« Nostre hostel », « nostre conseil estant lez nous », « les chevaliers de nostre ordre »
L’emboîtement des hautes charges à la cour des ducs de Bourgogne, de Philippe le Bon à Philippe le Beau (1419-1506)
p. 121-134
Texte intégral
1Un hôtel est organisé pour encadrer les gestes de son prince, au quotidien comme à l’extraordinaire. Un conseil est là pour assister le prince dans la gestion de ses affaires publiques. Un ordre de chevalerie est conçu pour récompenser et stimuler des fidèles du prince. Voilà trois cercles au sein desquels domine une même figure : la personne du prince, en l’occurrence les ducs de Bourgogne de la maison de Valois et leurs successeurs immédiats. Ces cercles sont-ils concentriques, connectés, collatéraux ?
2Tout en partant à la découverte de ces trois ensembles, on ne s’éloignera jamais d’un plus grand, la cour, dans lequel ils s’inscrivent, d’autant plus que service, compétence et loyauté, juste prix des faveurs octroyées par le maître (offices, biens fonciers, revenus) s’y côtoient en valeurs partagées : la cour, entourage du prince et, en tout état de cause, foyer où se conçoit sa politique, toujours lieu de décision, est l’épicentre du pouvoir s’il en est. Au sein du petit monde foisonnant qu’est l’hôtel ducal puis archiducal, trouvent place des collaborateurs mêlés à cette décision politique. On les croise par ailleurs pour bon nombre dans les coulisses du ou des conseil(s) qui gère(nt) celle-ci. Quel que soit le niveau d’autorité et de pouvoir personnel qu’il atteint ou auquel il aspire, le dynaste décide en conseil. À défaut de comptes rendus des séances de pareil(s) conseil(s), ce sont les textes émanant des princes qui procurent des pistes sûres à travers les mentions hors teneur dites « de service », lesquelles ont déjà permis de reconstituer sur papier ce que nous appellerions le « conseil des ministres » de plusieurs d’entre eux, en particulier la duchesse Marie et son fils Philippe le Beau1 Un certain nombre de ces hommes vont être appelés au sein de l’ordre de chevalerie créé par Philippe le Bon en 1430, la Toison d’or, fleuron bien connu mais dont le poids en tant que tel dans les rouages de l’« État bourguignon » est loin d’avoir été réellement évalué2.
Cour, conseil, ordre : microcosme, rouage, élite
3La cour, véritable « système social », protéiforme3, peuplé d’acteurs et tissé d’interactions, est à la fois lieu – mobile, vu son itinérance – et espace – de pouvoir. Selon une fort belle image, c’est une « vitrine richement illuminée » de l’« État bourguignon », où se déploient faste, prestige, puissance4 Ne peut-on pas la dire aussi microcosme de l’« État princier » ? Entre elle et l’hôtel existe un lien organique permanent : l’hôtel en est vraiment le cœur, le « noyau dur5 ». Il requiert une organisation qui concoure à l’affirmation d’une Hausmacht, partie prenante à la construction monarchique6 Tel est l’objet des ordonnances dites de l’hôtel – on peut aussi les dénommer auliques, de cour. Si leur finalité demeure d’ordinaire essentiellement administrative, elles s’enrichissent parfois d’un plus, d’une valeur de représentation, car, à l’occasion, elles sont descriptives de fonctions, de comportements et d’intentions politiques. Ces textes, qui livrent prioritairement des listes de noms et de gages, abordent alors tout à la fois ce qui touche aux structures, autour de la gestion des ressources, et, avec un cérémonial, au fonctionnement de l’hôtel et de la cour tout entière. Leur succession, conciliant reprises et adaptations, leur mise en œuvre, puisqu’on en conserve des manuscrits annotés, portent témoignage d’un caractère dynamique inné7.
4S’il est donc aujourd’hui commode de se familiariser avec l’hôtel à la cour bourguignonne, à travers ordonnances et « écrous » (escroes)8, l’approche du conseil ducal demeure plus aléatoire. La démarche mène par excellence « à l’ombre du pouvoir », pour reprendre l’intitulé d’un livre important en la matière9 Si pareil conseil existe bien plus tôt par la force des choses, il faut attendre 1446 pour qu’un acte de Philippe le Bon en fournisse une première définition organique10 L’acte fait toutefois peu d’émules et ce n’est pas là qu’il faut chercher une énumération de noms. Ce qui vient en aide dans cette enquête est la présence possible, dans certaines ordonnances de l’hôtel, d’une rubrique dévolue au conseil. Cela reste fort hypothétique et en tout cas inégal. Ce qui est sûr, c’est le lien en quelque sorte structurel que tissent, entre conseil et cour, les hommes, toujours nobles, qualifiés de « conseillers chambellans » : au second terme, expression d’une proximité domestique, vient s’accoler le premier, révélateur d’une proximité politique. Mais cela ne permet nullement d’espérer disposer d’une forme de tableau du conseil : il y a d’évidence un trop grand nombre de chambellans pour qu’ils puissent tous remplir de fait des tâches de conseillers. On ne perdra pas de vue, en outre, qu’au fil des années, le conseil se peuple toujours davantage de conseillers d’extraction autre que nobiliaire ou ecclésiastique, gens de loi surtout. Mais un fait est indéniable : la proximité permanente et absolue avec la cour se traduit avant tout par la fixation du lieu où se réunit le conseil du prince, « en sa court », « en nostre hostel », « en lieu ou il ait hostel a ce propice »... Ajoutons encore que, si la dénomination de conseiller peut se limiter à un titre honorifique, sans implication politique effective11, celle de chambellan désigne une fonction : avoir accès à la chambre, à l’intimité du prince, peut se révéler propice à de discrets entretiens de haut vol !
5Avec la création par Philippe le Bon de l’ordre de la Toison d’or, l’idéal chevaleresque s’invite à la cour. Car il s’agit bien là d’une compagnie, de nature aulique, à double facette. Si le duc entend promouvoir des valeurs, la foi chrétienne, indissolublement liée à l’idéal de croisade, l’honneur de chevalerie, la loyauté, il ne néglige certainement pas, simultanément, l’instrumentalisation politique à travers une relation de clientèle. Pour le public, il y a la propagande, les solennités ; l’autre facette, ce sont les chapitres, tenus en toute discrétion. Au sein de la cour, on donne une place à un groupe spécifique, dont le prince attend le service et les membres une légitimation : « soumission particulièrement honorable », a-t-on pu écrire12 On le sait, l’idéologie ducale bourguignonne trouve ici à s’affirmer dans une revendication de souveraineté plus que dans une simple conception chevaleresque, celle-ci n’étant toutefois naturellement pas absente. Tout dynaste peut bien disposer d’une cour et se faire aider par un conseil, mais il n’est pas forcément fondateur et chef ou grand maître d’un ordre ! L’article 6 des statuts de la Toison d’or (1431) précise l’implication de ses membres dans la conduite des affaires publiques, guerre et défense, domaines et finances. Mais qu’en est-il d’une application effective à l’action politique ? Même si, comme tel, l’ordre serait susceptible d’être estimé « résolument aulique » (Jean Richard), il faut tenir compte qu’une partie de ses membres sont en somme coiffés de plusieurs « couvre-chefs », distincts en soi : chambellan à l’hôtel, « ministre » au conseil, chevalier dans l’ordre.
L’apport des ordonnances de l’hôtel
6Qu’en est-il dès lors, d’une pluralité des charges ? À quel(s) titre(s) ces hommes (inter)agissent-ils ? Et d’abord qui sont-ils13 ?
7Le premier texte utilisable dans le recueil des ordonnances de l’hôtel de Philippe le Bon porte la date du 27 février 1433. Il est indiqué d’entrée que l’acte a été établi en recourant à l’avis des membres du conseil ducal. Il annonce dans une première série l’existence de douze charges de conseillers chambellans, mais il énumère treize noms. Neuf de ces hommes appartiennent à la première promotion des chevaliers de la Toison d’or (janvier 1430), un dixième y est introduit en novembre 1433, au troisième chapitre, neuf mois après la promulgation de l’ordonnance. Une seconde série de chambellans est composée de neuf noms issus spécifiquement des duchés de Brabant et de Limbourg, parmi lesquels ne figure aucun chevalier de l’ordre ; il est vrai que, à l’inverse de bon nombre de leurs confrères de la première série, déjà présents antérieurement à la cour, ces « gens de ses païs de Brabant et de Lembourg » ne sont que depuis peu au service du duc, entré en possession de ces territoires en 1430 seulement. Voici plus loin le conseil dit « ordinaire » : outre son chef, l’ecclésiastique Jean Chevrot, il est formé de douze membres, dont dix appartiennent à la noblesse et sont susceptibles de se retrouver au nombre des chambellans et/ou des chevaliers de l’ordre. C’est le cas pour neuf d’entre eux dans le service de la chambre (dont un issu du contingent brabançon) et six porteurs du collier. Ils sont donc six à figurer dans les trois ensembles que nous avons prédéfinis (hôtel, conseil, ordre de chevalerie).
8Notre deuxième « arrêt sur image » porte sur l’ordonnance de Philippe le Bon du 12 janvier 1438. Les conseillers chambellans de la première série sont au nombre de quatorze, parmi lesquels, par rapport à 1433, trois nouveaux noms seulement ; la série brabanto-limbourgeoise en propose encore huit, avec une seule modification. Le « conseil ordinaire » s’est étoffé puisqu’on y aligne, outre le chancelier (Nicolas Rolin) et le chef (Jean Chevrot), vingt-six noms, dont naturellement six « nouveaux ». Au total, voici dix chevaliers parmi les chambellans (dont un « brabançon »), neuf au sein du conseil. Huit seigneurs se côtoient à trois reprises, à savoir les mêmes que cinq ans plus tôt, renforcés de deux unités.
9La troisième ordonnance utile du duc Philippe, en date du 9 avril 1449, fait apparaître une grande continuité : quinze conseillers chambellans dans la série « générale », dont sept nouveaux par rapport à 1438 ; dix dans la série de Brabant-Limbourg, soit les huit de 1438 et deux nouveaux venus ; un conseil « ordinaire » de dix-sept individus, déjà tous présents parmi les vingt-six du précédent tableau : neuf chevaliers de l’ordre parmi les chambellans (dont le même « brabançon ») – l’un d’eux n’est reçu à vrai dire qu’au chapitre de 1451 –, sept dans les rangs du conseil – deux décès ayant été déplorés en 1439 et 1442. Six noms sont communs aux trois ensembles, tous répondant déjà à l’appel en 1438, les deux défunts faisant la différence.
10Dernière balise pour le même principat : une ordonnance du 31 décembre 1458 livre une liste prioritaire de treize conseillers chambellans, avec trois entrées seulement pour les dix dernières années, dont huit, entre autres deux des derniers venus, sont ou seront membres de l’illustre compagnie14 Le texte reste dépourvu de rubrique relative à quelque conseil que ce soit.
11Avec la seule ordonnance adéquate dont nous disposons pour le principat de Charles le Hardi, en date du 1er janvier 1469, nous demeurons sur notre faim. Le texte, qualifié d’ordonnance-cadre par ses éditeurs, comptient certes plus de vingt articles traitant d’« ordonnances du conseil », que le duc fait dire « tenu en son hostel en une chambre », mais il n’en livre guère davantage sur sa composition, en dépit de la présence abondante du mot « conseilliers ». Une autre ordonnance, conjointe, devait répertorier fonctions et noms des membres de l’hôtel, mais elle est perdue. Un article, pourtant, donne un aperçu des personnes ayant accès aux réunions du conseil – sans indiquer qu’ils en sont tous formellement des membres – en dehors de tous autres. Ce sont qualitate qua une pléiade de détenteurs de hautes charges centrales et régionales ainsi que huit chambellans nommément désignés, « choisis et esleuz pour estre ordinairement oudit conseil », auxquels s’ajoute, cité à part, le premier chambellan, à savoir le bâtard Antoine, demi-frère du duc. Seuls ce dernier et un des huit sont chevaliers de la Toison d’or, tandis que deux de leurs compagnons y sont promus au chapitre de Valenciennes, en 1473. Une autre disposition suggère bien que la composition du conseil ducal reste toujours fluctuante et que, naturellement, quand il y vient, le maître est susceptible d’en « amener auchuns autres avec luy », ou encore que le chancelier en mande « pour auchunes causes ». D’ailleurs, des réunions peuvent fort bien se tenir, pour la commodité, en l’hôtel de ce même chancelier.
12Une seconde ordonnance potentiellement intéressante du duc Charles, celle du 13 février 1474, ne répond pas à notre attente. En dehors d’articles dévolus au jeune Parlement de Malines, avatar du ci-devant Grand Conseil (de justice), institution déjà bien spécifique15, elle reste dépourvue de rubrique relative au conseil ducal ordinaire, seulement évoqué ici ou là, très incidemment, par une formule telle que « messeigneurs de son conseil », ou à propos de charges subalternes y attachées, ainsi celles de fourriers ou de huissiers d’armes.
13L’unique ordonnance connue pour la duchesse Marie de Bourgogne, élaborée peu de temps après le décès de son père et sa propre accession au pouvoir (26 mars 1477), est dite, dans ses préambule et mandement d’exécution, « faite et passee en son conseil, sur l’estat et gouvernement de son hostel » ; elle comprend une rubrique titrée « conseillers et chambellans ordonnéz estre au conseil », et on en reste là16 Celle de septembre suivant pour Maximilien, l’époux de Marie, affiche une liste impressionnante de cent quinze chevaliers chambellans qui ne sont nullement qualifiés de conseillers, mot qui n’apparaît dans tout le texte qu’à deux reprises, purement incidentes, respectivement parmi les « officiers » comptés aux escroes et dans le mandement d’exécution afin que l’homme désigné remplisse ses devoirs de premier maître d’hôtel.
14Hors textes auliques normatifs, il est une ordonnance spécifique de Maximilien régent, en date du 26 décembre 1487, qui revêt une portée exceptionnelle en soi : le détenteur du gouvernement des Pays-Bas y crée, y instaure de manière explicite un conseil nouveau, démarche préludant à la spécialisation des organes que connaissent par la suite, au xvie siècle, les Pays-Bas bourguignons : un « conseil de nos finances ». Simultanément à des techniciens de la matière, dits « commis des finances », sont appelés à y participer des « seigneurs », au nombre de six, dont quatre portent le collier depuis les chapitres de 1478 ou 148117.
15Il faut attendre les ordonnances de cour et d’hôtel de Philippe le Beau pour être en mesure de percevoir à nouveau une présence conjuguée de certains hommes dans plusieurs fonctions. Dans la première, que nous datons du 10 août 1495, on distingue d’une part « ung conseil » – dans une rubrique « conseil privé », tenu « en nostre hostel... en une chambre », investi de compétences en tout, excepté la justice – et d’autre part « le grant conseil de la justice ». À côté d’ecclésiastiques et de juristes qui ne présentent pas d’intérêt pour nous ici, le conseil, de gouvernement en somme, rassemble neuf personnes, dont six appartiennent par la suite à l’ordre de la Toison d’or. Le Grand Conseil, où siègent le chancelier et un président, compte, pour sa part, dans ses rangs cinq conseillers nobles, dits chevaliers, étrangers au conseil de gouvernement et porteurs du collier pour deux d’entre eux. Le 1er décembre 1500, un système assez élaboré organise le service de chambellans : au total, outre le grand et premier chambellan, ils sont dix-sept, dont quatre à temps plein et les autres à mi-temps, sans, notons-le, qu’ils soient qualifiés de conseillers. En termes de conseils, on note seulement une rubrique « grant conseil », sans autre donnée que le nom du chancelier, et une mention fugace et unique, à propos d’un maître des requêtes, « du privé conseil de monseigneur ». Le grand chambellan et un autre, d’ailleurs qualifié de second, sont chevaliers de la Toison d’or, les trois autres à temps plein le deviennent en 1501 ou 1505. Enfin, dans la dernière ordonnance utile, du 1er novembre 1501, les chambellans, qui ne sont pas davantage désignés par le titre de conseillers, sont, à côté du grand, répartis en deux niveaux de gages, aux nombres respectifs de six et sept. Aucune rubrique sur un conseil : parmi les autres maîtres des requêtes, deux titulaires sont dits incidemment conseillers. Trois chevaliers du texte de 1500 se retrouvent parmi les chambellans du premier niveau et il en est un quatrième, le nouveau grand et premier en l’occurrence.
16C’est dans les actes eux-mêmes et dans les mentions hors teneur dites de service que perce au mieux la réalité de la participation plus que présumée des conseillers aux décisions du prince18 Cependant, la formule « Par monseigneur le duc en son conseil » n’est qu’occasionnellement suivie de la désignation de conseillers « presens ». Nous avons une propension à penser que les noms ainsi épinglés seraient révélateurs du degré de notabilité de ceux qui les portent : le seigneur (Antoine) de Croÿ, le seigneur (Jean) de Lannoy, le seigneur (Jean) de Roubaix, le seigneur de Charny (Pierre de Bauffremont, époux en troisièmes noces d’une fille bâtarde du duc), parmi d’autres sous Philippe le Bon, tous « en sa court », du « conseil ordinaire » et porteurs de la Toison. Dans le conseil attaché à la personne de Marie de Bourgogne, cinq grands nobles, à côté des princes du sang, émergent en figures de proue. À l’exception du célèbre mémorialiste Olivier de La Marche, homme de confiance du défunt père et du mari de la duchesse, ils cumulent leur fonction de conseil avec de hautes charges de cour et le port de la toison que leur vaut et permet leur sang : Louis de Bruges, seigneur de la Gruuthuse, dénommé d’ordinaire comte de Winchester, par référence à un titre reçu quelques années plus tôt du roi Édouard IV pour services rendus, est premier chevalier d’honneur, c’est-à-dire chambellan, de la duchesse et chevalier de la Toison d’or ; Philippe de Croÿ, comte de Chimay, lui aussi chevalier de la Toison d’or, devient premier chambellan de Maximilien ; Baudouin de Lannoy, seigneur de Molembaix, est premier maître d’hôtel de Marie et chevalier de l’ordre ; le comte Engelbert de Nassau, maréchal de l’hôtel, porte aussi le collier19 Sous Philippe le Beau (1501), la mention de service d’un acte d’importance sur l’imposition du clergé du Hainaut, dans une liste d’ampleur exceptionnelle de douze noms, aligne, à côté du chancelier et d’ecclésiastiques détenteurs de hautes charges, ceux de seigneurs issus de grandes lignées (Nassau, Berghes, Neufchâtel...) titulaires, là encore, d’offices en vue à la cour20.
La Toison d’or, lieu de décision politique ?
17Le caractère politique de la dignité de chevalier de la Toison d’or et, globalement, de l’ordre lui-même, ne fait pourtant pas l’unanimité chez les historiens. Le premier érudit moderne d’envergure qui se soit penché sur l’histoire de la compagnie, le baron de Reiffenberg, y voyait « une espèce de représentation politique formée des hommes les plus éminents de la nation21 ». Pour sa part, dès la première édition de son œuvre maîtresse, Henri Pirenne en soulignait le rôle politique effectif, du moins dans les Pays-Bas habsbourgeois, à partir de l’ère Maximilien/Philippe le Beau, en les comparant à des « ministres d’État » de monarchies constitutionnelles d’aujourd’hui, après s’être montré par ailleurs beaucoup plus réservé pour les débuts de l’ordre, percevant ainsi une évolution fonctionnelle à laquelle nous souscrivons volontiers22 Durant les deux dernières décennies du xve siècle, la grande noblesse des Pays-Bas, tandis que décline le poids des villes, bénéficie d’une conjoncture favorable auprès des princes, premiers Habsbourg. On peut considérer que l’ordre gagne alors en influence ce qu’il perd sans doute en faste et en brillant23 On peut jouer sur les mots et caractériser la Toison d’or d’instrument et non de rouage du gouvernement, confiner l’ordre dans un registre aulique plutôt que de lui décerner une dimension territoriale que requerrait la grande politique24 Sans nuance entre les générations, Malcolm Vale s’exprime de manière péremptoire : la Toison d’or ne peut être « autre chose » qu’une institution politique25 Comme il en va de ce spécialiste britannique des ordres de chevalerie, la mise en question de l’optique territoriale de la compagnie ducale, en particulier, ne nous convainc nullement. Malcolm Vale, encore lui, souligne à bon droit la représentation de facto de – nous n’écrivons certes pas des, sous-entendu de toutes – principautés en possession des ducs par des individus promus à cette fin. On concevrait mal que la création de pareil ordre par le duc de Bourgogne, à l’instar d’autres princes, soit demeurée étrangère à une volonté d’affirmation proprement politique26, quels qu’aient pu être d’autres motifs et valeurs, conjoints, de symbolisme, d’ostentation et de faste, en référence à la chevalerie, à la foi chrétienne et à la croisade, comme on l’a déjà mentionné. Les chapitres, face « secrète » de l’ordre, bien distincte des solennités publiques, sont un outil politique, où les débats portant sur les individus et leur conduite ne doivent pas masquer un arrière-plan d’une tout autre ampleur.
18L’article 6 des statuts de l’ordre, on l’a noté, laisse percer une implication statutaire de ses membres qualitate qua dans les affaires publiques, guerre, défense, domaines et finances27 Nous n’avons nulle intention d’invoquer ici cet article, comme on le fait parfois, à l’appui d’une argumentation favorable à une dimension proprement politique de la compagnie. Bien plus révélatrices nous semblent être, dans la pratique, les tâches confiées à des chevaliers caractérisés comme tels. À Lille, des chevaliers liés à la ville et à la région semblent bien participer à ce titre aux formalités du renouvellement de l’échevinage, confié à des commissions ad hoc28 En 1505-1506, en vue de financer son second voyage d’Espagne, Philippe le Beau fait procéder à des aliénations en série de son domaine : opération d’envergure au cours de laquelle les membres de la Toison d’or sont systématiquement mentionnés au nombre des participants aux décisions. Nous tiendrons volontiers ce constat pour une marque de valorisation des responsabilités politiques des porteurs du collier – car l’opération est tout autant politique que financière. Les noms de conseillers systématiquement présents dans les mentions de service des actes de 1505-1506 ne trompent pas : Jean de Luxembourg (Berghes) et son frère Jacques (Fiennes), Guillaume de Croÿ (Chièvres) sont des « poids lourds » au sein du conseil archiducal comme de l’ordre, et un conseiller ecclésiastique lui aussi systématiquement présent, Philibert Naturel, exerce d’ailleurs la charge de chancelier de l’ordre. L’appartenance de ces grands personnages à la compagnie est explicitement soulignée29 Plus probant encore : une lettre de Maximilien (septembre 1496) adressée aux « gens du grant conseil et des finances » – bien distinct du « conseil privé », de composition beaucoup plus restreinte – de son fils Philippe. On y énumère, nominativement, quelques grands seigneurs puis on mentionne, globalement, « les autres chevaliers et confreres de nostre ordre de la Thoison d’or » comme étant, eux aussi, habilités à siéger dans cet organe fédérateur où, à côté de hauts fonctionnaires légistes et financiers, la grande noblesse, souvent honorée par le collier, ne manque pas d’occuper encore le haut du pavé30.
19Les « registres des chapitres et actes » ou encore « des actes et conclusions » tenus par le greffier de l’ordre livrent sans doute pour l’essentiel des comptes rendus relatifs à la tenue des fêtes et cérémonies et aux personnes des chevaliers, en rapport avec leur élection, leur défection, leur décès, des circonstances les concernant. On ne pourrait cependant nier, même en l’absence de toute allusion dans les comptes rendus, que les chapitres procurent des occasions d’envisager des « affaires d’État », tandis que s’y côtoient de si « grandes pointures » de l’entourage ducal. L’envoi d’une ambassade auprès d’un confrère nouvellement élu, quand il s’agit d’une personnalité étrangère, devait bien inspirer parfois des tractations plus politiques31 En tout cas, lorsqu’au cours de la guerre qui les oppose, est conclue par Philippe le Beau avec le duc de Gueldre Charles d’Egmont, le 27 juillet 1505, une trêve d’armes, l’archiduc, dans la confirmation qu’il en délivre deux jours plus tard, fait explicitement état de « l’adviz, bonne et meure deliberacion tant de ceulx de nostre ordre que de nostre conseil estans lez nous32 ».
20Au début du xixe siècle, le prince Charles-Joseph de Ligne (m. 1814), grand aristocrate des ci-devant Pays-Bas autrichiens et plume féconde, consacre à l’ordre de la Toison d’or, qui a compté dans ses rangs plus d’un de ses ancêtres, un volume de ses Mélanges militaires, littéraires et sentimentaires. Ayant eu recours à cette fin, selon toute probabilité, à des documents tirés des archives de l’ordre, registres capitulaires en particulier, il regrette vivement que, de son temps, les chevaliers, dont il est, ne soient plus associés au processus de la décision politique, par la voie d’une participation au conseil du prince, l’empereur d’Autriche en étant alors le grand maître33 Réflexion en l’espèce non dépourvue de nostalgie sans doute, mais qui ne présente rien d’incongru.
Conclusion
21On connaît les scènes dites de présentation, miniatures de manuscrits enluminés dans lesquelles un auteur ou traducteur, agenouillé devant le duc de Bourgogne, lui offre un volume, produit de ses travaux. Elles figurent une mise en scène, une véritable cérémonie, à laquelle, aux côtés du prince, assistent un ensemble de courtisans. Lorsqu’on peut les identifier, on y reconnaît des conseillers de haut rang : chancelier, ecclésiastique chef du conseil, mais aussi porteurs du collier de la Toison d’or. Gens de cour, gens de conseil, gens de l’ordre : les trois « couvre-chefs » auquel nous nous référions plus haut de manière imagée sont combinés ici. « Les protagonistes de cette scène sont représentatifs des grands pôles du pouvoir ducal », note l’historienne de l’art, Anne Dubois, qui a particulièrement étudié la plus notoire des miniatures du genre : on ne pourrait mieux écrire34 Mais loin de se situer, à la manière des points de repère du globe terrestre de ces noms, aux antipodes les uns des autres, ces « pôles » sont des éléments complémentaires d’un même ensemble institutionnel et humain.
22Le conseil des princes Valois de Bourgogne et des premiers Habsbourg dans les Pays-Bas demeure relié à la cour, dont il est un « rejeton », par un cordon ombilical non encore rompu, même si l’entourage politique (conseil, Rat, consejo) a déjà pris ses marques par rapport à l’entourage domestique (hôtel ou maison, Haus, casa) : dissociation sans doute, coupure non35 Un « système de cour » est d’autant plus indispensable dans le cadre d’ensembles territoriaux étendus et hétérogènes à fédérer, à la manière de la galaxie burgondo-habsbourgeoise. Fondamentalement, la cour reste le lieu où se forge la grande politique. Le conseil qui siège en son sein, sans plus s’y fondre, y est un moteur de celle-ci. Si elle assure leur place à des clercs de haut rang et, avec un poids croissant, à des gens de loi, cette instance de consultation, de débat et de décision reste peuplée d’hommes de condition nobiliaire élevée dont la fidélité, à cultiver36, est un maître atout pour le gouvernant. Si, dans les allées de l’hôtel et sur les sièges du conseil, les derniers côtoient bon gré mal gré des « collègues » qui sont si différents d’eux par la naissance et le prestige du sang, ils ont le privilège d’être seuls aptes à pénétrer en un autre lieu, accéder à un autre corps, l’ordre de chevalerie, source indéniable de prestige. Mais cette appartenance renforcerait-elle aussi leur pouvoir, leur poids par rapport à leurs pairs au conseil ? On est fondé à penser, en termes de décision politique, que les relations de nature formelle qu’il entretient dans les structures de conseil et de gouvernement – « par monseigneur le duc en son conseil »… – n’excluent nullement pour le prince, bien au contraire, les liens, les « conversations » d’essence informelle dont la compagnie placée sous sa maîtrise sera le théâtre discret37.
23« Hostel », « conseil », « ordre » : le mot-clé le plus adéquat pour fédérer ces trois réalités identifiées, autour d’un potentiel humain commun, dans le titre de la présente étude, est « intrication ». Et la plurifonctionnalité de ce potentiel humain aulique, politique, aristocratique, l’imbrication des tâches qui lui sont dévolues, repose sur une référence, un devoir, une personne : le prince. C’était déjà notre réflexion liminaire. L’examen des sources ne l’a-t-il pas confortée ?
Notes de bas de page
1 Jean-Marie Cauchies, « “Croit conseil” et ses “ministres”. L’entourage politique de Philippe le Beau (1494-1506) », dans Alain Marchandisse, Jean-Louis Kupper (dir.), À l’ombre du pouvoir. Les entourages princiers au Moyen Âge, Genève, Droz, 2003, p. 385-405 ; et dans Cédric Michon (dir.), Conseils et conseillers dans l’Europe de la Renaissance (vers 1450-vers 1550), Tours/Rennes, Presses universitaires François-Rabelais/Presses universitaires de Rennes, 2012, p. 47-66 ; Id., « Des conseillers protecteurs. L’entourage politique de Marie de Bourgogne », dans Michael Depreter, Jonathan Dumont, Elizabeth L’Estrange, Samuel Mareel (dir.), Marie de Bourgogne. Figure, principat et postérité d’une duchesse tardo-médiévale, Turnhout, Brepols, 2021, p. 221-237.
2 De façon générale, voir plusieurs contributions dans Christiane Van den Bergen-Pantens (dir.), L’ordre de la Toison d’or, de Philippe le Bon à Philippe le Beau (1430-1505). Idéal ou reflet d’une société ?, Bruxelles/Turnhout, Bibliothèque royale de Belgique/Brepols, 1996.
3 Philippe Contamine, « Les cours de France, d’Angleterre et d’Écosse dans leurs rapports avec la cour de Bourgogne », dans Werner Paravicini (dir.), La cour de Bourgogne et l’Europe. Le rayonnement et les limites d’un modèle culturel, Ostfildern, Thorbecke, 2013, p. 405-419, ici p. 408.
4 Bertrand Schnerb, « Richesse, historiographie, perception. Trois aspects d’une politique de prestige », dans ibid., p. 55-61, ici p. 61.
5 Olivier Mattéoni, « Les cours en France (seconde moitié du xive-fin du xve siècle) », dans ibid., p. 421-438, ici p. 430.
6 Voir les nombreux travaux que lui a consacrés Werner Paravicini, partiellement rassemblés par Klaus Krüger, Holger Kruse, Andreas Ranft (dir.), Menschen am Hof der Herzöge von Burgund. Gesammelte Aufsätze, Stuttgart, Thorbecke, 2002.
7 On dispose à présent de tout le matériau des ordonnances de l’hôtel pour la période envisagée ici : Die Hofordnungen der Herzöge von Burgund, t. 1, Herzog Philipp der Gute 1407-1467, éd. par Holger Kruse, Werner Paravicini, Ostfildern, Thorbecke, 2005 ; Die Hofordnungen der Herzöge von Burgund, t. 2, Die Hofordnungen Herzog Karls des Kühnen 1467-1477, éd. par Valérie Bessey, Sonja Dünnebeil, Werner Paravicini, Berlin, Peter Lang, 2021 ; Valérie Bessey, Jean-Marie Cauchies, Werner Paravicini (éd.), Les ordonnances de l’hôtel des ducs de Bourgogne, vol. 3, Marie de Bourgogne, Maximilien d’Autriche et Philippe le Beau 1477-1506, Berlin, Peter Lang, 2019. Sur les textes émanés du dernier de ces princes, voir Jean-Marie Cauchies, « Las Ordenanzas de la Casa, Corte y Consejos del archiduque Felipe “El Hermoso” (1495-1506) : en la tradición borgoñona », dans José Eloy Hortal, Félix Labrador Arroyo (dir.), La Casa de Borgoña: la Casa del rey de España, Louvain, Leuven University Press, 2014, p. 37-49.
8 Holger Kruse, Hof, Amt und Gagen. Die täglichen Gagenlisten des burgundischen Hofes (1430-1467) und der erste Hofstaat Karls des Kühnen (1456), Bonn, Bouvier, 1996.
9 Marchandisse, Kupper (dir.), À l’ombre du pouvoir, op. cit.
10 Jean-Marie Cauchies (éd.), Gilles Docquier (collab.), Ordonnances générales de Philippe le Bon (1430-1467), Bruxelles, Service public fédéral Justice (Recueil des ordonnances des Pays-Bas. Première série : 1381-1506. Deuxième section. Tome 1), 2013, p. 56-57.
11 273 individus porteurs du titre de « conseiller » ont été répertoriés pour les années du gouvernement personnel de Philippe le Beau : Bernadette Petitjean, Les conseillers de Philippe le Beau (1495-1506) d’après les comptes de la recette générale des finances. Essai de prosopographie, mémoire de licence dirigé par Jean-Marie Cauchies, Université catholique de Louvain, 1991, p. 111-249 ; il va de soi que nombre d’entre eux n’ont jamais été conviés à assister à quelque séance de conseil que ce soit !
12 Jean Richard, « Le rôle politique de l’ordre sous Philippe le Bon et Charles le Téméraire », dans Van den Bergen-Pantens (dir.), L’ordre de la Toison d’or, op. cit., p. 67-70, ici p. 69.
13 Les lignes qui suivent ont été rédigées en « croisant » systématiquement les textes des ordonnances éditées dans les trois volumes cités supra avec le recueil essentiel en la matière : Raphaël de Smedt (dir.), Les Chevaliers de l’ordre de la Toison d’or au xve siècle. Notices bio-bibliographiques, 2e éd. revue, Francfort-sur-le-Main, Peter Lang, 2000 ; nous ne citerons pas systématiquement les pages de référence dans ces différentes publications : les index détaillés dont elles sont munies ainsi que la « structure »/Gliederung des textes d’ordonnance permettent d’y repérer aisément les acteurs et fonctions recherchés.
14 L’un d’eux ne le devient qu’en 1461.
15 À ne pas confondre avec le conseil ducal ordinaire. Voir à son propos Jan Van Rompaey, De Grote Raad van de hertogen van Boergondië en het Parlement van Mechelen, Bruxelles, Paleis der Academiën, 1973.
16 Cauchies, « Des conseillers protecteurs », art. cité, p. 224.
17 Andreas Walther, Die burgundischen Zentralbehörden unter Maximilian I. und Karl V., Leipzig, Duncker und Humblot, 1909, p. 193-195. Voir Cauchies, « “Croit conseil” et ses “ministres” », art. cité, p. 393-394.
18 Sur les mentions de service des actes ducaux bourguignons, on se référera aux travaux suivants : Jean-Marie Cauchies, « Indices de gestion, formules de décision. Les mentions de service dans les actes princiers pour les Pays-Bas au xve siècle », dans Décisions et gestion. Septièmes rencontres organisées par l’École supérieure universitaire de gestion, Toulouse, Presses de l’Université des sciences sociales de Toulouse, 1999, p. 15-24 ; Id., « Les mentions hors teneur à la chancellerie princière des Pays-Bas bourguignons (milieu du xve-milieu du xvie siècle). Des contrôles en cascade », dans Olivier Canteaut (dir.), Le discret langage du pouvoir. Les mentions de chancellerie du Moyen Âge au xviie siècle, Paris, École des chartes, 2019, p. 549-564.
19 Cauchies, « Des conseillers protecteurs », art. cité, p. 228-229.
20 Id., « Indices de gestion », art. cité, p. 21-22.
21 Frédéric Auguste Ferdinand Thomas, baron de Reiffenberg, Histoire de l’ordre de la Toison d’or, depuis son institution jusqu’à la cessation des chapitres généraux, Bruxelles, Fonderie et imprimerie normales, 1830, p. xxxi-xxxii.
22 Henri Pirenne, Histoire de Belgique, t. 3, De la mort de Charles le Téméraire à l’arrivée du duc d’Albe dans les Pays-Bas (1567), Bruxelles, Lamertin, 1907, p. 174.
23 Raymond Van Uytven, « Vorst, adel en steden: een driehoeksverhouding in Brabant van de twaalfde tot de zestiende eeuw », Bijdragen tot de geschiedenis, 59, 1976, p. 111 ; Jean-Marie Cauchies, « “Grands” nobles, “petits” nobles, non-nobles dans les conseils de Maximilien d’Autriche et Philippe le Beau pour les Pays-Bas », dans Les élites nobiliaires dans les Pays-Bas au seuil des temps modernes. Mobilité sociale et service du pouvoir, Bruxelles, Facultés universitaires Saint-Louis, 2001, p. 49-62, ici p. 57.
24 Anh Thy Nguyen, « Une mythisation littéraire de l’ordre de la Toison d’or ? Une étude dans quelques chroniques et mémoires bourguignons du xve siècle », dans Alain Marchandisse, Gilles Docquier (dir.), Bertrand Schnerb (collab.), Autour de la Toison d’or. Ordres de chevalerie et confréries nobles aux xive-xvie siècles, Neuchâtel, Centre européen d’études bourguignonnes xive-xvie siècle, 2019, p. 166.
25 Malcolm Vale, War and Chivalry. Warfare and aristocratic culture in England, France and Burgundy at the end of the Middle Ages, Londres, Duckworth, 1981, p. 44-46 ; voir aussi Charles Arthur John Armstrong, « Had the Burgundian Government a Policy for the Nobility? », dans Id., England, France and Burgundy in the Fifteenth Century, Londres, Hambledon Press, 1983, p. 229 : a political institution as much as a chivalrous fraternity.
26 Vision beaucoup plus (trop ?) prudente, estimant limité l’impact de l’ordre sur « la politique concrète » : Klaus Oschema, « Noblesse et chevalerie comme idéologie princière ? », dans Paravicini (dir.), La cour de Bourgogne et l’Europe, op. cit., p. 229-251, ici p. 244.
27 « […] Nous et iceulx noz successeurs n’entreprendrons aucunes guerres ou autres haultes et pesantes besoingnes que avant ne l’ayons fait savoir a la greigneur partie desdiz freres chevalliers, pour sur ce avoir leur advis et bon conseil […] » : Sonja Dünnebeil (éd.), Die Protokollbücher des Ordens vom Goldenen Vlies, t. 1, Herzog Philipp der Gute 1430-1467, Stuttgart, Thorbecke, 2002, p. 199.
28 Denis Clauzel, « Le renouvellement de l’échevinage à la fin du Moyen Âge : l’exemple de Lille (1380-1500) », Revue du Nord, 77, 1995, p. 365-385, ici p. 375, n. 33.
29 Jean-Marie Cauchies, « Voyage d’Espagne et domaine princier : les opérations financières de Philippe le Beau dans les Pays-Bas (1505-1506) », dans Philippe Contamine, Thierry Dutour, Bertrand Schnerb (dir.), Commerce, finances et société (xie-xvie siècle). Recueil de travaux d’histoire médiévale offert à M. le Professeur Henri Dubois, Paris, Presses de l’Université de Paris-Sorbonne, 1993, p. 217-244, ici p. 222 et 225.
30 Vienne, Haus-, Hof- und Staatsarchiv, Maximiliana, carton 42, IV/1, fol. 5r-v ; Jean-Marie Cauchies, « De la “régenterie” à l’autonomie. Deux ordonnances de cour et de gouvernement de Maximilien et Philippe le Beau (1495) », Bulletin de la Commission royale d’histoire, 171, 2005, p. 41-88, ici p. 88.
31 Sonja Dünnebeil (éd.), Die Protokollbücher des Ordens vom Goldenen Vlies, 1-3, Stuttgart puis Ostfildern, Thorbecke, 2002-2003-2009 ; 4, Francfort-sur-le-Main, Peter Lang, 2016 ; cet ensemble de quatre volumes publiés à ce jour (à suivre) couvre les années 1430 à 1480.
32 Vienne, Haus-, Hof- und Staatsarchiv, Belgien, DD/B 236 c, fol. 13.
33 Charles-Joseph de Ligne, Mémoires sur l’ordre de la Toison d’or et sur l’ordre militaire de Marie-Thérèse, Vienne, Dresde, 1808, p. 149.
34 Anne Dubois, « La scène de présentation des Chroniques de Hainaut. Idéologie et politique à la cour de Bourgogne », dans Christiane Van den Bergen-Pantens (dir.), Les Chroniques de Hainaut ou les ambitions d’un prince bourguignon, Bruxelles/Turnhout, Bibliothèque royale de Belgique/Brepols, 2000, p. 119.
35 Werner Paravicini, « The Court of the dukes of Burgundy. A Model for Europe? », dans Krüger, Kruse, Ranft (dir.), Menschen am Hof, op. cit., p. 507-534, ici p. 521.
36 To create a common focus of allegiance, écrit Vale, War and Chivalry, op. cit., p. 44.
37 Quelques bonnes pages nous ont beaucoup inspiré dans cette réflexion : Georg Jostkleigrewe, Nils Bock, « Les “cultures de la décision” dans l’espace bourguignon. 1. Le sujet et son étude : introduction méthodologique, 2. Le rachat des villes de la Somme (1463) et son récit par Georges Chastellain : étude exemplaire », dans Alain Marchandisse, Gilles Docquier (dir.), Nils Bock (collab.), Les cultures de la décision dans l’espace bourguignon. Acteurs, conflits, représentations, Neuchâtel, Centre européen d’études bourguignonnes xive-xvie siècle, 2017, p. 11-25.
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