Messagers, rapporteurs, juges et « voir-disant »
Les hérauts d’armes vus par eux-mêmes et par d’autres dans les sources didactiques (xive-xvie siècles)
p. 233-245
Texte intégral
1Auxiliaire au service des seigneurs de tous rangs, le héraut, au Moyen Âge, sert régulièrement de messager, publie le tournoi à venir, crie le nom des jouteurs et, à la guerre, sait reconnaître les combattants. Il proclame aussi les nouvelles dignes d’intérêt1, et renseigne les chroniqueurs sur le déroulement des faits des batailles dont il est le témoin oculaire. C’est donc à plus d’un titre que les historiens d’aujourd’hui présentent le héraut d’armes comme un spécialiste de la communication.
2Or, la définition du métier de héraut, de même que sa raison d’être, est loin d’être arrêtée à ce jour2. La difficulté principale tient au fait que les officiers d’armes3, polyvalents de nature, assument une variété importante de fonctions qui diffèrent souvent d’un héraut à l’autre. Ma contribution au sujet consistera à présenter quelques éléments de la vision que les hérauts d’armes avaient d’eux-mêmes et de leur office à la fin du Moyen Âge. Je puiserai pour ce faire dans des écrits issus du milieu de l’office d’armes à une époque charnière de son histoire. Quelques hérauts ont en effet rédigé, à partir du dernier quart du xive siècle, des compilations didactiques destinées les unes à l’apprentissage des novices poursuivants, les autres aux hérauts plus aguerris, soucieux d’avoir sous la main un aide-mémoire propre à leur métier. Remplis d’enseignements pratiques entrecoupés de théories et de récits sur les origines de l’office, ces recueils composites constituent un terrain d’enquête unique pour étudier la relation des hérauts avec l’information et sa circulation au Moyen Âge4. Entre la théorie des manuels et leurs fonctions de tous les jours, se dessine un portrait idéalisé du héraut d’armes qui montre l’importance du rôle dont il se croyait investi.
Plus que de simples messagers, des rapporteurs ou « enquereurs »
3Seuls quelques textes, sporadiquement copiés au sein des matières enseignées, sont précisément rattachés au monde de l’information. Par exemple, un formulaire énumère soigneusement les différentes formes de salutations que le héraut doit utiliser lorsqu’il se présente devant tel ou tel comte, duc, prince, pape ou devant une assemblée5. Des listes de formules de remerciements du même genre, destinées à être prononcées après un tournoi devant les seigneurs s’étant montrés généreux à l’égard de l’office, sont de nature comparable. D’autres listes ont pour but de classer hiérarchiquement les nobles de toutes les régions en fonction de leurs allégeances les uns aux autres. Reflet de la hiérarchie sociale et de l’importance de son respect dans les manifestations publiques, ces matières permettent au héraut d’observer le protocole requis devant des personnages aux statuts différents ou, à tout le moins, d’éviter de créer des incidents diplomatiques par sa maladresse. La circulation de l’information est sujette à des codes de comportements précis que les employés subalternes ne peuvent se permettre d’ignorer. Globalement, ces textes forment un tout apparemment utile ou considéré comme tel pour l’exercice de la fonction.
4En marge de ces courts enseignements s’adressant au héraut porteur de message ou chargé d’ambassades, les récits de l’origine légendaire de l’office incluent une définition du métier infiniment plus théorique, en tous points explicite des ambitions non dissimulées de leurs auteurs.
5Les hérauts que l’on y découvre ne se qualifient pas de simples messagers, mais plutôt de « justes rapporteurs » des plus hauts faits de la noblesse et de la chevalerie. Au nom de tous ses collègues, Jean Courtois († 1436), héraut Sicile, explique que « tel noble office est pour clariffier et vérité dire des fais des battailles et proesses d’armes »6. À la guerre, ils exercent leur travail en suivant Lost de près, puisque, par exemple « quant ce vient à la desconfiture, ilz doivent regarder lesquelz fuyent et lesquelz poursievent, pour en avoir mémoire et en faire léal rapport en temps et en lieu, sans faveur aulcune »7.
[...] Car par l’office à eulx enjointe telz hommes ont à clariffier et vérité dire en toutes choses, et faire clers les obscurs fais des battailles, et estre sans faveur pour nesu ne des parties, mais en dire et rapporter la pure vérité, non plus pour son propre prince que pour sa partie adverse, ne pour aultre. Car vérité, si comme dist Aristote ou livre de Éthicques, est préférée à amistié.8
6Plusieurs chroniqueurs bien connus partagent visiblement cette conception du rôle du héraut9. Froissart (1337-après 1404), qui semble du même avis, écrit que « par droit [les hérauts] sont et doient estre juste inquisiteur et raporteur » ; Mathieu d’Escouchy (vers 1420-après 1482) les dit de leur droit être « justes enquereurs » et son contemporain Jean Molinet (1435-1507) les qualifie de « justes et diligens enquereurs, bien instruis et vrai relateurs »10. Les références de ce genre aux hérauts ne sont pas rares dans la littérature historique du xve siècle en un temps où, pour reprendre l’expression de Philippe Contamine, « l’on se figurait encore et toujours que dans la guerre les prouesses individuelles avaient droit à la première place et où l’écriture de l’histoire passait d’abord par le récit des hauts faits »11.
7Le héraut des manuels a donc conscience de sa qualité et considère que communiquer à qui de droit ce qu’il voit et ce qu’il a vu est l’un de ses devoirs. Plus encore, sa fonction exige qu’il fasse connaître ses informations non seulement au hasard de ses rencontres, mais sur une base régulière à ses employeurs et à la noblesse en général. Lorsqu’il s’informe et informe, il accomplit donc ce pour quoi il est mandaté12. Il s’acquitte de cette tâche oralement ou par écrit, selon les besoins du moment et la nature de ce qu’il doit rapporter. On compte notamment sur lui pour tenir à jour, contre rémunération, les registres de la noblesse et pour consigner par écrit les noms des chevaliers nouvellement anoblis ou encore ceux des chevaliers élevés au rang des bannerets13. Sachant idéalement lire et écrire, le héraut, ajoutent les traités, doit également consigner le récit de ses expériences de travail14.
Plus que des rapporteurs, des juges du « droit d’armes »
8Se dire messager, rapporteur ou « enquereur » est une chose, se qualifier, de fil en aiguille, de « juge d’armes » en est une autre. Or, c’est bien à cette fonction de juge que les hérauts des manuels tiennent à rattacher leur métier. Selon eux, et depuis des temps immémoriaux15, les hérauts ont pour fonction première de juger du « droit d’armes ». Ce droit, à la définition assez vague, se constitue des codes d’honneur de la noblesse, combinés à ceux de la chevalerie et de la guerre.
9Que jugent-ils en pratique, et dans quel contexte ? Là encore, les manuels sont très peu explicites, même s’il ne s’agit visiblement pas, pour les hérauts, de s’attribuer l’autorité suprême du tribunal martial qui appartenait très clairement à d’autres qu’eux. Leurs responsabilités sont néanmoins importantes, ne serait-ce qu’à leurs yeux, et consistent principalement à identifier les meilleurs chevaliers au sein de la mêlée, en ville comme à Lost. Cela sous-entend que les hérauts peuvent les identifier à distance, à la fois par la qualité de leurs actions et nominalement, grâce à leurs armoiries.
10Par leur jugement et la communication de leur savoir, les hérauts aident donc leur roi ou leur seigneur de quelque rang que ce soit, à récompenser les plus vaillants combattants à la mesure de leurs prouesses, pour le plus grand bien de la justice du royaume. Ils savent donc identifier non seulement les chevaliers du pays, mais aussi ceux des principales contrées voisines par leurs armoiries, visibles sur leurs écus, sur leur bannière, sur la housse de leur cheval, etc.16 Ils s’appuient ce faisant sur leur connaissance des valeurs et des actions guerrières les plus estimées de l’époque. Les hérauts, en somme, comme dit Sicile, relèvent d’un « office, qui est de congnoistre et dire vérité des notables fais d’armes, et sçavoir quel est honneur en champ, pour attribuer à chacun en fais d’armes selon sa mérite »17.
11Les hérauts, dans d’autres légendes, s’attribuent un pouvoir de récompense plus direct et hautement symbolique. Dans ces récits, c’est à leurs bons soins et à leur compétence qu’est confiée la création des armoiries de tous les nobles18. L’empereur de Rome aurait ainsi ordonné le premier :
[...] que à tous ceulx de nostre ost qu’ilz [les hérauts] sçaveront les plus vaillans, qu’ilz donnent à chascun certain blason pour enrichir et embellir leurs escus, les plus riches et nobles, selon leur conseil et advis, que chascun déservira à avoir selon sa vaillance et vertu, et que ilz penseront au juste estre dignes de porter.19
12Les hérauts ont donc tout avantage à connaître l’essence même des armoiries ainsi que leurs règles, leur symbolisme et le langage du blason utilisé pour les décrire. Toute cette matière leur permettra de créer et de « décoder » les armoiries qui renferment, selon les croyances du temps, non seulement l’identité, mais aussi la personnalité et l’histoire des individus.
13Dispensateurs des normes, sorte de gardiens de la tradition, les hérauts servent de référence à la joute et aux tournois pour tout ce qui concerne l’usage des armoiries, leur composition, la façon de les suspendre aux fenêtres, l’aspect réglementaire de leurs cimiers, etc. Par exemple, en théorie tout au moins :
Avant ce qu’ilz [les jouteurs] puissent estre comptés du nombre pour passer oudit tournoy, il fault que le roy d’armes ou hérault qui doibt porter la bannière ou pennon jure sur le serrement qu’il doibt à noblesse que tous les toumoyans soubz laditte bannière ou pennon dont il a la charge, sont gentilz-hommes et nobles de quatre costés.20
14Durant le tournoi, ils prennent place sur l’estrade des juges ou se positionnent de façon à pouvoir prendre note du déroulement général de l’affrontement et à intervenir en tant qu’arbitres s’il le faut. On leur demande par ailleurs leurs avis sur les gagnants des prix à décerner, lesquels récompenseront des prouesses et qualités définies à l’avance. Ils sont officiellement chargés d’annoncer et de présenter, en compagnie des dames et de toute l’assemblée, les prix aux heureux élus à la fin de la dernière journée. Enfin, ils proclameront, contre rémunération, les noms des vainqueurs et leurs exploits aux endroits appropriés de la ville. Là encore, les enseignements des manuels incluent une part de réalité tout en systématisant beaucoup trop le rôle des hérauts dans ces événements.
15Il convient aussi de noter que la qualité de « juges d’armes » des hérauts ne repose pas uniquement sur leurs seules compétences armoriales et sur leurs responsabilités à la guerre ou aux tournois. Experts en fait de noblesse et de chevalerie, les hérauts reconnaissent et jugent à leur juste mesure les différents mérites des seigneurs qu’ils côtoient au quotidien. Ils savent donc comparer les vertus, présentes ou passées, des chevaliers de leur royaume à celles des chevaliers voisins ou étrangers et déterminer les qualités qui font d’un individu le dixième Preux, le « Meilleur chevalier du Monde », ou l’un des « Meilleurs Trois ». Ils bâtissent de leur voix, moins souvent par l’écrit, la renommée de ceux qu’ils croient dignes de leur attention, sans égard (disent-ils) à la richesse ou à l’importance des dignités des personnes.
16En somme, les hérauts « se pevent appeller officiers de toutes vertuz »21. Ils contribuent à la glorification de la noblesse et à la conservation des idéaux chevaleresques en temps de paix comme de guerre. L’auteur du traité de Banyster pousse la note encore plus loin et affirme :
Sans lesquieulx officiers nul prince ne doit jugier honneur ne vaillance en fait d’armes sans les y appeller, non plus que ung prelat touche en matiere de la foy jugier sans l’oppinion des docteurs et clergié.22
17Relayeurs d’informations de diverses natures, les hérauts savent cependant que leur tâche est délicate et qu’il leur sera profitable de taire certains types d’informations appris par eux lors de leurs déplacements. À de nombreuses reprises, on rappelle par exemple qu’ils doivent à tout prix, surtout en temps de guerre, « tenir secret tout ce qu’ilz verront tant de l’ung comme de l’autre, soit de nombre de gens, d’ordonnance de battailles, ou d’aultre chose », et, en général, ne rien dévoiler de l’ennemi à leur propre camp et vice versa, « car sans ce, foy ne serait à adjouster à eulx, et seroient réputés et tenus pour espies »23. Dans de toutes autres circonstances, ils garderont avantageusement le silence sur des faits dont le récit pourrait ternir l’honneur de la chevalerie24. Or, le but avoué de ces « restrictions » de communication n’est pas, comme on pourrait le croire, d’assurer dans ces cas précis la sécurité du héraut ou même de lui éviter des représailles (dans le cas d’espionnage, la peine de mort) que de telles fautes ou imprudences ne manqueraient pas de lui attirer.
Le « contrat » implicite entre l’office d’armes et la noblesse : serments, baptêmes et tabards
18Le héraut accepte de se conformer ainsi à une éthique de l’information parce qu’il croit sincèrement que le propre de son office est de servir la noblesse dans sa totalité, tous individus confondus. L’employeur ultime qu’il sert de par son serment et de son propre chef est l’institution de la noblesse en tant qu’idéal de société25. S’il admet la nécessité de recevoir son salaire ordinaire d’un seul seigneur, prince ou roi, il rappelle volontiers que de l’existence de son office dépend non seulement le « bien public » du royaume, mais aussi l’ordre de la noblesse et de la chevalerie dans son rayonnement comme dans sa cohésion, au-delà des querelles entre les nations et les autres entités locales26.
19À l’origine, l’office d’armes est le fruit d’une création concertée de l’empereur qui s’en est, par le fait même, attribué en théorie le contrôle total. Nul ne peut donc, en principe, créer de nouveaux hérauts sans l’autorisation des plus hautes autorités de l’époque27. Il va sans dire que cet élément entièrement fictif est ignoré en pratique, car quiconque le veut et en a les moyens se dote d’un ou de plusieurs hérauts d’armes sur une base régulière ou seulement temporaire.
20Les hérauts décrivent leur service à la noblesse comme une entente tacite qui voit les deux parties bénéficier de termes librement acceptés de part et d’autre. Les clauses de ce « contrat » sont implicites depuis l’origine de l’office. L’empereur et ses successeurs ainsi que leurs délégués de toutes dignités ont reconnu le besoin de créer et d’entretenir l’office pour des raisons qui demeurent valables à toutes les époques. Ils peuvent, grâce aux hérauts, reconnaître dans la masse leurs plus vaillants chevaliers et être de ce fait à même de les récompenser chacun à leur juste valeur. En contrepartie ils dotent les hérauts de privilèges, leur fournissent un salaire équitable et une pension qui leur permet de terminer dignement leurs vieux jours. Tous, sans exception, accordent respect et bienveillance aux officiers d’armes et voient à la gestion continuelle de leur groupe.
21Plus encore, la noblesse donne aux hérauts deux preuves tangibles et hautement symboliques de son accord et de son appui à leur métier. Tout d’abord, après avoir directement reçu d’eux un serment qui leur est propre, les seigneurs les baptisent à leur plaisir d’un nom d’office à l’aide d’un gobelet rempli de vin ou d’eau. Le geste n’est assurément pas sans importance. Le héraut n’est-il pas l’un des rares, sinon le seul officier que les pouvoirs publics dotent, sur une base individuelle et pour la vie, d’un nom d’office qui lui soit totalement personnel ? En second lieu, les créateurs de hérauts leurs remettent un tabard armorié de leurs propres armes qui les identifient à eux de façon permanente. Le héraut ainsi nouvellement nommé et habillé, non armé, obtient un statut d’ambassadeur « officiel », c’est-à-dire qu’ouvertement et publiquement, il représente son seigneur et appartient à sa maison28. La symbolique associée au tabard armorié est importante. Pour le héraut, il représente l’endossement d’une nouvelle dignité et le commencement d’une nouvelle vie. Car, explique-t-il :
Chascun prince ordonnant son hérault, lui donne ses propres armes et lui met son propre nom, sans y mettre nulle différence, en signe que sans différence il se aide de lui en touttes choses entièrement ès fais des batailles, de dire vertueusement, sans intervalle, fiction ou délay. Car ainsi que le prince de qui sont les armes ne vouldroit que on feist honte ne reproche en ses armes, aussi ne doibt faire ne dire celuy qui les porte.29
22Les armoiries du tabard sont identiques à celles de l’employeur et elles sont non brisées « affin que il y euist distinction entre les aultres, par laquelle distinction desdittes robes feust congneue l’affinité de noblesse et amistié fraternelle »30. À l’instar de la tunique des diacres qui récitent l’Évangile, la tunique symbolise également, aux yeux du héraut, son engagement total à dire la vérité et les qualités de pureté et d’impartialité qu’il doit incarner tout au long de sa carrière31.
23Car le héraut, de son côté, s’engage à remplir honnêtement les exigences requises par l’entente originelle. Si, selon la légende, les tout premiers nommés à l’office étaient des chevaliers nobles et expérimentés, âgés et à la retraite, leurs successeurs sont de plus humble condition. Ils ont acquis leur fonction par leur mérite uniquement, lequel présume un apprentissage sur le terrain, des qualités personnelles au-delà de tout reproche, et un engagement total et quasi irréversible à leur office.
24Prenant bonne note de la haute responsabilité confiée aux hérauts, les auteurs précisent que n’entre pas qui veut dans l’office d’armes. Le poursuivant ou « clerc en armes » doit être jeune mais pas trop, âgé d’au moins 20 ou 25 ans, « bien emparlé et endoctriné, habille et de bonne volenté », « bien famé et renommé, extrait de bonne preudhommie, et que de ce appère souffisament »32. Il doit avoir voyagé :
[...] par le monde ès ditz royaulmes, provinces et cités, pour veoir, aprendre et congnoistre les grans fais, battailles, honneurs, estais, noblesses et magestés des grans seigneurs de par le monde [...] pour mieulx congnoistre et jugier de tous fais de noblesse et de droitz d’armes et exaulcier ceulx qui sont vaillans.33
25Doté d’une expérience acquise pendant de longues années, sept ans à l’instar de l’écuyer en formation de chevalerie, l’apprenti est promu héraut par une cérémonie au cours de laquelle, devant ses collègues de l’office, il jure serment à son nouvel employeur. Une fois en place, qu’il le veuille ou non, il conservera sa profession chèrement acquise jusqu’à sa mort, avec tous les droits et obligations que cela suppose34. La hérauderie est en quelque sorte un état, un ordre dont on est investi pour le restant de ses jours. Les éléments du serment à prêter révèlent en outre qu’une éthique définie, perçue comme une sorte de code d’honneur professionnel, à l’image des lois chevaleresques, dicte la conduite des membres de l’office. Ils promettent par exemple de veiller sur les femmes, les veuves et les orphelins, de ne jamais médire d’amour et de donner assistance aux nobles quels qu’ils soient et partout dans le monde, etc.
Les « Voir-disant », ou diseurs de vérité
26L’entente entre l’office d’armes et la noblesse s’accompagne, dans l’esprit du héraut, d’une obligation de toujours dire la vérité. Il s’engage donc à le faire en tout temps et en tous lieux. Cette qualité lui est essentielle pour bâtir et conserver sa crédibilité auprès de tous. Comment pourrait-il d’ailleurs assumer sur d’autres bases les fonctions de rapporteur et de juge d’armes ?
27Il n’est pas anodin que, selon le traité de Jehan Hérard, les premiers officiers d’armes furent des pucelles, symboles par excellence de la pureté35. On trouve également un autre récit tenant que les premiers officiers furent au contraire les anges du paradis qui se chargèrent de communiquer aux hommes les messages de Dieu36. Tout porte à croire que le héraut des manuels se conçoit en quelque sorte comme un humain désincarné, un être quasi divin de par son serment de vérité et de par son impartialité qui le fait se situer en marge des passions humaines. Régulateur des honneurs, juge des prouesses, le héraut est l’auxiliaire non des hommes, mais de Dieu dans son rôle de justicier délégué aux représentants de Dieu sur terre. Bref, son type d’information est le type ultime, car au-delà de tous les petits détails, ce qu’il communique aux rois, aux princes et aux seigneurs, c’est la vérité. Et la vérité vient de Dieu, est Dieu.
28À ce sujet, plusieurs œuvres tant anciennes que modernes font référence au surnom de « Voir-disant » qui avait été attribué dans l’« ancien temps » aux détenteurs de l’office. Contrairement à ce que de prime abord on pourrait penser, le surnom ne se rapporte pas au verbe « voir », ou regarder, mais bien à l’adjectif et nom « voir », signifiant, à partir du xiie siècle, ce qui est « vrai », ou la vérité. Il faut en comprendre que les hérauts, ou « Voir-disant », s’attribuent rien de moins que l’appellation de « diseurs de vérité ». Jules César les aurait nommés ainsi parce qu’ils « promettent sur leur foy que n’en faire ne dire que la vérité »37. Ce surnom de « Voir-disant » est peut-être relié aux proclamations anciennes de tournois des hérauts qui se terminaient par cette phrase apparemment immuable : « Il dit voir le héraut »38, c’est-à-dire : « Il dit vrai le héraut. »
29Deux autres témoignages au moins semblent faire référence, à l’extérieur des compilations héraldiques, au nom de « Voir-disant » des hérauts. Le Tournoi de Chauvency de Jacques Bretel (1285) donne le premier, lorsque après avoir écouté la proclamation du tournoi à venir, le public s’écrie en parlant du héraut : « Il dist voir. »39 Le second, plus ironique, se trouve dans le traité de tournoi d’Antoine de la Sale qui explique qu’à son époque (1458) la science héraldique est réduite à néant et que si un héraut se mettait à décrire des armoiries dans son propre langage, on se moquerait de lui en lui disant : « Le hérault dist vray. »40
30Jusqu’à ce qu’on multiplie les exemples de ce genre, nous ne pouvons cependant qu’émettre l’hypothèse que le héraut a pu avoir, à une période donnée, dans la littérature sinon au quotidien, la réputation de dire la vérité, ou que, du moins, on pouvait compter sur lui pour répéter sans rien changer l’information qu’on lui avait confiée. Il se peut aussi, mais là encore, rien n’est sûr, que la phrase « Il dist voir » ait été utilisée de façon plus restreinte au seul moment de la proclamation du tournoi et avoir constitué de la part de la foule une sorte de réponse rituelle à l’acte de publication de l’officier d’armes. Quoi qu’il en soit, le nom, ou surnom, de « Voir-disant », demeure à mon avis une donnée méconnue de l’histoire des hérauts.
31Au tournant du xve siècle, les hérauts d’armes affichaient fièrement dans leurs écrits et compilations de très grandes prétentions dans l’exercice d’un métier qui, croyaient-ils, faisait d’eux une partie intégrante de la noblesse et de la chevalerie. Ils possédaient ou se disaient posséder, en plus de qualités et d’une réputation exemplaire, un type unique de connaissances qu’ils étaient chargés de communiquer sous diverses formes. À les en croire, cela suffisait amplement, en théorie, sinon en réalité, à les distinguer pour de bon des autres messagers ordinaires, des chevaucheurs, des crieurs, des trompettes, des musiciens et autres types d’amuseurs, des ambassadeurs de tous genres et des ménestrels, qui occupaient au quotidien des tâches parfois similaires, parfois complémentaires, parfois même concurrentes à celles des hérauts.
Notes de bas de page
1 Il proclame alors lui-même la nouvelle, ou se fait assister par d’autres personnages comme l’explique Jean Courtois († 1436), héraut Sicile (P. Roland éd., Parties inédites de l’œuvre de Sicile, héraut d’Alphonse V, roi d’Aragon, maréchal d’armes du pays de Hainaut, auteur du Blason des couleurs, Mons, 1867, p. 48) : « Souvent ce vient en ung ost que le chief ou capitaine veult faire publier aulcune chose touchant les fais de la guerre, le dit voir-disant [= héraut] doibt eslever la trompette et mener avec lui et en aller en lieu propice à ce, et illec doibt faire sonner la trompette par trois fois, et entre chascune fois faire pause pour plus y assembler de ceulx del ost, et puis doibt dire à la trompette mot après aultre ce qui lui est ordonné et commandé de faire sçavoir, et la trompette le doibt crier et publier. »
2 En plus des ouvrages cités en note dans cet article, voir principalement sur le sujet : P. Adam-Even, « Les fonctions militaires des hérauts d’armes. Leur influence sur le developpement de l’héraldique », Archives héraldiques suisses, 71 (1957), p. 2-33 ; A. R. Wagner, Heralds and Heraldry in the Middle Ages : An Inquiry into the Growth of the Armorial Function of Heralds, Oxford, 1939 ; Id., Heralds of England : A History of the Office and College of Arms, Londres, 1967 ; C. Boudreau, « Les hérauts d’armes et leurs écrits face à l’histoire. Enquête sur la diffusion du mythe des origines de leur office (xive-xviie siècle) », dans L’identità genealogica e araldica : fonti, metodologie, interdisciplinarità, prospettive. Atti del XXIII congresso internazionale di scienze genealogica e araldica, Torino, Archivio di State, 21-26 settemhre 1998, S. Ricci éd., Rome, 2000, p. 453-476 ; G. Melville, « Le roy d’armes des François, dit Montjoye », dans Anthropologies juridiques. Mélanges Pierre Braun, Limoges, 1998, p. 587-608. Sur les activités littéraires de hérauts, voir G. A. Lester, « The Literary Activity of the Medieval English Heralds », English Studies, 71 (1990), p. 222-222-229 ; B. Guenée, Histoire et culture historique dans l’Occident médiéval, Paris, 1980, p. 71-72 ; S. Cain van d’Elden, Peter Suchenwirt and Heraldic Poetry, Vienne, 1976 ; M. Keen, « Chivalry, Heralds and History », dans The Writing of History in the Middle Ages. Essays Presented to Richard William Southern, R. H. C. Davies et M. Wallace-Hadrill éd., Oxford, 1981, p. 393-414.
3 « Officiers d’armes » est une appellation qui, depuis le Moyen Âge, désigne les hérauts.
4 Dans ces recueils, les récits de la fondation légendaire de l’office côtoient sans ordre défini : des ordonnances, sorte de règlements pour le bon fonctionnement du groupe ; le texte des serments que les hérauts et les poursuivants d’armes devaient prononcer et la description du baptême qui marquait leur entrée en fonction. Sont aussi quelquefois rappelées les dispositions prises lors de la création de la chapelle du collège des hérauts de France à Paris en 1407, ainsi que les suppliques adressées au roi en 1408 et en 1434 visant à contrôler le nombre des officiers d’armes à l’intérieur du royaume. D’autres pièces enseignent l’art des tournois et des gages de bataille et, parfois, la façon d’organiser les obsèques des grands seigneurs. Enfin, des traités de blason sont régulièrement inclus et enrichis d’armoriaux qui cataloguent les armoiries de la noblesse sous forme de figures ou de descriptions écrites. À l’intérieur des compilations, ce qui, d’un autre côté, peut donner plus ample matière à réflexion, est l’insertion systématique d’œuvres, connues ou moins connues de l’époque, ayant pour sujet principal la noblesse, la chevalerie, la guerre, ou encore d’autres matières complémentaires telles la chasse ou la fauconnerie.
5 On y apprend par exemple que : « [S]e ung herault ou poursuivant estoit envoyé devers ung conseil ou il verrait que nul ne presidast de plus hault auctorité l’un que l’autre et que il y eüst prince, archevesques, evesques et gens de divers estas, il les doit saluer en disant : “Mes tres hault et tres redoubtez et honnourez seigneurs”. Et se le conseil estoit de gens de mendre estat, il devroit dire : “Mes tres honnourez et doubtez seigneurs”. Et se s’estoit en parlement : “Mes tres honnourés seigneurs”. Et se c’estoit en la chambre des comptes du roy : “Mes honnourés seigneurs”. Et semblablement en toutes cours souveraines. » L. A. J. R. Houwen et M. Gosman, « Un traité d’héraldique inédit : le ms. Londres, Collège des hérauts M 19, f. 79v-95 », Romania, 112 (1991), p. 488-521, ici p. 502.
6 P. Roland, op. cit., p. 124.
7 Ibid., p. 44.
8 Ibid., p. 53. Le serment d’office, que doivent en théorie prononcer les hérauts à leur baptême, stipule en outre que le héraut « rapportera justement les merites, biensfaiz ou vaillances d’armes qu’il verra faire et coingnoistra estre faiz pour touz nobles quels qu’ilz soient, amis ou ennemis, sans mentir à son pouoir pour faveur, amour, ne hayne, don, ne promesse faite ou à faire ». G. Melville, « Der Brief des Wappenkönigs Calabre. Sieben Auskünfte über Amt, Aufgaben und Selbstverständnis Spätmittelalterlicher Herolde (mit Edition des Textes) », Majestas, 3 (1995), p. 69-116, ici p. 108.
9 Voir P. Contamine, « Office d’armes et noblesse dans la France de la fin du Moyen Âge », Bulletin de la Société nationale des Antiquaires de France, 1994 (1996), p. 310-322 ici p. 317.
10 Les citations sont tirées de M. Stanesco, Jeux d’errance du chevalier médiéval. Aspects ludiques de la fonction guerrière dans la littérature du Moyen Âge flamboyant, Leyde-New York-Copenhague-Cologne, 1988, chap. XIII : « Le héraut d’armes et la tradition littéraire chevaleresque », p. 193-194.
11 P. Contamine, op. cit., p. 321.
12 Voir notamment le texte d’ordonnances pour les hérauts édité par P. Roland, op. cit., p. 41-44.
13 Ibid., p. 97-98 : « Item, celuy qui devient banneret et qui premiers lève bannière, doibt d’ordinaire al office d’armes là estant présent, la somme de dix livres parisis [...] Au moyen desquelz drois cy-dessus déclairez, tous les officiers d’armes y partissans sont tenus de le mettre en mémoire en leurs livres et registres la manière comment et où ce auera esté fait, adfin qu’il en soit mémoire, car ce ne se doibt mettre en oubly. » Ibid., p. 99 : « Item, tous ceulx qui sont anoblis de nouvel doibvent leur bon voloir al office d’amies estant présent à l’anoblissement faire. Et se le dit bon voloir et don est souffissant et raisonnable, iceulx officiers d’armes sont tenus de mettre en leurs livres et registres les noms et armes de iceulx nouveaulx anoblis [...] affin qu’il en soit mémoire pour leurs successeurs en temps advenir, en faisant mention en quel an et où ce a esté fait. »
14 Le traité en forme de questionnaire de Sicile précise en effet que les hérauts doivent « avoir et faire livres de droiz d’armes des batailles, des blazons et autres besongnes ou ilz auront esté », Paris, Bibliothèque nationale de France [désormais BnF], fr. 1983, fol. 46. Le roi d’armes de France aura pour sa part la responsabilité d’avoir « par escript la connaissance de tous les nobles chacun de sa marche tant princes que signeurs et aultres pour lors vivans, et, comme dit est, leurs noms, surnoms, blasons et timbres et nobles fiefz tant de par eulx que par leurs femmes affin que le roy soit souvent informés de la noblesse de son roiaume ». Cité par P. Contamine, op. cit., p. 320, d’après le ms. BnF, fr. 1968, fol. 49.
15 Selon Sicile, c’est Jules César qui le premier institua les hérauts et leur office, « pour les grans debaz qui souvent venoient davant lui de ses chiefz de guerre et autres vaillans homme pour les vaillances che chacun d’eulx disoit avoir fait pour acroissement de leur honneur, dont chacun ne povoit pas avoir la vroie cognoissance ». Pour remédier à cette situation, il créa les hérauts et « ordonna iceulx a estre rcgardans [...] et estre juges du droit d’armes pour faire a ung chacun droit », Traité en forme de questionnaire de Jean Courtois, héraut Sicile, Paris, BnF, fr. 1983, fol. 44v.
16 P. Roland, op.cit., p. 43 : « Item, se les ennemis et partie adverse viennent pour combattre, les dessusditz voir-disans doivent estre là près de leurs maistres pour congnoistre les confanons, enseignes et blasons de iceulx ennemis. Et se leur chief ou aultre noble homme, soit chevallier ou non, leur demandent quelz confanons ou enseignes ce sont, ilz leur en doivent sçavoir à dire. »
17 Ibid., p. 56. L’auteur anonyme du Débat des heraulx d’armes de France et d’Angleterre, rappelle aux hérauts qu’ils doivent « dire vérité en armes et departir les honneurs a qui ilz appartiennent », L. Pannier et P. Meyer éd., Le débat des hérauts d’armes de France et d’Angleterre suivi de The Debate between the heralds of England and France by John Coke, Paris, 1877, p. 1.
18 Sans doute cette forme de savoir (et donc d’information) est-elle moins recherchée sur les champs de bataille, mais elle fascine grandement les nobles de la fin du Moyen Âge qui ne dédaignent pas de posséder dans leur bibliothèque un traité de blason rempli de listes d’équivalence des couleurs d’armoiries – les unes aux planètes, les autres aux pierres précieuses, etc. – et donnant la description symbolique des principales figures utilisées.
19 P. Roland, op. cit., p. 42.
20 Ibid., p. 192.
21 L. A. J. R. Houwen et M. Gosman, op. cit., p. 511.
22 Ibid.
23 P. Roland, op. cit., p. 44. Bien que Sicile rapporte pareillement un peu plus loin que « Souvent advient aussi que lesditz voir-disans [...] sont envoyés par leurs maistres ou aultres seigneurs hors du pays, se ainsi est que les ennemis de leurs maistres facent aulcunes embusches en bois, en champs ou ailleurs, et ils se descœuvrent et se amonstrent audit voir-disant, il est tenu de les celer et passer oultre, faindant qu’ilz n’en sache riens, et s’il advient qu’ilz viengnent parler à lui, il les doibt attendre et oyr ce qu’ilz lui diront et ne les doibt desceler », il exprime ensuite son désaccord au paragraphe suivant.
24 Par exemple : « Je vous dy que touz roiz et heraulx d’armes doiuent celer et garder l’onneur de toutes dames et damoiselles, et doncques doiuent-ilz celer les amours voluntaires [...] Et, puisqu’ilz sont tenuz et par serment de celer et taire ces amours-cy, par plus forte raison doiuent celer les amours honourables et raisonnables. [...] Item, qu’il gardera et maintiendra l’onneur de touz chevaliers et seigneurs, et de toutes dames et damoiselles, quelque party qu’ilz tiennent, et cellera leurs deshonneurs à son pouoir », G. Melville, op. cit, p 105 et 108.
25 Le serment des hérauts tel qu’il est rapporté par Sicile le précise par deux fois : « Item, en les ordonnant commanda les faire jurer sur la loy que non pas seullement aux ordonnans, mais à tous les aultres roix et princes, garderont féablement leurs secrés et augmenteront les honneurs, proesses et loenges de eulx et des nobles », et « Premiers vous jurés [...] de tout vostre pooir vous servirés léallement monseigneur vostre maistre tel, et tous princes, seigneurs, dames, damoiselles, gentilz hommes et gentilz femmes, en quelque estat qu’ilz soient et où qu’ilz soient, vefves, pucelles, orphenins et orphenines. Et en touttes manières vous tendres en secret ce qui sera à céler... », P. Roland, op. cit., p. 57 et 89.
26 Par exemple, le traité de Jehan Érard relate la chute et le redressement légendaire de l’office en ces termes : « [...] dont pour ceste cause [la chute de l’office] y eubt entre les seigneurs grandes dissensions, et occisoient les ungs les aultres ; et demoura par moult longtemps l’office en grand désolation, et tant que pour en parler vrayement, il n’estoit roy ne seigneur quy osast envoyer l’ung vers l’autre [...] Par quoy il fut regardé par les plus puissans princes qui alors reignoient, que se ceste manière de malvaistié duroit mais longuement, ce seroit à la confusion et au déshonneur de toutte noblesse et gentillesse, tant d’une partie comme d’aultre », ibid., p. 82.
27 Par exemple, dans le traité de Banyster : « Et comme dient les anciennes histoires, nulz de quelque estat qu’il soit, ne doibt faire heraulx s’il n’est roy, duc, conte, prince, baron, et de si grande antiquité que a paine soit il memore de sa lignye dont il est descendus. Et encore ne le peult il faire se n’est par le congié et licence de son prince », L. A. J. R. Houwen et M. Gosman, op. cit., p. 499. Voir également P. Roland, op. cit., p. 57.
28 Il est dès lors, en théorie, protégé contre les représailles tant à l’étranger qu’au pays, et, surtout, libre de tout soupçon d’espionnage.
29 P. Roland, op. cit., p. 53.
30 Ibid., p. 57.
31 « [E]n aprés ensuit la significacion de costes d’armes, lesquelles en leur propre nom se doivent appeller tuniques, car elles sont faictes ou doivent estre en celle façon, et en ce mesme nom les vestent les diacres pour dire l’evvangille, laquelle est vraye verité [...] et en celle significacion se peuvent appeller verité », L. A. J. R. Houwen et M. Gosman, op. cit., p. 509.
32 P. Roland, op. cit., p. 87.
33 Ibid., p. 52.
34 Ibid., p. 90-91 : « [...] et n’est possible qu’il puisse renoncier audit office de hérault, sinon par trois cas. Le premier, est par devenir chevallier. Le second, est par devenir homme d’Eglise, et le troisième, est par commesttre criesme et desservir peine capital » ; « Item, [...] depuis que le poursievant est parvenu au degré de hérault, il demeure hérault toutte sa vie ; c’est à entendre qu’il ne poeut renoncier audit office, ne aussi n’en point estre privé [...] Et en tant que par paresce ou richesse ou par aultre cas, il ne veulle plus user del office d’armes, si ne poeut, il ne doibt refuser à gentilhomme de le servir touchant ledit office, s’il le requiert de chose raisonnable, ou aultrement il faulseroit son serrement et sa foy », ibid., p. 94.
35 Auteur du xive siècle dont on ne sait rien. Son traité est inclu dans la compilation héraldique du héraut Sicile. Ibid., p. 81-86. Sur la relation symbolique entre les hérauts d’armes et les pucelles de la légende, l’auteur du traité de Banyster ajoute : « Et ne deult estre nul en cest office [...] qu’il ait toutes les condicions qui appartiennent a estre en une pucelle, que pour les biens et meurs qui y doivent estre en fust l’office premierement creé, et sur toutes choses voir disant et veritable come l’evvangille. » L. A. J. R. Houwen et M. Gosman, op. cit., p. 499.
36 Cette légende occupe quelques folios du traité héraldique contenu dans le ms. Londres, British Library, Egerton 1644, fol. l-8v. Voir par exemple les extraits suivants : « (2v) Et pareillement come angelz anoncerent la resurexcion, a ceste exemple doibvent les herraulx noncier aux princes de l’un a l’autre les nouvelles de leurs esjoissemens et du ressuscitement de la chose publicque. [...] (3r) Et par comparaison office d’angel et office de herrault se concordent et ressamblent egallement quand a office comme dit est. »
37 P. Roland, op. cit., p. 41.
38 Voir notamment ibid., p. 186-189.
39 « Et li hiraus en haut s’ezcrie :
“Oiéz que la bachelerie
De la teste vos fait savoir,
Que ja demain ni puet avoir
Joustes, et qui au chans trairoit
Ne qui pour jouster s’armeroit,
Il avroit perdu le cheval.
Atant est descendus aval”,
Et tuit escrient : “Il dit voir.” »
Cité dans A. R. Wagner, Heralds and Heraldry..., op. cit., p. 128.
40 « Et qui, aujourd’huy, en cest royaume, qui est l’escolle d’armes et d’onneurs, le [i.e. blasonner à haute voix], feroit, se tendroyent à déshonnorez, et les simples nobles hommes s’en mocqueroient, et leur diroient : “Le hérault dist vray.” », B. Prost, Traités du duel judicaire, relations de pas d’armes et tournois par Olivier de la Marche. Jean de Villiers, seigneur de L’Isle-Adam, Hardouin de la Jaille, Antoine de la Sale, etc., Paris, 1872, p. 197. Je remercie Torsten Hiltman pour cette citation.
Auteur
Autorité héraldique du Canada
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