu’une grande variété de personnes ont été investies d’une manière circonstancielle de la mission de porter un message tout en étant rémunérées à la tâche pour leur travail. Un examen même rapide des rubriques de « menuz messages » et de « grans legations », qui sont regroupés dans les derniers comptes, permet de remarquer que des paiements ont été faits tant à des hommes appartenant au cénacle du pouvoir qui ont souvent agi à titre d’ambassadeur, comme Arthaud de Beausemblant et Aynard de Vinay, qu’à de simples notaires de cour et à des messagers de métier5. En cela, les procédés en vigueur en Dauphiné ne tranchent pas radicalement avec les habitudes qui prévalaient à la cour pontificale d’Avignon vers la même époque. Cette dernière, en recourant à des envois regroupés, préférait la plupart du temps faire appel aux voyageurs de passage pour acheminer son courrier6. En revanche, en Dauphiné, au sein de ce groupe éclectique, il faut distinguer une minorité d’individus pour lesquels l’acheminement des informations au nom de l’administration delphinale était un véritable métier. Au début de la période, seuls quatre individus reçoivent dans les comptes le titre de messager7. Par la suite l’administration centrale du Dauphiné emploiera entre sept et huit messagers d’une manière presque constante jusqu’à la fin de 1370. De ce groupe d’hommes dont l’apparition régulière des noms permet de savoir qu’ils furent des messagers assidus durant leur période d’activité respective, qui était généralement brève, l’administration delphinale distingua deux individus ayant, année après année, fait preuve d’une compétence et d’une ténacité que l’on peut croire hors du commun comme nous le verrons : Girard de Crémieu, aussi appelé Girard le Messager, et Mathieu Pavaillon. D’abord désignés comme simples messagers, ces deux hommes reçurent par la suite le titre de « messagier de monseigneur le dalphin » ou encore de « messagier dalphinal »8. Bien sûr, l’utilisation de ce genre d’épithète pourrait n’être qu’une tocade de clercs de la Chambre des comptes. Il appert que ce n’était pas le cas et qu’au contraire le travail sans doute remarquable de ces deux messagers était connu et apprécié en haut lieu. Maillons indispensables de la chaîne de communication delphinale, ils ont eu droit durant leur période d’activité à certains égards qu’aucun autre messager du service ne reçut. C’est le cas en particulier du renouvellement régulier de leur équipement, tant celui que nous jugerions aujourd’hui essentiel que celui revêtant une fonction nettement plus symbolique.
3L’achat et le remplacement des montures comptent parmi ces dépenses essentielles. En mars 1358, la rubrique des « dépenses communes » permet de savoir que 14 florins furent accordés à Girard le Messager parce que « monseigneur le lieutenant li a ordonné pour avoir un cheval au service de monseigneur le dalphin »9. De telles dépenses d’équipement devaient être renouvelées d’une manière cyclique. Le même compte souligne que lors d’un voyage « en France » Mathieu Pavaillon a dû acheter un cheval « car il avoit le sien laissé et assolé ». Cette opération de remplacement coûta 20 florins, desquels on déduisit toutefois un montant de 8 florins que Mathieu avait payé par la suite pour racheter son premier cheval à son retour vers le Dauphiné ; au passage, l’opération lui permit donc de mettre la main sur un nouveau coursier tout en conservant l’ancien pour la somme, modique, de huit florins10. Pour sa part, en février 1363, Girard le Messager parvint à se faire rembourser, sur mandement du lieutenant, les 21 florins que son nouveau cheval lui avait coûtés11 et trois années plus tard, les deux mêmes messagers se retrouvèrent simultanément à nouveau à court de monture dans un intervalle d’une semaine. Dans les deux cas le « roncin estoit asolé et gasté »12. Soumises, on le devine, à de fortes cadences de travail, les bêtes avaient des périodes d’utilisation plutôt courte. Pour autant, en regard des coûts de remplacement, la valeur des bêtes achetées pour le service de messagerie se compare à celle des chevaux utilisés par les compagnies de Raoul de Louppy et du sire de Sassenage à la même époque13.
4Dans le dernier exemple, la notice mentionne que les deux messagers d’élite se sont aussi vu rembourser les frais entraînés pour l’achat de « leur vesture d’iver de l’an LXV », pour laquelle on paya, certes avec quelques mois de retard, un total de dix florins. Deux années auparavant, en octobre 1363, Mathieu Pavaillon et Girard de Crémieu avaient déjà bénéficié de l’argent de l’État qui avait déboursé dix florins « pour eulx vestir par le mandement de monseigneur le lieutenant du Dalphiné »14. Il est donc fort probable que ces deux messagers aient porté des vêtements aux couleurs du dauphin mais rien ne permet d’en être certain dans cette notice. En contrepartie, en janvier 1361 une dépense spécifiquement consentie à Mathieu Pavaillon, qui était le seul à cette époque à porter le titre de « messagier de monseigneur le dalphin », établit clairement le lien qui prévalait entre le messager et le maître qu’il servait. À ce moment, un montant de 40 florins avait été consenti, « pour don a lui fait pour acheter un escussel aux armes du seigneur et pour ses autres nécessitez par mandement dudit seigneur »15.
5Enfin, une autre pièce de l’équipement de ces deux messagers était prise en charge par l’administration delphinale : la « boîte de chevaucheur » servant au transport des précieuses missives qui leur étaient confiées. Si de prime abord l’aspect fonctionnel de ces boîtes est facile à saisir, les quatre florins qu’elles coûtèrent, une somme relativement élevée, suggèrent que leur fabrication, voire leur aspect physique, était soignée. La valeur symbolique d’un tel objet contenant « les lettres et escriptures [...] touchant monseigneur monsieur le dalphin » était peut-être encore plus importante que sa simple fonction de transport16. Mises entre les mains de Mathieu Pavaillon ou de Girard de Crémieu, qui étaient eux-mêmes les véhicules de l’autorité delphinale, ces boîtes médiatisaient l’image du dauphin dans sa capacité à contrôler et à recevoir les informations devant l’éclairer dans la gestion des affaires de son pays de Dauphiné.
6Dans ces conditions, il faut aussi noter que le travail de ces deux hommes fut récompensé à quelques reprises par l’octroi de sommes additionnelles venant s’ajouter au salaire qu’ils recevaient pour chacune de leurs courses. Contrairement aux usages généralement en vigueur quand venait le temps de marquer l’appartenance d’un individu à une administration, ces deux messagers n’ont pas reçu de gage annuel. La méthode employée dénote une volonté plus personnelle et certainement plus circonstancielle du dauphin : le don. Ainsi, en avril 1360, 30 florins sont versés à Mathieu Pavaillon sans qu’aucune justification soit nécessaire, hormis un bref rappel de la personne qui avait pris cette décision : « A Mathieu Pavaillon messagier de monseigneur le dalphin que mon dit seigneur li a donné par ses lettres. »17 Bien que la somme impliquée ait pu être importante pour le messager – elle ne l’était certes pas pour le dauphin surtout si on la compare à la valeur de certains autres dons consentis dans les mêmes comptes – c’est beaucoup plus le lien entre le messager et le dauphin de même que la reconnaissance de ce dernier qui sont marqués par ce don. Pour cette raison, il y a là une forme de personnalisation des procédés de gestion qui va au-delà de l’administration régulière des affaires de l’État18. Des dons similaires ont par la suite été accordés une nouvelle fois, en janvier 1369, à Mathieu Pavaillon ainsi qu’à Girard de Crémieu, la somme due à ce dernier étant d’ailleurs remise à sa veuve, « en paiement de C florins que le roy monseigneur le dalphin leur avoit donne nagueres »19.
7Ces dons survinrent à un moment particulièrement critique puisque le règlement tout récent de la guerre contre la Provence avait entraîné un intense ballet diplomatique dans lequel les deux hommes de confiance du service de messagerie avaient été très actifs. En juin 1368, Girard de Crémieu avait été chargé par le gouverneur d’accompagner l’abbé de Cluny et Robert de Lorris « qui s’en aloient a Rome par devers notre saint pere le pape ambassadeurs pour nostre seigneur pour conduire yceulx seigneurs jusques es parties de Pyemont »20. Auparavant, en avril 1368, le même messager avait servi de courroie de transmission entre le Conseil delphinal et le gouverneur, l’informant de « l’estat du pais de Dalphiné », quand ce dernier dut faire un séjour de près de trois mois en France pour vaquer tant aux affaires du Dauphiné qu’à la gestion de son propre domaine21. C’est encore ce messager que le gouverneur mandate en décembre 1368 « pour aler es parties du Gapençois pour savoir l’acort fait entre monseigneur le duc de Savoie et les Prouvenceaulx... »22 C’est vraisemblablement au cours de cette mission, ou peu après, que Girard de Crémieu perdit la vie. Bien que le travail de ce dernier soit remarquable, celui de son collègue Mathieu Pavaillon n’a pas à pâlir de la comparaison. Jugeons-en. À la fin du mois de septembre 1368, il fit un aller-retour depuis Romans vers la France par mandement du gouverneur pour aller à la rencontre du roi « li dire et exposer » la situation prévalant à ce moment dans le sud du Dauphiné. Il accomplit une mission similaire le mois suivant23. En février 1369, le lieutenant du gouverneur l’envoya à nouveau à Paris vers le gouverneur pour lui demander « de s’en venir ou Dalphiné hastivement pour certaines grosses besongnes qui ou dit pais estoient survenues ». Peut-être devons-nous croire que le ton alarmiste de la dernière justification répondait à des problèmes réels mais, quoi qu’il en fût, la cadence du messager devint encore plus élevée. De retour de Paris, il s’arrêta à Romans pour reprendre la route vers Avignon où se trouvait le gouverneur. Durant l’été, il se rendit dans la sénéchaussée de Beaucaire à deux reprises, tout en effectuant un aller-retour en France vers le roi à la demande du gouverneur. Cette saison de grands déplacements se termina par un périple pour aller rejoindre le sénéchal de Provence et lui porter des lettres du roi, puis par un retour vers un lieu indéterminé en France, avec une escale en Dauphiné pour rapporter la réponse du sénéchal24. Entre-temps, trois, peut-être quatre chevaux avaient dû être remplacés. Du reste, Pavaillon avait déjà pris part à une campagne semblable dix ans auparavant25.
8Ces quelques états de service montrent qu’à titre de spécialistes de l’acheminement des informations, de simples messagers étaient amenés à prendre part à des démarches politiques de la plus haute importance. Dans ces conditions, on ne peut que regretter qu’une aussi grande quantité de frais entraînés par la mise en circulation d’informations de toute nature ne puisse être vraiment expliquée. Au total, un peu plus de 600 notices relatant la mise en circulation d’informations en tout genre ont été relevées pour les 139 mois que couvre la documentation, pour un moyenne d’un peu plus de quatre envois par mois. Cette moyenne très basse et très peu significative cache toutefois des écarts spectaculaires. Par exemple, les comptes des années 1357-1358, au moment où la compagnie de l’Archiprêtre faisait régner sa loi dans la région rhodanienne, montrent que le service de messagerie mit à l’épreuve ses hommes – messagers de métier et autres – ainsi que ses chevaux, puisque l’administration delphinale dut alors à la fois tenter de prévoir les déplacements des soudards et tenir informé le dauphin qui se trouvait à Paris, tout en assurant la coordination de la résistance des petites communautés les plus exposées au danger. Dans ce contexte, le cycle des saisons dans ce pays en partie couvert par la haute montagne eut peu d’incidences sur la circulation de l’information administrative.
9Dans la même perspective, la comptabilité du trésorier delphinal témoigne aussi de certaines situations inclassables dont il est difficile de bien rendre compte. Par exemple, la dauphine envoya à deux reprises un de ses messagers au trésorier et encore une autre fois à son époux, avec la mission de rapporter l’argent qui lui avait été assigné et dont elle avait besoin26 En règle générale, de telles entrées ne devraient pas figurer dans les documents mais, fruit du hasard, comme chaque fois le messager « n’avoit pas argent pour soy en se retorner et le jurai », l’administration delphinale devait bien se résigner à pourvoir à ses besoins en lui versant le coût de ses courses. En fait, au-delà de ces exemples tirés de la vie conjugale du dauphin, les éléments abordés jusqu’ici montrent que le canal de communication que les comptes nous permettent de connaître fut avant tout caractérisé par sa bonne capacité de réaction devant les problèmes de toutes sortes que rencontrait l’administration delphinale. Dans certaines situations critiques, les mots employés pour justifier les frais évoquent bien les préoccupations qui pouvaient animer les officiers réagissant devant une situation imprévue. Par exemple, en 1357, à un moment où le nord de la principauté était menacé par les compagnies d’Anglais et de Gascons, le bailli des Baronnies envoya probablement vers Romans des lettres à l’intention du lieutenant. Le clerc qui inscrivit la notice prit la peine de souligner le caractère urgent de ce courrier ; il s’agissait de « lettres hastives que le baillis des Baronnies avoit tienus sur certain fait de Provence ». Elles furent donc tout aussi hâtivement relayées vers le lieutenant qui se trouvait en Viennois-Terre de la Tour27.
10L’administration avait l’habitude de gérer avec efficacité, et même avec empressement quand la situation l’exigeait, les événements imprévus de toute nature qui étaient susceptibles de perturber sa gestion. Il serait aussi possible de voir cette capacité d’adaptation d’un tout autre oeil. En effet, celle-ci pourrait n’être que le reflet d’une direction de courte vue, avant tout faite de réactions non coordonnées. Toutefois des stratégies de diffusion et de concentration de l’information sont pourtant bien visibles dans les comptes.
11Ainsi, sauf pour les cas particuliers – qui étaient d’ailleurs nombreux28 – ou encore lorsque l’on voulait acheminer un message à des personnes spécifiques dans une région précise29, c’est généralement par l’entremise du juge de chaque circonscription que l’on faisait transmettre les messages aux destinataires finaux, qu’ils aient été châtelains ou nobles. C’est ce qui se produisit en mai 1356, lorsque le dauphin demanda aux nobles de se réunir à Vienne, pour ensuite se rendre en France avec lui. Trois messagers partirent de Romans pour transmettre cette demande. Un premier prit la route en direction du sud vers les Baronnies et le Gapençais, tandis que les deux autres se chargèrent du Grésivaudan et du Viennois-Valentinois30. Pour avoir une meilleure idée de l’ampleur de la mobilisation que nécessitait cet effort de diffusion, il faut considérer que pour la seule région du Viennois Valentinois, pas moins de 73 lettres furent ensuite relayées par le juge31. La même stratégie fut utilisée quand on tenta de faire assembler les « prélaz, gens d’église, barons et chastellains » à Grenoble, le 28 juin 1360, pour une rencontre qui, sans être une assemblée des états du Dauphiné en bonne et due forme, n’en prit pas moins la forme sociologique32. Le 17 juin, on mandata les deux messagers d’élite du service pour porter les lettres de convocations aux juges du Viennois-Terre de la Tour, du Viennois Valentinois, du Grésivaudan, de l’Embrunais et du Briançonnais33.
12Mais, si les juges étaient utilisés comme relais quand les démarches de communication s’étendaient à l’ensemble de la principauté, ils étaient aussi mis à contribution lors d’opérations de plus faible portée, comme lorsque les fermes arrivaient à échéance. Dans ces cas, un messager était envoyé au juge de la circonscription concernée pour lui demander de faire procéder à la criée. D’ailleurs, à une exception près, il s’agit des seules mentions de criées dans les documents34. Ces exemples permettent de constater que la diffusion de l’information était largement déléguée à des personnes de confiance. Toutefois, les hautes instances de gestion se réservaient la création des contenus, c’est-à-dire la rédaction des lettres. La validité et l’authenticité de ce qui était mis en circulation étaient ainsi préservées, tandis que l’unité du discours administratif et la hiérarchie de l’information se trouvaient renforcées et réaffirmées par la délégation.
13Les juges étaient aussi des pivots pour l’information qui devait être créée au gré des circonstances. En plus de travailler au règlement de certains gros dossiers juridiques, leur activité était surtout appréciée quand il fallait procéder à l’évaluation des capacités défensives des places fortes les plus exposées. Dans ces cas, on leur demandait de faire la visite des châteaux et de se rendre ensuite à Romans pour présenter de vive voix leur rapport aux membres du Conseil35. Néanmoins, le plus souvent, les enquêtes de cette nature étaient menées par des experts mandatés spécialement pour l’occasion, en fonction de leurs compétences. Par exemple, en 1357, c’est au seigneur de Clavayson que l’on demanda de vérifier l’état des châteaux en Grésivaudan tout en lui donnant le mandat de faire procéder aux aménagements qu’il jugeait nécessaires36. De même, c’est assurément pour ses compétences militaires que Pierre de Lers, simple artilleur de Chabeuil, est envoyé au maître des œuvres à Grenoble en novembre 1357. Ensemble, les deux hommes se rendirent dans la forêt de la Chartreuse pour y repérer les arbres destinés soit à devenir des arbalètes, soit à renforcer les châteaux37. Dans tous ces exemples, la validité des informations créées en vue de permettre une gestion éclairée est directement tributaire de la valeur des individus qui les produisent. Ceci est bien visible dans le cas du jugement de l’artilleur qui dut être entériné par celui d’un haut personnage pourtant non expert en la matière pour devenir pleinement légitime. De même, ces exemples balisent quelques-unes des lignes de communication qui quadrillaient le Dauphiné et, ce faisant, ils mettent aussi en valeur le rôle d’intermédiaires pris par les juges.
14Comme il incombait à l’administration delphinale de faire connaître la réalité de sa gestion au dauphin ainsi qu’aux gens des finances à Paris, d’autres lignes de communications liaient la principauté au dauphin. Selon les expressions employées dans les sources, « rendre compte de l’estat du pays » ou « faire asavoir a mon seigneur l’estat du pais » fut un comportement constant durant la période. Cependant, même si les expressions employées demeurent les mêmes d’un compte à l’autre, dans les faits, ces comptes rendus portaient sur des sphères d’action qui changeaient au gré de la conjoncture. Les aspects financiers et militaires étaient les thèmes les plus souvent abordés à ces occasions. Ainsi, lorsqu’en juillet 1367 le gouverneur envoya en France Amay de la Motte, chevalier et conseiller delphinal, « par devers le roy nostre seigneur », c’est pour « li faire relation de ce qui avoit esté fait et ordonné du subside requis et demandé pour notredit seigneur aus subgez dudit Dalphiné »38. En septembre de la même année, durant le conflit avec les Provençaux, rendre compte de l’état du pays, c’était avant tout se rendre à la rencontre du roi-dauphin et « li dire et exposer les perilz et les domages qui povoient advenir et advenoient de jour en jour par les escharganes et emprise des Prouvenceaux qui gastoient, pilloient et occitoient les subgez du Dalphiné chascun jour »39. Deux années plus tard, quand le moment fut venu d’annoncer la paix faite avec ces terribles troupes provençales, le gouverneur mandata Guillaume Bonart, « clerc du roy nostre dalphin », pour aller « faire savoir l’estat dudit pays dalphinal et pour apporter la confirmation de la paix qui avoit este faite entre les subgez dudit pays et les gens de la conté de Prouvence ». Bien que les méfaits causés par les compagnies aient été souvent bien réels, il ne faut pas pour autant croire que les Provençaux commirent de façon avérée l’ensemble des comportements que la description leur attribue. En effet, Claude Gauvard a montré récemment que de telles descriptions de l’action des militaires, qui sont en tout point conformes avec le classement des méfaits particuliers lors de l’établissement des chefs d’accusation au parlement de Paris, émanaient de stéréotypes bien souvent colportés par la rumeur40. Ainsi, tout comme le faisaient les juristes parisiens, les clercs de la Chambre des comptes utilisèrent ces stéréotypes de manière à formuler une information fiable et vérifiée, propre à rendre compte des développements militaires sur la frontière delphino-provençale. Toutefois, avant d’en arriver à cette formulation, l’État delphinal devait entreprendre – souvent dans la hâte – des démarches d’enquête destinées à vérifier les multiples rumeurs colportées dans le pays au sujet des mouvements de troupes. C’est ce qui se produisit en février 1360 lorsqu’un messager, Mathieu Pavaillon, fut envoyé en Bourgogne, à Lyon, à Mâcon et auprès de l’évêque de Chalon pour chercher à connaître l’état des compagnies, et pour savoir « si comme l’on disait [elles] venoient en parties du Dalphiné »41. Plus tard, le doute persistant, le Conseil demanda au sire de Vinay « qu’il se tienne à Vienne et à Saint-Symphorien pour conforter le pais pour cause des compagnies que l’on disoit qu’elles estoient auprès dyllenc sur le Rosne pour entrer ou Dalphiné »42. L’année suivante, on soupçonna que la menace pourrait venir du sud. Raoul de Louppy envoya alors un émissaire vers Avignon pour « savoir des nouvelles des compagnies des Espaingnoz ». Encore une fois, au même moment où l’on tentait d’en savoir plus sur ces compagnies, on envoyait au juge du Viennois-Terre de la Tour des lettres stipulant que « chascun feust pourveu pour resister a la compaingnie des Espaingnoz que venoit de Prouvence [...] on doubtoit que elle deust venir ou Dalphiné ». En fait, dans les comptes des receveurs généraux, les mots de la rumeur – le doute – tranchent radicalement avec le vocabulaire utilisé pour qualifier l’information : le doute n’était pas compatible avec les intérêts du dauphin même si sa seule existence suffisait pour provoquer d’importantes décisions, notamment dans le domaine militaire.
15La reprise de ces stéréotypes véhiculés contre les militaires est toutefois peu importante numériquement dans les comptes des receveurs delphinaux. Il en va autrement d’une autre classe de stéréotypes, qui mériterait l’appellation de « stéréotypes administratifs ». Dans les descriptions des frais de messagerie, la justification de loin la plus fréquente est la suivante : « Pour porter des lettres closes touchant le profit du seigneur. » Cette justification est évoquée par exemple quand un messager est envoyé à Vienne pour porter des lettres closes au sire de Vinay et au bailli de Mâcon qui s’y trouvait lui aussi43. Lorsque Jaquement François se rend à Avignon, c’est à nouveau pour porter des lettres « touchant le prouffit du seigneur »44. En septembre 1359, les lettres que le lieutenant confia au messager qui partit de Briançon pour se rendre en France vers le dauphin et son conseil, touchent à nouveau au profit du dauphin. L’envoi de lettres à des personnes de tout rang et de toute qualité était justifié par cette petite formule laconique, si bien que celle-ci semble avoir été le cliché le plus utilisé par les clercs de la Chambre des comptes. Doit-on pour autant croire que les objectifs réels de chacune de ces missions étaient sans lien avec les descriptions qui nous les font connaître ? Si tel était le cas, l’expression choisie, qui n’est pas sans rappeler la notion de bien commun, n’en traduirait pas moins l’importance prise par les informations contenues dans ces lettres. Toutefois, la formule ne cache assurément pas une éventuelle méconnaissance du contenu réel des lettres dont les clercs auraient fait preuve. En effet, lorsque cette situation se produisait, d’autres mots, peut-être eux aussi stéréotypés, étaient utilisés. Sur l’ensemble des données compilées, dans une petite douzaine de cas la notice mentionne que le message véhiculé portait sur « des choses secretes touchans l’onneur et le prouffit de monsieur de dalphin et de son pais dalphinal », à moins que dans son ensemble la mission effectuée par un messager ait été qualifiée de « secrete besogne »45.
16Rappelons pour terminer que les situations présentées ici ne forment qu’une représentation bien limitée de ce que pouvait être le système de communication administrative en Dauphiné à cette époque. Cette représentation illustre toutefois très bien la situation politique de cette principauté autonome, mais étroitement rattachée à la couronne de France depuis son « transport ». Il est possible d’apprécier l’importance prise par les informations stéréotypées dans ces lignes de communication ou du moins dans la représentation que les documents de gestion financière dressent d’elles. Ceci dit, il convient aussi de rappeler que dans la mesure où nous avons travaillé à partir des notices de frais inscrites dans les comptes du receveur général, il n’a été question que des messages émis par les institutions centrales du Dauphiné. Ceux qu’elle a reçus de l’extérieur, ou même de l’intérieur de ses terres, à quelques exceptions près, ne sont pas connus. Les limites de notre recherche sont donc faciles à identifier, tout comme le serait la démarche qui permettrait de les repousser. Par exemple, il serait profitable d’entreprendre un travail similaire à partir de certains comptes de châtellenies de cette période, notamment celles situées aux frontières de la principauté, comme le Gapençais et l’Embrunais où les conflits avec les Provençaux ont créé le plus de remous46. Dans ces conditions il serait possible d’envisager une analyse relativement complète des lignes de communications émanant des institutions locales de la principauté de Dauphiné.
Notes de bas de page
1 B. Bligny, Histoire du Dauphiné, Toulouse, 1973, p. 161.
2 A. Lemonde, De la principauté delphinale à la principauté royale. Structures et pouvoir en Dauphiné au xive siècle, 5 vol., thèse de doctorat en histoire, Université de Grenoble, janvier 2000. Compte tenu des délais de livraison de notre article, nous n’avons que tardivement pu consulter la version éditée et remaniée de cette thèse : Le temps des libertés en Dauphiné. L’intégration d’une principauté à la Couronne de France (1349-1408), Grenoble, 2002.
3 Vernus-Moutin, « Recherches sur la réalité de la taille dans le bailliage des Montagnes du Dauphiné à la fin du Moyen Âge », dans Pierres de mémoires, écrits d’Histoire. Pages d’Histoire en Dauphiné offertes à Vital Chomel par l’association Patrimoines de l’Isère, A. Belmont dir., Grenoble, 2000, p. 145-154 et « Le bois et l’écrit. L’usage des bâtons de taille dans le Dauphiné médiéval » dans La pierre et l’écrit, Grenoble, 1991, p. 63-75. Ces articles sont extraits de la thèse d’I. Vernus-Moutin, La taille en Dauphiné, du Transport de 1349 à la révision de 1474-1476, École nationale des chartes, 1988, disponible aux Archives départementales de l’Isère. Alfred Fierro avait déjà utilisé et décrit ces cahiers de révision de feux pour ses recherches sur les cycles démographiques en Dauphiné. Il avait aussi eu recours aux deux enquêtes, l’une pontificale et l’autre delphinale, réalisées en 1339 en vue de la cession du Dauphiné à la papauté : A. Fierro, « Un cycle démographique, Dauphiné et Faucigny du XIVe au XIXe siècle », Annales, Économies, Sociétés et Civilisations, 1971, p. 941-959. Dans la même perspective, Gérard Giordanengo a décrit et édité une liste des châteaux, des propriétés et des fiefs du Dauphiné, qui illustre la compétence de l’administration delphinale sous la nouvelle direction des dauphins Valois, dans l’établissement des limites de son ressort : B. Nora-Esperguin et G. Giordanengo, « Propriétés et fiefs du Dauphiné au milieu du xive siècle : une liste de l’administration delphinale » dans Pierres de mémoires..., op.cit., p. 105-129.
4 Les documents 9b3 à 9b8 conservés aux Archives départementales de l’Isère [désormais ADI] ont été utilisés. Notons que deux lacunes marquent cette série : la première coupure s’étend d’avril 1364 à avril 1367 et la seconde de décembre 1369 à février 1370. Ces documents ont été décrits avec précision par V. Chomel, « Les recettes domaniales en Dauphiné d’après les comptes de Philippe de Gillier, trésorier général (1355-1364) », dans Mélanges André Villard, Marseille, 1975, p. 179-192. Pour bien mettre en contexte ces documents, notamment les premiers – ceux de Philippe Gillier –, il faut maintenant tenir compte des remarques formulées par Anne Lemonde au sujet du développement de l’office de trésorier du Dauphiné. A. Lemonde, De la principauté delphinale à la principauté royale..., op. cit., p. 376-387.
5 Sur les activités d’ambassadeurs menées par les conseillers dauphinaux il faut lire : A. Lemonde, Le Temps des libertés en Dauphiné..., op. cit., p. 213 et suiv. Par ailleurs, la fusion des rubriques de menuz messages et de grans legations sous le titre de Legations et messaigeries dénote les similitudes de genre qui rapprochaient les missions d’ambassade de celles d’envoi de courrier. Voir à ce sujet : M. Hébert, « Les sergents-messagers de Provence aux xiiie et xive siècles », dans Le petit peuple dans l’Occident médiéval. Terminologies, perceptions, réalités, P. Boglioni, R. Delort et C. Gauvard dir., Paris, 2002, p. 293-310.
6 Y. Renouard, « Comment les papes d’Avignon expédiaient leur courrier », Revue historique, 180 (1937), p. 1-29.
7 Il s’agit de Girard de Crémieu, Jean l’Aventure et Mathieu Pavaillon. Le nom de Jean Gagné, messager, n’apparaît qu’une seule fois.
8 Mathieu Pavaillon est qualifié ainsi pour la première fois en février 1360 et Girard de Crémieu en octobre 1368. ADI, 9B5, fol. 52 et 9B7, fol. 75v.
9 ADI, 9B5, fol. 61v. En 1357, 25 florins sont payés au messager Jean Aventure « tant pour aller acheter I roncin que pour des despens de retourner vers monseigneur le dauphin ». On perd ensuite la trace de cet individu qui est déjà actif en juillet 1356. ADI, 9B4-1, fol. 40v. Le lieutenant est à cette époque le représentant du dauphin en Dauphiné. L’office de gouverneur est créé le 7 octobre 1361. A. Lemonde, De ta principauté delphinale à la principauté royale..., op. cit., p. 382.
10 ADI, 9B5, fol. 62.
11 ADI, 9B5, fol. 81.
12 ADI, 9B6, fol. 80.
13 Sur les 155 chevaux de ces compagnies, 125 valent entre 15 et 25 florins delphinaux. V. Chomel, « Chevaux de bataille et roncins en Dauphiné au xive siècle », Cahiers d’histoire, 7 (1962), p. 5-23, ici p. 12.
14 Notons au passage que ces dépenses sont inscrites dans la rubrique des « grans legations ». ADI, 9B5, fol. 79v.
15 Ces frais se trouvent dans la rubrique « dons ». ADI, 9B5, fol. 43v.
16 ADI, 9b4-1, fol. 39v, au chapitre des « dépenses communes ».
17 ADI, 9B5, fol. 43v, dans la rubrique « dons ».
18 Sur cette importante et vieille question du don comme marqueur de relation, il faut tenir compte des travaux récents de N. Ζεμον-Davis, The Gift in Sixteenth-Century France, Madison, 2000, maintenant disponible en français : Essai sur le don dans la France du XVIe siècle, Paris, 2003.
19 ADI, 9B7, fol. 44v, dans la rubrique « dons a une fois ». Il s’agit d’ailleurs de la seule inscription dans ce poste de dépense.
20 ADI, 9B6, fol. 75v, dans la rubrique « Legations et messaigeries ». Robert de Lorris est décrit dans le compte comme « chevalier conseiller du roy notre seigneur », mais on sait par ailleurs qu’il était depuis plus de vingt ans de presque toutes les négociations importantes au nom du roi de France. R. Cazelles, Société politique, noblesse et couronne sous Jean le Bon et Charles V, Genève, 1982, p. 77-80. Pour le détail des événements voir : M. Prou, Études sur les relations politiques du pape Urbain V avec les rois de France Jean II et Charles V (1362-1370), Paris, 1888, p. 72.
21 ADI, 9B6, fol. 75v. Le gouverneur séjourna à Paris en avril 1368. U. Chevalier, « Compte de Raoul de Louppy, gouverneur du Dauphiné de 1361 à 1369 », Bulletin d’histoire ecclésiastique et d’archéologie religieuse des diocèses de Valence, Gap, Grenoble et Viviers, 1886, p. VIII et 1-74.
22 ADI, 9B7, fol. 49v.
23 ADI, 9B6, fol. 75v-76.
24 ADI, 9b7, fol. 49v-50v. Après 1375 Mathieu Pavaillon, qui n’était certainement plus d’un âge à faire de folles chevauchées, fut nommé huissier de la Chambre des comptes. A. Lemonde. Le temps des libertés..., op. cit., p. 234.
25 À cette époque il reçut d’abord des gages « pour plusieurs voiages qu’il avoit fait par plusieurs foiz » puis encore pour s’être rendu au Buis, à Briançon – au mois de février – et finalement pour une tournée des juges de Viennois-Valentinois, de Grésivaudan, d’Embrunais et du Briançonnais. ADI, 9b4, fol. 56-58.
26 ADI, 9b3, fol. 40 ; 9b5, fol. 60 et 61.
27 ADI, 9b3, fol. 45.
28 Les notices sont souvent assez laconiques même si les sommes versées sont parfois relativement importantes. Par exemple : « A Jehan Aventure, messager, envoié a plusieurs nobles deu Daulphiné par mandement du seigneur et quittance rendu sur ce... XX fl. » Le même compte permet de savoir que des messagers furent envoyés directement à certains châtelains, sans mentionner lesquels, « sur le fait du subcide nouvellement octroyé ». Le montant versé est de 39 gros. ADI, 9b3, fol. 41 v et 46.
29 Comme lorsque l’on demande au châtelain de Voiron de procéder à des négociations avec les gens du comte de Savoie à l’automne 1359. ADI, 9b4, fol. 35v.
30 ADI, 9b3, fol. 41v.
31 ADI, 9b3, fol. 39v.
32 Comme Anne Lemonde l’a souligné, au sens strictement juridique en Dauphiné il ne saurait être question d’une assemblée d’états avant 1388, mais sans le mot c’est déjà de cette institution dont il est question. Les aspects anthropologiques de cette institution sont l’objet de notre thèse de doctorat en cours. A. Lemonde, De la principauté delphinale à la principauté royale..., op. cit., p. 621-629.
33 ADI, 9b4, fol. 57v. A. Dussert ne mentionne pas dans la première de ses deux monographies sur les états du Dauphiné que cette assemblée a bel et bien été tenue. A. Dussert, Les États du Dauphiné aux xive et xve siècles, Grenoble, 1915.
34 Encore que la notice qui se trouve dans la rubrique des dons ne porte pas directement sur une criée : « A François trompette de monsieur le dauphin que notredit seigneur li a donne c’est assavoir pour la restitucion d’un roncin mort en son service XXV fl. Et pour faire ses deepens en alant en Daulphiné et retourner par devers notredit seigneur XV fl. » ADI, 9B4, fol. 29.
35 « A monsieur Jehan du Bois juge de Viennois et de Valentinois mandé venir a Romans ou il a esté X jours pour mandement du seigneurs et recognoissance renduz sur ce, XI flor. p.p. » [...] « A li envoie en la Terre de la Tour pour visiter les chasteaux des frontieres dudit baillage par mandement du seigneur et recongnoissance rendu sur ce, poié pour XII jours, X florins. » ADI, 9b3, fol. 46v.
36 Cette mission l’occupa deux semaines. ADI, 9b3, fol. 45.
37 ADI, 9b4, fol. 35v.
38 ADI, 9b6, fol. 75v.
39 ADI, 9b6, fol. 75 et 9b8, fol. 44.
40 C. Gauvard, « Rumeur et gens de guerre dans le royaume de France au milieu du xve siècle », dans Hypothèses 2000. Travaux de l’école doctorale d’histoire de l’Université Paris/Panthéon-Sorbonne, Paris, 2001, p. 281-292 et Ead., « Rumeurs et stéréotypes à la fin du Moyen Âge », dans La circulation des nouvelles au Moyen Âge. xxive Congrès de la SHMESP (Avignon, 1993), Paris, 1994, p. 157-177.
41 ADI, 9b5, fol. 52.
42 ADI, 9b5, fol. 58v.
43 ADI, 9b8, fol. 44v.
44 ADI, 9b4, fol. 37.
45 ADI, 9b5, fol. 53v.
46 D’ailleurs à ce sujet Anne Lemonde a brièvement noté dans quelques passages de sa thèse que les dépenses de ces circonscriptions faisaient parfois une large part aux envois de messagerie.
Auteur
Université du Québec à Montréal
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