Protée au royaume de Fierabras
Formes, fonctions et utilité de l’idéal chevaleresque pour la noblesse de France à la Renaissance
p. 243-262
Résumé
L’imaginaire de la chevalerie est au cœur de l’identité et de l’éthos nobiliaire au début de l’époque moderne. Des cours princières européennes aux résidences nobiliaires dans les provinces, l’idéal chevaleresque est promu et présenté comme le champ d’expérience et l’horizon d’attente des gentilshommes. Ceux qui dénoncent leurs mœurs et leurs exactions usent, eux aussi, de ce référent pour mieux mettre en avant les perversions du second ordre. Mais que sait-on de cette culture de la guerre ? Elle est encore bien souvent présentée comme un bloc monolithique, enferrée dans des valeurs médiévales, désuètes et déconnectées des réalités sociales, politiques et militaires. Pourtant, l’idéal chevaleresque n’est pas un objet figé qui s’imposerait à la noblesse de la Renaissance. Ceux qui le revendiquent, s’approprient son héritage, le restaurent suivant les normes et les valeurs de leur temps, et le modèlent selon leurs intérêts et l’usage qu’ils comptent en faire. La culture chevaleresque apparaît alors dans toute sa diversité et dans toute sa complexité.
Texte intégral
1Au début du siècle dernier, Johan Huizinga et Raymond Kilgour décrivaient les xive et xve siècles comme l’« automne du Moyen Âge » et le « crépuscule de la chevalerie »1. De leur point de vue, l’idéal chevaleresque, perverti par les appétits matériels et les valeurs courtoises, disparaissait à la fin du Moyen Âge. S’ils rompaient ainsi avec la vision évolutionniste de la chevalerie qui, depuis la fin de l’époque moderne, faisait de la culture chevaleresque un des piliers de la « civilisation des mœurs2 », ils en conservaient pourtant une image essentialiste. Figé dans une perfection originelle, son idéal aurait été incapable de s’adapter à la genèse de l’État moderne, à la crise économique, politique et morale de la noblesse, et aux transformations de l’art de la guerre marquant le passage à la modernité3. Ses rémanences ne pouvaient alors être autre chose que le rêve dépourvu de sens d’une noblesse dépassée par le cours de l’histoire.
2Ce modèle explicatif est aujourd’hui contesté par de nombreux travaux soulignant la pertinence de la culture chevaleresque dans toute l’Europe de la fin du Moyen Âge4. Les lectures « déclinologistes » de son idéal et linéaires de la construction de l’État ont, elles aussi, été battues en brèche5. L’on sait aujourd’hui que cette culture a été constamment remaniée depuis les xie et xiie siècles. À la fin de la période médiévale, les guerres intestines et étrangères, les aspirations princières et dynastiques, en Bourgogne, en Savoie et dans la péninsule italienne, ainsi que l’essor de l’imprimerie offrent un cadre favorable à une nouvelle restauration de cet imaginaire. À l’orée du xvie siècle, la chevalerie apparaît ainsi comme une culture originale.
3Désormais, les historiens se consacrent donc à l’étude de ses significations, de ses fonctions sociales et à sa place dans les relations entre l’État et la noblesse6. Toutefois, trop souvent encore, son idéal est considéré comme un bloc monolithique, figé dans des valeurs médiévales et isolé des évolutions du contexte politique, religieux et militaire. Il est donc important de revenir sur la manière dont cet imaginaire s’adapte à la modernité, afin d’en saisir toute la richesse et toute la complexité. Les sources littéraires, les mémoires d’hommes de guerre et les traités militaires ou de noblesse révèlent, en effet, une culture dynamique et protéiforme, louvoyant entre héritages et inventions7. Pour leurs auteurs, cette culture est avant tout une pratique qui intègre les discours au point qu’ils en viennent à déterminer eux-mêmes, à bien des égards, les usages. La culture chevaleresque échappe ainsi à la fois aux analyses essentialistes et constructivistes. Ses multiples réappropriations en font une culture guerrière plurielle, susceptible tout à la fois de servir les intérêts de l’État et de répondre aux multiples sensibilités de la noblesse. Saisir la manière dont elle est réinventée est donc essentiel à la compréhension de sa signification et de son utilité dans la société du xvie siècle.
4Si partout en Europe, les vieux romans peuplent les bibliothèques royales, princières et nobiliaires et enflamment l’imagination des gentilshommes8, si leurs valeurs s’expriment dans les ordres de chevalerie laïcs, les fêtes et cérémonies curiales et nobiliaires9, les expériences politiques et sociales de chaque État façonnent toutefois des idéaux et des modèles selon des rythmes et des caractères qui leur sont propres. L’idéal chevaleresque doit ainsi s’accommoder des transformations du pouvoir, du renouvellement des élites et de la promotion, par l’humanisme, d’un modèle social fondé plutôt sur la vertu que sur la naissance10. Ses idéaux d’égalité et d’indépendance sont questionnés. Dans le royaume de France, il est remodelé par la résistance des grands princes territoriaux à l’affermissement du pouvoir monarchique, puis par le défi des guerres de Religion11. À travers lui, ce sont également l’utilité et la légitimité de la noblesse qui sont interrogées à la lumière particulière des cinglantes défaites des guerres d’Italie et des exactions commises pendant le conflit religieux. Alors que le nombre d’adoubements décroît et que les tournois et les joutes cèdent la place aux carrousels, la valeur sociale de l’idéal chevaleresque s’accroît. Plus que jamais, il est approprié, remanié, et dévoyé pour servir des intérêts politiques ou religieux.
Trois antiquités pour une restauration
5La culture et l’idéologie chevaleresque évoluent tout au long du Moyen Âge, au rythme des transformations de la chevalerie et de la société. Elles conservent ainsi toute leur pertinence pour ceux qui s’en saisissent. La littérature, qui en est l’un des principaux vecteurs, subit et stimule à la fois cette évolution. À l’aube du xvie siècle s’y combinent ainsi l’héritage médiéval des chansons de geste et des romans d’Antiquité, du cycle arthurien et des biographies chevaleresques, ainsi que des œuvres originales, comme Tirant le Blanc, Roland Furieux, ou, plus tard, Amadis de Gaule et la Jérusalem délivrée. Leur succès témoigne à lui seul de l’intérêt suscité par cette culture. Leur diversité illustre, elle, sa capacité à synthétiser des matières issues de diverses traditions. Le roman des Neuf Preux, qui met en scène la vie de trois chevaliers païens – Hector, Alexandre et César –, de trois chevaliers de l’Ancien Testament – Josué, David et Judas Maccabée – et de trois chevaliers chrétiens – Arthur, Charlemagne et Godefroy de Bouillon–, incarne parfaitement cette synthèse12. À la fin du xve siècle, son succès est tel que leurs figures ornent les fresques et les tapisseries des résidences nobiliaires, ainsi que de nombreux objets du quotidien, comme des médaillons ou des jeux de cartes13. En 1487, une édition dédicacée à Charles VIII fait de Bertrand Du Guesclin le dixième preux14. Plus tard, Louis II de La Trémoille et Bayard grossissent les rangs de ces illustres chevaliers. Ensemble ils cristallisent la mémoire d’une noblesse puisant son identité chevaleresque aux sources des antiquités païenne, chrétienne et « moderne15 ».
6Plus de la moitié des romans édités entre la fin du xve siècle et le début du xviie siècle sont, en effet, des œuvres anciennes remaniées. Parmi elles, les chansons de geste donnent un aperçu de la manière dont la culture chevaleresque est alors actualisée sous l’influence des commanditaires et des prosateurs, de leurs méthodes et de l’objet de leur écriture16. Les auteurs demeurent, cependant, souvent anonymes. Leur personnalité et leurs motivations transparaissent rarement dans leur prologue ou dans leur récit. Depuis la fin du xive siècle, certains œuvrent dans les ateliers princiers où ils collectent, compilent et traduisent les ouvrages anciens. D’autres travaillent sur commande ou offrent leurs livres à quelques puissants protecteurs17. Antoine Vérard, libraire juré de l’Université, travaille ainsi à plusieurs reprises pour Charles VIII18. Pierre Desrey dédicace une geste de Godefroy de Bouillon à Louis XII et au comte de Nevers, Engilbert de Clèves19. En Savoie, dans les années 1460, Henri Bolomier – chanoine de Lausanne et directeur de conscience de Yolande de France et de son fils, Philibert – commande une traduction de Fierabras le géant20. La noblesse provinciale, faite d’anciens lignages et d’hommes nouveaux, joue un rôle plus réduit, mais néanmoins réel. En 1503, René d’Anjou, seigneur de Mézières et de Saint-Fargeau, rejeton d’une branche naturelle de la maison d’Anjou, commande une compilation des aventures des Quatre Fils Aymon21. Etienne d’Aigremont, issu d’une famille locale, fait réaliser un Maugis d’Aigremont22. Dans ces milieux néanmoins, l’attachement à la chevalerie se manifeste davantage par le choix des prénoms, des thèmes décoratifs ou par la possession de romans que par le mécénat23.
7Sans qu’il soit possible de généraliser, ces auteurs ont été formés dans les petites écoles, parfois à l’université, et sont baignés de culture humaniste. Henri Bolomier sollicite Jean Bagnyon, juriste vaudois. Pierre Desrey, originaire de Champagne, se fait reconnaître à Paris pour son œuvre d’historien – il continue notamment les chroniques d’Enguerrand de Monstrelet et de Robert Gaguin –, de poète et de traducteur24. Au service du seigneur de Mézières, « Guy Bounay », licencié en droit et lieutenant du bailli de « chastelroux », et « Jehan le cueur », écuyer et seigneur de « Mailly en puysaye », n’ont laissé que leurs noms et fonctions25. Parfois, comme dans le cas du Ogier offert à Louis XII par Antoine Vérard en 1498, l’auteur est probablement l’éditeur lui-même, ou un lettré payé pour ce travail26. Leur parcours et leur motivation correspondent donc à ce que nous savons par ailleurs de l’Arioste et du Tasse.
8Leurs prologues attestent également leur culture et leur conscience de participer à une restauration de l’idéal chevaleresque. Leur intervention, si discrète soit-elle, altère en effet le contenu et la nature même de cette littérature et de son idéal27. Comme l’Arioste par la satire, ou le Tasse par le classicisme, chacun d’eux cultive sa propre version de la chevalerie et l’actualise pour la rendre conforme à l’esprit du temps28. Ils suppriment les épisodes, thèmes ou éléments datés, et en ajoutent d’autres plus modernes29. Ils rompent donc avec une partie de cette culture médiévale pour rendre accessibles les anciens récits, pour divertir leur lecteur, mais aussi dans l’espoir qu’ils soient profitables à leur élévation spirituelle et morale.
9Quand elles sont exposées, leurs méthodes sont celles de la philologie humaniste, jusqu’à un certain point30. Les autorités antiques et médiévales servent non seulement à légitimer l’écriture, mais à concilier une vérité authentique et une vérité philosophique. Ils s’inscrivent ainsi dans le registre de l’épopée et de l’histoire profane et religieuse en s’inspirant d’Homère et de Virgile, des Saintes Écritures, du Religieux de Saint-Denis ou encore de Jean Bouchet31. Ils y puisent des éléments pour renseigner leur histoire et corriger les textes anciens afin d’en rétablir la pureté originelle. Jean Bagnyon affirme avoir expurgé son récit de toute matière invérifiable dans « ung livre auctentique32 » et, en 1573, l’auteur des Quatre Fils Aymon retrouve Renaud de Montauban, ses frères et leur cousin, le magicien Maugis, dans les chroniques de Jean Froissart, de Jean Bouchet et de Marco Antonio Sabellico33. Plus qu’une quête de légitimité, l’appel à ces autorités est un moyen d’administrer la preuve. Ils s’inscrivent ainsi dans la recherche des origines, initiée par certains humanistes comme Jean Lemaire de Belges ou Robert Gaguin.
10Leurs textes mêlent toutefois matières antiques, médiévales et modernes. Ils s’en justifient en invoquant une écriture allégorique, dans laquelle la vérité est moins celle des faits que celle de l’Homme34. Le mélange de l’histoire et de la fiction sert ainsi à dévoiler une vérité supérieure, absolue et universelle, dans la double tradition de Boccace35 et du symbolisme d’Augustin et de Thomas d’Aquin, pour qui le « vrai se situait au-delà du réel36 ». Ils s’éloignent donc de la conception de l’histoire défendue par certains humanistes, car, pour eux comme pour l’Arioste et le Tasse, la fiction et l’hyperbole expriment le sens profond de l’œuvre37. Comme le Tasse avait suivi l’histoire des croisades de Guillaume de Tyr avant de mêler « le vrai et le faux vraisemblable38 », le remanieur de Galien affirmait, en 1575, que pour faire un roman « il faut etre fondé sur les vrayes chroniques ou autrement on est abusé39 ».
11Par ailleurs, si la Renaissance offre le cadre de cette restauration, l’origine même de l’idéal de la chevalerie interdit de rompre avec le Moyen Âge. La culture chevaleresque du xvie siècle est donc le produit d’un syncrétisme original des antiquités païenne, chrétienne et médiévale. La figure du chef de guerre se situe désormais au croisement de l’idéal guerrier médiéval, de l’humanisme militaire et des transformations sociales, politiques et militaires du xvie siècle. Elle réunit les impératifs de l’honneur, du service du prince et du bien commun. Les valeurs de l’ancienne chevalerie sont ainsi réinterprétées au prisme de la Renaissance et adaptées aux nouveaux besoins de l’appareil militaire40. Le parfait capitaine se doit donc d’être sage et « chevalereux41 », vaillant et prudent, hardi et prévoyant42. La sagesse, la justice et la tempérance, promues par les élites culturelles depuis le xive siècle, ont donc fait leur chemin. Elles ne peuvent toutefois s’exprimer au détriment du courage. Un bon capitaine sait aussi « crevez et vendre bien cher […] [sa] peau43 ». Son comportement est néanmoins soumis à la raison, à la prudence et à l’expérience, qui corrigent les élans de la vaillance et libèrent des passions44. La constance et la tempérance complètent cette figure du capitaine dans une version de la chevalerie conciliable avec l’essor du néostoïcisme.
De l’utilité de la culture chevaleresque
12Ce syncrétisme est mobilisé dans des pratiques qui témoignent de l’utilité conservée par la culture chevaleresque à tous les niveaux de la noblesse. Dans les plus hautes sphères de l’État, l’analogie entre le souverain et la chevalerie accentue le fossé qui le sépare de la noblesse et nourrit les rivalités entre les grandes dynasties européennes. Louis XII est comparé à Ogier le Danois, alors que Maximilien Ier est le véritable héros du Theuerdank, du Weißkunig ou du Freydal45. Là, l’imaginaire chevaleresque alimente la concurrence des universalismes46. Avant eux, les princes territoriaux avaient su utiliser cette culture pour se glorifier, soutenir leurs ambitions politiques ou favoriser l’adhésion des élites. En Bourgogne, le choix des traductions se portait déjà volontiers sur des héros de l’espace bourguignon ou dont l’histoire se prêtait à l’exaltation de la principauté47. De même, le Fierabras de Jean Bagnyon soutenait les aspirations politiques de la famille de Savoie en la rapprochant de Charlemagne48.
13Bien que les enjeux diffèrent, la logique reste la même pour l’aristocratie nobiliaire, qui use de la dignité chevaleresque pour exalter les qualités des gentilshommes et de leur famille. Les fictions y trouvent leur place à côté d’autres pratiques de distinction, comme les généalogies ou les décors49. Prises dans la compétition nobiliaire, les familles de la haute noblesse usent de cet idéal pour affirmer leur proximité avec le prince et se distinguer des autres lignages. Quand Pierre Desrey rappelle l’origine commune du roi et du comte de Nevers, dans sa généalogie de Godefroy de Bouillon, il affirme autant le lien familial qui les unit que leur filiation mythique avec le Chevalier au Cygne. Tenant à la fois des généalogies à l’antique et de la culture chevaleresque, ce procédé n’est pas l’apanage des Nevers50.
14Pour les familles d’envergure régionale, plus modestes, le référent chevaleresque, lié à la culture des élites, minore l’attachement local. Le lien, même fictif, qui unit le seigneur de Mézières à Mabrien, « Roy de Hierusalem », rappelle ses origines angevines, ainsi que la hauteur et l’ancienneté de son ascendance. Les familles plus humbles, ou de noblesse plus récente, y trouvent, elles, l’occasion d’affirmer une influence locale, de justifier leur qualité et d’afficher leur identité. Face à la montée des élites urbaines et administratives, la culture chevaleresque alimente le sentiment d’appartenance à un groupe, fondé sur les valeurs caractéristiques de la vie noble51.
15L’acquisition de cette culture et de ses savoir-faire marque, en effet, l’identité nobiliaire, alors que la noblesse se renouvelle et se diversifie. L’essor de nouvelles élites, les défaites militaires, les exactions de certains gentilshommes et le recul de la proportion de nobles servant dans l’armée – 25 % au mieux – entretiennent une réflexion, déjà ancienne, sur la nature de la vraie noblesse, initiée par l’humanisme et le désir de réformes52. L’intérêt pour la culture chevaleresque n’est pas sans lien avec cette réflexion. Sa restauration est ainsi l’occasion d’y introduire des réponses aux questions soulevées par l’évolution des réalités sociales.
16Les auteurs font ainsi de leurs œuvres des outils au service de la définition, de la reproduction et de la distinction de la seule vraie noblesse, celle des armes. Certains réaffirment un modèle traditionnel de la hiérarchie sociale, fondé sur la supériorité du lignage, l’adhésion à un idéal moral et l’exercice de la guerre. En 1501, le prosateur de la chanson de Doolin reprend ainsi une fable sociale, connue dans toute l’Europe53. Selon elle, la noblesse est issue d’Adam, « fils de Dieu » et premier des nobles, par Seth, frère d’Abel le berger et de Caïn le laboureur54. Toutefois, les modèles médiévaux sont relus à la lumière de la répartition sociale des fonctions dans la cité platonicienne55. Les auteurs reconstruisent donc un système cohérent au service de l’illustration de la noblesse militaire. La prééminence y repose sur un mélange de naissance et de vertus guerrières. Le courage et la prouesse y distinguent ceux qui, parmi les nobles, ont fait le choix des armes, non seulement de la roture, mais aussi des autres formes d’élites et de noblesses. Cette vision contribue à l’émergence d’un groupe militaire au sein du second ordre.
17D’autres auteurs présentent leur ouvrage comme de véritables miroirs de noblesse, conservatoires des valeurs, codes et comportements naturels du second ordre. Ils se placent dans la position d’entretenir, mais aussi de définir l’identité et la perfection nobiliaires. Le travail de compilation, d’invention et d’édition leur donne aussi les clefs de la mémoire collective. En collaboration avec les commanditaires, ils décident, en effet, de la composition du Panthéon héroïque, valident l’exemplarité, accordent l’éternité littéraire et font vivre cet imaginaire56. Les vies de Bayard et de La Trémoille participent donc de la validation d’un modèle d’accomplissement au sein d’une littérature laboratoire de l’identité nobiliaire.
18La culture chevaleresque diffuse donc une véritable idéologie au service des gentilshommes et de leurs familles, mais aussi de la noblesse tout entière. Dans de nombreux cas, le recours à la fiction est présenté comme un moyen de participer à la reproduction ou à la réformation du second ordre. Il s’agit de l’éduquer, de l’instruire ou d’en corriger les mœurs, afin de lui rendre toute sa dignité. Les auteurs invitent leurs lecteurs à dépasser le signe pour atteindre le sens réel, idéal et éternel de la chevalerie, métaphore de la noblesse. La mimesis chevaleresque doit développer leurs vertus naturelles et les élever à la perfection. Jean Bagnyon invite ainsi Philibert Ier de Savoie, pour lequel il écrit probablement, « a vivre en operacion digne de salut57 ». L’auteur de Mabrien espère, quant à lui, abreuver les cœurs des gentilshommes du courage et de la vertu nécessaire à leur accomplissement58. Pour cela, les auteurs s’appuient sur les autorités morales de l’Antiquité et du Moyen Âge comme les Vies parallèles et les Œuvres morales de Plutarque, l’Éthique d’Aristote, le Dialogue de Sénèque ou encore la Consolation de Philosophie de Boèce59. La geste de leurs héros revêt alors des fonctions morales, sociales et spirituelles.
19Comparer les agissements de la noblesse à ceux des chevaliers, afin de l’inviter à la réforme, n’est pourtant pas chose nouvelle. Dès le xie siècle, des poèmes et fabliaux dénoncent l’indiscipline, les vices et la corruption des nobles. Ils sont bientôt rejoints par le Roman de Renart, le Roman de la Rose et des auteurs comme Eustache Deschamp, Christine de Pizan et Jean Froissart60. La continuité de ces critiques replace les satires et parodies du xvie siècle dans une tradition critique bien établie61. Celles de l’Arioste ne cachent-elles pas un discours de la vertu où la chevalerie fait figure de modèle ? Alors que ses courtisans sont menteurs, corrompus et sans foi, les vertus de Médor et de Cloridan incarnent la perfection chevaleresque : fidélité, loyauté, honneur, constance, justice, sacrifice et courtoisie. Cervantès joue, lui, de l’opposition entre le quotidien et la folie de Don Quichotte pour éclairer les dérives d’un monde perverti par l’ambition et l’individualisme62. Comme eux, l’auteur du Gérard d’Euphrate de 1580 propose une réforme de la noblesse par la vertu63.
20Les valeurs chevaleresques sont présentées comme fondatrices de la supériorité de la noblesse et du contrat qui la lie au reste du corps social. La réprimande de Guérin à ses fils, comparés à la fausse vigne, stérile faute d’avoir été cultivée, rappelle que la prééminence n’est pas sans contrepartie64. Les auteurs de fictions chevaleresques entendent donc donner à une noblesse jugée décadente les moyens de répondre aux attentes sociales formulées à son égard65. Présente dès le xve siècle, cette volonté s’exprime avec force pendant les guerres civiles sans la couverture de la fiction. Pour Louis Ernaud, Jean de Caumont ou Guillaume de Chevalier, l’imitation chevaleresque doit permettre de renouer avec la vertu et l’âge d’or de la noblesse66. La protection des faibles et le maintien de la justice sont les vraies causes pour lesquelles la noblesse avait alors obtenu « pour revange domination » sur le peuple67. La chevalerie demeure, pour eux, la « vraie vacation de la noblesse68 », et l’unique voie pour réactiver le contrat social originel. Pour tous, le prestige ne peut provenir uniquement de l’héritage du sang ; les hauts faits prouvent la transmission des vertus ancestrales et légitiment la supériorité.
Un idéal protéiforme entre vertus et politique
21La relecture de l’idéal chevaleresque n’est cependant pas uniforme. Sa restauration est guidée par les logiques et les intérêts de ses acteurs. Ils profitent, en effet, de leur traduction ou rédaction pour inscrire la culture chevaleresque au cœur des débats et des tensions du xvie siècle. Appropriée, dévoyée et parfois détournée de son sens original, elle se présente ainsi comme un idéal protéiforme au service des idées religieuses ou politiques de son époque.
22La rencontre des romans anciens et nouveaux avec le désir de réforme religieuse et avec l’humanisme réactive parfois un modèle de chevalerie chrétienne, hérité de l’Éloge de la nouvelle chevalerie de Bernard de Clairvaux. C’est ce modèle que suivent Jean Bagnyon, Pierre Desrey ou encore l’auteur de Jourdain de Blaives69. Le Vaudois s’inscrit ainsi dans la lignée de Boèce pour proposer une relecture de la chevalerie par la vertu, destinée à l’édification de la dynastie savoyarde, à l’éducation du prince et à l’exaltation de la foi chrétienne. Ce modèle est aussi celui suivi par Symphorien Champier et le Tasse, dont La Jérusalem délivrée chante un idéal de chevalerie marqué par la lutte contre les tentations du monde70. Leur vision fait écho aux réflexions des Exercices spirituels d’Ignace de Loyola, ou d’humanistes comme Pic de La Mirandole et Érasme71. Le référent chevaleresque soutient donc ici la quête d’une purification intérieure, préparation indispensable à la croisade contre les Ottomans.
23La lutte contre les infidèles et l’exercice de la violence y sont présentés comme un remède contre l’oisiveté et la montée des angoisses eschatologiques. L’idéal chevaleresque offre aux gentilshommes une voie pour remplir leur fonction et assurer leur salut, par le sacrifice de leur vie pour le bien commun, à l’exemple du Christ72. Les chevaliers de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem entretiennent une vision très proche de celle-ci, à quelques nuances près. Spécialistes de la guerre sur mer, ils multiplient en effet les récits de leurs exploits sur le modèle des fictions, pour nourrir l’esprit de croisade et alimenter leur image de rempart de la chrétienté. Ils ennoblissent ainsi la guerre de course, élevée au rang de guerre chevaleresque73.
24Les romans de chevalerie chantent aussi parfois une foi plus belliqueuse. Quelques mois après la Saint-Barthélemy, lorsque se développent les factions ligueuses et que les protestants s’organisent autour du roi de Navarre, paraît ainsi à Paris une édition des Quatre Fils Aymon. Son auteur y promeut la figure d’un prince chrétien, bras armé de l’Église, en tout point conforme aux aspirations de catholiques comme Louis de Gonzague ou François de Belleforest74. Charlemagne y devient le parangon de la lutte contre la « fausse loy de Mahommet » et la « maudicte secte Arienne »75. Renaud, image de toute la noblesse, est, lui, célébré pour ses prouesses contre la « secte Mahommetique pleine de sallace » et son indéfectible fidélité envers son souverain seigneur. L’ouvrage se donne pour projet d’« animer [les] gentilshommes à bonne & à juste guerre », au travers d’un idéal chevaleresque revisité par la spiritualité tridentine. Il s’inscrit dans une littérature plus vaste qui diffuse, depuis les années 1550, une culture guerrière marquée par la Contre-Réforme76. Comme les manuels du soldat chrétien des jésuites Emond Auger et Antonio Possevino77, il joue sur les valeurs guerrières de la noblesse pour encourager une croisade contre les protestants. Il ne s’agit donc plus, ici, de libérer la Terre sainte ou de lutter contre les infidèles, mais bien de purifier la société par une violente catharsis78.
25D’autres auteurs inscrivent encore l’imaginaire chevaleresque parmi les outils de gouvernement. Certains romans chantent, en effet, la fidélité, l’obéissance et l’adhésion aux transformations du pouvoir. Ils diffusent l’image d’une noblesse soumise au service de l’État. Cette vision concorde avec la pensée politique de la fin du Moyen Âge et avec la conception de l’autorité des élites administratives, qui trouvent une source de légitimation dans les modèles « démocratiques » et « républicains » de l’Antiquité79. Centrées sur les liens d’homme à homme et la quête de l’accomplissement personnel au Moyen Âge80, les notions d’intérêt général et de Res Publica servent là à recentrer les devoirs du chevalier sur ses obligations vis-à-vis du « bien commun » et de la chose publique. Les auteurs, souvent proches du pouvoir, élaborent ainsi l’illusion d’une concordance entre l’idéal chevaleresque et le service du prince, entre les intérêts de l’État et ceux de la noblesse.
26Là encore, l’idéal chevaleresque suit un mouvement de réflexion initié avant le xvie siècle et caractérisé par le souci de l’intérêt commun et du sentiment « national81 ». C’est le cas des biographies de Du Guesclin, de Bayard ou de La Trémoille, des chansons de Trébisonde, de Turpin et d’Ogier le Danois82. Comme la chanson de Baudoin éditée en 1478, elles mettent en scène des chevaliers qui s’engagent dans l’armée du roi, qui règlent leur contentieux devant la justice royale et quittent leur retraite provinciale pour trouver une mort honorable sur le champ de bataille83. En 1580, l’auteur du Gérard d’Euphrate écrit encore pour « mettre la justice au premier rang des vertuz, approuver la clemence et liberalité des princes, louer l’obéissance des subjects, […] et reduire tous les corps politiques en bon ordre et sympathie84 ».
27Cette redéfinition du service chevaleresque requiert le dévouement des gentilshommes jusque dans la mort. Le service de l’État, placé alors entre Dieu et les hommes, réclame, comme dans la cité antique, une abnégation sans limite85. À la suite de Pétrarque et de certains humanistes, qui réconcilient l’immortalité glorieuse et la pensée chrétienne, nombre de fictions présentent la mort chevaleresque comme un sacrifice, comme une mort sainte, voire comme une sanctification86. Tout en participant à l’essor du sentiment patriotique, cette disparition consentie a également la vertu de libérer de l’angoisse de la mort soudaine, solitaire et infamante, soutenue par la diffusion des armes à feu87.
28Tout cela explique la conservation par les souverains du registre chevaleresque dans leur politique symbolique, alors même qu’il entretient les idéaux d’égalité et de partage du pouvoir. L’affirmation de leur autorité ne pouvait pas se passer du soutien de la noblesse. Il était donc impossible de balayer un pan entier de son identité. Par ailleurs, Louis XII comme François Ier étaient issus de cette noblesse dont ils partageaient les idées. La version monarchique de la chevalerie cherche donc plutôt à concilier la culture nobiliaire avec les transformations du pouvoir qu’à s’y opposer. Elle entretient l’illusion d’une communion avec la noblesse dans l’idéal chevaleresque, et dans un mode de gouvernement fondé sur le conseil et le partage du ministère royal. Orchestrée à la fois dans la littérature et dans les cérémonies du pouvoir, cette communion entretient le mirage d’une identité de nature et de fonction entre le roi et le second ordre alors même que les rapports de force se modifient88. Les termes du contrat liant les gentilshommes au souverain y sont pourtant remaniés. En compensation de leur soutien, la monarchie s’engage désormais à valider les modalités traditionnelles d’une supériorité qui ne repose plus sur la coutume, mais bien sur l’autorité de l’État89. Entre communion et domination, ce modèle étatique de chevalerie s’oppose aux critiques faites à la noblesse, tout en soutenant une supériorité monarchique et aristocratique strictement hiérarchisée.
29Cette image de la chevalerie ne pouvait convenir entièrement à la noblesse. Elle nie, en effet, certaines de ses prérogatives anciennes et fait du service l’unique voie de promotion sociale au détriment du mérite guerrier. Les gentilshommes ont donc parfois des difficultés pour concilier leurs identités de noble et de sujet90. La condamnation du duel les place, par exemple, « entre deux extrémités de perdre l’honneur, ou le defendant, estre en peril d’une mort honteuse par les édits du roy91 ». Les princes territoriaux et la noblesse ont donc développé, eux aussi, leur propre vision de la chevalerie. Le mérite, l’égalité et le partage du pouvoir y répondent à la soumission réclamée par le modèle monarchique.
30L’égalité chevaleresque, associée à la supériorité et à l’utilité du métier des armes, entretient l’idée que, malgré la qualité de son sang et de ses pouvoirs, le roi demeure le premier d’entre les nobles. Souligner la proximité d’Engilbert de Clèves et de Louis XII ne revient-il pas à réfuter la nature particulière du roi ? N’est-ce pas défendre l’idée selon laquelle la noblesse doit être associée au gouvernement du royaume qui, dans sa forme naturelle, est celle d’une monarchie mixte92 ? Certains romans vont même jusqu’à rappeler l’origine élective du pouvoir royal. Cette littérature s’alimente donc de l’imaginaire politique de la noblesse tout en l’entretenant.
31Toutefois, si cet imaginaire s’y nourrit, les intérêts particuliers des princes et des familles locales ne concordent pas tout à fait. Pour les premiers, le modèle du prince-chevalier est un moyen de s’attacher les élites locales, tout en soulignant les dérives de la monarchie93. La résistance à l’affirmation de l’État se joue donc non seulement sur le plan des luttes armées, mais aussi sur celui des symboles. Jean II de Bourbon révère ainsi la figure de Saint-Louis, protecteur de l’Église, des mendiants et de la noblesse94. Charles le Téméraire investit celle d’Alexandre, prince-soldat victorieux et conquérant. Certaines chansons de geste n’hésitent pas également à souligner les ambiguïtés de la figure de Charlemagne. Saint et héros de chevalerie investi par Louis XI, puis Charles VIII, l’empereur y apparaît comme un prince influençable, complice des traîtres et menant une guerre injuste contre ses barons95.
32Pour la noblesse locale, si le registre chevaleresque entretient l’idée de l’origine nobiliaire de la monarchie, il s’agit surtout de se distinguer des nouvelles formes d’élites96. Jusqu’à la fin du xve siècle, il peut s’agir aussi de résister à l’emprise des princes territoriaux qui dévoient eux-mêmes le modèle du bon gouvernement. À la cour de Bourgogne, la figure d’Alexandre, relue au prisme de la chevalerie, exalte ainsi l’image unique du prince guerrier et conquérant. Certains rappellent cependant que le Macédonien fut également un prince orgueilleux et gouvernant seul sans distinguer toujours le bien commun de ses intérêts personnels97.
33Certains romans se présentent ainsi encore comme de véritables miroirs au prince, proposant une lecture chevaleresque des théories du bon gouvernement. La chronique de Turpin, dédicacée à François Ier en 1527, fait l’analogie entre le Valois et Charlemagne pour mieux souligner l’importance des lettres dans la figure du prince idéal : guerrier et « bien instruict en plusieurs sciences et arts liberaulx98 ». L’auteur propose ainsi une forme alternative d’autorité à la puissance guerrière du roi altérée par le désastre de Pavie. Tout comme Castiglione à la cour de Mantoue, il l’invite à se faire « père des lettres » et à restaurer le temps où « Tant estoient les francois […] adonnez aux armes, et abbreuvez de toutes sciences »99. Il concilie ainsi la figure platonicienne du roi-philosophe et celle du roi-chevalier héritée du Moyen Âge100.
34À l’instar de Protée, dieu marin capable de prendre toutes les formes et de répondre à toutes les questions, l’idéal chevaleresque fait preuve d’une remarquable malléabilité. Reformulé constamment au gré des transmissions, sa forme, sa teneur et sa nature se métamorphosent encore au tournant du Moyen Âge vers la modernité. Son contenu est actualisé et sa tradition réinventée pour répondre aux transformations des cadres sociaux, politiques et culturels de la société. La culture chevaleresque du xvie siècle naît ainsi des inflexions d’un idéal médiéval, remanié et adapté, plutôt que de la substitution d’un modèle à un autre. Les continuités sont nombreuses et nuancent les oppositions relevées traditionnellement. Les évolutions témoignent, quant à elles, non seulement des tensions générées par les transformations politiques, sociales et militaires, mais aussi de la synthèse des héritages et des expériences qui s’y jouent.
35S’y concilient des éléments issus des traditions antiques et médiévales, mais exprimés en des termes propres à répondre aux interrogations de la Renaissance. Sans être pleinement dénaturées, ses valeurs y sont ajustées pour mieux répondre aux exigences de la guerre moderne. La prouesse, l’honneur et la constance garantissent la continuité entre les vertus médiévales et celles promues par l’humanisme et le néostoïcisme. Elles assurent la cohérence des multiples modèles malgré leurs différences.
36Ce remaniement ne peut être réduit à sa dimension esthétique ou récréative. Il est mû par le besoin de la monarchie de se distinguer tout en conservant l’adhésion des élites nobiliaires, mais aussi par celui de la noblesse de se repenser face aux doutes qui la traversent. Moins qu’un signe de la dégénérescence inexorable d’une culture, cette transformation porte une promesse d’avenir. Elle témoigne de la vigueur des idéaux politiques du second ordre et de sa capacité à réagir dans l’adversité. L’éthos chevaleresque apparaît alors comme un élément parmi d’autres de la régulation des relations entre les gentilshommes avec le reste de la société.
37La relecture de l’évolution de l’imaginaire de la chevalerie au travers d’une histoire sociale et politique des pratiques culturelles amène ainsi à délaisser l’idée d’un long déclin pour s’attacher à ses transformations, à leurs causes et à leurs conséquences. Suivre la vision qu’en avaient les modernes fait apparaître cette culture comme un fantastique outil de cohésion, de reproduction, de distinction et de régulation sociales. La conjonction entre les intérêts de la noblesse, ceux de la monarchie, et l’humanisme produit une culture originale, qui reflète les tensions et les débats qui traversent la société. Les divers modèles moraux, politiques et comportementaux qu’elle supporte, révèlent la véritable essence de cet idéal, espace de dialogue sur la nature du pouvoir et sur la place de la noblesse dans la société.
Notes de bas de page
1 Johan Huizinga, Le déclin du Moyen Âge, Paris, Payot, 1932 [1919]. Raymond L. Kilgour, The Decline of Chivalry, as Shown in the French Literature of the Late Middle Ages, Cambridge, Harvard University Press, 1937.
2 Voir par exemple Montesquieu, L’esprit des lois, Paris, Classiques Garnier, 2011, p. 239-240 ; Léon Gautier, La chevalerie, Bruxelles, Arthaud, 1960 [1884] ; Fossey J. C. Hearnshaw, « Chivalry and its Place in History », dans E. Prestage (dir.), Chivalry. Its Historical Significance and Civilizing Influence, Londres/New York, Routledge, 1996 [1928], p. 31. Norbert Elias, La civilisation des mœurs, Paris, Calmann-Lévy, 1973 [1939].
3 Sur cette crise et les nuances à y apporter voir François Billacois, « La crise de la noblesse européenne (1560-1650), une mise au point », RHMC, 23, 1976, p. 258-278 ; Denis Crouzet, « Recherches sur la crise de l’aristocratie en France au xvie siècle : les dettes de la maison de Nevers », Histoire, économie et société, 1, 1982, p. 7-50.
4 Maurice H. Keen, « Huizinga, Kilgour and the Decline of Chivalry », dans P. M. Clogan (éd.), Medievalia et Humanistica Studies in Medieval and Renaissance Culture, Cambridge, Cambridge University Press, 1977, p. 1-20. Philippe Contamine, « Points de vue sur la chevalerie en France à la fin du Moyen Âge », Francia. Forschungen zur westeuropäischen Geschichte, 1976, t. 4, p. 256-285.
5 Jean Flori, La chevalerie, Paris, Gisserot, 1998, p. 268. Denis Crouzet, Charles de Bourbon, connétable de France, Paris, Fayard, 2003, p. 240-250. Olivier Matteoni, Un prince face à Louis XI. Jean II de Bourbon, une politique en procès, Paris, PUF, 2012, p. 217 et suiv.
6 Malcolm Vale, War and Chivalry: Warfare and Aristocratic Culture in England, France and Burgundy at the End of the Middle Ages, Londres, Duckworth, 1981. Maurice H. Keen, Chivalry, New Haven/Londres, Yale University Press, 1984. Richard W. Kaeuper, Chivalry and Violence in Medieval Europe, Oxford, Oxford University Press, 1999. Katie Stevenson, Chivalry and Knighthood in Scotland, 1424-1513, Woodbridge, Boydell Press, 2006.
7 Anita Guerreau-Jalabert, « Histoire médiévale et littérature », dans J. Le Goff (éd.), Le Moyen Âge aujourd’hui, Paris, Le Léopard d’or, 1998, p. 137-149. Richard Kaeuper, « Litterature as Essential Evidence for Understanding Chivalry », The Journal of Medieval Military History, 5, 2007, p. 1-15.
8 Richard Cooper, « ‘Nostre histoire renouvelée’: The Reception of the Romances of Chivalry in Renaissance France », dans Sydney Anglo (éd.), Chivalry in the Renaissance, Woodbridge, Boydell Press, 1990, p. 175-238. Sylvia Roubaud, « De la cour d’Arthur à la bibliothèque de Charles Quint : la longue errance des chevaliers de romans », dans A. Molinié-Bertrand, J.-P. Duviols (éd.), Charles Quint et la monarchie universelle, Paris, PUPS, 2001, p. 239-250.
9 Stephan Füssel, Emperor Maximilian I. Die Abenteuer des Ritters Theuerdank. The Adventures of the Knight Theuerdank, Cologne, Taschen Verlag, 2003. Philippe Berger, « À propos des romans de chevalerie à Valence », Bulletin hispanique, 92-1, 1990, p. 83-99. Alex Davis, Chivalry and Romance in the English Renaissance, Cambridge, D. S. Brewer, 2003, p. 1-40.
10 Arlette Jouanna, « Les controverses sur l’utilité de la noblesse dans la deuxième moitié du xvie siècle en France », dans Théorie et pratique politiques à la Renaissance, Paris, Vrin, 1977, p. 287-299.
11 Marie-Thérèse Caron, Noblesse et pouvoir royal en France, xiie-xvie siècles, Paris, Armand Colin, 1994 ; Arlette Jouanna, Le pouvoir absolu. Naissance de l’imaginaire politique de la royauté, Paris, Gallimard, 2013.
12 Anne Salamon, « Les Neuf Preux : des Hommes illustres ? », Les Hommes Illustres, Questes, bulletin des jeunes chercheurs médiévistes, 17, 2009, p. 84-88.
13 Les Neufs Preux, Aurillac, Imprimerie du Cantal, s. d.
14 Le triumphe des Neuf Preux […] avec l’histoire de Bertrand du Guesclin, Abbeville, Pierre Gerard, 1487.
15 Jean Chapelain, De la lecture des vieux romans, Paris, Zanzibar, 1999 [1640], p. 63.
16 Les remarques qui suivent proviennent d’un corpus de chansons de geste éditées entre 1470 et 1620 réunissant près de deux cents éditions et une vingtaine de prologues différents.
17 Georges Doutrepont, La littérature française à la cour des ducs de Bourgogne, Genève, Slatkine Reprints, 1970 [1909]. Sur les œuvres et leurs auteurs voir aussi Id., Les mises en prose des épopées et des romans chevaleresques du xive au xvie siècles, Genève, Slatkine Reprints, 1969 [1939].
18 Ogier le dannoys duc de dannemarche, Paris, Antoine Vérard, 1498, f. ii.
19 La genealogie […] du trepreux et renommé prince Goddeffroy de Boulion, Paris, Michel Lenoir, 1504 [1500].
20 Fierabras le geant, Genève, Adam Steinschaber, 1478.
21 Histoire […] des quatre filz Aymon, […] Et de leur cousin le subtil Maugis, Paris, Galliot du Pré, 1525, f. 2.
22 Cy est contenu les deux tresplaisantes hystoires de Guerin et montglave, et de Maugis daigremont, Paris, Michel Le Noir, 1518.
23 Jean-Marie Constant, Nobles et paysans en Beauce aux xvie et xviie siècles, Lille, service de reproduction des thèses, université de Lille 3, 1981, p. 479-484 ; Michel Nassiet, « Dévotion et prénomination dans la noblesse bretonne aux xve et xvie siècles », Enquêtes et Documents, CRHMA, 27, 2000, p. 115-132.
24 François Suard, « Pierre Desrey et la généalogie de Godefroy de Bouillon », dans Chanson de geste et tradition épique en France au Moyen Âge, Caen, Paradigme, 1994 [1987], p. 387-398.
25 Histoire […] des quatre filz Aymon…, op. cit., f. 3.
26 Emmanuelle Poulain-Gautret, La tradition littéraire d’Ogier le Danois après le xiiie siècle, Paris, Honoré Champion, 2005.
27 Michel Foucault, Les mots et les choses, Paris, Gallimard, 1966 ; Id., L’archéologie du savoir, Paris, Gallimard, 1969.
28 Giovanni Careri, Gestes d’amour et de guerre. La Jérusalem délivrée, images et affects (xvie-xviiie siècle), Paris, Éditions de l’EHESS, 2005, p. 14.
29 Georges Doutrepont, Les mises en prose…, op. cit., p. 466 et suiv. François Suard, « Les libertés prises avec l’écriture des vieux romans au xvie siècle », Le Moyen Français, 51-52-53, 2002-2003, p. 531.
30 Pascale Bourgain, « Les prologues de textes narratifs », dans J. Hamesse (éd.), Les prologues médiévaux, Turnhout, Brepols, 2000, p. 245-275.
31 Histoire des nobles & vaillans Chevaliers, les quatre filz Aymon, Lyon, François Arnoullet, 1573, p. 2 ; F. Habert, Oger le Dannoys au royaulme de Fairie, Paris, Ponce Roffet, 1542, p. 4. La genealogie […] [de] Goddeffroy de Boulion, op. cit., f. 2 ; Galien rethoré, Paris, Antoine Vérard, 1500, f. 6. La fleur des batailles, Doolin de Maïence, Paris, Antoine Vérard, 1501, f. 1.
32 Fierabras…, op. cit., f. 7.
33 Jean Froissart, Œuvres de Froissart, J. Kervyn de Lettenhove (éd.), Bruxelles, Victor Devaux et Cie, 1867-1877, t. xi, p. 216-217 ; Jean Bouchet, Annales d’Aquitaine, Poitiers, Inquilbert de Marnef, 1557, f. 50-60.
34 Armand Strubel, « Grant senefiance a » : Allégorie et littérature au Moyen Âge, Paris, Honoré Champion, 2002, p. 68-90.
35 Anne Schoysman, « L’écriture mythographique de l’histoire à la cour de Bourgogne. Les genealogie deorum gentilium de Boccace exploitées par Jean Miélot, remanieur de l’épître Othea de Christine de Pizan », dans D. Bohler, C. Magnien Simonin (éd.), Écritures de l’histoire (xive-xvie siècle), Genève, Droz, 2005, p. 74.
36 Maurice Accarie, « Vérité du récit ou récit de la Vérité. Le problème du réalisme dans la littérature médiévale », dans Id., E. Kotler (éd.), Récit et vérité du Moyen Age au xvie siècle, Cahiers du Centre d’études médiévales de Nice, 15, 1998, p. 7-8.
37 Alexandre Cioranescu, L’Arioste en France. Des origines à la fin du xviiie siècle, Paris, Presses modernes, 1939, p. 22-25, 74 ; L’Arioste, Roland Furieux, A. Rochon (éd.), Paris, Les Belles Lettres, 1998, t. 1, p. xxiv.
38 Le Tasse, La Jérusalem délivrée, J.-M. Gardair (éd.), Paris, Bordas, 1990, p. 33-34.
39 Histoire des nobles prouesses et vaillances de Galien Restaure, Lyon, Benoist Rigaud, 1575, p. 3 et 4.
40 Christopher Allmand, « Entre honneur et bien commun : le témoignage du Jouvencel au xve siècle », RH, 301, 1999, p. 463-481.
41 Johan J. von Wallhausen, L’art militaire pour l’infanterie, Franeker, U. Balck, 1615.
42 Voir par exemple Armand de Gontaut de Biron, Maximes et Instructions de l’art de la guerre, Paris, T. du Bray, 1611, f. 22 ; Robert de La Marck, Histoire des choses mémorables advenues du reigne de Louis XII et François Ier, Michaud et Poujoulat (éd.), Paris, Éditions du commentaire analytique du Code civil, 1838, p. 8. [Raymond de Fourquevaux], Instruction sur le fait de la guerre, Paris, Michel Vascosan, 1548, f. 43-44.
43 Blaise de Montluc, Commentaires, C.-B. Petitot (éd.), Paris, Foucault, 1821, livre 1, p. 503-504.
44 Chronique et histoire faicte et composee par reverend pere en dieu Turpin, Paris, Regnault Chauldiere, 1527, f. ii v° et iii.
45 Stephan Füssel, Emperor Maximilian I..., op. cit. ; William H. Jackson, « The Tournament and Chivalry in German Tournament Books of the Sixteenth Century and in the Literary Works of Emperor Maximilian I », dans C. Harper-Bill, R. Harvey (dir.), The Ideals and Practice of Medieval Knighthood, Woodbridge, Boydell Press, 1986, t. 1, p. 49-73.
46 Alexandre Y. Haran, Le lys et le globe. Messianisme dynastique et rêve impérial en France aux xvie et xviie siècles, Seyssel, Champ Vallon, 2000, p. 141-142 ; Frances A. Yates, Astrée. Le symbolisme impérial au xvie siècle, Paris, Belin, 1989 [1975].
47 Élisabeth Gaucher, La biographie chevaleresque : typologie d’un genre (xiiie-xve siècle), Paris, Honoré Champion, 1994, p. 99, 569, 598 et suiv.
48 Jean Bagnyon, L’histoire de Charlemagne : parfois dite Roman de Fierabras, H. E. Keller (éd.), Genève, Droz, 1992, p. xi.
49 Colette Beaune, « Mourir noblement à la fin du Moyen Âge », dans La mort au Moyen Âge, Istra, Strasbourg, 1977, p. 125-143. Murielle Gaude-Ferragu, D’or et de cendres. La mort et les funérailles des princes dans le royaume de France au Bas Moyen Âge, Villeneuve d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2005. Roberto Bizzocchi, Généalogies fabuleuses. Inventer et faire croire dans l’Europe moderne, Paris, Éditions rue d’Ulm, 2010 [1995].
50 Verdun-Louis Saulnier, « Quel poète pour le Grand-Maître ? Jean de Luxembourg et Montmorency », Bulletin de l’Association Guillaume Budé : Lettres d’humanité, 35, 1976, p. 386-400. Arlette Jouanna, « Les Guise et le sang de France », dans Yvonne Bellenger (dir.), Le mécénat et l’influence des Guises, Paris, Honoré Champion, 1997, p. 31-33. Jean-Marie Le Gall, « Vieux Saint et grande noblesse à l’époque moderne : Saint-Denis, les Montmorency et les Guise », RHMC, 50-3, 2003, p. 7-34. Germain Butaud, Valérie Piétri, Les enjeux de la généalogie (xiie –xviiie siècle). Pouvoir et identité, Paris, Autrement, 2006, p. 226-234.
51 Maurice H. Keen, Chivalry, op. cit., p. 219 et suiv. Klaus Oschema, « Noblesse et chevalerie comme idéologie princière ? », dans La cour de Bourgogne et l’Europe. Le rayonnement et les limites d’un modèle culturel, W. Paravicini (dir.), Ostfildern, Thorbecke, 2013, p. 229-251.
52 Charity Willard, « The Concept of True Nobility at the Burgundian Court », Studies in the Renaissance, 14, 1967, p. 33-48 ; Arlette Jouanna, Ordre social : mythes et hiérarchies dans la France du xvie siècle, Paris, Hachette, 1977 ; Arie J. Vanderjagt, Qui sa vertu anoblist: the Concepts of ‘‘noblesse’’ and ‘‘chose publicque ’’ dans Burgundian Political Thought: Including Fifteenth Century French Translations of Giovanni Aurispa, Buonaccorso da Montemagno and Diego de Valera, Groningen, Jean Miélot, 1981. Guido Castelnuovo, « Les humanistes et la question nobiliaire au milieu du xve siècle », Rives méditerranéennes, 32-33, 2009, p. 67-81.
53 A. W. Reed, « Chivalry and the Idea of a Gentleman », dans Chivalry. Its Historical Significance and Civilizing Influence, op. cit., p. 207-228.
54 La fleur des batailles…, op. cit., f. 1.
55 Platon, La République, Paris, Les Belles Lettres, 1934, III 412 c.
56 Pierre Centlivres, Daniel Fabre, Françoise Zonabend, La fabrique des héros, Paris, Éditions de la MSH, 1998.
57 Fierabras…, op. cit., f. 7.
58 Histoire […] des quatre filz Aymon…, op. cit., f. 3.
59 Chronique et histoire […] [de] Turpin…, op. cit., f. 2. La fleur des batailles…, op. cit., f. 1. La genealogie […] [de] Goddeffroy de Boulion, op. cit., f. 2. Fierabras…, op. cit., f. 7.
60 Léon Gautier, La chevalerie, op. cit., p. 53.
61 Michelle Szkilnik, Jean de Saintré. Une carrière chevaleresque au xve siècle, Genève, Droz, 2003, p. 13.
62 Alfred Schütz, « Don Quichotte et le problème de la réalité », Sociétés, 89, 3/2005, p. 9-27. André Tournon, « Un essai de la chevalerie : logique spéculaire dans la seconde partie de Don Quichotte », dans Héroïsme et démesure dans la littérature de la renaissance. Les Avatars de l’épopée, Saint-Étienne, Presses universitaires de Saint-Étienne, 1998, p. 251.
63 L’histoire et ancienne cronicque de gerard d’Euphrate, Lyon, Benoist Rigaud, 1580, p. 3.
64 La tres plaisante hystoire du preux et vaillant Guerin de Montglave, Paris, Alain Lotrian, s. d. [1536-1537], f. 6.
65 Denis Crouzet, Les guerriers de Dieu. La violence au temps des troubles de religion. Vers 1525–vers 1610, Seyssel, Champ Vallon, 1990, t. 1, p. 727. Ellery Schalk, « The Appearance and Reality of Nobility in France during the Wars of Religion: An Example of How Collective Attitudes Can Change », Journal of Modern History, 48/1, 1976, p. 19-31. Benjamin Deruelle, De papier, de fer et de sang : chevaliers et chevalerie à l’épreuve de la modernité (ca. 1460-ca. 1620), Paris, Publications de la Sorbonne, 2015, p. 334 et suiv.
66 Jean de Caumont, De la vertu de Noblesse, Paris, Frédéric Morel, 1585, f. 4 v°.
67 Discours des querelles et de l’honneur, G. de Chevalier (éd.), Paris, Leger Delas, 1598, p. 22 et 26.
68 Louis Ernaud, Discours de la noblesse, et des justes moyens d’y parvenir, Caen, Benedic Macé, 1584, f. 29.
69 Fierabras…, op. cit., f. 7-8. Voir aussi La genealogie […] [de] Goddeffroy de Boulion, op. cit., f. 2 v°. Les faitz et prouesses du noble et vaillant chevalier Jourdain de blaves, Paris, Michel Le Noir, 1520.
70 Le Tasse, La Jérusalem délivrée, F. Graziani (éd.), Paris, Flammarion, 1997, p. 6 et 10.
71 Cf. les Douze Règles pour le combat spirituel, le Poignard du chevalier chrétien. Germain Marc’hadour, « Ressourcement de la chevalerie chrétienne : la militia christiana, selon Érasme, Thomas More et Thérèse d’Avila », dans Le roman de chevalerie au temps de la Renaissance, op. cit., p. 167-192 ; Pierre Mesnard, Érasme ou le Christianisme critique, Paris, Seghers, 1969, p. 23-40.
72 Symphorien Champier, La vie de Bayard, D. Crouzet (éd.), Imprimerie Nationale, 1992, p. 31.
73 Anne Brogini, « Guerre de course et chevalerie. L’Ordre de Saint-Jean de Jérusalem en Méditerranée (xve-xviie siècles) », Cf. l’article d’Anne Brogini dans le présent ouvrage.
74 François de Belleforest, Discours sur l’heur des présages advenuz de nostre temps, Paris, Vincent Norment, 1572. Ariane Boltanski, Les ducs de Nevers et l’État royal. Genèse d’un compromis (ca 1550 – ca 1600), Genève, Droz, 2006.
75 Histoire des […] quatre filz Aymon…, op. cit., p. 2.
76 Denis Crouzet, La nuit de la Saint-Barthélemy. Un rêve perdu de la Renaissance, Paris, Fayard, 1994, p. 191-205.
77 Ariane Boltanski, « Forger le ‘‘soldat chrétien’’. L’encadrement catholique des troupes pontificales et royales en France en 1568-1569 », RH, 699, 2014, p. 51-85.
78 Denis Crouzet, Les guerriers de Dieu…, op. cit., p. 475 ; Alphonse Dupront, Le mythe de croisade, Paris, Gallimard, 1997. Géraud Poumarède, Pour en finir avec la croisade. Mythes et réalité de la lutte contre les Turcs aux xvie et xviie siècles, Paris, PUF, 2004. Paul Rousset, Histoire d’une idéologie : la croisade, Lausanne, L’Âge d’homme, 1983.
79 Françoise Autrand, Charles VI. La folie du roi, Paris, Fayard, 1986, p. 206 ; Bernard Guenée, L’Occident aux xive et xve siècles : les États, Paris, PUF, 1998 [1971], p. 105.
80 Jean Flori, La chevalerie, op. cit., p. 32. Philippe Contamine, « Noblesse et service : l’idée et la réalité dans la France de la fin du Moyen Âge », dans O. G. Oexle, W. Paravicini (éd.), Nobilitas: Funktion und Repräsentation des Adels in Alteuropa, Göttingen, Vandenhoeck et Ruprecht, 1997, p. 309.
81 Colette Beaune, Naissance de la nation France, Paris, Gallimard, 1985, p. 307, 324-335.
82 Outre les références données plus haut, voir La conqueste du tres puissant Empire de Trebisonde, Paris, Yvon Gallois, 1517, f. 2-3.
83 Le livre de baudoyn conte de Flandres, Lyon, Guillaume Le Roy, 1478.
84 L’histoire […] de gerard d’Euphrate, op. cit., p. 3-4.
85 Aristote, Éthique à Nicomaque, Paris, J. Vrin, 1994 [1990], III-9, p. 147-149. Sur ce thème voir Ernst Kantorowicz, « Mourir pour la patrie (Pro Patria Mori) dans la pensée politique médiévale », dans Mourir pour la patrie et autres textes, P. Legendre (éd.), Paris, Fayard, 2004 [1951, 1984], p. 127-165. Philippe Contamine, « Mourir pour la patrie, x-xxe siècle », dans P. Norat (dir.), Les lieux de mémoire, II, La Nation, Paris, Gallimard, 1986, p. 11-43. Norman Housley, « Pro Deo et patria mori : le patriotisme sanctifié en Europe, 1400-1600 », dans Guerre et concurrence entre les États européens du xive au xviiie siècle, P. Contamine (dir.), Paris, PUF, 1998, p. 269-303.
86 Voir par exemple Galien rethoré, op. cit., f. xl. Fierabras…, op. cit., f. 106.
87 Michel Vovelle, La mort et l’Occident de 1300 à nos jours, Paris, Gallimard, 2000 [1983], p. 98, 100-112.
88 Marie-Thérèse Caron, Noblesse et pouvoir royal…, op. cit., p. 207-212.
89 Le Rosier des Guerres, M. Diamant Berger (éd.), Paris, Fr. Bernouard, 1925, p. 17.
90 Bernard Guenée, L’Occident…, op. cit., p. 276 ; Françoise Autrand, Naissance d’un grand corps de l’État. Les gens du Parlement de Paris, 1345-1454, Paris, Publications de la Sorbonne, 1981.
91 Jean de Saulx, Memoires, Buchon (éd.), Paris, A. Desrez, 1836, p. 159. Agrippa d’Aubigné, Les avantures du baron de Faeste, Au desert, aux despens de l’autheur, 1640, p. 35.
92 Jacques Krynen, Idéal du prince et pouvoir royal en France à la fin du Moyen Âge (1380-1440), Paris, Picard, 1981, p. 143, et 144-154. Arlette Jouanna, « Un programme politique nobiliaire : les Mécontentes et l’État (1574-1576), dans L’État et les aristocraties, xiie-xviie siècle, France, Angleterre, Ecosse, P. Contamine (éd.), Paris, ENS éditions, 1989, p. 249.
93 Werner Paravicini, « Rois et princes chevaliers (Allemagne, xiie-xvie siècles) », dans Les princes et les pouvoirs au Moyen Âge, Paris, Publications de la Sorbonne, 1993, p. 9-34.
94 Colette Beaune, « L’historiographie de Charles VII, un thème de l’opposition à Louis XI », dans B. Chevalier, P. Contamine, La France à la fin du xve siècle. Renouveau et apogée, Paris, CNRS éditions, 1985, p. 265-281. Olivier Matteoni, Un prince face à Louis XI…, op. cit., p. 176.
95 François Suard, « Le personnage de Charlemagne dans les proses épiques imprimées », dans Chanson de geste et tradition épique…, op. cit., p. 313-322.
96 Arlette Jouanna, « La noblesse gardienne des lois du royaume : un modèle politique proposé pendant les guerres de Religion en France », dans Nobilitas…, op. cit., p. 177-192 ; Antoni Maczak, « Nécessité et complexité des relations entre État et noblesse », dans Wolfgang Reinhard (dir.), Les élites du pouvoir et la construction de l’État en Europe, Paris, PUF, 1996.
97 Chrystèle Blondeau, « Les intentions d’une œuvre (Faits et gestes d’Alexandre le Grand de Vasque de Lucène) et sa réception par Charles le Téméraire. ‘‘Ycellui Alexandre pas ne vous dois estre exemple de vertus’’ », Revue du Nord, 83, 2001, p. 746.
98 Chronique et histoire […] [de] Turpin…, op. cit., f. ii v°.
99 Ibid., f. iii.
100 Platon, La République, op. cit., VII 519c, p. 153.
Auteur
UQAM/Université de Lille SHS/IRHIS (UMR-CNRS 8529)
Benjamin Deruelle : professeur d’histoire de l’Europe moderne à l’université du Québec à Montréal et chercheur à l’Institut de recherches historiques du Septentrion (IRHiS-UMR 8529). Ses travaux portent sur la culture, les représentations et les pratiques guerrières au xvie siècle, analysées comme autant d’expressions et de modalités de la régulation sociale. Il est l’auteur d’un ouvrage intitulé De papier de fer et de sang : Chevaliers et chevalerie à l’épreuve de la modernité (Paris, Publications de la Sorbonne, 2015). Il a aussi codirigé plusieurs ouvrages collectifs dont : Savoirs et savoir-faire militaires à l’époque moderne (Paris, Publications de la Sorbonne, 2013), et Combattre à l’époque moderne (Paris, Éditions du CTHS, 2013).
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
La construction du militaire, Volume 3
Les mots du militaire : dire et se dire militaire en Occident (XVe-XIXe siècle) de la guerre de Cent ans à l’entre-deux-guerres
Benjamin Deruelle, Hervé Drévillon et Bernard Gainot (dir.)
2020
La construction du militaire, Volume 2
Cultures et identités combattantes en Europe de la guerre de Cent Ans à l’entre-deux guerres
Benjamin Deruelle et Arnaud Guinier (dir.)
2017
Les lumières de la guerre, Volume 2
Mémoires militaires du XVIIIe siècle conservés au service historique de la Défense (Sous-série 1 - Reconnaissances)
Hervé Drévillon et Arnaud Guinier (dir.)
2015
Les lumières de la guerre, Volume 1
Mémoires militaires du XVIIIe siècle conservés au service historique de la Défense (Sous-série 1 - Mémoires techniques)
Arnaud Guinier et Hervé Drévillon (dir.)
2015
La construction du militaire, Volume 1
Savoirs et savoir-faire militaires à l’époque moderne
Benjamin Deruelle et Bernard Gainot (dir.)
2013
L’historien-citoyen
Révolution, guerre, empires. Mélanges en l’honneur de Bernard Gainot
Benjamin Deruelle, Émilie Dosquet et Paul Vo-Ha (dir.)
2022