La Maison militaire du roi
Évolutions et résistances d’une culture de guerre
p. 117-131
Résumé
Au début du gouvernement personnel de Louis XIV, les troupes de la Maison du roi ne sont que des corps de gardes qui n’ont en commun que leur service domestique à la cour. Hétérogènes, ces unités se forgent progressivement une culture distincte du reste de l’armée. Cette culture se cristallise d’abord autour du service quotidien auprès de la personne du roi, puis surtout avec les transformations structurelles qui en font de véritables unités d’élite, dès la fin du xviie siècle. Aux yeux du reste de l’armée, la Maison militaire du roi semble alors faire preuve d’un esprit de corps d’autant plus fort qu’elle connaît une série de victoires retentissantes pendant la guerre de la ligue d’Augsbourg.
Mais la culture de la Maison militaire se confond aussi avec la culture aristocratique de ses commandants. Ces derniers sont souvent des grands qui se disputent la faveur du roi. Leur influence est extrêmement forte à l’intérieur de compagnies qui ont elles-mêmes conservé une forte identité. Dans une institution où chaque unité possède un rang déterminé, la rivalité entre ces compagnies demeure exacerbée. Si cette dernière est un facteur d’émulation, elle est aussi une source de tension.
Étudiée par le prisme de l’armée, l’émergence d’une culture de guerre propre à la Maison militaire est apparente. Mais du point de vue des unités qui la composent, cet esprit de corps se heurte à l’identité guerrière de chaque compagnie, qui résiste à se fondre dans une culture commune.
Texte intégral
1La Maison militaire du roi est essentiellement une création du règne de Louis XIV. Avant 1660, Comme le dit justement Samuel Gibiat, « les différents corps indépendants les uns des autres, ne forment qu’un ensemble hétéroclite, fait de plusieurs siècles d’histoire1 ». En 1659, les quatre compagnies des Gardes du corps ne sont alors composées que d’une centaine d’hommes2. Il n’y a encore qu’une seule compagnie de mousquetaires, puisque la seconde sert de garde « privée » à Mazarin jusqu’en 1660, tandis que les Chevau-légers et les Gendarmes de la Garde, créés sous Henri IV, ne servent presque jamais avec l’armée3. Enfin, la compagnie des Cent Suisses n’est utilisée qu’à la garde du roi, et certaines compagnies des Gardes françaises et suisses échappent au contrôle du souverain4. Ces unités manquent donc, en 1660, d’un statut et d’une réputation militaire que Louis XIV est décidé à leur donner. La culture des unités de la Maison du roi se confond alors d’abord avec la culture aristocratique de ses commandants. Ces derniers sont souvent des grands qui se disputent la faveur du roi. Leur influence est extrêmement forte à l’intérieur de compagnies qui ont elles-mêmes conservé une forte identité. Dans une institution où chaque unité possède un rang déterminé, la rivalité entre ces compagnies demeure ainsi exacerbée. Si cette dernière est un facteur d’émulation, elle est aussi une source de grande tension.
2Hétérogènes, ces compagnies se forgent pourtant progressivement une culture distincte du reste de l’armée. Cette culture se cristallise d’abord autour du service quotidien auprès de la personne du roi, puis surtout avec les transformations structurelles qui visent à en faire de véritables unités d’élite dès la fin du xviie siècle. Aux yeux du reste de l’armée, la Maison militaire du roi semble alors faire preuve d’un esprit de corps d’autant plus fort qu’elle connaît une série de victoires retentissantes pendant la guerre de la ligue d’Augsbourg, comme l’emblématique combat de Leuze.
Un service domestique entre structuration et rivalité
3La prise en main des unités de la Maison du roi est l’un des premiers actes politiques du gouvernement de Louis XIV. L’objectif est double. Il s’agit de rationnaliser le service des unités de la garde, pour assurer plus efficacement la protection du souverain, tout en structurant ces troupes de manière à en faire un corps militaire d’élite. La Fronde a montré au pouvoir royal l’importance de ce petit noyau de troupes restées fidèles au jeune roi5. Louis XIV décide donc d’abord de réorganiser les unités qui sont vouées au service direct de sa personne et que l’on appelle le « guet6 ». Ce service domestique est étendu et rationnalisé. Il doit correspondre aux impératifs dictés par la nouvelle mise en scène de la vie quotidienne du souverain. La réorganisation de la garde est un prérequis indispensable pour permettre son exposition permanente au public en toute sécurité dans le cadre de la mise en place d’un nouveau cérémoniel de cour7.
4Avant lui, Henri IV, en créant la compagnie des Chevau-légers pour lui servir de garde rapprochée, puis celle des Gendarmes de la garde pour servir auprès du dauphin, avait inauguré l’idée qu’au sein des troupes de sa Maison, le roi liait plus qu’ailleurs son image à une unité dont il était lui-même capitaine8. Cette unité devenait alors, de fait, la première des unités de la Maison du roi. Afin de marquer son avènement, Louis XIV choisit quant à lui d’associer plus particulièrement son image avec celle des Gardes du corps et de leur donner le premier rang dans la Maison militaire9.
5Ces derniers jouaient jusque-là un rôle militaire modeste. Ils n’étaient pas à proprement parler un corps « de milice » puisqu’à la guerre, ils se contentaient d’accompagner le roi pour y faire leur service domestique ordinaire, bien qu’ils puissent combattre à cette occasion10. Louis XIV leur donne une place prééminente en s’appuyant pour cela sur leur ancienneté et sur le « principe qui conférait un supplément de dignité et de légitimité aux institutions capables de faire valoir l’antiquité de leur fondation11 ». Il marque ainsi le début de son gouvernement en attachant, comme l’ont fait ses prédécesseurs, une unité à son règne. Son action va cependant beaucoup plus loin. En attribuant aux hommes chargés de garder son « corps » le premier rang de sa Maison, le roi signifie par là l’importance de sa propre personne. Ce symbole prend une valeur d’autant plus forte qu’il réorganise alors le service domestique des unités chargées de sa garde.
6Les réformes qu’il entreprend dans ses Gardes du corps sont en effet pour Louis XIV le point de départ d’une organisation rationnelle du service domestique qu’il étend à toutes les unités composant sa garde12. L’idée sous-jacente est de faire en sorte que ces unités ne composent plus un ensemble hétérogène de troupes, dont le service se superpose, mais qu’elles s’insèrent dans un ensemble plus vaste où chacune d’entre elles se voit attribuer un rôle précis à la cour, afin d’assurer de manière complémentaire la protection du monarque et de sa famille13.
7Cette répartition du rôle de chacune est également un moyen de fidéliser encore davantage ces troupes, en créant une émulation entre des unités dont la proximité avec la personne du roi renforce le prestige et l’autorité14. Elle permet par ailleurs de renforcer l’idée d’appartenir à une institution particulière, distincte du reste de l’armée. L’émergence, par la pratique de ce service domestique auprès de Louis XIV, d’une culture particulière à la Maison du roi naît avant tout de cette évolution. Cependant, si cette évolution pose les jalons d’une culture commune fondée sur le service du souverain qui les distingue du reste l’armée, elle exacerbe la rivalité entre ces compagnies qui se disputent en permanence la faveur du monarque et sa proximité. Cette rivalité est ainsi un frein à la constitution d’un véritable esprit de corps dans la Maison militaire du roi.
8Ainsi, la rivalité la plus forte oppose, tout au long du règne, les Gardes du corps aux Gendarmes de la garde15. Dans les années 1680, par exemple, une violente contestation éclate entre les deux unités. Il est question de savoir à laquelle des deux revient la prérogative de chevaucher à la hauteur du carrosse du roi. En effet, en considération de son rang, le capitaine-lieutenant des Gendarmes prétend conserver l’honneur de chevaucher à hauteur de la portière du roi, parmi les Gardes du corps, alors que le reste des Gendarmes constitue l’arrière-garde du convoi16. La remise en question de cette répartition du service domestique, et par là même des attributions des Gardes du corps, suscite une réponse cinglante de ces derniers :
Le service que les officiers des Gardes du corps qui sont sur le guet font auprès du roi est un service particulier que personne [d’autre] ne fait qu’eux, qui n’a rien de commun avec celui par une autre troupe17.
9Louis XIV, en accordant le premier rang de sa Maison à son unité la plus ancienne, a donné aux Gardes du corps une légitimité qui leur semble incontestable. Cette querelle prend manifestement une grande importance pour un objet qui peut sembler d’ordre secondaire. En fait, les réponses qu’apportent les Gardes du corps sont révélatrices de l’importance des changements qui se sont opérés dans le service domestique avec Louis XIV. Pour les Gardes du corps, la prétention des Gendarmes de la garde est inepte, puisqu’elle gripperait la mécanique du service domestique où chaque unité de la Maison du roi compose un élément singulier de la garde, ce qui contribue à les distinguer18.
10Le partage de ces pratiques curiales pose donc les jalons d’une culture commune autour du service du souverain, tout en renforçant paradoxalement le caractère unique de chaque unité au sein de cette mécanique. Quoi qu’il en soit, le principal but des réformes que Louis XIV entreprend au sein des troupes de sa Maison n’est pas domestique mais militaire. Outre la rationalisation du service de cour, les réformes entreprises sont effectivement censées faire des troupes de la Maison royale un corps militaire d’élite. À l’issue de ces réformes, la Maison du roi connaît conséquemment des succès militaires certains qui, combinés à son utilisation comme un corps séparé du reste de l’armée sur le champ de bataille, contribuent à forger une culture de guerre qui lui est propre.
Une culture forgée dans la guerre ?
11La première mesure mise en place pour gagner cette légitimité martiale est prise avec l’ordonnance du 30 septembre 1664, qui réorganise les Gardes du corps et y supprime la vénalité des charges19. Le recrutement est soumis à des conditions drastiques, avant tout militaires. Le roi s’intéresse davantage à la valeur des gardes qu’à leur origine sociale. Une nouveauté de taille apparaît : à côté de jeunes officiers de familles illustres, promis à de brillantes carrières, servent désormais de vieux soldats issus de la troupe. Le roi participe personnellement au choix des hommes, puisqu’on ne peut entrer aux Gardes sans lui avoir été présenté. Louis XIV témoigne ainsi de sa volonté de ne pas laisser envahir ses compagnies par de jeunes nobles dépourvus d’expérience militaire. Il exige d’eux qu’ils aient au moins fait une campagne ou bien qu’ils aient déjà servi dans les mousquetaires qui font office d’école d’officiers20. En matière de recrutement, de véritables liens se tissent d’ailleurs entre les mousquetaires et le régiment des gardes françaises, qui devient un véritable vivier d’officiers.
12Si le terme de « Maison militaire du roi » émerge dès 167121, il faut néanmoins le 21 septembre 1691 pour qu’il s’impose réellement aux yeux du reste de l’armée, lors du combat de Leuze, qui tend à montrer que la cavalerie de la Maison militaire du roi est bien devenue le corps d’élite qu’elle ambitionnait d’être22. Leuze devient immédiatement un instrument de glorification de l’image royale. Il symbolise le triomphe du génie français et de la charge à l’arme blanche. Une médaille commémorative portant l’inscription virtus equitum praetorianorum [valeur de la cavalerie prétorienne] est frappée23. Elle représente, à l’avers, un Garde du corps renversant un cavalier et à l’endroit, le profil du roi. En fait, la postérité de Leuze tient largement au fait que la bataille constitue un paradigme. Le combat est avant tout une charge l’épée à la main, de celles qui sont chères à Villars, où 28 escadrons de la Maison du roi mettent en déroute les 72 escadrons anglo-hollandais qui leur sont opposés24. Le récit panégyrique qui a été fait de Leuze doit bien sûr être nuancé. Le fait que la Maison du roi ait chargé une arrière-garde ou encore la configuration du terrain, qui ne permit jamais aux coalisés de se déployer, sont à prendre en compte. La Maison du roi y subit également des pertes très importantes. Chez les Gardes du corps, elles s’élèvent à 383 hommes, dont 149 tués, 223 blessés, 10 disparus et un prisonnier. Or, en 1690, chaque compagnie était composée de 380 hommes, c’est donc plus du quart de leurs effectifs que perdent les compagnies25. La compagnie de Luxembourg y perd à elle seule 115 hommes26. Toutefois, il est indéniable que cette charge fut un modèle27. Les Gardes du corps, notamment, ne se désunirent pas et certains escadrons se reformèrent plusieurs fois d’eux-mêmes, alors que leurs officiers avaient été tués28.
13Bien qu’il soit instrumentalisé par le pouvoir royal, le combat de Leuze témoigne ainsi d’un certain aboutissement des réformes dans la Maison du roi. Les troupes de la Maison militaire ont alors tiré un réel bénéfice des réformes entreprises plusieurs années auparavant. Ces réformes ont permis à ces unités d’acquérir un savoir-faire en matière de charge qui leur est particulier et qui contribue à son tour à forger une culture militaire qui leur est propre29. À Leuze, les escadrons de la Maison du roi compensent leur infériorité numérique par une grande cohésion : on voit notamment les Chevau-légers et les Gendarmes de la garde y combattre mêlés les uns aux autres, comme une seule et même unité30. Surtout la Maison du roi y effectue une charge au galop, ce qui demeure rare pour l’époque. En 1691, les unités de la Maison militaire étaient en effet les seules troupes françaises à en être capables, les autres unités de cavalerie chargeant plutôt à l’allure d’un « trot rapide31 ».
14La Maison du roi se singularise au demeurant aussi par son emploi. Là où les corps d’élite sont traditionnellement gardés en réserve pour emporter la décision d’un engagement indécis, la Maison militaire devient véritablement le fer de lance de l’armée de Louis XIV. Sa cavalerie est presque systématiquement engagée, ce qui explique notamment le taux de perte élevé qu’elle connaît à Leuze32. Elle recherche par ailleurs le choc, comme l’atteste la plupart des pertes de Leuze, qui sont dues à l’arme blanche. L’utilisation de l’épée était alors considérée comme propre à la cavalerie française et en particulier à la Maison du roi. Les Gardes se distinguent néanmoins du reste de la cavalerie par un plus grand nombre de blessés par armes blanches. Entre 1670 et 1714, sur 465 officiers de cavalerie admis aux Invalides, 14,5 % ont été blessés à coups d’épée ou de sabre. Or chez les Gardes du corps, ce taux s’élève alors à près de 25 %33. La Maison du roi partage ainsi ce que l’on pourrait être tenté d’appeler une « culture de l’attrition » et une certaine conscience d’être plus exposée au sein des troupes, ce qui lui confère une dignité supplémentaire34.
15Ainsi une culture propre à l’ensemble de la Maison militaire émerge-t-elle dans les années 1690. Les unités de la Maison royale ont de plus en plus le sentiment d’appartenir à un corps singulier, ce dont témoigne en particulier la rivalité croissante avec la gendarmerie qui apparaît à travers une série d’anicroches35. En août 1692, par exemple, Barbézieux, qui a succédé à son père Louvois au secrétariat d’État de la Guerre, est contraint d’envoyer une lettre au major de la gendarmerie afin de régler un différend que deux de ses sous-lieutenants ont avec des enseignes et un guidon des Gendarmes de la garde. Les deux sous-lieutenants n’acceptent pas, en effet, que les enseignes, de grade subalterne, aient comme eux le rang de mestre de camp36. En 1707, un conflit oppose encore un enseigne des Gendarmes de la garde, nommé Chalar, et un sous-lieutenant des gendarmeries d’ordonnance, nommé Matarel. Bien que d’un grade inférieur, Chalar refuse de prendre les ordres de Matarel, argumentant qu’il appartient à une compagnie de la Maison du roi et non pas à la gendarmerie. Ce cas est d’autant plus révélateur que Chalar n’est pourtant pas un Garde du corps ou un mousquetaire mais bien un Gendarme de la garde, soit précisément une ancienne unité de la gendarmerie d’ordonnance, avec qui la compagnie partagea a priori une culture commune37. Chalar se revendique non seulement davantage de la Maison militaire que de la gendarmerie, mais affirme surtout que sa dignité d’officier de la Maison du roi le place selon lui au-dessus de celle d’un gendarme, même si son grade est inférieur.
16Ces épisodes sont révélateurs du cloisonnement de plus en plus net qui s’opère entre la Maison militaire du roi et la gendarmerie de France. Alors que les deux corps faisaient jusqu’alors l’objet d’un relatif amalgame, les officiers de la Maison militaire tendent de plus en plus à se distinguer de la gendarmerie, à laquelle ils ne reconnaissent pas la même dignité. Cette position finit par être reprise par le département de la Guerre. Porté à Versailles, le conflit entre Matarel et Chalar engendre ainsi une réponse de Chamillart dans une lettre adressée à Lestrade, l’officier des Gardes du corps commandant la Maison du roi. Celle-ci est sans équivoque : le ministre assure que seul un officier de la Maison du roi peut se mettre à la tête d’un de ses détachements pour le commander. Il confirme également cette séparation avec la gendarmerie, précisant que les troupes de « la Maison du roi et de la gendarmerie ne sont pas plus liées ensemble que le sont les brigades de cavalerie38 ».
17Les réformes entreprises dans la Maison du roi créent ainsi un écart « culturel » entre des unités de la Maison militaire qui prennent conscience de relever d’abord du roi, qui en est le commandant, et d’autres unités comme la gendarmerie, qui garde du reste une mentalité plus indépendante39. La Maison militaire du roi peut alors être considérée comme une « institution » au sens sociologique du terme, c’est-à-dire une structure sociale dotée d’une certaine stabilité dans le temps et qui présente un ensemble de règles, de pratiques et de conduites. Cette évolution est confirmée au demeurant par la sémantique. Dans les années 1690, le terme de « Maison du roi » ou de « Maison militaire » remplace désormais le plus souvent l’énumération corps par corps des troupes « à la garde du roi » comme on le constatait auparavant40.
18Par leur pratique commune dans la guerre et aussi par cette confrontation à l’altérité, les troupes de la Maison du roi se façonnent ainsi progressivement une culture de guerre commune. Mais il est toutefois difficile d’affirmer que la Maison militaire fait alors preuve d’un véritable esprit de corps.
Diviser pour mieux régner
19La rivalité reste, en effet, toujours très forte entre certaines unités : les Gardes du corps avec les Gendarmes de la garde et les Chevau-légers, les deux compagnies de mousquetaires entre elles, voire les Gardes françaises avec les Gardes suisses. Elle est d’ailleurs l’un des éléments qui transparaît avec le plus de régularité dans les archives, les conflits entre officiers, même pour des questions mineures de service ou de rang, étant systématiquement portés devant le roi41. L’influence des grands sur les unités de la Maison militaire qu’ils commandent contribue au demeurant à la renforcer. Ces derniers agissent effectivement en dehors de la sphère d’influence du secrétaire d’État de la Guerre et disposent d’un rôle essentiel dans l’organisation de leur corps comme en témoigne l’exemple de la compagnie des Chevau-légers de la Garde42.
20Comme toutes les unités de la Maison militaire, la compagnie des Chevau-légers possède des spécificités bien marquées, héritées de sa longue histoire liée à la dynastie des Bourbons. Créée par Henri IV, elle n’est surpassée en dignité que par les Gardes du corps et les Gendarmes de la Garde. En 1670, sa capitaine-lieutenance échoit à Charles-Honoré d’Albert, duc de Chevreuse, et reste en sa possession et celle de son fils pendant la majeure partie du gouvernement de Louis XIV. L’unité, dont le roi est le capitaine, est alors organisée indépendamment du ministère de la Guerre et administrée directement depuis l’hôtel de Luynes, résidence parisienne dans le faubourg Saint-Germain de la famille Albert. Du Guet, qui est le secrétaire privé de la famille, est ainsi le secrétaire de la compagnie.
21Le recrutement dépend alors du roi et du duc de Chevreuse seuls. Quand le roi accepte, après suggestion, de recevoir un individu comme Chevau-léger, Chevreuse fait expédier en son nom propre une lettre à la recrue, l’autorisant à être acceptée dans la compagnie. L’approbation du monarque est ainsi toujours nécessaire pour l’admission du Chevau-léger, mais le capitaine-lieutenant est libre de proposer ses protégés. Il a par ailleurs la haute main sur la gestion de sa compagnie dont il est un administrateur actif. Une lettre de 1688 adressée à Du Guet fait ainsi allusion aux difficultés de financement de l’unité43. Le duc y parle autant de la gestion de ses cavaliers que de la remonte, de son souci d’obtenir rapidement des vêtements en laine pour ses hommes ou encore de sangles pour les chevaux. L’autorité de Chevreuse ne semble pas le moins du monde contestée par le commissaire des guerres de la compagnie, qui est pourtant un des agents du secrétaire d’État de la Guerre44. La conclusion d’un long mémoire daté de 1703 par le commissaire des guerres de la compagnie, Auget de la Chabossière, laisse d’ailleurs supposer que le fils de Chevreuse, Honoré-Charles d’Albert, duc de Monfort, qui succède à son père en janvier 1702, conserve lui aussi toute la mainmise de la famille sur les Chevau-légers de la garde :
Les droits du commissaire ne diminuent point l’autorité des commandants, leurs fonctions sont toutes distinctes et messieurs les commandants ont tout l’honneur en partage, ils décident absolument sur toutes les actions de la guerre et le commissaire n’a que de la peine pour faire exécuter les ordonnances du roi, entendre les plaintes et vaquer à la police45.
22La gestion de la compagnie et des hommes qui la composent est ainsi un bon moyen pour Chevreuse de développer son réseau de clientèle en offrant à ses hommes un avancement dans leur carrière ainsi qu’une promotion sociale. Leur place au sein d’une unité de la Maison militaire leur assure de meilleurs revenus et une plus grande influence. Chevreuse ne se contente par ailleurs pas de faire entrer des hommes dans sa compagnie. Il recherche souvent pour eux un avancement en faisant jouer son influence auprès du roi. En 1688, une de ses lettres suggère même fortement que le roi lui a accordé le droit de nommer des Chevau-légers au grade de lieutenant de cavalerie46.
23Chez les Chevau-légers de la garde comme dans d’autres unités de la Maison militaire47, Louis XIV accorde ainsi des prérogatives et des privilèges importants à ses commandants, renforçant la singularité de chaque unité et satisfaisant ainsi une partie de son aristocratie. Le roi entretient donc paradoxalement dans chaque unité une culture particulière qui demeure prépondérante et à laquelle une culture propre à l’ensemble de la Maison du roi ne peut totalement se substituer. C’est là l’une des contradictions de la Maison militaire. Si Louis XIV est le principal artisan des réformes visant à faire de sa Maison une institution, il entretient, à travers la faveur royale, une certaine rivalité entre les grands qui en commandent les différentes unités. Cela contribue à limiter l’émergence d’un esprit de corps qui transcenderait le fort attachement des hommes à leurs compagnies respectives.
24Ce paradoxe trouve son origine dans la volonté de contrôle de sa maison par Louis XIV. Elle explique notamment que le roi se garde bien de régler les nombreuses contestations qui éclatent. Cela lui permet de conserver la main sur sa Maison, de s’y imposer comme le seul arbitre et d’en garder le contrôle. La fréquence avec laquelle on retrouve des lettres demandant au roi de trancher des querelles en apparence mineures, à propos de questions de rang ou de préséances entre les officiers des différentes unités de la Maison militaire, est ainsi significative. Leurs auteurs s’étonnent, au détour de ces correspondances, du fait que le roi ne règle jamais la question une bonne fois pour toutes par une ordonnance. De même, en campagne, ces rivalités s’expriment fréquemment dans la prétention qu’ont les capitaines de ces unités à commander l’ensemble de la Maison du roi. Là encore, plutôt que de régler l’attribution de ce commandement de manière définitive, afin de prévenir de semblables conflits, Louis XIV insiste dans sa correspondance avec son secrétaire d’État de la Guerre pour que, chaque fois qu’un tel conflit éclate, il soit fait appel à lui pour le régler. Le règlement de ces conflits permet alors au roi d’exprimer son autorité en tranchant en faveur de l’un ou de l’autre.
25L’habileté politique du roi est bien là. Elle réside dans cette capacité du souverain à donner une signification politique en tranchant une querelle mineure. Cette gestion impose de systématiquement faire appel au roi et contribue ainsi à prévenir d’éventuels excès d’autorité des grands commandants de la Maison du roi. C’est par exemple le cas lors des nombreux conflits qui éclatent entre les unités de la Maison militaire qui sont à la cour pour effectuer leur service domestique. Il faut par exemple faire appel à l’arbitrage du roi, simplement pour savoir si les douze Suisses qui couchent dans la salle des Gardes doivent prendre les armes pour saluer le capitaine des Gardes du corps qui y ferait irruption à la nuit tombée48. Il est ainsi intéressant de constater les similarités entre le système de cour instauré par Louis XIV et cette gestion de la faveur comme instrument de gouvernement avec les grands chefs de la Maison militaire49. En juin 1697, par exemple, le comte de Tessé est proche du sommet de sa carrière militaire. Lieutenant général des armées du roi, colonel général des dragons, gouverneur d’Ypres, une place stratégique, il est aussi chevalier de l’ordre du Saint-Esprit et premier écuyer de la duchesse de Bourgogne. La cour voit alors en lui le prochain capitaine des Gardes du corps50. La mort du comte de Lorges, qui coïncide avec le retour de Tessé d’Italie, en novembre 1702, ne fait qu’amplifier la rumeur de sa nomination51. Le 10 février 1703 pourtant, la cour apprend que c’est finalement le comte d’Harcourt que le roi choisit pour être capitaine des Gardes du corps. La rumeur trop insistante de la nomination de Tessé aurait alors, selon le marquis de Sourches, fortement déplu au roi, qui aurait donné une leçon à la cour :
Les courtisans furent bien étonnés quand ils apprirent que le roi avait choisi le maréchal d’Harcourt pour remplir la place du maréchal de Lorges en qualité de capitaine des Gardes du corps et cela leur fit connaître que très souvent leurs conjectures se trouvent fausses, et que quelquefois, le moyen d’empêcher qu’un homme obtienne l’emploi qu’il souhaite, c’est de publier qu’il est assuré de l’obtenir52.
26Le souverain se plaît, en effet, à bien rappeler quand il le juge nécessaire, qu’il demeure le véritable maître de sa Maison militaire. Il n’hésite pas à retarder la promotion d’hommes pour en faire l’exemple. Le marquis de Tracy doit ainsi attendre plusieurs mois avant d’obtenir, en janvier 1694, une charge d’enseigne des Gardes du corps qui lui semble promise :
Le roi, en parlant à Tracy, leur donna une leçon pour l’avenir, car il lui dit que cela n’avait pas été par manque d’estime qu’il l’avait fait attendre si longtemps, mais que l’empressement qu’on avait eu à lui dire du bien de lui, l’avait empêché de l’avancer aussi tôt qu’il aurait pu le faire sans cela53.
27En quelque sorte, Louis XIV « divise pour mieux régner » au sein de sa Maison afin d’en demeurer le véritable maître, même si cela est au prix de sa cohésion en tant qu’ensemble. Cette forte rivalité entre certaines unités de la Maison militaire ne disparaît ainsi jamais. C’est probablement un élément à prendre en compte pour expliquer le déclin brutal de la Maison du roi au xviiie siècle. Face aux critiques, les officiers ne défendent pas l’institution, mais leurs propres compagnies. Certains sont même presque satisfaits de voir une unité rivale tomber en disgrâce, puisqu’ils peuvent à ce moment réaffirmer leurs prétentions. C’est encore une fois le cas de la compagnie des Gendarmes de la garde qui, dès la défaite de Ramilies, en 1706, rejette la responsabilité de l’échec de la Maison du roi sur les Gardes du corps54.
28Il est important de distinguer l’image que les hommes de la Maison militaire du roi ont de cette dernière, de l’image qu’elle renvoie vue de l’extérieur. Pour les premiers, la Maison militaire matérialise l’appartenance à des unités dont la dignité et le prestige méritent d’être distingués du reste de l’armée. Ils s’en servent donc pour revendiquer leur « supériorité » vis-à-vis de ceux qui n’en font pas partie. Mais entre ces unités, à l’intérieur de la Maison, on ne peut pas affirmer qu’un esprit de corps soit particulièrement développé, justement parce qu’il est déjà très fort dans chaque compagnie et que la notion de « Maison militaire » n’arrive pas à s’y substituer complètement. Du point de vue des unités qui la composent, l’émergence d’un esprit de corps se heurte à l’identité guerrière de chaque compagnie, qui résiste à se fondre dans une culture commune.
29Ce qui est trompeur, c’est que vu de l’extérieur, l’esprit de corps dans la Maison militaire de Louis XIV semble, au contraire, fort. Ces unités ont en commun la qualité des membres qui la composent, la discipline, les uniformes, le service particulier auprès du roi. Or c’est bien l’un des buts recherchés. La construction et les réformes de la Maison militaire de Louis XIV découlent de sa volonté d’en faire une troupe militaire hors norme, autant qu’un instrument politique tourné vers la cour, pour montrer qu’en étant maître de sa garde le souverain est plus que jamais maître de son armée. Pour le roi, il s’agit d’un équilibre délicat à trouver. Il doit d’un côté structurer sa Maison et donc favoriser l’émergence d’un esprit de corps, afin qu’elle devienne le fer de lance de son armée et renforce ainsi son image de roi de guerre. De l’autre, il doit maintenir entre ces unités et les grands capitaines qui la commandent une certaine rivalité qui lui permet de s’y imposer comme le seul arbitre.
Notes de bas de page
1 Samuel Gibiat, Hiérarchies sociales et ennoblissements. Les commissaires des guerres de la Maison du roi au xviiie siècle, Paris, École nationale des chartes, 2006, p. 40.
2 G. Daniel, Histoire de la milice française et des changements qui s’y sont faits depuis l’établissement de la monarchie française dans les Gaules, jusqu’à la fin du règne de Louis le Grand, Jean-Baptiste Coignard, 1721, 2 vol., t. 2, p. 136.
3 Ibid., p. 114 ; BnF, mss, fr. 11211 (104).
4 Jean Robert, « Les Gardes-françaises sous Louis XIV », XVIIe siècle, 68, 1965, p. 5-6.
5 Rémi Masson, La Maison militaire du roi, d’une garde domestique à une élite militaire (ca. 1610- ca.1715), thèse dactylographiée de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, 2015, p. 83-101.
6 Le guet se définit comme un groupe d’homme qui monte la garde auprès du roi et ne doit jamais quitter sa personne. « Être du guet » signifie donc par extension être de service à la cour.
7 Rémi Masson, La Maison militaire du roi…, op. cit., p. 174-182.
8 Les compagnies des Chevau-légers et des Gendarmes de la garde sont créées respectivement en 1593 et 1609.
9 G. Daniel, Histoire de la milice française…, op. cit., t. 2, p. 112-114.
10 Simon Lamoral Le Pippre de Nœufville, Abrégé chronologique et historique de l’origine, du progrès et de l’état actuel de toutes les troupes de France, Liège, 1734-1735, 3 vol., t. 1, p. 353-358. Il faudrait ainsi être, selon nous, plus nuancé que Samuel Gibiat qui affirme qu’ils « ne constituai[ent] en aucun cas un corps militaire ». Samuel Gibiat, op. cit., p. 36.
11 Hervé Drévillon, L’impôt du sang. Le métier des armes sous Louis XIV, Paris, Tallandier, 2005, p. 50.
12 Voir l’article d’André Corvisier, « Les Gardes du corps de Louis XIV », XVIIe siècle, 1959, p. 265-291, ici p. 286.
13 Rémi Masson, La Maison militaire du roi…, op. cit., p. 119.
14 david o’brien, « Traditional Virtues, Feudal Ties and Royal Guards: The Culture of Service in the Eighteenth-Century Maison militaire du Roi », French History, 17/1, p. 303-331, Oxford, V.P., 1999, p. 326.
15 Ces mémoires sont conservés à la Bibliothèque nationale, dans la collection des manuscrits français, sous la référence mss, Fr. 11211, dont ils composent une grande partie du dossier.
16 G. Daniel, Histoire de la milice française…, op. cit., t. 2, p. 191.
17 BnF, mss, Fr. 11211 (1).
18 « C’est ainsi qu’en général, toutes ces troupes, sire, concourent à la garde et à la sûreté de votre personne, mais chacune suivant l’ordre de leurs fonctions et de leurs prérogatives particulières, [de] manière que s’il arrivait dans un voyage quelque inconvénient de quelque nature qu’il pût être, les troupes chargées d’ouvrir et de fermer la marche seraient employées pour y remédier, sans que vos gardes abandonnassent le carrosse de votre majesté, l’unique objet de leur garde, ce qui marque précisément la différence de leurs fonctions », BnF, mss, Fr. 11211 (106).
19 BnF, mss, Fr. 8006 (2) et collection Châtre de Cangé, Res. F 188, fol 153. Le règlement a aussi été transcrit dans son intégralité par le père Daniel, op. cit., t. 1, p. 139.
20 André Corvisier, « Les Gardes du corps de Louis XIV », art. cité.
21 G. Daniel, Histoire de la milice française…, op. cit., t. 2, p. 114.
22 Livré le 18 septembre 1691, le combat de Leuze oppose la cavalerie de la Maison du roi et le régiment de Merinville, commandés par le maréchal de Luxembourg, aux troupes montées de Georges Frederick de Waldeck, qui défendent l’arrière-garde de l’armée anglo-hollandaise. Le combat se solde par une très nette victoire française.
23 G. Daniel, Histoire de la milice française…, op. cit., p. 115.
24 Simon Lamoral Le Pippre de Nœufville, Abrégé chronologique…, op. cit., t. 1, p. 389 ; B. Deschard, « Le combat de Leuze », Histoire, économie et société, Paris, 15/1, janvier-mars 1996, p. 149-151.
25 Simon Lamoral Le Pippre de Nœufville, Abrégé chronologique…, op. cit., t. 1, p. 392-393 ; SHD, A1 1055, fol. 272.
26 Ibid.
27 Frédéric Chauviré, « La Maison du Roi sous Louis XIV, une troupe d’élite. Étude tactique », Revue historique des armées, 255, 2009, p. 84-88.
28 Simon Lamoral Le Pippre de Nœufville, Abrégé chronologique…, op. cit., t. 1, p. 392-393.
29 Frédéric Chauviré, « La Maison du Roi sous Louis XIV », art. cité, p. 85.
30 SHD, A1 1086, fol. 102, Lettre de Barbézieux à Lorges du 22 septembre 1691.
31 Frédéric Chauviré, « La Maison du Roi sous Louis XIV », art. cité, p. 85-86.
32 Simon Lamoral Le Pippre de Nœufville, Abrégé chronologique…, op. cit., t. 2, p. 122-123.
33 Hervé Drévillon, L’impôt du sang…, op. cit., p. 357-359.
34 BnF, Châtre de Cangé, Res F 197, fol. 64, « Lettre du ministre au marquis de la Vallière sur le commandement des détachements de la Maison du roi » (31 mai 1712).
35 Distincte de la maison du Roi, la gendarmerie est un ensemble de troupes militaires à part ayant des origines illustres. Celles-ci remontent aux anciennes compagnies d’ordonnances créées en 1455. Les compagnies de gendarmerie sont, en effet, les héritières des quinze compagnies instaurées par Charles VII. Elles cumulaient, au début des années 1660, de nombreux privilèges même si plus rien dans leur armement ou leur tenue ne les différenciait de la cavalerie dite « légère ». En 1660, Louis XIV entreprend dans la gendarmerie une série de réformes qui constituent aussi pour ces unités une évolution majeure. Ce dernier donne, en effet, une forme permanente à la gendarmerie en supprimant les compagnies d’ordonnances. Il en réorganise également la composition, les dotant notamment d’un état-major. La « gendarmerie d’ordonnance » est ainsi remplacée par dix compagnies de gendarmes et six de chevau-légers. Rémi Masson, La Maison militaire du roi…, op. cit., p. 183-184.
36 « J’ai reçu la lettre que vous avez pris la peine de m’écrire le 13 de ce mois sur la différence qui est entre messieurs de Mortaigne et de Montausé, sous-lieutenants de gendarmerie, et messieurs de Dermont, Bournonvilles et autres enseignes ou guidons des Gendarmes du roi. Sa majesté a décidé qu’on se règlerait sur la charge dont ils sont pourvus présentement pour prendre rang entre ceux qui ont des commissions de mestre de camp de même date », BnF, mss, Fr. 8006 (8).
37 SHD, A1 2190, fol. 147.
38 Ibid.
39 En 1690, après la bataille de Fleurus, où la gendarmerie se distingue, le roi fait appliquer de nouveaux règlements dans la gendarmerie, qu’elle garde jusqu’à la guerre de Sept Ans. Louis XIV et Louvois décident notamment de réunir le corps en temps de paix comme en temps de guerre. Il s’agit alors de mettre un terme au sentiment d’autonomie qui domine chez les officiers : « cette gendarmerie se considérant comme un corps composée de plusieurs compagnies indépendantes », comme le relate d’Isnard dans La gendarmerie de France, cité par Frédéric Magnin, Mottin de la Balme, cavalier des deux mondes et de la liberté, Paris, L’Harmattan, 2005, p. 59. Guy Rowlands, « Louis XIV, Aristocratic Power and the Elite Units of the French army », French History, 13/3, 1999, p. 303-331, p. 314.
40 On peut notamment s’en rendre compte avec la collection Châtre de Cangé, dont la sous-série des « règlements et ordonnances militaires » est conservée dans des recueils classés chronologiquement. Ainsi, le terme « Maison du roi » est rarement employé dans les documents relatifs aux unités qui forment la garde du roi entre 1610 et 1667 (BnF, Châtre de Cangé, Res. F 179 à F 188). On le retrouve en revanche utilisé fréquemment à partir des années 1670 et au moins jusqu’en 1717 (Res. F 189 à F 199).
41 En particulier dans les documents relatifs aux unités de la Maison militaire de la sous-série Ya des archives administratives du département de la guerre du Service historique de la Défense. Rémi Masson, La Maison militaire du roi…, op. cit., p. 142-147.
42 Guy Rowlands, « Louis XIV, Aristocratic Power », art. cité.
43 SHD, Ya 262, « Chevau-légers, admissions dans la compagnie (1670-1692) ».
44 SHD, A1 3780.
45 BnF, Châtre de Cangé, Res. F 162, fol. 156.
46 SHD, Ya 262, « Chevau-légers, admissions dans la compagnie (1670-1692) ».
47 Notamment chez les Gardes du corps. Voir Rémi Masson, La Maison militaire du roi…, op. cit., p. 269-272.
48 Sourches, Louis-François de Bouschet, Mémoires du marquis de Sourches sur le règne de Louis XIV, Paris, Hachette, 1882-1893, 13 vol., ici vol. 6, 1891, p. 31-32.
49 Faire respecter une étiquette stricte aux unités de la garde est le premier moyen utilisé par Louis XIV pour contrôler les troupes de sa Maison. Sur la question de la gestion de la faveur royale, voir notamment Norbert Élias, La société de cour, Paris, Flammarion, 1985, p. 116.
50 Sourches, Louis-François de Bouschet, Mémoires..., op. cit., vol. 5, p. 283.
51 Ibid., vol. 7, p. 403.
52 Sourches, Louis-François de Bouschet, Mémoires..., op. cit., vol. 8, p. 22.
53 Ibid., vol. 4, p. 306.
54 Clément Oury, Blenheim, Ramilies, Audenarde : les défaites françaises de la guerre de Succession d’Espagne, 1704-1708, thèse dactylographiée de l’École nationale des chartes, Paris, 2005, p. 935.
Auteur
Docteur en histoire
Rémi Masson : docteur en histoire et ancien allocataire de recherche de l’Irsem, Rémi Masson enseigne actuellement à l’institut Paul Ricœur de Louvres. Il est l’auteur d’une thèse intitulée La maison militaire du roi : d’une garde domestique à une élite militaire (ca. 1610-ca. 1715), et d’un livre, Les mousquetaires ou La violence d’État (Paris, Vendémiaire, 2013).
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