La fouille archéologique du centre-ville de Beyrouth au sortir de la guerre civile
The Archaeological Excavation of the Beyrouth’s Downtown after the Lebanese Civil War
Résumés
Les fouilles archéologiques en milieu urbain présentent de nombreuses difficultés. Celles du centre-ville de Beyrouth n’y font pas exception. Un large programme d’étude fut créé à partir de 1993 dans le centre de la ville, détruit par la guerre civile, sur plus de 100 000 m², sous l’égide d’un comité international de protection du patrimoine. Des fouilles françaises furent menées par l’Institut français d’archéologie de Beyrouth (celui-ci fut fondé en octobre 1946 par Henri Seyrig avant d’être renommé en 1977 Institut français d’archéologie du Proche-Orient (Ifapo). Il permit le renouvellement de la recherche française dans le domaine de l’archéologie et de l’histoire au Proche-Orient déjà très présente dans la région depuis la période mandataire (1920-1946). La fusion de l’Ifapo avec deux autres instituts de recherche français au Proche-Orient permit la création de l’Institut français du Proche-Orient (Ifpo) en 2003. et réalisées jusqu’en 1997 sur la place des Martyrs (4 000 m²), centre historique de la ville au xxe siècle. Ces travaux s’inscrivent dans un ensemble plus large de fouilles de sauvetage conduites dans les années 1990 dans un pays dévasté et profondément divisé après quinze années de guerre civile. Cette période est aussi marquée par l’occupation du territoire national par l’armée syrienne et le désarmement progressif des milices. De nombreuses contraintes administratives, logistiques et financières ont également entravé le bon déroulement des opérations de terrain, et cela malgré les découvertes exceptionnelles réalisées. Les fouilles françaises souffrent également d’un contexte d’étude difficile dû à l’absence générale de publication et à une mauvaise conservation des archives qui a mené à la perte d’une partie des données inédites et à la mise en danger de l’ensemble des archives. Ces dernières sont actuellement en souffrance, ce qui complexifie la reprise de l’étude, près de vingt-cinq ans après la fin de la fouille.
Many problems are usually encountered during archaeological excavation in urban areas. The Beirut Central District excavations are not an exception. Starting from 1993, a major excavation program, extending over 100.000 m2, was launched under the aegis of an international committee for the protection of heritage. The French excavations were led by IFAPO until 1997 on Martyrs’ Square (4.000 m2), the historical center of Beirut in the 20th century. These archaeological works were part of a broader program of rescue excavations launched in the 1990’s in a country heavily destroyed and divided due to a war that last fifteen years. At that time, the Syrian army was occupying the Lebanese territory and the Lebanese militias were progressively disarmed. Many administrative, logistic, and financial constraints have disrupted the excavations work, despite the exceptional discoveries. In addition to this, no publication has yet been produced since the end of the French excavations. Moreover, the poor storage condition of the French archives has almost led to a loss of data and to their destruction. Currently the archives are in bad condition, which makes more complex the resumption of the study almost twenty-five years after the end of the excavation.
Entrées d’index
Mots-clés : archéologie préventive, Proche-Orient, Liban, hellénistique, romain, urbain
Keywords : Preventive archaeology, Middle East, Lebanon, Hellenistic, Roman, urban
Texte intégral
1Les fouilles urbaines au Proche-Orient sont très complexes, du fait d’une occupation souvent continue des sites sur plusieurs millénaires et du tissu urbain dense, qui ne permettent pas l’ouverture de chantiers archéologiques de grande superficie. Le cas de Beyrouth, comme de nombreuses villes de la côte levantine, ne fait pas exception. Ainsi, si plusieurs recherches archéologiques ont été réalisées depuis le début du xxe siècle par Robert du Mesnil du Buisson (Mesnil du Buisson, 1923-1924) ou plus tardivement par Maurice Chehab et J.-D. Forest (Forest et Forest, 1982), la connaissance archéologique du centre historique reste encore très limitée jusque dans les années 1990. Les études de terrain menées par les archéologues René Mouterde et Jean Lauffray dans les années 1940-1950, mises en parallèle avec les sources historiques, ont permis de situer le secteur de la ville antique et médiévale, de nos jours délimité par la rue Weygand au nord, la rue de l’Émir-Béchir au sud et à l’est, et à l’ouest par la rue Foch et la rue Fakhreddine (Aubert, 1996, p. 60). Cette étude a également permis de restituer l’évolution de la ville de Beyrouth et de produire des plans de la ville antique en identifiant notamment deux forums distincts, le tracé urbain et l’organisation des différents quartiers de la ville romaine (fig. 1). De plus, une stratigraphie pouvant atteindre 7 m de hauteur a également été mise en évidence (Mouterde et Lauffray, 1952). En 1969, l’archéologue libanais Roger Saïdah exprimait la difficulté de poursuivre l’exploration archéologique du centre historique, car, selon lui, la fouille alors menée dans le centre-ville de Beyrouth « [serait] sans doute la dernière opportunité pour les archéologues d’étudier l’histoire de la cité préromaine » (Pieri, 2011, p. 111).
Fig. 1 : Plan restitué de Beyrouth d’après J. Lauffray

Will, 1992, p. 223.
« Le plus grand chantier archéologique en milieu urbain du monde »
2Les événements dramatiques survenus au Liban dès le début des années 1970, suivis de quinze années de guerre civile (1975-1990), ont profondément affecté les recherches archéologiques durant cette période. À Beyrouth, comme sur l’ensemble du territoire libanais, les opérations de terrain furent très largement mises entre parenthèses, sauf exceptions ponctuelles (Pieri, 2011, p. 111). La majorité des destructions matérielles liées à la guerre civile se concentrèrent dans l’agglomération de Beyrouth (Verdeil et al., 2007, p. 92). Le centre-ville historique n’y fit pas exception puisque dès septembre 1975 celui-ci fut ravagé par les flammes. Durant cette période, la capitale libanaise fut coupée en deux par une ligne de démarcation surnommée « ligne verte » (Saidi, 1998), zone de frontière qui subissait alors la majorité des dégâts puisqu’elle délimitait les secteurs chrétien à l’est et musulman à l’ouest (Verdeil et al., 2007, p. 92-93).
3Après quinze années de guerre civile, le centre-ville de Beyrouth était profondément marqué par les destructions massives des combats1. Une fois la paix revenue2, l’urgence de rétablir un service patrimonial, au travers du rétablissement de la Direction générale des antiquités du Liban (DGA), s’est fait sentir face au défi de la reconstruction de la ville. Un projet de rénovation du centre-ville fut décidé, précédé d’un programme de fouilles archéologiques inédit par son ampleur. Ce dernier offrait également une chance unique d’attester pour la première fois des occupations successives du site à grande échelle et sur la longue durée, depuis les périodes protohistoriques jusqu’à la période moderne. En effet, aucune structure antérieure à la période romaine n’avait été attestée archéologiquement à Beyrouth avant ce programme.
4Deux années de préparation et de discussion furent nécessaires avant que ce vaste programme d’étude ne débute officiellement en 1993. Ce dernier fut placé sous l’égide d’un comité international de protection du patrimoine, à la suite de la signature d’un protocole d’organisation de fouille passé entre l’Unesco et le Premier ministre de l’époque Rafic Hariri. Au niveau local, des accords furent également signés entre la Direction générale des antiquités (DGA) dirigée alors par Camille Asmar, le ministre de la Culture et de l’Enseignement supérieur, Michel Eddé, et la société anonyme Solidere créée en 1994 et chargée de la reconstruction du centre-ville après démolition d’une grande partie des immeubles subsistants, mais ruinés. Les financements furent partagés entre plusieurs fonds publics tels que l’Unesco, le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) et le gouvernement libanais, ainsi que deux fonds privés : la fondation Hariri et Solidere. Les premières critiques s’élevèrent rapidement, puisque l’aménageur, à savoir la société Solidere, fut créé sous l’impulsion du Premier ministre de l’époque, Rafic Hariri. La société fut alors accusée d’avoir « lésé les ayants droit » et d’être à l’origine du manque de coordination des fouilles archéologiques3.
5Ce programme prévoyait l’ouverture de nombreux chantiers de fouilles simultanés, conduits par des archéologues libanais, mais aussi par des savants étrangers dirigeant des équipes d’autres pays pour subvenir à la forte demande d’intervention (fig. 2). La formation de nouvelles générations d’étudiants libanais en archéologie fut également mise en avant, ces derniers ayant été privés de terrain au Liban durant la guerre civile. L’emprise totale de la zone concernée par les travaux dépassant 15 ha (Pieri, 2011, p. 111), ce programme fut ainsi rapidement surnommé « le plus grand chantier archéologique en milieu urbain du monde » (Lefèvre, 1998, p. 19). La Direction générale des antiquités assura la coordination des fouilles. De nombreux consultants furent également nommés pour aider à la mise en place d’un tel programme, parmi lesquels de nombreux spécialistes français. On peut ainsi citer Philippe Marquis, archéologue français mis à disposition de l’Unesco par la Ville de Paris, et Pierre Masson, archéologue de la région Île-de-France, mais également Jean-Paul Thalmann, de l’université Paris 1, consultant pour l’Unesco et chargé de regrouper toutes les informations et les sources disponibles dans une base de données avant de débuter les fouilles.
Fig. 2 : Les opérations archéologiques dans le centre-ville de Beyrouth (1993-1999)

© DGA.
Les fouilles de l’Institut français d’archéologie du Proche-Orient
6Avant même le début des fouilles archéologiques, trois phases d’études avaient été définies. Dès 1993, des sondages devaient être réalisés pour évaluer le potentiel archéologique sur des terrains appartenant à l’État. Seules les parcelles correspondant à l’emprise de la place des Martyrs étaient propriété publique. Cette place centrale de la capitale libanaise, située à l’est de la ville antique identifiée par Jean Lauffray, comprenait dans sa partie nord un bâtiment administratif nommé « Petit Sérail » jusqu’au milieu du xxe siècle. Ainsi, l’emplacement des sondages préliminaires ne fut décidé qu’en raison de leur statut juridique et non pas selon leur potentiel archéologique. En effet, Jean Lauffray supposait que la place des Martyrs ne fournirait que peu de vestiges car, selon lui « le roc se trouve à seulement un mètre sous la chaussée » (Lauffray, 1977, p. 138). Après l’acquisition des terrains du centre-ville par Solidere à partir de 1994, des fouilles en extension ont été généralisées et réalisées sur les espaces rendus disponibles après la destruction des immeubles jugés irrécupérables. Cette étape précédait la troisième phase du programme, correspondant à des fouilles de sauvetage durant la période de reconstruction et de réhabilitation du centre-ville.
7La réalisation de la première phase de terrain, à savoir les sondages préliminaires, fut confiée à quatre équipes distinctes dont l’une était issue de l’Institut français d’archéologie du Proche-Orient (Ifapo), future composante de l’Institut français du Proche-Orient (Ifpo). Cette équipe fut dirigée par Patrice Lenoble, alors chercheur à l’Ifapo après huit années passées à la section française de la direction des antiquités soudanaises (SFDAS) de Khartoum (Rondot et Villeneuve, 2007). L’Ifapo fut ainsi le premier institut étranger à recevoir l’autorisation de la Direction générale des antiquités (DGA) de fouiller dans le centre-ville de Beyrouth par l’intermédiaire de son directeur de l’époque, François Villeneuve. Grâce au travail conjoint de longue date entre la France et le Liban, un accord fut rapidement trouvé entre la DGA et l’Ifapo. Le directeur de la fouille, Patrice Lenoble, put ainsi participer aux nombreuses réunions précédant l’ouverture des premiers sondages.
Le secteur du Petit Sérail (BEY 002)
8Le premier sondage de 100 m2 de l’Ifapo, nommé BEY 002, se situait au nord de la place des Martyrs, à l’emplacement du Petit Sérail alors détruit depuis près d’un demi-siècle. Cependant, avant d’entamer la fouille du centre historique, il fallut dynamiter les immeubles encore en place et dégager la zone des nombreux gravats issus des immeubles en ruine. En effet, la place des Martyrs était encore, peu de temps auparavant, située sur la ligne de démarcation séparant Beyrouth-Est et Beyrouth-Ouest. Cette dernière avait été massivement endommagée et minée au cours des nombreux combats. La grande majorité des immeubles ruinés bordant la place furent ainsi démolis à cette période, pour laisser place au projet de reconstruction et de réaménagement du centre-ville par la société Solidere.
Fig. 3 : Sondage archéologique BEY 002 en 1993

Cliché F. Villeneuve.
9La phase de sondage entamée en octobre 1993 sur le chantier BEY 002 permit de mettre en évidence les fondations en arcade du Petit Sérail (fig. 3). Cette dernière fut menée avec une équipe réduite (Aubert, 1996, p. 60). Un grand bâtiment comprenant plusieurs mosaïques byzantines tardives et plusieurs vestiges d’habitations fut rapidement identifié. Les mosaïques encore en place étaient certainement antérieures au tremblement de terre survenu en juillet 551 après J.-C., suivi d’un raz-de-marée (Saghieh Beidoun, 1997, p. 15-20), qui détruisit une grande partie de la ville de Beyrouth. Ces mosaïques scellaient d’autre part les niveaux antiques antérieurs. De plus, l’étude du mobilier permit de mettre en lumière une occupation probable du site à la période hellénistique. Au cours de cette première phase d’exploration archéologique, l’état de conservation exceptionnel des structures archéologiques mis au jour contrastait avec les observations faites un demi-siècle auparavant par Jean Lauffray (Lauffray, 1977, p. 138). La localisation du chantier BEY 002 en bas de pente au pied du tell surplombant la mer, où s’établirent les premières occupations humaines, a très certainement permis la conservation des vestiges par accumulation de plusieurs mètres de sédiments après l’abandon du site. Ils furent ainsi protégés jusqu’à leur redécouverte, tout en évitant également leur destruction lors de la construction d’édifices postérieurs. Au vu de ses résultats prometteurs, le sondage préliminaire fut étendu pour englober toute l’emprise du Petit Sérail (Pieri, 2011, p. 12).
Des découvertes archéologiques inédites pour Beyrouth
10La deuxième phase de terrain, la fouille extensive, commença dès 1994, sous la direction de Catherine Aubert, à la suite du retour de Patrice Lenoble en France, appelé par le Service régional d’archéologie de Nantes. Cette même année fut également marquée par l’ouverture d’un second chantier situé à proximité immédiate au sud de BEY 002 et qui fut nommé BEY 026 (fig. 4). La fouille se poursuivit durant trois années supplémentaires et fut progressivement élargie pour atteindre une surface totale de plus de 4 000 m2 (Aubert, 1996, p. 60), soit toute la partie nord de la place des Martyrs. L’épaisseur stratigraphique à l’emplacement du Petit Sérail pouvait atteindre 7 m de profondeur, jusqu’à la roche mère, révélant ainsi des vestiges remontant jusqu’à l’âge du Fer III (Pieri, 2011, p. 112), correspondant à la période perse en Phénicie. L’occupation de site semble alors continue, de l’âge du Fer III jusqu’au viie siècle après J.-C., à la veille de la conquête arabe (Pieri, 2011, p. 114). Pour les périodes les plus récentes, seuls ont été identifiés des dépôts de matériel vitreux pour la période abbasside, et du matériel céramique résiduel pour les époques médiévales et tardives (Aubert, 1996, p. 80). La dernière occupation correspond à la construction du Petit Sérail à l’époque ottomane, dont les fondations en arcade ont partiellement perturbé les niveaux antiques pour reposer sur la roche mère. Les fouilles de la place des Martyrs ont ainsi révélé la présence d’un quartier résidentiel datant de la période hellénistique en périphérie de la ville monumentale antique, composé de cellules d’habitations, de rues et de réseaux d’adduction d’eau.
Fig. 4 : Plan des fouilles BEY 002 (Petit Sérail) et BEY 026

C. Aubert et P. Neury. © Ifpo.
11Ce quartier était intégré dans un plan urbain orthogonal orienté nord-sud et est-ouest certainement hérité de la période perse, et était situé à proximité du rempart de la ville édifié au iie siècle avant notre ère. Les occupations datant de l’époque perse achéménide et de l’époque hellénistique se distinguent par des techniques d’appareillage des murs différentes. Certains murs de la période hellénistique ont été implantés parallèlement à ceux de l’époque perse achéménide et illustrent ainsi les transitions successives sur le site entre ces périodes. Les aménagements de la période hellénistique demeurent sensiblement identiques durant l’ère romaine. De surcroît, la découverte de ce quartier d’habitations a mis en lumière l’extension précoce, et alors insoupçonnée, de la ville antique vers l’est. Grâce à la conservation exceptionnelle des structures en élévation, qui atteignaient encore parfois 3 m de hauteur (fig. 5), les études menées ont révélé la présence de nombreux aménagements architecturaux et décoratifs soignés (Aubert, 1996), comme des sols en coccio pesto (Aubert, 2002, p. 74) ou encore des peintures murales (Aubert et Eristov, 2001). Ce quartier résidentiel était composé de bâtiments fermés sur eux-mêmes surmontés d’une toiture de tuiles en pente simple ou double, et agrémentés d’un étage accessible par un escalier intérieur (Aubert, 2001-2002 ; Pieri, 2011, p. 115) qui correspondent à une architecture de tradition proche-orientale. Or, ce quartier devait être fréquenté par une société hellénisée relativement aisée (Aubert, 1998, p. 168) d’après l’étude du décor architectural et du mobilier archéologique. La céramique importée et les monnaies sont le reflet du commerce intense entre Beyrouth et le monde hellénistique, notamment Délos et Chypre (Aubert, 2002), entre le iiie et le ier siècle avant J.-C., et du développement progressif des pratiques culinaires influencées par la Grèce (Aubert, 2002).
12À l’époque impériale, les espaces ont été occupés dans la continuité de la période précédente avec peu de changement ou d’impact sur l’organisation du quartier et des unités d’habitation. Ainsi, une occupation du quartier à cette période n’a pu être attestée que par la découverte d’un mobilier céramique abondant alors qu’aucun sol, niveau d’occupation ou structure architecturale n’a pu être individualisé (Pieri, 2011, p. 116).
Fig. 5 : Élévations hellénistiques et byzantines avec en arrière-plan les arcades du Petit Sérail

Cliché C. Aubert. © Ifpo.
13Contrairement à la période romaine, la période byzantine (ive-viie siècle de notre ère) se distingue sur BEY 002 par une nouvelle phase d’urbanisation intense correspondant peut-être à un changement de vocation du quartier. Les vestiges de cette période, qui se superposent à ceux de la période hellénistique et de la période romaine, conservent un caractère résidentiel. Ils sont agrémentés de mosaïques à décor polychrome géométrique caractéristique du Proche-Orient4 (Aubert, 1996, p. 76). Cependant, le mobilier retrouvé lors des fouilles présente une forte connotation religieuse qui pourrait indiquer que le quartier était vraisemblablement lié au complexe ecclésiastique incluant la basilique de l’Anastasis retrouvée à proximité et aux auditoria de l’École de droit (Pieri, 2011, p. 117-118). Le tremblement de terre de 551 après J.-C. semble avoir affecté la ville de Beyrouth, mais de façon plus limitée que ne le suggèrent les textes anciens, car les niveaux postérieurs à la catastrophe naturelle prouvent que la ville reste dynamique avec notamment des liens commerciaux avec l’Égypte, la Palestine, la Grèce, l’Anatolie et la mer Noire (Pieri, 2007). Malgré une rupture dans l’urbanisation lors de la conquête arabe, le quartier d’habitation n’est pas pour autant abandonné. Aux périodes omeyyade et abbasside sa fonction est à nouveau modifiée pour accueillir des activités artisanales, comme le prouve la découverte de fours de potiers et d’une importante industrie du verre. Ces découvertes souvent éparses et isolées ne permettent pas d’appréhender avec précision les occupations de cette époque. De plus, ces niveaux ont également été fortement perturbés lors de la construction du Petit Sérail au milieu du xixe siècle.
Beyrouth au lendemain de la guerre civile : un contexte difficile
14Au cours des cinq années de terrain, les fouilles furent réalisées dans des conditions difficiles, au lendemain d’un conflit fratricide entre Libanais, dans un quartier de la ville en ruine encore largement miné et avec des pressions politiques constantes. En effet, il s’agissait de fouilles préventives presque ininterrompues en milieu urbain non renseigné, ce qui causa de nombreux problèmes d’ordre logistique, administratif et financier. Les conséquences furent multiples : des ralentissements fréquents des fouilles ainsi que de nombreuses contraintes et pressions dénoncées par les archéologues, auxquelles s’ajoutèrent les destructions archéologiques commises par les aménageurs, dont la presse de l’époque s’est fait l’écho5.
15Malgré toutes ces difficultés, les résultats obtenus sont inestimables : ils ont profondément renouvelé nos connaissances sur l’histoire de Beyrouth. Une vision globale de l’évolution de la ville au fil des siècles durant cinq mille ans a été rendue possible grâce à la découverte de plusieurs centaines de sites archéologiques répartis sur environ 100 000 m2. Ces fouilles ont profondément enrichi les données issues de sources historiques. Ainsi, les données inédites issues de ces fouilles ont également permis de contredire la tradition fondée sur Strabon, selon qui Berytos fut ravagée et rasée en 144 avant notre ère par le passage de Diodote Tryphon avant de n’être reconstruite qu’à partir de la conquête romaine (Géographie, XVI, II, 19). Aucun indice allant dans ce sens n’a été découvert sur le terrain, puisqu’aucun niveau de destruction d’une telle importance n’a été observé. Au contraire, Beyrouth semble rester très prospère dans la seconde moitié du iie siècle avant notre ère. L’importance de Beyrouth au Moyen-Orient et dans tout le bassin méditerranéen depuis l’Antiquité a été ainsi confirmée par ce programme de fouilles archéologiques. Or, la juxtaposition de travaux indépendants résultant dans l’absence d’une monographie portant sur l’ensemble des résultats obtenus nuit grandement à la compréhension de l’évolution de la ville dans sa globalité au cours des siècles.
Les difficultés dès l’arrêt de la fouille
16La phase terrain du chantier BEY 002 s’est achevée en 1997 à la suite de l’adoption par le gouvernement libanais d’un projet de conservation du quartier antique. En effet, à l’emplacement du chantier BEY 002, un parking souterrain devait être construit. Une couverture photogrammétrique de l’ensemble du site a donc été réalisée, accompagnée d’un relevé pierre à pierre avant de commencer la phase de démontage des blocs qui furent tous enregistrés et déposés à proximité immédiate du site en vue de leur remontage futur. Un jardin devait être aménagé dans la partie nord de la place des Martyrs, surmontant le parking souterrain, pour accueillir le remontage du quartier antique pour que ce dernier soit au plus près de son lieu d’origine. Or, près de vingt-cinq ans après l’arrêt de la fouille, le parking souterrain n’a toujours pas été construit et le quartier antique n’a donc pas été remonté. Le risque actuel est donc la perte des informations notées sur chaque bloc, risque renforcé par le déplacement de certains blocs. Ainsi, plus le temps passe et plus la reconstruction du quartier résidentiel hellénistique semble compromise.
17La phase de post-fouille a commencé dès 1997. Cependant, malgré des résultats prometteurs sur le terrain, les données ont été relativement inexploitées jusqu’au début des années 2000, à l’exception de quelques articles ou rapports préliminaires. Afin de pallier cette situation, la mission « Beyrouth » a été créée en 2002 en réponse aux demandes pressantes de la part de l’ambassade de France, de la Direction générale des antiquités du Liban et du ministère des Affaires étrangères6, et ce jusqu’en 2004. Le traitement et les études du mobilier archéologique ainsi que de la documentation, produite entre 1993 et 1997, furent ainsi réalisés par de nombreux spécialistes dans le but d’achever la publication de ces fouilles et de débuter les restitutions aux autorités libanaises. Les études du mobilier ont été dans la grande majorité menées à terme mais aucune étude du bâti n’a été entreprise. Des diagrammes stratigraphiques et un phasage préliminaire ont également été produits, mais uniquement pour BEY 002. Or, ces étapes sont absolument nécessaires pour la compréhension générale du site et pour produire une synthèse des données de terrain. De même, une base de données générale avait été réalisée pour BEY 002 afin de recueillir les données issues de toutes les études entreprises au cours des missions « Beyrouth ». L’objectif était d’obtenir des datations à partir du croisement des données de la stratigraphie avec celles issues des études du mobilier. Ce projet n’a jamais totalement abouti et n’a pas été entrepris pour BEY 026.
L’état actuel des archives de BEY 002
18À la suite des trois années de la mission « Beyrouth », une monographie devait originalement être publiée dans la Bibliothèque archéologique et historique (BAH) éditée par l’Ifpo-Beyrouth, mais cette dernière n’a toujours pas été finalisée. De plus, la documentation papier produite lors de la fouille et entreposée dans les locaux de l’Ifpo à Beyrouth a malheureusement été grandement endommagée par un dégât des eaux survenu il y a une dizaine d’années. Les archives les plus abîmées furent jetées sans que soit réalisé un inventaire des pertes. Aucun protocole n’a été mis en place pour sécher et stabiliser le reste de la documentation papier. Dès lors, il devenait urgent de reprendre et d’achever l’étude des chantiers BEY 002 et BEY 026 pour sauver le fond d’archives encore préservé avant que ce dernier ne soit rendu inexploitable ou définitivement perdu. De même, la documentation numérique créée au cours des missions « Beyrouth » était également en danger d’obsolescence puisqu’elle n’avait jamais été mise à jour. Il a alors fallu élaborer un protocole de migration des versions originales enregistrées sous FileMaker 5, format ne pouvant plus être ouvert sur les versions actuelles du logiciel, en utilisant du matériel informatique ancien.
19En raison du manque de traitement lors du dégât des eaux, la documentation papier a été principalement endommagée par le développement de spores, de champignons et de la rouille provenant des supports métalliques. Ainsi, un nettoyage généralisé et un assainissement de ces archives en souffrance ont depuis été réalisés, suivis par une nouvelle classification et par un nouvel archivage afin d’assurer maintenant une conservation optimale. Malgré cela, l’ensemble de la documentation papier conserve des stigmates de cet épisode. Des traces d’humidité sont omniprésentes et le papier a été grandement fragilisé (fig. 6). La difficulté principale, observée avant même le début de la thèse, est la reprise de l’étude de deux chantiers archéologiques commencée il y a près de trente ans à partir d’une documentation lacunaire et fragile. Pour ce faire, un diagnostic des archives a dû être réalisé le plus rapidement possible en 2019, pour inventorier les documents ayant été perdus lors du dégât des eaux. Une fois cette étape achevée, un protocole a été établi pour pallier les manques et enfin mener à bien l’étude complète des fouilles françaises du centre-ville de Beyrouth.
Fig. 6 : Minute inédite endommagée par le dégât des eaux

© Ifpo.
Conclusion
20La fouille du centre-ville de Beyrouth fut une expérience unique au Proche-Orient en raison des découvertes archéologiques réalisées, qui permirent de renouveler nos connaissances sur cette ville majeure de la côte levantine depuis la protohistoire. De tels résultats n’auraient certainement pas été possibles sans les moyens inédits mis en œuvre par les différents acteurs. Cette fouille a mobilisé une dizaine d’équipes de chercheurs et d’étudiants libanais et étrangers travaillant simultanément sur la plus grande fouille de sauvetage en milieu urbain réalisée au Proche-Orient. Cependant, les difficultés furent nombreuses, tant lors des phases de terrain que lors des phases de traitement. Les premières difficultés furent logistiques et financières, ce qui compliqua le travail des archéologues. Elles furent également politiques, dans un pays sortant à peine de quinze années de guerre civile et sous tutelle syrienne. Enfin, il faut également rappeler que de nombreuses erreurs furent commises par les aménageurs, erreurs qui provoquèrent la destruction de plusieurs vestiges archéologiques. BEY 002, comme tous les autres chantiers, fut affecté par toutes ces difficultés. Ce dernier connut également des difficultés supplémentaires lors de la phase de post-fouille, telles que l’arrêt de l’étude avant sa publication, qui mena à la perte d’une partie de la documentation papier. Cette dégradation de la documentation complexifie d’autant plus la reprise de l’étude a posteriori. Enfin, la conservation des vestiges architecturaux pose également problème puisque le site n’a jamais été réenfoui et que les pierres démontées ne sont nullement protégées ni mises en valeur.
Bibliographie
Des DOI sont automatiquement ajoutés aux références bibliographiques par Bilbo, l’outil d’annotation bibliographique d’OpenEdition. Ces références bibliographiques peuvent être téléchargées dans les formats APA, Chicago et MLA.
Format
- APA
- Chicago
- MLA
Arnaud P., Llopis E., Bonifay M., « BEY 027 Rapport préliminaire », Bulletin d’archéologie et d’architecture libanaises, 1, 1996, p. 98-134.
Aubert C., « BEY 002. Rapport préliminaire », Bulletin d’archéologie et d’architecture libanaises, 1, 1996, p. 60-97.
Aubert C., « Un quartier hellénistique à Beyrouth », dans Liban, l’autre rive, cat. expo. Paris, Institut du monde arabe, 1998, p. 168.
Aubert C., « Architecture et décor de la maison hellénistique à Beyrouth », dans XIIe colloque de la Société ARAM sur les études syro-mésopotamiennes, Beyrouth (12-15 avril 1999), ARAM XIII-XIV, 2001-2002, p. 73-85.
Aubert C., « Les céramiques hellénistiques de Beyrouth. Caractéristiques des productions locales », dans Céramiques hellénistiques et romaines, productions et diffusion en Méditerranée orientale (Chypre, Égypte et côte syro-palestinienne), Actes du colloque tenu à la Maison de l’Orient méditerranéen Jean-Pouilloux (2-4 mars 2000), Lyon, Maison de l’Orient et de la Méditerranée Jean-Pouilloux, 2002, p. 73-84. URL : https://www.persee.fr/doc/mom_1274-6525_2002_act_35_1_1126
Aubert C., « Le commerce antique en Phénicie dʼaprès les amphores locales et importées à Beyrouth », dans Transport Amphorae and Trade in the Eastern Mediterranean, Actes du Colloque de l’Institut Danois à Athènes (26 – 29 septembre 2002), Athènes, 2004, p. 31-34.
Aubert C., « Agriculture et artisanat en Phénicie hellénistique d’après les fouilles de Beyrouth », Topoi. Orient-Occident, 8/1, 2007, p. 5-34. URL : https://www.persee.fr/doc/topoi_1764-0733_2007_act_8_1_2629
Aubert C., Eristov H., « L’habitat hellénistique de Beyrouth », dans Alix Barbet (dir.), La peinture funéraire antique, ive siècle av. J.-C.-ive siècle ap. J.-C., Actes du VIIe colloque de l’Association internationale pour la peinture murale antique, Saint-Romain-en-Gal, 6-10 octobre 1998, mai 2001, p. 211-214.
Badre L., « Les découvertes archéologiques du centre-ville de Beyrouth (information) », Comptes rendus des séances de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, 140/1, 1996, p. 87-97. DOI : 10.3406/crai.1996.15564
10.3406/crai.1996.15564 :Forest J. D., Forest Ch., « Fouilles à la municipalité de Beyrouh (1977) », Syria, 59/1-2, 1982, p. 1-26.
Hojeij B., « Le dialogue des ruines », Rail Productions (Baal Films), 1993. URL : https://vimeo.com/411516212
Lauffray J., « Forums et monuments de Béryte », Bulletin du musée de Beyrouth, 7, 1944-1945, p. 13-80.
Lauffray J., « Forums et monuments de Béryte », Bulletin du musée de Beyrouth, 8, 1946-1948, p. 7-16.
Lauffray J., « Beyrouth. Archéologie et histoire, époques gréco-romaines : I. période hellénistique et Haut-Empire romain », Aufstieg und Niedergand der römischen Welt, 1977, p. 135-163.
Lauffray J., « Beyrouth : ce qui n’a pas été dit », Archéologia, 317, 1995, p. 4-11.
Lefèvre A.-C., « Beyrouth : le plus grand chantier d’archéologie urbaine du monde », Archéologia, 316, 1995, p. 14-33.
Mesnil du Buisson R. du, « Études de Beyrouth et des environs », Bulletin de la Société française des fouilles archéologiques, 5, Paris, 1923-1924, p. 121-125.
Mesnil du Buisson R. du, « Recherches archéologiques à Beyrouth », Bulletin de la Société française des fouilles archéologiques, 6, 1924-1925, p. 81-134.
Mouterde R., Regards sur Beyrouth phénicienne, hellénistique et romaine, Beyrouth, Imprimerie catholique, 1966.
Mouterde R., Lauffray J., Beyrouth, ville romaine. Histoire et monuments, Beyrouth, Publications de la Direction des antiquités du Liban, 1952.
Pieri D., « Béryte dans le grand commerce méditerranéen. Production et importation d’amphores dans le Levant protobyzantin (ve-viie s. ap. J.-C.) », Topoi. Orient-Occident, 8/1, 2007, p. 297-327. URL : https://www.persee.fr/doc/topoi_1764-0733_2007_act_8_1_2642
Pieri D., « Les fouilles de l’Institut français d’archéologie du Proche-Orient à Beyrouth (1993-1997) », dans V. Rondot, F. Alpi, F. Villeneuve (dir.), La pioche et la plume. Autour du Soudan, du Liban et de la Jordanie. Hommages à Patrice Lenoble, Paris, Presses de l’université Paris-Sorbonne, 2011, p. 111-120.
Rondot V., Villeneuve F., « Patrice Lenoble (1942-2007) », Syria, 84, 2007, p. 315-319. DOI : 10.4000/syria.383
10.4000/syria.383 :Saghieh Beidoun M., « Evidence of Earthquakes in the Current Excavations of Beirut City Centre », National Museum News, 5, 1997, p. 15-20. URL : http://www.ahlebanon.com/images/PDF/Spring%201997%20-%20Issue%205/MUNTAHA%20SAGHIEH%20BEIDOUN%20-%20Evidence%20of%20Earthquake%20in%20the%20Current%20Excavations%20of%20BEIRUT%20City%20Center.pdf
Saidi M.-T. O., « La ligne verte de Beyrouth 1975-1991 », Guerres mondiales et conflits contemporains, 190, 1998, p. 43-60. URL : https://0-www-jstor-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/stable/25732502
Verdeil E., Faour G., Velut S., Atlas du Liban. Territoires et société, Beyrouth, Presses de l’Ifpo, 2007.
10.4000/books.ifpo.402 :Will E., « Nouvelles archéologiques : vers de nouvelles fouilles à Beyrouth », Syria, 69/1-2, 1992, p. 221-225. DOI : 10.3406/syria.1992.7272
10.3406/syria.1992.7272 :Notes de bas de page
1 Voir Bahij Hojeij, « Le dialogue des ruines », Rail Productions (Baal Films), 1993, https://vimeo.com/411516212
2 À la suite de la signature des accords de Taëf le 22 octobre 1989 qui pérennisent la présence militaire syrienne au Liban et à la reddition du général Aoun le 13 octobre 1990.
3 Les Échos, 29 novembre 1995, https://www.lesechos.fr/1995/11/solidere-la-folie-des-hauteurs-du-premier-ministre-1043897
4 Description des mosaïques de BEY 002 dans Aubert, 1996, p. 73-76.
5 Voir M. Makarem, « Trois ans de fouille dans le centre-ville : toujours la même polémique autour des pierres », L’Orient-Le jour, 21 janvier 1997, https://www.lorientlejour.com/article/219951/Trois_ans_de_fouilles_dans_le_centre-ville_%253A_toujours_la_meme_polemique_autour_des_pierres_-_Preservation_maximale%252C_reclament_les_chercheurs__-_In.html
6 D. Pieri (dir.), Mission Beyrouth. Rapport 2002, Paris, ministère des Affaires étrangères, p. 3.
Auteur
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, ED 112
Laboratoire ArScAn, UMR 7041, équipe Archéologie du Proche-Orient hellénistique et romain
Institut français du Proche-Orient (Ifpo)
Thèse sous la direction de François Villeneuve (UMR 7041) et Dominique Pieri (UMR 8167), Beyrouth antique d’après la fouille préventive de la place des Martyrs (el-Bourj) 1993-1997
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Appréhension et qualification des espaces au sein du site archéologique
Antoine Bourrouilh, Paris Pierre-Emmanuel et Nairusz Haidar Vela (dir.)
2016
Des vestiges aux sociétés
Regards croisés sur le passage des données archéologiques à la société sous-jacente
Jeanne Brancier, Caroline Rémeaud et Thibault Vallette (dir.)
2015
Matières premières et gestion des ressources
Sarra Ferjani, Amélie Le Bihan, Marylise Onfray et al. (dir.)
2014
Les images : regards sur les sociétés
Théophane Nicolas, Aurélie Salavert et Charlotte Leduc (dir.)
2011
Objets et symboles
De la culture matérielle à l’espace culturel
Laurent Dhennequin, Guillaume Gernez et Jessica Giraud (dir.)
2009
Révolutions
L’archéologie face aux renouvellements des sociétés
Clara Filet, Svenja Höltkemeier, Capucine Perriot et al. (dir.)
2017
Biais, hiatus et absences en archéologie
Elisa Caron-Laviolette, Nanouchka Matomou-Adzo, Clara Millot-Richard et al. (dir.)
2019