Consolidation ou disparition des frontières ?
Les comtés de Roussillon et de Cerdagne après la chute de la couronne de Majorque (seconde moitié du xive siècle)
p. 195-210
Texte intégral
1Conquête, annexion, commise, récupération, réintégration, etc. Depuis la décennie 1340, des termes divers sont utilisés pour définir, expliquer ou justifier le retour par les armes des territoires du roi de Majorque à la Couronne d’Aragon1. Lors du procès intenté à son cousin et beau-frère Jacques III de Majorque en 1343, le roi Pierre IV le Cérémonieux argue de la nécessaire application de la justice royale envers celui qu’il considère comme un vassal félon. Le procès doit permettre au souverain aragonais de réintégrer sous sa suzeraineté directe des possessions majorquines décrites dans sa Crònica comme les pièces d’un seul et même ensemble originel, détachées à l’occasion de l’application des dernières volontés du roi Jacques Ier le Conquérant en 12762. Un peu moins de vingt ans plus tôt, en 1258, ce dernier avait conclu avec Louis IX le traité de Corbeil, qui mettait fin aux prétentions aragonaises dans le Midi français et aux ambitions capétiennes en Catalogne3, permettant une homogénéité et une stabilisation territoriale autant qu’une affirmation de la primauté royale de part et d’autre d’une frontière commune. La division des possessions aragonaises de 1276 avait fait des anciens comtés catalans septentrionaux l’essentiel des possessions continentales de la couronne de Majorque, frontaliers du royaume de France et du comté de Foix, au nord, et de la couronne d’Aragon, au sud. La réintégration par les armes des îles Baléares et des comtés pyrénéens en 1343-1344 mit un terme à la dynastie majorquine et fit du Roussillon et de la Cerdagne les confins septentrionaux de la couronne aragonaise, indiscutablement encore en situation de frontière.
2Dans la riche documentation administrative conservée localement autant que dans les archives barcelonaises des institutions centrales de la couronne, la question de la frontera occupe une place de premier plan4. Son approche permet de réfléchir à l’intégration des comtés de Roussillon et de Cerdagne à l’espace aragonais au travers de la question des anciennes frontières terrestres pyrénéennes majorquines et de la nouvelle structuration de l’administration royale sous les rois d’Aragon5. Si certaines limites s’effacent, d’autres sont surinvesties par le pouvoir royal, jusqu’au quasi-épuisement des finances royales locales. Les aspects politiques et militaires de la frontière doivent permettre de repenser le territoire des deux comtés comme un espace frontière.
La question des anciennes frontières de la couronne de Majorque
3Dans la documentation postérieure à la conquête de 1344 par le roi d’Aragon, la frontera est d’abord et avant tout septentrionale : c’est la limite avec le royaume de France, terra Francie ou regni Francie, plus exceptionnellement présentée comme celle avec le royaume de France et le comté de Foix6. Frontière interétatique établie lors du traité de Corbeil de 1258, elle est constituée de ces lochs (« lieux ») décrits par les Perpignanais comme acustumats e pus estrems del dit comtat7 (« habituels et les plus extrêmes des comtés ») auxquels la documentation autant que les recherches archéologiques attribuent de hauts remparts8. L’espace frontalier est matérialisé par un chapelet de châteaux et de tours, renforcés ou érigés par les rois de Majorque, face à une double ligne constituée de petits châteaux et villages fortifiés, en avant des forteresses occitanes de Quéribus, Peyrepertuse et Puylaurens par exemple9. Il s’agit principalement en Roussillon d’Opoul, de Tautavel, de la tour del Far et de Força Real. Au-delà, à l’ouest, les rois de Majorque ont veillé à fortifier le puissant château de Rodès en Conflent, celui de Puyvalador en Capcir et la tour Cerdane en Cerdagne. À l’est, Salses occupe une place symbolique. Dès le xiie siècle, le roi d’Aragon mentionne cette ville royale et son château parmi les lieux septentrionaux qui permettent de circonscrire l’espace catalan sur lequel il prétend exercer sa souveraineté10. Plus tard, c’est là que le roi de Majorque replie et dépose ses étendards lorsqu’il se prépare à suivre le chemin du littoral languedocien pour se rendre dans ses possessions montpelliéraines11.
4Immédiatement après la conquête, maîtrise des lieux de la frontière et affirmation de la souveraineté sont souvent mêlées. En 1348, Pierre IV d’Aragon promet aux habitants de Railleu (Conflent), sur la frontière avec le royaume de France, de ne pas « donner, vendre, inféoder ou mettre en gage » les juridictions et les droits de justice des lieux situés sur cette même frontière12. Cependant en Conflent, ces limites septentrionales sont encore constituées de termes castraux et de vallées inféodées à de puissants lignages, certains puisant leurs racines en Languedoc, avant qu’ils ne se réfugient de l’autre côté de la frontière pour échapper à l’Inquisition soutenue par la royauté capétienne (seigneuries de Mosset, Millas, Ille-sur-Têt)13. Pour les officiers du roi d’Aragon, au-delà de la frontera, c’est le vaste espace du Midi français, les parts de Carcassonne, Toulouse et Bordeaux, de Narbonne, Béziers, Montpellier et Avignon d’où proviennent, jusqu’à la fin du xive siècle, les annonces quasi continues d’invasion de troupe, plus ou moins identifiées, ordonnées ou débandées. Immédiatement après la conquête et jusqu’en 1349, le danger est personnifié par le roi de Majorque déchu, qui tente de soulever le Conflent et la Cerdagne14. Dans le contexte de la guerre de Cent Ans, la guerre des Deux Pierre entre Castille et Aragon, qui éclate en 1356, relance les craintes d’irruption de troupes alternativement appelées par les deux belligérants de ce conflit ibérique15. Parmi ces compagnies, mentionnons celles de Du Guesclin en 1361 ou la Compagnie Blanche ensuite16. En 1374, c’est l’infant de Majorque, fils de Jacques III qui, comme son père avant lui, essaie de s’emparer des comtés grâce à ses appuis français17. La dévolution par Isabelle de Majorque, fille de Jacques III, de ses droits au duc d’Anjou fait peser de nouvelles menaces sur les comtés de Roussillon et de Cerdagne, comme le font encore le comte d’Armagnac à partir de 1388, puis le comte de Foix en 139618.
5La frontière nord marque aussi les limites administratives et juridiques des vigueries et sous-vigueries de Roussillon, Conflent-Capcir et Cerdagne-Baridà. Coupures juridictionnelles propices à la fuite et au repli de délinquants qui se réfugient dans le territoire voisin, elles sont aussi les lieux où se concrétise la collaboration entre officiers de justice roussillonnais et ceux du Fenouillèdes19. Les travaux sur les viguiers catalans ont permis de décrire les contacts entre ces officiers : à Estagel, viguiers roussillonnais et français se réunissent, négocient, s’accordent pour des opérations concomitantes, mais dissociées, respectueuses de l’impossibilité de franchissement des juridictions. C’est encore à Estagel qu’une solution est apportée en 1358 aux conflits de juridiction lorsque le sénéchal de Carcassonne et le gouverneur des comtés, premiers représentants des rois dans leurs circonscriptions, s’y retrouvent avec leurs suites afin de parlementer20.
6La frontière méridionale est plus ancienne. Pyrénéenne, elle a séparé la Gaule de l’Hispanie et les diocèses de Narbonne de ceux de la péninsule Ibérique. Interétatique entre couronnes de Majorque et d’Aragon, elle a été particulièrement investie de part et d’autre lors des périodes de tensions entre monarchies proches et voisines : pour les comtés, les termes des cités, châteaux et tours, de Collioure et Bellegarde à Puigcerdà, construits ou renforcés sous les rois de Majorque, constituent la frontera. À l’occasion de la croisade contre l’Aragon (1283-1285), c’est par ces cols méridionaux que les troupes françaises de Philippe le Hardi sont passées, et encore par eux qu’ont été permises les incursions aragonaises de 1342, 1343 et 134421. Dans la documentation administrative, la frontière septentrionale focalise l’attention du roi d’Aragon et de ses officiers, si bien que le terme frontera22 est moins souvent attribué à cette limite méridionale après la réintégration des comtés en 1344. Le terme réapparaît en 1385, lorsqu’il s’agit de nommer les cols et les passages vers les possessions du comte d’Empúries, qui s’est révolté contre la couronne23. Mais cette frontière est reléguée au rang intraétatique. Juridictionnelle, fiscale, la frontière méridionale persiste, mais le terme s’efface. Contrairement au nord, les officiers la traversent pour remettre des captifs ou se rendre à la cour24 ; administrative, elle reste la limite entre les trois vigueries des comtés et le principat de Catalogne25.
7Mais la parenthèse majorquine de 1276-1344 n’a pas délié les liens anciens entre les comtés de Roussillon et de Cerdagne et ceux du principat de Catalogne. Après la proclamation de la réintégration des deux comtés à la couronne aragonaise, les consuls de Perpignan s’empressent d’obtenir la pleine confirmation de l’application des Usatges de Barcelone, recueil à la base du droit catalan, et des Constitutions de Catalogne, deux corpus de lois proposés par les comtes-rois et approuvés par les Corts, les Parlements. Leur application dans le terme de Perpignan et ses alentours, le comté de Roussillon, celui de Cerdagne et les terres de Collioure, du Vallespir et du Conflent est établie au motif que les deux comtés sont « dans les limites de la Catalogne26 ». Les consuls et les grands lignages roussillonnais obtiennent encore le droit d’envoyer des représentants aux Parlements. Sentiment d’appartenance, identité, opportunité politique et économique guident. Si la couronne d’Aragon constitue une juxtaposition de territoires disposant d’institutions propres, unifiées par le gouvernement commun d’un comte de Barcelone-roi d’Aragon27, les comtés de Roussillon et de Cerdagne et le principat de Catalogne constituent en son sein bien plus un ensemble que leur frontière administrative commune ne le laisse penser.
Une administration royale façonnée par la frontière
8En 1344, quand le roi conquérant met fin à la dynastie privative de Majorque, il conserve en grande partie l’organisation administrative que cette dernière a contribué à développer ainsi que les délimitations entre juridictions. Le roi refuse de fusionner immédiatement après la conquête l’administration majorquine avec l’administration catalane méridionale, comme ce sera le cas lors des tentatives postérieures d’uniformisation du modèle administratif royal (en 1360 notamment)28. Les deux comtés restent l’espace politique réduit d’un peu moins de 4 500 kilomètres carrés qui s’est structuré depuis le xiie siècle selon un axe est-ouest reliant Perpignan aux deux autres capitales des vigueries, Villefranche-de-Conflent et Puigcerdà. Comme sous les rois de Majorque, les comtés de Roussillon et de Cerdagne sont des territoires de frontière de part et d’autre de cet axe principal, polarisé autour de Perpignan et de ses deux relais dans les vigueries pyrénéennes. L’administration elle-même est véritablement sur la frontière bien plus que ses homologues catalanes, aragonaises et valenciennes29.
9Sur l’axe principal nord-sud qui relie la France au principat, dans la plaine roussillonnaise, Perpignan et sa forteresse construite par les rois de Majorque constituent la pièce maîtresse de la frontière : si la ville est la capitale politique et administrative30, véritable cœur économique des comtés, la forteresse31, résidence royale de la cour itinérante, constitue la principale place, une vigie, un centre vers lequel convergent les signaux depuis les forteresses et les tours d’observation des comtés32, le lieu de conservation d’engins de guerre33, la résidence d’un personnel technique spécialisé qui intervient sur les chantiers des forteresses royales du Roussillon34. C’est dans cette ville que résident et travaillent les principaux officiers royaux, près du noyau urbain initial, au sein de l’espace délimité par la deuxième enceinte historique de la ville de la seconde moitié du xiie siècle35. À l’extrême fin du xive siècle, le roi Martin, dernier représentant de la dynastie des comtes de Barcelone, oblige ses représentants à résider dans son château perpignanais, et non plus dans la ville36.
10Il s’agit en premier lieu du gouverneur, héritier du lieutenant permanent majorquin, premier représentant du roi en son absence. C’est cette Governació qui donne une cohésion institutionnelle aux trois vigueries des comtés, et les attributions militaires du gouverneur s’expliquent par la présence de la frontière septentrionale37. En ce sens, certains de ses champs d’action sont bien plus comparables à ceux des gouverneurs du val d’Aran et des sénéchaux de Carcassonne qu’à ceux des premiers officiers des autres territoires de la couronne aragonaise38. Le governador ou portantveus doit veiller à l’état des forteresses lors de tournées d’inspection, visiter les villages fortifiés et ordonner les travaux urgents à réaliser39. Il coordonne par ailleurs le renseignement, en envoyant au-delà de la frontière septentrionale ses espions40, ses messagers et les courriers vers le nord et le sud. En direction du nord, il cherche à entretenir les liens avec les officiers du roi de France et, plus exceptionnellement, se rend sur la frontière pour les rencontrer41. Du sud, il reçoit les lettres et mandements du roi et du duc de Gérone, lieutenant et héritier présomptif de la couronne : il est le premier informateur de la cour à propos de la frontière.
11Le gouverneur coordonne également la surveillance depuis et autour de Perpignan, grâce à des signaux de feux ou de fumée dont le code est communiqué aux châtelains et gardes spécialement nommés au château de Perpignan42. Choisi parmi les barons roussillonnais proches du roi, il est parfois le châtelain de Perpignan chargé de convoquer et de diriger les osts (rarement au-delà des frontières des comtés) ; il suit les compagnies lors de leurs traversées du Roussillon et veille à les approvisionner en viande lorsqu’elles sont appelées par le roi d’Aragon, par exemple lors de la guerre des Deux Pierre. Parfois nommé « capitaine général des comtés43 », il augmente ou réduit le nombre des gardes aux forteresses en fonction des menaces extérieures44. Représentant du roi, il est l’ambassadeur qui négocie bien au-delà des terres roussillonnaises, avec le maréchal de France ou les sénéchaux méridionaux45.
12Perpignan est aussi le siège de l’administration du domaine ou du patrimoine royal, lequel comprend les principales forteresses septentrionales des comtés. Bien plus que chez leurs homologues du principat de Catalogne, les initiatives des procureurs roussillonnais sont comparables à celles des officiers de la frontière de l’extrême sud de la couronne, directement confrontés aux invasions de troupes castillanes46. Institution financière territoriale, la Procuration royale perpignanaise doit permettre un effort de défense ponctuel lorsqu’il s’agit de payer les hommes qui viennent renforcer les garnisons ainsi que les cavaliers et les piétons appelés pour défendre l’entrée en Roussillon aux troupes étrangères47. Plus ordinairement, le roi oblige ses premiers officiers du domaine à visiter une fois l’an les forteresses. Les procureurs royaux devant financer et assurer le suivi des travaux dans les châteaux et les tours le long de la frontière avec le royaume de France, ils réalisent des inventaires des forteresses permettant de déterminer l’état des approvisionnements, de réaliser les achats complémentaires et de répartir les armes marquées aux couleurs royales48. Par ailleurs, ils doivent assurer le paiement complet des rétributions du gouverneur et des châtelains49. La comptabilité du domaine montre le poids de la défense dans ces finances ordinaires territoriales : le procureur royal, qui est souvent un financier originaire de la capitale roussillonnaise, doit fournir tout ce qui est nécessaire lorsque l’urgence oblige le gouverneur ou le capitaine général à arpenter les chemins des comtés. Du procureur royal jusqu’aux officiers de la chambre des comptes, les injonctions royales concernant la frontière commandent, modifient l’ordinaire, imposent de nécessaires adaptations50.
13L’axe est-ouest, qui structure les comtés de Roussillon et de Cerdagne, relie Perpignan aux deux autres capitales des vigueries, Villefranche-de-Conflent et Puigcerdà. C’est depuis ces villes que les baillis, par ailleurs respectivement viguiers de Conflent et de Cerdagne, relaient, bien plus que leurs homologues catalans, les initiatives du gouverneur des comtés. Garants de l’application de la paix et des trêves, ils sont les auxiliaires du gouverneur pour identifier les travaux à mener sur les forteresses, faire l’inventaire des armes et des vivres, envoyer des espions, informer les châtelains et les communautés, appeler aux armes et mener les osts, prévoir et organiser, avec les procureurs royaux, le rassemblement des populations dans des lieux de refuge en cas d’invasion51. C’est encore depuis Villefranche-de-Conflent et Puigcerdà que les lieutenants des procureurs royaux centralisent et répartissent les recettes du domaine, dont une part non négligeable soutient la militarisation de la frontière52. Enfin, c’est depuis ces villes que les capitaines spécialement mandatés par le roi coordonnent l’effort défensif et la surveillance dans ces vigueries.
14Au nord, la frontière et ses châteaux se situent aux extrémités des comtés de Roussillon et de Cerdagne. Là encore, comme dans certains territoires les plus méridionaux de la couronne, le roi d’Aragon préfère à l’inféodation le développement de la coutume d’Espagne, selon laquelle le châtelain gagé au moyen des deniers du domaine dépend entièrement de la volonté du roi, tant pour le paiement de sa rétribution que pour le maintien à son office53. Le roi et son administration veillent attentivement à ce que les châtelains accomplissent leurs obligations militaires, résident dans leurs châteaux avec leurs familles, conservent au mieux les murs, les armes et les approvisionnements54. Face aux fortifications languedociennes des Capétiens puis des Valois, les châteaux du roi d’Aragon sur la frontière sont ceux qu’il faut tenir, en en parfaisant les défenses. Le renseignement doit permettre d’en éviter la perte, du fait de l’absence du châtelain ou de la trahison d’une partie de la garnison55. Pour les procureurs royaux, le paiement des gages des châtelains de la frontière revêt une importance primordiale : il passe avant ceux des autres officiers des comtés et les dépenses ordinaires56.
15Pour autant, les commissions spéciales envoyées par le roi pour œuvrer, avec le gouverneur, au renforcement de la frontière s’intéressent autant aux châteaux royaux de la frontière septentrionale, dont l’entretien repose sur les initiatives des officiers, qu’aux forteresses plus en arrière, qu’elles appartiennent aux rois, à des nobles, à des bourgeois ou à des établissements ecclésiastiques57. C’est l’ensemble de l’espace intérieur des comtés qui est mis en défense : les nombreux villages, hameaux, églises et cimetières fortifiés sont autant de lieux de refuge pour les populations, leur bétail et leurs biens meubles58. Au cours de la décennie 1360, lorsque la guerre contre la Castille fait à nouveau croître les menaces d’invasion depuis le nord, le pouvoir royal tente de réinvestir les places de la frontière méridionale. Les visites effectuées par les procureurs royaux révèlent l’état de délabrement depuis la conquête de 1344. Le roi, qui a cédé la plupart de ses domaines à son épouse et à son fils, le duc de Gérone, s’inquiète des conséquences de ces cessions dans la sous-viguerie de Vallespir, contrée la plus méridionale du Roussillon, frontière avec le principat de Catalogne. La réitération des mandements relatifs à ces châteaux révèle l’inquiétude que suscitent, chez le roi, les actions des officiers du duc et la lenteur des travaux dont le financement repose sur l’imposition des communautés59.
16La seconde moitié du xive siècle est en effet marquée par les difficultés politiques, démographiques et financières. L’analyse des nominations des châtelains indique une instabilité importante, principalement causée par les diminutions des gages du fait de la paix et de la sécurité temporairement rétablies après la Peste noire et la disparition de Jacques III de Majorque au combat. Les comptes du domaine montrent que les rétributions ordinaires sont rarement honorées en totalité, en raison des difficultés du roi à vivre du sien, autre motif de réduction des gages60. Les plaintes concernant le mauvais état des fortifications s’amplifient à la fin du siècle. À court de ressources, le roi lutte avec difficulté contre les aliénations, les mises en gage ou hypothèque et cessions de pans entiers de son patrimoine personnel. Les rois d’Aragon cèdent ou engagent certains lieux et châteaux de la frontière, contrevenant ainsi aux engagements pris lors de leur accession au trône comme à leurs promesses envers les communautés61.
17À la fin du siècle, le renforcement des topolignées accélère le processus de dissipation de la présence royale. Le roi ne tient plus que quelques forteresses le long du principal axe nord-sud roussillonnais : Salses et Opoul sur la frontière nord, la forteresse perpignanaise dans la plaine, le château de Bellegarde sur la frontière avec le principat de Catalogne, auxquels s’ajoutent deux observatoires difficilement entretenus (la tour del Far et Força Real). À l’ouest, seules les forteresses de la vallée du Carol, sur l’axe reliant la Cerdagne au comté de Foix, et l’ancienne résidence comtale de Llívia sont encore des forteresses royales. La ligne de défense considérée comme prioritaire apparaît comme fragilisée lors du changement de règne en 1396 : on craint en effet le ralliement au comte de Foix de Johan Garrius et Pere de Bergà, possesseurs de châteaux de la frontière nord et conseillers déclarés scélérats du roi défunt Jean Ier d’Aragon62.
18Cependant, les aliénations et les inféodations concourent à l’extension de l’espace frontière bien au-delà de ces lieux les plus septentrionaux des comtés. Cette frontière et ses forteresses, parmi les plus importantes des trois vigueries, constituent la première ligne défensive d’un ensemble qui s’étend in fine jusqu’à la limite méridionale des comtés, structurés selon un axe Perpignan-Puigcerdà. Les protestations des Perpignanais durant la décennie 1380 témoignent des évolutions en cours. Le pouvoir municipal proteste en effet contre la multiplication de gardes qui travaillent sous les ordres du « maître des ports et des passages et des choses interdites », lui-même placé sous l’autorité des procureurs royaux. Le maître veille à la saisie des marchandises et autres biens interdits à l’export, sauf si une licence a été préalablement délivrée par l’administration royale63. Initialement placés près des lieux de franchissement de la frontière et aux ports ou lieux de débarquement de marchandises, ces gardes voient leur nombre augmenter, de sorte que certains effectuent désormais leurs activités de surveillance et de saisie dans les limites de chacune des trois vigueries. À l’extrême fin du siècle, d’autres gardes exercent leur contrôle dans les principales villes des comtés, dont Perpignan, extra et même intra muros64.
Conclusion
19Enserrés entre la France et l’Aragon, les comtés de Roussillon et de Cerdagne, après avoir été l’une des pièces maîtresses de la couronne de Majorque, continuent, après leur réintégration à la couronne d’Aragon en 1343-1344, de constituer une frontera. Situés au nord de la couronne, ils sont « la porte et l’écu » de la Catalogne, pour reprendre une expression forgée par les consuls perpignanais au xve siècle65.
20Au xive siècle, l’administration des deux comtés porte le sceau du fait frontalier et l’effort de défense participe à leur territorialisation. Le gouverneur, les viguiers, les administrateurs du domaine royal ainsi que les châtelains et les soldats placés en garnison peuplent la frontière nord et façonnent l’arrière-pays, au-delà duquel l’autre frontière avec le principat de Catalogne, qui n’est plus qu’intraétatique, voit son statut frontalier s’effacer progressivement.
Notes de bas de page
1 La couronne de Majorque (1276-1344) était constituée des îles Baléares (royaume de Majorque), ainsi que des comtés de Roussillon et de Cerdagne, de la seigneurie de Montpellier et ses dépendances, la baronnie d’Aumelas et la vicomté de Carlat. Parmi les travaux de référence sur cet État composite, citons Rafael Tasis i Marca, Pere el Cerimoniós i els seus fills, Barcelone, Editorial Vicens-Vives, 1957 ; Jesús Ernest Martínez Ferrando, La trágica història dels reís de Mallorca, Barcelone, Editorial Aedos, 1979 ; Thomas Noel Bisson, Història de la Corona d’Aragó a l’edat mitjanana, Barcelone, Editorial Crítica, 1986 ; Gabriel Ensenyat Pujol, La reintegració de la Corona de Mallorca a la Corona d’Aragó (1343–1349), Palma, Editorial Moll, 1997 ; Antoni Riera i Melis, « La Lezda de Colliure bajo la administración mallorquina. I : La reforma de aranceles de finales del siglo xiii (1299 ?) », Acta historica et archaeologica mediaevalia, 1, 1980, p. 91-126 et Id., « El Regne de Mallorca a la baixa edat mitjana : noves aportacions bibliogràfiques », Butlletí de la Societat Catalana d’Estudis Històrics, 10, 1999, p. 33-51.
2 Ferran Soldevila (éd.), « Crònica de Pere el Ceremoniós », dans Id. (dir.), Les quatre grans cròniques. Jaume I, Bernat Desclot, Ramon Muntaner, Pere III, Barcelone, Selecta, 1971, chap. 180, p. 1082.
3 Patrice Poujade, Le voisin et le migrant. Hommes et circulations dans les Pyrénées modernes (xvie-xixe siècle), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2011, p. 17.
4 Les archives locales du domaine sont conservées aux Archives départementales des Pyrénées-Orientales (désormais ADPO), ainsi qu’à l’Arxiu Comarcal de la Cerdanya (Puigcerdà, Espagne). Les archives de la chancellerie et de la chambre des comptes sont conservées aux Archives de la Couronne d’Aragon, à Barcelone.
5 La question des frontières pyrénéennes, dans une optique transfrontalière, a fait l’objet d’une publication de référence : Sébastien Gasc, Philippe Sénac, Clément Venco, Carlos Laliena Corbera (dir.), Las fronteras pirenaicas en la Edad Media (siglos vi-xv)/Les frontières pyrénéennes au Moyen Âge (vie-xve siècle), Saragosse, Prensas Universitarias de Zaragoza, 2018.
6 Archivo de la Corona de Aragón, Maestre Racional de la Casa y Corte del rey de Aragón, Volúmenes, Serie General (désormais ACA, RP, MR), vol. 22, fol. 73v.
7 Vicent Garcia Edo, El llibre Verd Major de Perpinyà (segle xii-1395), Barcelone, Fundació Noguera (Llibres de privilegis, 15), 2010, p. 730.
8 En Roussillon, il s’agit de Salses, d’Estagel ou de Vingrau, lieux de passages, d’échanges et de contrôles. Le village abandonné de Ropidera (Rodès, Conflent) a fait l’objet d’une étude historique doublée de prospections archéologiques, dont les apports sont présentés dans Olivier Passarrius, Aymat Catafau, Michel Martzluff (dir.), Archéologie d’une montagne brûlée. Massif de Rodès, Pyrénées-Orientales, Canet, Trabucaire (Archéologie départementale), 2009, en particulier p. 187-206.
9 Lucien Bayrou (dir.), Entre le Languedoc et le Roussillon, 1258-1659, fortifier une frontière ? Esquisse d’une étude des fortifications de l’ancienne frontière fixée par le traité de Corbeil (1258) entre le Languedoc et le Roussillon et leur évolution jusqu’au traité des Pyrénées (1642-1659), Canet-en-Roussillon/Saint-Estève, Les Amis du Vieux Canet/Les Presses littéraires, 2004.
10 Flocel Sabaté i Curull, « Changement de frontières et perception de l’altérité en Catalogne (xiie-xive siècle) » dans Stéphane Péquignot, Pierre Savy (dir.), Annexer ? Les déplacements de frontières à la fin du Moyen Âge, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2016, p. 21-62, ici p. 26 : a Salsis usque ad Dertusam et Ilerdam cum suis confinibus.
11 Jean Régné, « Examen d’une enquête relative à la limite méridionale de la vicomté de Narbonne du côté du Roussillon », Bulletin de la commission archéologique de Narbonne, 9, 1906-1907, p. 155-157 ; Georg Jostkleigrewe, « Entre pratique locale et théorie politique : consolidation du pouvoir, annexion et déplacement des frontières en France (début xive siècle). Le cas du Lyonnais et des frontières méditerranéennes », dans Péquignot, Savy (dir.), Annexer ?, op. cit., p. 81-83.
12 ACA, Memoriales, 11, fol. 59v : dominus Rex considerans quantum necessario expedit pro castra et loca regia in frontera regni Francie situata corone regie sint unita, statuit et providit et concessit consulibus et probis hominibus loci ejusdem ac aliquem vel aliquos ex ipsis aut merum seu mixtum imperium vel aliam juredictionem altam et baxiam vel aliam quamlibet dicti loci dabit, vendet, infeudavit, impignorabit, promitabit aut alio quocummodo jure modo vel eam alienabit in totum etiam vel in partem, et hic juravit dictus dominus Rex per Dominum Deum et eius Evvangelia sacrosancta.
13 Rodrigue Tréton, Liber feudorum A: les investigacions sobre els feus dels reis Jaume I i Jaume II de Mallorca, 1263-1294: Cerdanya, Capcir, Conflent, Vall de Ribes, Ripollès, Vallespir i vegueria de Camprodón, vol. 1, Barcelone, Fundació Noguera (Textos i documents), 2013, p. 18.
14 Archivo de la Corona de Aragón, Cancillería, Registros, no 21123, fol. 68r.
15 Mario Lafuente Gómez, Un reino en armas. La guerra de los Dos Pedros en Aragón (1356-1366), Saragosse, Institución Fernando el Católico (CSIC), 2014, p. 31-33.
16 Manuel Sánchez Martínez, « Defensar lo principat de Cathalunya en la segunda mitad del siglo xiv: de la prestación militar al impuesto », dans Id., Pagar al Rey en la Corona de Aragón durante el siglo xiv. Estudios sobre fiscalidad y finanzas reales y urbanas, Barcelone, Consejo Superior de Investigaciones Científicas, Institución Milá y Fontanals, Departamento de Estudios Medievales (Anuario de estudios medievales, 50), 2003, p. 171-211.
17 Richard Albert Lecoy de La Marche, Les relations politiques de la France avec le royaume de Majorque, Paris, Ernest Leroux, 1892, vol. 2, p. 196-200.
18 ACA, RP, MR, vol. 48, fol. 66r-67r.
19 Flocel Sabaté i Curull, El veguer a Catalunya : anàlisi del funcionament de la jurisdicció reial al segle xiv, thèse sous la direction de Antoni Riera Melis, Universitat de Barcelona, Facultat de Geografia i Història, 1993.
20 Id., « Changement de frontières », art. cité, p. 57-58.
21 Ensenyat Pujol, La reintegració de la Corona de Mallorca, op. cit., p. 162-171.
22 ACA, RP, MR, vol. 22, fol. 73v, 1369-1370 : en la frontera del regne de Franssa.
23 Ibid., vol. 35, fol. 128v, 1384-1385.
24 Ibid., vol. 34a, fol. 89v-90r, 1383-1384.
25 Ibid., vol. 42, fol. 116r. Alain Demurger, « Les déplacements professionnels des agents du roi (vers 1380-vers 1410) », dans Voyages et voyageurs au Moyen Âge, Actes du XXVIe congrès de la Société des historiens médiévistes de l’Enseignement supérieur public (Limoges-Aubazine, mai 1995), Paris, Publications de la Sorbonne, 1996, p. 103-121.
26 Julien-Bernard Alart, Cartulaire roussillonnais, vol. P, p. 132-134, notamment p. 133 : sunt intra limites Cathalonie constituti.
27 Miguel Angel Ladero Quesada, « Lo antiguo y lo nuevo de la investigación sobre fiscalidad y poder político en la Baja Edad Media hispánica », dans Semana de Estudios Medievales (Navarra), 41, Estados y mercados financieros en el occidente cristiano (siglos xiii-xvi), XLI Semana de Estudios Medievales, Estella, 15-18 de julio de 2014, Estella-Lizarra, Gobierno de Navarra, 2015, p. 23.
28 ADPO, 1B136, fol. 48r, 1344-1345 ; 1B121, fol. 11r, 1351.
29 Leopoldo Piles Ros, Estudio documental sobre el bayle general de Valencia, su autoridad y jurisdicción, Madrid, Universidad Complutense de Madrid, 1947 ; Tomàs de Montagut i Estragués, « El Baile General de Cataluña (Notas para su estudio) », Hacienda Pública Española, 87, 1984, p. 73-84 ; Luis Blanco Domingo, La fiscalidad regia. El Baile General de Aragón durante el reinado de Pedro IV el Ceremonioso (1336-1387), Saragosse, Institución Fernando el Católico, 2009 ; Antonio José Mira Jódar, « Administrar los drets al senyor rey pertanyents. La gestión de la fiscalidad real en el País Valenciano en la Baja Edad Media », dans Manuel Sánchez Martínez, Antoni Furió, Prim Bertran i Roigé (dir.), Col·loqui Corona, Municipis i Fiscalitat a la Baixa Edat Mitjana : actes, Lérida, Institut d’Estudis Ilerdencs, 1997, p. 527-554.
30 Flocel Sabaté i Curull, « Perpinyà, capital baix medieval dels comtats de Rosselló i Cerdanya », dans Louis Assier Andrieu, Raymond Sala (dir.), La ville et les pouvoirs. Actes du colloque du 8e centenaire de la charte de Perpignan, 25 au 27 octobre 1997, Perpignan, université de Perpignan/Institut català de Recerques en Ciències socials, 2000, p. 157-200.
31 Sur la forteresse, voir Aymat Catafau, Olivier Passarrius (dir.), Un palais dans la ville, vol. 1, Le Palais des rois de Majorque à Perpignan, Canet-en-Roussillon/Perpignan, Trabucaïre/Conseil général des Pyrénées-Orientales (Archéologie départementale), 2014.
32 ADPO, 1B202, fol. 25r, 1384-1385 : Item que aquell castell qui sera pus prop daquella part hon les dits gents darmes intraran o deuran intrar fassa e sia comenssament de fer los dits senyals e Perpenya sia lo segon qui respondra.
33 ACA, RP, MR, vol. 28, fol. 93r, 1375-1376 : Bernat Pauquet maestre dels ginys del castell de Perpenya.
34 Ibid., vol. 51, fol. 116r, 1401-1402 : maestre daxa del castell de Perpenya, e de totes obres dels castells reyals, e guardia, e maestre de la nora, e regidor del alarotge.
35 Olivier Passarrius, Aymat Catafau, « Trois décennies d’archéologie à Perpignan 1985-2011 », dans Id. (dir.), Un palais dans la ville, vol. 2, Perpignan des rois de Majorque, Canet-en-Roussillon/Perpignan, Trabucaïre/Conseil général des Pyrénées-Orientales (Archéologie départementale), 2014, p. 30-33.
36 ACA, RP, MR, vol. 46, Cv : Item que per conservacio del ediffici del dit castell de Perpenya, e manteniment daquell, lo Governador, son assessor, procurador reyal, ab tota lur familia, hagen <…>star e habitar dins lo dit castell.
37 Flocel Sabaté i Curull, « La Governació al Principat de Catalunya i als comtats de Roselló i Cerdanya », dans Jose Vicente Cabezuelo Pliego (dir.), Administración y poder en la Corona de Aragón durante la Baja Edad Media, Anales de la Universidad de Alicante: Historia medieval, 12, 1999, p. 21-62.
38 Patrice Poujade, Une vallée frontière dans le Grand Siècle. Le Val d’Aran entre deux monarchies, Aspet, Pyrégraph, 1998, p. 57-74.
39 ACA, RP, MR, vol. 25, fol. 105r, 1372-1373.
40 Ibid., vol. 1, fol. 175r, 1345-1346 : continuadamnet caminaren e espiaren en Jacme de Montpeller.
41 Sabaté i Curull, « Changement de frontières », art. cité, p. 57-58.
42 ACA, RP, MR, vol. 45, fol. 130r, 1396-1397 : farahoner del castell de Perpenya.
43 Ibid., vol. 46, fol. 112r-v, 1398 : mossen Ramon ça Garriga, Governador dels Comtats de Rossello e de Cerdanya, e capita general.
44 Ibid., vol. 25, fol. 103r, 1372-1373 : de manament del portant veus de governador.
45 Sabaté i Curull, « La Governació al Principat de Catalunya », art. cité, p. 37.
46 María Teresa Ferrer i Mallol, « La tinença a costum d’Espanya en els castells de la frontera meridional valenciana », Miscel.lània de Textos Medievals, 4, La frontera terrestre i marítima amb l’Islam, Barcelone, Consell Superior d’Investigacions Científiques/Institució Milá i Fontanals, 1988, p. 1-102.
47 ACA, RP, MR, vol. 6, fol. 854v, 1349-1350 : Capitol de messions de homens a cavayl soldatz.
48 ADPO, 1B162, 1360-1399, par exemple fol. 2v : Larnes deius scrit fayl et es necessari al dit castell de Salsses ultra aquell qui ja hi es.
49 Ibid., 1B95, fol. 23r, 1339.
50 Romain Saguer, La Procuration royale des comtés de Roussillon et de Cerdagne (xive-début du xve siècle). Politiques patrimoniales, finances et administration du domaine royal sous Pierre IV, Jean Ier et Martin d’Aragon, 1344-1410, thèse sous la direction de Claude Denjean, soutenue le 19 décembre 2020, université de Perpignan Via Domitia.
51 ADPO, 1B162, fol. 37r-43v, 1369, ici fol. 43r : Abordona lo dit procurador reyal que fossen donats a reculir en la fortsa de Ribes tota veguada que enemichs entrassen en la terra del senyor Rey.
52 Ibid., 1B100, fol. 17v, 1347.
53 José-Ramón Juliá Viñamata, « Defensa y avituallamiento de los castillos del Rosellón y la Cerdaña en la segunda mitad del siglo xiv », Acta historica et archaeologica mediaevalia, 9, 1988, p. 281-310. Pour un parallèle breton, on peut consulter Yves Coativy, Aux origines de l’État breton. Servir le duc de Bretagne aux xiiie et xive siècles, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2019, p. 253.
54 ADPO, 1B133, fol. 50r, 1373.
55 Ibid., 1B177, fol. 40r, 1398 : jaquir e desemparar les dites forces no sens gran carrech e perill, e vergonya del dit senyor e de tota la cosa publica dels dits Comtats.
56 Ibid., 1B110, fol. 11v, 1351 : mandamus igitur vobis quod ante omnia retinencias seu salaria castrorum consistencium intra procuracionem jamdictam in frontaria tamen Francie exsolvatis.
57 C’est particulièrement le cas au début de chaque règne : Ibid., 1B147, fol. 41r, 1387 ; 1B163, fol. 43r, 1396.
58 Aymat Catafau, « Prière pour la défense des gens et de la terre de cette frontière, 1388 », Frontières, 4, 1994-1995, p. 47-54.
59 ADPO, 1B162, fol. 55r-59r, 1369.
60 Ibid., 1B110, fol. 8r-10r, 1351.
61 Ibid., 1B350, fol. 12r-31r, 1399. Le discours sur l’inaliénabilité du domaine royal sous Martin (1396-1410) reprend une pragmatique d’Alphonse III d’Aragon (1285-1291) aux Corts de Montsó de 1289 : María Teresa Ferrer i Mallol, « El Patrimoni reial i la recuperació dels senyorius jurisdiccionals en els estats catalano-aragonesos a la fi del segle xiv », Anuario de estudios medievales, 7, 1970-1971, p. 351-491 et Enric Guinot Rodríguez, « Sobre la gestió del patrimoni reial de la Corona d’Aragó en temps del rei Martí l’Humà » dans María Teresa Ferrer i Mallol (dir.), Martí l’Humà. El darrer rei de la dinastia de Barcelona (1396-1410). L’Interregne i el Compromís de Casp, Barcelone, Institut d’Estudis Catalans (Memòries de la Secció Històrico-Arqueològica), 2015, p. 273-284.
62 Marina Mitjà, « Procés contra els consellers, domèstics i curials de Joan I, entre ells Bernat Metge », Boletín de la Real Academia de Buenas Letras de Barcelona, 27, 1957-1958, p. 376 et 409-411 ; Alexandra Beauchamp, « Conseillers scélérats et mauvais gouvernement : le roi d’Aragon, ses conseillers et le conseil à la fin du xive siècle », Anales de la Universidad de Alicante. Historia Medieval, Universidad de Alicante, 19, 2015, p. 175-191.
63 Anthony Pinto, « Ressources et activités économiques dans les montagnes roussillonnaises (xie-xve siècle) », Montagnes médiévales. Actes du XXXIVe congrès de la SHMESP (Chambéry, 22-24 mai 2003), Paris, Publications de la Sorbonne, 2004, p. 315-344. Voir dans ce même ouvrage Flocel Sabaté i Curull, « La montagne dans la Catalogne médiévale. Perception et pouvoir », p. 179-218, et Aymat Catafau, « Fouille corporelle au Pas de Salses contre la sortie en contrebande de monnaies interdites en 1392 », La Pallofe. Bulletin de l’Association numismatique du Roussillon et du Musée Puig, 37, janvier 1995, p. 28-32.
64 ADPO, 1B121, fol. 21v et 77v, 1369.
65 Stéphane Péquignot, « L’occasion et l’incertitude. Remarques sur la première “annexion” du Roussillon aux temps de la guerre civile catalane (1461-1473) » dans Id., Savy (dir.), Annexer ?, op. cit., p. 195-216.
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