Les crieurs publics à la fin du Moyen Âge
Enjeux d’une recherche
p. 203-217
Texte intégral
1Le crieur est un personnage banal du monde médiéval. On le retrouve tant dans les hôtels princiers que sur les places publiques, fussent-elles de villes d’importance ou de l’espace rural. Est-ce cette banalité même qui le rend si peu présent dans l’historiographie ? On est en effet frappé du faible nombre de travaux qui lui sont consacrés en propre1. Son étude relève généralement, en passant, de l’histoire des institutions royales ou municipales. Il y apparaît alors comme le dernier maillon, de moindre importance, d’une chaîne administrative. Pourtant, il nous semble trop limité de le considérer simplement comme la voix du pouvoir, un vecteur neutre en quelque sorte des messages qu’il doit diffuser. On voudrait souligner ici, au contraire de ce point de vue, qu’autour du crieur se noue et se dénoue tout un ensemble de relations de pouvoir. Le crieur, dans toutes ses dimensions (physiques, symboliques, actancielles...), apparaît en effet, à la fin du Moyen Âge, comme un lieu d’ajustement des pouvoirs. Autour de sa personne, de sa fonction et de son action se synthétisent les rapports de force locaux et les dimensions symboliques du pouvoir médiéval. En ce sens, il y a bien une dynamique propre au crieur public. Elle doit être replacée dans les discussions sur l’espace public médiéval car l’action du crieur ne fait sens que dans ses relations avec les autres acteurs2.
2Avant d’en venir à notre analyse, il convient de souligner la variété relative de ces crieurs publics. Certains se concentrent sur leurs missions de proclamation (tant par ordre des autorités que pour des besoins privés avec dues rémunérations), d’autres s’occupent de différentes tâches, celles de geôlier, de messager ou de « fermier du mesuraige de charbon »3, notamment les sergents dont le cri n’est qu’une des attributions. Il arrive cependant qu’un sergent se spécialise dans les proclamations4. Le cri public relève de différentes autorités. On retrouve donc des crieurs au service du Prince, du seigneur ou de la ville. Il arrive aussi que des hérauts urbains soient envoyés pour faire des annonces d’une ville à l’autre. Les hérauts d’armes, quant à eux, accomplissent un certain nombre de cris lors des tournois ou pour annoncer la paix. Des huissiers effectuent, enfin, certaines proclamations5.
3La place de ces crieurs dans les sociétés médiévales n’est pas identique partout. À Toulouse, par exemple, certains semblent d’un rang relativement élevé6, d’autres, ailleurs, apparaissent bien modestes. Les identités professionnelles de ces crieurs varient donc selon leurs maîtres et leurs activités.
Un lieu d’ajustement des pouvoirs
Un lieu identitaire
4À travers le port de signes distinctifs, les crieurs publics – comme les messagers7 – affirment la présence du pouvoir dans l’espace public. Des marques vestimentaires, notamment un costume spécifique8, les distinguent souvent aux yeux des auditeurs. Ceux qui sont chargés de faire l’annonce à son de trompe se reconnaissent à cet attribut. La trompette est utilisée selon des modalités précises. À Aurillac, par exemple, les objets perdus par les particuliers ne sont criés que par la voix du crieur tandis que les cris des marchés, faits au nom des autorités urbaines et de l’abbé de Saint-Géraud, doivent être accompagnés par la trompe9. La trompe ici sanctionne le discours de l’autorité. Lors de l’expédition d’Italie, Charles VIII prend soin d’utiliser le trompette légitime de la ville de Sienne10.
5En plus des signes visuels, la lecture accomplie par le crieur contribue par elle-même à l’affirmation publique du pouvoir. Outre l’invocation du nom des autorités, les préambules des ordonnances et règlements rappellent souvent la définition du bon gouvernement médiéval, celui qui fait régner l’ordre, la justice et la paix. Les crieurs qui lisent les actes du pouvoir entretiennent ainsi l’image de la proximité de la personne royale ou princière, encore sous l’Ancien Régime comme le souligne Michèle Fogel11. De même, à Londres, au xive siècle, les proclamations générales faites au nom des autorités urbaines participent de l’autonomisation de leurs compétences en matière d’ordre public, qu’il s’agisse de la paix ou de la propreté12.
6Dès lors, on comprend le soin que peuvent apporter les autorités à la qualité de leurs proclamations. En 1433, la ville de Dijon demande au duc de Bourgogne l’autorisation d’utiliser une trompette à la place du cor : « Parce que plusieurs seigneurs et gens etrangers se moquent du cor, de ce que ce n’est pas une chose honneste, et que ce serait un plus grand honneur pour la ville d’avoir une trompette qu’un cor. »13 À Bologne, il faut aux trompettes une tuba bona et sonora14, et à Mons, en 1433, un postulant à la fonction de crieur est rejeté parce qu’il n’apparaît pas « bien ydosne de voix »15.
7Lorsqu’un nouveau pouvoir ou une nouvelle juridiction s’impose ou lors du retour d’un pouvoir contesté, le cri apparaît alors comme une marque de ce changement. À Laon, les lettres de Philippe VI de mars 1332, qui règlent l’administration, la juridiction de l’évêque et du chapitre sur la ville en supprimant la Commune, au profit d’un prévôt du roi, spécifient bien la nouvelle titulature des criées16. Ainsi que le rapportent les correspondances italiennes dites Annales avignonnaises, en avril 1403, la ville a rendu l’obéissance au pape Benoît XIII et « aujourd’hui on a commencé à faire la criée en son nom »17. Étudiant le cas de la Provence, Michel Hébert note que les nouveaux seigneurs (avec droits de juridiction) ordonnent, dès leur mise en possession, une criée publique18.
8Ce disant, il convient de souligner que cette expression identitaire véhiculée par le crieur est loin d’être figée. Elle est, au contraire, souvent l’objet de transactions. La maîtrise du cri public fait fréquemment partie des points de litige dans les querelles de juridictions et de pouvoirs19, notamment entre les villes et les seigneurs laïques ou ecclésiastiques.
Un lieu de transactions
9Le droit de faire le cri, détenu à l’origine par le seigneur haut-justicier20 – comme le rappelle l’abbaye Saint-Géraud d’Aurillac dans son différend avec la ville21 –, se négocie entre les pouvoirs et les modalités d’accomplissement des proclamations sont souvent définies à la suite d’arbitrages ou de compromis22. La transaction se matérialise dans l’organisation même de la criée. À Béthune, au xive siècle, une charte de Marguerite de France décrit l’arrangement entre le bailli et la ville. Les échevins n’ont pas besoin de prévenir ce dernier à l’avance du contenu de la publication, mais la présence de l’officier est nécessaire à son déroulement. Il ne peut pas refuser de se déranger ou d’envoyer un sergent23. Dans le ban de Saint-Remi à Reims, les officiers royaux apportent leur mandement de publication au maire, qui leur fournit un sergent24. Il arrive qu’au-delà des accords normatifs, la situation elle-même conduise à des négociations sur les modalités de publication. À Reims, en 1435, ce sont les habitants de la ville qui décident du moment de la publication de la paix d’Arras juste conclue :
Et alloit tout le peuple audevant eulx [les messagers] pour ouir les joyeuses nouvelles, et combien qu’ilz n’eussent point d’intention de les faire publier pour la journée, néantmoins, à la requeste des habitans, ilz se trahirent au pallais, et là fut publiée la paix à voix de cry et de trompette.25
10Les formules d’annonce des criées sont l’objet de transactions qui définissent les pouvoirs mentionnés (parfois selon le type de criées), l’ordre et la forme d’énonciation26. À Amiens, les criées de ventes de maisons ou biens immobiliers de bourgeois s’accomplissent traditionnellement avec l’annonce suivante, « De par lesdiz maieur et eschevins, au commandement des gens du roy nostre sire », formule à laquelle s’oppose le bailli, sans avoir gain de cause (1379)27. D’un même point de vue, à Digne, au milieu du xiiie siècle, la bannière du crieur public doit porter les armes de Charles Ier d’Anjou, placées au-dessus de celles de l’évêque28.
Un lieu de conflit
11Mais l’accord ne se fait pas toujours et les conflits sont nombreux, dans la définition des normes comme dans la pratique. Autour du cri et du crieur se cristallisent les querelles de juridictions29, les enjeux politiques ou les oppositions partisanes. Ces conflits peuvent se faire jour à tous les stades de l’action : lors de l’arrivée du texte à proclamer, dans la réalisation même du cri ou, enfin, lorsque la proclamation a déjà été effectuée. Ils opposent les villes, les princes et les seigneurs, parfois les institutions monarchiques les unes aux autres.
12Le premier niveau de conflit touche au refus même d’organiser la criée ou de la laisser s’organiser. Il s’agit alors, notamment pour les pouvoirs urbains, de retarder ou d’empêcher la publication de textes royaux qui leur semblent défavorables ou dangereux. À Châlons, en 1421, il semble au corps de ville qu’il n’est « point expediant de se haster de [...] faire publier » des lettres patentes sur les aides30. À Troyes, autre exemple, en octobre 1431, après une discussion entre les représentants de la ville et le bailli, on surseoit à la « publication » d’une ordonnance monétaire qui apparaît au « domaige du roi, de ses subgez et de la chose publique »31. Il en est de même à Toulouse, au xve siècle, cas bien étudié par Xavier Nadrigny : les registres de délibérations témoignent de publications qui sont refusées ou reportées32. L’autorité qui dispose du pouvoir d’organiser la criée peut interrompre ou manipuler le processus de diffusion de l’information selon les enjeux. Ce type de négociations se retrouve fréquemment au Moyen Âge, comme le montre aussi le travail de Klaus Neitmann sur les publications dans la Prusse de l’ordre Teutonique33.
13Les rapports de pouvoirs s’expriment ensuite dans l’organisation matérielle et symbolique de la criée. La procédure, en ses différents aspects (prise de décision, lieux, personnages engagés dans l’action), occasionne de nombreux conflits. L’espace public, compris ici comme les lieux concrets de la ville où se déploient les discours publics, apparaît souvent âprement disputé. À Aurillac, au xiiie siècle, dans la querelle entre l’abbaye et le consulat, des hommes de l’abbé ont « batu les cries et brisées les trompes avec les penancieaus lou Roi e les penancieaus foulet en la boue »34. Un témoin entendu lors de l’enquête de 1277-1284 explique que, dans les périodes de tension entre l’abbaye et le consulat, accomplit le cri celui qui le peut (quid poterat facere35.) À Saint-Quentin, au début du xive siècle, les maires et jurés de la ville s’opposent au bailli de Vermandois qui voudrait que les proclamations soient faites par qui il l’entend. Le corps municipal considère, au contraire, qu’il convient, secundum usus et consuetudines dicte ville, d’utiliser exclusivement le crieur (preconem) de la ville. Le Parlement donne raison au bailli36. Dans le Rouergue reconquis, où le sénéchal n’entendait pas, à ce qu’il semble, laisser les consulats accomplir leurs criées à leur guise, ceux de Villefranche et de Sauveterre obtiennent du roi la possibilité de faire les proclamations qui les concernent à « vois de trompe ou autrement »37. Le refus peut s’inscrire dans une chaîne d’actes violents : c’est le cas à Neufchâteau en 1376 où le maire et les notables refusent leur concours aux sergents de la prévôté d’Andelot qui viennent, sur ordre du bailli de Chaumont, crier un mandement royal sur les services de fief dus au roi et les francs-fiefs notamment. On verra plus loin que l’affaire ne s’arrête pas là. Les autorités municipales refusent également de fournir un crieur pour la publication des assises. Elles arguent du fait que Neufchâteau appartient au duché de Lorraine et n’est donc pas du ressort d’Andelot38.
14Les conflits portent encore sur les modalités de proclamation. Parmi d’autres motifs de plainte des échevins d’Arras contre les sergents du roi et de la comtesse de Flandre et d’Artois, au xive siècle, figure une publication jugée illicite : un sergent à cheval du bailliage est monté à la bretèche (le balcon de l’hôtel de ville, en général, destiné aux publications) pour une publication sur le change, en l’absence des échevins39. Klaus Neitmann donne aussi un exemple de ces enjeux centrés autour des personnes mêmes qui composent l’équipe de la publication40. Dans le premier tiers du xve siècle, les autorités de Thorn refusent la publication d’une coutume en présence d’un représentant de l’Ordre, ce qui place le commandeur dans l’alternative d’interdire la publication ou de renoncer à cette présence41.
15Si les formules de cri font l’objet de transactions, elles sont aussi source de conflits. Le chapitre de Lyon, à la fin du xve siècle, se plaint d’une publication ordonnée par le sénéchal et criée « de par le roi » sans ajouter « par les comtes de Lyon ». À quoi des habitants de Lyon répondent notamment que c’est au roi seul de faire la publication d’un édit qui le concerne42. La formulation doit servir à résoudre des conflits de compétences. Le prévôt de Paris s’oppose en 1476 à un cri des généraux des monnaies qui, prétend-il, relève de son attribution. Le Parlement lui donne raison et rajoute le prévôt dans la formule prévue en le plaçant juste après le roi. Le crieur mentionnera ensuite les généraux maîtres des monnaies43.
16La proclamation faite, les conflits ne cessent pas comme le montre, notamment, la dispute entre l’abbaye de Saint-Denis et le prévôt, un siècle auparavant (1365). Alors que l’officier a fait accomplir une publication sur les monnaies et la paix (avec Charles de Navarre), les religieux s’y opposent en arguant de leur exemption de la juridiction du prévôt. Ce dernier se défend en soulignant qu’il a bien fait crier la paix par l’intermédiaire d’un « moine sergent d’armes » mais que la monnaie, affaire propre de la souveraineté royale, relève de sa compétence44.
17Au-delà des affaires de juridiction (dont le cri n’est souvent qu’une composante), la proclamation publique assure la domination d’un espace politique. Groupes et factions peuvent être tentés d’user du cri public pour défendre leurs intérêts, notamment en cas de conflits, au sein de la ville et/ou en lien avec la guerre civile dans le royaume de France.
18Tous les conflits ne se négocient pas en remontant aux questions normatives45. Pour bien cerner les enjeux politiques du cri et les formes spécifiques de l’espace public médiéval, il convient d’étudier l’action même du crieur public, de descendre au niveau de l’acteur, pour autant que les sources le permettent. Les documents sont souvent avares d’informations sur la performance même du crieur : ce qu’il fait, ce qu’il dit et surtout ce que les populations perçoivent et reçoivent, la manière dont elles s’approprient le contenu même du cri. Cette avarice des sources ne doit pas conduire à renoncer à s’approcher au plus près du moment-publication car c’est véritablement un point de contact décisif entre le pouvoir et les sujets, un nœud politique. Un certain nombre de textes permet quelques premières remarques mais la quête devra être conduite bien au-delà.
Le crieur en situation
19Pour étudier l’action du crieur public, son environnement, ses paroles et les interactions qui lui sont liées, le médiéviste dispose de différents types de sources. Les enluminures représentent parfois la criée. Le crieur est souvent accompagné du trompette. La proclamation est donnée à voir par le déploiement du texte à publier dans les mains du crieur, souvent bouche fermée. Si les codes iconographiques limitent sans doute l’accès au plus près à la scène, la variété des images donne cependant des indications utiles : crieur à pied ou cheval (notamment lorsqu’il s’agit d’envoyés des princes et/ou d’affaires diplomatiques), équipe de la publication, présence d’un public plus ou moins agité...46 Les chroniques offrent des informations précises sur certaines proclamations surtout lorsqu’elles se rattachent à un événement jugé d’importance : accord de paix, changement fiscal, etc. A l’occasion, elles en rendent compte dans le détail, notant la composition de l’équipe de la proclamation, voire le déroulement précis de la publication.
20Aux sources narratives s’ajoute un ensemble d’actes et de documents produits pour organiser la publication : mandements de publication, comptes pour le paiement des crieurs ou sergents et parfois des comptes rendus ou certificats de publication, voire de tournées de publication. L’enregistrement des actes dans les registres municipaux ou dans ceux des institutions monarchiques ou princières s’accompagne, dans certains cas, de mentions de publication. Les textes normatifs (ordonnances, coutumes...) offrent souvent des renseignements précis sur le déroulement théorique des criées. Les sources judiciaires, on l’a vu, apportent un bon complément en cas de conflit. En croisant quelques-uns de ces documents, on voudrait montrer que l’étude du crieur public en situation doit prendre en compte une double interaction : celle qui se déroule au sein de l’équipe de la publication et celle qui confronte cette équipe à son auditoire.
L’équipe de la publication
21Si le crieur peut être seul pour des publications ordinaires ou lors de tournées, il arrive couramment que la proclamation implique plusieurs acteurs. L’équipe de la publication est souvent restreinte cependant. Elle se compose, selon des combinaisons variables, de crieurs ou sergents-crieurs, trompettes, clercs et sergents. Parfois des raisons de sécurité président à la composition du groupe comme lorsque les sergents royaux, chargés d’exécuter les arrêts et jugés du Parlement en Flandre, demandent la présence d’officiers locaux47. En certaines circonstances, les autorités municipales complètent l’équipe48. À Douai, pour la publication des amendes et forfaits, deux échevins accompagnent un clerc et le sergent chargé de la proclamation49. Lors de publications particulières, résonances d’événements dépassant le local, l’équipe peut s’étoffer considérablement. Le crieur est alors entouré par les autorités de la ville et/ou les représentants du seigneur ou du roi. C’est le cas, souvent, lors des proclamations de paix. Pour la publication de la paix de 1365 entre Charles V et Charles de Navarre à Paris, au crieur juré s’ajoutent quatre hérauts, un sergent d’armes et d’autres personnages50. Un siècle après, lors de l’annonce de la paix entre le roi et les princes en 1465, à Paris encore, l’équipe de la publication comprend des hérauts d’armes, un huissier d’armes du roi, un greffier et un trompette51. Dans le royaume, les autorités locales participent du convoi. Ainsi, à Langres, pour la proclamation de la paix d’Arras de 1415, le cortège rassemble le bailli, le lieutenant du prévôt de Sens, le substitut du procureur du roi au bailliage de Sens, plusieurs sergents royaux, d’autres officiers et des bourgeois de la ville. Dans le type de cas ici présenté, une partie du convoi reste sans doute passive (les autorités) mais sanctionne les gestes et les paroles de l’équipe de la publication par sa présence.
22L’analyse de l’interaction entre les acteurs de la publication n’est pas sans difficultés. Les sources, en effet, décrivent rarement le rôle et les gestes de chacun. Parfois apparaissent des mentions spécifiant une tonalité du cri. À Châlons, en novembre 1421, un ban sur le commerce de blé doit être crié et publié « à hault cry », précision qui ne se retrouve pas pour d’autres publications52. Mais, au-delà des mots, cela désigne-t-il un mode de proclamation particulier ? Il arrive que la répartition des tâches soit spécifiée : à Metz, en 1445, le trompette/crieur semble répéter passivement un texte qui lui est dicté :
[...] et avec eulx le Seneschaulx d’Anjolz, et plusiours autres, et y estoit ung poursuyvant dou Roy de France, appellé Tourraine, revestus des armes de France, et firent huchier la paix à son de trompette, devant le grand Moustier de Metz, entre les IX. et XII. copz devant midy, et fut le huchement huchiez par la bouche de la trompette de Metz, et ly dixoit, Seignour Nicolle Lowe Chevalier, ceu qu’il devoit dire, et furent en telle maniere.53
23Le crieur, dans un contexte très politique, celui de la paix négociée entre Charles VII et Metz, voit son action réduite à la stricte répétition du discours que lui dicte un chevalier qui fut partie prenante des négociations avec le roi de France54.
24Bien des questions relatives à cette première interaction mériteraient des réponses appuyées sur une étude d’ensemble : comment se répartit l’occupation de l’espace entre les différentes acteurs ? Comment s’articulent l’annonce du cri (par la voix ou la trompette) et la lecture des textes ? Y a-t-il des signes au sein de l’équipe de la publication qui échapperaient à nos sources ? Quelle est la part d’autonomie des acteurs face au texte à proclamer ?
Face au public
25Une seconde interaction confronte l’équipe de la publication à l’auditoire, celui que représentent régulièrement les enluminures. Soulignons d’emblée que ces images donnent souvent l’impression d’un public actif qui réagit au discours diffusé : par le visage tendu vers ceux qui proclament, par des gestes des mains vers le crieur notamment, par des mouvements de l’un vers l’autre qui indiquent comme des remarques faites sur le vif... Un espace public se dessine donc par la réception active des discours du pouvoir qui se représente ainsi.
26Les publications répondent parfois, on l’imagine aisément, à des attentes des populations médiévales. Ces attentes relèvent soit de désirs partagés, comme celui de voir cesser ou se limiter les conflits qui nuisent au bon ordre, soit de soucis plus situés, ceux de corps politiques ou d’acteurs économiques qui ont souhaité ou sollicité les mesures proclamées.
27La réception du cri public relève aussi du temps long. Dans une civilisation où l’oralité est centrale, les cris s’ancrent dans la mémoire des habitants comme le montrent les enquêtes : les témoins se souviennent qui du texte proclamé, qui de la formule d’introduction, qui du nom du crieur55 L’attention du public devait donc être suffisamment soutenue pour permettre cette mémorisation.
28Mais l’attention peut se transformer en « murmure », voire en franche contestation. Au bruit officiel, réglé et normé, produit par le crieur et ceux qui l’entourent peut répondre le brait désordonné, anormé, officieux, d’un auditoire qui réagit56. De ce public en mouvement dessiné par l’image jaillit alors la critique du pouvoir. La proclamation se transforme cette fois pleinement en scène politique, en « sphère de communication politique », en espace public où la publicité même fonde un usage critique qui, sans être identique à « l’usage public du raisonnement » qui fonde l’analyse d’Habermas, n’en assume pas moins des « fonctions politiques », à l’instar de l’espace public décrit par le philosophe57.
29Les gestes du public dans l’enluminure – bouger, se retourner, parler-portent un potentiel critique par la réception active des paroles du crieur qu’ils supposent. Dans une image des Chroniques du Hainault, l’artiste a rendu l’agitation de l’assistance à la publication de taxes58. Plusieurs personnages se retournent et semblent commenter l’annonce. Une gravure sur bois du Layenspiegel d’Ulrich Tengler (1511) présente une proclamation qui suscite de nombreux gestes des bras de la part des assistants, visiblement émus59. Les conflits de juridiction ci-dessus évoqués peuvent amener l’interruption même de l’interaction. Dans l’affaire de 1365 qui oppose Saint-Denis et le prévôt, il est rapporté que l’équipe de la publication cesse la proclamation, « ou millieu de la lecture de la lettre », lorsqu’elle est informée des enjeux60.
30Un bel exemple d’une confrontation, restée au stade du « murmure » entre le crieur et son auditoire, se trouve dans les archives de la ville d’Arras et date de 1405. Arras, Saint-Quentin et Amiens sont des villes étapes pour le commerce du vin, mais les marchands tentent de fuir cette obligation pour échapper aux redevances, et font étape dans les villages du plat pays où les autorités ne peuvent visiter leur marchandise. Le roi demande à ses officiers de s’enquérir de la coutume et de faire appliquer la règle. De fait, le bailli d’Amiens ordonne à un sergent d’aller signifier l’obligation de respecter les villes étapes. Le 22 mai, le sergent se rend à Bapaume à « jour et heure de plain marché » pour faire savoir la teneur des lettres et commissions à ce sujet. Il les lit, en présence du lieutenant du gouverneur du bailliage, un « mot après l’autre ». Le même jour, il va à Beaumetz-lès-Cambrai et effectue les mêmes lectures, à la bretèche. Le lendemain, il est à Croisilles où le lieutenant du bailli, le tavernier, des marchands et voituriers de vins assistent à la publication. La tournée continue le lendemain à Fampoux puis en d’autres lieux. Elle se poursuit les jours suivants jusqu’au 1er juin. À la fin de son compte rendu, le sergent rapporte qu’il n’a connu aucune opposition mais, à Croisilles, plusieurs marchands se sont élevés contre la publication dont ils furent « tres courouchiés », et ils y « metteroient remede s’ilz poroient ». Ils ont demandé une copie de la commission et l’un d’eux a affirmé « que de ce il ne faisoit ne tenoit aucun compte ». Le sergent, qui a comparu en personne pour certifier la « vérité » de son rapport, ne dit mot de sa réaction aux protestations de l’auditoire61. L’interaction semble ici bien définie mais l’historien n’est pas ethnographe et il ne peut saisir dans le détail les attitudes du sergent face à ces marchands furieux des entraves mises à leur commerce. Le crieur est alors le symbole du pouvoir et subit les critiques qui s’adressent à ce dernier62. Mais il n’est pas un simple réceptacle : il doit gérer l’interaction, d’abord avec l’officier présent, puis avec ces marchands agressifs, sans doute par une attitude stoïque qui a peut-être contribué à ce que le murmure ne se transforme pas en violence.
31En d’autres circonstances, la publication ou son annonce peut conduire à des interactions violentes. Serge Dauchy souligne la fréquence des épisodes de violence contre des huissiers ou sergents venus faire exécuter des décisions judiciaires ou un ajournement du Parlement en Flandre. Il rapporte le cas d’un sergent du roi que l’on force à manger ses lettres de commissions avec de l’eau (1355)63. Dans l’affaire de Neufchâteau évoquée plus haut, le conflit dégénère également. Après que le maire eut refusé son concours aux sergents, ceux-ci décident de procéder eux-mêmes à la publication. Une émeute se déclenche et les envoyés de la prévôté en appellent, en vain, à la protection du maire et des autorités de la ville. Les habitants menacent de noyer les sergents qui doivent se cacher. Le cri d’opposition de la foule invitant à la noyade répond à la tentative de publication officielle.
32On comprend dès lors que l’anticipation des réactions de l’auditoire puisse faire partie de l’horizon politique du crieur public. Dans le contexte de la crise des années 1381-1382, un épisode rapporté par Michel Pintoin mérite examen. Selon le moine de Saint-Denis, personne ne veut publier, par « crainte de la mort » (metu mortis), l’ordonnance de janvier 1382 sur le rétablissement des impôts indirects annoncée d’abord prudemment, à huis clos, au Châtelet64. Finalement, un homme la prend en charge contre monnaie sonnante. Il se rend place du marché fin février, assemble le peuple, le distrait, proclame d’abord que l’on récompensera ceux qui rendraient les plats d’or volés au palais, ce qui fit rire l’auditoire, qui se mit à discuter et commenter cette allusion humoristique au duc d’Anjou65. Profitant de cette distraction, le crieur d’occasion pique son cheval et proclame en hâte la levée de l’impôt, ce qui ne manque pas de susciter l’émotion populaire. La révolte gronde. Si l’on suit le Religieux, cela signifie-t-il que les crieurs publics de Paris (les sergents du Châtelet au premier chef et les autres crieurs dans un second temps ?66) n’auraient pas été sollicités ou auraient refusé une telle proclamation ? Comment imaginer, compte tenu de ce qui précède, que n’importe qui puisse s’improviser crieur légitime, même si l’on a dit que des crieurs occasionnels (comme les hérauts d’armes) pouvaient faire partie de l’équipe de la publication ? La scène ne laisse pas d’intriguer mais elle montre bien la dimension d’anticipation politique du crieur.
33Il nous apparaît, au final, que le crieur public est une figure politique de la fin du Moyen Âge, si l’on veut bien prendre le terme non dans un sens étroit mais dans une conception plus large – et pour tout dire plus efficace – centrée sur la notion d’espace public. Les crieurs représentent, anticipent, réagissent au sein d’une double interaction, parmi l’équipe de la publication d’une part et face à l’auditoire d’autre part. Cela posé, les recherches à ce sujet ne font que commencer et il faudrait fonder l’analyse de ces interactions sur une étude sociologique des crieurs, qui tenterait de restituer les origines et l’environnement du crieur en le comparant d’une ville à l’autre, en fonction de ses attributions exactes. C’est un projet envisageable à terme. On pourrait notamment tester les remarques faites, pour le domaine germanique, par Doris Stockmann sur la façon dont une couche sociale déterminée, modeste généralement, influençait l’espace sonore médiéval67 : autrement dit, il conviendrait de relier la position sociale du crieur et son occupation de l’espace public, tant dans l’imposition de la voix du pouvoir que dans la modulation et la formation des différents signaux, visuels ou sonores. Comment les milieux d’origine des crieurs, qui ne sont pas identiques d’un endroit à l’autre, on l’a dit, influent-ils sur leur formation et leurs actions ? Comment s’acquièrent et se développent leurs compétences, terme entendu tant dans un sens professionnel que sociologique ? Si ces questions se posent, ce n’est pas simplement par souci d’une histoire administrative renouvelée mais bien parce que la figure du crieur met en jeu la politique médiévale dans une dimension cruciale : le lien, le plus concret, entre le pouvoir et les sujets.
Notes de bas de page
1 Voir cependant les analyses de J.-M. Cauchies, La Législation princière pour le comté de Hainaut. Ducs de Bourgogne et premiers Habsbourg (1427-1506), contribution à l’étude des rapports entre gouvernants et gouvernés dans les Pays-Bas à l’aube des temps modernes, Bruxelles, 1982, p. 181 et suiv. ; D. Stockmann, « Deutsche Rechtsdenkmäler des Mittelalters als volksmusikalische Quelle », Studia Musicologica Academiae Scientiarum Hungaricae, 15 (1973), p. 267-302 ; M. Hébert, « Voce preconia : note sur les criées publiques en Provence à la fin du Moyen Âge », dans Milieux naturels, espaces sociaux. Etudes offertes à Robert Delort réunies par É. Mornet et F. Morenzoni, Paris, 1997, p. 689-701 ; S. Zak, Musik als « Ehr und Zier » im mittelalterlichen Reich, Neuss, Paeffgen, 1979, passim, et les travaux de F. Garrisson cités plus bas. Pour une présentation du crieur dans le contexte plus général des cris médiévaux, cf. D. Lett et N. Offenstadt, « Les pratiques du cri au Moyen Âge », dans « Haro ! Noël ! Oyé ». Pratiques du cri au Moyen Âge, D. Lett et N. Offenstadt éd., Paris, 2003, p. 5-41.
2 Sur la question de l’espace public, voir Dus Öffentliche und Private in der Vormoderne, G. Melville et P. von Moos éd., Cologne, 1998 ; nous nous permettons aussi de renvoyer à N. Offenstadt, Discours et gestes de paix pendant la Guerre de Cent ans, thèse de Doctorat d’Histoire, Université Paris I Panthéon-Sorbonne, 2001, dactylographiée, t. 2, p. 327 et suiv., qui contient des références bibliographiques sur le débat, question reprise dans Id., « La paix proclamée. Gestes et réception de la publication des accords de paix pendant la guerre de Cent Ans », dans Prêcher la paix et discipliner la société ( xiiie-xve siècle), R. M. Dessi dir., Turnhout (Collection d’études médiévales de Nice, vol. 5), à paraître.
3 « Enqueste afuture fort ample et notable pour la recognoissance des droicts de la terre et justice du ban de Saint-Remy de Reins (1431) », dans Archives législatives de la ville de Reims, 1re partie, Coutumes, P. Varin éd., Paris, 1840, p. 504.
4 Voir R. Fédou, « Les sergents à Lyon aux xive et xve siècles. Une institution, un type social », Bulletin philologique et historique du comité des travaux historiques et scientifiques, 1964, p. 283-292 ; R. Roynette, Les sergents royaux du Châtelet de Paris à la fin du Moyen Âge et au début du 16e siècle. Agents de justice, agents de police, mémoire de maîtrise sous la dir. de Claude Gauvard, Université Paris I Panthéon-Sorbonne, 1998-1999, dactylographié, p. 214, et pour Dijon, T. Dutour, « L’élaboration, la publication et la diffusion de l’information à la fin du Moyen Âge (Bourgogne ducale et France royale) », dans « Haro ! Noël ! Oyé »..., op. cit., p. 141-155. Sur les sergents en général, voir R. Telliez, Les officiers devant la justice dans le royaume de France au xive siècle, thèse de doctorat d’Histoire, Université Paris IV Sorbonne, 1999, dactylographiée, t. 2, p. 535 et suiv.
5 Voir la bibliographie de la note 1 et, pour les huissiers du Parlement en particulier, F. Aubert, « Les huissiers du Parlement de Paris, 1300-1420 », Bibliothèque de l’École des chartes, 47 (1886), p. 370-393 ; J. Guérout, « Le Palais de la Cité des origines à 1417. Essai topographique et archéologique. 2 », Mémoires. Fédération des sociétés historiques et archéologiques de Paris et de l’Ile-de-France, 1950, p. 143-144, 151-152 ; C. de Mérindol, « Les salles de justice et leur décor en France à l’époque médiévale », Histoire de la Justice, 10(1997), p. 6-7, 36.
6 Comme le montre la thèse en cours de Xavier Nadrigny sur l’information à Toulouse. Pour les sergents, R. Telliez, op. cit., p. 549 et A. Friedlander, « Les sergents royaux du Languedoc sous Philippe le Bel », Annales du Midi, 167 (1984), p. 235-251, ici p. 247, qui présente deux cas de sergents nobles et un d’une famille de notables d’Albi.
7 Voir la communication de Pierre Monnet dans ce recueil.
8 F. Garrisson, « Sur les ventes publiques dans le droit méridional des xiiie et xive siècles », dans Mélanges Pierre Tisset, Montpellier, 1970, p. 207-246, ici p. 210.
9 R. Grand, Les « paix » d’Aurillac, Élude et documents sur l’histoire des institutions municipales d’une ville à consulat ( xiie- xve siècle), Paris, 1945, p. 214.
10 S. Zak, op. cit., p. 114.
11 M. Fogel, Les cérémonies de l’information dans la France du xvie au xviiie siècle, Paris, 1989, p. 90 et Ead., « Informer les peuples en France du xvie au milieu du xviiie siècle », Cahiers d’histoire, Revue d’histoire critique, 66 (1997), p. 37-48.
12 F. Rexroth, Das Milieu der Nacht. Ohrigkeit und Randgruppen im spätmittelalterlichen London, Göttingen, 1999, p. 139-140.
13 S. Zak, op. cit., p. 154.
14 Ibid., p. 111.
15 Cité par J.-M. Cauchies, op. cit., p. 232.
16 Ordonnances des Rois de France de la troisième race (jusqu’au roi de France Louis XII), Paris, 1723-1849, t. 12, art. 11, p. 7 : « Item. Il est accordé que à mettre et faire le pris des vinaiges, nostre Prevost de Laon y fera en lieu des chemins, et le Bailli-l’Evesque, et deux Chanoines, en la maniere acoustumée ; et se fera le cry dudit pris, de par Nous et de par l’Evesque, par le Crieur de la Ville de Laon. » Pour le contexte, Histoire de Laon et du Laonnois, M. Bur dir., Toulouse, 1987, p. 118-126.
17 « Annales avignonnaises de 1382 à 1410 extraites des archives de Datini », Mémoires de l’Institut historique de Provence, 15 (1938), p. 45.
18 M. Hébert, op. cit., p. 693.
19 Voir pour Reims, « Enqueste afuture... », op. cit.
20 A. Rigaudière, « Les ordonnances de police en France à la fin du Moyen Âge », dans Policey im Europa der Frühen Neuzeit, M. Stolleis éd., Francfort, 1996, p. 130-131.
21 Procès-verbal d’audience du Parlement..., 1277, cité dans R. Grand, op. cit., p. 17.
22 Exemple détaillé dans A. Rigaudière, Saint-Flour, ville d’Auvergne au bas Moyen Âge. Étude d’histoire administrative et financière, Paris, 1982, t. 1, p. 164. Voir encore pour Aurillac, R. Grand, op. cit.
23 Charte donnée à Arras le 10 mars 1368, Béthune, AC, AA 5, citée dans M. Demont, L’organisation municipale à Béthune sous l’Ancien Régime, Lille, 1937, p. 148. Voir aussi les privilèges et coutumes de la ville (1334), p. 205, art. 16.
24 « Enqueste afuture... », op. cit., p. 580.
25 Jean Chartier, Chronique de Charles VII roi de France, Vallet de Viriville éd., Paris, 1858, t. 1, p. 208.
26 Voir par exemple, pour Aurillac, la sentence arbitrale de 1298 éditée dans R. Grand, op. cit., p. 213, et M. Hébert, op. cit., p. 692.
27 « Lettres du bailli d’Amiens sur la criée des ventes d’immeubles », 14 août 1379, dans Recueil des monuments inédits de l’histoire du Tiers-État, A. Thierry éd., 1re série, t. 1, Paris, 1850, p. 700-701.
28 O. Teissier, Essai historique sur les criées publiques au Moyen Âge, Draguignan, 1864, p. 8 ; M. Hébert, op. cit., p. 692.
29 « Enqueste afuture... », op. cit.
30 Registre de Délibérations du Conseil de Ville de Châlons-en-Champagne (1417-1421), S. Guilbert éd., Châlons-en-Champagne, 2001, p. 264.
31 Le plus ancien registre des délibérations du conseil de ville de Troyes (1429-1433), A. Roserot éd., Troyes, t. 3, 1886, p. 306.
32 X. Nadrigny, L’information politique à Toulouse dans la première moitié du xve siècle (1414-1444), thèse de l’École nationale des Chartes, 1999, dactylographiée, p. 293 et suiv.
33 K. Neitmann, « Die Publikation von Staatsverträgen und Landesordnungen im Deutschordensland Preussen », dans Kommunikationspraxis und Korrespondenzwesen im Mittelalter und in der Renaissance, H.-D. Heimann, I. Hlavacek dir., Paderborn, 1997, p. 113-124.
34 Procès-verbal d’audience du Parlement..., 1277, dans R. Grand, op. cit., p. 15.
35 Dans R. Grand, op. cit., p. 126.
36 « De l’arrest comment li baillius... », Le livre rouge de l’hôtel de ville de Saint-Quentin, Cartulaire des franchises et des privilèges de la ville au Moyen Âge, H. Bouchot et E. Lemaire éd, Saint-Quentin, 1881, p. 24. Sur le cri à Saint-Quentin plus généralement, voir S. Hamel, « De la voie accusatoire à la voie législative. Contrôle et utilisation du cri à Saint-Quentin aux derniers siècles du Moyen Âge (xiiie-xve siècles) », dans « Haro ! Noël ! Oyé »..., op. cit., p. 157-167.
37 Ordonnances des rois de France..., op. cit., t. 5, p. 288 et 309.
38 L’affaire est traitée au parlement de Paris, voir notamment Paris, Archives nationales, Xla 26, fol. 163v-165 (1377) et Xla 9183, fol. 6 et 8 (1381). Nous devons cette référence à Romain Telliez que nous remercions.
39 Arras, AC, AA 6 no 26, notification d’un accord sur ces discordes par le bailli d’Arras (26 juin 1374).
40 Voir infra pour cette notion.
41 K. Neitmann, op. cit., p. 119-120 et le texte p. 122-123.
42 Affaire traitée au parlement de Paris et rapportée par K. Weidenfeld, La police de la petite voirie à Paris à la fin du Moyen Âge, Paris, 1996, p. 45, n. 46.
43 Ibid., p. 45.
44 Affaire évoquée dans S. Petit-Renaud, « Faire loy » au royaume de France de Philippe VI à Charles V (1328-1380), thèse pour le doctorat en Droit, Université Paris II Panthéon-Assas, 1998, version dactylographiée, p. 544-545.
45 Sur ces questions, L. Boltanski et L. Thévenot, De la justification. Les économies de la grandeur, Paris, 1991.
46 Pour les références et l’analyse de ces images, nous renvoyons à C. Bellanger, « Cri et crieurs dans l’image », dans « Haro ! Noël ! Oyé »..., op. cit. et N. Offenstadt, « La paix proclamée... », op. cit.
47 S. Dauchy, « Souveraineté et justice. L’exécution des arrêts et jugés du Parlement de Paris en Flandre aux xve et xvie siècles », Les Épisodiques, 5 (1991), p. 8.
48 « Publication faite à Langres par le lieutenant du Bailli de Sens, du 1er traité d’Arras, signé à Paris en février 1414 et conclu entre Charles VI et le Duc de Bourgogne », Langres, BM, ms 192, copie moderne.
49 Douai, AC, CC 217 (1444), fol. 106.
50 Paris, Bibliothèque nationale de France [BnF], ms fr. 21721, fol. 28 (copie).
51 Paris, BnF, ms fr. 5036, fol. 15 et suiv.
52 Registre de Délibérations..., op. cit., p. 249, pour d’autres cris et publications, passim et notamment, p. 104, 114, 121.
53 « Chronique, ou Annales du Doyen de S. Thiébaut de Metz », dans Dom Calmet, Histoire de Lorraine, t. 5, Nancy, 1745, preuves, CXXV. Ce « cry » de paix est repris quasiment à l’identique par les chroniques messines postérieures (Jacomin Husson, Philippe de Vigneulles). Pour le contexte, voir P. Marot, « L’expédition de Charles VII à Metz (1444-1445). Documents inédits », Bibliothèque de l’École des chartes, 102 (1941), p. 133-134.
54 Ibid., p. 130.
55 Voir, à Aurillac, l’enquête de 1277-1284 dans R. Grand, op. cit. ; à Reims, « Enqueste afuture... », op. cit., p. 542, 551 ; aussi M. Bourin, « La circulation des nouvelles dans les communautés paysannes, de la place publique à l’Inquisition(xiie-xiiie siècles) », Cahiers d’histoire, Revue d’histoire critique, 66 (1997), p. 11-22, ici p. 16 ; ou encore J. R. Maddicott, « The County Community and the Making of Public Opinion in Fourteenth-Century England », Transactions of the Royal Historical Society, 28 (1978), p. 36-37.
56 C. Gauvard, « Rumeurs et stéréotypes à la fin du Moyen Âge », dans La circulation des nouvelles au Moyen Âge, Paris, 1994, p. 165.
57 J. Habermas, L’espace public, Paris, 1990, p. 20, 38, 67.
58 Image des Chroniques du Hainault de Jacques de Guise, traduite par Jean Wauquelin, Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique, ms. 9242, fol. 274, publiée dans W. Prevenier, W. Blockmans, The Burgundian Netherlands, Cambridge etc., 1986, p. 185.
59 G. Kocher, Zeichen und Symbole des Rechts. Eine historische Ikonographie, Munich, 1992, p. 152. Ces deux dernières références sont reprises dans H. Von Seggern, Informationsübermittlung im Mittelalter. Bilanz und Pespektiven der Forschung, Μ. A., Université de Kiel, 1993, p. XXXVII.
60 S. Petit-Renaud, op. cit., p. 544-545.
61 Les pièces se trouvent dans Arras, AC, AA 6. Le compte rendu du sergent est daté du 2 juin (no 109). L’affaire ne s’arrête pas là, comme en témoigne notamment un nouveau mandement du roi sur le même sujet du 14 mai 1408 (no 104) publié dans Inventaire chronologique des chartes de la ville d’Arras. Documents, s.l.n.d., p. 195-197. Il y est constaté la désobéissance des marchands (« de mal en pis ») à la suite de la proclamation de 1405. Voir aussi les pièces no 103, 105, 106, 110 à 113.
62 Pour la perception du sergent comme « représentant du roi à part entière », R. Telliez, op. cit., p. 580. En cas de conflit : « Au moins sait-on à quoi on s’expose, et l’atteinte que l’on porte à l’autorité royale à travers la personne du sergent. »
63 S. Dauchy, op. cit., p. 8.
64 Pour le contexte, cf. F. Autrand, Charles VI, Paris, 1986, p. 88-91.
65 Chronique du religieux de Saint-Denys, contenant le règne de Charles VI de 1380 à 1422, M.-L. Bellaguet éd. et trad., Paris, 1839-1855, 6 vol. [Reprint en 3 vol. avec une introduction de B. Guenée, Paris, 1994], t. 1, p. 134-137.
66 Pour les crieurs parisiens, voir Y. Le Maresquier-Kesteloot, Le commerce fluvial dans la région parisienne au xve siècle, t. 3, Les officiers municipaux de la Ville de Paris au xve siècle, Paris, 1997 ; R. Roynette, op. cit., p. 214-217 ; et les livres de couleur du Châtelet conservés aux Archives nationales et à la préfecture de Police de Paris.
67 D. Stockmann, op. cit., p. 289-290.
Auteur
Université Paris I Panthéon-Sorbonne
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