Chapitre 1. Définition d’un pays vendômois
p. 25-47
Texte intégral
1« Le Vendômois, ou le duché-pairie de Vendôme, est une petite province qui a environ quatorze lieues de longueur sur douze de large ; elle est bornée au nord par le Dunois, au levant par le Blaisois, au sud ou au midi par la Touraine, enfin au couchant ou à l’ouest par le Maine [...] On divise cette petite province en haut et bas Vendômois suivant le cours de la rivière du Loir qui l’arrose d’un bout à l’autre », écrit l’abbé Michel Simon pendant les années 1770. « Le sol du Vendômois peut se diviser en trois parties bien distinctes d’après la nature du terrain : pays de Beauce à l’est, pays de varenne au milieu, pays du Perche à l’ouest », note quant à lui l’aristocrate P.-J. de Passac pendant la Restauration1. Ces observations de deux notables connaissant bien la région énumèrent les principaux caractères du pays vendômois.
2Elles attestent d’abord que l’existence de ce pays ne fait pas de doute aux yeux des contemporains. Ceux du Vendômois ne sont d’ailleurs pas les seuls à la reconnaître. Les cartes à petite échelle publiées au xviiie siècle et établies quant à elles à l’extérieur de la région en témoignent (carte, p. 26)2 ; toutes en effet délimitent clairement un Vendômois, même si c’est avec quelques nuances de détail, et pratiquement toutes le désignent comme tel (ou comme « élection de Vendôme ») : elles le placent donc sans conteste au nombre des quelques centaines de « pays » qui constituaient la France d’autrefois.
3Ce pays vendômois a un fondement historique, que souligne l’abbé Simon en faisant référence au duché-pairie, pourtant rattaché à la Couronne depuis 1712, et ce fondement continue à se matérialiser au xviiie siècle dans la géographie administrative, comme d’ailleurs il le fera encore par la suite. Du comté féodal devenu duché-pairie en 1515 à l’arrondissement des xixe et xxe siècles en passant par les circonscriptions fondamentales — bailliage et élection — de l’administration monarchique s’affirme ainsi la continuité de l’existence institutionnelle du Vendômois : avec certes dans le détail les nuances déjà évoquées ; mais ces nuances qui ne jouent qu’aux marges ne sont pas de nature à remettre en cause la permanence de la réalité vendômoise.
4De cette réalité, Gaucher de Passac souligne surtout la diversité. Mais il n’est pas seul à le faire : dans le Journal qu’il tient de 1749 à 17683, le fermier de Lancé Pierre Bordier distingue fort bien de la Beauce où il vit les « vigneries » (le vignoble de la vallée du Loir) et le pays haut, c’est-à-dire le Perche — ce qui prouve qu’une telle vision du Vendômois et de sa diversité est partagée par des gens de milieux fort divers. Du reste, nombreuses sont les sources mettant en évidence cette diversité : ainsi les cartes du xviiie siècle, cartes à petite échelle déjà utilisées mais surtout carte de Cassini ; ainsi également les données rassemblées par les enquêtes administratives4. Tous ces éléments seront repris dans les chapitres ultérieurs. Mais il convient de relever dès maintenant que la diversité paysagère qu’ils mettent en évidence se ramène à quelques grandes oppositions : entre vallées et plateaux, entre Beauce et Perche, entre secteurs boisés et zones dépourvues de forêts.
5Unité et diversité : d’emblée sont affirmés les deux caractères constitutifs, à la fois contradictoires et complémentaires, de la réalité vendômoise. Du même coup se pose le problème de leur articulation : comment ce qui est diversité contribue-t-il à renforcer, ou au contraire à affaiblir, la cohésion de l’ensemble ? Répondre à une telle interrogation exige de prendre en compte des facteurs qui relèvent aussi bien des données naturelles que de l’initiative humaine. Pour tenter de mieux cerner ces derniers, on considérera d’abord les principaux éléments de la géographie physique de la région et l’influence qu’ils exercent sur la vie du Vendômois et de ses habitants au xviiie siècle. Puis on s’attachera à l’organisation administrative de ce pays — dans ce qu’elle a d’hérité comme dans les transformations qui peuvent l’affecter — et à ses enseignements sur son existence, son unité et ses éventuels clivages. Ensuite seulement il sera possible, en dépassant ces approches, de s’essayer à proposer une interprétation globale de l’espace vendômois.
LA PART DE LA NATURE
6Que beaucoup des grands contrastes du Vendômois du xviiie siècle, et de plus tard aussi d’ailleurs, soient imputables à des conditions naturelles n’est pas discutable : le géographe du xxe siècle s’accorde sur ce point avec l’observateur de l’époque. A leur suite, il faut donc présenter les grands traits de la géographie physique de la région, afin de dégager ce que le donné naturel peut apporter à la compréhension des réalités vendômoises du xviiie siècle.
7Toute analyse de géographie régionale doit partir des grands ensembles qui se partagent le Vendômois (carte, p. 27) : la vallée du Loir d’abord, qui le traverse à une altitude s’abaissant progressivement de 90 m (au nord-est) à 60 m (à l’ouest) ; et de part et d’autre de cette dernière, la dominant en général d’une soixantaine de mètres, la Beauce (à l’est), la Gâtine (au sud) et le Perche (au nord-ouest), dont l’altitude s’établit le plus couramment entre 120 et 150 m, sauf dans la partie septentrionale du Perche où elle s’élève jusqu’à 256 m au Haut-Cormont, point culminant de la région.
DU PERCHE A LA BEAUCE
8La géographie physique du Perche (et celle de la Gâtine qui à bien des égards le prolonge au-delà du Loir) s’organise à partir des couches de craie d’époque crétacée qui en constituent l’assise5. Leur ondulation anticlinale explique l’élévation du nord-est de la région et l’affleurement de leur faciès cénomanien vaut à la zone de Mondoubleau des sables appréciés des maçons et des verriers et qui, agglomérés en grès (le roussard des gens du pays), donnent une bonne pierre de construction (à laquelle plusieurs églises, comme celle du Plessis-Dorin, doivent leur physionomie particulière). Mais c’est surtout par la présence à peu près générale à sa surface d’un produit de décalcification, l’argile à silex, plus ou moins remaniée, que la craie commande d’importants aspects du paysage percheron. Roche peu perméable (encore que la présence de silex atténue son imperméabilité), cette argile favorise le développement d’un drainage superficiel : de là un réseau hydrographique très ramifié, qui rend compte du paysage de vallons et de collines fréquent dans cette zone. D’autre part, elle permet la fabrication de tuiles, elle entre dans la confection de torchis, elle contient des rognons de silex : au côté du bois des bardeaux et des colombages, elle fournit donc les éléments essentiels des constructions de la région, et à suivre Salmon du Châtellier — noble éclairé qui, à l’époque de Louis XVI, travaille depuis son domaine de la paroisse de Savigny à l’amélioration de ce secteur percheron du Vendômois —, son apport tend même alors à se développer, par suite de l’augmentation du prix du bois qui fait délaisser cette matière6.
9Sur le plan agricole, l’argile à silex porte des sols d’aptitude variée. Ceux-ci peuvent convenir à la vigne, quand la craie n’est pas trop profonde. Mais si les silex sont trop abondants, le labour devient impossible, et seul l’arbre est alors adapté : ainsi s’expliquent les forêts de Fréteval et de Vendôme, et leur résistance à tous les défrichements. A l’inverse, la présence de limons, qui se constate en d’assez nombreux sites, améliore la qualité agricole de ces sols argileux. Mais la terre jaunâtre et glaiseuse du Perche, désignée dans le pays sous le nom de gruette ou de bournais, exige périodiquement des marnages, en raison de son acidité. La marne se trouve en de nombreux points de la région, mais à des profondeurs variant de 40 à 80 pieds, ce qui en rend l’extraction coûteuse. L’opération n’en est pas moins rentable : l’effet de la première mise, sensible au bout de deux ou trois ans, dure en effet pendant une trentaine d’années, et il suffit alors d’une demi-marne pour le prolonger d’environ dix-huit ans. Autres exigences des lourdes terres percheronnes, celles qui résultent de leur humidité. Bon connaisseur de la région, Salmon du Châtellier y est très attentif, et il démonte bien le mécanisme par lequel ce caractère explique tout un paysage : « Ces sortes de terre ne peuvent filtrer l’eau, il faut donc en procurer l’écoulement. De là le labour par petits sillons, dont les rayes sont autant de rigoles. Il faut un réceptacle à ces eaux lorsqu’elles ne submergent pas les terres inférieures, c’est pourquoi on a creusé des fossés, laissé des chaintres7 sur la bordure des champs. Pour ne pas perdre le terrain qu’occupent ces fossés, il était naturel d’en planter les levées d’épines et d’arbres de toute espèce, de là les clostures dont cy-dessous on verra une plus grande utilité. Ces terres assises sur un fond d’argile sont encore refroidies par le séjour plus ou moins long que font les eaux pendant leur écoulement et dégraissées par l’humus en terre végétale que ces eaux entraînent continuellement : il faut donc beaucoup d’engrais pour les réparer. Ces sortes de terres poussent herbe plus ou moins selon leur nature. On en profite en élevant toute sorte de bétail. Ces troupeaux demandent de la liberté pour leurs ébats et leur santé, et il faut donc qu’ils soient contenus par des clostures, autrement ils ravageraient toutes les terres ensemencées : raison absolue de la plantation des hayes »8.
10De fait, ces haies constituent l’élément caractéristique du paysage percheron, comme le disent tous les contemporains. Selon l’abbé Marchand, curé de Rahay, paroisse des confins sarthois de la partie percheronne du Vendômois, elles sont « composées de charme, de coudre et d’épine blanche qui montent très haut »9. L’aristocrate Beauvais de Saint-Paul décrit quant à lui « des haies vives, appuyées sur des arbres plantés irrégulièrement, étêtés à une hauteur de douze à quinze pieds, désignés dans le pays sous le nom de trognes ». Il mentionne aussi les échaliers, ces barrières faites de « branches d’arbres entrelacées de ronces et d’épines », et naturellement « un grand nombre de chemins ombragés »10. Telle se présente donc, au tournant des xviiie et xixe siècles, la structure bocagère du paysage percheron : il est clair qu’elle s’accompagne d’une vocation herbagère et d’une orientation de l’agriculture percheronne vers l’élevage, non exclusive certes mais non négligeable.
11Rien de comparable en Beauce, et même en Beauce vendômoise. Sans doute cette dernière zone présente-t-elle des caractères dégradés par rapport à ceux de la grande Beauce. Vers le nord, ses horizons sont barrés par des bois (bois de Renay et de Rocheux, forêt de Marchenoir) installés sur un cap crétacé d’argile à silex — ce qui en fait le prolongement de la forêt de Fréteval. Vers le sud, où l’horizon est également borné, par des lambeaux de la forêt d’Herbault, les marnes de la zone de Saint-Amand déterminent des paysages progressivement plus humides et mieux drainés, jusqu’à ce qu’insensiblement on atteigne la vallée de la Brisse et la zone de l’argile à silex. On comprend dans ces conditions que pour le Beauceron qui vient du nord, d’Ouzouer-le-Marché ou d’Orgères, on ne soit ici que dans une Beauce de second ordre, ce qu’expriment bien les vocables de Petite Beauce, de Queue de Beauce ou de Beauce pouilleuse souvent utilisés pour désigner ce secteur. La nuance n’est pas négligeable. Mais elle s’applique inégalement à la Beauce vendômoise — davantage à la région de Saint-Amand à laquelle des haies plus nombreuses confèrent une image plus dégradée qu’à celle de Selommes. Surtout, pour l’habitant du Vendômois dont la référence de comparaison est le Perche, on est ici tout simplement en Beauce11.
12Il est de fait que dans cette zone les couches crétacées qui affleuraient dans le Perche s’effacent sous les formations de calcaire lacustre de l’ère tertiaire. En raison de sa perméabilité, ce calcaire absorbe l’essentiel des eaux de surface : de là un réseau hydrographique réduit au minimum, responsable à son tour de l’allure tabulaire des plateaux de la région. Mais pour le paysan, tout autant que ce calcaire importe le limon argilo-sableux quaternaire qui le recouvre le plus souvent : il en résulte pour lui une terre fertile, et qui se travaille bien car peu caillouteuse, si bien qu’une charrue permet d’exploiter de plus grandes surfaces ici que dans les lourdes terres du Perche. Mais la relative sécheresse de ce type de sol oriente tout naturellement l’agriculture beauceronne vers les céréales : les prairies naturelles sont exceptionnelles. Observation capitale, qui aide à comprendre les limites de la céréaliculture beauceronne, du moins jusqu’à l’établissement de prairies artificielles : l’insuffisance des fumures, résultant de celle de l’élevage, liée elle-même à celle de l’herbe, impose partout le recours à la jachère.
13Bocage percheron, champs ouverts de Beauce : ces deux paysages coexistent donc jusqu’aux portes de Vendôme au xviiie siècle. Un tel état de fait induit des complémentarités qui doivent être tenues pour un ressort essentiel de la vie régionale. Mais il convient de dépasser ce premier constat, pour se placer dans une perspective plus vaste : l’opposition entre les paysages beauceron et percheron n’a pas qu’une signification vendômoise. Elle se retrouve, plus largement, entre les campagnes du cœur du Bassin parisien, auxquelles appartient la Beauce, et les bocages d’un grand Ouest dont ceux du Perche ne sont que le dernier développement. Le Vendômois se trouve donc installé sur la « frontière » qui court entre ces deux grands ensembles, et si une telle situation peut s’appréhender en termes de complémentarité, il n’est guère douteux qu’elle doive s’analyser aussi jusqu’à un certain point comme un élément d’opposition.
LE MONDE DES VALLÉES
14Entre Beauce et Perche, un système de vallées. Et d’abord celle du Loir, axe majeur de la région. A travers le Vendômois, elle présente des visages variés. Elle forme d’abord, de la grande boucle de Fréteval à Vendôme, un sillon nord-est/sud-ouest, en gros rectiligne. A partir de Vendôme, elle adopte une orientation est/ouest, et dessine pendant une vingtaine de kilomètres de beaux méandres présentant bien la classique opposition entre les coteaux abrupts de la rive concave et la plaine de la rive convexe (ainsi à Thoré). Ces méandres disparaissent à l’aval de Montoire, mais la vallée demeure dissymétrique : versants escarpés sur la rive droite (comme le coteau portant Trôo, ou celui dominant Sougé), formes plus douces de la rive gauche.
15La vallée n’ignore pas les contraintes naturelles. Les pentes de ses versants, utiles à l’époque féodale dans une perspective défensive12, sont gênantes pour établir des chemins — ce qui peut l’empêcher de jouer pleinement son rôle d’axe de circulation (cette limite s’ajoutant à celle que représente la non-navigabilité du Loir). D’autre part, les eaux de la rivière peuvent connaître d’impressionnants débordements, dramatiques au xviie siècle, et toujours redoutés au xviiie, même s’ils semblent alors moins graves. Mais à côté de ces handicaps, la vallée se signale surtout par la variété et l’abondance de ses ressources. Celles de la rivière d’abord : le Loir, qui fait tourner de nombreux moulins, est poissonneux, et la pratique de la pêche y est attestée au xviiie siècle13. Celle ensuite de la roche qui affleure un peu partout sur ses versants. Ainsi exploite-t-on depuis fort longtemps la craie turonienne — le fameux tuffeau —, à Trôo, aux Roches ou à Villiers, et celle de niveau sénonien à Villedieu. Cette exploitation est à l’origine des constructions de la vallée. Elle explique aussi l’existence de carrières, de caves et même d’habitations troglodytiques, enracinées dans un fort lointain passé, et qui existent encore au xixe siècle14.
16Sur le plan agricole aussi, l’intérêt de la vallée est grand. Au xviiie siècle, l’abbé Simon trouve pour le souligner des accents quasi ronsardiens que, non sans raison on le verra, il n’applique pas seulement à la vallée du Loir, mais également aux vallées affluentes : « Les différentes rivières qui [...] arrosent [le Vendômois] coulent toujours entre des prairies fertiles ; tantôt ce sont des montagnes couvertes de vignes ; tantôt ce sont des vallées dont la fertilité est inépuisable et qui produisent le lin et le chanvre en abondance ; tantôt ce sont des plaines fécondes en grain autant que la Beauce »15.
17De fait, du fond de la vallée aux coteaux en passant par les terrasses alluviales s’échelonnent toute une série de milieux naturels, dont la diversité est accentuée par celle des expositions : la vigne vient bien sur les coteaux aux sols très caillouteux, les terrasses conviennent mieux aux cultures, le fond de la vallée, généralement plus humide, porte des prairies. Fort de sa double expérience d’enfant du pays et de maître éminent de la géographie universitaire de son époque, Camille Vallaux évoque à son tour cette diversité dans une description rédigée au début du xxe siècle, mais qui vaut pratiquement tout entière pour le xviiie : « Le long des coteaux et des vallons secs, après les monotones et rectilignes sillons du plateau, le sol s’anime et se diversifie ; les vignes alternent avec les vergers et les petits carrés de céréales et de légumes ; les maisons deviennent plus nombreuses, elles se regroupent sur les rebords ou le long du chemin qui suit le bas de la pente, et qui est bordé d’un côté par les jardins, de l’autre par les prairies ; de temps en temps, le coteau éventré montre des carrières de pierres ou des trous de sablières et de marnières ; puis viennent les lignes d’arbres, où dominent les longues files de peupliers »16.
18Ainsi les terroirs de vallée s’opposent-ils par leur diversité et leurs complémentarités à la plus grande uniformité des terroirs de plateau, beaucerons comme percherons. L’analyse, grâce au premier cadastre, de l’utilisation des sols dans les sections d’un terroir de vallée (Thoré), d’un terroir de Beauce (Selommes) et d’un terroir du Perche (Choue) est à cet égard éloquente. A Thoré, de grandes différences s’observent d’une section à l’autre entre les pourcentages des sols consacrés aux labours, à l’herbe, à la vigne et aux bois. A Selommes et à Choue au contraire, où les sections sont du reste beaucoup moins nombreuses et beaucoup plus grandes, les taux apparaissent nettement plus réguliers. Les conséquences humaines d’un tel contraste sont importantes : peu différenciés, les terroirs de plateau sont en quelque sorte interchangeables ; fortement diversifiés, et marqués par d’évidentes complémentarités, ceux de la vallée ont au contraire une réelle personnalité, qui souvent on le verra ne s’établit pas même au niveau de la paroisse, plus tard commune, mais à celui, plus ponctuel, du gros hameau, habituellement dénommé village dans la région — le compartimentage qu’introduit le tracé des versants de la vallée contribuant naturellement à cette fragmentation.
19Or, ce dernier trait n’est pas le seul fait de la vallée du Loir : comme le laisse à entendre l’abbé Simon, comme le suggère aussi la carte de Cassini en recourant pour toutes les vallées à un même figuré, relativisant du même coup l’importance de cette dernière, les caractères de la vallée du Loir se retrouvent dans toutes les vallées affluentes qui viennent en nombre, en aval de Vendôme surtout, se greffer sur elle, parfois fort loin à l’intérieur des plateaux en raison de la fréquente existence à leur amont de vallons secs. Camille Vallaux se révèle une fois encore excellent observateur : « La nature, les cultures, le fractionnement, la sociabilité et la facilité de vie des vallées se prolongent en digitations effilées jusqu’au cœur de presque tous les plateaux »17. Cette observation dessine au sein du Vendômois une opposition entre plateaux et vallées qui, pour la compréhension de ce pays, n’est pas moins éclairante que celle précédemment dégagée entre Beauce et Perche.
LE CIEL VENDÔMOIS
20Sur le plan climatique, le Vendômois connaît des hivers point trop rigoureux, et symétriquement des étés assez frais. Quant aux pluies, elles tombent en toute saison, et même en été elles ne sont pas rares. Le total annuel des précipitations n’est pas considérable, mais la fréquence des ciels nuageux, celle des brouillards, et le fait que l’eau tombe généralement sous forme de pluie fine confèrent à cette région une grande impression d’humidité. Incontestablement, le Vendômois vit sous le signe des perturbations venues de l’océan, et des vents d’ouest qui les accompagnent.
21Mais ce tableau général appelle des correctifs. Pour souligner, une fois encore, qu’il ne décrit qu’une situation moyenne. Or celle-ci ne rend compte ni d’écarts exceptionnels sur lesquels on reviendra (hivers très rigoureux, étés très secs, ou à l’inverse pourris) ni surtout de l’extrême variabilité qui est sans doute la principale caractéristique du climat vendômois. Proverbes et dictons sont à cet égard éloquents. Ceux que Mareschal-Duplessis puise dans la tradition locale, au milieu du xixe siècle, montrent bien que la culture paysanne a de longue date intégré ce trait18 :
« Nuages roulant sur les champs / Vont nous ramener le beau temps. »
« La pluie qui tombe le matin / N’étonne pas le pèlerin. »
« Temps pommelé, femme fardée / Ne sont pas de longue durée. »
22La situation moyenne qui a été présentée jusqu’ici connaît d’autre part des nuances géographiques. Ainsi le Perche présente-t-il une tonalité plus verdoyante et plus humide (tenant davantage il est vrai à la nature de ses sols qu’à des précipitations plus abondantes). En outre, sa position plus septentrionale et ses altitudes plus élevées lui valent des températures plus fraîches, surtout en été. Ces différences sont certes peu considérables, mais elles introduisent de réelles originalités dans cette zone, en ce qui concerne le rapport entre herbe et céréales, ou encore la quasi-absence de vigne à la fin du xviiie siècle.
23Les vallées introduisent des différences plus nettes encore : « On ne saurait croire — écrit toujours Camille Vallaux — l’importance que prend, dans nos plaines, une différence de niveau de 40 à 50 m. La toponymie le souligne toujours. La promenade qui domine Vendôme de 50 m s’appelle la Montagne. Le nom pittoresque de Huchepie s’applique à plusieurs localités plantées en rebord de corniche et dominant le val. C’est que les gens de terrain sont des météorologistes très raffinés. Ils savent bien que 40 m de plus ou de moins font beaucoup pour les cultures. Les gens du plateau endurent plus de froid et de gelées. Ils ne sont pas maîtres de leur exposition. Rien ne les abrite. Ils sont sans défense contre les morsures du galerne, le vent violent venu de l’Atlantique. Enfin et surtout, ils sont plus exposés à la foudre. La terreur de la foudre est grande en plat pays, surtout dans les plaines rases de la Beauce [...] Les gens du val et des vallons se sentent moins menacés »19. Le Journal de Pierre Bordier, ce fermier de Lancé qui précisément vivait en Beauce, confirme en tous points ces observations par de multiples références aux aléas météorologiques. Ainsi y trouve-t-on évoqué l’orage, le jeudi saint 1756, pendant Ténèbres, et en mai 1759, quand la foudre s’abat sur le clocher de Villemardy. Mais même si en bon paysan il se montre en toute saison attentif à l’état du ciel, ce sont les excès hivernaux qui frappent le plus Pierre Bordier, comme cette tempête qui en février 1756 jette à bas une grange et la croix du cimetière, arrache les arbres, emporte des enfaiteaux de maison... Le vent, du reste, est régulièrement mentionné dans le Journal. Ce peut être le vent de galerne, évoqué par Camille Vallaux, mais c’est souvent aussi le vent d’amont (c’est-à-dire de l’est) : en janvier 1758, Pierre Bordier note à propos de ce dernier que « lorsqu’on étoit exposé à aller à l’encontre du vent, il envoyait de la neige qui navrissoit »20. En ce même mois, le vent « fait entrer la neige dans les greniers ; et tous les bastiments en étoient pleins encore plus que dehors ». Les rigueurs du temps sont telles, alors, que l’homme ne dispose plus contre elles d’aucun abri sûr. Quand « la gelée estreint », comme en janvier 1757, au point qu’« il y a beaucoup de truisses21 de chêne de fendues d’un bout à l’autre, du costé du vent d’amont » (toujours lui !), il n’est pas rare « qu’il gèle... dans les maisons ». C’est le cas en janvier 1766, lorsque « l’eau bénite de notre bénitier — écrit toujours Pierre Bordier — a gelé le vendredy 10, à costé de la cheminée, dans le jour ». L’analyse du géographe et l’expérience du paysan concordent donc : il n’est pas douteux que les plateaux, et notamment la Beauce, soient particulièrement exposés aux rigueurs des excès climatiques, et le soient davantage que les vallées relativement abritées. Du même coup se retrouve à partir de l’analyse du climat un des grands contrastes qu’avait mis en évidence déjà l’étude des sols et des sous-sols : celui qui oppose les vallées aux plateaux, et qui constitue donc bien un des traits majeurs de la géographie vendômoise.
LES ENSEIGNEMENTS DE LA GÉOGRAPHIE ADMINISTRATIVE
24Depuis qu’en 1712 le duché de Vendôme a été rattaché à la Couronne, le Vendômois se trouve ramené au sort commun de la province française. Sans doute l’ancien comté, devenu duché-pairie en 1515, a-t-il joué un rôle dans la formation d’une conscience provinciale, ne serait-ce qu’en dessinant les contours d’une région par la juxtaposition des territoires soumis aux châtellenies progressivement réunies sous sa direction. Sans doute aussi cette conscience se nourrit-elle du souvenir des plus brillants des ducs de Vendôme — Antoine de Bourbon, Henri de Navarre, César de Vendôme, pour s’en tenir aux plus récents... Mais sur le terrain, le déclin du rôle du duché était sensible dès le règne de Louis XIV — les derniers ducs, dont le fameux général du Grand Roi, en vivant trop éloignés pour y exercer une réelle influence —, laissant du même coup le champ libre au développement de l’appareil administratif monarchique, qui domine sans partage la région au siècle suivant22.
25Dans le cadre de cet appareil, il n’est pas douteux — cartes à petite échelle et témoignages évoqués au début de ce chapitre le confirment — que dans le prolongement de l’ancien duché il existe au xviiie siècle un Vendômois administratif. Encore faut-il en préciser la nature : on le fera en considérant d’abord comment s’affirme l’identité du Vendômois par rapport aux régions environnantes ; puis en s’attachant au ressort, donc aux limites de ce Vendômois administratif ; enfin en analysant les lignes de fracture qui peuvent le traverser.
LE VENDÔMOIS ADMINISTRATIF : UNE CLAIRE IDENTITÉ
26A suivre les archives de l’époque, il est patent que pour les contemporains le Vendômois ne relève ni du Maine, ni de la Touraine, ni du Blésois, ni du Dunois, ni même de l’Orléanais, auquel pourtant il pourrait à bon droit être rapporté, puisque pour l’essentiel il appartient à la généralité d’Orléans. Un tel constat — celui d’une autonomie par rapport aux régions environnantes — s’éclaire à l’examen de la position administrative de la ville de Vendôme.
27A première vue, celle-ci peut sembler banale. Vendôme détient en effet les fonctions judiciaires, financières et religieuses habituelles dans une cité de son importance : bailliage, élection, grenier à sel, archidiaconé. Mais au niveau administratif supérieur, Vendôme est soumise à des autorités installées dans des villes très diverses. Sous le rapport judiciaire, le Vendômois obéit à la coutume d’Anjou, et les appels du bailliage vont au Parlement de Paris. L’élection dépend de la généralité d’Orléans et le grenier à sel de la direction de Tours. Quant à l’archidiaconé, il appartient au diocèse de Blois (après avoir appartenu jusqu’en 1697 à celui de Chartres). Il n’est certes pas rare sous l’Ancien Régime qu’une région relève de centres administratifs différents. Mais il l’est davantage que ceux-ci soient à ce point dispersés. Une telle dispersion des villes qui à un titre ou à un autre ont autorité sur le Vendômois empêche aucune d’entre elles d’exercer une influence décisive dans la région. Même Orléans n’échappe pas à cette règle, en dépit de l’importance de ses fonctions — capitale de la généralité où se trouve Vendôme — et de sa population élevée — 40 000 habitants environ : « Jamais cette ville ne fut pour le Vendômois une capitale régionale », écrit avec raison Camille Vallaux. Il est vrai que son éloignement, plus de quinze lieues, et l’absence de bonnes liaisons routières ne favorisaient pas l’autorité orléanaise. Tours et Blois étaient plus proches, et un peu mieux reliées à Vendôme — encore que dans ce domaine tout soit relatif. Mais ces villes étaient moins peuplées qu’Orléans, et leurs juridictions n’avaient pas l’importance de celles dévolues à cette dernière.
28On conçoit comment cette absence de domination unique a permis à Vendôme, en jouant des concurrences externes, de construire localement sa propre autorité et d’assurer du même coup la cohésion des terroirs que leur voisinage plaçait sous sa direction. Un tel mécanisme ne s’est certes pas mis en place au xviiie siècle : l’origine en serait à rechercher à l’époque lointaine où s’est constitué le réseau urbain de la région (celle-ci entendue au sens large). Analyser ce point relèverait d’une autre étude. Mais on voit bien comment une fois installées de telles structures continuent à jouer pour assurer au pays vendômois une longue pérennité.
LE VENDÔMOIS ADMINISTRATIF : RESSORTS ET LIMITES
29Dès lors que dépassant une saisie globale du pays, l’analyse entend s’attacher au détail des ressorts et des limites, elle rencontre inévitablement deux traits caractéristiques de l’organisation administrative de l’Ancien Régime : sa variabilité et sa complexité.
30Variabilité en premier lieu : les exemples ne manquent pas, au xviiie siècle, de modifications de ressorts administratifs. Elles peuvent affecter des juridictions mineures, comme les bureaux des domaines23. D’autres concernent les greniers à sel24, ou certaines circonscriptions judiciaires25. Les juridictions majeures de l’administration monarchique que sont les élections et les généralités n’échappent pas elles-mêmes à de telles fluctuations : un arrêt du Conseil d’Etat du 29 août 1730, répondant au souci de faciliter les communications entre les chefs-lieux d’élection et le territoire de leur ressort, distrait ainsi sept paroisses de l’élection de Vendôme — et de la généralité d’Orléans — pour les rattacher à l’élection de Château-du-Loir — et donc à la généralité de Tours ; en contrepartie, 13 autres paroisses sont détachées de Château-du-Loir pour être rattachées à Vendôme (carte ci-dessous)26. Complexité ensuite, qu’il n’est pas difficile non plus de présenter. Sans même insister pour l’instant sur le cas des paroisses partagées entre bailliages ou entre élections (ce qui est complexité au niveau de la paroisse pouvant correspondre à une limite beaucoup plus franche en ce qui concerne le pays), on peut évoquer à cet égard les nombreuses enclaves qui caractérisent les circonscriptions bailliagères — et notamment celles des bailliages de Chartres et du Mans aux portes de celui de Vendôme (carte ci-contre). Plus généralement, il est assez exceptionnel qu’une limite soit commune à plusieurs administrations, et que coïncident jusque dans le détail les ressorts du bailliage, de l’élection (l’arrêt de 1730 ayant d’ailleurs accru les différences entre ces deux derniers), des greniers à sel..., sans compter les diocèses (qui sans relever à proprement parler de l’administration monarchique ne manquent pas de liens avec elle) : il en résulte d’une paroisse à l’autre, et sans même entrer dans l’inextricable maquis des juridictions plus locales, mais non royales cette fois, que sont les justices seigneuriales, une extrême diversité de situation.
31Tous ces faits n’interdisent pas cependant d’atteindre les principaux traits de l’espace administratif vendômois, en dépassant l’apparente confusion qu’ils engendrent. Cela est possible en partant, dans un premier temps, des circonscriptions du bailliage et de l’élection, telles qu’elles se présentent au début du xviiie siècle, au lendemain du rattachement du duché à la Couronne. On sait que parmi les juridictions qui siègent à Vendôme, celles-ci sont les plus chargées de pouvoir et de prestige. En outre, leurs ressorts présentent alors beaucoup de similitude : tous deux s’allongent le long du Loir, depuis les paroisses immédiatement situées à l’amont de Vendôme, à l’est, jusqu’à celles qui sont installées aux portes de La Chartre, à l’ouest ; de surcroît, tous deux s’étendent bien plus vers la Beauce et la Gâtine que du côté du Perche.
32De ce Vendômois — celui que décrit l’abbé Simon —, retenons encore la taille : 1 200 km2 environ. Cette étendue correspond à un rayon théorique de 18 à 20 km, assez proche de la distance que peut parcourir, aller et retour, un piéton dans la journée. Mais il ne faut pas accorder ici trop d’importance à cette notion de rayon théorique, en raison de la forme allongée du territoire du Vendômois et de la position excentrée de sa capitale. Celle-ci devient toutefois beaucoup plus significative après l’arrêt du Conseil de 1730, qui redessine les limites de l’élection.
33Avec cette mesure se trouve en effet composé un nouveau Vendômois, de taille comparable au précédent, mais d’allure très différente, puisque le territoire en est cette fois beaucoup plus régulièrement réparti autour de Vendôme, et que les parts respectives de la vallée, de la Gâtine, de la Beauce et du Perche y sont plus équilibrées. En outre l’élection de Vendôme englobe dans ses nouvelles limites une notable part (plus de 50 %) du ressort du bailliage de Mondoubleau — secondaire de celui de Vendôme. Cette recomposition de l’espace vendômois, confirmée encore par des modifications mineures déjà signalées — ainsi le rattachement aux bureaux du contrôle de Vendôme et de Montoire de zones qui dépendaient autrefois de Fréteval et de Savigny —, et qui préfigure en quelque sorte la physionomie du futur arrondissement, retrouve sans doute les voies suivies au cours des siècles par le duché dans son expansion. Mais davantage que d’un remodelage de la géographie régionale, il s’agissait alors d’une simple juxtaposition de châtellenies (d’ailleurs toujours sujette à des remises en cause — à preuve l’aliénation par Henri IV de la baronnie de Mondoubleau en 1593). La substance vive du duché continuait en effet à s’allonger, comme l’écrit l’abbé Simon, dans la vallée du Loir, en s’articulant autour de la ligne de châteaux forts qui domine cet axe. A cette conception féodale et avant tout militaire d’une autorité qui s’exerce à partir de points d’appui d’où elle peut exercer son contrôle et tenir le pays, l’arrêt de 1730 oppose une autre logique, celle des bureaux, dont l’ambition est plus vaste, puisqu’ils entendent prendre en charge l’ensemble de la vie sociale, en un mot administrer et non plus seulement contrôler. Dans cette optique, la maîtrise de quelques points d’appui ne suffit plus : c’est tout le territoire administré qui doit être placé en permanence sous le regard des administrateurs, et qui doit pour cela, dans un souci d’efficacité, en être autant que possible rapproché. Rapprocher les paroisses de leur chef-lieu, telle est bien la raison ouvertement avancée pour justifier l’arrêt de 1730 qui a comme conséquence, pour parler bref, d’entraîner la transformation d’un Vendômois linéaire en un Vendômois circulaire. Cette évolution se relie, à travers d’inévitables décalages qu’expliquent de lourdes inerties, à une histoire plus vaste : celle de l’essor, dans l’ensemble du royaume, de l’autorité administrative de la monarchie à partir du milieu du xviie siècle et, en résultant, le développement (même relatif) des bureaux qui en dépendent ; celle aussi que matérialise, en Vendômois, le démantèlement des châteaux forts de la vallée dès l’extrême fin du xvie siècle et la disparition en 1712 de la vieille structure ducale, à dire vrai très effacée dans la région depuis plusieurs décennies27. Et il n’est pas indifférent que localement elle rapproche la physionomie du Vendômois administratif de celle que dessine à ce pays la prise en compte des complémentarités naturelles qui s’observent dans la région : Gaucher de Passac, qui écrit après les transformations administratives qui viennent d’être évoquées, rend mieux compte de ces complémentarités que l’abbé Simon qui, bien qu’écrivant lui aussi après l’arrêt de 1730, raisonne à partir de schémas anciens.
34Les redéfinitions qui affectent le Vendômois administratif se répercutent naturellement sur ses confins. Comme ces remodelages se traduisent par une expansion vers le nord, ses bornes septentrionales apparaissent logiquement moins fixées que leurs homologues méridionales. De ce dernier côté, l’influence de Vendôme apparaît bien délimitée vers le sud, où le contact avec la Touraine épouse pratiquement toujours, d’une administration à l’autre, les mêmes contours. A bien des égards, il en va de même vers le sud-est, du côté de Blois (si l’on fait abstraction de la carte des greniers à sel, sur laquelle la création très artificielle du grenier d’Herbault a introduit un élément perturbateur), où le contact entre Blésois et Vendômois s’est fixé depuis le Moyen Age, et continue jusqu’à la fin du xviiie siècle à se matérialiser sinon par une ligne, du moins par une bande étroite que signale l’existence de plusieurs paroisses partagées entre les ressorts des deux villes28. Vers le sud-ouest même, l’amputation consécutive à l’arrêt de 1730 n’a pas fait disparaître l’influence de Vendôme sur un territoire qui relève toujours du ressort de son bailliage, et dont la cohésion est bien affirmée à travers le concept de bas Vendômois.
35Du côté du nord, au contact du Dunois, la situation est beaucoup plus confuse. Dans cette direction, le Vendômois étend traditionnellement son influence assez loin vers le nord, à l’intérieur du Perche, jusqu’à Fontaine-Raoul, alors que dans la vallée du Loir les positions dunoises s’avancent presque jusqu’aux portes de sa capitale. Mais dans le détail, la réalité est plus complexe encore, comme en témoignent le partage de certaines paroisses entre plusieurs juridictions29 et surtout la présence dans la région de La Ville-aux-Clercs, au contact des bailliages de Blois, de Vendôme et de Mondoubleau, d’enclaves déjà présentées relevant des bailliages du Mans ou de Chartres — ces enclaves prenant figure de positions avancées dans un secteur où les influences ne sont pas clairement établies : de fait, cette zone de population clairsemée, de terres médiocres et de bois, revêt des allures de marche. Il n’en va pas de même dans la vallée du Loir : la confusion ici provient du grignotage des positions dunoises par Vendôme. Le rattachement du bureau du contrôle de Fréteval à cette dernière ville en 1735 en constitue un signe, mais en 1697 déjà, lors de l’érection du diocèse de Blois, la limite retenue pour séparer le nouveau diocèse de celui de Chartres dont il était issu matérialisait le recul des positions chartraines et dunoises dans cette zone.
36Au nord-ouest du Vendômois enfin se retrouvent des traits qui viennent d’être évoqués à propos de la région de La Ville-aux-Clercs. Ici aussi on est en zone de géographie bailliagère compliquée, avec des enclaves relevant du Mans, de Janville et de Chartres. Mieux, le petit ressort du bailliage de Mondoubleau (14 paroisses) est traversé à la fois par une limite de généralité et par une limite de diocèse, toutes deux orientées en gros du nord au sud, mais ne coïncidant pas : il est symptomatique qu’en la circonstance la ville de Mondoubleau soit retenue vers l’est par la frontière diocésaine (du côté de Blois donc) et au contraire rejetée vers l’ouest (c’est-à-dire le Maine) par la limite entre les généralités de Tours et d’Orléans. Dans cette zone aussi il est donc légitime de parler de marche — une marche où comme dans la région de La Ville-aux-Clercs l’influence de Vendôme se développe au xviiie siècle.
LE VENDÔMOIS ADMINISTRATIF : FRACTURES INTERNES
37Les limites du Vendômois administratif étant précisées, il reste à examiner les éventuelles lignes de fracture qui le partagent. Ce qui revient d’une certaine manière à analyser si la diversité des données naturelles d’une part et celle des influences qui s’exercent de l’extérieur sur la région d’autre part, diversités présentées jusqu’alors comme facteurs de cohésion, ne sont pas de nature aussi à déterminer des tendances centrifuges, génératrices d’oppositions internes. Les subdivisions administratives du pays vendômois constituent un utile point de départ pour étudier ce problème.
38On ne s’attardera pas longtemps, cependant, sur le maillage élémentaire qui résulte de la géographie des bureaux du contrôle ou de celle des chefs-lieux de doyennés : le semis des paroisses où ils sont installés vise à les rapprocher au mieux des populations qu’ils sont destinés à encadrer ; du reste, le ressort de ces institutions est beaucoup trop réduit pour qu’on puisse sérieusement espérer en tirer des enseignements sur d’éventuelles oppositions internes au Vendômois. U n’en va pas de même à un niveau supérieur, celui que matérialisent les trois villes qui existent dans la région. Bien que de population inégale — Montoire et Mondoubleau ne dépassent guère 2 000 habitants à la fin de l’Ancien Régime, alors que Vendôme en compte plus de 7 000 —, elles commandent en effet toutes trois directement une zone d’étendue sensiblement comparable : sièges d’un grenier à sel, de foires et de marchés (où l’on utilise un système de mesures propre à la ville), d’un hôtel-Dieu, toutes trois possèdent un important tribunal30. Inutile d’allonger cette liste : on est bien avec ces trois villes et leurs zones d’influence en face d’un échelon important de la vie sociale, sorte de sous-pays plus ramassé que l’ensemble du Vendômois, et présentant donc a priori une plus grande cohésion que lui.
39Encore faut-il ici distinguer selon les villes. On a dit déjà la complexité administrative de la région de Mondoubleau, dont la situation reproduit, toutes proportions gardées et avec un moindre rayonnement, celle de Vendôme — autrement dit une influence fondée sur un équilibre entre des contrôles extérieurs opposés. De ce côté, c’est moins une ligne de fracture qu’il faut espérer d’abord découvrir qu’une zone de marge, comme l’étude des limites du Vendômois l’a déjà montré. La zone d’influence propre de Vendôme et celle de Montoire sont beaucoup plus nettes. Elles peuvent se définir, pour chacune de ces villes, à partir des paroisses qui ressortissent à la fois de leur grenier à sel et de leur système de mesures : ces critères mettent en évidence deux ensembles homogènes, dont les vocables de haut et de bas Vendômois qui leur sont alors couramment appliqués attestent la forte réalité. Mais du même coup se trouve soulignée l’existence entre ces deux ensembles d’une coupure qui est incontestablement la plus nette qui s’observe à l’intérieur du Vendômois. C’est dans la vallée du Loir, au cœur même de ce pays, que se repère le mieux cette frontière : en raison, cette fois encore, d’une enclave bailliagère (celle de Mazangé) ; mais surtout parce que la limite occidentale des paroisses de Mazangé, Thoré et Villiersfaux constitue une limite commune aux ressorts des greniers à sel, des systèmes de mesure, jusqu’à un certain point des tribunaux et enfin — ce qui n’est pas le moins important — des diocèses.
40En fait, on touche là à une très vieille frontière, qui remonte au moins à la géographie des civitas gallo-romaines : le Gué-du-Loir, hameau de Mazangé et atelier monétaire à l’époque mérovingienne, était précisément installé à la limite de la civitas Carnutum et de la civitas Cenomannorum. Reprise ensuite par les diocèses, cette frontière est constamment réactivée au cours du Moyen Age, lors des affrontements qui se développent dans la région, à l’occasion des conflits entre Capétiens et Plantagenêts. Au xvie siècle encore, c’est à la Bonne-Aventure, toujours au Gué-du-Loir, que le duc Antoine de Bourbon aime à réunir quelques joyeux compagnons, à proximité donc de la frontière qui court entre les deux parties de son duché, dont le destin divergera si souvent pendant les troubles des guerres de religion31.
41Mais la vitalité que garde cette frontière dans les esprits du xviiie siècle ne repose pas que sur des souvenirs historiques, au demeurant souvent ténus pour la grande majorité des hommes de cette époque, ni davantage sur les références littéraires, qui leur sont tout aussi étrangères, dont l’habille l’abbé Simon quand il écrit « qu’on peut dire des habitants de Vendôme et de Montoire ce que Tacite disait de ceux de Lyon et de Vienne, la même rivière coule d’un pays dans l’autre, et sépare ces deux villes qui n’ont d’autre lien entre elles qu’une haine réciproque : Uno amne discretis connexum odium »32.
42Elle tient aussi aux différences qui se font jour entre diocèses, en matière de liturgie par exemple, ou encore dans les rythmes des débats religieux du xviiie siècle — et ces différences sont quant à elles très sensibles aux populations33. Surtout, tout un fond légendaire, très vivant encore dans la mentalité collective de l’époque, met en lumière cette position frontalière. La légende la plus spectaculaire concerne le dragon de Saint-André (hameau tout proche du Gué-du-Loir) qui depuis les grottes du coteau épiait pour les dévorer les voyageurs qui suivaient la vallée du Loir — et raconte comment un condamné à mort obtint sa grâce en le tuant à l’aide d’un char aux roues équipées de lames tranchantes ; rapporté avec scepticisme par l’abbé Simon34, l’épisode se rattache en fait au thème de la « succession chrétienne », le héros de cette histoire ayant été condamné en raison de sa foi, et son succès symbolisant le triomphe du christianisme naissant sur le paganisme symbolisé par le monstre : la frontière religieuse coïncide ici avec la frontière géographique. Les autres légendes qui se rapportent à cette zone de limite, plus clairement hagiographiques, soulignent souvent sa situation périphérique par rapport au diocèse du Mans. Certaines mettent en scène les pieux ermites qui viennent au haut Moyen Age rechercher dans cette zone de confins les solitudes propices à leurs méditations, comme ce Richimer (plus tard appelé Rimay) qui s’installe d’abord à Lavardin, avant de se fixer dans un lieu plus reculé — où sa piété attire bientôt les fidèles, déterminant la formation d’un monastère, puis d’une paroisse à laquelle son nom restera attaché. D’autres — plus nombreuses — concernent saint Julien, le grand évêque évangélisateur du Mans. A Lunay comme à Mazangé — toutes deux paroisses frontières —, elles racontent qu’il voulait bâtir une cathédrale ; à Thoré — autre paroisse frontière —, elles lui attribuent la construction du murger de la côte du Breuil. Ces histoires d’entreprises constructives avortées et qui, si elles avaient été menées à bien, auraient valu à la région d’occuper une position centrale dans le diocèse au lieu de se retrouver reléguée à sa périphérie, ces histoires donc constituent une belle manifestation d’inversion géographique — s’il est permis de calquer cette expression sur celle d’inversion sociale. L’esprit s’en retrouve d’ailleurs un peu partout en bas Vendômois, la formulation la plus claire en étant attestée à Artins : « Si saint Julien était resté à Artins, Artins serait Le Mans et Le Mans serait Artins. » Débordant ce secteur, il se retrouve même plus au nord, à Baillou notamment, ce qui atteste que la grande frontière qui se repère dans la vallée du Loir concerne en fait l’ensemble de la région35.
UN PAYS, UNE FRONTIÈRE
43A la lumière des observations portant tant sur la géographie physique que sur celle des limites administratives se dessinent les principaux traits du pays vendômois. Et d’abord ceux qui confirment avec le plus de netteté la réalité de son existence. L’analyse administrative révèle que cette dernière s’organise davantage à partir d’un centre qui unit sous sa direction que par un contour qui enfermerait rigoureusement un espace : à preuve le flou de beaucoup de limites, et les modifications pouvant les affecter. La même analyse montre que l’affirmation du Vendômois est favorisée par l’impuissance de tout grand centre extérieur à y imposer une influence exclusive : non pas absence d’influences, mais équilibre d’influences qui s’annulent. Sur ce point, c’est en quelque sorte par défaut que le Vendômois construit sa personnalité. Mais celle-ci repose aussi sur une réelle cohésion : l’étude des milieux naturels de la région suggère bien comment cette cohésion se fonde sur les complémentarités existant entre ses différents terroirs (Beauce et Perche, plateaux et vallées), conformément aux leçons de la géographie régionale la plus classique : les différences ici rapprochent, à travers les échanges qu’elles appellent.
44Les forces centripètes ne manquent donc pas, qui donnent corps au pays vendômois. Mais les tensions centrifuges n’en sont pas absentes non plus. Il y a d’abord celles qui tiennent aux sollicitations extérieures — celles que révèle la géographie administrative, celles aussi que retrouvera l’étude économique. Que l’effet de ces sollicitations s’annule ne signifie pas qu’elles n’existent pas, et qu’elles ne se manifestent pas en Vendômois. La géographie ecclésiastique — liée à l’un des plus anciens efforts d’organisation régionale — illustre bien cette coexistence, à l’intérieur du pays, de ce qui témoigne d’une autorité locale et de ce qui ressortit des influences extérieures. Il se trouve dans la région des prieurés proprement vendômois, dépendant de l’abbaye de la Trinité de Vendôme, et d’autres qui dépendent d’institutions extérieures (abbayes de Saint-Laumer de Blois, de Saint-Sauveur de Tiron, de Marmoutier lès Tours, abbayes mancelles). Un partage identique s’observe en ce qui concerne les présentateurs aux cures du Vendômois36.
45Plus largement enfin, il faut revenir sur la notion de frontière, évoquée déjà à plusieurs reprises. Frontière paysagère d’abord, entre bocage et openfield, qui est aussi, on le verra, frontière culturelle, dans la mesure où à bien peu de choses près elle coïncide ici avec la célèbre ligne Saint-Malo/Genève. Frontière historique ensuite, telle qu’elle se repère à partir de la géographie administrative, notamment autour du Gué-du-Loir. Dans le détail, ces frontières ne coïncident pas exactement. Elles n’en relèvent pas moins, globalement, de la même zone de contact : celle qui court entre l’Ouest d’une part, le cœur du Bassin parisien de l’autre (carte, p. 45). Le fait qu’il soit installé sur cette zone de contact, l’un des grands clivages qui partageaient l’ancienne France, n’est pas le trait le moins caractéristique du Vendômois. On en retrouve la marque dans la géographie coutumière (carte ci-dessous), dont on connaît la signification anthropologique. Sur ce plan, le Vendômois suit pour l’essentiel des coutumes appartenant aux systèmes de l’ouest du royaume (coutumes du Maine et surtout d’Anjou). Mais les coutumes relevant de la sphère orléano-parisienne n’y sont pas inconnues, notamment celles de Chartres, de Dunois et de Blois. Pareille juxtaposition s’accorde bien à la situation de contact qui est celle du Vendômois. On peut en dire autant, du reste, de la manière dont les coutumes « occidentales » y sont appliquées avec certaines nuances, concernant notamment le droit d’aînesse et les rapports entre époux, qui en atténuent quelque peu l’originalité37.
46Ainsi apparaît-il que toute définition du pays vendômois est question d’approche, et plus précisément d’échelle. Localement, le Vendômois impose l’image de sa cohésion. Dans une perspective plus vaste, régionale, son existence apparaît liée à un subtil équilibre entre forces centrifuges et forces centripètes. A l’échelle nationale enfin, il prend figure de pays de confins. Aucun de ces éléments ne suffit à lui seul à caractériser le Vendômois, mais tous ont leur part dans la constitution de sa personnalité. Dans leur diversité même, ils suggèrent que si la réalité du Vendômois ne peut guère se discuter, elle peut se percevoir de bien des manières. C’est que joue en cette matière toute la variété des pratiques et des usages, et plus largement des sensibilités socioculturelles, dont résultent des regards et des visions souvent différents.
47La personnalité du Vendômois, d’autre part, ne saurait être rapportée au seul second xviiie siècle — pendant lequel elle a été, pour l’essentiel, présentée au cours des analyses qui précèdent. Elle s’inscrit au contraire dans la durée. La géographie administrative, ici notre principale source d’information, le montre bien. Sans doute, on vient de le rappeler, atteste-t-elle de nombreuses modifications dans le détail des ressorts, et on a dit comment on peut même interpréter globalement celles-ci comme la matérialisation d’une évolution de la vision spatiale du contrôle des hommes et des choses. Mais ces transformations ne remettent pas en cause la réalité du Vendômois : celle-ci apparaît aussi nettement dans le cadre des structures féodales héritées du Moyen Age (le comté-duché) que dans celui de l’administration monarchique de l’Ancien Régime finissant (l’élection de 1789). Sous la direction de Vendôme — dont le rôle central se trouve donc encore confirmé par ce biais —, elle constitue bien une donnée permanente de la vie régionale.
Notes de bas de page
1 Simon (abbé M.), Histoire de Vendôme et de ses environs, Vendôme, 1834-1835, rédigée avant 1781 ; Gaucher de Passac (P.-J-), Vendôme et le Vendômois, Vendôme, 1823.
2 Cartes considérées : carte partielle de la généralité d’Orléans (Guillaume de LʼIsle, 1718), gouvernement général d’Orléans (Jaillot, 1721), Orléanais, Perche, Le Mans, Anjou, Touraine, Berry (Le Rouge, 1746), « généralités d’Orléans » (Robert de Vaugondy, 1753), région de la Loire moyenne (N. de Fer, s.d.).
3 Martellière (J.) et Nouel (E.), « Pierre Bordier de Lancé », SA V, 1900 et 1901.
4 Table alphabétique des justices, distances et autres particularités des paroisses de la généralité d’Orléans..., établie par Daniel Jousse (BM Orléans, ms 995), Estais des paroisses des Elections de Beaugency, Blois, Chartres, Chasteaudun, Clamecy, Dourdan, Orléans, Romorantin, Vendosme pour en connaître le produit, dont les indications datent de 1741 (BN, Joly de Fleury, ms 245), Etat généra ! des noms de paroisse de la généralité d’Orléans, établi en 1768 dans les bureaux de l’intendance (AD 45, Ρ 1775).
5 Paumier (R.), Introduction à l’étude de la géographie locale : les grandes régions géologiques du Loir-et-Cher, Vendôme, 1941.
6 Salmon du Châtellier, « La vie agricole au Perche-Gouët », SA V, 1892.
7 Bande ou lisière de terrain laissé inculte autour d’un champ clos de haies, selon Martellière (p.), Glossaire du Vendômois, Orléans-Vendôme, 1893.
8 Salmon du Châtellier, op. cit.
9 Marchand (abbé p.-L.), « Mémoire sur les communes de Rahay et Valennes en l’an IX », publié par LʼHermitte (J.), 1907-1908.
10 Beauvais de Saint-Paul (p.-Α.), Essai historique et statistique sur le canton et la ville de Mondoubleau, Le Mans, 1837.
11 Vallaux (C), « Un petit pays de la vieille France, le Vendômois », La Géographie, 1922, p. 165479.
12 Ce qui explique la présence des châteaux forts jalonnant la vallée : Fréteval, Vendôme, Lavardin, Montoire.
13 Des pécheurs sont mentionnés en tant que tels sur le rôle de taille de la paroisse de Naveil pour l’année 1789 (AD 41, C 226).
14 Voir un témoignage sur les « grottes » du bourg des Roches dans Hugo (Α.), Département de Loir-et-Cher, 1835, p. 54 à 57.
15 Simon (abbé M.), op. cit., t. 3, p. 26.
16 Vallaux (C), op. cit., p. 171.
17 Vallaux (C), op. cit., p. 171.
18 Almanach agricole de l’arrondissement de Vendôme, Vendôme, 1851, p. 41.
19 Vallaux (C), op. cit., p. 171-172.
20 « Journal de Pierre Bordier », op. cit. Selon son éditeur Jean Martellière, nâvrisser serait un diminutif de nâvrer, et signifierait causer un froid très vif.
21 Selon Martellière. (P.), op. cit., une truisse est un têtard, une trogne servant de pied cornier.
22 Pour une vue rapide de l’histoire du duché, voir les pages que jʼai écrites dans Wagret (P.), Histoire de Vendôme et du Vendômois, Toulouse, 1984, p. 89-90 et 106-109.
23 En 1735, le bureau du contrôle de Fréteval est rattaché à celui de Vendôme ; celui de Savigny l’est à celui de Montoire en 1781.
24 Plusieurs exemples dans la région, le plus important résultant de la création en 1723 du grenier à sel d’Herbault, dans le bourg de Jussé. Sur ce point, voir Rabouin (M.-Α.), « La gabelle et le grenier à sel d’Her-bault », SAV, 1895, p. 175-190.
25 Notamment lors du rattachement du duché de Vendôme à la Couronne. Sur ce point, Poitou (C), Paroisses et communes de France, Loir-et-Cher, à paraître.
26 Les paroisses rattachées à Tours appartiennent au bas Vendômois : ce sont celles de Couture, Les Essarts, Montrouveau, Mareé, Sougé, Tréhet et Villedieu ; celles qui sont rattachées à Orléans appartiennent au Perche : il s’agit de Saint-Agil, Boursay, Choue, La Chapelle-Vicomtesse, Saint-Marc-du-Cor, Beauchêne-les-Matras, Fontaine-Raoul, Chauvigny, Le Temple, Epuisay, Romilly, plus Beaulieu — de la paroisse religieuse d’Azé — et la partie de Savigny « qui est au Maine », c’est-à-dire située sur la rive droite de la Braye.
27 Sur ces points, Wagret (P.), op. cit., notamment p. 100, 108 et 115.
28 Paroisses de Landes-le-Gaulois, Champigny, Rhodon, Villefrancceur.
29 Busloup et Boursay sont partagées entre les élections de Vendôme et de Châteaudun. Pezou présente une situation plus complexe encore : le bourg suit la coutume d’Anjou, relève du bailliage de Chartres et de l’élection de Vendôme. Les autres hameaux de la paroisse suivent la coutume de Chartres, relèvent du bailliage de Blois et appartiennent à l’élection de Châteaudun.
30 A Vendôme, un bailliage ; à Mondoubleau, un bailliage secondaire ; et à Montoire, la puissante justice seigneuriale qui a succédé en 1718 au siège royal établi là au lendemain du rattachement du duché à la Couronne.
31 Wagret (P.), op. cit., p. 96-98.
32 Simon (abbé M.), op. cit., t. 3, p. 21.
33 Les changements d’évêques, qui commandent le rythme de la lutte anti-janséniste, ou le renouvellement des ouvrages liturgiques (bréviaire, missel, etc.) ne s’effectuent pas au même moment dans les différents diocèses. Voir Quéniart Q.), Les hommes, l’Eglise et Dieu dans la France du xviie siècle, Paris, 1978.
34 Simon (abbé M.), op. cit., t. 3, p. 74-75.
35 Sur ce légendaire, Cartraud (J.), Légendes de Loir-et-Cher, Blois, 1981.
36 Analyse fondée sur les données de Saint-Venant (R. de), Dictionnaire topographique, historique, biographique, généalogique et héraldique du Vendômois et de l’arrondissement de Vendôme, Vendôme, 1912-1917.
37 Sur cette question des coutumes, LʼEspinay (G. de), La coutume de Vendôme, Angers, 1892, et Yver (j.), Essai de géographie coutumière, Paris, 1966.
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