Un modèle en question ?
p. 13-24
Texte intégral
1Les deux rencontres de 2013 et de 2014 forment l’aboutissement de la réflexion sur la sémiologie de l’État qui était au cœur du projet Signs and States. Après avoir traité des problèmes de la légitimité implicite, de la vérité et de la valeur, il s’agissait de s’interroger sur les mutations des sociétés médiévales à la lumière du double modèle des vecteurs de l’idéel et de la genèse de l’État moderne telles qu’elles sont apparues au fil du déroulement des rencontres. Pour faciliter la discussion et donner une certaine homogénéité aux deux rencontres, un même texte qui constitue le deuxième volet de cette introduction1, intitulé « Vecteurs de l’idéel et mutations des sociétés politiques », avait été envoyé à tous les participants. Certains ont choisi d’y répondre directement dans leurs communications, en indiquant clairement leurs points d’accord ou de désaccord, alors que d’autres n’y font apparemment pas allusion : mais la référence à ce texte a permis d’insuffler la dynamique du dialogue aux discussions, qui ont été l’un des points forts de ces rencontres. À l’issue de la première rencontre, certaines insuffisances ou apories de ce texte étaient néanmoins apparues et un deuxième texte avait été diffusé pour l’amender : cette présente partie de l’introduction le reprend en partie, tout en tenant compte du contenu des interventions liminaires des deux colloques.
2Rappelons tout d’abord, et au plus bref, l’hypothèse de départ de l’ensemble de la réflexion. Au xe siècle, dans un contexte de disparition de tout véritable pouvoir étatique, l’échec de la tentative de restauration d’un pouvoir d’État par les « grands » Carolingiens est consommé et la puissance publique est de facto distribuée entre les membres d’une aristocratie militaire qui impose son dominium sur les hommes et les terres2, dans le contexte d’une vive reprise économique qui s’avérera durable3 puisqu’elle se maintiendra jusqu’à la fin du xiiie siècle et parfois même plus tard, notamment dans le monde méditerranéen. Cette reprise se manifeste principalement par le renouveau urbain – dont les aspects culturels spécifiques doivent aussi pris en compte4 – et la croissance de la production agricole, l’essor démographique et la monétarisation de l’économie5. Or, dès le début du xe siècle, un mouvement parti du monachisme et de l’érémitisme se développe au sein de l’Église chrétienne latine. Il parvient au milieu du xie siècle, grâce à l’appui initial des empereurs germaniques, à s’imposer à la tête d’une papauté jusque-là bien affaiblie. Celle-ci va à son tour – et cette fois contre la volonté de ces mêmes empereurs – étendre son pouvoir à l’Église dans sa double acception sociale et institutionnelle, tout en se posant comme seul pouvoir universel suprême. L’impact politique et religieux de ce mouvement (désigné par le syntagme « réforme grégorienne6 », bien que cette dernière puisse aussi être envisagée dans un sens beaucoup plus restreint) est bien connu, mais ce qui nous importe ici, ce sont les conséquences politiques et culturelles de cette réforme, voulue et mise en œuvre par un groupe d’hommes bien identifié, conséquences qui s’enchaînent pour prendre toute leur ampleur à partir des années 1120-1150, et notamment la transformation en profondeur du système de communication.
3Par « politique », nous n’entendons pas ce qui a pour l’essentiel retenu l’attention des historiens aux xixe et xxe siècles : la « querelle des investitures », la « lutte du Sacerdoce et de l’Empire » ou « de la Papauté et de l’Empire » comme l’appellent diversement les manuels7. Ce qui est en cause ici, c’est la construction progressive et systématique d’un pouvoir symbolique qui prend la forme d’un dominium spirituel suprême capable de contrôler et de diriger le dominium matériel des souverains et des seigneurs, sans toutefois se substituer à lui. Cette phase, religieuse et culturelle (les media du pouvoir symbolique étant de cet ordre), nous est peu à peu apparue comme l’indispensable préalable à la genèse de l’État moderne. Tout autant que sa composante féodale, elle explique les racines européennes de celui-ci. Sans le féodalisme, mais aussi sans cette Église née de la réforme grégorienne, il ne peut y avoir d’État moderne : d’un côté le conseil et donc le dialogue avec la société politique dans laquelle le prince n’est encore qu’un primus inter pares, de l’autre la légitimité et donc l’autorité qu’elle confère pour exercer un rôle dominant. D’où le tournant culturel – qualifié par certains d’« ecclésial » – pris par la réflexion sur la genèse de l’État moderne avec le programme SAS, car seule la recherche sur cette voie permet de retracer la construction par le pouvoir symbolique « des instances capables de faire reconnaître leur monopole légitime du monde social » et de répondre à l’objection cruciale que formulait Pierre Bourdieu à l’encontre des sociologues et des historiens qui s’étaient interrogés sur les origines de l’État moderne8. Les programmes consacrés à la Genèse de l’État moderne, « première manière » qui, il faut bien le reconnaître, ne présentait qu’une partie de l’histoire, ne faisaient à cet égard pas exception, même si leurs acquis ne sont nullement remis en cause9.
4À partir du milieu du xie siècle, l’Église est donc désormais progressivement gouvernée – non sans de fortes et longues résistances ici ou là – par une « monarchie pontificale » qui construit en même temps que la première véritable machinerie bureaucratique européenne, à partir du redéveloppement de la chancellerie pontificale par Léon IX puis par Urbain II, un arsenal législatif qui est immédiatement transmis et développé par les écoles et s’impose rapidement dans toute la chrétienté. L’essence de son pouvoir réside dans l’inscription dans les mentalités individuelles d’un système de représentation assignant à chaque membre du peuple chrétien un objectif personnel du salut auquel il est impossible de se soustraire et qui est strictement contrôlé par l’institution ecclésiale. Pour l’imposer, l’Église a agi sur l’imaginaire individuel et collectif tout autant que sur les media qui permettaient de les atteindre. C’est bien là que les vecteurs de l’idéel et l’exercice du pouvoir symbolique qu’ils permettent prennent toute leur ampleur. En ce sens, il faut reconnaître que c’est bien cette action qui a engendré les huit révolutions décrites dans « Vecteurs de l’idéel et mutations des sociétés politiques », même si d’autres forces sont impliquées dans ce processus, qu’il s’agisse des communautés au sens large, des villes10 ou des états en devenir : révolutions éducative et intellectuelle, révolution culturelle de la littératie, révolutions du livre, du droit et du sensible qui, cumulées et combinées, aboutissent à une profonde mutation culturelle qui transforme complètement le système de représentation et de communication11. Le texte précisant les contours de ces huit révolutions (voir plus loin) a, comme il se devait, fait l’objet de vives discussions, aussi bien en 2013 qu’en 2014, et au vu de ces dernières il est donc bon de préciser un certain nombre d’éléments qui sont intervenus dans les débats.
5En effet, il ne faut pas perdre de vue que cette mutation – j’emploie ici à dessein et de préférence ce terme et non celui de révolution, que je préfère réserver aux huit processus énumérés plus haut – a été voulue et pour l’essentiel réalisée par les hommes d’Église12. Or, si elle a été en apparence un succès en générant le « second christianisme » (bien reconnu et dénoncé comme tel par les réformateurs, de Wyclif à Luther et Calvin13), elle a finalement conduit à un échec politique, sinon total du moins partiel. Non seulement la profonde transformation du système de représentation et de communication n’a pas donné à l’Église l’empire politique auquel elle prétendait, mais elle a affaibli son monopole de fait du pouvoir symbolique. Elle a en effet favorisé la renaissance rapide du pouvoir politique, que ce soit celui des cités ou celui des détenteurs du dominium qui disposaient d’un capital matériel et symbolique suffisant pour consolider leur domination spatiale en développant des structures administratives : les souverains n’ont pas été longs à mettre à profit la science des canonistes – dont beaucoup étaient à leur service14 – et à réaliser les possibilités qu’offrait l’instrument qu’ils avaient redécouvert, le droit romain, pour s’ériger à leur tour en législateurs. Une longue période de cohabitation conflictuelle et de concurrence entre des pouvoirs symboliques à la fois complices et concurrents s’ouvre alors sur un premier temps de conflits aigus au tournant du xiiie et du xive siècle, marquée à la fois par la contestation d’essence franciscaine au sein même de l’Église15 et, en dehors d’elle, par les prétentions de la monarchie capétienne16, affirmées moins par l’épisode d’Anagni que par la prétention de juger le pape Boniface VIII17 et la condamnation des Templiers18. La contestation interne va se recentrer sur la problématique du pouvoir et déboucher dès le xive siècle sur la Réforme, et quant aux prétentions capétiennes, si elles feront long feu, elles vont imprégner l’idéologie de la monarchie absolue de droit divin, exemple même du compromis ambigu qu’impose la cohabitation des pouvoirs symboliques concurrents de l’Église et de l’État. Et cette situation va durer au moins jusqu’au xviiie siècle, âge des lumières et des révolutions.
6Ces entités politiques que sont les cités et les premiers États modernes ne sont donc en rien des « héritiers » génétiques de l’Église, mais en fonction de la structure sociale de leurs populations, ils ont plus ou moins pu capter à leur profit ces mutations du système culturel et du système de communication dont l’Église reste le principal déclencheur. Nous avons plus haut évoqué le cas des canonistes, des clercs qui dès le milieu du xiie siècle n’hésitent pas à se mettre au service des pouvoirs séculiers. L’un des leviers sur lesquels se sont en effet appuyés ces cités et ces embryons d’État moderne est la participation des hommes d’Église au processus administratif auquel ils apportent leurs compétences de lettrés19. Ces transformations ont été des éléments indispensables à la production sociale de l’État puisqu’ils produisent les cadres de légitimation qui engendrent à tous les niveaux de la société politique l’adhésion des individus socialisés que sont les sujets/citoyens, cette adhésion minimale sans laquelle l’État ne peut exister : la production sociale de l’État est aussi une production culturelle.
7Peut-on déduire de cette analyse structurelle un modèle ? Ce serait celui d’une transformation radicale du système culturel et du système de communication, essentiellement due à l’action déterminée des détenteurs d’un pouvoir symbolique méthodiquement construit, constituant la partie cléricale de la classe dominante, qui entraînerait dans un second temps une transformation radicale du système politique, mais pas forcément au profit du groupe social qui a déclenché le mouvement. En 2013, l’analyse historique sur laquelle s’appuie ce modèle a été critiquée (et l’on retrouvera ces critiques dans le présent volume) – notamment parce qu’aux yeux de certains, elle paraissait négliger les facteurs économiques et qu’elle risquait de substituer à la genèse sociale de l’État – l’hypothèse que je continue à défendre – une génétique organique où l’État n’apparaîtrait que comme un rejeton de l’Église. Il faut bien sûr prendre en compte ces critiques : il n’en reste pas moins que le modèle n’a pas été fondamentalement remis en cause et qu’il faut donc continuer à l’éprouver, ne serait-ce que pour ce qu’il peut nous apprendre sur notre époque où l’État est confronté à une transformation du système culturel (et plus particulièrement du système de communication) d’une ampleur égale mais à un rythme, ou plutôt, pour suivre Jean-Claude Schmitt, à des rythmes20 beaucoup plus rapides que ceux de la période qui sert ici de référence.
8Première façon d’éprouver le modèle, puisque l’histoire est avant tout affaire de temps, sa chronologie. On a beaucoup insisté au cours de ces quatre années de travail sur le point de départ (xie-xiie siècles) bien qu’il se situe en dehors du programme SAS proprement dit : celui-ci consiste précisément à analyser les effets de cette crise initiale – la mutation du système culturel engendrée par la mise en place du second christianisme et les « huit révolutions » – sur les transformations culturelles, politiques et sociales que connaît l’Occident latin en cernant plus précisément les problématiques du pouvoir symbolique et du système de communication. D’où une contradiction, qui a été soulignée par Patrick Boucheron : pourquoi utiliser un vocabulaire « révolutionnaire » alors que le concept même de genèse implique un mouvement lent et progressif, qui exclut des bornes nettes ? Je me suis déjà expliqué plus haut sur l’usage de ces vocables21, mais quant au fond, la contradiction n’est qu’apparente. Commençons par la chronologie du démarrage, dans une perspective générale qui s’inscrit délibérément dans « le long Moyen Âge » de Jacques Le Goff22. Les « huit révolutions » interagissent les unes sur les autres et les processus qu’elles mettent en œuvre s’intensifient et se transforment dans la longue durée : les étudiants et les maîtres des écoles cathédrales ne sont rien à côté des effectifs des universités du xve siècle ; de même, la production des scriptoria monastiques, si elle marque une rupture avec les procédures de diffusion carolingiennes, pâlit devant les 80 000 bibles parisiennes du xiiie et du xive siècle23, et plus encore devant les incunables de la seconde moitié du xve siècle. Mais les premières étapes de ces processus sont révolutionnaires en ce qu’ils matérialisent des changements radicaux, après lesquels « rien ne sera plus comme avant ». Leurs effets sociaux (et, en l’occurrence, politiques) se font sentir très rapidement, sur les cités d’abord, sur les États ensuite. Dans le cas du recours à l’écrit, sa généralisation et le développement des « routines bureaucratiques » qu’il génère permettent en effet le passage d’une structure purement féodale, où les vassaux participent en personne au fonctionnement de la curia seigneuriale et constituent la principale sinon la seule force militaire sur laquelle peut s’appuyer le princeps, à une structure administrative placée au service d’un dominus laïc. Ainsi naissent les monarchies administratives, les unes après les autres, dans le courant du xiie siècle. Cela est possible parce que les clercs entrent au service de ces cités et de ces princes ; autrement dit, en termes sociaux, la fraction cléricale de la classe dominante œuvre au service de la fraction laïque. De plus, le système bénéficial joue en faveur des employeurs laïcs, puisqu’il fonctionne à leur profit en permettant de subvenir partiellement aux besoins des clercs employés24.
9L’acceptation par les domini laïcs du dominium spirituel des clercs (y compris les empereurs et leurs partisans gibelins : une telle reconnaissance n’implique pas ipso facto celle de la suprématie pontificale) justifie le fait que les clercs ont pu travailler pour des pouvoirs laïcs qui assuraient leur sécurité, à partir du moment où ils respectaient leur statut clérical et les biens de l’Église : même si cela n’a pas été sans provoquer de douloureux conflits moraux, comme en témoigne l’œuvre d’un Jean de Salisbury25 ou d’un Pierre de Blois26, et celles de biens d’autres serviteurs ecclésiastiques de la dynastie des Plantagenêts27, les clercs obtenaient de participer au pouvoir avec tous les avantages que cela comportait pour eux et pour l’Église elle-même28. D’une certaine façon, cette classe dominante dont nous soulignions la dualité au xe siècle s’est ainsi trouvée réunifiée, ce qui n’a pas échappé aux dominés. Ce faisant, les clercs éliminaient d’ailleurs des concurrents potentiels29. On a donc affaire à des chronologies à la fois enchaînées et parallèles, dans lesquelles interviennent des processus qui sont bien « révolutionnaires », non du fait de leur soudaineté, mais pour l’intensité des transformations qu’ils produisent : ils agissent les uns sur les autres. Les rythmes et la rapidité de ces enchaînements dépendent non seulement des délais induits par le temps nécessaire pour que chacun des processus produise ses effets, mais aussi de l’état de chacune des sociétés au sein desquels ils opèrent. Le temps rejoint ici l’espace.
10Empruntons, à titre d’exemple, les résultats de recherches récentes30 sur l’évolution du rythme et des structures de production et de diffusion des manuscrits dans la Russie du xvie siècle pour tenter une comparaison. Le nombre des manuscrits est faible par rapport à celui que nous connaissons pour l’Occident latin de la fin du Moyen Âge, mais l’enquête ne porte que sur les manuscrits disposant d’un colophon, ce qui réduit un peu l’écart. Certains aspects sont proches de ce que l’on constate dans l’Occident latin : la production est bien dispersée sur l’étendue du territoire, les manuscrits ne sont pas seulement copiés dans et pour les monastères mais aussi pour les églises paroissiales. Et si les laïcs ne représentent qu’un peu moins de 50 % des scripteurs, une forte proportion des acheteurs est constituée par des boyards et des membres de la petite noblesse provinciale, avec quelques marchands ou bureaucrates. La grande différence avec l’Occident est l’absence des manuscrits que l’on pourrait dire « universitaires » : les moines sont là, les scribes et les églises paroissiales aussi, de même que des lecteurs compétents, mais l’absence de l’un des chaînons, essentiel pour l’Occident latin, celui de la « révolution éducative » qui n’aura véritablement d’effets en Russie qu’au xviiie siècle, aboutit à amoindrir de l’écrit sur la société et à un système de communication complètement différent31.
11De ce fait, la chronologie de la borne terminale est également très problématique. Ces enchaînements, avec des tempi différents, font que ces « révolutions » ne produisent pas leurs effets partout au même moment. Cependant, la question est en plus obscurcie par l’historiographie, en particulier par la place quelque peu extravagante occupée dans la périodisation académique française à la fois par la césure traditionnelle (routinière ?) entre la période médiévale et la période moderne (d’ailleurs floue : 1454 ? 1492 ?) et surtout par la « Renaissance32 ». Le « long Moyen Âge » de Jacques Le Goff qui entend donner tout le poids de leur durée à d’autres phénomènes souvent décrits comme révolutionnaires alors qu’ils sont en fait le produit de genèses longues qui puisent leurs origines dans les mutations médiévales, à commencer par la révolution scientifique et la révolution industrielle, en repoussant les limites du Moyen Âge au milieu du xixe siècle33. Mais notre objectif, rappelons-le, est le pouvoir symbolique, et le passage sinon du monopole, du moins de la domination ecclésiale en la matière à une situation dans laquelle l’Église n’est qu’un intervenant parmi d’autres. Dont l’État bien sûr, mais pas seulement : l’Église catholique n’est plus elle-même que l’une des composantes – même si elle reste la principale – du monde religieux, à partir du moment où la Réforme (protestante) et la Contre-Réforme (catholique), dans laquelle elle s’insère, tentent par des voies différentes d’établir à nouveau une domination du religieux sur le pouvoir symbolique dans les contextes de l’absolutisme et de la confessionnalisation34. L’échec de cette tentative se précise progressivement à partir du milieu du xviie siècle : la conjonction de la révolution scientifique, de la révolution industrielle, de la globalisation qu’entraînent les conquêtes coloniales et les révolutions politiques (Angleterre, États-Unis, France, puis l’extension à l’Europe à travers le modèle napoléonien) crée une conjoncture entièrement différente où les transformations intellectuelles et esthétiques vont de pair avec l’industrialisation de la production culturelle et la généralisation de l’éducation pour soutenir une évolution vers la nationalisation et la démocratisation du politique, l’État moderne prenant la forme de l’État nation. L’on est là dans un autre monde, même si la dialectique culturel/politique continue de toute évidence à opérer.
12Deuxième épreuve : celle de l’espace d’expansion du modèle, mais dans un espace qu’il faut combiner avec la chronologie, ce qui conduit à explorer cette dimension spatiale dans deux directions bien distinctes. Le fait que l’État reparaisse et se développe dans cet espace même où la désintégration de l’Empire romain a été la plus extrême – au point que ses structures administratives ont pu être récupérées par l’Église – pose implicitement le problème du devenir des deux espaces politiques médiévaux qui peuvent eux aussi revendiquer l’héritage de Rome, le monde byzantin – l’héritier légitime, après tout – et l’Islam35. Traiter de façon synthétique les trois espaces est une méthode qui peut s’avérer très féconde, et Chris Wickham en a donné une magnifique démonstration pour le haut Moyen Âge36. Aurait-il été possible d’adopter cette approche pour la période qui nous intéressait ? Sans doute, mais le temps a manqué et il a fallu se contenter de quelques communications ponctuelles, mais je crois importantes, comme celles que contient le présent volume, sur les mondes byzantin et islamique. Espérons que cette voie pourra être poursuivie dans un futur pas trop éloigné, en ces temps où les historiens se targuent de globalisation, où la nécessité d’élargir le champ des comparaisons, comme le fait d’ailleurs ici même Benoît Grévin37, apparaît incontournable.
13L’autre direction est celle de l’expansion spatiale du modèle, en particulier à l’autre extrémité de l’éventail chronologique. Dans les colloques et les volumes du Pouvoir symbolique en Occident, l’accent a été mis sur l’espace politique des royaumes d’Occident et des cités italiennes, et sur un espace culturel où brillent les grandes universités médiévales et l’humanisme – et surtout l’italien – mais est-ce justifié ? La réponse est clairement non : ceci est dû en partie à des raisons de circonstances (le choix de privilégier l’Italie pour mieux cerner la question des différences entre Cité-État) et pour éviter une trop grande dispersion géographique dans les autres aires européennes, en revanche systématiquement traitées dans les volumes de The Origins of the Modern State. Des aperçus, certes insuffisants, ont cependant été ménagés dans les différents volumes, vers l’ensemble de l’espace européen, l’Allemagne, l’Angleterre, la Catalogne, la Castille, le Portugal, la Flandre, la Russie, la Pologne, la Hongrie, la Dalmatie et la Scandinavie. Sur ce point, une perspective novatrice a d’ailleurs été ouverte par Jérôme Baschet qui a analysé la colonisation européenne de l’Amérique latine comme un prolongement du féodalisme européen. Il s’agit en l’occurrence d’un féodalisme d’État, dans lequel des revenus et des positions de pouvoir sont attribués aux membres de la classe dominante, à l’exclusion des terres dont l’État conserve le contrôle : il décrit précisément comment l’encomienda, « bien concédé par l’État en échange d’un service » – donc un fief –, est en fait un droit tributaire portant sur la population indigène, mais que celle-ci en conserve la propriété sous la protection de l’État38. Et à partir du cas latino-américain, ce sont tous les espaces touchés par la colonisation qui sont concernés.
14On peut le regretter, mais à la fin d’un programme qui n’a duré que quatre années bien trop vite écoulées, il a fallu se concentrer sur un objectif relativement limité et c’est donc dans un cadre spatial et chronologique plus restreint que celui que nous ambitionnions au départ que nous avons pu explorer à travers l’idéel et ses media la façon dont le système culturel et le système de communication en viennent à entretenir un rapport dialectique avec le système politique. Le dernier ensemble de réflexions et d’études de cas qu’apporte ce dernier volume vient confirmer la complexité des mécanismes mis en œuvre, où ceux qui prétendent agir sur la société sont le plus souvent agis par elle. Il faudra continuer à travailler comme on a essayé de le faire pendant ces quatre années de travail, en s’appuyant toujours sur les propositions et le renouvellement critique des sciences sociales qui apportent beaucoup à l’historien : mais il nous faut persévérer en tant qu’historiens à explorer avec toute la précision possible la multiplicité des lieux, des temps et des conjonctures pour nourrir les perspectives comparatistes et féconder l’indispensable réflexion théorique.
Notes de bas de page
1 Voir, au sein du présent ouvrage, la contribution de J.-P. Genet, « Vecteurs de l’idéel et mutations des sociétés politiques ».
2 L’échec auquel il est fait ici allusion est celui de la création d’un type d’État qui, tout en se réclamant du précédent impérial romain et byzantin, tente d’instaurer un nouveau modèle de rapport avec l’Église d’une part en même temps qu’avec les élites aristocratiques, de l’autre : il s’effondre progressivement dès le règne de Louis le Pieux.
3 Voir désormais sur le contexte écologique de ce redémarrage, B. Campbell, The Great Transition. Climate, Disease and Society in the Late Medieval World, Cambridge, Cambridge University Press, 2016.
4 J.-P. Genet, La mutation de l’éducation et de la culture médiévales. Occident chrétien (xiie-milieu du xve siècle), Paris, Seli Arslan, 1999, p. 35 et 37-41.
5 Sur tous ces aspects, R. Fossier, Enfance de l’Europe. Aspects économiques et sociaux, xe-xiie siècles, Paris, Presses universitaires de France, 1982, 2 vol. ; pour la démographie, J.-N. Biraben, Les hommes et la peste en France et dans les pays européens et méditerranéens. I. La peste dans l’histoire, Paris/La Haye, Mouton, 1975 ; pour les villes, P. Boucheron, D. Menjot, La ville médiévale, Paris, Seuil (Histoire de l’Europe urbaine, 2), 2003, et pour la monétarisation, R. H. Britnell, Markets, Trade and Economic Development in England and Europe, 1050-1550, Farnham, Variorum reprints, 2009.
6 P. Toubert, « Église et État au xie siècle : la signification du moment grégorien pour la genèse de l’État moderne », dans J.-P. Genet, B. Vincent (éd.), État et Église dans la genèse de l’État moderne, Madrid, Casa de Velázquez (Bibliothèque de la Casa de Velázquez, 1), 1986, p. 9-22.
7 J’emploie ici ce mot parce qui’il s’agit de pouvoir symbolique et non de pouvoir au sens habituel : voir les observations de A. I. Carrasco Machado, « ¿ Por qué escribiamos politica en la Edad Media, cuando queremos decir poder ? Por una necesaria renovación conceptual en el estudio de la sociedad medieval », dans ead. (dir.), El historiador frente a las palabras. Lenguaje, poder y política en la sociedad medieval : nuevas herramientas y propuestas, Lugo, Axac, 2017, p. 257-277.
8 « Un très bon historien peut dire : “Ce qui fait l’État moderne, c’est fondamentalement l’établissement d’une fiscalité d’État” et, cinq pages plus loin, dire : “Pour que l’impôt puisse être instauré, il fallait que fut reconnue la légitimité de l’instance instaurant l’impôt”, autrement dit, il fallait tout ce que j’ai dit, à savoir des instances capables de faire reconnaître leur monopole légitime du monde social » : P. Bourdieu, Sur l’État. Cours au Collège de France, 1989-1992, Paris, Seuil, 2012, p. 117. Voir aussi J.-P. Genet, « À propos de Pierre Bourdieu et de la genèse de l’État moderne », Actes de la recherche en sciences sociales, 201-202, 2014, p. 98-105.
9 W. Blockmans, « Les origines de l’État moderne en Europe », dans id., J.-P. Genet (dir.), Visions sur le développement des États européens. Théories et historiographies de l’État moderne, Romen École française de Rome, 1993, p. 1-14, et J.-P. Genet, « La genèse de l’État moderne : les enjeux d’un programme de recherche », Actes de la recherche en sciences sociales, 118, 1997, p. 3-18.
10 Contrairement à ce que l’on me fait dire parfois, je ne pense pas avoir négligé le facteur urbain dans la transformation de la culture médiévale : voir id., La mutation de l’éducation et de la culture médiévales…, op. cit., p. 24-28 et 59-91.
11 Le lien entre genèse de l’État et cette mutation a été remarquablement mis en évidence pour l’Angleterre par P. Corrigan et D. Sayer, The Great Arch. English State Formation as Cultural Revolution, Oxford, Blackwell, 1985.
12 Voir l’intuition de P. Bourdieu sur ce point : « le paradigme de la constitution du capital religieux […] est le paradigme de toutes les formes de dépossession […]. C’est la constitution de l’Église qui engendre le profane […]. C’est le clerc qui constitue le laïc » : P. Bourdieu, Sur l’État…, op. cit., p. 362-363. Voir aussi id., « Une interprétation de la théorie de la religion selon Max Weber », Archives européennes de sociologie/European Journal of Sociology, 12, 1971, p. 3-21.
13 La démonstration de la déformation des véritables principes de l’Église par la papauté médiévale est faite par les « Centuries de Magdebourg », rédigées sous la direction de Mathias Flacius Illyricus : Ecclesiastica Historia secundum singulas centurias, Bâle, J. Operinus, 1559-1574, 3 vol.
14 Voir l’exposé classique de S. Kuttner et E. Rathbone, « Anglo-Norman Canonists of the Twelfth Century », Traditio, 7, 1949-1951, p. 279-358.
15 Présentation synthétique dans J. Coleman, « Property and Poverty », dans J. Burns (dir.), The Cambridge History of Medieval Political Thought, c. 350-c. 1450, Cambridge, Cambridge University Press, 1988, p. 607-648.
16 Voir la théorie de la royauté christocentrique et de la « pontificalisation » de la monarchie capétienne développée récemment par J. Théry-Astruc et E. Brown : J. Théry-Astruc, « The Pioneer of Royal Theocracy. Guillaume de Nogaret and the Conflicts between Philip the Fair and the Papacy », dans W. C. Jordan, J. R. Philips (éd.), The Capetian Century, 1214-1314, Turnhout, Brepols, 2017, p. 219-259, et id., « Negocium Christi. Guillaume de Nogaret et le christocentrisme capétien, de l’affaire Boniface VIII à l’affaire du Temple », dans L. Andreani, A. Paravicini-Bagliani (éd.), Cristo e il potere. Teologia, antropologia e politica, Florence, Sismel/Edizioni del Galluzzo, 2017, p. 183-210, et les deux contributions de E. Brown au programme SAS : E. A. R. Brown, « Veritas à la cour de Philippe le Bel de France : Pierre Du Bois, Guillaume de Nogaret, et Marguerite Porete », dans J.-P. Genet (dir.), La vérité. Vérité et crédibilité : construire la vérité dans le système de communication de l’Occident (xiiie-xviie siècle), Paris/Rome, Publications de la Sorbonne/École française de Rome (Le pouvoir symbolique en Occident [1300-1640], 2), 2015, p. 425-445, et ead., « Les assemblées de Philippe le Bel : la promotion de l’image d’un gouvernement consultatif et consensuel », dans J.-P. Genet, D. Le Page, O. Mattéoni (dir.), Consensus et représentation, Paris/Rome, Publications de la Sorbonne/École française de Rome (Le pouvoir symbolique en Occident [1300-1640], 11), 2017, p. 61-94.
17 Essentiel est ici J. Coste, Boniface VIII en procès. Articles d’accusation et déposition des témoins (1303-1311). Édition critique, introductions et notes, Rome, L’Erma di Bretschneider, 1995.
18 A. Demurger, Les Templiers. Une chevalerie chrétienne au Moyen Âge, Paris, Seuil, 2005.
19 Je renvoie aux deux articles classiques de J. Baldwin, « Studium et Regnum : the Penetration of University Personnel into French and English Administration at the Turn of the Twelfth and Thirteenth Centuries », Revue des études islamiques, 44, 1976, p. 199-215, et « Masters at Paris from 1179 to 1215 : a Social Perspective » dans R. L. Benson, G. Constable, C. D. Lanham (éd.), Renaissance and Renewal in the Twelfth Century, Toronto, University of Toronto Press, 1991 [1982], p. 138-172.
20 J.-C. Schmitt, Les rythmes au Moyen Âge, Paris, Gallimard, 2016, p. 16-17.
21 Notons une discussion du même ordre dans C. Giraud, « Schools and the Renaissance of the Twelfth Century » dans id. (éd.), A Companion to Twelfth-Century Schools, Leyde, Brill (Brill’s Companion to the Christian Tradition, 88), 2020, p. 1-9 : il note d’ailleurs que J. Verger parle pour la période d’une « révolution scolaire » (J. Verger, La Renaissance du xiie siècle, Paris, Cerf, p. 98 et 108).
22 J. Le Goff, « Pour un long Moyen Âge », dans id., L’imaginaire médiéval, Paris, Gallimard, 1985, p. 7-13, et plus encore la préface du même volume, notamment p. VIII-IX.
23 C. Ruzzier, Entre université et ordres mendiants : la production et la diffusion de la Bible aux xiiie et xive siècles, thèse de doctorat, université Paris I – Panthéon-Sorbonne, 2010 ; voir en général la contribution de E. Ornato, « Quelques réflexions pour une histoire matérielle de la culture écrite dans le monde occidental », au sein du présent ouvrage.
24 Vue d’ensemble dans P. Montaubin, « L’administration pontificale de la grâce au xiiie siècle. L’exemple de la politique bénéficiale », dans H. Millet (dir.), Suppliques et requêtes. Le gouvernement par la grâce en Occident (xiie-xve siècle), Rome, École française de Rome (Collection de l’École française de Rome, 310), 2003, p. 322-342.
25 Voir désormais C. Grellard, F. Lachaud, A Companion to John of Salisbury, Leyde, Brill, 2015, et ead., Jean de Salisbury : nouvelles lectures, nouveaux enjeux, Florence, Sismel/Edizioni del Galuzzo, 2018.
26 R. W. Southern, « Peter of Blois. A Twelfth-Century Humanist », dans id., Medieval Humanism and Other Studies, Oxford, Blackwell, 1970, p. 105-134, et J. D. Cotts, The Clerical Dilemma. Peter of Blois and Literate Culture in the Twelfth Century, Washington, Catholic University of America Press, 2009.
27 Voir A. Chauou, Les Plantagenêts et leur cour, 1154-1216, Paris, Presses universitaires de France, 2019, p. 141-143.
28 Voir par exemple H. Millet, « La place des clercs dans l’appareil d’État en France à la fin du Moyen Âge » dans J.-P. Genet, B. Vincent (éd.), État et Église…, op. cit., p. 239-248, et ead. (dir.), I canonici al servizio dello Stato in Europa, secoli XIII-XVI, Modène, Franco Cosimo Panini Editore, 1992.
29 Les seuls concurrents lettrés dont disposaient les pouvoirs européens étaient les Juifs, qui ont joué un rôle important dans les débuts administratifs de plusieurs royaumes ibériques : cf. R. I. Moore, The Formation of a Persecuting Society : Authority and Deviance in Western Europe, 950-1250, Oxford, Blackwell, 1991 [trad. fr. : Paris, Les Belles Lettres, 1997].
30 A. S. Usachov, Kнигописание в России XVI века : по материапам датированньɪх вьɪходньɪх записеҋ, Moscou/Saint-Pétersbourg, Archéo, 2018, 2 vol., analyse les 734 colophons (édités dans le vol. 2) qui subsistent dans les manuscrits copiés au xvie siècle en Russie, ce qui bouleverse les idées reçues fondées sur la seule production des grands monastères.
31 Ce problème a en revanche été une préoccupation constante dans les programmes de la Fondation européenne de la science : W. Blockmans, J.-P. Genet (dir.), Origins of the Modern State in Europe, 13th-18th Centuries, Oxford, Oxford University Press, 1995-2000, 7 vol. (trad. fr. : Les origines de l’État moderne en Europe, xiiie-xviiie siècle, Paris, Presses universitaires de France, 1996-2001, 7 vol.).
32 « Il faut donc faire sauter le bouchon de la Renaissance », dit J. Le Goff, L’imaginaire…, op. cit., p. XII. Ce n’est qu’un concept d’usage. Dès que la focale embrasse l’Europe au lieu d’un espace national contemporain, la chronologie s’étire du xiiie au xvie siècle. De surcroît, les médiévistes en connaissent deux (si ce n’est trois) : la Renaissance carolingienne, popularisée par les historiens de la littérature ou de l’art, mais reconnue par les historiens qui estiment qu’il faudrait même parler de deux Renaissances, la première autour de Charlemagne, la seconde autour de Charles le Chauve : cf. G. Bührer-Thierry, C. Mériaux, 481-888. La France avant la France, Paris, Folio, 2019 [2010], p. 481-493. Et la Renaissance du xiie siècle : C. H. Haskins, The Renaissance of the Twelfth Century, Cambridge (Mass.), Harvard University Press, 1957 [1927], et R. L. Benson, G. Constable, C. D. Lanham (éd.), Renaissance and Renewal…, op. cit. Voir aussi F. Mazel, « Un, deux, trois Moyen Âge ? Enjeux et critères des périodisations internes de l’époque médiévale », et id. (avec J. Le Bihan), « Aux frontières des quatre périodes canoniques. Premier bilan d’une enquête », dans S. Gibert, J. Le Bihan, F. Mazel (dir.), Atala. Cultures et Sciences humaines, 17 : Découper le temps. Actualité de la périodisation en histoire, 2014, respectivement p. 101-113 et 233-247.
33 « Ce sont donc les Temps modernes, de la Réforme à la Révolution industrielle, qui constituent dans un mélange de stagnation (Ancien Régime économique et politique) et d’innovation (naissance de la science moderne, rationalisme des Lumières, affirmation de l’idée de progrès, et, bien sûr, Révolution française dont les effets profonds ne se feront sentir qu’au cours du xixe siècle, comptés avec ceux de la Révolution industrielle), le troisième volet de ce long Moyen Âge » : J. Le Goff, L’imaginaire…, op. cit., p. XII-XIII.
34 J. Delumeau, Naissance et affirmation de la Réforme, Paris, Presses universitaires de France, 2012 [1965], 11e éd. revue par B. Cottret et T. Wanegffelen, et id., Le catholicisme entre Luther et Voltaire, Paris, Presses universitaires de France, 2010 [1971], 7e éd. revue par M. Cottret.
35 Ce que j’ai tenté d’éclairer, mais avec les limites inhérentes à tout manuel, dans Le monde au Moyen Âge, Paris, Hachette, 2004 [1991], 2e éd.
36 C. Wickham, Framing the Early Middle Ages. Europe and the Mediterranean, 400-800, Oxford, Oxford University Press, 2005.
37 Voir la contribution de B. Grévin, « Langues du pouvoir et sociétés traditionnelles. Jalons pour un comparatisme eurasiatique (Moyen Âge-époque moderne) », au sein du présent ouvrage.
38 J. Baschet, La civilisation féodale. De l’an mil à la colonisation de l’Amérique, Paris, Aubier, 2004, p. 264-265 : J. Baschet a été plusieurs fois invité à participer aux colloques des Vecteurs de l’idéel, mais leurs dates étaient malheureusement incompatibles avec ses périodes d’enseignement au Mexique.
Auteur
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Marquer la ville
Signes, traces, empreintes du pouvoir (xiiie-xvie siècle)
Patrick Boucheron et Jean-Philippe Genet (dir.)
2013
Église et État, Église ou État ?
Les clercs et la genèse de l’État moderne
Christine Barralis, Jean-Patrice Boudet, Fabrice Delivré et al. (dir.)
2014
La vérité
Vérité et crédibilité : construire la vérité dans le système de communication de l’Occident (XIIIe-XVIIe siècle)
Jean-Philippe Genet (dir.)
2015
La cité et l’Empereur
Les Éduens dans l’Empire romain d’après les Panégyriques latins
Antony Hostein
2012
La délinquance matrimoniale
Couples en conflit et justice en Aragon (XVe-XVIe siècle)
Martine Charageat
2011
Des sociétés en mouvement. Migrations et mobilité au Moyen Âge
XLe Congrès de la SHMESP (Nice, 4-7 juin 2009)
Société des historiens médiévistes de l’Enseignement supérieur public (dir.)
2010
Une histoire provinciale
La Gaule narbonnaise de la fin du IIe siècle av. J.-C. au IIIe siècle ap. J.-C.
Michel Christol
2010