La Grande Guerre : creuset des identités régionales ?
p. 73-89
Résumé
Bien que peu pris en compte par l’historiographie, le lien entre « petite » et « grande patrie » est une dimension essentielle de la Première Guerre mondiale. Conditions de recrutement et de mobilisation, cultures gustatives spécifiques, traditions musicales particulières, langues et stéréotypes locaux sont en effet autant d’éléments qui rappellent que c’est aussi à l’échelle régionale que les poilus font l’expérience de ce conflit.
Texte intégral
1« Nous sommes relevés par le 65e, des Bretons qui, avec vingt-cinq kilomètres dans les jambes et douze heures sac au dos sans arrêt, ne se plaignent pas et s’entassent sans un mot dans les abris. C’est une race plus sympathique que nos Méridionaux du 16e corps1. » Ces quelques mots sont griffonnés en décembre 1915 par le Bourguignon Pierre Perrin. S’ils disent bien la force des stéréotypes régionaux durant la Première Guerre mondiale, c’est qu’ils ne sont aucunement exceptionnels. Louis Barthas, peut-être aujourd’hui le plus célèbre écrivant de la Grande Guerre, en témoigne d’ailleurs parfaitement dans ses carnets au moment de décrire une rixe entre grenadiers du 296e régiment d’infanterie et soldats d’une autre unité : « Ces sentiments regrettables toujours à l’état latent passaient parfois à l’état aigu quand quelques bouteilles de vin échauffaient les cervelles des descendants des Wisigoths et de ceux des Francs2. »
2Faire le constat de cette diversité, pour ne pas dire en certaines circonstances de cet antagonisme, des appartenances régionales peut paraître paradoxal dans un pays comme la France où la République se veut « une et indivisible ». Pourtant, c’est dès la fin du mois d’août 1914 que s’exprime la désunion nationale, pour reprendre les mots de Jean-Yves Le Naour, lorsque éclate l’affaire dite du 15e corps d’armée, à savoir de troupes du Midi accusées d’avoir reculé face à l’ennemi3.
3En dépit des profonds renouvellements de l’historiographie de la Première Guerre mondiale depuis une trentaine d’années, la dimension régionale du conflit n’est encore qu’inégalement prise en considération par la recherche universitaire4. Pourtant, analyser les interactions de la « petite » et de la « grande patrie », c’est sans doute, d’une certaine manière, revenir sur un des ressorts de l’endurance des combattants. Car si la culture militaire institutionnelle peut sembler, de prime abord, nier les identités régionales au profit d’une culture commune et nationale, celles-ci ne disparaissent jamais totalement. Mieux : la Première Guerre mondiale n’a-t-elle pas paradoxalement plus renforcé en France les identités régionales, ou du moins le sentiment d’appartenance qui en résulte, qu’elle ne les a effacées au profit d’une identité nationale ?
Antécédents régionaux
4La France de la Belle Époque, celle de l’école de Jules Ferry, des manuels de Lavisse et d’un service militaire porté à trois ans en 1913 a l’image d’une République centralisée, peu soucieuse des particularismes locaux des provinces à commencer par les plus périphériques. Pourtant, à l’instar des hussards noirs qui ne sont pas nécessairement les ennemis d’un certain localisme5, la caserne n’est pas le lieu d’une négation absolue des spécificités régionales. En cela, elle illustre la nature bien plus complexe qu’on ne le croit souvent des relations entre appartenances nationale et infranationale.
Armée de la Belle Époque et sentiment régional
5Lors de la période 1880-1914, l’école et la caserne sont les deux lieux emblématiques de la fabrique du citoyen français. Là, les jeunes gens astreints tout d’abord à l’école obligatoire puis au service militaire apprennent le patriotisme et l’amour du pays, éléments autrement appelés « idéologie nationale6 ». Nombreux sont les écrits qui insistent sur l’acculturation qu’implique un tel enseignement, l’école de Jules Ferry se heurtant parfois violemment aux langues régionales. En Bretagne, cette période est encore bien ancrée dans les mémoires et est souvent résumée par l’antienne, très probablement apocryphe d’ailleurs, « interdit de parler breton et de cracher par terre ».
6L’historiographie de l’école de la Belle Époque amène pourtant à nuancer ce jugement. Ainsi, il est désormais acquis qu’au sein de l’enseignement délivré, non seulement « petite » et « grande patrie » ne s’opposent pas mais que, plus important encore, la connaissance de la première est perçue comme une étape indispensable à l’amour de la seconde. Au final, la France y apparaît comme la somme d’identités régionales distinctes qui forment un tout cohérent, équilibré et pacifié. De ce fait, comme l’écrit Anne-Marie Thiesse :
Enlever la Bretagne, ou la Normandie, ou la Gascogne à la France, ce serait mutiler non seulement son territoire, mais aussi son génie. C’est pour cela que la perte de l’Alsace-Lorraine a été une si grave atteinte à l’intégrité de la patrie7.
7Or, comme le rappelle Xavier Boniface, « si les opportunistes voient dans l’école primaire une préparation du citoyen à la caserne, les radicaux veulent à l’inverse que le service militaire prolonge l’école8 ». Il en résulte donc une certaine continuité du discours, y compris en ce qui concerne l’idée régionale. Les régiments sont, en effet, dépositaires de fiertés locales qu’il convient de ne pas négliger. Cela est tout particulièrement visible lors des grandes manœuvres, ce grand temps fort de la vie militaire de la Belle Époque. Breveté d’état-major et rédacteur en chef de La France militaire, Roger Marty-Lavauzelle en témoigne lorsqu’il rend compte de l’activité de l’infanterie lors des grandes manœuvres de l’Est, en 1911 :
Elle est admirable, et sur ces champs de bataille de l’Est, que leurs pères arrosèrent de leur sang, les fantassins du 7e corps se sont montrés endurants, robustes et prêts à faire la guerre. On devine chez eux un entraînement intensif qui se manifeste par une souplesse et une agilité sur le terrain plus grandes que dans les corps du Centre. Les troupes de l’Est ne sont pas plus résistantes, elles n’étonnent pas par des efforts plus grands, et je connais de nombreux régiments du Midi qui, à ce point de vue, n’ont rien à leur envier ; mais elles ont du terrain une habitude plus grande. Elles ne sont pas plus entraînées à la marche ; mais elles sont plus instruites des détails du combat9.
8Bien sûr, on ne peut que trouver naturel que ce 7e corps d’armée (CA par la suite) soit habitué au terrain lors de ces manœuvres de l’Est puisque, précisément, elles se déroulent dans les environs de Vesoul, non loin de Belfort donc, siège de la 7e région militaire. Pour autant, on voit dans l’argumentation de Roger Marty-Lavauzelle poindre d’autres arguments, d’ordre plus culturel, pour justifier la supériorité de ce 7e CA, un discours rendu possible par la réforme militaire de 1873, qui repose en ce domaine sur deux principes : la sédentarité des unités désormais attachées à une ville, une garnison, un « pays » d’une part, d’autre part le binôme bureau de recrutement/régiment d’infanterie conduisant à recruter dans un rayon d’une centaine de kilomètres l’essentiel des conscrits ou réservistes d’un corps de troupe10.
Quelle région ?
9La France tire en effet rapidement les leçons de « l’année terrible ». Trois ans après Sedan est notamment traduit en français la Guerre des frontières du Rhin, ouvrage du théoricien prussien Wilhelm Rustow qui explique la victoire de 1870 par l’efficacité du « système militaire territorial » allemand11. En 1914, c’est sur une base régionale que l’armée française est elle aussi mobilisée.
10Mais le découpage des circonscriptions militaires ne suit que de loin celui des « pays » ou des anciennes provinces qui, se superposant à la structure départementale, permettent encore de penser le territoire français. Ainsi, les Bretons des Côtes-du-Nord et d’Ille-et-Vilaine sont associés aux Normands de la Manche au sein de la 10e région militaire, tandis que ceux du Finistère, du Morbihan et de Loire-Inférieure côtoient des Vendéens dans la 11e. La 20e division d’infanterie, présentée comme bretonne car ayant son siège à Saint-Servan (Ille-et-Vilaine), regroupe pourtant, outre le 47e régiment de Saint-Malo, les 2e régiment d’infanterie (RI par la suite) de Granville, 50e de Cherbourg et 136e de Saint-Lô, autant de garnisons normandes. La 21e division d’infanterie englobe certes les 64e et 65e RI, casernés respectivement à Ancenis/Saint-Nazaire et Nantes, mais également deux unités vendéennes, le 93e RI de la Roche-sur-Yon et le 137e de Fontenay-le-Comte. Il en est de même pour la 36e division d’infanterie. Si celle-ci est souvent qualifiée de basque, cela est bien une « vue de Paris », puisque trois de ces quatre régiments sont béarnais ou gascons12.
11L’on observe ainsi, pour une part, une sorte de glissement des limites de la « petite patrie », avec le développement d’un nouveau sentiment d’appartenance, celui à une région militaire mais aussi et surtout au corps d’armée qui lui est associé. En témoigne Le Mortainais qui, à l’occasion de manœuvres, est fier d’annoncer en 1907 le passage à Saint-Hilaire-du-Harcouët de trois régiments, « le 47e de ligne de Saint-Malo, le 2e de Granville et une partie du 10e d’artillerie de Rennes ». Il faut dire en effet que la réalité du recrutement au sein des régions militaires tend à gommer les anciennes limites provinciales, l’essentiel des conscrits de la Manche affectés dans une unité d’artillerie ou de cavalerie l’étant dans des unités bretonnes, rennaises ou dinannaise13. Nombre de jeunes Bretons effectuant leur service militaire dans les régiments de la Manche, il n’est pas surprenant de voir le Paramé Journal se féliciter, à l’occasion des grandes manœuvres de l’Ouest en 1912, de la bonne tenue des régiments – bretons et normands – de la 10e région même si, localisme oblige, c’est le 47e régiment d’infanterie qui est mis à l’honneur par le titre de l’article consacré par le journal malouin à cet événement14.
12Les appartenances régionales fonctionnent en réalité au sein de l’armée de la même manière que dans la société civile, c’est-à-dire sur le principe des poupées gigognes15. Louis Barthas est ainsi un homme de Peyriac, son village, du Minervois, du Midi… autant d’appartenances imbriquées renvoyant à l’organisation militaire qui assigne au soldat une section, élément d’une compagnie appartenant à un bataillon d’un régiment, lui-même fraction d’une brigade dépendant d’une division relevant du corps d’armée, partie, in fine, de l’armée française elle-même. C’est ainsi que le tonnelier écrit en 1914 dans ses carnets :
Je fus affecté à la 21e compagnie, réclamé par son capitaine peyriacois Léon Hudelle. Je fus affecté à la 13e escouade, composée uniquement de Peyriacois ou des alentours de Peyriac, c’était l’escouade minervoise16.
Appartenances régionales en guerre
13Le déclenchement du conflit, l’élan patriotique – et national – entourant la mobilisation, les premiers combats et, plus encore peut-être, l’occupation d’une partie du territoire national auraient pu conduire à ce que l’on taise ces particularismes locaux et régionaux. Bien au contraire ; très rapidement, derrière l’expression, parfois vigoureuse, du sentiment national, l’on voit poindre, sous des formes variables, l’affirmation des liens avec les « petites patries » régionales.
Le maintien d’identités
14Si l’affaire du 15e corps évoquée plus haut est sans doute exceptionnelle par son ampleur, maints témoignages rappellent la force des identités régionales dans l’armée française et, plus encore, des antagonismes qu’elles impliquent. Originaire de Saint-James, dans la Manche, Victor Dupont, adjudant au 79e régiment d’infanterie territoriale, écrit ces quelques lignes à son frère, le 15 mars 1915, dans une tranchée des Flandres :
À un moment du combat, […] j’aperçois au pied du talus, un homme étendu. Je le crois mort et le touche de la main. […] Mon gaillard remue et me montre une frimousse décomposée par l’épouvante. […] C’est encore un méridional celui-là. Par contre, j’ai un petit Breton qui ne fait point d’embarras à la manœuvre, il est vraiment épatant. On dira ce qu’on voudra mais les Normands et les Bretons dament le pion à ces messieurs du Midi17.
15Quelques semaines plus tard, dans une lettre du 27 mai 1915, le capitaine Charles Oberthür, héritier d’une riche famille d’industriels alsaciens installés à Rennes, évoque la « fascination » qu’exerce le front « sur tous les poilus, sauf sur ceux du 17e corps », originaires du Midi toulousain. « Ah les saligauds ! » poursuit-il : « Ce corps est une honte pour l’armée française. Et les types du 10e et du 33e corps ne le leur envoient pas dire18 ». Jean Le Liboux, un Morbihannais du Faouët, ne supporte guère plus ceux qui,
à les en croire, ont tout fait depuis le début de la guerre alors qu’ils ont lâché piteusement : en Belgique, en Alsace, à Arras. Ils s’en rendent d’ailleurs bien compte eux-mêmes et rougissent de leur corps, allant jusqu’à effacer le numéro 17 de leurs voitures et de faire disparaître les écussons du col de leur capote19.
16Conséquence de ce comportement : « ceux du 10e corps », celui basé à Rennes avant guerre, « qui ont eu à souffrir de leur mauvaise conduite au feu, ne peuvent les supporter ». Et de signaler qu’il « y a eu des bagarres entre eux et les dragons du 3e de Nantes ». Finistérien d’origine, saint-cyrien, le capitaine Le Pivain, qui doit rejoindre un autre régiment suite à une blessure, se réjouit quant à lui d’être alors affecté à compter de cette date au 319e RI : « J’eus été très contrarié d’être versé dans un régiment du Midi. Celui-ci est originaire de Normandie avec un certain pourcentage de Parisiens20. » Mobilisé au 38e régiment d’artillerie, Léon Claude raconte :
Je crois que je n’ai pas encore beaucoup parlé de nos officiers. La plupart étaient des Basques ou Catalans français. Ils parlaient entre eux leur langue basque, incompréhensible pour tout le monde. Alors, un jour, avec deux ou trois camarades vosgiens, nous nous sommes réunis et nous sommes mis à discourir en patois avec force gestes. C’était à leur tour de ne rien comprendre. Et nous avons gardé l’habitude lorsque nous nous retrouvions. Pour leur faire bien voir que les Vosgiens ne sont pas plus sots que les autres21.
17On comprend dès lors le retentissement de l’affaire du 15e corps, qui montre combien sont ancrés profondément les stéréotypes régionaux, certains valorisants, d’autres moins. Pour n’en citer qu’un ultime exemple, sans doute apocryphe mais néanmoins révélateur, ce mot attribué à la princesse de Poix, infirmière à la Société de secours aux blessés à Châlons, en 1914 : « Les gens du Midi ont une blessure dans le dos, ceux du Nord à la poitrine et les Bretons un peu partout22. »
18La pérennité de ces stéréotypes est d’autant plus étonnante au sein de l’armée que, très rapidement, du fait notamment des terribles pertes de l’été 1914, le recrutement cesse de se faire sur des bases régionales. C’est ce que montrent, entre autres, les travaux classiques de Jules Maurin sur les bureaux de recrutement de Béziers et Mende ou ceux, en cours, de Jérémie Halais sur celui de Granville23. Au 47e régiment d’infanterie qui, en 1914, recrute à plus de 90 % au sein de la 10e région militaire, cette proportion chute à 50 % environ en 191824. Pourtant, l’image des régiments reste profondément marquée par la localisation de leur dépôt en 1914 : ainsi Louis Barthas peut-il affirmer à la fin de l’année 1917 que « cela ne [lui] disait rien qui vaille d’être incorporé dans un régiment de Bretons », alors même qu’à cette date, le 248e régiment d’infanterie ne compte que 45 % de recrues bretonnes en provenance des 10e et 11e régions militaires25.
19Pas plus qu’elle ne réduit les différences sociales26, la tranchée n’atténue les particularismes régionaux. Si l’argot des poilus étudié par Albert Dauzat et Gaston Esnault paraît singulièrement peu influencé par les idiomes régionaux, c’est que ceux-ci ne suscitent guère l’intérêt de ces deux linguistes. En réalité, chaque poilu amène avec lui son éventuelle diglossie, contribuant ainsi, sous l’effet de la disparition du recrutement régional, à la diffusion sur le plan national de mots bretons tels que biniou ou pétoire27. On peut certes assister à l’émergence d’une identité combattante, révélée par exemple par les argots de tranchées, mais en aucun cas celle-ci ne se substitue aux appartenances régionales antérieures au conflit.
Les supports de l’identité
20Au sein d’une unité, les habitudes alimentaires sont probablement l’un des marqueurs essentiels d’une identité régionale spécifique. Dans le récit qu’il fait de sa guerre, Julien Caseboune signale que « le Normand de [sa] section », mort au combat, « a fini de se graisser le gosier au beurre salé »28. Rude, un tel propos dépasse cependant le simple cadre du stéréotype. Nul doute par exemple que les figues que demande à ses parents François André, soldat de la Roquette-sur-Var mobilisé au 111e RI d’Antibes, capturé à l’automne 1914, que la « bonne maccaronnade » dont il rêve, écrit-il, que l’huile d’olive et les tomates qu’il se félicite de recevoir dans les colis qui lui viennent du pays n’auraient pas eu la même saveur pour un poilu bourguignon ou picard29. Quant à l’émotion ressentie par Jules Micheleau, médecin libournais affecté au 202e RI, un régiment normand du 10e CA, lorsqu’il peut boire du vin de Gironde – « j’ai les larmes aux yeux », écrit-il dans son carnet –, elle en dit long sur la profondeur de cette identité gustative30.
21Là encore, on observe un certain emboîtement des appartenances puisque ces traditions culinaires particulières ne sauraient un instant se substituer à l’ordinaire de l’armée française. C’est par le biais des colis, ce lien ténu mais ô combien précieux avec l’arrière, avec les racines, que s’expriment ces identités régionales. Mais c’est également par le biais de la chanson, à l’instar par exemple du Biniou de guerre, chant publié dans le Filon, journal de la 34e division, que peuvent se manifester ces particularismes31. On pourrait ainsi évoquer cette image bien connue, figurant en une de L’Illustration en juin 1915, de sonneurs du 73e régiment d’infanterie territoriale de Guingamp. Si elle s’insère, d’un certain point de vue, dans la banalité des discours de guerre des magazines qui, tout au long du conflit, rivalisent d’imagination et de sensationnalisme pour améliorer les ventes, elle n’en demeure pas moins révélatrice d’une pratique musicale qui, assurément, n’est pas sans ressorts identitaires32.
22La toponymie du champ de bataille est également un vecteur prisé pour exprimer la force des liens avec sa région d’origine. Dans une lettre du 10 décembre 1914, le sous-lieutenant Dorgelès explique que les combattants de première ligne ont « baptisé toutes nos tranchées et cheminements qui y conduisent33 ». Si, dans le cas présent, il signale « la rue d’Ypres (la nôtre), la rue de Cracovie, la rue de la Paix, le boulevard Albert-Ier et l’avenue Guillaume, qui conduit aux WC », il n’est pas anodin que, dans un autre secteur, les troupes du 11e corps d’armée, originaires du Finistère, du Morbihan, de Loire-Inférieure et de Vendée, combattent quant à elles dans les tranchées de Roscoff ou de Landerneau, dans les boyaux de Morlaix et de Saint-Pol. De même, il est significatif que l’attaque lancée par les 65e et 64e RI (Nantes et Ancenis) le 24 août 1917 se développe à partir de la tranchée des Vendéens, et a pour objectif de « rectifier notre ligne en avant de la tranchée des Bretons34 ». En position sur le Chemin des Dames en mai 1917, Gaston Mourlot, affecté au génie de la 22e DI, passe du boyau de l’Allier à la tranchée du Rhône, de celle du Gard au boyau de la Maurienne : « L’on voit que ceux qui ont tenu ce secteur et baptisé toutes les défenses étaient du bord du Rhône » conclut-il, témoignant implicitement de la banalité au moins relative d’un phénomène qui reste à étudier plus largement35.
L’affirmation d’identités
23Pour un certain nombre de groupes, la Première Guerre mondiale sert de véritable révélateur. L’expérience des combattants du Nord de la France et du Pas-de-Calais est à cet égard originale et, peut-être même, unique36.
24Ce territoire ne forme une entité administrative qu’à partir de 1955 et, à la veille de la guerre, cette région s’apparente plus à une mosaïque de « patriotismes locaux » – la fameuse querelle des beffrois – qu’à une quelconque « région », dotée d’une identité. Mais tout change avec la Première Guerre mondiale, le conflit contribuant à construire parmi la communauté plurielle des soldats du Nord et du Pas-de-Calais, le sentiment d’une appartenance régionale.
25L’armée sait d’ailleurs jouer de ce particularisme même si, sur ce point, une étude plus exhaustive, utilisant notamment les archives du contrôle postal, reste à mener. C’est toutefois ce que semblent indiquer un certain nombre de témoignages, dont celui de Joseph François Pape. Dans son journal, il raconte comment, le 2 août 1915, un officier réunit les « gas des pays envahis » et apporte une carte de France sur
l’esqu’ells sont traçés les pays que les boches occupent nous accaparait en cas ou serait les vainqueurs, c’est donc à nous les gas des Pays envahis qu’on nous demandent d’avoir courage est confiance est que nous seront fiers d’avoir lutter pour l’interrer de notre patrie. Donc d’après la carte et l’offissier, si nous perdons, les bôches nous veulent le Nord avec ses usines, le Pas-de-Calais avec ses mines et la Somme avec ses terres à cultivées, enfin les plus grandes richesses de la France. Déjà malheureux d’avance est c’est encore en nous que le pays entier tiens toute sa confiance, honneur au gas du Nord37.
26Le cas du Nord est d’autant plus intéressant qu’il est au final un territoire traversé par de nombreuses cultures différentes, et parfois même adverses : ouvrière, mineure et bourgeoise, mais aussi paysanne, littorale et urbaine ou encore flamingante et picarde. Mais ces deux départements forment à eux seuls la 1re région militaire. Or ce facteur est sans doute, avec l’occupation d’une partie de ces deux départements, un des éléments pouvant expliquer l’émergence, pendant le conflit d’une identité spécifiquement nordiste. Non seulement on peut lire des références à ce « cher Nord » dans le courrier de nombreux combattants originaires de cette région, mais l’expression survit au conflit, y compris dans le jargon militaire. C’est ainsi que l’on peut la retrouver dans un certain nombre d’historiques régimentaires publiés au début des années 1920. Le mot « ch’timi » et sa forme apocopée « chti » sont à cet égard emblématiques. Nés avec la guerre, ils désignent vraisemblablement, dans un premier temps, les soldats originaires de Picardie avant de caractériser, à la fin puis après le conflit, les habitants du Nord et du Pas-de-Calais.
27La situation est telle que dans Les Croix de bois, Roland Dorgelès ne précise l’origine géographique que d’un seul poilu, Broucke, « le gars de ch’Nord38 ». On voit donc à travers cet exemple combien les appartenances régionales ne sont pas annihilées par l’unanimisme de la mobilisation générale, puis par ce conflit d’une durée et d’une dureté inédites. Ainsi, alors que certaines identités régionales se sont affirmées tout au long de la Grande Guerre, d’autres se sont révélées.
Legs régionaux de la Grande Guerre
28Dans ces circonstances, il n’y a rien d’étonnant à ce que la mémoire de la Première Guerre mondiale témoigne, en France, de ces appartenances régionales. Pour une part d’ailleurs, ces mémoires locales ou régionales participent de ce que l’on pourrait qualifier de « compétition mémorielle ».
Une mémoire régionalisée
29Comme la plupart des villes de garnison, Saint-Malo organise une grandiose réception pour le retour de « son » régiment, le 47e d’infanterie. Très élaboré, le cérémonial comporte maints petits détails évocateurs et ne laisse aucune place à l’improvisation. C’est ainsi que, le 21 septembre 1919, les soldats rentrent dans leur caserne sous les applaudissements d’enfants en costume traditionnel alsacien – comme pour rappeler l’un des buts de cette guerre – et breton, manière de dire que le régiment reste fondamentalement ancré dans sa région d’origine. Peu importe que les réalités du recrutement montrent que seuls 50 % des hommes qui défilent ce jour-là proviennent d’un bureau de recrutement breton ; l’unité s’inscrit dans une sorte d’invariant régional que l’on retrouve dans nombre de manifestations de la mémoire de la Première Guerre mondiale39. Il ne s’agit d’ailleurs là nullement d’un cas exceptionnel. Tout aussi grandiose que celle de Saint-Malo, la réception organisée à Bayonne pour le retour du 49e RI est à cet égard remarquable. Dans les grands salons de l’hôtel de ville et en présence des parents des soldats de l’unité morts pendant le conflit, le lieutenant-colonel Gaussot, commandant le régiment, achève ainsi son discours :
Vive Bayonne !
Vive le pays basque !
Vive la France !
Vive la République40 !
30Loin de se rompre avec le retour à la vie civile, le lien entre les unités et le territoire où elles tiennent garnison continue d’être tissé dans les années 1920-1930, notamment par l’intermédiaire des amicales régimentaires. C’est ainsi que, par exemple, le maréchal Franchet d’Esperey inaugure, en face de la citadelle de Cambrai, un monument aux soldats des régiments de la ville sur lequel sont portés les noms de tous les Cambrésiens morts au combat41.
31La manière dont on joue de cette dimension régionale est cependant fort différente d’un territoire à l’autre. Jean-Paul Pellegrinetti et Georges Ravis-Giordani notent ainsi que « la corsitude [est] absente » des monuments aux morts de l’île de Beauté, tout particulièrement pour la première période d’érection de ces édifices, de 1919 à 1945. Il faut attendre cette date tardive pour une première référence explicite à la Corse – encore le monument de Sermanu évoque-t-il « ceux qui sont morts pour la France et pour que la Corse reste française » –, et les années 1980-1990 pour voir se développer des inscriptions en langue corse42. On est loin ici de la situation de la Basse-Bretagne puisque l’on compte par exemple plus de soixante-dix monuments portant une inscription en breton dans le seul Finistère, des monuments datant dans leur très grande majorité des années 1920-193043.
Clochemerle et gigognes
32En bien des situations, le legs régional de la Grande Guerre se traduit par une sorte de compétition des mémoires victimaires au sein d’un même espace national, concurrence qui se cristallise autour du nombre – éminemment symbolique – de morts. Le cas français est à cet égard assez intéressant comme en témoigne le discours – au demeurant encore aujourd’hui assez fréquent – qui consiste à faire de la Bretagne, et de ses pseudo-deux cent quarante mille morts, la région ayant payé le plus lourd tribut au conflit. Pourtant, c’est dès les années 1920 que certaines voix s’élèvent, sans succès, pour dénoncer ce chiffre, les estimations oscillant aujourd’hui selon les sources – monuments aux morts, fichier des morts pour la France ou synthèses préfectorales – autour de 130 00044. Or ce qui pourrait relever de prime abord d’un particularisme culturel n’est en réalité, lorsque examiné sous un angle plus structurel, qu’un des avatars d’une compétition mémorielle entre différentes régions pour tenter de déterminer non seulement quelle est la plus valeureuse, héroïque, mais, plus important encore, laquelle a le mieux, le plus, fait son « devoir ». En effet, un phénomène tout à fait analogue aux 240 000 Bretons existe en Corse où l’on parle même de « génération non née ». La stèle de l’archipel des Sanguinaires évalue ainsi à 48 000 le nombre de morts pour la France originaires de l’île de Beauté, soit 25 % de la population de l’époque, alors que les estimations tournent en réalité entre 11 et 15 000 tués, ce qui est déjà considérable45.
33L’armée n’est d’ailleurs pas tout à fait absente de ces compétitions mémorielles infranationales puisque les historiques régimentaires, publications qui revêtent un certain caractère officiel, en reprennent quelques termes. Y est élaborée une représentation mythique de l’unité, sans aucun rapport avec les réalités du recrutement, qui a pour but non seulement de louer les mérites du régiment mais aussi de l’inscrire localement. Tel est par exemple le cas pour le 41e régiment d’infanterie, recruté pour une large part dans les subdivisions de Rennes, Vannes, Saint-Brieuc, comprenant donc de nombreux Bretons. Selon l’historique de l’unité :
Au cours de la longue et dure épreuve que va constituer la campagne, les qualités solides de la race : courage, énergie, ténacité, discipline, esprit d’abnégation, dévouement au drapeau et aux chefs, se manifesteront d’une manière éclatante et constante. Là où il faudra tenir coûte que coûte, là où l’on n’aura à opposer aux baïonnettes de l’ennemi que des poitrines d’hommes, là où il faudra se sacrifier jusqu’au dernier pour sauver les camarades, le 41e sera présent. Pas une fois il ne faillira à son devoir46.
34Malgré les réorganisations successives de l’armée française depuis les années 1920, ces traditions subsistent pour un bon nombre d’unités. Aujourd’hui encore, bien que basé à Sarrebourg, le 1er régiment d’infanterie reste fidèle à ses origines cambrésiennes, notamment par l’intermédiaire de son insigne, qui fait explicitement référence à cette ville du Nord47.
35C’est donc bien au sein de l’espace national que les mémoires régionales de la Première Guerre mondiale évoluent le plus souvent, ce que rappelle très bien la statuaire des monuments aux morts. Ainsi celui de Termignon, petite commune de la vallée de la Maurienne. Portant le costume traditionnel, une jeune femme en pleurs se tient le visage. La statue est posée sur un socle sur lequel est inscrite la classique mention « Aux enfants de Termignon, glorieusement tombés pour la Patrie », phrase entourée des armoiries de la Maurienne d’une part et, d’autre part, de la Savoie, dont on ne peut dire si c’est du département français créé sous le Second Empire qu’il s’agit ou de la région rattachée à la France en 186048. Mais, à dire vrai, peu nous importe ici puisque ce monument semble, à lui seul, dire le jeu des imbrications des mémoires infranationales et nationales, en maints points semblables aux gigognes patriotiques de la Belle Époque.
⁂
36La guerre – aujourd’hui la Défense – est la compétence régalienne par excellence. L’armée est donc consubstantiellement liée à l’idée de nation, notion comprise ici au sens géographique. Mais les militaires savent qu’une armée n’est rien sans un puissant lien avec la nation, considérée ici sous l’angle démographique. Aussi est-ce pourquoi l’institution militaire s’inscrit dès le début de la IIIe République dans les territoires et fait écho aux appartenances régionales. En effet, la « petite patrie » étant considérée comme la porte d’entrée de l’amour de la « grande », c’est en s’insérant dans des logiques infranationales que l’armée parvient à cultiver son lien avec la nation. À en juger d’ailleurs par le très faible taux d’insoumission constaté lors de l’été 1914, il faut croire que les politiques mises en œuvre dans les différents pays belligérants sont efficaces.
37La poursuite de la guerre et l’enlisement dans les tranchées ne signe aucunement le glas des identités régionales. Il n’est dès lors pas étonnant que les mémoires de la Première Guerre mondiale se conjuguent selon des modes bretonne, corse ou flamande, chacune devenant par ailleurs un bon indicateur de l’intensité de la question régionale. Il n’est de ce fait pas plus surprenant que, profitant de l’effet d’aubaine que constitue le centenaire, l’historiographie, après avoir été obnubilée pendant des décennies par les nationalismes, se saisisse de la question régionale pendant la Première Guerre mondiale. Elle l’a fait de manière cependant fort inégale, conférant à la Bretagne, à la Corse, au Pays basque, au Languedoc ou encore à l’Alsace-Moselle, dont on sait la situation si particulière49, une place qui ne saurait prendre véritablement sens qu’en comparant ces régions à forte identité avec les cas normand, bourguignon ou auvergnat.
Notes de bas de page
1 Gilles Laurendon, Un guerrier d’occasion. Journal illustré du fantassin Pierre Perrin, Rennes, Éditions Ouest-France, 2012, p. 147.
2 Louis Barthas, Les carnets de guerre de Louis Barthas, tonnelier, 1914-1918, Paris, La Découverte, 1997, p. 342.
3 Jean-Yves Le Naour, Désunion nationale. La légende noire des soldats du midi, Paris, Éditions Vendémiaire, 2011.
4 Notons cependant que deux colloques sur ces thématiques se sont tenus en 2014 : le premier, La Grande Guerre des Bretons (1914-2014). Vécu(s), expérience(s), mémoire(s), à Rennes et aux Écoles de Saint-Cyr-Coëtquidan les 14-15 mai ; le second, Minorités, identités régionales et nationales en guerre, 1914-1918, à Corte les 19 et 20 juin.
5 Jean-François Chanet, L’École républicaine et les petites patries, Paris, Aubier, 1996 et Thiesse, Anne-Marie, Ils apprenaient la France. L’exaltation des régions dans le discours patriotique, Paris, Éditions de la Maison des sciences de l’homme, 1997.
6 Dominique Schnapper, « Histoire, Citoyenneté et Démocratie », Vingtième Siècle. Revue d’histoire, 71, 2001, p. 97-104.
7 Anne-Marie Thiesse, Ils apprenaient la France…, op. cit., p. 18.
8 Xavier Boniface, L’Armée, l’Église et la République (1879-1914), Paris, Nouveau Monde éditions, 2012, p. 314.
9 Roger Marty-Lavauzelle, Les manœuvres de l’Est en 1911, Paris, Henri Charles-Lavauzelle, 1911, p. 183.
10 Sur cette question on renverra notamment à Jean-François Chanet, Vers l’Armée nouvelle, République conservatrice et réforme militaire, 1871-1879, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2006 et Philippe Boulanger, La France devant la conscription, géographie historique d’une institution républicaine, 1914-1922, Paris, Economica, 2001.
11 Wilhelm Rustow, Guerre des frontières du Rhin 1870-1871, Paris, Librairie militaire J. Dumaine, 1873, p. 687.
12 Julien De Caseboune, Un soldat béarnais dans la Guerre, Pau, Institut béarnais et gascon, 2011, p. 34-35.
13 Jérémie Halais, « Les conscrits de la subdivision de Granville et le fait régional, 1889-1919 », dans Michaël Bourlet, Yann Lagadec, Erwan Le Gall (dir.), Petites patries dans la Grande Guerre, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2013, p. 32-43.
14 « Vive le 47 », Paramé Journal, 22 septembre 1912, p. 3. Sur l’inscription territoriale des unités on renverra à Erwan Le Gall, « Saint-Malo, la Bretagne, la France : des multiples inscriptions territoriales du 47e régiment d’infanterie », dans Michaël Bourlet, Yann Lagadec, Erwan Le Gall (dir.), Petites patries…, op. cit., p. 63-79.
15 Anne-Marie Thiesse, Ils apprenaient la France…, op. cit., p. 15-34.
16 Louis Barthas, Les carnets de guerre…, op. cit., p. 55.
17 Arch. dép. de la Manche, fonds Lecacheux, 136 J (en classement), lettre de Victor Dupont à son frère Henri, 15 mars 1915, cité par Jérémie Halais, « Les conscrits de la subdivision de Granville… », art. cité, p. 117.
18 Arch. de Rennes, 10 Z 33, lettre à Charles Oberthür du 27 mai 1915.
19 Cité dans Ouvrage collectif, 1914-1918. Des champs aux tranchées, Le Faouët, Livéditions, 1999, p. 40.
20 René Le Pivain, Récits, lettres et photos de guerre, 1914-1918, Paris, Andromaque, 2012, p. 98.
21 Témoignage de Léon Claude, mobilisé au 38e régiment d’artillerie. http://chtimiste.com/carnets/claude.htm
22 Cité dans Ouvrage collectif, 1914-1918. Des champs aux tranchées..., op. cit., p. 41.
23 Jules Maurin, Armée, guerre, société. Soldats languedociens (1889-1919), Paris, Publications de la Sorbonne, 2013 et Jérémie Halais, « Les conscrits de la subdivision de Granville… », art. cité.
24 Erwan Le Gall, « Saint-Malo, la Bretagne, la France : des multiples inscriptions territoriales du 47e régiment d’infanterie », dans Michaël Bourlet, Yann Lagadec, Erwan Le Gall (dir.), Petites patries…, op. cit., p. 63-79.
25 Résultat obtenu en considérant les morts au combat entre le 1er novembre 1917 et le 11 novembre 1918 du 248e régiment d’infanterie titulaires de la mention « Mort pour la France », soit 53 soldats sur 116. Louis Barthas, Les carnets…, op. cit., p. 489.
26 Sur ce point Nicolas Mariot, Tous unis dans la tranchée ? 1914-1918, les intellectuels rencontrent le peuple, Paris, Seuil, 2013.
27 Odile Roynette, « Unité et diversité : le vocabulaire des combattants français de la Première Guerre mondiale sous le regard des linguistes », dans Michaël Bourlet, Yann Lagadec, Erwan Le Gall (dir.), Petites patries…, op. cit., p. 161-173. Sur le cas du breton, Yann Lagadec, « La Grande Guerre, début de la fin ou renouveau pour la langue bretonne ? », dans Odile Roynette, Gilles Siouffi, Agnès Steukardt (dir.), La langue sous le feu. Mots, textes, discours de la Grande Guerre, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2017.
28 Julien De Caseboune, Un soldat béarnais…, op. cit., p. 50.
29 Paul Raybaut (éd.), « Les raisins sont biens beaux ». Correspondance de guerre d’un rural, 1914-1917, Paris, Fayard, 1977, p. 30.
30 Christophe-Luc Robin, « Un médecin sur le front de Champagne en 1915 : le carnet de guerre du docteur Joseph Micheleau », Revue historique et archéologique du Libournais et de la vallée de la Dordogne, 291, 2009, p. 20.
31 Michaël Bourlet, Yann Lagadec, Erwan Le Gall, « L’approche régionale de la Grande Guerre, un chantier à rouvrir ? », dans Michaël Bourlet, Yann Lagadec, Erwan Le Gall (dir.), Petites patries…, op. cit., p. 23.
32 Yann Lagadec, « L’approche régionale, quelle pertinence ? Le cas des combattants bretons dans la Grande Guerre », dans Michaël Bourlet, Yann Lagadec, Erwan Le Gall (dir.), Petites patries…, op. cit., p. 29 et Didier Guyvarc’h, Yann Lagadec, Les Bretons et la Grande Guerre. Images et histoire, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2013, p. 74-75.
33 Roland Dorgelès, Je t’écris de la tranchée. Correspondance de guerre, 1914-1917, Paris, Albin Michel, 2003, p. 136.
34 SHD/DAT, 26N134/6, JMO du 11e corps d’armée, 24 août 1917.
35 Gaston Mourlot, Un ouvrier artisan en guerre. Les témoignages de Gaston Mourlot, 1914-1919, Moyenmoutier, Edhisto, 2012, p. 256.
36 Michaël Bourlet, « L’expérience de la guerre des soldats du Nord et du Pas-de-Calais ; Chtimi s’en va-t-en guerre… », dans Michaël Bourlet, Yann Lagadec, Erwan Le Gall (dir.), Petites patries…, op. cit., p. 135-159.
37 Archives départementales du Nord, 1 Mi 155, journal de guerre du soldat Pape, 2 août 1915.
38 Roland Dorgelès, Les Croix de bois, Paris, Albin Michel, 1964, p. 9.
39 Erwan Le Gall, « Saint-Malo, la Bretagne, la France… », art. cité, p. 84-86.
40 Historique du 49e régiment d’infanterie, Paris, Berger-Levrault, s. d., p. 64.
41 Michaël Bourlet, « L’expérience de la guerre des soldats du Nord… », art. cité, p. 158.
42 Jean-Paul Pellegrinetti, Georges Ravis-Giordani, « Les monuments aux morts de la Première Guerre mondiale en Corse », Cahiers de la Méditerranée, 81, 2010, p. 239-251.
43 Les auteurs remercient Jean-Yves Coulon pour les informations qu’il a bien voulu leur transmettre sur cette question. Sans être fréquents, les monuments bretons représentant des personnages portant le costume du « pays » ou portant une hermine ne sont pas rares.
44 Michaël Bourlet, Yann Lagadec, Erwan Le Gall, « L’approche régionale de la Grande Guerre… », art. cité, p. 24.
45 Charlie Galibert, Sarrola 14-18, Un village corse dans la Première Guerre mondiale, Ajaccio, Albiana, 2008 ; Didier Rey, « La Corse, ses morts et la guerre de 1914-1918 », Vingtième Siècle. Revue d’histoire, 121, 2014, p. 49-59.
46 Historique sommaire du 41e régiment d’infanterie, Paris, Henri Charles-Lavauzelle, 1920, p. 5.
47 Michaël Bourlet, « L’expérience de la guerre des soldats du Nord… », art. cité, p. 158.
48 Yann Lagadec, « Les “pays” en guerre. Identités régionales et régions périphériques dans la Grande Guerre », dans Sylvain Gregori, Jean-Paul Pellegrinetti, (dir.), Les Corses et la Grande Guerre, Ajaccio/Corte, Albiana/musée de la Corse, 2014, p. 78-91.
49 Raphaël Georges, « Les combattants alsaciens-lorrains de la Grande Guerre, du Reichsland Elsass-Lothringen aux provinces retrouvées », dans Michaël Bourlet, Yann Lagadec, Erwan Le Gall (dir.), Petites patries…, p. 177-188.
Auteurs
Centre de recherche des écoles de Saint-Cyr Coëtquidan CERHIO/Université Rennes 2
Michaël Bourlet : commandant et docteur en histoire, il est chef du département histoire et géographie des écoles militaires de Saint-Cyr Coëtquidan et chercheur au Centre de recherche des écoles de Coëtquidan. Sous la direction de Jacques Frémeaux (université Paris 4-Sorbonne), il a soutenu en novembre 2009 sa thèse de doctorat d’histoire contemporaine intitulée Les officiers des 2e et 5e bureaux de l’EMA (août 1914-juin 1919). Contribution à l’histoire du renseignement pendant la Première Guerre mondiale. Il collabore régulièrement à plusieurs revues scientifiques et de vulgarisation sur l’histoire de la Première Guerre mondiale. Il a publié en codirection avec Yann Lagadec et Erwan Le Gall Petites patries dans la Grande Guerre (Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2013) et La Belgique et la Grande Guerre (Paris, Éditions SOTECA, 2012).
Centre de recherche des écoles de Saint-Cyr Coëtquidan CERHIO/Université Rennes 2
Yann Lagadec : agrégé et maître de conférences en histoire moderne à l’université Rennes 2 et membre du CERHIO (UMR CNRS 6258), il a notamment publié avec Stéphane Perréon et David Hopkins La Bataille de Saint-Cast (11 septembre 1758). Entre histoire et mémoire (Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2009) et avec Didier Guyvarc’h Les Bretons et la Grande Guerre. Images et histoire (Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2013). En 2015, il a dirigé avec Ariane Boltanski et Franck Mercier La Bataille. Du fait d’armes au combat idéologique, xie-xixe siècle (Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2015). Ses travaux actuels portent sur la captivité de guerre à l’époque moderne et sur l’expérience des soldats bretons pendant la Grande Guerre.
Centre de recherche des écoles de Saint-Cyr Coëtquidan CERHIO/Université Rennes 2
Erwan Le Gall : chargé de cours d’histoire à l’université catholique de l’Ouest–Bretagne Sud, doctorant en histoire contemporaine au CERHIO (UMR CNRS 6258) sous la direction de Luc Capdevila, il a publié Une entrée en guerre. Le 47e régiment d’infanterie de Saint-Malo au combat (août 1914-juillet 1915) (Talmont Saint-Hilaire, éditions Codex, 2014) et La Courte Grande Guerre de Jean Morin (Paris, Coop Breizh, 2014). Il est membre du comité de rédaction d’En Envor, revue d’histoire contemporaine en Bretagne.
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
La construction du militaire, Volume 3
Les mots du militaire : dire et se dire militaire en Occident (XVe-XIXe siècle) de la guerre de Cent ans à l’entre-deux-guerres
Benjamin Deruelle, Hervé Drévillon et Bernard Gainot (dir.)
2020
La construction du militaire, Volume 2
Cultures et identités combattantes en Europe de la guerre de Cent Ans à l’entre-deux guerres
Benjamin Deruelle et Arnaud Guinier (dir.)
2017
Les lumières de la guerre, Volume 2
Mémoires militaires du XVIIIe siècle conservés au service historique de la Défense (Sous-série 1 - Reconnaissances)
Hervé Drévillon et Arnaud Guinier (dir.)
2015
Les lumières de la guerre, Volume 1
Mémoires militaires du XVIIIe siècle conservés au service historique de la Défense (Sous-série 1 - Mémoires techniques)
Arnaud Guinier et Hervé Drévillon (dir.)
2015
La construction du militaire, Volume 1
Savoirs et savoir-faire militaires à l’époque moderne
Benjamin Deruelle et Bernard Gainot (dir.)
2013
L’historien-citoyen
Révolution, guerre, empires. Mélanges en l’honneur de Bernard Gainot
Benjamin Deruelle, Émilie Dosquet et Paul Vo-Ha (dir.)
2022