Les miliciens dans les Antilles françaises dans la première moitié du xviie siècle (1625‑1664)
p. 181-197
Résumé
La défense des établissements français est une des préoccupations de la monarchie et de la Compagnie des îles de l’Amérique, qui a reçu par privilège royal la conduite de la colonisation. En l’absence de troupes métropolitaines, elle est assurée par les colons qui, groupés en compagnies ou milice de quartier sous le commandement de capitaines et de lieutenants, doivent lutter tout autant contre les Indiens caraïbes qui mènent des raids meurtriers que contre les autres puissances. Cependant, ce sont rarement des hommes habitués à porter les armes. Se considèrent-ils comme des soldats et sont-ils efficaces dans leurs actions ?
Texte intégral
1Les établissements fondés par les Français dans les Petites Antilles à partir de 16251 relèvent de la Compagnie des îles de l’Amérique, qui a reçu du roi la conduite de la colonisation, puis, à partir de 1649 et de leur vente, des seigneurs propriétaires qui les ont acquis. Il leur revient d’assurer leur défense2. Elle est menée sur place par le capitaine général ou gouverneur, secondé par des officiers. Ils encadrent les habitants qui, organisés en compagnies de milice, répondent tout au long de la période coloniale aux assauts des puissances européennes et des Indiens caraïbes. Durant la première moitié du xviie siècle, ce sont les seules forces qui combattent, elles ne sont pas appuyées par des troupes venant de la métropole. Les habitants ne peuvent compter que sur eux-mêmes pour assurer leur protection. C’est une des caractéristiques générales des colonies françaises d’Ancien Régime. La défense de la Nouvelle-France repose aussi sur ses miliciens3. Le rachat des îles par la monarchie et la fondation de la Compagnie des Indes occidentales en 1664 signent une reprise en main des affaires coloniales par la monarchie et une réorganisation des défenses.
2La milice a peu retenu l’attention des chercheurs pour cette époque et cet espace ; ils ont plutôt consacré leurs travaux aux troupes de marine à la fin du xviie siècle et au xviiie siècle4. Les ouvrages sur les colonies françaises n’abordent la question qu’en termes généraux quand ils évoquent les conflits entre les nations européennes dans les îles. Le dossier mérite d’être ouvert afin de comprendre la formation de la société antillaise à l’époque coloniale. Nous nous proposons ici d’esquisser quelques pistes. Quelle est la place de la milice dans le dispositif militaire français durant la première moitié du xviie siècle ? Comment a-t-elle assuré cette mission ? Comment les hommes de la milice considéraient-ils le service des armes ?
Le service armé dans les îles
Les obligations militaires des habitants
3« Tous nos Français sont ici soldats et lorsqu’on entend de nuit tirer un coup d’arquebuse, on en doit tirer un autre pour avertir son voisin de se tenir prêt », remarque le carme Maurile de Saint-Michel en 16465. Le contrat du 9 mai 1635 signé entre la Compagnie des îles de l’Amérique et la monarchie établit que les hommes qui veulent passer à Saint-Christophe devront « travailler aux forteresses et faire la garde6 ». Mais si tous les colons et les engagés (on dit aussi alloués) doivent en principe le service des armes, nombre d’entre eux en sont exemptés car ils appartiennent à la maison d’un gouverneur, d’un lieutenant général ou d’un commis de la Compagnie. Ainsi, Pierre Merlin, commis général à Saint-Christophe, peut avoir jusqu’à six hommes exemptés de faire la garde aux forts7. Les clercs, religieux et prêtres séculiers, ne participent pas à la milice en raison de leur état, mais ils accompagnent souvent les soldats lors de leurs actions militaires. Les esclaves noirs, de plus en plus nombreux dans les îles au point de représenter près de la moitié de la population au milieu du xviie siècle, ne participent pas davantage à la milice, car on redoute qu’ils ne fassent usage de leurs armes contre leurs maîtres. Les mulâtres et les métis sont peu nombreux dans la société coloniale à cette époque, et nous ne savons pas la part qu’ils prennent dans la défense des îles. Les voyageurs aux Antilles notent que tous les habitants ont des armes chez eux, voire portent l’épée au côté. Le Florentin Cosimo Brunetti, qui vient à la Martinique en 1660, dit même que « les plus pauvres ont toujours cinq à six armes à feu chez eux8 ».
4Il est difficile d’évaluer la pesée exacte de la milice sur la population car les chiffres des habitants des îles donnés par les chroniqueurs pour cette période ne sont pas très sûrs. Nous sommes mieux renseignés par la suite. Le recensement de la population de 1660 parle de 2 580 Blancs à la Martinique9. En 1658, quatre compagnies de la Martinique totalisent au moins 600 hommes, d’après le dominicain Jean-Baptiste Feuillet, ce qui ferait un total de 1 050 hommes pour les sept compagnies de l’île à raison de 150 hommes par compagnie10. La participation des habitants à la milice s’élèverait ainsi à 40,6 %, ce qui est très sensiblement supérieur à celle que l’on peut constater en Nouvelle-France, autre colonie française qui repose sur des miliciens et qui s’établit, elle, autour de 20 à 25 %11. Mais quelle valeur accorder aux chiffres de Feuillet ?
5Les îles étant peu habitées dans la première moitié du xviie siècle, les effectifs des milices sont donc assez réduits. Ils augmentent au fur et à mesure que croît la population. En 1639, le gouverneur Jacques Dyel Du Parquet dispose de 700 hommes pour assurer la défense de la Martinique12. En 1658, il a peut-être plus de 1 000 hommes13. À la même époque, le gouverneur de la Grenade, Louis Caqueray de Valmenière, a 300 hommes sous son commandement, tout comme Courpon de la Tour à Saint-Martin14.
Organisation des milices
6L’organisation des milices se fait au niveau de chaque quartier d’habitation. À un quartier correspond en général une compagnie ou milice, parfois deux dans le cas d’un quartier particulièrement peuplé. Chaque milice est commandée par un capitaine, secondé d’un lieutenant. Viennent ensuite les enseignes, les sergents et les caporaux. Chaque quartier est matérialisé par une église ou une chapelle, un corps de garde et une place d’armes15.
7Saint-Christophe, la plus ancienne possession française et la plus peuplée, compte par exemple huit compagnies en 1646 d’après Maurile de Saint-Michel. La première est celle du gouverneur de l’île, Philippe de Longvilliers de Poincy, elle est dite compagnie colonelle. Les autres compagnies portent le nom de leurs capitaines, La Vernade, Aubert, Girault, Grenon, Aulnais, etc.16 Le pasteur Charles de Rochefort compte douze compagnies de gens à pied à Saint-Christophe une décennie plus tard, auxquelles il faut ajouter les compagnies à cheval, mais il n’est pas très loquace à leur propos. Il ne nous renseigne pas sur l’origine de ces dernières17. La Martinique compte de son côté quatre compagnies en 1640 : une à Case-Pilote, deux au Carbet, et une au Prêcheur18, et sept en 165819. Certains miliciens pourraient être montés, car l’île compte de nombreux chevaux20. La Guadeloupe a quatre compagnies en 1646, sous le commandement des capitaines la Ramée, Du Mé, de la Bazilière, et du major Du Pont21. L’île de la Grenade, qui est conquise à l’initiative du gouverneur de la Martinique Jacques Dyel Du Parquet, a deux compagnies en 1649. Chacune est commandée par un lieutenant. L’une est établie à Beau-Séjour et l’autre à Grand-Anse22. Le nombre d’hommes dans chaque compagnie dépend du nombre d’habitants dans un quartier. Il n’y a pas à ce titre de norme d’effectifs.
8La Compagnie des îles de l’Amérique pourvoie les hommes en armes et en munitions, qui sont entreposées dans des magasins sous la responsabilité de gardes et de commis23.
Les tâches des miliciens
9Les tâches des miliciens sont de plusieurs natures. Ils doivent toujours se tenir prêts à prendre les armes pour riposter face à une attaque ennemie, voire pour assurer une mission de police ou partir à la recherche d’esclaves en fuite, les marrons. En 1656, lors de la révolte des esclaves de la Guadeloupe, le commandant de Capesterre, monsieur de Boisseret, fait ainsi armer les habitants pour les attraper24.
10Les miliciens doivent en particulier assurer la garde des forts. Il y en a quatre par exemple à Saint-Christophe, le plus important étant celui de la Basse-Terre, « il y a jour et nuit […] des compagnies de soldats qui font bonne garde », souligne Charles de Rochefort25. Ce sont au début de la colonisation française de petits édifices armés de quelques canons et entourés d’une palissade. Avec le temps, les constructions sont plus importantes et en pierre. La garde des forts se fait à tour de rôle. L’Anonyme de Saint-Christophe rapporte que, dans les années 1640, « les sergents et les caporaux font lecture du rôle de ceux qui doivent entrer le lendemain en garde, à l’issue des vêpres ou quelquefois de la messe, savoir un homme de chacune maison composée de douze hommes ou de plusieurs ensemble faisant même nombre, lequel homme se rend le lendemain matin à la forteresse de son quartier, où il demeure en garde toute la semaine26 ». Du Tertre souligne pour sa part qu’à la Guadeloupe, les habitants montent la garde chacun à leur tour huit jours de suite et que, dans les autres îles, elle n’est que de vingt-quatre heures27.
11Les hommes qui sont d’astreinte remplissent d’autres tâches en fonction des nécessités. En temps de paix, ils assurent l’entretien du fort et des chemins des quartiers. Ils défrichent et cultivent les terres alentour pour y faire des vivres et vont à la chasse et à la pêche28. Ces vivres sont aussi destinés aux artisans que la Compagnie envoie dans les îles pour son compte29. La Compagnie invite tout de même les gouverneurs à agir avec prudence pour ne pas dégarnir les forts. Ainsi recommande-t-elle en 1639 à Du Parquet de ne pas faire travailler plus du quart de ceux qui sont employés pour la garde, et uniquement quand cela est sans risque30. Il apparaît au regard de la documentation que parfois les officiers de milice abusent de cette main-d’œuvre disponible pour leurs affaires particulières. En 1638, la Compagnie doit intervenir auprès des officiers de Saint-Christophe pour leur rappeler les règles qui prévalent et éviter les abus31. Ils compromettent, selon elle, par leur attitude, la sécurité des îles.
12Les miliciens s’entraînent régulièrement. L’Anonyme de Saint-Christophe rapporte que chaque semaine, avant l’office dominical, tôt le matin, vers sept ou huit heures, tous les habitants s’assemblent sur une grande place publique, « le mousquet et la pique sur l’épaule et l’épée au côté », et que leurs officiers leur font faire l’exercice jusqu’à ce que la cloche sonne pour les appeler à l’office, « alors chacun pose ses armes, s’en va entendre la messe32 ». Ils sont encadrés par des hommes avisés. Il y a environ dix maîtres tireurs d’armes à Saint-Christophe, « qui montrent en leurs maisons à ceux qui ont volonté de s’étudier en cet exercice33 ». À la Guadeloupe, l’exercice général est effectué une fois par mois, le dimanche, en sortant de la messe34.
13Les milices participent aux cérémonies de prise de fonction des agents nommés par la Compagnie des îles de l’Amérique venant de métropole. Elles accueillent les gouverneurs et assistent à la lecture de leur commission et à leur prestation de serment. Elles saluent le gouverneur le premier de l’an35. Les funérailles du gouverneur de la Martinique, Du Parquet, en 1658, témoignent d’un cérémonial tout militaire. Quatre compagnies de milice lui rendent hommage. À dix heures du matin, elles marchent en ordre pour accompagner le corps vers l’église, les mousquets baissés, les piques en bas, les tambours couverts de serge noirs. En tête du cortège, devant le corps, se tient le capitaine des gardes, à la tête de douze gardes revêtus de leurs casaques d’écarlate avec la croix blanche, le mousqueton et la bandoulière. Quatre capitaines tiennent les extrémités du drapeau de la compagnie colonelle. Un officier porte le casque du défunt, un autre ses gantelets, et un troisième son épée36.
Les hommes de la milice
L’expérience des armes
14Peu de miliciens semblent avoir une expérience du métier des armes avant d’arriver dans les Petites Antilles, hormis peut-être les capitaines de navires et les marins qui ont servi sur des flibustiers. Seuls les contrats d’engagement pourraient nous en apprendre un peu plus sur les hommes qui viennent dans les îles et leurs qualités, mais il faut avouer que bien souvent le métier n’est pas mentionné dans ces documents, sauf quand il s’agit d’artisans spécialisés. Les Français qui viennent aux Antilles sont d’abord recrutés pour le travail de la terre et la culture du tabac et du coton37.
15Il existe cependant dans les îles quelques spécialistes des armes, sans que nous sachions dans quelle mesure ils participent aux activités de la milice. La Compagnie des îles de l’Amérique prépare en 1636 l’arrivée d’un arquebusier parisien et de ses deux compagnons à Saint-Christophe. Elle propose de les faire passer à ses frais et de les soutenir les six premiers mois de leur séjour dans l’île. Ils recevront 3 000 livres de pétun par an. Elle leur promet aussi des terres pour faire des vivres, à la condition de ne pas faire de pétun38. En 1637, la Compagnie s’engage à recruter des armuriers39. Un poudrier doit être envoyé à Saint-Christophe pour raccommoder les poudres en 163940. Michel Nolleau, un armurier de l’île de Ré, vient s’établir à la Martinique avant de passer à la Grenade en 164941. La Compagnie accorde à tous ces hommes des privilèges pour s’attacher leurs services. En 1638, elle autorise le maître canonnier Deshayes à passer deux hommes sans frais s’il décide de retourner à la Guadeloupe « et d’y servir avec affection42 ». Elle donne une exemption de garde et de corvées à Robert Rivière, maître armurier, en considération de son métier en 164443. Certains serruriers participent également à l’entretien des armes44.
Les officiers de milice
16Les gouverneurs ont toute autorité sur « les capitaines, officiers et gens de guerre » de leur île45. Ils nomment les officiers de la milice, « ils pourvoient aux charges de milice », comme il est dit dans leurs contrats46. Ainsi, quand en 1638, Auger demande aux directeurs de la Compagnie des îles de l’Amérique la charge de sergent major à Saint-Christophe, ceux-ci le renvoient-ils au gouverneur de l’île, le seul à même de le nommer selon eux47. Les officiers dépendent entièrement des capitaines généraux. Ils ne peuvent sortir des îles et venir en France sans leur permission ou celle de la Compagnie sous peine de perdre leur charge48. Il arrive cependant que la Compagnie intervienne dans le choix d’un officier de la milice ou décide d’en sanctionner un quand elle ne le juge pas convenable. Du Tertre nous apprend par exemple qu’en 1631, la Compagnie des îles envoie de sa propre initiative deux capitaines, deux enseignes, deux sergents et deux caporaux à Saint-Christophe49. En 1638, elle demande au gouverneur de la Martinique, Du Parquet, de donner au sieur de La Vallée la charge de premier capitaine pour le récompenser de son bon gouvernement des affaires de l’île au tout début de l’établissement des Français50. Elle lui établit une commission, la seule connue pour un officier émanant de la Compagnie51. La Compagnie est attentive à la bonne conduite des cadres. En 1638, elle rappelle à l’ordre le capitaine Saint-Martin à Saint-Christophe pour avoir fait exécuter des corvées aux habitants52. En 1641, elle demande à Poincy d’agir contre le capitaine du Pont dont la conduite a suscité plusieurs plaintes. C’est un homme de mauvaise vie. Elle le trouve par ailleurs peu soucieux de son service. Elle invite Poincy à lui donner un emploi dans une autre île53.
17Les chroniques nous permettent de reconstituer en grande partie l’encadrement des compagnies de milice, mais elles ne donnent aucun renseignement sur ces hommes, hormis leur origine (il apparaît que la plupart sont normands) ; on ne connait pas leur formation. Certains d’entre eux appartiennent à la petite noblesse. En 1647, à la Martinique, les capitaines Louis de Querengoan, sieur de Rosselan, et Claude de Beaujeu, sieur de La Haye, sont écuyers54. Ils peuvent être familiers de la chose militaire, mais pas toujours. Aubert, capitaine d’une compagnie de Saint-Christophe, est un ancien chirurgien55. Toutefois, leur niveau d’instruction n’est pas toujours élevé. Un des premiers capitaines de Saint-Christophe, un certain Desmarest, ne sait ainsi ni lire ni écrire56. La charge est bien souvent confiée à un habitant important, un notable, sans qu’on se préoccupe de ses compétences. Le père dominicain Jean-Baptiste Labat rapporte à la fin du xviie siècle que le premier capitaine de l’île de la Martinique, Jean Roy, était un tailleur ou un chaussetier de Bordeaux, qui avait fait fortune aux îles en trafiquant le tabac puis le sucre57.
18Au temps de la Compagnie des îles de l’Amérique, les officiers reçoivent pour leur entretien une petite partie des droits perçus par celle-ci sur les habitants. En 1637, ils se partagent une somme de dix livres de pétun levée sur chaque homme les années où il se fait du pétun58. Cette part augmente avec les années. Sur les deux cents livres de pétun payées par chaque habitant de la Martinique, quinze livres sont distribuées sous forme de gratification aux chefs de la milice en 164459. Ils bénéficient aussi de privilèges. Tous les officiers sont exemptés des droits pour leurs personnes, et leurs serviteurs sont exemptés des droits et de la garde des forts. Les lieutenants ont deux hommes déchargés des droits et les enseignes, un homme. Ils bénéficient de nouvelles exemptions en 1638. La Compagnie promet ainsi six serviteurs aux capitaines exemptés des droits personnels, et quatre aux lieutenants60. Du Tertre note qu’à l’époque des seigneurs propriétaires, ils n’ont point de gages à la Guadeloupe « et ordinairement il y a plus d’honneur que de profit car ces charges les engagent à beaucoup de dépense61 ».
Les capitaines généraux et les officiers
19Les capitaines généraux ou gouverneurs s’appuient sur les officiers de milice pour conduire la colonie. Ils participent à leurs côtés aux différentes instances décisionnelles des îles, le conseil de guerre et le Conseil souverain. Le lieutenant général des îles pour le roi, Patrocle de Thoisy, précise dans une ordonnance que le conseil de guerre qu’il établit à la Guadeloupe en 1646
sera composé des principaux officiers de milice, avec tels autres que nous jugerons à propos, lequel Conseil se tiendra tous les premiers dimanches des mois après le service divin au Fort de la Basse-Terre de cette île, lieu de notre résidence, à commencer le dimanche cinquième août. Et parce que l’incommodité des chemins ou quelqu’autre indisposition pourrait empêcher les plus éloignés d’y venir, ils en seront dispensés, nôtre intention étant de ne faire ledit établissement que pour le service du roi, la commodité des officiers et le soulagement du peuple, afin de régler leurs différends sur l’heure62.
20Le Conseil souverain établi par la déclaration royale du premier août 1645 confie aux gouverneurs et à leurs principaux officiers le soin de juger les appels dans les îles63.
21Les capitaines généraux ont besoin d’hommes sur lesquels ils peuvent compter. Ils nomment pour cela aux charges d’officier des membres de leur famille ou des proches dont ils sont sûrs. Pierre Belain d’Esnambuc confie le commandement des compagnies de Saint-Christophe à ses neveux, l’un d’eux mourra d’ailleurs au combat, lors de la prise de l’île par les Espagnols en 162964. Poincy, qui lui succède à Saint-Christophe, fait de même, tout comme Jacques Dyel Du Parquet à la Martinique. Les capitaines généraux s’attachent aussi la fidélité de leurs officiers en leur donnant des gratifications. D’Esnambuc, soucieux qu’ils puissent tenir leur rang, attribue quatre mille livres de pétun aux capitaines, deux mille aux lieutenants, et mille cinq cent aux enseignes65. Le lien entre les gouverneurs et les officiers est tellement important qu’en 1645, le roi enjoint aux officiers de Saint-Christophe d’obéir au nouveau lieutenant général et non plus à Poincy, qui n’a pas été renouvelé dans sa commission, afin de prévenir toute tentative de sédition66.
22Les officiers sont un rouage essentiel du gouvernement. Aussi, quand un nouveau gouverneur arrive, assiste-t-on parfois à des changements et à de nouvelles nominations. Poincy se défait de plusieurs officiers qui avaient été nommés par son lieutenant général, Lagrange Fromenteau, avec lequel il est en rivalité67. Le gouverneur Dubu, tout fraîchement nommé par le nouveau seigneur propriétaire de la Grenade, le comte de Cérillac, décide de nouveaux lieutenants pour les deux milices de l’île. Il reprend certes en partie le personnel existant, mais il en promeut certains qui lui sont plus attachés68. Il arrive cependant que des officiers se soustraient à l’autorité de leur gouverneur et, avec eux, leurs troupes. Ainsi, à la Grenade, les capitaines Le Fort et Le Marquis, refusant l’autorité du nouveau gouverneur Valmenière, soulèvent contre lui leurs compagnies69.
La place des officiers de milice dans la société coloniale antillaise
23Les officiers jouent un rôle important dans la société coloniale. Ils en sont des cadres structurants. Ils exercent une autorité considérable sur les quartiers. Tous les habitants leur obéissent. Jean-Baptiste Du Tertre trace un portrait très appuyé de leur autorité : « Les officiers […] sont fort respectés, et au moindre ordre que l’enseigne ou le sergent donnent, on leur obéit sans aucune résistance. » Le capitaine « a le pouvoir de les faire mettre aux fers quand ils font quelque faute70 ». Les officiers s’immiscent parfois dans des affaires qui ne relèvent pas de leurs compétences. Ainsi la Compagnie invite-t-elle son intendant général, M. de Leumont, à veiller à ce qu’aucun officier de milice ne se mêle « en façon quelconque de la justice ordinaire71 ».
24Ils participent activement à la production des cultures d’exportation en possédant des habitations ainsi qu’au trafic. Ainsi, le sieur de La Tour Courpon, capitaine d’une compagnie à Saint-Christophe, traite-t-il avec un marchand nantais trois mille livres de tabac en 1640. L’enseigne Regnaud Sanson et le capitaine Alexandre Maseiller sont en affaires avec les marchands portugais de Nantes72. Certains capitaines ont noué des alliances avec les Indiens et fait des affaires avec eux. Ils ont parfois épousé des femmes indigènes. Louis de Querengoan, sieur de Rosselan, le capitaine du quartier du Prêcheur à la Martinique, a une femme indienne avec laquelle il a eu trois ou quatre enfants. Le carme Maurile de Saint-Michel raconte qu’« elle vaut beaucoup à son mari, à cause du trafic et commerce qu’elle a avec les autres Sauvagesses ». Un autre officier, l’enseigne La Verdure, est marié avec une Indienne christianisée, « laquelle est fort sage et judicieuse », souligne le carme73.
L’efficacité des milices
25Les habitants sont obligés de participer aux missions de défense des îles, mais se sentent-ils pour autant des soldats ? Et comment supportent-ils le service ? Sont-ils efficaces ?
De l’efficacité des miliciens
26Les miliciens possèdent d’indéniables qualités. Ils connaissent le terrain et ont de l’expérience. Brunetti souligne leur agilité à courir dans les bois et à arpenter la montagne, et de conclure : « Cent soldats de la Martinique ne feraient aucune difficulté d’en battre trois ou quatre cents nouvellement venus d’Europe74. » Ils assurent la défense des îles à un faible coût. Cependant leur efficacité dépend de leur nombre. Or, dans la première moitié du xviie siècle, les habitants ne sont pas nombreux dans les établissements français. Les effectifs des milices sont donc faibles. Ils ne peuvent pas toujours résister aux assauts des autres puissances. Ils doivent ainsi céder du terrain devant les Anglais de Saint-Christophe, puis ils sont chassés de l’île par les Espagnols en 1629. Pour résister, les gouverneurs doivent faire appel à des renforts. La même année, ils obtiennent ainsi du cardinal de Richelieu l’envoi d’une flotte de dix navires commandée par le sieur de Cahusac75. Dans les premiers temps de la colonisation, il arrive aussi que les esclaves noirs soient armés pour contenir une intervention étrangère. Ainsi d’Esnambuc fait-il donner des serpes à cinq cents ou six cents esclaves pour attaquer, sous la conduite d’officiers français, les Anglais de Saint-Christophe et les forcer à rendre les terres qu’ils ont usurpées. Il leur promet l’affranchissement s’ils servent bien76. Le dominicain Jean-Baptiste Du Tertre veut croire qu’il s’est agi d’une manœuvre pour faire peur aux Anglais, qui craignent et redoutent les Noirs77.
27Le gouverneur de la Grenade en est réduit pour protéger l’île des incursions des Indiens de Saint-Vincent à recruter des mercenaires. En 1654, il s’entend avec soixante-quatre soldats de l’armée hollandaise qui ont été chassés du Brésil pour qu’ils le servent pendant un an. Ils sont placés sous le commandement du capitaine de Neufville. Cette compagnie est appelée pour cela dans les sources la compagnie brésilienne. En fait, ils serviront quatorze mois jusqu’en septembre 1655. Ils touchent chacun une pistole par mois. Ils sont établis dans le fort Desnambuc78. Seule l’augmentation de la population permet en fait à la milice de mieux faire face aux menaces extérieures.
28Les miliciens n’apparaissent pas toujours aux yeux des autorités métropolitaines comme fiables. Leur trop grande dépendance vis-à-vis de leurs officiers fait redouter une sédition. Ils sont aussi très fiers. Aussi convient-il « d’avoir l’œil sur eux79 ». Les militaires se montrent aussi assez critiques quant à leur discipline. À la fin du xviie siècle, le gouverneur général des îles, le comte de Blénac, apprécie peu les miliciens en raison de leurs origines. Leur passé de flibustier contribue, en effet, à les dévaloriser aux yeux des hommes de métier de la métropole80. Les miliciens ne pourraient-ils pas être de bons soldats ? Il est vrai qu’ils ne sont pas toujours obéissants. Nous connaissons quelques cas de désertion. À la fin de l’année 1656, alors que les Français tentent de garder le contrôle de l’île de Sainte-Lucie, un détachement mené par Haquet, un parent du gouverneur de la Martinique Du Parquet, a fort à faire avec les Indiens. La mort de Haquet et son remplacement par le sieur Le Breton démobilisent les Français qui sont sur l’île. Ils désertent le fort en emportant tout ce qu’il y a à l’intérieur. Du Parquet pense, si l’on en croit Du Tertre, qui rapporte l’événement, que c’est la défiance des hommes envers leur nouveau commandant qui a conduit à leur fuite à bord d’une barque anglaise. Il ne tiendra qu’à un nouvel envoi de vingt-cinq hommes sous le commandement du sieur Courtis que Sainte-Lucie demeure sous autorité française81. Mais ce phénomène de désertion est difficile à quantifier. Il n’est pas de toute façon le propre des miliciens. Il touche tout autant les armées régulières d’Ancien Régime82.
29Les milices réussissent cependant à contenir les Indiens caraïbes. Elles les chassent de Saint-Christophe puis de la Guadeloupe après une longue lutte. À la Martinique, Indiens et Français s’entendent pour se partager l’île. Mais l’équilibre est toujours précaire. Les Indiens des îles voisines de Saint-Vincent et de la Dominique mènent de temps à autre des raids meurtriers sur les établissements côtiers. En 1654, les hostilités reprennent, mais les Français contiennent les deux mille Caraïbes qui les attaquent. La paix est signée avec eux en 166083.
30Malgré la remise en cause de leur place dans le dispositif militaire français, les milices sont maintenues. Le pouvoir tente malgré tout de mieux les contrôler. En 1663, tous les capitaines de milice sont placés sous l’autorité d’un colonel, mais il faut attendre 1705 pour que le roi nomme les officiers de milice84.
Les refus des obligations militaires
31Les habitants entretiennent une relation complexe au service de la milice. D’une part, il leur permet d’assurer seuls leur défense et d’être relativement autonomes par rapport aux ordonnateurs, notamment la Compagnie des îles de l’Amérique, mais d’autre part, il leur semble particulièrement lourd. Certains habitants préfèreraient se consacrer à leurs activités économiques plutôt que d’assurer cette mission pour laquelle ils sont en définitive peu préparés. L’obligation de la garde est notamment critiquée. Elle émane des célibataires, qui ne peuvent se reposer sur d’autres pour la conduite de leur habitation, et de ceux qui ne disposent pas de serviteurs pour pouvoir s’occuper de leur terre ou de leur métier quand ils sont au fort. Le dominicain Du Tertre souligne ainsi :
Cette garde de huit jours est assez incommode aux habitants de la Guadeloupe, particulièrement à ceux qui sont seuls, car leur place dépérit beaucoup par une si longue absence. Les maîtres de cases y peuvent envoyer un de leurs gens, mais non pas un de leurs esclaves, à qui on ne permet pas de manier des armes85.
32En 1636, la question du service au fort est débattue par les associés de la Compagnie des îles de l’Amérique. Lors de leur réunion mensuelle du 7 mai 1636, ils envisagent d’en décharger les habitants et demandent au capitaine général de Saint-Christophe, d’Esnambuc, de s’assurer de leur consentement pour « payer une garnison dans les forts pour être déchargés de la garde et fortification ». Nous ne savons pas qui est à l’origine de cette proposition. S’agit-il d’une politique volontariste de la Compagnie ? D’une demande des habitants ? Ou d’une idée du gouverneur ? Il est vraisemblable que chacun pense qu’ainsi le service sera plus efficace et que cela permettra aux habitants de mettre l’île en valeur. La Compagnie veut cependant bien s’assurer du consentement des habitants, car cela change leurs charges. Elle promet à d’Esnambuc d’envoyer pour tenir la garnison des soldats dont les devoirs sont fixés à l’avance. Ils devront assurer la garde des forts et, quand ils ne seront pas de garde, ils participeront à la construction des fortifications. Des terres seront cultivées autour des forts afin d’assurer leur ravitaillement86. Mais la Compagnie y a-t-elle satisfait ? Les habitants ont-ils donné leur consentement ? Poincy souligne en 1647 que les deux cents soldats promis pour la garde des forts n’ont jamais été envoyés87. En 1645, la Compagnie autorise le gouverneur Charles Houël à décharger de la garde les habitants de la Guadeloupe payant les deux cents livres de pétun à la Compagnie et à faire une garnison de trente hommes, dans la mesure où la dépense n’excède pas vingt-cinq mille livres de pétun au plus par an.
À la Martinique, le gouverneur Du Parquet impose à tous les habitants de donner cinquante livres de pétun pour dédommager ceux qui montent la garde88.
33Les milices s’avèrent pour les autorités une solution peu onéreuse pour assurer la défense et la police des établissements français des Petites Antilles. Elles remplissent plutôt convenablement le rôle qui leur a été dévolu, avec les contraintes qui sont les leurs. Elles demeureront une pièce essentielle du dispositif français en Amérique, aux Antilles comme au Canada, tout au long de la période coloniale89. Malgré quelques tentatives de suppression, le milicien demeure une figure du monde colonial français. Cependant sa place dans le système militaire de défense évolue. En 1664, la monarchie reprend en main avec la création de la Compagnie des Indes occidentales la conduite de la colonisation des îles. Elle aspire à davantage de discipline et de loyauté. L’ampleur des conflits entre la France et l’Angleterre nécessite des interventions de plus en plus fréquentes de la flotte et des soldats de la métropole. Des troupes permanentes sont bientôt spécialement établies dans les îles, les fameuses troupes détachées de la Marine90. L’utilité et la valeur militaire des milices déclinent dès lors tout au long du xviiie siècle91.
Notes de bas de page
1 Les Français s’établissent officiellement à Saint-Christophe en 1625, à la Guadeloupe et à la Martinique en 1635, à Sainte-Croix et à Saint-Martin en 1648, à la Grenade en 1649, et à Sainte-Lucie en 1650. La Compagnie des îles est fondée, elle, en 1626.
2 Voir en particulier les articles 5, 7, et 9 du contrat de 1635 signé entre la monarchie et la Compagnie. Archives nationales d’outre-mer, Aix-en-Provence [ANOM], F2A13, Contrat du rétablissement de la Compagnie des îles de l’Amérique, Paris, le 12 février 1635, p. 1-6. Sur la politique de défense des îles, voir Éric Roulet, « “Mousquets, piques et canons…” La défense des Antilles françaises au temps de la Compagnie des îles 1626-1648 », dans David Plouviez (éd.), Défense et colonies dans le monde atlantique xve-xxe siècle, Rennes, Presses universitaires de Rennes, p. 201-217.
3 La milice, instituée officiellement en Nouvelle-France en 1669, concerne tous les hommes valides de 16 à 60 ans. Jacques Mathieu, La Nouvelle-France. Les Français en Amérique du Nord, xvie-xviiie siècle, Paris/Québec, Belin/Presses de l’université Laval, 1991, p. 100. Voir aussi Gérard Malchelosse, « Milice et troupes de la Marine en Nouvelle-France, 1669-1760 », Cahiers des Dix, 14, 1949, p. 115-148 ; Louise Dechêne, Le Peuple, l’État, la Guerre au Canada sous le Régime français, Montréal, Boréal, 2008.
4 Citons parmi les ouvrages plus récents : Charles Frostin, « Les enfants perdus de l’État ou la condition militaire à Saint-Domingue au xviiie siècle », Annales de Bretagne, 1973, p. 317-343 ; Éric Lefevre, Ingrid Mabire, Les troupes de Marine 1622-1984, Paris, Lavauzelle, 1991 ; Jacques-Olivier Boudon, Antoine Champeaux (dir.), Les troupes de la marine et les colonies sous le Premier Empire, actes du colloque de Fréjus de mai 2002, Paris, Lavauzelle ; Boris Lesueur, Les troupes coloniales d’Ancien Régime, Paris, SPM, 2014.
5 Maurile de Saint-Michel, Voyages des isles camercanes en l’Amérique, dans Corpus antillais, t. 3, Missionnaires capucins et carmes aux Antilles. B. Grunberg et al. (éd.), Paris, L’Harmattan, 2013, p. 136. Les chroniqueurs parlent de soldats et non d’habitants en armes quand ils évoquent les opérations militaires contre les Indiens.
6 Contrat d’engagement, le 9 mai 1635, dans Albert Anthiaume, Cartes marines, constructions navales, voyages de découverte chez les Normands, 1500-1650, Paris, Ernest Dumont, 1916, t. 2, p. 550.
7 ANOM, F2A13, Acte de délibération de la Compagnie des îles de l’Amérique [désormais Acte], le 4 juillet 1640, p. 403.
8 Cosimo Brunetti, « Relation des isles de l’Amérique, Antilles en l’état qu’elles estoient l’année 1660 et les noms de ceux qui en estoient les possesseurs », dans Susan Heller Anderson, « Cosimo Brunetti. Three Relations of the West Indies in 1659-1660 », Transactions of the American Philosophical Society, 59/6, 1969, p. 29 ; Jean-Baptiste Du Tertre, Histoire générale des Antilles habitées par les Français, Fort-de-France, Éditions E. Kolodziej, 1978, t. 2, p. 478.
9 Jacques Petitjean Roget, La société d’habitation à la Martinique. Un demi-siècle de formation, 1625-1685, Paris, Honoré Champion, 1980, t. 2, p. 940.
10 Lettre de Jean-Baptiste Feuillet à Dutertre, la Martinique, le 4 janvier 1658, dans Jean-Baptiste Du Tertre, Histoire générale des Antilles..., op. cit., t. 1, p. 493.
11 Yves Desloges, « Québec, ville assiégée », dans Serge Bernier et al., Québec, ville militaire (1608-2008), Montréal, Art global, 2008, p. 157.
12 Lettre de Poincy à Fouquet, le 16 août 1639, dans Jean-Baptiste Du Tertre, Histoire générale des Antilles..., op. cit., t. 1, p. 125.
13 Lettre de Jean-Baptiste Feuillet à Du Tertre, la Martinique, le 4 janvier 1658, dans Jean-Baptiste Du Tertre, Histoire générale des Antilles..., op. cit., t. 1, p. 493.
14 Charles de Rochefort, Histoire naturelle et morale des îles Antilles, B. Grunberg, B. Roux, J. Grunberg (éd.), Paris, L’Harmattan, 2013, t. 1, p. 75 et 103.
15 Ibid., p. 79.
16 Maurile de Saint-Michel, Voyages des isles camercanes en l’Amérique, op. cit., p. 136.
17 Charles de Rochefort, Histoire naturelle et morale des îles Antilles, op. cit., t. 2, p. 48.
18 Liliane Chauleau, Dans les îles du vent, la Martinique, xviie-xixe siècles, Paris, L’Harmattan, 1994, p. 61.
19 Extrait des Registres du Conseil de l’île de la Martinique, le 6 août 1658, dans Jean-Baptiste Du Tertre, Histoire générale des Antilles..., op. cit., t. 1, p. 503.
20 Cosimo Brunetti, « Relation des isles de l’Amérique… », op. cit., p. 29.
21 Jean-Baptiste Du Tertre, Histoire générale des Antilles..., op. cit., t. 1, p. 309.
22 Anonyme de Grenade, L’histoire de l’île de Grenade en Amérique, dans Corpus antillais, t. 4, Voyageurs anonymes aux Antilles, op. cit., p. 144.
23 Anom, F2A13, Acte, le 4 février 1638, p. 322.
24 Jean-Baptiste Du Tertre, Histoire générale des Antilles..., op. cit., t. 1, p. 470-471.
25 Charles de Rochefort, Histoire naturelle et morale des îles Antilles, op. cit., t. 1, p. 93 ; Anom, F2A13, Acte, 3 septembre 1636, p. 281.
26 Anonyme de Saint-Christophe, Relation des îles de Sainct Christofle, Gardelouppe et la Martinicque, dans Corpus antillais, t. 4, op. cit., p. 126.
27 Jean-Baptiste Du Tertre, Histoire générale des Antilles..., op. cit., t. 2, p. 448-449.
28 Anonyme de Saint-Christophe, Relation des îles..., op. cit., p. 126.
29 Anom, F2A13, Acte, le 3 septembre 1636, p. 282.
30 Anom, F2A13, Acte, le 5 janvier 1639, p. 351.
31 Anom, F2A13, Acte, le 7 juillet 1638, p. 331.
32 Anonyme de Saint-Christophe, Relation des îles..., op. cit., p. 125-126.
33 Ibid., p. 126.
34 Jean-Baptiste Du Tertre, Histoire générale des Antilles..., op. cit., t. 2, p. 448-449.
35 Ibid., p. 450.
36 Lettre de Jean-Baptiste Feuillet à Du Tertre, la Martinique, le 4 janvier 1658, dans Jean-Baptiste Du Tertre, Histoire générale des Antilles..., op. cit., t. 1, p. 492-493 ; André Chevillard, Les desseins de Son Éminence de Richelieu pour l’Amérique, Rennes, Jean Durand, 1659, p. 198-199.
37 Voir les documents publiés par Charles et Paul Bréard, Documents relatifs à la marine normande et à ses armements aux xvie et xviie siècles pour le Canada, l’Afrique, les Antilles, le Brésil et les Indes, Rouen, A. Lestringant, 1889, p. 187 et suiv.
38 Anom, F2A13, Acte, le 2 juillet 1636, p. 274.
39 Anom, F2A13, Acte, le 7 octobre 1637, p. 309.
40 Anom, F2A13, Acte, le 3 août 1639, p. 362.
41 Anonyme de Grenade, L’histoire de l’île de Grenade en Amérique, op. cit., p. 147.
42 Anom, F2A13, Acte, le 2 juin 1638, p. 329.
43 Anom, F2A13, Acte, le 3 juin 1644, p. 472.
44 Jean-Baptiste Du Tertre, Histoire générale des Antilles..., op. cit., t. 2, p. 474.
45 Commission de monsieur le cardinal de Richelieu aux sieurs d’Esnambuc et du Rossey, Paris, le 31 octobre 1626, dans Jean-Baptiste Du Tertre, Histoire générale des Antilles..., op. cit., t. 1, p. 38 ; Anom, F2A13, Commission de lieutenant général à du Parquet, Paris, le 12 décembre 1637, p. 123.
46 Anom, F2A13, Traité de l’isle de la Grenade, Paris, le 10 juillet 1645, p. 65.
47 Anom, F2A13, Acte, le 6 janvier 1638, p. 318.
48 Anom, F2A13, Acte, le 6 octobre 1638, p. 340.
49 Jean-Baptiste Du Tertre, Histoire générale des Antilles..., op. cit., t. 1, p. 60-61.
50 Anom, F2A13, Acte, le 4 août 1638, p. 334.
51 Le 5 janvier 1639, elle donne à La Vallée sa commission. Anom, F2A13, Acte, le 5 janvier 1639, p. 350 ; Anom, F2A 13, Commission de premier capitaine à La Vallée, Paris, le 5 janvier 1639, p. 141-142.
52 Anom, F2A13, Acte, le 2 juin 1638, p. 327.
53 Anom, F2A13, Acte, le 6 juin 1641, p. 413.
54 Délibération des officiers de la Martinique, le 15 janvier 1647, dans Jean-Baptiste Du Tertre, Histoire générale des Antilles..., op. cit., t. 1, p. 357.
55 Ibid., p. 198.
56 Délibération des officiers de la Martinique, le 15 janvier 1647, dans Jean-Baptiste Du Tertre, Histoire générale des Antilles..., op. cit., t. 1, p. 173.
57 Jean-Baptiste Labat, Nouveau voyage aux isles de l’Amérique, La Haye, P. Husson, 1724, t. 1, p. 76.
58 Anom, F2A13, Acte, le 2 décembre 1637, p. 315.
59 Anom, F2A13, Acte, le 1er juin 1644, p. 471.
60 Anom, F2A13, Acte, le 7 janvier 1637, p. 287 ; Anom, F2A13, Acte, le 1er décembre 1638, p. 346. Du Tertre parle pour les années 1650 de huit à dix personnes exemptées. Jean-Baptiste Du Tertre, Histoire générale des Antilles..., op. cit., t. 2, p. 449.
61 Ibid., p. 449.
62 Ordonnance de monsieur le général pour l’établissement d’un conseil de guerre, la Guadeloupe, le 1er août 1646, dans Jean-Baptiste Du Tertre, Histoire générale des Antilles..., op. cit., t. 1, p. 314-315.
63 Anom, F2A13, Déclaration royale pour l’exercice de la justice souveraine, Paris, le 1er août 1645, p. 226.
64 Jean-Baptiste Du Tertre, Histoire générale des Antilles..., op. cit., t. 1, p. 51-52.
65 Ibid., p. 169.
66 Lettre de cachet aux officiers de Saint Christophe, Paris, le 22 août 1645, Jean-Baptiste Du Tertre, Histoire générale des Antilles..., op. cit., t. 1, p. 274.
67 Lettre de cachet aux officiers de Saint Christophe, Paris, le 22 août 1645, Jean-Baptiste Du Tertre, Histoire générale des Antilles..., op. cit., t. 1, p. 147.
68 Anonyme de Grenade, L’histoire de l’île de Grenade en Amérique, op. cit., p. 234.
69 Jean-Baptiste Du Tertre, Histoire générale des Antilles..., op. cit., t. 1, p. 411.
70 Ibid., t. 2, p. 449.
71 Anom, F2A13, Acte, le 6 août 1647, p. 457.
72 Guy Saupin, « Les marchands nantais et l’ouverture de la route antillaise 1639-1650 », dans J.-P. Sanchez (dir.), Dans le sillage de Colomb. L’Europe du ponant et la découverte du nouveau monde (1450-1650), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 1995, p. 178-179.
73 Maurile de Saint-Michel, Voyages des isles camercanes en l’Amérique, op. cit., p. 107 et 181.
74 Cosimo Brunetti, « Relation des isles de l’Amérique… », op. cit., p. 29.
75 Jean-Baptiste Du Tertre, Histoire générale des Antilles..., op. cit., t. 1, p. 48-49.
76 Jean-Baptiste Du Tertre, Histoire générale des Antilles..., op. cit., t. 1, p. 80. Le recours aux esclaves en temps de guerre se poursuit au xviiie siècle. Frédéric Régent, La France et ses esclaves. De la colonisation aux abolitions (1620-1848), Paris, Pluriel, 2009, p. 186 ; Id., « Armement des hommes de couleur et liberté aux Antilles : le cas de la Guadeloupe pendant l’Ancien régime et la Révolution », Annales historiques de la Révolution française, 348, avril-juin 2007, p. 41-56.
77 Jean-Baptiste Du Tertre, Histoire générale des Antilles..., op. cit., t. 1, p. 81.
78 Anonyme de Grenade, L’histoire de l’île de Grenade en Amérique, op. cit., p. 183-184 et 189. Du Tertre dit qu’ils sont une centaine. Ils sont principalement wallons. Jean-Baptiste Du Tertre, Histoire générale des Antilles..., op. cit., t. 1, p. 411.
79 Liliane Chauleau, Dans les îles du vent, la Martinique..., op. cit., p. 63. Voir aussi Cosimo Brunetti, « Relation des isles de l’Amérique… », op. cit., p. 29.
80 Paul Butel, Histoire de Antilles françaises, xviie-xxe siècle, Paris, Perrin, 2002, p. 128.
81 Jean-Baptiste Du tertre, Histoire générale des Antilles..., op. cit., t. 1, p. 415-416.
82 Voir à ce sujet André Corvisier, Les contrôles de troupes de l’Ancien Régime, t. 1, Paris, Service historique de l’État-Major de l’Armée de Terre, 1968, p. 6, 15 et 97.
83 Jean-Baptiste Du Tertre, Histoire générale des Antilles..., op. cit., t. 1, p. 442 ; Traité franco-anglo-caraïbe, le 31/03/1660, dans Jean-Baptiste Du Tertre, Histoire générale des Antilles..., op. cit., t. 1, p. 537-538.
84 Liliane Chauleau, Dans les îles du vent, la Martinique..., op. cit., p. 61-62.
85 Jean-Baptiste Du Tertre, Histoire générale des Antilles..., op. cit., t. 2, p. 448-449.
86 Anom, F2A13, Acte, le 7 juin 1636, p. 261.
87 BnF, mss fr. 18593, Mémoire touchant les différents entre les sieurs de Poincy et Patrocles et les associés de la Compagnie des îles de l’Amérique, fol 417r.
88 Anom, F2A13, Acte, le 3 mars 1645, p. 482 ; Jean-Baptiste Du Tertre, Histoire générale des Antilles..., op. cit., t. 2, p. 448 ; P. R. Dessalles, Annales du Conseil Souverain de la Martinique [1786], Paris, L’Harmattan, 1995, t. 1-1, p. 4.
89 Les milices sont supprimées et remplacées par des troupes réglées en 1763. Cela ne dure guère car, en 1765, les milices sont rétablies. Michel Devèze, Antilles, Guyanes, la mer des caraïbes de 1492 à 1789, Paris, SEDES, 1977, p. 241.
90 Boris Lesueur, « Les troupes coloniales aux Antilles sous l’Ancien Régime », Histoire, économie & société, 4, 2009, p. 3-19.
91 Paul Butel, Histoire des Antilles françaises..., op. cit., p. 128-129.
Auteur
Université Littoral Côte d’Opale (ULCO)
Éric Roulet : Éric Roulet est professeur d’histoire moderne à l’université du Littoral-Côte d’Opale. Ses travaux portent sur la genèse des sociétés coloniales en Amérique moyenne et Caraïbe, notamment au Mexique (xvie) et aux Antilles françaises (xviie siècle). Ils interrogent le développement des modèles européens en Amérique dans leur composante sociale et culturelle (évangélisation, métissage, acculturation) et la réorganisation de l’espace (villes et villages) et des échanges (les ports, rôle des compagnies de commerce). Il vient de publier avec Christian Borde Les journaux de bord xive-xxie siècle (Herzogenrath, Shaker Verlag, 2015). Son histoire de la Compagnie des îles de l’Amérique est en cours de publication.
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