Au cœur des réseaux et des échanges curiaux
L’épouse du comte dans la Francie occidentale des xe-xiie siècles
Fr
p. 245-260
Texte intégral
1La reconfiguration du pouvoir en Francie occidentale au profit de l’aristocratie comtale à partir de la fin du ixe siècle s’est accompagnée de l’association plus étroite des épouses à l’exercice du pouvoir1 : les occasions pour les élites féminines de jouer un rôle central dans les cours princières s’en sont trouvées démultipliées, sans pour autant effacer la hiérarchie entre les sexes. Les cours sont ici entendues comme l’ensemble hiérarchisé des individus de différents rangs, sexes et statuts qui gravitent, habituellement ou occasionnellement, dans l’entourage des détenteurs du pouvoir, ici les comtes. Ces individus secondent les comtes, les conseillent ou les servent, ce qui n’exclut ni que certains aient utilisé leur proximité avec eux pour leur nuire, ni que ce groupe ait été animé par des compétitions internes, ni qu’il ait connu des recompositions constantes. Le nombre et le prestige des individus qui composent la cour participent à l’affirmation du pouvoir comtal, en manifestant sa capacité d’attractivité. En effet, les comtes, qui exercent le pouvoir aux xe-xiie siècles avec une grande autonomie à l’échelon local, ont besoin du soutien de parents, de fidèles, d’alliés et d’amis, avec lesquels les liens, horizontaux et verticaux, plus ou moins formalisés, étroits et réguliers, doivent être noués par de multiples biais puis, pour certains, régulièrement renouvelés ou réactivés. Ces relations, fondées sur l’échange, symétrique ou dissymétrique, sont aujourd’hui de plus en plus analysées en termes de réseaux, concept émanant de la sociologie pour désigner les ensembles formés par des acteurs sociaux (individus ou groupes) et par les liens multiformes et évolutifs qu’ils entretiennent entre eux, directement ou indirectement2.
2Compte tenu du caractère lacunaire, sélectif et surtout hétérogène de la documentation d’une comtesse à l’autre, l’analyse ne peut être quantitative. En revanche, certains critères mobilisés par l’analyse des réseaux, plus particulièrement en histoire, apparaissent pertinents pour interroger les sources et prolonger les travaux qui ont mobilisé et croisé les concepts de réseau et de genre3 L’objectif est de préciser la spécificité du rôle de l’épouse du comte et sa marge de manœuvre à la cour comtale, en particulier dans les échanges qui s’opèrent par son intermédiaire, du fait de la place qu’elle y occupe, ainsi que dans la constitution, la cohésion et l’évolution des réseaux.
Au cœur des échanges et des liens entre familles
3L’épouse du comte se définit d’abord par le lien qui la lie à son mari, noué par le biais du mariage. Mais le mariage lie aussi deux familles, dans lesquelles s’insère le couple et sur lesquelles celui-ci compte ensuite autant que l’inverse, même si les relations avec chacune des deux familles ne sont pas du même type4 Précisons le rôle de celle qui devient épouse de comte dans ces échanges entre les familles, puis dans les relations entretenues avec chacune d’elles.
Objet et actrice des échanges
4Le mariage, qui s’inscrit dans les stratégies familiales et conforte les alliances entre les groupes5, conduit la femme à quitter sa famille pour intégrer celle de son mari, et donc une cour pour une autre. Les négociations entre les deux parties sont généralement dominées par les hommes, le plus souvent le père, le frère ou l’oncle de la femme et son futur mari, voire son futur beau-père, si celui-ci est encore vivant, ce dont témoignent les sources narratives. Au xie siècle, Guillaume de Poitiers, contemporain des événements et probablement témoin, rapporte ainsi que le duc Guillaume de Normandie s’allie avec son puissant voisin, le comte Baudouin V de Flandre, en épousant sa fille, Mathilde. Vers 1050-1051, Baudouin la conduit en Ponthieu pour la remettre à son futur mari, « dignement » (digne) précise l’auteur, ce qui implique la présence dans le cortège, non seulement de la famille princière flamande, mais aussi de parents, d’alliés, de fidèles et de compagnons armés qui témoignent de la puissance comtale en même temps qu’ils se trouvent associés à l’alliance ainsi conclue6.
5Si la documentation se focalise sur les hommes, cela n’exclut pas la participation des femmes à l’élaboration des stratégies familiales. Bien que les épouses des comtes soient échangées entre les groupes familiaux, elles ne sont pas systématiquement les objets passifs d’échanges qui ne seraient décidés et négociés que par des hommes. Dans une société où la domination masculine est une réalité, les hommes sont les principaux décideurs, mais les femmes s’affirment en certaines occasions comme des actrices à part entière.
6C’est en particulier le cas pour les comtesses dans deux types de situations liées au veuvage. En premier lieu, si l’on se place au niveau de la femme échangée, lorsqu’une épouse de comte, devenue veuve, est remariée à un autre, ce qui est fréquent7, la maturité acquise et l’exercice du pouvoir comtal aux côtés du premier mari la conduisent à participer aux stratégies familiales plus activement que lorsqu’elle était jeune fille. Alors que les sources narratives présentent le plus souvent les femmes épousées (sans même les nommer) comme « filles, sœurs ou nièces de » lorsqu’elles sont jeunes filles, c’est beaucoup moins le cas lorsqu’elles sont veuves, ce qui laisse supposer une plus grande autonomie. D’après Gislebert de Mons, qui écrit sa Chronique du Hainaut vers 1196, Richilde, après la mort de son premier mari, le comte Herman de Hainaut (mort vers 1049), négocie seule son remariage avec le comte voisin, Baudouin VI de Flandre8, ce qui ne signifie pas qu’elle n’a pas pris conseil ni obtenu le consentement des individus partie prenante de cette nouvelle alliance.
7En second lieu, si l’on se place au niveau des décideurs, les comtesses sont généralement associées aux décisions et aux étapes pour conclure les mariages de leurs fils et de leurs filles. Du vivant du mari, elles occupent souvent un rôle second, pour respecter la hiérarchie entre les sexes, mais le veuvage leur permet, lorsque les enfants sont encore jeunes, de passer au premier plan et de négocier les alliances matrimoniales comme n’importe quel chef de famille masculin9 Ainsi en est-il pour Agnès, veuve du duc Guillaume V d’Aquitaine (m. 1030), même si elle y associe son second mari, Geoffroi Martel, comte d’Anjou : pour les sources angevines et poitevines, c’est elle la principale interlocutrice, dans les années 1043-1044, pour décider et traiter avec des interlocuteurs des deux sexes des mariages de ses deux fils, afin de renforcer leur pouvoir régional, et du mariage de sa fille pour accroître le prestige familial sur l’échiquier international10.
8Si les femmes participent aux échanges entre les groupes familiaux par le biais du mariage, elles interviennent de manière plus ou moins active selon leur place dans le cycle de la vie et leur situation matrimoniale (alors que l’implication plus ou moins grande des hommes est liée à leur place dans le lignage et à leur âge). Quel que soit leur degré d’intervention dans les choix et les négociations, les femmes se trouvent placées, à la suite du mariage, à la jonction de plusieurs familles.
En connexion avec plusieurs lignées
9Le mariage qui conduit au transfert de la femme d’une cour à une autre intègre celle-ci à la famille de son mari, sans rompre les liens avec ses consanguins, ni avec la parenté d’un précédent mari, s’il y a remariage. L’épouse du comte apparaît donc en connexion avec plusieurs lignées, ce qui ne signifie ni qu’elle ait le monopole des relations avec les unes et les autres, ni que les liens, évolutifs, soient de la même intensité, ni qu’ils prennent la même forme avec les différentes familles.
10À la cour de son mari, qui devient sa cour, la comtesse rencontre les parents du comte qui gravitent, plus ou moins fréquemment et durablement, dans son entourage pour bénéficier de la protection comtale en échange de leur soutien et de leur participation aux stratégies familiales. Parmi eux, figurent la mère de l’époux si elle est toujours vivante, les frères ou les sœurs non établis, les neveux et nièces accueillis pour parfaire leur éducation, voire les cousins plus ou moins éloignés. L’épouse du comte se trouve donc liée à la lignée maritale, dans laquelle s’insèrent ses enfants. À la cour normande, dans les années 1010, la comtesse Judith seconde son époux, Richard II, avec la mère de celui-ci, Gunnor. Trois décennies plus tard, il en est de même, à la cour angevine, pour la comtesse Agnès avec son mari Geoffroi Martel et sa belle-mère Hildegarde, ce dont témoigne la documentation diplomatique11 À la cour troyenne, Constance accueille vers 1103 Thibaut, neveu de son mari, venu poursuivre sa formation militaire auprès de son oncle paternel12 À la cour hainuyère, telle que décrite, vers 1196, par Gislebert de Mons, proche du comte, la comtesse Marguerite de Flandre fréquente les sœurs et les beaux-frères de Baudouin V ainsi que plusieurs de ses cousins et autres consanguins, dont certains s’illustrent par leur proximité sur la longue durée avec le comte13.
11Devenue veuve, l’épouse du comte continue d’entretenir des liens avec les affins, qui constituent autant d’alliés pour ses enfants. En 996, Berthe, qui vient de perdre son époux Eudes Ier, accueille à Blois sa belle-sœur, Emma, elle-même veuve de Guillaume IV d’Aquitaine14 Eliana Magnani a montré qu’Adélaïde d’Anjou (m. 1026), mariée quatre fois, dont trois fois avec des comtes dont elle a eu des enfants, reste liée à chacune des familles comtales, ce qui la conduit à « polarise[r] et articule[r] ainsi les liens entre trois maisons comtales méridionales15 ». L’avancée dans le cycle de la vie peut ainsi conduire, à la suite de remariages successifs, à démultiplier les connexions avec différents groupes familiaux. À ces relations avec les affins s’ajoutent, pour Adélaïde, celles qu’elle conserve avec la dynastie angevine dont elle est issue et qui explique qu’elle ait pu être considérée comme une pièce maîtresse de la politique angevine dans le Midi16.
12L’épouse du comte, tout en ayant intégré la famille de son mari – voire plusieurs successivement – reste, en effet, liée à ses consanguins. Symbole d’alliance, elle devient, avec la transformation des structures de pouvoir et de parenté à l’œuvre depuis la fin du ixe siècle, une intermédiaire beaucoup plus active qu’auparavant avec sa famille d’origine17 Ainsi en est-il de Marguerite de Flandre, dont le mariage avec Baudouin V de Hainaut en 1169 entérine l’alliance entre les deux dynasties comtales18 Si l’on en croit Gislebert de Mons, en 1188, face à l’imminence d’une attaque, c’est avec Marguerite et ses trois jeunes fils, que le comte Baudouin V se rend à la cour de son beau-frère, Philippe d’Alsace. Il compte sur la présence, voire l’intervention de la comtesse, pour inciter Philippe à défendre leur héritage19 Si l’épouse sollicite sa parenté pour préserver les intérêts de sa famille d’alliance, inversement, elle contribue à garantir ceux de ses consanguins. Les démêlés conjugaux de Guillaume IV d’Aquitaine et d’Emma, à la fin du xe siècle, doivent être replacés dans le cadre de la compétition qui oppose la famille comtale d’Anjou, alliée au duc d’Aquitaine, à celle de Blois, dont est issue Emma et dont elle contribue à protéger les intérêts20 Quelques années plus tard, vers 1001-1002, le mariage que la comtesse de Provence, Adélaïde, veuve, négocie, pour sa fille Constance, avec le roi Robert le Pieux participe à la politique d’alliance de la dynastie angevine, dont elle est issue21 Lorsque les intérêts des deux familles ne sont pas compatibles, ce qui n’est pas la situation la plus fréquente, l’épouse se positionne néanmoins davantage aux côtés de son époux que de ses consanguins, comme Gislebert de Mons le suggère pour la comtesse Marguerite22.
13Si l’épouse du comte se trouve ainsi en relation avec plusieurs groupes familiaux, les liens n’en présentent pas moins certaines différences. Différences, d’abord, de fréquence : ils sont courants, voire quotidiens, avec la parenté du mari, qui fréquente la cour comtale. En revanche, avec les consanguins ou les affins d’unions précédentes, les liens sont plus ponctuels, mais prêts à être mobilisés si nécessaire. Différences, ensuite, d’orientation : avec la famille du mari, ces liens s’accompagnent d’un mouvement centrifuge, conduisant divers parents à la cour comtale, alors que les relations avec ses consanguins de même qu’avec les parents des précédents maris se traduisent plutôt par un mouvement centripète, conduisant la comtesse à quitter sa cour pour rencontrer les uns ou les autres. Différences, enfin, de modalités : en présence pour les premiers, à distance pour les seconds, avec l’usage notamment de messagers et de la correspondance, mais aussi de pratiques symboliques, comme l’onomastique, ce qui n’exclut pas parfois des retrouvailles familiales.
Une multi-appartenance à des réseaux entrecroisés
14L’épouse du comte n’est pas seulement en connexion avec plusieurs familles auxquelles elle se trouve liée par le sang ou l’alliance. Du fait de ses liens familiaux, de ses fonctions et de son association au pouvoir, elle est intégrée à des groupements plus vastes qu’il s’agit d’analyser en tant que réseaux.
Des réseaux d’une grande diversité
15L’épouse du comte s’intègre à une grande diversité de réseaux (domestiques, familiaux, politiques, économiques, intellectuels, mémoriels) qu’elle contribue à construire et dans lesquels elle ne joue pas le même rôle. Sans avoir la prétention de les envisager dans leur globalité, ils seront analysés par le biais des fonctions qui reviennent à la comtesse.
16La répartition sexuée des tâches traditionnellement observée au sein du couple assigne à l’épouse la gestion domestique. Celle-ci implique, d’une part, de superviser l’organisation de la vie quotidienne de la cour (généralement itinérante) et donc l’ensemble du personnel au service de la famille comtale, ce qui constitue un premier réseau. Même si la documentation s’y intéresse peu, on peut dire que ce réseau est relativement divers. Il regroupe des domestiques et des officiers issus des élites, chargés de les encadrer, mais aussi des individus provenant de la cour dont est originaire la comtesse (qui n’arrive pas seule à la cour de son mari), qui s’ajoutent à ceux déjà présents. Certains suivent les déplacements du couple comtal, d’autres sont affectés à une résidence précise. La gestion domestique conduit, par ailleurs, la comtesse à veiller sur les parents, fidèles et alliés, à demeure ou de passage, avec lesquels il lui appartient d’entretenir et de conforter les liens. Cela la rattache à d’autres réseaux, d’autant plus divers que la cour est attractive, mais aussi mouvants, compte tenu des allées et venues incessantes et de la recomposition régulière des alliances et fidélités. Le moine Pierre y fait allusion, vers 1070, à propos de la comtesse Emma dans son récit des origines de l’abbaye de Maillezais (fondée à la fin du xe siècle) : l’anecdote vise à donner une origine miraculeuse au monastère, ce qui est classique dans les récits de fondation, mais, pour être plausible, elle se réfère à des réalités compréhensibles pour les contemporains, en particulier les liens que l’épouse entretient avec ceux qui séjournent à la cour et qui constituent un deuxième type de réseau23 La gestion domestique conduit aussi très certainement la comtesse à entretenir des liens avec les intendants des domaines24 – issus de son patrimoine, de celui de son mari ou acquis ensemble – dont les productions et revenus contribuent à alimenter la cour, de même qu’avec des marchands qui y sont attirés par la demande en produits de toute nature. Il en résulte un troisième type de réseau, de nature économique. En lien avec ses fonctions domestiques, il faut enfin évoquer le rôle de la comtesse pour que la cour comtale s’illustre comme un centre culturel brillant, à une époque où la compétition entre les princes intègre de plus en plus cette dimension et où le mécénat, en particulier littéraire, semble relever plutôt des fonctions féminines, sans que les femmes en aient le monopole25 Il en résulte un quatrième type de réseau intégrant des intellectuels26.
17Le fonctionnement du couple sur la base de la complémentarité conduit l’épouse à participer à d’autres réseaux encore, du fait des responsabilités qui lui incombent. Le moine Pierre précise que la fondation de l’abbaye de Maillezais revient à Emma, responsable des affaires religieuses, tandis que les affaires politiques et militaires relèvent des attributions de Guillaume IV : son récit met en lumière les réseaux économiques, familiaux, sociaux, religieux, que la comtesse est en mesure de mobiliser, sans qu’il soit toujours possible d’évaluer leur caractère conjoncturel ou plus structurel. Afin de construire le monastère, la comtesse aurait fait venir de diverses régions des artisans qualifiés et aurait concentré les dons destinés à financer les travaux. Puis elle aurait fait venir son consanguin Gauzbert, abbé de Saint-Julien de Tours, et l’aurait chargé de lui envoyer des moines et d’en assurer la direction jusqu’à l’institution d’un abbé propre au monastère. Enfin, elle aurait sollicité l’archevêque de Bordeaux, Gombaud, pour qu’il procède à la dédicace du monastère, en présence de tous les évêques qui se trouvaient alors à la cour princière27 Même si le récit est reconstruit, il témoigne de la capacité d’une comtesse, à la fin du xie siècle, si ce n’est du xe siècle, à solliciter les uns et les autres dans un rayon géographique parfois étendu.
18L’association de l’épouse à l’exercice du pouvoir princier la conduit ensuite à participer pleinement aux réseaux d’alliances et de fidélités sur lequel s’appuie le couple. Outre sa participation, déjà évoquée, aux stratégies matrimoniales concernant les enfants, qui l’engagent dans les alliances conclues ou confortées par ce biais, elle est associée aux hommages reçus et donnés, ce qui l’intègre dans les relations féodo-vassaliques. Certains de ces liens sont noués ou renouvelés du fait de ses droits, ce qui lui donne un rôle actif dans la construction des réseaux. Les sources narratives et diplomatiques ne notent pas systématiquement sa présence, dans une société où l’attention se porte principalement sur les hommes et leurs gestes, mais elles en témoignent tout de même de plus en plus entre le xe et le xiie siècle. Si l’on en croit Gislebert de Mons, lorsque le comte Baudouin IV de Hainaut meurt en 1171, son fils Baudouin V lui succède avec son épouse Marguerite et c’est avec elle qu’il tient, peu après, sa première cour en présence de nombreux chevaliers28, une occasion pour le couple d’imposer son autorité, en réaffirmant liens et hiérarchies, et donc de s’insérer ensemble dans le réseau des fidélités hainuyères. En 1191, lorsque Marguerite hérite de la principauté flamande à la mort de son frère, « Baudouin V et sa femme […] se rendent en Flandre pour y recevoir l’hommage » de leurs vassaux29, puis ils vont ensemble prêter hommage au roi30 C’est donc par l’intermédiaire de son épouse et associé à elle que Baudouin V se trouve intégré au réseau flamand.
19L’insertion de l’épouse du comte dans les différents réseaux permettant l’exercice du pouvoir se révèle, en même temps qu’elle se réalise ou se renforce lors de certaines manifestations : cérémonies ou fêtes familiales, religieuses ou politiques constituent autant d’opportunités de réunir parents, fidèles et alliés et donc d’afficher l’étendue et la diversité des réseaux, tout en contribuant à les croiser et à en assurer la cohésion. La présence, voire le rôle de l’épouse, est alors davantage soulignée par la documentation. C’est notamment le cas lors du départ pour la croisade. Parents et amis sont réunis, non seulement pour honorer le comte et ses hommes qui partent, mais aussi pour fixer officiellement la recomposition du groupe autour de la comtesse, à laquelle revient souvent l’exercice de l’autorité princière jusque-là partagée avec son mari31 C’est aussi le cas pour les festivités familiales, comme les mariages, déjà évoqués, ou les adoubements, à l’image de celui de Baudouin V de Hainaut, célébré par ses parents, Baudouin IV et Alice, à Valenciennes en 116832 C’est enfin le cas lors de certaines cérémonies religieuses : l’Histoire de Saint-Florent de Saumur, dont la première partie est compilée à la fin du xiie siècle, rapporte que la dédicace de la nouvelle basilique en 1041 s’est faite en présence de l’abbé et de plusieurs évêques, du comte d’Anjou, Geoffroi Martel, de sa mère Hildegarde et de son épouse Agnès, mais aussi de nombreux nobles, abbés, moines et clercs, sans compter la foule populaire33 La dédicace est l’occasion, peu après la mort du comte Foulques Nerra, de mettre en scène l’autorité du nouveau couple comtal et de renouveler les liens de fidélité et d’alliance, par l’intermédiaire d’Hildegarde, mère du comte.
20Enfin, le rôle des femmes dans l’entretien de la mémoire familiale, en particulier de l’élite comtale34, les conduit à participer activement à des réseaux qui recoupent en partie les précédents, mais ajoutent à leurs fonctions sociales et politiques, une dimension mémorielle, voire symbolique. Les femmes n’en ont pas le monopole, mais elles sont particulièrement actives pour organiser sa prise en charge par les communautés religieuses. Les biens (d’origines variées) donnés à l’occasion des fondations ou des donations sont certes destinés à entretenir la memoria d’un groupe d’individus, morts et vivants, souvent liés par des enjeux de pouvoir. Mais ils visent aussi à nouer ou à renouveler des liens non seulement avec les communautés religieuses, qui, reconnaissantes, contribuent à légitimer leur pouvoir et constituent des relais locaux, mais aussi, par leur intermédiaire, avec toutes les élites qui leur sont liées. Les donations pro anima qui se multiplient en Occident aux xie-xiie siècles témoignent de ces réseaux (ou du moins en éclairent une partie), en même temps qu’elles contribuent à assurer leur cohésion et leur connexion, en rassemblant, pour l’occasion, des individus d’horizons divers. Elles mobilisent deux types de réseaux : le premier, mémoriel, unit les bénéficiaires des deux sexes (vivants et morts) des contre-dons spirituels ; le second, social, lie tous les individus, hommes et femmes, laïcs et religieux, associés à l’échange, par leur présence, leur consentement ou leurs souscriptions. Les chartes qui enregistrent les donations faites par des comtesses ou à leur demande intègrent dans les deux types de réseaux des individus issus de plusieurs groupes familiaux et de générations différentes, ce qui s’explique par leur position à la jonction de plusieurs lignées et leur rôle biologique pour les prolonger. C’est le cas par exemple d’une donation de la comtesse Liégeard à Saint-Père de Chartres en 97835 Son mari et son père, bénéficiaires de contre-dons spirituels, s’y trouvent mis en connexion par son intermédiaire et la cérémonie, organisée à cette occasion, rassemble autour d’elle ses enfants ainsi que des fidèles liés à son mari ou à son père, ce qui conforte leur cohésion.
21Les femmes de comtes participent donc à de multiples réseaux entrecroisés, ce qui leur confère un capital relationnel certain, variable d’une comtesse à l’autre et évolutif au cours de leur vie. Leur participation n’y est pas identique pour autant, ce qui invite à préciser leur place et leur rôle, ainsi que leur marge de manœuvre.
Réseaux conjugaux ou personnels, rôle polarisant ou médiateur
22La place et le rôle de l’épouse dans les réseaux auxquels elle se trouve intégrée varient en fonction de nombreux paramètres, notamment la nature des relations conjugales, la situation matrimoniale et familiale, l’avancée dans le cycle de la vie, la personnalité plus ou moins forte de la comtesse.
23Associée plus étroitement à l’exercice du pouvoir depuis la fin du ixe siècle, la comtesse mobilise au profit du couple les divers réseaux dans lesquels elle s’insère. Ses réseaux personnels deviennent ceux du couple, du moins certains, ce qui la place en position d’intermédiaire, alors qu’elle-même se trouve introduite dans ceux du comte qui se transforment tout autant en réseaux conjugaux. En Aquitaine, Emma se sert ainsi, comme on l’a vu, de son réseau familial pour organiser le monastère de Maillezais, qui doit contribuer à l’assise territoriale du pouvoir ducal dans le Bas-Poitou. Tout en servant les intérêts du couple, les moines n’en restent pas moins liés à Emma, puisqu’ils sont chassés de Maillezais par Guillaume lorsque le couple est en conflit36 Plus tard, Emma revient en Aquitaine, « protégée par une armée forte de nombreux nobles37 », issus de ses réseaux familiaux, voire de ses propres réseaux, prêts à assurer sa défense si nécessaire. Le récit du moine Pierre, certes reconstruit, témoigne des réseaux de fidélités et d’alliances personnels mobilisés tantôt pour soutenir, tantôt pour défendre, tantôt pour combattre d’autres forces sociales (y compris l’époux), en fonction des intérêts de chacun et des pressions subies. Cela contribue à expliquer le caractère mouvant et évolutif des réseaux. L’épouse du comte, qui a des biens propres (hérités de ses parents, donnés par son mari ou acquis diversement), dispose des moyens matériels de constituer et d’entretenir de tels réseaux. Ce qui la distingue du comte, c’est que celui-ci hérite le plus souvent, au moins en partie, de son réseau même s’il lui appartient de renouveler les liens, alors que l’épouse doit constituer le sien dans une cour qui lui est étrangère. Son rôle dans la gestion domestique de la cour et dans l’accueil des élites lui donne l’opportunité de construire de tels liens personnels en même temps qu’elle œuvre à conforter les soutiens du pouvoir comtal.
24Du vivant du comte, sauf enjeu important, situation particulière et personnalité forte, les réseaux de pouvoir apparaissent centrés sur le comte auquel est associée l’épouse, y compris lorsque ces réseaux sont ceux de la comtesse. Lorsque Gislebert présente, à la fin du xiie siècle, les forces sur lesquelles peut compter, en cas d’attaque, le comte Baudouin V de Hainaut – seul évoqué –, il y fait figurer les consanguins flamands de son épouse Marguerite. Et lorsque celle-ci hérite du comté de Flandre, c’est le comte avec son épouse (et non Marguerite avec son mari) qui reçoit l’hommage des vassaux flamands et prête hommage au roi, comme on l’a vu. Le discours qui conforte la hiérarchie entre les sexes et reproduit en partie les pratiques place l’épouse en retrait de son mari. Les sources diplomatiques ne présentent pas différemment les situations : la plupart accordent ainsi le premier rôle au comte Foulques Nerra dans la fondation de Notre-Dame de la Charité d’Angers en 102838, alors que certains indices laissent supposer le rôle central de la comtesse Hildegarde dans la fondation et la mobilisation des réseaux autour de la communauté. La prééminence du comte n’empêche cependant pas une certaine autonomie laissée à sa femme, ce que suggère le cas d’Emma pour la fondation de Maillezais, ni un rôle actif de la comtesse, en particulier comme intermédiaire. Dans les cours comtales, chacun semble reconnaître l’autorité dont bénéficie l’épouse du comte et sa capacité à convaincre son mari39 À la cour angevine, Hildegarde est ainsi sollicitée pour intercéder auprès du comte Foulques Nerra40 L’attention principalement portée au comte n’exclut pas enfin que son épouse s’inscrive dans des réseaux distincts, davantage perceptibles en cas de difficultés.
25En l’absence du comte sur une longue durée et plus encore après sa mort, les réseaux de pouvoir se trouvent recentrés sur l’épouse, surtout si son fils est encore jeune : elle passe au premier plan pour activer les réseaux du couple et mobiliser les siens. Ainsi, lorsque les comtes participent à la croisade, leurs épouses exercent seules le pouvoir princier en s’appuyant sur les réseaux qu’il leur revient de mobiliser, et donc de recomposer temporairement, autour de leur seule autorité, même si la concertation conjugale persiste à distance41 Leur marge de manœuvre se trouve néanmoins limitée par la perspective du retour des comtes, ce qui n’est plus le cas lorsqu’il y a décès.
26La mort du comte, qui nécessite la recomposition des réseaux du pouvoir autour de son successeur, est l’occasion pour sa femme, si elle lui a survécu et qu’elle est mère de l’héritier, de jouer un rôle majeur. Lorsque son fils est suffisamment âgé pour succéder à son père, elle contribue à assurer la transition, en l’intégrant au cœur des réseaux sur lesquels elle et son mari s’appuyaient. La donation, déjà évoquée, de Liégeard à Saint-Père de Chartres en 978 lui permet de replacer son fils Eudes à la fois dans sa lignée paternelle, ce qui légitime son pouvoir, dans sa lignée maternelle, qui lui est alliée, et dans sa fratrie, qui contribue à défendre les intérêts familiaux (par le biais d’une charge ecclésiastique pour son frère et le mariage pour sa sœur). La donation contribue en outre à renouveler les liens avec une puissante communauté religieuse liée au pouvoir comtal et, par son intermédiaire, avec les fidèles et les alliés qui, après avoir été ceux de Liégeard et son mari, s’engagent à l’égard de leur fils. Un demi-siècle plus tard, dans la principauté angevine voisine, Hildegarde joue un rôle similaire pour son fils Geoffroi Martel : en l’exhortant à confirmer tous les biens donnés à Notre-Dame de la Charité d’Angers par son père, auquel il vient de succéder, elle contribue à le lier plus directement à la communauté angevine, lieu de mémoire familiale légitimant, et, par son intermédiaire, à divers individus et institutions (évêques, abbés et abbesses, élites laïques) dont le soutien est indispensable à l’exercice du pouvoir42 La comtesse poursuit ensuite ses donations et invite son fils et d’autres puissants, y compris hors de la principauté, à faire de même, ce qui la place à l’initiative d’autant de rassemblements organisés à ces occasions, essentiels à la cohésion des groupes. Les comtes, pas plus que leurs épouses, ne s’appuient sur une seule communauté religieuse, mais les deux cas envisagés permettent de montrer que les comtesses, devenues veuves, utilisent leur position nodale et les monastères auxquels elles étaient liées du vivant de leur mari pour recomposer les réseaux et assurer leur cohésion au profit de leur fils.
27Le rôle structurant de l’épouse dans les réseaux est encore plus net lorsque le fils est trop jeune pour succéder à son père. Se substituant à son mari comme maître de l’autorité, elle renouvelle les liens, voire en établit de nouveaux, jusqu’à ce que le fils ait l’âge de s’imposer. En Provence, la comtesse Adélaïde s’appuie ainsi, après la mort de Guillaume II (fin 993-début 994), sur ses consanguins, son beau-frère et les aristocrates qui entouraient son mari43 La nécessité de renforcer les réseaux d’alliance conduit parfois la comtesse à négocier son remariage, ce qui est le cas de Berthe après la mort du comte Eudes Ier de Blois (996), alors que son fils est encore jeune et la principauté, menacée44 C’est aussi le cas, quelques décennies plus tard, pour Agnès, dont le remariage avec l’Angevin Geoffroi Martel vise à soutenir les prétentions de ses fils en Aquitaine. Les sources narratives et diplomatiques témoignent, en outre, de sa capacité à organiser autour d’elle les réseaux d’alliés et de fidélité, en partie hérités du temps de Guillaume V dont elle a été la dernière épouse : ils sont suffisamment étendus et puissants pour que l’empereur Henri III épouse sa fille. Le cas d’Adélaïde d’Anjou montre qu’une comtesse devenue veuve joue non seulement un rôle majeur dans l’organisation et la recomposition des réseaux au profit de la génération suivante, mais aussi pour les mettre en connexion. En 1003-1004, elle est à l’initiative d’une entreprise qui polarise, autour de la réédification d’une abbaye, plusieurs réseaux familiaux auxquels elle se trouve liée du fait de ses trois mariages féconds45 Les comtesses peuvent donc jouer un véritable rôle structurant dans les réseaux, ce qui ne signifie pas qu’il l’est toujours, ni qu’il l’est plus que celui d’autres individus, notamment masculins.
Conclusion
28Même si la documentation, partielle et partiale, est difficile à interpréter, il en ressort que l’épouse du comte occupe une place clé à la cour comtale : d’une part, elle participe aux échanges entre les groupes familiaux, entre ceux-ci et les communautés religieuses, ainsi qu’entre les morts et les vivants ; d’autre part, elle contribue à la construction et à la cohésion de multiples réseaux, personnels et conjugaux, destinés à conforter les intérêts du couple, des familles consanguine et affine, des enfants ainsi que les siens. Elle ne se contente pas d’être une médiatrice au rôle plus ou moins actif, elle s’illustre aussi par sa capacité à mobiliser et à fédérer, avec une autonomie, une marge de manœuvre et une densité réticulaire variables, en fonction de la place dans le cycle de la vie, du contexte familial et politique, mais aussi de sa personnalité. Ces quelques données mériteraient toutefois d’être précisées pour mieux saisir la diversité des modèles, qu’elle soit géographique, chronologique ou contextuelle.
Notes de bas de page
1 Régine Le Jan, Famille et pouvoir dans le monde franc (viie-xie siècle). Essai d’anthropologie sociale, Paris, Publications de la Sorbonne, 1995, p. 358-365.
2 Entre autres, Isabelle Rosé, « Reconstitution, représentation graphique et analyse des réseaux de pouvoir au haut Moyen Âge. Approche des pratiques sociales de l’aristocratie à partir de l’exemple d’Odon de Cluny (m. 942) », Redes-Revista hispana para el análisis de redes sociales, 21/5, 2011, p. 207-209 ; Nicolas Ruffini-Ronzani, « Relire l’histoire des principautés territoriales à travers l’analyse de réseaux : les cas du Hainaut et de Cambrai (xie-xiie siècle) », dans Michel Margue, Hérold Pettiau (dir.), Principes et episcopi. Dynamiques du pouvoir princier en Lotharingie (seconde moitié du xe-première moitié du xiie siècle), Luxembourg, Cludem (à paraître), et son article dans ce volume ; Claude Gauvard (dir.), Appartenances et pratiques des réseaux, Paris, Éditions du CTHS, 2017 ; Jacques Verger (dir.), La forme des réseaux. France et Europe (xe-xxe siècle), Paris, Éditions du CTHS, 2017 ; Claire Lemercier, « Analyse de réseaux et histoire de la famille : une rencontre encore à venir? », Annales de démographie historique, 109/1, 2005, p. 7-31.
3 Isabelle Rosé, « L’histoire du genre à l’épreuve du quantitatif ? Itinéraire réticulaire de la reine robertienne Emma (vers 890-934) », dans Verger (dir.), La forme des réseaux, op. cit., p. 103-115 ; Régine Le Jan, « Transferts patrimoniaux, genre et politique au début du xie siècle en Italie du Nord : l’exemple de la comtesse Richilde », dans La fabrique des sociétés médiévales méditerranéennes. Les Moyen Âge de François Menant, Paris, Éditions de la Sorbonne, 2018, p. 49-58.
4 Emmanuelle Santinelli-Foltz, Couples et conjugalité au haut Moyen Âge (vie-xiie siècle), Turnhout, Brepols, 2022.
5 Régine Le Jan, Famille et pouvoir, op. cit., p. 289-291.
6 Guillaume de Poitiers, Histoire de Guillaume le Conquérant, éd. et trad. Raymonde Foreville, Paris, Les Belles Lettres, 1952, I, 22, p. 50-51 ; The « Gesta Guillelmi » of William of Poitiers, éd. et trad. par R. H. C. Davis et Marjorie Chibnall, Oxford, Clarendon Press, 1998, p. 30-33 David Bates, Guillaume le Conquérant, trad. Thierry Piélat, Paris, Flammarion, 2019, p. 131-136 et 143-146.
7 Emmanuelle Santinelli-Foltz, Des femmes éplorées ? Les veuves dans la société aristocratique du haut Moyen Âge, Villeneuve-d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2003, p. 243-248.
8 Gislebert de Mons, Chronique, éd. par Léon Vanderkindere, Bruxelles, Kiessling,1904, c. 2, p. 3.
9 Emmanuelle Santinelli-Foltz, « Mariage, compétition et genre dans la Francie occidentale du xie siècle », dans Sylvie Joye, Régine Le Jan (dir.), Genre et compétition dans les sociétés occidentales du haut Moyen Âge (ive-xie siècle), Turnhout, Brepols, 2018, p. 155-157.
10 Santinelli-Foltz, Des femmes éplorées ?, op. cit., p. 222-223.
11 Ibid., p. 381, 385-386.
12 Kimberly A. Loprete, « Adela of Blois: Familial Alliances and Female Lordship », dans Theodore Evergates (dir.), Aristocratic Women in Medieval France, Philadelphie, University of Pennsylvania Press, 1999, p. 7-43, ici p. 25.
13 Emmanuelle Santinelli-Foltz, « Mémoire et communauté familiale : le rôle de la littérature généalogique, à partir de l’exemple de la Chronique de Gislebert de Mons (fin xiie siècle) », dans Régine Le Jan, Laurence Leleu, Charles Mériaux (dir.), Mémoire et communautés au haut Moyen Âge (vie-xiie siècle), Turnhout, Brepols (à paraître).
14 Léonce Lex (éd.), Eudes, comte de Blois, Tours, Chartres, Troyes et Meaux (995-1037) et Thibaud son frère (995-1004), Troyes, 1892, Pièces justificatives, nº VI, p. 129.
15 Eliana Magnani, « Les femmes et l’exercice du pouvoir comtal dans le Midi. Autour d’Adélaïde Blanche d’Anjou, comtesse de Provence (m. 1026) », dans Armel Nayt-Dubois, Emmanuelle Santinelli-Foltz (dir.), Femmes et pouvoir des femmes dans l’Occident médiéval et moderne, Valenciennes, Presses universitaires de Valenciennes, 2009, p. 286-288.
16 Ibid., p. 273, 279 et 286-287.
17 Le Jan, Famille et pouvoir, op. cit., p. 364.
18 Gislebert de Mons, Chronique, op. cit., c. 59, p. 199-200.
19 Ibid., c. 147, p. 225.
20 La fondation de l’abbaye de Maillezais. Récit du moine Pierre, éd. et trad. par Georges Pons, Yves Chauvin, La-Roche-sur-Yon, Centre vendéen de recherches historiques, 2001, p. 177, n. 43.
21 Magnani, « Les femmes et l’exercice du pouvoir comtal », art. cité, p. 286.
22 Santinelli-Foltz, « Mémoire et communauté familiale », art. cité.
23 La fondation de l’abbaye de Maillezais, op. cit., p. 96-101.
24 À l’image des reines carolingiennes, dont elles imitent le rôle. Voir, en dernier lieu, Santinelli-Foltz, Couples et conjugalité, op. cit.
25 Martin Aurell, Le chevalier lettré. Savoir et conduite de l’aristocratie aux xiie et xiiie siècles, Paris, Fayard, 2011, p. 129-134 et 255-258.
26 Pour les comtesses Adèle de Blois (m. 1137) et Marie de Champagne (m. 1198), voir Loprete, « Adela of Blois », art. cité, p. 28-29 et Theodore Evergates, « Aristocratic Women in the County of Champagne », dans Id. (dir.), Aristocratic Women, op. cit., p. 74-100, ici p. 74-79.
27 La fondation de l’abbaye de Maillezais, op. cit., p. 103 et 107-109.
28 Gislebert de Mons, Chronique, op. cit., c. 67-68, p. 106-108.
29 Ibid., c. 82, p. 121 et c. 178, p. 265.
30 Ibid., c. 188, p. 276.
31 Emmanuelle Santinelli-Foltz, « “… quand le mari quitta son épouse si chérie …” (Foucher de Chartres). De celles qui restent pendant la première croisade », dans Jean-Charles Herbin, Marie-Geneviève Grossel (dir.), Croisades ? Approches littéraires, historiques et philologiques, Valenciennes, Presses universitaires de Valenciennes, 2009, p. 195-211.
32 Gislebert de Mons, Chronique, op. cit., c. 55, p. 95.
33 Histoire de Saint-Florent de Saumur, éd. par Paul Marchegay et Émile Mabille, Chronique des églises d’Anjou, Paris, Libraire de la société de l’histoire de France, 1869, p. 282.
34 Entre autres, Emmanuelle Santinelli-Foltz, « Les femmes et la mémoire : le rôle des comtesses dans la Francie occidentale du xie siècle », dans François Bougard, Cristina La Rocca, Régine Le Jan (dir.), Sauver son âme et se perpétuer. Transmission du patrimoine et mémoire au haut Moyen Âge, Rome, École française de Rome, 2005, p. 459-484.
35 Cartulaire de Saint-Père de Chartres, éd. Benjamin Guérard, t. 1, Paris, Imprimerie de Crapelet,1840, III, 8, p. 63-65.
36 La fondation de l’abbaye de Maillezais, op. cit., p. 114-115.
37 Ibid., p. 112-115.
38 Cartulaire du Ronceray, éd. Paul Marchegay, Archives d’Anjou, III, Angers, Imprimerie de Cosnier et Lachèse, 1854, n° 1, p. 1-5.
39 Le Jan, Famille et pouvoir, op. cit., p. 363.
40 Cartulaire du Ronceray, op. cit., n° 125 (1028), p. 90-91.
41 Santinelli-Foltz, « “… quand le mari quitta son épouse si chérie…” », art. cité, p. 207-210.
42 Cartulaire du Ronceray, op. cit., n° 5 (1040), p. 7-8.
43 Magnani, « Les femmes et l’exercice du pouvoir comtal », art. cité, p. 279-280.
44 Santinelli-Foltz, Des femmes éplorées ?, op. cit., p. 366-367.
45 Magnani, « Les femmes et l’exercice du pouvoir comtal », art. cité, p. 287-288.
Auteur
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Marquer la ville
Signes, traces, empreintes du pouvoir (xiiie-xvie siècle)
Patrick Boucheron et Jean-Philippe Genet (dir.)
2013
Église et État, Église ou État ?
Les clercs et la genèse de l’État moderne
Christine Barralis, Jean-Patrice Boudet, Fabrice Delivré et al. (dir.)
2014
La vérité
Vérité et crédibilité : construire la vérité dans le système de communication de l’Occident (XIIIe-XVIIe siècle)
Jean-Philippe Genet (dir.)
2015
La cité et l’Empereur
Les Éduens dans l’Empire romain d’après les Panégyriques latins
Antony Hostein
2012
La délinquance matrimoniale
Couples en conflit et justice en Aragon (XVe-XVIe siècle)
Martine Charageat
2011
Des sociétés en mouvement. Migrations et mobilité au Moyen Âge
XLe Congrès de la SHMESP (Nice, 4-7 juin 2009)
Société des historiens médiévistes de l’Enseignement supérieur public (dir.)
2010
Une histoire provinciale
La Gaule narbonnaise de la fin du IIe siècle av. J.-C. au IIIe siècle ap. J.-C.
Michel Christol
2010