Chapitre II. Un passé complexe et méconnu
p. 57-86
Texte intégral
1La plupart des communautés religieuses existant au début du ixe siècle ont été fondées un ou deux siècles auparavant ; leur histoire, déjà longue parfois et à laquelle elles se sont elles-mêmes intéressées, peut permettre de comprendre la place qu’elles occupent dans la société et la vie religieuse de la région et les relations qu’elles ont nouées avec les souverains carolingiens et l’aristocratie locale.
2Grâce à la liste stationnale de la deuxième moitié du viiie siècle1, on connaît le nom de presque toutes les églises de Metz. On ne possède aucun document de cette sorte pour Toul et Verdun, d’où le contraste entre les cartes de la topographie religieuse de Metz d’une part et de Toul et Verdun d’autre part. S’il est vraisemblable que, compte tenu de son histoire et de son importance politique à l’époque carolingienne, Metz comptait davantage d’églises que les deux autres villes, la différence était certainement moins importante que ne le suggèrent les plans ci-après2. Si l’on ne s’intéresse qu’aux abbayes bien attestées à notre période, le contraste est moins grand, mais néanmoins très net : deux abbayes de femmes et deux abbayes d’hommes à Metz, au minimum, deux abbayes d’hommes à Toul, et une seulement à Verdun.
3Pour davantage de clarté, mais surtout parce que les problèmes qui les concernent sont différents, on distinguera trois types de communautés religieuses : les communautés installées auprès des grandes et anciennes basiliques suburbaines, qui sont sous l’autorité directe ou indirecte des évêques, pour lesquelles il conviendra de se demander si elles étaient dès avant le début du ixe siècle peuplées de moines ou de chanoines ; les communautés d’hommes créées en dehors des villes, qui pour la plupart sont censées abriter des moines et enfin les communautés de femmes, plus rares et dans l’ensemble bien plus mal connues.
Les communautés suburbaines : des basiliques cimétériales aux abbayes du haut Moyen Âge
4Dans les villes épiscopales, la plupart des abbayes d’hommes ont pour fonction de desservir des basiliques anciennes dont certaines remontent à l’Antiquité tardive. La seule exception est le monastère Saint-Martin à Metz, situé à quelque distance de la ville, sur le flanc du mont Saint-Quentin, de l’autre côté de la Moselle, ce qui explique qu’il ne figure pas sur la liste stationnale. Il ne s’agit donc pas véritablement d’un monastère suburbain, mais déjà d’un monastère rural, situé à faible distance de la ville épiscopale.
5Autour de la ville de Metz, un certain nombre de lieux de culte se sont développés à proximité des cimetières antiques : c’est le cas de la basilique des saints Apôtres (20), appelée Saint-Arnoul après que l’évêque Goëry y eut fait transférer les restes de son prédécesseur Arnoul, l’ancêtre de la dynastie carolingienne3, de la basilique Saint-Symphorien (19), dont la tradition attribue la fondation à l’évêque Papolus († 613-614) et de la basilique Saint-Félix-[Saint-Clément] (23), dont l’existence remonte peut-être au ive siècle4.
6Si de nombreux documents attestent la présence d’une importante communauté religieuse auprès de la basilique des Saints-Apôtres dès la fin du viie siècle, quand l’abbaye bénéficie des donations des Pippinides5, on en est réduit à des conjectures pour les deux autres.
7Malgré une tradition locale unanime qui attribue à l’évêque Papolus, au tout début du viie siècle, la fondation de l’abbaye Saint-Symphorien, aucun document ne fait état de l’existence d’une communauté avant la fondation d’Adalbéron II (984-1005). Si l’ancienneté de la basilique Saint-Félix, dont on attribue la construction à Clément, le premier évêque de Metz, ne fait pas de doute ainsi que la translation des restes de ce même Clément à la fin du viiie ou au début du ixe siècle, aucune communauté religieuse n’y est attestée avant l’installation par Adalbéron Ier du moine Cadroë et de ses compagnons en 946. L’une comme l’autre de ces deux basiliques servirent de lieu de sépulture à des évêques, aux ive et ve siècle à Saint-Clément, au viie siècle à Saint-Symphorien9.
8Il est fort possible cependant que de petits groupes de clercs aient été attachés au service de ces deux importantes basiliques et très probablement au service de la plupart des quelque cinquante autres églises mentionnées par la liste stationnale10. On ne peut affirmer que ces groupes, quelle que soit leur importance, formaient une communauté à part entière puisqu’aucun document ne nous est parvenu indiquant qu’ils aient possédé des biens fonciers en propre et donc acquis une certaine personnalité juridique11. Ces groupes de clercs pouvaient fort bien être entretenus par l’évêque et dépendre donc directement de lui.
9La question de la nature de la communauté établie à Saint-Arnoul ne peut être résolue de façon définitive : les chartes de Saint-Arnoul n’emploient jamais le mot monachus avant la réforme d’Adalbéron en 942 mais le mot fratres qui peut s’appliquer tout aussi bien à des moines qu’à des chanoines. Seuls les documents les plus anciens, la charte du Pippinide Hugues du 25 juin 715 et le diplôme de Childéric II de 717 mentionnent explicitement des clercs : ad basilicam sanctorum Apostolorum clericis uel pauperibus12 et ubi uenerabilis uir Leutbertus abba una cum norma plurima clericorum deseruire uidentur13. La communauté de Saint-Arnoul fut, sinon dès l’origine, du moins dès le viiie siècle composée de clercs, mais peut-être pas uniquement puisque le terme pauperes s’appliquent souvent aux moines14. Le cartulaire de Saint-Arnoul15 met en évidence les liens anciens de l’abbaye avec les Pippinides depuis Pépin II au moins ; les donations répétées faites par les Pippinides16 à l’abbaye où reposait leur ancêtre l’évêque Arnoul sont l’expression de la conscience dynastique qu’ils ont déjà acquise. Le monastère sert ensuite de sépulture à de nombreux membres de la famille carolingienne, notamment à la reine Hildegarde, épouse de Charlemagne. Saint-Arnoul est sans aucun doute au ixe siècle et encore au début du xe siècle, l’abbaye la plus importante de la ville de Metz et ce n’est peut-être pas un hasard si elle est pour nous la mieux documentée.
10L’abbaye Saint-Arnoul fut totalement détruite en 1552 lors du siège de la ville par Charles Quint. Cependant, des fouilles archéologiques menées lors de la destruction des remparts de l’époque moderne, en 1902-1903, ont permis de retrouver une crypte ancienne et plusieurs fois remaniée, dont le dernier état pourrait dater du milieu du xie siècle, époque des travaux menés à Saint-Arnoul par l’abbé Warin17. C’est peut-être à cette crypte, qui serait donc encore alors en usage, que fait référence l’auteur du Petit Cartulaire de Saint-Arnoul, relatant la découverte, survenue en 1239, des corps de princes et de princesses18. Plus rien n’en est désormais visible.
11À Toul, en dehors du chapitre cathédral, l’existence d’une seule communauté est bien établie, celle de Saint-Èvre, à 500 m au sud de la ville ; attestée au début du viie siècle19 en tant qu’ecclesia, elle abritait le tombeau de l’évêque Aper (vie siècle). La seconde dédicace de Saint-Èvre à saint Maurice d’Agaune20 suggère qu’un monastère a pu s’y développer très tôt, dès le viie, voire le vie siècle. En tout cas il y avait eu des moines à Saint-Èvre avant l’épiscopat de Frothaire (813-847) qui y fait allusion dans sa charte des années 820/830 :
« Dans une petite cella des environs de notre ville, qui resplendit des miracles et de la sépulture du bienheureux Èvre, j’ai vu autrefois les moines vivre selon la règle »21.
12L’abbaye Saint-Èvre était un lieu de sépulture prisée au viie siècle : en 1971, des fouilles effectuées à l’emplacement de l’ancienne église abbatiale de Saint-Èvre ont mis au jour vingt et une sépultures des vie et viie siècles, accumulées dans un espace limité par des murs qui pourraient être ceux de l’église du haut Moyen Âge, retrouvés au nord et à l’ouest du site22. Parmi ces sépultures, l’une pourrait être celle de l’évêque Eutulanus, attesté en 61423.
13Au seuil de notre période d’étude, Saint-Èvre apparaît sans conteste comme la principale abbaye de la ville, à peine concurrencée par l’église qui possède les reliques du premier évêque de Toul, saint Mansuy, et servit également de lieu de sépulture à quelques autres évêques. Il y avait peut-être aussi une communauté d’hommes à Saint-Mansuy puisqu’un abbé Fulbert est mentionné dans un diplôme de Charles le Gros autrefois conservé dans les archives de l’abbaye24, mais il semble qu’il n’y ait pas eu de moines avant 947, date à laquelle l’évêque Gauzelin y installa des moines en provenance de Saint-Èvre25, avant même la réforme effectuée par l’évêque Gérard26.
14À Verdun, seule la basilique Saint-Vanne est attestée dès 634 par le testament d’Adalgisel-Grimo ; des lépreux y résident alors27. Elle abritait sans doute la sépulture de l’évêque Vitonus (Vanne) qui siégea dans le premier tiers du vie siècle. Aucune communauté religieuse n’y est attestée avant les années 870-87928.
Les abbayes rurales
15À cette catégorie appartient donc le monastère Saint-Martin-devant-Metz, alors à 3 km environ à l’ouest de Metz, dont on ne sait pas grand-chose avant le ixe siècle : en 960, Bérard, abbé de Saint-Martin, en attribuait la fondation au roi Sigebert29. Selon Sigebert de Gembloux, qui écrit à la fin du xie siècle, il s’agirait du roi Sigebert III (634-656) dont le tombeau se trouvait à Saint-Martin30. Au ixe siècle le monastère est attesté à trois reprises. En 841, l’empereur Lothaire demande à l’abbé Sigelaus de lui copier des Évangiles et demande à être inscrit parmi les moines. C’est pourquoi le portrait de Lothaire figure sur l’ouvrage qui fut offert à Charles le Chauve ; celui-ci en fit don à la cathédrale de Metz dont le chapitre l’offrit à Colbert en 167531. C’est peut-être cette abbaye qui figure au traité de Meersen en 870 dans la part de Louis le Germanique32.
16Enfin, selon les renseignements glanés par les érudits de l’époque moderne33 dans le cartulaire aujourd’hui disparu34, Walo, évêque de Metz (876-882), donna à Saint-Martin la vigne de Tarnay dans le diocèse de Trèves, car son père et sa mère y étaient enterrés et ajouta en 880 d’autres domaines en Woëvre.
17On ignore également tout de l’abbaye de Gellamont (à Dieulouard), mentionnée au traité de Meersen et où s’installèrent bien plus tard des chanoines35. Il en est de même des deux abbatiae Saint-Martin et Saint-Germain36, relativement proches de Toul car souvent associées aux destinées de Saint-Èvre. Ce n’étaient peut-être que des petites communautés de clercs installées autour d’églises appartenant à Saint-Èvre. Les deux abbayes sont encore nommées dans le diplôme d’Otton de 947, qui confirme les biens de l’Église de Toul37.
18Il est bien difficile de localiser l’abbatia Saint-Martin. Il faut la distinguer de la uilla Domni Martini cum ecclesia38 que l’évêque Drogon de Toul (906-922) donna aux chanoines de la cathédrale39, dont la donation fut confirmée en 968 par l’évêque Gérard et qui est identifiée par l’archiviste du chapitre de Toul, Lemoine, avec Saint-Martin de Sorcy40. Il pourrait s’agir, si ce n’était son éloignement (20 km au nord de Toul), de l’église Saint-Martin de Manoncourt dont l’abbé de Saint-Èvre, Sigedeus, récupère la dîme en 90641, ou encore de Saint-Martin, actuellement hameau de Rigny-la-Salle, non loin de la Meuse à 14 km au sud-ouest de Toul.
19Les auteurs de la Gallia Christiana ont identifié Saint-Germain avec Domgermain à 5 km au sud-ouest de Toul42, mais il est peut s’agir aussi de Saint-Germain sur la Meuse à 12 km au sud de Saint-Martin de Sorcy.
20Quelles que soient les identifications retenues, il est en tout cas exclu de les considérer comme des abbayes à part entière puisqu’elles semblent étroitement dépendre de l’abbaye Saint-Èvre et qu’aucun autre document ne fait état de leur existence.
21Beaucoup plus éloignées des villes épiscopales et quelquefois même difficilement accessibles sont les abbayes d’hommes les plus anciennes, fondées à l’époque de la plus grande expansion du monachisme dans la région, au viie siècle43. Ces abbayes rurales du viie siècle sont presque toutes fondées dans les Vosges et donc dans le diocèse de Toul ; il s’agit d’Étival, Saint-Dié, Senones et Moyenmoutier. Il faut y ajouter peut-être la petite abbaye Saint-Pient située dans une enclave du diocèse de Toul dans celui de Metz, à Moyenvic.
22Dans le diocèse de Metz, seule l’abbaye très mal connue de Merkingen prétend à une ancienneté comparable et dans le diocèse de Verdun, celle de Vasloge. Selon une tradition établie par les érudits du xviiie siècle44, l’abbaye de Merkingen, sur la Sarre – actuellement à Sarrebruck –, aurait été fondée par Arnoald, évêque de Metz au début du viie siècle. Ces érudits ont utilisé une charte d’Advence de Metz, aujourd’hui disparue, ou bien un document de seconde main relatant cette charte, où Advence évoque la donation faite par le roi Theodebert à l’évêque Arnoald de la villa de Merkingen45. Selon Hans-Walter Herrmann et Erich Nolte46, la charte en question pourrait être une charte proche de celle de d’Advence pour Gorze47. Les fouilles archéologiques ont été récemment menées dans le sous-sol de l’église actuelle : une petite église avec des annexes qui pourrait remonter à l’époque mérovingienne et qui a été pourvue d’une abside à l’époque carolingienne a été retrouvée ainsi que de nombreuses sépultures des ve-vie siècles48. La présence de cette église ne prouve cependant pas l’existence d’une communauté religieuse dès le très haut Moyen Âge. Au ixe siècle, seule la mention du diplôme perdu d’Advence permet de supposer l’existence d’une abbaye peut-être peuplée de clercs et qui dépendait de l’évêque de Metz.
23L’abbaye de Vasloge aurait été fondée par saint Rouin (Chraudingus) dans la deuxième moitié du viie siècle ; le nom de Beaulieu date du xie siècle, auparavant elle est désignée sous le nom de Uuasloi49. C’est avec raison que Nancy Gauthier met en doute l’ancienneté de l’abbaye : tous les renseignements dont on dispose sont issus de la Vita Chraudirrgi écrite au xie siècle par Richard de Saint-Vanne50. Selon lui, Rouin serait un disciple de Colomban venu en Gaule avec celui-ci, aurait fondé le monastère de Uuaslogium avant de devenir abbé de Tholey51 et aurait obtenu un diplôme d’immunité du roi Childéric. Ces données ne sont pas compatibles puisque Rouin serait arrivé en Gaule en 590 et que Childéric II régna entre 662 et 675 : on imagine mal Rouin fonder un monastère à 90 ans environ et devenir ensuite abbé deTholey ! Bertaire, l’auteur des gesta de Verdun, place la fondation de cette abbaye au début du viiie siècle52, ce qui pourrait être compatible avec un diplôme d’immunité délivré par Childéric III. Quoi qu’il en soit, la plus grande obscurité entoure les destinées de cette abbaye à notre période d’étude : il faut attendre le xie siècle et sa réforme par Richard de Saint-Vanne pour connaître son histoire.
24Les seules fondations véritablement connues pour le viie siècle sont donc les abbayes qui forment, avec l’abbaye féminine de Bonmoutier, ce que l’historiographie locale appelle « la sainte croix des Vosges », Étival, Moyenmoutier, Senones et Saint-Dié. Mais là encore les sources ne sont pas suffisamment fiables pour qu’on puisse toujours dater précisément l’époque de la fondation. Il suffira ici de reprendre les principales conclusions auxquelles a abouti Nancy Gauthier53.
25La fondation du monastère de Galilée (Saint-Dié) est relatée par un privilège de l’évêque de Trèves Numerianus, adressé aux suffragants de sa province ecclésiastique et datable du règne de Childéric II (662-675), nommé dans la charte. Le privilège de Numerianus est bien dans la lignée des privilèges épiscopaux de l’époque, affranchissant le monastère de la tutelle de l’évêque54, mais il a sans doute été interpolé. On peut en retenir que l’abbaye a été fondée dans les années 660-670 par un évêque, Deodatus (saint Dié), évêque sans siège à la mode irlandaise, connu par d’autres sources, et que les moines y vivaient selon la règle de saint Benoît et saint Colomban. La fondation de Senones est également relatée par un diplôme d’immunité de Childéric II, lui aussi quelque peu suspect : le monastère a été fondé par un certain Gundelbertus, évêque et abbé. À partir du xe siècle, sur la base de la ressemblance des toponymes, on fera de Gundelbertus un évêque de Sens55. Quant au monastère d’Étival, il fut sans doute fondé à peu près à la même période par l’évêque de Toul Bodon-Leudin, frère de sainte Salaberge de Laon56. Moyenmoutier apparaît comme la fondation la plus tardive : le monastère aurait été appelé Medianum monasterium, parce qu’il se trouvait entre ceux de Senones et d’Étival. La première Vita Hidulfi rédigée au xe siècle fait du fondateur un évêque de Trèves, au temps de Pépin le Bref ; la troisième vita place la mort du saint en 707. Un récit de la translation de saint Maximin de Trèves, qui eut lieu aux alentours de 700, nomme un certain Hidulfus qui pourrait bien être l’évêque-abbé de Moyenmoutier, Hidulfe.
26On ignore quasiment tout des destinées de ces quatre monastères pendant près d’un siècle ; seul le Liber de sancti Hidulfi successoribus in Mediano monasterio57 nous renseigne sur la succession des abbés de Moyenmoutier, dont l’un, Sundrabertus, est également attesté par le Livre de Confraternité de Reichenau58 ; en 803 au plus tôt, Charlemagne confie l’abbatiat de Moyenmoutier au patriarche de Grado, Fortunat, un temps réfugié à sa cour59. L’auteur du Liber présente l’intervention de Charlemagne comme le résultat des dissensions entre les moines mais cette intervention montre avant tout que Moyenmoutier est une abbaye royale ; elle le reste par la suite puisqu’elle est nommée au traité de Meersen, dans la part de Louis le Germanique60.
27Il n’est pas étonnant de constater que des abbayes fondées selon la tradition irlandaise par des évêques-abbés et bénéficiant pour certaines de privilèges d’exemption vis-à-vis de l’autorité des évêques diocésains sont passées sous la protection royale à l’époque carolingienne : ce fut aussi le cas de Senones que Charlemagne donna vers 770 à l’évêque de Metz Angilram61 et de Saint-Dié que Pépin donna peut-être à l’évêque de Toul Jacob62, que Charlemagne donna ensuite à l’abbaye de Saint-Denis63 et qu’on retrouve dans la part de Louis le Germanique au traité de Meersen64. En revanche, on ne sait pas par quel mécanisme l’abbaye d’Étival, pourtant fondée par un évêque de Toul, devint également une abbaye royale65 avant de passer, sous Charles le Gros, sous la domination de l’abbaye d’Andlau66.
28De l’indigence de nos sources concernant les destinées de ces monastères au viiie siècle, on tire néanmoins l’impression d’une histoire complexe et mouvementée, largement tributaire des aléas de la politique des Pippinides en cette région. Les incertitudes qui pèsent sur l’histoire de la seule grande abbaye du diocèse de Verdun, Saint-Mihiel, en sont une autre illustration.
29L’histoire de l’abbaye de Saint-Mihiel au viiie siècle repose sur un dossier diplomatique relativement riche dont la plupart des pièces sont uniquement connues par les copies du cartulaire du xiie siècle67. La difficulté d’interprétation vient du fait que les chartes transmises par le cartulaire de Saint-Mihiel ont été tenues pour fausses par de nombreux historiens68, y compris par l’éditeur lui-même car leur teneur vient apparemment contredire les données de la seule charte conservée en original, et non recopiée dans le cartulaire, la donation faite par Pépin à l’abbé Fulrad de Saint-Denis en 755, de la localité, quae appellatur ad Munte sancto Micaelo arcangelo super fluuio Marsupiae (...) cum ipsos clericos qui ibidem deseruire uiduntur69. Le texte de cette donation laisse plusieurs problèmes en suspens :
Y eut-il une première fondation d’abbaye par le comte Wulfoald ?
Doit-on attribuer à Fulrad la fondation du monastère ou seulement l’installation de moines dans un établissement qui existait déjà ?
Combien de temps Saint-Mihiel resta-t-elle dans la dépendance de Saint-Denis ?
30La réponse à ces questions dépend grandement de la confiance qu’on accorde aux chartes du cartulaire de Saint-Mihiel :
charte de fondation de l’abbaye par le comte Wulfoald (709)70 ;
échange entre l’évêque Sigebaud et le comte Wulfoald (décembre 708)71 ;
charte de Wulfoald donnant la terre de Condé à l’abbaye de Saint-Mihiel (722-723)72 ;
diplôme de Charlemagne confirmant l’immunité au monastère Saint-Mihiel de Marsoupe (772)73.
31Les premières chartes ont été considérées par André Lesort comme des faux de même que le diplôme de Charlemagne par Michel Parisse et Otto Gerhard Oexle qui estiment que la période de liberté – toujours contestée par Saint-Denis – ne commença qu’avec l’abbatiat de Smaragde, dont on ignore précisément le début. Mais Ingrid Heidrich, dans son étude sur la titulature et les diplômes des maires du palais pippinides, en 196574, est revenue sur la question et a largement réhabilité les deux premières chartes de Wulfoald, en détruisant en grande partie les arguments d’André Lesort. On ne peut donc plus considérer que le passé de l’abbaye avant la donation de 755 soit de pure invention et il vaut mieux s’attacher à comprendre les apparentes contradictions entre ces documents. On ne peut s’arrêter non plus à l’hypothèse présentée par Alain Stoclet75, selon laquelle Pépin n’aurait donné à Fulrad que le château construit par le comte Wulfoald et les moines seraient restés indépendants à côté, car rien ne vient l’étayer dans les sources.
32On peut considérer que l’histoire de la communauté commence quand, en 709, un comte Wulfoald76, sans doute apparenté au maire du palais rival des Pippinides à la fin du viiie siècle77, fonde une église pour abriter les reliques de saint Michel qu’il a rapportées d’un voyage en Italie78 ; cette église était sans doute desservie par une petite communauté de moines, ou de clercs (ou les deux à la fois). En 751-774, un autre comte Wulfoald, vraisemblablement le fils du précédent, se rebelle contre Pépin et commence la construction d’un château tout près de la petite abbaye79. Wulfoald est vaincu et condamné à mort ; c’est alors que Fulrad intervient, obtenant la grâce de Wulfoald. Les biens de celui-ci sont confisqués et le lieu est donné à Fulrad80. Il est tout à fait plausible qu’alors Fulrad installa des moines à Saint-Mihiel, donnant sa régularité et son essor à l’abbaye. Quant au diplôme d’immunité de Charlemagne, il n’est peut-être pas aussi surprenant qu’il y paraît à première vue. Le destinataire Ermengaud y est qualifié d’abbé et évêque ; il n’était sans doute pas évêque de Verdun81, mais il pouvait être simplement chorévêque ; il est difficile d’imaginer qu’une abbaye dirigée par un chorévêque puisse être soumise à Saint-Denis82. Peu de temps auparavant, en 769, Fulrad avait reçu de Charlemagne le monastère de Saint-Dié et, en 775, ce dernier lui donna des biens pour son prieuré de Salonnes83. Il n’est donc pas impossible que ces faveurs soient intervenues en compensation de la perte de Saint-Mihiel, du fait même du roi. Dans ce cas, Saint-Mihiel ne serait restée aux mains de Saint-Denis que pendant dix-sept années au maximum.
33Les circonstances de la fondation de Gorze, à une dizaine de kilomètres au sud-ouest de Metz ne sont pas connues dans le détail mais les chartes conservées dans le cartulaire et concernant les premiers temps de l’abbaye font bien apparaître que la fondation a été effectuée par l’évêque Chrodegang probablement dès avant 747, date de la première charte de donation de Chrodegang en faveur de Gorze84. En 756, Chrodegang confirme toutes les donations qu’il a faites, détermine l’observance du monastère et le mode d’élection de l’abbé. Il précise en effet qu’il dote le monastère à condition que la règle de saint Benoît y soit suivie à perpétuité et que les moines ne possèdent rien en propre mais que tout soit mis en commun et qu’ainsi ils soient en mesure de prier pour eux et les autres85. Il prévoit qu’après la mort de l’abbé, les moines éliront leur abbé, avec l’accord de l’évêque de Metz, et que, s’il ne peuvent trouver la personne idoine parmi eux, l’évêque en choisira un ailleurs, avec leur accord86. Ce faisant, il confirme les liens étroits entre le monastère et l’évêque de Metz, liens qui permettent également à l’évêque d’intervenir si les moines négligent la règle et que l’abbé ne vaut pas davantage87. Ces liens étroits entre l’évêque de Metz et le monastère de Gorze ont permis à l’évêque d’intervenir dans la nomination de l’abbé88 et d’en être à certaines périodes lui-même l’abbé, comme Chrodegang lui-même probablement jusqu’en 762, date à laquelle apparaît un abbé Theumarus89 ; ensuite on trouve un Magulfus episcopus, qui était peut-être chorévêque à l’époque où le siège de Metz était vacant. Il faut souligner que l’archevêque Angilram ne fut pas abbé de Gorze, puisqu’à l’époque de son épiscopat (768-791), se succèdent les abbés Theumarus et Optarius. Fondé par Chrodegang pour que les moines observent la règle de saint Benoît, le monastère de Gorze suivait sans aucun doute encore cette règle au début de notre période d’étude.
34Peu de temps avant Gorze, fut fondé le monastère d’Hornbach, au nord du diocèse de Metz, tout près de celui de Trèves. À la différence de Gorze dont le destin est étroitement lié à l’évêque de Metz, le monastère d’Hornbach échappe totalement au contrôle de celui-ci. La plus ancienne Vie de saint Pirmin relate que le noble Uuarnharius appela Pirmin auprès de lui et l’invita à choisir dans sa circonscription un lieu pour construire un monastère. Pirmin choisit un endroit proche d’une rivière nommée Gamundias90. On a conservé une charte de fondation du monastère d’Hornbach, datable des environs de 730 ; cette charte fut réécrite et interpolée au début du ixe siècle mais elle contient un certain nombre d’éléments sincères qui la rapprochent dans la forme des chartes de l’autre fondation de Pirmin, Murbach en Alsace91. Le comte Uuarnharius, également nommé Warin, fondateur du monastère, appartenait sans doute à la famille des Widonides, très influente et largement possessionnée dans la région de Trèves92. Le monastère entretenait aussi de bonnes relations avec les Étichonides puisque l’étichonide Adala lui donna des villae en 75493.
35Hornbach était donc un monastère familial où les moines vivaient régulièrement : la confraternité de prière d’Attigny de 762 compte parmi les souscripteurs Iacobus episcopus de monasterio Gamundias94. Le diplôme de Louis le Pieux du Ier septembre 814 se réfère à des diplômes antérieurs de Charlemagne et de Pépin et des rois leurs prédécesseurs, « dans lesquels nous avons vu qu’ils fréquentaient ce même lieu à cause de l’amour de Dieu et chérissaient familièrement au plus profond de leur cœur la congrégation qui y vivait sous l’habit régulier »95. Sans se prononcer sur l’existence et l’authenticité de ces anciens diplômes, il apparaît donc qu’aux yeux du rédacteur du diplôme de septembre 814, l’observance monastique d’Hornbach était ancienne et appréciée des souverains. La réalité est sans doute plus nuancée : les diplômes de Louis le Pieux de 819 et 82396 font apparaître que le monastère eut à souffrir dans ses biens pendant le règne de Charlemagne et donc que la protection royale sur ce monastère privé dépendait étroitement de l’état des relations de leur propriétaire avec le souverain97.
36Gorze et Hornbach sont les deux monastères du diocèse de Metz les mieux connus au viiie siècle : des autres monastères ruraux du diocèse de Metz, quelquefois plus anciens, on ne connaît guère plus que le nom. C’est le cas d’Hilariacum – appelé Saint-Nabor98 après que Chrodegang y eut fait transporter les reliques de ce saint vers 76599 – dont il faut vraisemblablement placer la fondation dans la première moitié du viiie siècle, par l’évêque Sigebaud prédécesseur immédiat de Chrodegang100. On ne sait rien de ce monastère entre sa fondation et 791, date à laquelle l’abbé Walo et les moines auraient fait don d’une partie de leurs biens au comte de Metz Uomerus101, ainsi qu’entre cette date et le xiie siècle, si ce n’est le nom des abbés102.
37L’histoire de l’abbaye Saint-Pient, située dans une enclave dans le diocèse de Metz, près de Moyenvic, est encore plus obscure : les Gesta attribuent son acquisition à deux évêques de Toul différents : tout d’abord à l’évêque Eutulanus103, dont l’épiscopat se situe au début du viie siècle104, puis à l’évêque Ludelme (895-906)105. Il est possible que l’abbaye ait été fondée par (ou sur le tombeau de) Pientius qui vivait sous le pontificat d’Autmundus, à la fin du vie siècle, selon les Gesta106. Elle a pu être donnée à l’évêque Eutulanus par son propriétaire, la noble Pretoria, dont on a retrouvé le tombeau à Saint-Èvre non loin de celui de cet évêque107, et, perdue quelque temps, acquise à nouveau par l’évêque Ludelme. Il n’est pas impossible cependant que l’auteur des Gesta ait voulu à dessein vieillir cette donation en l’attribuant à Pretoria108 dans le but de consolider les droits de l’Église de Toul sur l’enclave de Moyenvic.
38Le monastère de Salonnes tient une place à part puisqu’il ne dépend ni du roi, ni de l’évêque de Metz mais a été fondé par l’abbé de Saint-Denis, Fulrad, à partir d’une donation que lui avait faite Pépin le Bref ; la fondation proprement dite eut lieu avant novembre 775, date de la première mention de la cella109. En 777, Charlemagne lui octroie un privilège d’exemption qui mentionne bien ses liens avec Saint-Denis110. On doit supposer que Fulrad y installa des moines mais on ne connaît même pas leur nombre à son époque111.
39De Saint-Martin de Glandières et de l’abbaye d’Herbitzheim on ne sait rien avant 875 pour la première112 et 871 pour la seconde113, citée dans la part de Louis le Germanique au traité de Meersen. Seul un faux diplôme de Louis le Pieux114 fait remonter la fondation de Saint-Martin à Bodagisel, présenté comme le père de l’évêque Arnoul, et donc à la fin du vie siècle, ce qui n’est guère vraisemblable.
40Enfin, l’église et la communauté de Neumunster n’ont été fondées que bien plus tard, par l’évêque Advence (858-875) à la fin de son épiscopat115.
Les communautés de femmes
41Il n’y a aucune communauté de femmes dans le diocèse de Verdun. Ailleurs elles sont assez peu nombreuses : deux sont situées à l’intérieur des murs de la ville de Metz, deux autres sont situées dans le diocèse de Toul.
42Les deux communautés de femmes de Metz sont de fondation ancienne, viie ou début du viiie siècle au plus tard. Les sources de leur histoire consistent essentiellement en des récits hagiographiques tardifs, au plus tôt de la fin du ixe siècle pour la Vita s. Glodesindis prima, de la deuxième moitié du xe siècle pour la Vita et les Miracula s. Glodesindi II, du ixe siècle ou plus tard encore pour la Vita Waldradae, au reste peu prolixe116. À partir des indices fournis par la Vita Waldradae, Nancy Gauthier a proposé de dater la fondation du monastère de la première moitié du viie siècle ; le monastère aurait été fondé par Waldrade, fille du duc des Alamans Leutharius, allié du maire du palais Grimoald117. Ces hypothèses ont l’avantage d’être en harmonie avec les fouilles archéologiques effectuées dans l’église Saint-Pierre-aux-Nonnains : le monastère a réutilisé comme église la basilique civile du ive siècle où on a pu retrouver la trace des aménagements mérovingiens118. Le diplôme de Charlemagne qui confirme un échange entre l’abbé Fulrad et l’abbesse, Eufemia abbatissa de monasterio superiore, que (sic) est constructus (sic) in honore sancti Petri infra muros Mettis ciuitatis119, ne donne aucun renseignement sur les fondateurs du monastère, ce qui fait qu’on ne peut totalement exclure l’hypothèse d’une fondation plus récente auprès d’une ancienne église mérovingienne120. Les termes même cités plus haut pourraient suggérer que le monastère est de construction récente ; dans le cas d’une construction ancienne on attendrait plutôt les termes qui est situs infra muros... ou, plus simplement, comme pour Fulrad, abbatissa de monasterio...
43La Vita Glodesindis, dans ses deux versions successives, est la seule source qui nous informe sur les débuts de la communauté de Saint-Pierre-le-Bas ; mais elle contient peu d’informations chronologiques fiables. Selon la Vita prima, la sainte fut enterrée, au bout de six années d’abbatiat, dans la basilique des Saints-Apôtres où ne se trouvait pas encore le corps de saint Arnoul121. Ce qui placerait sa mort avant 641 et le début de son abbatiat avant 635. Mais la même vita affirme que la sainte vivait sous le roi Childéric. Or le roi Childéric II régna de 662 à 675, d’où une certaine incohérence chronologique. Nancy Gauthier a proposé un schéma chronologique qui permet de résoudre certaines de ces incohérences : comme le dit la vita, Glossinde serait la fille d’un duc Wintrio, descendant possible du duc Wintrio tué en 597/598 sur ordre de Brunehaut ; la tante qui l’a formée à Trèves, Rotlinde, ne serait autre que la fille de l’abbesse Irmine d’Oeren, Chrodelindis, dont l’existence est attestée par ailleurs, mais non l’abbatiat. Le roi Childéric serait Childéric III (743-751). Glossinde aurait donc fondé son abbaye seulement au milieu du viiie siècle. Le choix de sa sépulture à Saint-Arnoul, qui abritait le tombeau de nombreux Pippinides, pourrait s’expliquer par sa parenté avec les Pippinides, Irmine étant la sœur de Plectrude, épouse de Pépin II.
44Cette dernière remarque doit être nuancée : avant 751 et le changement de dynastie, seuls Arnoul, l’évêque de Metz Clou, son fils, et Drogon fils de Pépin II († 708) furent enterrés à Saint-Arnoul122 ; on ne peut donc pas renforcer l’hypothèse d’un apparentement de Glossinde à la famille carolingienne en s’appuyant sur le lieu de sa sépulture. Il est aussi tout à fait étonnant que l’hagiographe du ixe siècle ait passé sous silence cette parenté, notamment lorsqu’il décrit la translation effectuée en 830 par Drogon, évêque de Metz et fils de Charlemagne. Il faudrait supposer que l’hagiographe écrit n’importe quoi quand il dit qu’à l’époque de la sépulture de la sainte, le corps de saint Arnoul n’était pas encore aux Saints-Apôtres et serait fiable quand il donne les noms du roi et de la tante de la sainte abbesse à Oeren. En outre, si l’on reprend l’hypothèse de Nancy Gauthier, on doit supposer que Glossinde est morte au plus tôt en 750 : son mari Obolenus fut tué sur l’ordre du roi Childéric III, donc au plus tôt en 743, ensuite ses parents essaient de la marier à nouveau, elle s’enfuit, obtient gain de cause puis passe probablement au moins quelques mois auprès de sa tante Rotlinde à Trèves ; elle a donc fondé son monastère au plus tôt en 744 et est décédée six ans plus tard. La Vita prima nous apprend que vingt-cinq ans plus tard, soit dans cette hypothèse au plus tôt en 775, les sœurs ont demandé au roi l’autorisation de percer la muraille pour aménager un passage vers l’église cimétériale Sainte-Marie. Cette procédure étonne à l’époque carolingienne où il suffisait sans doute de s’adresser à l’évêque (Angilram, archichapelain du palais en l’occurrence) ou au comte ; de plus il paraît étonnant que l’hagiographe n’ait pas voulu retenir le nom du roi si vraiment il s’agissait de Charlemagne. D’une façon générale, dans cette hypothèse, l’application avec laquelle l’hagiographe évite toute référence à la famille carolingienne ou bien la rapidité avec laquelle ce passé carolingien a été oublié ne laisse pas d’étonner.
45D’autres éléments contenus dans la vita vont dans le sens d’une datation beaucoup plus haute de la fondation : Obolenus, l’époux de Glossinde, pourrait être un certain duc Bobolenus/Beppolenus, référendaire de Frédégonde et contemporain du duc Wintrio, qui reçut ensuite (entre 584 et 592) de Gontran le gouvernement ducal sur les cités appartenant à Clothaire, fils du roi Chilpéric et qui finit assassiné (Grégoire de Tours). Le duc Wintrio tué en 597/598 sur ordre de Brunehaut pourrait bien être alors le père de Glossinde : la fondation du monastère aurait alors eu lieu entre 592 (mort de Bobolenus) et 597/598 (mort de Wintrio), Glossinde serait morte vers 598/604. Mais cette date haute entre en contradiction avec la mention d’un roi Childéric et rend impossible l’identification de la tante de la sainte, abbesse à Trèves, d’autant qu’il ne semble pas y avoir eu de monastère féminin à Trèves avant le début du viie siècle123.
46Il est donc impossible de concilier entre eux tous les éléments chronologiques de la Vita prima. Le caractère contradictoire de ces informations s’explique peut-être par le fait que l’hagiographe disposait d’un récit ou de bribes de récits où figuraient Wintrio (d’autant que le souvenir de son tombeau s’était gardé à Saint-Arnoul124) le roi Childéric et la tante Rotlinde abbesse à Trèves, mais que préoccupé de faire remonter le plus loin possible la fondation du monastère, il a placé la sépulture de la sainte aux Saints-Apôtres en un temps où le corps de saint Arnoul n’y était pas encore... La volonté évidente de l’auteur de la Vita prima de vieillir la fondation du monastère est peut-être à mettre dans un contexte de concurrence avec l’abbaye voisine et homonyme de Saint-Pierreaux-Nonnains qui se prévalait également d’origines mérovingiennes.
47En écrivant vers 960 la préface du récit de la translation de sainte Glossinde, Jean de Saint-Arnoul était conscient de cet imbroglio chronologique :
« Nous sommes d’ailleurs heureux de ce que cette seconde partie nous mène sur une route un tout petit peu plus sûre, surtout parce que les indications de dates, totalement absentes de la première, y sont plus claires. Car si l’on excepte le nom du roi Childéric tout au début – et encore est-il avancé à titre de conjecture –, le texte ne dit jamais sous quel roi ou sous quel prince se sont déroulés les événements, si bien que le nom même de Childéric, dont la sentence entraîne la mort du mari de la bienheureuse vierge, ne renseigne pas suffisamment sur la date. En vérité, s’il s’agit bien de ce Childéric-là, la tradition veut qu’il ait vécu peu de temps avant Charles l’Ancien, et qu’il ait été encore vivant au moment où Pépin, le père de ce même Charles, précédemment duc et maire du palais comme on disait alors, obtint le pouvoir royal parce que Childéric avait sombré dans une telle stupidité et une telle incapacité qu’il était devenu non seulement incapable de diriger, mais même totalement bon à rien125. Si cela est juste ou faux, je n’en sais trop rien, mais les annales et les historiens que j’ai pu consulter à côté de la Vita Karoli, donnent le nom d’un Ragamfredus de la main duquel Charles ôta le pouvoir (prindpatum) ; un de ces livres d’annales mentionne très brièvement Childéric en suivant la tradition évoquée plus haut, selon laquelle après avoir été déposé et tonsuré il fut remplacé par Pépin. Néanmoins, s’il faut placer à cette époque-là le Childéric en question, on ne voit pas bien comment accepter l’idée que le lieu de sépulture des religieuses, dédié aux saints Apôtres, n’ait pas encore, à cette date, été illustré par le corps de saint Arnoul, puisqu’on sait qu’Arnoul mourut bien avant ce Childéric, et que, comme il est dit dans les écrits sacrés de ses Gestes, son corps fut transféré de sa sépulture à Metz à peine un an après sa mort »126.
48Au xiie siècle, l’auteur du Libellus de rebus Treuirensibus était arrivé à une chronologie similaire :
« La même année que Milo fut tué, décéda Rothildis, abbesse du monastère de fille de Trèves qui est appelé Horreum ; c’était une vierge très sainte, soeur du duc Uuinithere, qui était le père de sainte Gloresindis (sic) qui repose à Metz »127.
49L’hypothèse avancée par Nancy Gauthier reste donc la plus vraisemblable même s’il me semble qu’il ne faut pas faire fond sur la parenté de Glossinde avec les Pippinides ou plus exactement avec Plectrude, épouse de Pépin II : si cette parenté n’était pas connue des hagiographes des ixe et xe siècles, c’est qu’elle avait été oubliée, peut-être parce que Plectrude n’était pas l’ancêtre des Carolingiens128. Il est donc possible que l’installation de monastères féminins dans les murs de Metz soit plus récente que ne le laisse supposer une première lecture des vitae : l’un comme l’autre ont pu être fondés au milieu du viiie siècle à l’époque de l’épiscopat de Chrodegang.
50Dans cette hypothèse, les monastères de femmes les plus anciens auraient été ceux fondés dans les campagnes du diocèse de Toul : Remiremont129 et Bonmoutier.
51Grâce aux vitae des saints fondateurs Romaric et Amé, écrites probablement dès le troisième quart du viie siècle, mais aussi grâce à la Vita Columbani de Jonas de Bobbio, la Vita Arnulfi, la Vita Sadalbergae et la Vita Germani (de Moutier-Granval), on possède des informations crédibles sur les premiers temps de l’abbaye de Remiremont130. Il en ressort que l’abbaye fut fondée dès le début du viie siècle par un membre de l’aristocratie austrasienne, Romaric, hostile à Brunehaut et allié d’Arnoul et de Pépin de Landen. Sous l’influence d’Eustase, abbé de Luxeuil, et d’Amé, ancien moine de Saint-Maurice d’Agaune ramené à Luxeuil par Eustase, il décida de fonder un monastère de femmes. Romaric, Amé et un certain nombre d’autres moines s’y établirent également. Le monastère fut, semble-t-il, établi dans une villa qui appartenait à Romaric mais fut bientôt transféré : selon les Vies de Romaric, Salaberge et Germain, ce deuxième monastère avait été fondé in heremo – dans une solitude –131, in Vosagu saltu – dans le territoire boisé et vallonné des Vosges –132, in cacumina montium – au sommet d’un mont133. Selon Josiane Barbier, les termes employés montrent que des biens du fisc avaient été donnés à la communauté pour qu’elle s’y établisse134 ; ce qui n’a rien d’impossible étant donné les bonnes relations qu’avait Romaric avec le roi Clothaire II.
52La règle suivie par la communauté de Remiremont n’est pas explicitement précisée. Il est probable qu’elle suivait, à l’instar de Luxeuil, une règle mixte bénédicto-colombanienne135, mais qu’elle avait été aussi influencée par la règle suivie à Saint-Maurice d’Agaune puisqu’Amé y avait instauré la laus perennis136. Il n’est guère facile de savoir comment évolua l’observance dans l’abbaye tout au long du viiie siècle. Contrairement à ce qui est communément admis137, il n’est pas sûr que la communauté masculine, dont le dernier abbé connu fut un certain Garichramnus († après 670), ait totalement disparu ; il est probable qu’elle n’eut plus d’abbé, mais seulement un prévôt, comme le prévôt Théodoric sous les abbesses Imma et Teuthilde au ixe siècle et qu’elle était composée de quelques clercs chargés des services religieux, et non plus de moines.
53En revanche, le Liber Memorialis a conservé la liste des abbesses de Remiremont138 : à Mactefledis, mise en place par Romaric, qui ne siégea que deux ans, succédèrent Erkhendrudis, Sigoberga (identique, semble-t-il, à l’abbesse Cecilia à qui est dédiée la Vita Romarici139) Gebedrudis (appelée aussi Tetta selon la Vita Adelphii), abbesse lors de la mort d’Adelphe (après 670) et onze autres dont on ne connaît que les noms, jusqu’à l’abbesse Imma qui introduisit la règle bénédictine à Remiremont, vers 820140. Le Liber Memorialis donne aussi la liste des religieuses ayant vécu au Castellum avant cette date ; elles sont au nombre de 369 pour deux siècles, ce qui correspond à six ou sept générations, c’est peu : cela donne environ soixante moniales vivant en même temps au monastère ; cela ne correspond pas aux exigences de la laus perennis qui nécessite la présence de sept groupes de douze religieuses en même temps, soit quatre-vingt-quatre. Il faut donc supposer que la laus perennis ne fut pas toujours appliquée ou subit des aménagements ou, ce qui est fort plausible, que la liste est incomplète. Ce nombre idéal de quatre-vingt-quatre moniales et la pratique de la laus perennis ont en tout cas survécu puisque la liste des moniales vivant à Remiremont vers 850 donne encore exactement quatre-vingt-quatre moniales141. Rien n’indique donc que l’observance de la règle ait fléchi à Remiremont au cours du viiie siècle.
54Les fouilles menées au « Saint-Mont », site primitif de l’abbaye de Remiremont, en 1988-1991 (cf. fig. 8 et 9, infra), ont permis de mettre en évidence l’existence d’un vaste bâtiment orienté est-ouest, composé de plusieurs pièces ; les trois pièces fouillées ont livré un mobilier de céramiques des viie-viiie siècles. Elles ont aussi confirmé l’existence d’une vaste construction d’environ 15 mètres de côté occupée du haut Moyen Âge au xvie siècle, reprenant un mur antérieur édifié vers le ve siècle142.
55Un peu plus tardive est sans aucun doute la fondation du monastère de Bonmoutier, qu’on ne connaît que par une mention de la Vita Hidulfi III, du milieu du xie siècle143 et par la notice des Gesta episcoporum Tullensium consacrée à l’évêque Bodon144. Pour Humbert de Moyenmoutier comme pour l’auteur des Gesta, la fondation est à mettre à l’actif de l’évêque Bodon, prédécesseur de Jacob, lui-même attesté en 757. En s’appuyant sur la Vita Sadalbergae de la fin du viie siècle145, Nancy Gauthier a montré que cet évêque Bodon n’était autre que le propre frère de l’abbesse de Laon, Leudin-Bodon146, et qu’il fallait donc attribuer à l’évêque Leudinus du viie siècle, mentionné par les Gesta, les fondations, attribuées à Bodon, d’Étival, de Bonmoutier et d’Enfonvelle. Le monastère de Bonmoutier a tout d’un monastère privé, puisque Bodon plaça à sa tête sa fille Teutberga ; il est possible qu’il l’ait fondé avant de devenir évêque et l’ait ensuite transmis à l’Église de Toul147. Aucun document ne nous est parvenu sur les destinées de l’abbaye au viiiie siècle : le diplôme d’immunité de Louis le Pieux de 8r6 fait allusion à un diplôme similaire de son père Charles et des rois qui l’ont précédé148. Il est donc probable que l’abbaye, pour des raisons inconnues, est passée sous la protection royale dans le courant de la deuxième moitié du viiie siècle, probablement à l’époque où Pépin le Bref met sous sa protection des abbayes jusque-là aux mains des évêques149. Aucune source ne nous renseigne sur la règle suivie par les moniales ; seuls les liens de Bodon avec Luxeuil permettent de supposer à l’origine une règle mixte bénédictocolombanienne à l’image de celle imposée à Faremoutiers par le troisième abbé de Luxeuil, Walbert150.
56Ainsi brossé, le tableau de l’histoire des communautés religieuses de Lorraine peut paraître bien fragmentaire ; on n’en retire pas moins l’impression générale de communautés solidement implantées, en relation étroite avec le pouvoir pippinide puis carolingien, même si l’aristocratie locale fut souvent à l’origine de leur fondation et de leur dotation foncière initiale.
Notes de bas de page
1 BnF, lat. 268 ; T. Klauser et R. S. Bour, « Un document... », p. 521-534 ; insérée dans un évangélaire carolingien de la première moitié du ixe siècle, la liste remonte vraisemblablement au troisième quart du viiie siècle, à l’époque de l’évêque Chrodegang (C. Heitz, « Metz et son groupe épiscopal... », p. 12-13).
2 Les chiffres indiqués entre parenthèses se réfèrent aux plans ; ex : (18) Saint-Èvre de Metz.
3 Le patronage de saint Arnoul est attesté pour la première fois par un diplôme de Chilpéric II de 717 (MGH Diplomata 1, no 89, p. 78-79 ; Die Urkunden der Merowinger, 1, no 175, p. 434-436) : ad basilicam sancti domni Arnulfi uel sanctorum apostolorum.
4 N. Gauthier, Topographie..., 1, p. 48-52.
5 Diplôme de Pépin II, 691 : (...) ut a die presenti et deinceps uniuersa ad locum sanctum supranominatum sub potestate seruorum Dei, qui ibi uel sunt et futuri sunt, ubi ad presens uidetur praeesse uenerabilis uir Romulus abbas, deueniant... (MGH Diplomata 1, no 2, p. 91-92 ; édition sensiblement différente avec datation de 687, par I. Heidrich, Die Urkunden..., no 2, p. 55-58.
Liste des églises messines mentionnées sur le plan ci-contre
Saint-Jean (2) | Saint-Pierre-Sainte-Glossinde (15) | Saint-Félix-Saint-Clément (23) | Saint-Marcel (33) |
6 La seule église nouvelle attestée entre 750, époque de référence du plan établi par N. Gauthier, et le début du xe siècle, est celle de Saint-Sauveur (42).
7 Aucune nouvelle église n’apparaît dans les sources entre 750, époque de référence du plan établi par N. Gauthier et le début du xe siècle.
8 Aucune nouvelle église n’apparaît dans les sources entre 750, époque de référence du plan établi par N. Gauthier et le début du xe siècle.
9 N. Gauthier, Topographie..., I, p. 48-49.
10 Bilan irremplaçable des sources et des connaissances sur ces églises dans Th. Klauser et R. S. Bour, « Un document... », en particulier, p. 534-646. Pour une approche plus concise sur la période pré-carolingienne, N. Gauthier, Topographie..., I, p. 42-53.
11 Contrairement à ce qu’affirma un peu rapidement le chanoine Bour (« Un document... », p. 635), l’église Saint-Symphorien qui possédait des biens à Clüsserath dans la région de Trèves est vraisemblablement l’abbaye (féminine) de Saint-Symphorien de Trèves.
12 MGH Diplomata 1, Diplomata spuria, no 7, p. 214-215. À la suite de Mülhbacher, I. Heidrich le considère comme sincère (« Titulatur... », p. 251-252, no 28).
13 MGH Diplomata 1, no 89, p. 78-79, Die Urkunden der Merowinger, 1, no 175, p. 434-436.
14 Mise au point récente par H. Noizet, De la basilica au monasterium : les communautés du troisième type, étude de quelques établissements basilicaux français (vie-xe siècle), mémoire de DEA sous la direction de N. Gauthier, Tours, 1998, en particulier, p. 119-121 et « Les basiliques martyriales au vie et au début du viie siècle », Revue d’histoire de l’Église de France, 87, 2001, p. 329-355.
15 Édition partielle dans MGH SS 24, p. 527-545 ; Ms. Clervaux no 107, fin du xiiie siècle.
16 I. Heidrich a repris la critique de ces documents et montré que la plupart d’entre eux sont sincères ou seulement interpolés : « Titulatur... », p. 246-253 et Die Urkunden...
17 J.-B. Keune, « Altertumsfunde aus der FIur Sablon », JGLG, 16, 1904, p. 316-384 ; R. S. Bour, « Die Benediktinerabtei St-Arnulf vor den Metzer Stadtmauern », ibid., 19, 1907, p. 1-136 et 20, 1908, p. 20-120 ; N. Gauthier, Topographie..., I, p. 49.
18 Historia S. Arnulfï Mettensis, MGH SS 24, éd. G. Waitz, 1875, p. 533-534 : Iacet insuper in predicta cripta, ubi beata Glodesindis requieuit in corpore longo tempore, Uuintro dux regionis prime Gallie Belgice, que modernis temporibus Lotoringia nuncupatur. Hic fuit pater predicte uirginis Glodesindis, qui adhuc retinet sibi sepulturam in sinistra parte eiusdem cripte in introitu iuxta gradus. Iacuerunt enim multi principes, duces et comités, necnon et magne dignitatis persone usque ad tempus uenerabilis uiri Theobaldi abbatis sancti Arnulphi. Cum enim uenerabilis abbas Theobaldus anno dominice incarnationis millesimo ducentesimo tricesimo nono, temporibus uenerabilis Iacobi metensis episcopi, nobilissimi et illustris uiri, chorum uellet facere longiorem et noua ibi facere stalla et sedilia, ut fratres inibi Deo seruientes facilius et commodius et honestius orationi insisterent, inuenerunt ministri, cum foderent in choro, xxii. sepulchra uirorum uenerabilium...
19 Chronique de Frédégaire, MGH SRM 2, p. 147 ; édition et traduction par O. Devillers et J. Meyers, Brepols, 2001, p. 141.
20 Benoît-Picard, Histoire de Toul, p. 228.
21 [AE 1, 820/30, p. 352] : (...) in cellula suburbii nostri, quae meritis et sepultura beati Apri effulget, monachos quondam regularibus effloruisse uiderim.
22 N. Gauthier, Topographie..., p. 59 ; A. Liéger, R. Marguet, J. Guillaume, « Sépultures mérovingiennes de l’abbaye Saint-Èvre à Toul (Meurthe-et-Moselle) », Revue archéologique de l’Est et du Centre-Est, 1984, 3-4, p. 301-317.
23 Signataire des actes du concile de Paris, 614, Concilia Galliae, II, éd. de Clercq, CC 148 A, Turnhout, 1963, p. 282 : Ex ciuitate Tollo Eudila episcopo.
24 884, 15 février, Colmar [DSM 1, p. 335]
25 Diplôme d’Otton Ier, en faveur de Saint-Èvre, 3 août 947 :(...) ecclesia S. Mansueti (...) ut ex eis dem monachi aliqui Deo et S. Mansueto deseruiant... (MGH DRIG 1, no 92, p. 174-175).
26 Gesta episcoporum Tullensium, MGH SS 8, p. 641 (extrait de la Vita Gerardt) : Abbatiam sancti Mansueti primi huius sedis pontificis pene adnullatam in decentem statum restituit, eius a fundamentis coenobium restituit.
27 Basilica sancti domni Petri et domni Uitoni oppidi Uirdunensis ubi leprosi resident (éd. W. Levison, « Das Testament... », p. 129).
28 Cf. chapitre 5, p. 186.
29 Acte de Bérard, abbé de Saint-Martin, 960 : Quod gloriosissimus rex Sigebertus, condito monasterio in honore beati Martini sud urbe Mettensi... (éd. J. Halkin et C. G. Roland, Recueil des chartes de Stavelot-Malmedy, Bruxelles, 1909, I, no 78).
30 Vita S. Sigeberti regis, AA SS, feb., I, p. 232.
31 BnF, lat. 266. Cf. H. Lepage, « L’abbaye Saint-Martin-devant-Metz », Mémoires de la société d’archéologie lorraine, 1878, p. 109-238, en particulier, p. III.
32 (...) ciuitatem Mettis cum abbatia Sancti Petri et Sancti Martini (Annales de Saint-Bertin, éd F. Grat et alii, p. 172). Cette mention n’est pas sans poser problème car il semble n’y avoir qu’une seule abbaye Saint-Pierre et Saint-Martin ; soit il faut comprendre abbatia en facteur commun aux deux églises Saint-Pierre et Saint-Martin, soit suppposer que l’abbaye Saint-Pierre (Sainte Glossinde ou Saint-Pierre-le-Haut ?) était également dédicacée à saint Martin, soit que l’abbaye Saint-Martin avait aussi une dédicace à saint Pierre. Aucun autre document ne permet de trancher.
33 [PSMa 1, p. 389].
34 Celui conservé aux AD MM (G 555) a été confectionné au xviiie siècle et ne contient aucun acte antérieur au xiiie siècle ; celui de la BnF, fr. 11848, confectionné au xive siècle, ne contient aucun acte antérieur à 1298.
35 M. Parisse, Histoire de Lorraine, p. 54 et 91. Traité de Meersen, Gillini monasterium, dans Annales de Saint-Bertin, éd. Grat et alii, p. 172.
36 Dans les diplômes successifs de restitution de Saint-Èvre à l’Église de Toul, en 877, 9 décembre, Compiègne [DT 3, p. 334], en 893, 2 février, Florange [DT 7, p. 339] et en 900, 31 octobre, Strasbourg [DT 10, p. 343].
37 MGH DRIG 2, no 62, p. 71-73.
38 Les auteurs de la Gallia Christiana identifient cependant cette abbaye avec l’église Saint-Martin de Sorcy (T. XIII, col. 1067).
39 Gesta episcoporum Tullensium, MGH SS 8, p. 639.
40 AD MM G 1384, inventaire de Lemoine, xviiie siècle, Chartes des évêques, no ibis ; infra, fig. 11, p. 91. La forêt proche de Sorcy-Saint-Martin porte le nom de forêt de Dommartin-aux-Fours.
41 [AE 14, p. 358] : (...) uenit uir nobilis Sigedeus abba ex coenobio beati confessoris christi Apri et proclamauit se et dixit, quod decimam quant ad ecdesiam uel altare sancti Martini, quae est sita in uilla qui quae dicitur Manonicurte et Tomblonicurte, ad aliam ecdesiam, quae dicitur in uilla domni Apri, fuisset datus.
42 Gallia Christiana, t. XIII, col. 1067.
43 N. Gauthier, L’évangélisation...
44 Dom Calmet, Histoire de Lorraine, Ib, p. 366 ; Dom François et Dom Tabouillot, Histoire de Metz, p. 332.
45 [PMe 1, p. 387].
46 « Zur Frühgeschichte... », en particulier, p. 69-74.
47 [AE 5, 863, p. 354].
48 E. Roth, « Die Ausgrabungen... », « St Arnual ».
49 Annales de Saint-Bertin, éd. Grat, p. 174 ; sur cette identification, cf. W. Haubrichs, « Die Abtliste... », p. III.
50 N. Gauthier, L’évangélisation..., p. 343-344.
51 Diocèse de Trèves. L’abbaye de Tholey était à notre époque une possession des évêques de Verdun ; cf. W. Haubrichs, « Die Abtliste... », p. 138-149.
52 Gesta episcoporum Virdunensium, MGH SS 4, p. 43.
53 L'Évangélisation..., p. 299-310 et 341-343. On peut également utilement consulter H. Büttner, « Die politische Erschließung... », p. 377-396.
54 E. Ewig, « Das Formular von Rebais und die Bischofsprivilegien der Merowingerzeit », dans Spätantikes und Fränkisches Gallien..., p. 475-476.
55 Vita S. Hidulfi III, AA SS, iul., Ill, p. 232.
56 Gesta episcoporum Tullensium, MGH SS 8, § 22, p. 636.
57 MGH SS 4, § 1-2, p. 87-88.
58 Infra, chapitre 6, p. 213.
59 Liber de s. Hidulfi successoribus, MGH SS 4, § 3, p. 88.
60 Annales de Saint-Bertin, éd. F. Grat et alii, p. 172.
61 Richer de Senones (MGH SS 25, L. II § 1, p. 269) ; la lettre de Frothaire à Drogon atteste bien que Senones appartient à l’évêque de Metz : Ceterum sciat uestra dilectio mihi opido displicere de quibusdam monachis cenobii uestri (MGH Epistolae 5, Karolini aevi 3, Frotharii episcopi Tullensis epistolae, p. 294-295, no 28, La correspondance..., no 10, p. 108-111).
62 Témoignages concordants des Gesta epicoporum Tullensium (MGH SS 8 § 23, p. 637 : Iacob uero episcopus, qui post domnum Bodonem in cathera resedit episcopali, adquisiuit abbatiam sancti Deodati apud Pippinum piissimum regent...) et du diplôme d’Otton II du 18 mars 975 (MGH DRIG 2, no 2, 99, p. 112).
63 MGH DK 1, no 55, p. 81-82, 13 janvier 769. La cession à Saint-Denis n’est pas forcément contradictoire avec la donation à l’évêque Jacob par Pépin le Bref ; si Saint-Dié est un monastère royal, la cession à l’évêque de Toul peut avoir été faite à titre viager et avoir été remise en cause par Charlemagne dès le début de son règne. Il en est peut-être de même de la donation à l’abbé Fulrad de Saint-Denis, puisque Saint-Dié n’apparaît jamais plus dans les listes de confirmation des biens de Saint-Denis. Cf. M. Parisse, « Saint-Denis et ses biens... », p. 248-249.
64 Annales de Saint-Bertin, éd. F. Grat et alii, p. 172.
65 Elle est nommée également au traité de Meersen dans la part de Louis le Germanique (Annales de Saint-Bertin, éd. Grat, p. 172).
66 [DE 1, p. 336] ; Richer de Senones (MGH SS 25, p. 259).
67 A. Lesort, Chronique et chartes...
68 M. Parisse, « Saint-Denis et ses biens en Lorraine et en Alsace », Bulletin historique et philologique du CTHS, 1967, p. 233-256 ; O. G. Oexle : « Das Kloster Saint-Mihiel... » ; M. Parisse : « In Media Francia : Saint-Mihiel... ».
69 MGH DK 1, no 8, p. 12-13.
70 A. Lesort, Chronique et chartes..., 1, p. 39-49.
71 Ibid., 2, p. 50-52.
72 Ibid., 3, p. 52-54.
73 Ibid., 4, p. 54-55.
74 « Titulatur », p. 213-218.
75 Autour de Fulrad..., p. 74-75.
76 Probablement celui qui effectue un échange avec l’abbesse Anstrude de Laon et est présenté par la Vita Anstrudis comme ayant de bonnes relations avec Pépin II (cf. M. Gaillard, « De l’Eigenkloster à l’abbaye royale : le monastère Sainte-Marie-Saint-Jean de Laon aux viie et viiie siècles, à travers les sources hagiographiques », dans L’hagiographie au Haut Moyen Âge : manuscrits, textes et lieux de production, s. d. M. Heinzelmann, Sigmaringen, 2000, p. 249-262, Beihefte der Francia, 30).
77 H. Ebling, Prosopographie der Amsträger des Merowingerreiches von Clothar II (613) bis Karl Martell (741), Munich, 1974, p. 243-246 ; F. Staab, Untersuchungen..., p. 300-307.
78 Un tel voyage est plausible ; les relations entre Francs et Lombards ne se sont pas encore détériorées comme le montre le « stage » que fit Pépin à la cour du roi Lombard. En outre le prénom de Wulfoald pourrait bien être d’origine lombarde, comme celui de Grimoald...
79 Diplôme de Pépin le Bref, 755, MGH DK 1, no 8, p. 12-13.
80 Ibid.
81 Il ne figure pas dans les Gesta.
82 L’argument selon lequel l’immunité ne pouvait être conférée à une dépendance de Saint-Denis ne tient pas puisqu’en 777, Charlemagne conféra l’immunité au prieuré de Salonnes, fondé par Fulrad (infra, p. 76). D’ailleurs le diplôme d’immunité pour Saint-Mihiel fait référence à une précédente immunité délivrée par Pépin : (...) sicut bone memorie domnus et genitor noster Pippinus quondam rex fecit.
83 MGH DK 1, no 107, p. 152.
84 D’Herbomez, Cartulaire..., no 1, p. 2-4. Sur la date de cette charte, peut-être interpolée, ibid., p. 365-373·
85 Ibid., no 4, p. 10 : (...) aedificaui monasterium in loco qui dicitur Gorzia, in pago Scarponinse, in honore beatissimorum apostolorum Pétri et Pauli, necnon et sancti Stephani, seu et ceterorum sanctorum, et fundaui atque dotaui ipsum monasterium de rebus et terris que per uenditiones, commutationes, michi legibus obuenerunt, ea scilicet conditione, ut in ipso monasterio monachi secundum ordinem et regulam sancti patris nostri Benedicti abbatis, amodo semper perpetuis temporibus, uiuant, et, sicut ibi scriptum est, nichil penitus proprium habentes, sed sint illis communia omnia in omnibus qualiter et pro se et pro aliis ualeant exorare.
86 Ibid., p. 11-12 : Et iuxta dispensationem diuinam, cum abbas de ipso monasterio ad Dominum migrauerit, quem unanimiter omnis illa monachorum congregatio obtime regule compertum et uite meritis congruentem elegerint, una cum consensu et uoluntate memorate urbis episcopi, ipsum sibi habeant abbatem. Et si in ipsam congregationem, quod absit ! non potuerint talem inuenire qui eos regulariter regat, tunc ipse pontifex, cum consensu et uoluntate eorum, de alio monasterio eligat abbatem...
87 Ibid., p. 12 : Et si, quod absit ! ipsi monachi de eorum regula aut religione tepidi aut negligenter reperti fuerint, secundum eorum regulam ab abbate suo corrigentur. Sin autem ipse abbas non preualet, tunc prefatus pontifex cohercere debeat...
88 Ainsi fera Advence en 863, cf. plus loin, chapitre 5, p. 170.
89 D’herbomez, Cartulaire..., no 8, p. 18-20. Il y eut peut-être un abbé de Gorze auparavant si l’on en croit les termes de la charte de 756 et le fait qu’elle est souscrite par un seul abbé, Rabigaudus, au milieu de tous les évêques réunis en concile à Compiègne à cette date.
90 AA SS, nov., II, § 9-11, p. 39-40. La vita fut probablement écrite vers 830.
91 Cf. A. Doll, « Das Pirminkloster Hornbach », p. 111-116 et 121-123 et aussi A. Stoclet, Autour de Fulrad..., p. 125-129.
92 Ibid., p. 117-120. À cette famille appartenait l’évêque Milo de Trèves, fils de l’évêque de Trèves précédent, Liutwin, que Charles Martel plaça également à la tête du diocèse de Reims ; cf E. Ewig, « Milo et eiusmodi similes », Spätantike..., p. 189-220, en particulier p. 190-199. Sur les destinées de la famille des Widonides du viie au xe siècle, un aperçu commode dans H. Büttner, « Die Widoniden ».
93 Il n’y a par contre aucun doute sur l’authenticité de cette charte ; cf 1. Heidrich, « Titulatur... », p. 191 et 193.
94 MGH Concilia 2, p. 73.
95 Monumenta Boica, 31/1, no 18, p. 46-47 : (...) in quibus insertum reperimus qualiter eundem locum propter diuinum requentassent amorem et familiariter congregationem sub regulari habitu ibi degentem intimo cordis amore dilexissent...
96 819, 7 août, Ingelheim [DH 1, p. 321] et 823, 8 janvier [DH 2, p. 322].
97 A. Stoclet, Autour de Fulrad..., p. 128-129.
98 De nos jours Saint-Avold.
99 Paul Diacre, Liber..., MGH SS 2, p. 268 : Dehinc Sigebaldus (...) duo monasteria condidit, e quibus unum Eleriacum uel etiam Noua-Cella, alterum quoque Nouum-Uillare (Neuwiler, diocèse de Trèves) uocitatur.
100 Ibid., p. 267 : Expetitit denique a Paulo Romano pontifice dua corpora sanctorum martyrum, id est beati Gorgoni quod in Gorzie requiescit et beati Naboris quod in Hilariaco monasterio conditum est.
101 Gallia Christiana, XIII, col. 838.
102 Selon les Bollandistes (AA SS, oct., XIII, p. 1) et J. Dubois (Les martyrologes du Moyen Âge latin, Typologie des Sources du Moyen Âge occidental, fasc. 26, Turnhout, 1978, p. 31), le manuscrit du martyrologe hiéronymien, Berne 289, de la fin du viiie siècle (éd. E. Dümmler, « Ein Metzer Todtenbuch », Forschungen zur Deutschen Geschichte, 13, 1873, p. 597-600), a été écrit pour l’usage du monastère de Saint-Nabor ; des additions y ont été effectuées, notamment celle de sainte Glossinde au 8 des calendes d’août (25 juillet). Cf. aussi H. Tribout de Morembert, « Les manuscrits... », p. 185-187.
103 MGH SS 8, § 14, p. 635 : Deinde pontificatus culmen adipisci meruit Eutulanus (...) Quo episcopali cathedra residente, quaedam Dei famula, atque in augmentandis ecclesiis Dei deuota, nomine Praetoria, dédit ad praescriptam sedem sanctae Marine Dei genitricis semperque uirginis et sancti prothomartyris Stephani (...) abbatiam sancti Pientii (...) sicut in eius carta continetur.
104 Supra, p. 64.
105 MGH SS 8, § 29, p. 637 : Adquisiuit etiam abbatiolam sancti Pientii, quam Pretoria Dei fidelissima dederat.
106 N. Gauthier, L’Évangélisation..., p. 234 et 420 ; Gesta episcoporum TuIlensium, MGH SS 8, § 13, p. 634-635.
107 Supra, p. 64.
108 Les autres domaines donnés par Pretoria se situent dans un rayon de 15 km autour de Toul (N. Gauthier, L'Évangélisation..., p. 420-421).
109 MGH DK 1, no 118, p. 165-166 : Simile modo ex nostrum promissum et confirmationem absque episcoporum Metinsis ecclesiae inpedimentum pars sancti Dionisii una cum ipso cenubio Salona sub nostram tuitionem et defensionem...
110 AD MM G 468 ; MGH DK 1, no 118, p. 164-166 ; photographie et commentaire dans 799, Kunst und Kultur der Karolingerzeit, catalogue de l’exposition de Paderborn, vol. 1, Mayence, 1999, p. 127-128.
111 A. Stoclet (Autour de Fulrad...) s’intéresse avant tout aux aspects économiques des fondations « fulradiennes » dans le Saulnois (p. 75-85).
112 Diplôme de Louis le Germanique, 875, 21 novembre, Metz [DSMG 2, p. 331].
113 Heribodesheim, Annales de Saint-Bertin, éd. Grat et alii, p. 172.
114 835, 15 mai, Worms [DSMG 1 (†), p. 324].
115 Diplôme interpolé de Louis le Germanique, 871,13 juin, Tribur [DN 1, p. 331].
116 Cf. chapitre 1, p. 33-39.
117 N. Gauthier, L’évangélisation..., p. 296-297.
118 Ibid., p. 298-299. Sur ces fouilles, en dernier lieu, F. Heber-Suffrin, « Saint-Pierreaux-Nonnains ».
119 MGH DK 1, p. 186-187.
120 Le prénom de la fondatrice, Waldrada, est le même que celui de la concubine de Lothaire II ; il n’est pas impossible que Lothaire ait donné l’abbatiat de Saint-Pierre à Waldrade comme il avait donné celui de Saint-Pierre-le-Bas à son épouse Teutberge ; dans ce cas la vita de la sainte aurait pu être inventée de toutes pièces. En tout cas la vita n’eut guère de succès : si la nom de la sainte est bien mentionné dans le nécrologe (fol. 9) et dans le martyrologe (fol. 51v.) de Saint-Pierre-aux-Nonnains (BnF, lat. 10028, xiiie siècle), aucun renseignement n’est ajouté et sa qualité d’abbesse n’est même pas précisée. Waldrade n’est pas mentionné dans le martyrologe d’Usuard rédigé entre 850 et 877 (J. Dubois, Le martyrologe d’Usuard, Bruxelles, 1965) mais seulement dans un manuscrit bien plus tardif en provenance d’Utrecht (éd. J. Du Sollier, AA SS, iun., VI, p. LV, § 244 et, p. 227).
121 Vita I (AA SS, iul., VI, § 14), p. 204.
122 R.. S. Bour, « Die Benediktiner-Abtei S. Arnulf... ».
123 N. Gauthier, Topographie..., I, p. 25-32.
124 « Petit Cartulaire » de Saint-Arnoul de Metz, Ms. Clervaux (Luxembourg) 107, fol. 12v ; Historia s. Arnulfi Mettensis, MGH SS 24, p. 533.
125 L’auteur semble confondre Chilpéric II qui régna sur la Neustrie au tout début du principat de Charles Martel et fut mis en place par le maire du palais de Neustrie Ragenfred et Childéric III, qui fut mis en place par les maires du palais Pépin et Carloman et régna de 743 à 751.
126 Traduction M. Goullet ; Miracula S. Glodesindis II, p. 213 (AA SS, iul., VI) : (§. 19) Gratum prete rea admodum habemus, quod haec posteriora certiori iam aliquantum ducunt itinere, temporis maxime noti tia, quae superiores partes non nihil infuscat, lucidius insignita. Nam excepta prima fronte nomine Childerici regis et hoc sub opimone apposito per totam exinde narrationem, quid sub quo rege uel principe qestum sit, ita siletur, ut etiam ipse Childericus, qui in nece sponsi beatae uirginis sententiam ferens reperitur, non satis cer tos temporis reddat. Hunc si quidem Chidericum, si tamen ipse est, fama tantum fert Caroli senioris non mul tum superius tempora contigisse, eique adhuc superstite genitorem ipsius Caroli Pipinum ducem et maiorem domus, ut dunc dicebatur, in regio culmine superductum, nimia illo socordia et inerti demerso ignauia, rebus regendis non solum minus idoneo, sed per omnia prorsus inutili reddito. Hoc utrum sic habeat necne non equidem in magno ponam discrimine. Caeterum annales seu historici, quos inspicere potui, praeter solam Karoli uitam, Ragenfredum quemdam continent, de cuius manu Carolus principatum sustulit Childericum ; unus tan tum ille annalis quam breuissime annotat, et famam supradictam sequitur, eo deposito de regno et tonsorato, Pippinum et superductum. (§ 20) Si tamen is de quo fama iactat, ea aetate fuisse credendus est, quomodo id quod in presenti libello reperitur, quod locus cimiterii sanctimonialium ad sanctos apostolos necdum temporis corpore beati Arnulfi haberetur insignis possit probari, non satis elucet, cum constet beatum Arnulfum longius multo antequam is Childericus fuisse dicatur e mundo receptum, et ut sacra gestorum eius scripta declarant, uixdum anno dormitionis suae exacto a loco sepulturae Mettis relatum.
127 MGH SS 14, p. 103 : Eodem anno quo Milo occisus est transiit Rothildis, abbatissa puellarum monasterii quod est Treueris, quod cognominatur Horreum, uirgo sanctissima, soros ducis qui dicabatur Uuinethere, qui pater erat s. Gloresindis (sic) que in Mediomatricorum urbe requiescit. L’évêque Milo est mort entre 751 et 762.
128 Veuve de Pépin II, elle s’opposa au contraire à Charles Martel.
129 Un aperçu clair et précis sur l’histoire de Remiremont par M. Parusse et F. J. Iakobi, « Du Saint-Mont à Remiremont... ».
130 Sur la datation de ces vitae, N. Gauthier, L’évangélisation..., p. 275 et une mise au point récente et complète par M. Goullet, « Les saints du diocèse de Toul », p. 42-69.
131 Vita Romarici, §5, MGH SRM 4, p. 223.
132 Vita Salabergae, §9, MGH SRM 5, p. 54.
133 Vita Germani, § 5, MGH SRM 5, p. 35.
134 « Bien que ces trois dernières vitae n’aient pas précisé l’origine patrimoniale du site de la fondation, les termes heremus et saltus nous livrent le nom de son propriétaire, le roi : les étendues boisées, incultes et sauvages relevaient en effet, comme les fortifications, de la puissance publique », dans « Fisc et ban à Remiremont... », p. 10.
135 Probalement la règle de saint Benoît agrémentée d’usage colombaniens, notamment en matière pénitentielle.
136 Vita Amati, § 10, MGH SRM 4, p. 218.
137 N. Gauthier, L’évangélisation..., p. 279.
138 Fol. 35-35v.
139 N. Gauthier, L’évangélisation..., p. 288.
140 Cf. infra chapitre 5, p. 173.
141 Cf. infra chapitre 6, p. 217.
142 C. Kraemer, « Le Saint-Mont, première implantation... », « Le Saint-Mont : un lieu d’inhumations... », et M. Rouillon, « Archéologie du Saint-Mont... », et aussi les comptes rendus de fouilles dans Le Pays lorrain, 1989, p. 62-63 et Archéologie médiévale, 21,1991, p. 326-28.
143 AA SS, iul., III, § 8, p. 221.
144 Gesta episcoporum Tullensium (MGH SS 8), § 22, p. 636 : Quo uita decedente, extitit domnus Bodo episcopus, cuius uita laudabilis per omnia memoria posterorum permanet digna. Qui inter cetera bonitatis studia quae incessanter gerebat, edificauit monasterium in honore beatissimae Dei genitricis Mariae et beati Petri apostolorum principis, constituens inibi Deo sacrates feminas ad seruiendum illi ; quibus praeposuit filiam suam nomine Teutbergam, quod ad honorem nominis sui usque hodie Bodonis monasterium uocatur.
145 Pour la datation de cette vita, cf. M. Gaillard, « De l’Eigenkloster à l’abbaye royale : le monastère Sainte-Marie-Saint-Jean de Laon aux viie et viiie siècles, à travers les sources hagiographiques », dans L’hagiographie au Haut Moyen Âge : manuscrits, textes et lieux de production, s. d. M. Heinzelmann, Sigmaringen, 2000, p. 249-262 (Beihefte der Francia, 30).
146 Aux dires des Gesta l’évêque Bodon était possessionné dans le pagus Odornensis, région où est née sainte Salaberge. Selon M. Parisse, ce pagus doit être identifié avec l’Ornain meusien ; c’est en effet dans ce pagus que se trouve Naix qui fut donné à l’Église de Toul par Bodon et passa ensuite dans le patrimoine de Saint-Èvre (cf. infra, fig. 10, p. 88) ; il ne s’agit donc pas de la région de la vallée de l’Orne affluent de la Moselle.
147 Cette donation à l’Église de Toul est soulignée par les Gesta : Ipsum locum cum omnibus, quae ibi adquirere potuit ecclesiae cut praeerat in possessione iure dereliquit (MGH SS 8, p. 636).
148 816, 13 janvier, Aix-la-Chapelle [DB 1, p. 320] : (...) uir uenerabilis praedictus Doddo abbas (...) obtulit obtutibus nostris immunitaem domni et genitoris nostri Caroli bonae memoriae piissimi augusti, in quo continetur insertum qualiter idem genitor noster et antecessores reges praedictam cellulam ob amorem Dei tranquillitatemque ancillarum ibi consistentium semper sub plenissima defensione et immunitatis tuitione habuissent.
149 Par exemple à Fulda où Pépin profite de la querelle entre l’abbé Sturmi et l’évêque Lull pour prendre la contrôle de l’abbaye ; cf. J. Semmler, « Pippin III und die Fränkische Klöster », Francia, 1975, p. 88-146.
150 Walbert est également mentionné dans la Vita Sadalbergae comme un proche de Salaberge (MGH SRM 5, § 20, p. 61 et 27, p. 65).
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