Chapitre 5. Les sources libérales de la biopolitique
p. 87-100
Note de l’éditeur
Version remaniée de l’article « Les sources libérales de la biopolitique », Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique, 123, avril-juin 2014, p. 57-72.
Texte intégral
1Le libéralisme est une thématique complexe dans l’œuvre de Michel Foucault. Abordée dans ses cours au Collège de France dans la deuxième moitié des années 1970, elle n’a cessé de faire débat chez les exégètes plus ou moins bien intentionnés1. Une strate d’interprétations est venue s’ajouter à une série de textes provisoires, d’autant plus difficile à saisir que Foucault ne cesse de faire varier les angles de vue sur la biopolitique, qui l’intéresse depuis la parution du premier volume de son Histoire de la sexualité, La volonté de savoir2. En effet, alors que le philosophe annonce son cours pour l’année universitaire 1978-1979, « Naissance de la biopolitique3 », il consacre l’essentiel de son enseignement à évoquer l’émergence du libéralisme, puis à l’ordo-libéralisme allemand et au néolibéralisme américain.
2C’est un moment particulier de l’œuvre foucaldienne : le philosophe poursuit son étude serrée des rapports entre le savoir et le pouvoir, mais ils quittent l’espace étroit des corps travaillés par la discipline pour comprendre comment un ordre politique et économique prend pour cible une population tout entière. Dans ce grand remuement intellectuel, Foucault élabore des éléments d’analyse épars, sans forcément les relier fermement entre eux. Entre le libéralisme et la biopolitique, c’est un archipel d’interprétations éclatées qu’il s’agit de repérer afin de saisir les spécificités politiques d’un gouvernement libéral compris non plus seulement comme une idéologie mais comme une technique de pouvoir. Chronologiquement, Foucault définit la biopolitique avant d’aborder le libéralisme moderne ; en inversant ces thématiques, il est possible de reconsidérer leur articulation historique forte et les logiques de leur congruence.
3Il faut d’abord revenir sur les points cardinaux du libéralisme tel que Foucault l’envisage : autour de la frugalité du gouvernement (le moins d’exercice possible du pouvoir), du marché comme lieu de véridiction et de la manipulation des intérêts, il sera possible de dégager l’architectonique élémentaire d’une pratique libérale prenant naissance au xviiie siècle. Ce sont ensuite les soutènements naturalistes faisant du libéralisme une pratique gouvernementale directement en phase avec la biopolitique qui doivent être mis au jour. Cette lecture archéologique de Foucault constitue moins une tentative de rétablir une quelconque orthodoxie des textes qu’une proposition d’alternative dans la circulation discursive.
Frugalité, marché, intérêt
4Le xviiie siècle est un siècle pivot dans l’ordre des gouvernementalités. Foucault suggère qu’une nouvelle façon d’envisager l’exercice du pouvoir et sa rationalisation émerge en plein cœur du siècle des Lumières4. C’est autour d’une constellation d’économistes (les physiocrates, Adam Smith, Jeremy Bentham, le marquis d’Argenson) que l’idée d’un moindre gouvernement prend forme. Cet « art de gouverner le moins possible » se veut d’abord une limite « de l’intérieur de l’exercice du pouvoir de gouverner5 ». Il ne s’agit pas de supprimer le principe d’une raison d’État surplombante, mais au contraire de lui permettre un « développement plus complet6 ». Jusqu’aux xvie et xviie siècles, la souveraineté est le « schéma organisateur7 » du pouvoir, la ratio status repose sur l’affirmation de la puissance du prince, sans autre forme de justification8. Mais quelque chose se passe au siècle des Lumières qui rend la souveraineté inopérante « pour régir le corps économique et politique d’une société en voie, à la fois, d’explosion démographique et d’industrialisation9 ». L’obsolescence de la « vieille mécanique du pouvoir de souveraineté » serait patente puisque « trop de choses » lui échappent « à la fois par en bas et par en haut, au niveau du détail et au niveau de la masse10 ». C’est donc par une incapacité à saisir (et à contrôler) des phénomènes socio-économiques inédits que le pouvoir classique du prince, célébrant continûment sa propre rationalité, est amené à se transformer. Foucault repère deux « accommodations » successives, la première porte sur un recentrement vers le corps, désormais pris dans un régime de dressage et de surveillance. La discipline, comme principe de gouvernement réglant le somatique au plus près de ses manifestations, apparaît dès le xviie siècle. La deuxième « accomodation » surgit au xviiie siècle : ce sont les phénomènes globaux, ceux qui portent sur la population, qui forment la diagonale effective du pouvoir. La biopolitique est à l’œuvre, qui prend l’homme-espèce comme objet à contrôler et à maîtriser. Je reviendrai plus loin sur cette nouvelle problématique politique et le déplacement induit par cette prise globale sur les populations. L’idée d’une jonction entre biopolitique et libéralisme est clairement énoncée par Michel Foucault : à cette aspiration du pouvoir à contrôler une nouvelle catégorie (la population) correspond une rationalité beaucoup plus large, le libéralisme. Pour le philosophe, le libéralisme est bien le « cadre général de la biopolitique11 ».
5Le libéralisme n’est pas abordé comme une idéologie, ni comme une doctrine politique discursive et théorique, mais comme une pratique, une « technologie de pouvoir12 ». Ce passage par le concret, la matérialité des hommes et des choses dans l’exercice du gouvernement, est fondamental pour comprendre les propositions de Foucault. Si le libéralisme est bien l’incarnation d’une raison d’État, il doit sa célébration politique à la description du monde dont il prétend être porteur. Les physiocrates, soutient Foucault, pensent que « la technique politique ne doit jamais décoller du jeu de la réalité avec elle-même […]13 ». En affirmant une prise directe sur le réel – et non une réflexion conceptuelle préalable – le libéralisme est produit par un certain nombre d’économistes du siècle des Lumières (Smith, Bentham, Walpole) comme une évidence de gouvernement. En se fondant sur le monde tel qu’il est, le libéralisme s’affirme d’emblée comme une pratique politique dépréciative, hors de toute idée émancipatrice. Il ne s’agit pas d’agir sur le réel, mais de s’y fondre pour en tirer un gouvernement optimal des hommes et des choses.
6Foucault s’appuie sur la maxime de l’homme politique anglais Robert Walpole, « Quieta non movere » (« À ce qui reste tranquille il ne faut pas toucher »), pour décrire cette « transformation importante14 » de la raison gouvernementale moderne. Le principe fondamental du libéralisme réside dans cette « limitation de l’art de gouverner », qui n’est plus « extrinsèque comme l’était le droit au xviie siècle », mais qui lui est intrinsèque15. Ce bornage de l’action politique, cette rétraction de la puissance de gouvernement est d’abord une « régulation […] de fait16 », qui ne repose pas, en première instance, sur le droit. Ensuite, le principe de la limitation est l’universalité : elle « suit un tracé relativement uniforme en fonction de principes qui sont toujours valables à travers toutes les circonstances […]17 ». Les objectifs de gouvernement participent de cette régulation même de la pratique politique. Un partage s’établit entre « ce qu’il faut faire et ce qu’il convient de ne pas faire18 ». S’appuyant sur les agenda/non agenda de Bentham, Foucault remarque que le libéralisme envisage le « faire politique » comme une série de choix qui doivent être les moins intrusifs possible dans l’ordre du réel. On remarquera que cette prétention du libéralisme à produire un gouvernement du réel sans instanciation est marquée, en permanence, par le renoncement. Le marquis d’Argenson reprend, dans « un article du Journal Économique » et sous une forme lapidaire, l’ordre politique sous-tendu par le libéralisme : « Laissez-nous faire. » Mais derrière cette apparente simplicité, c’est un univers du calcul qui apparaît et que Foucault résume ainsi : « À tout cela j’accepte, je veux, je projette, je calcule qu’il ne faut pas toucher19. » Et cette limitation (permanente, totale) n’est pas « imposée » de l’extérieur (par le droit par exemple), mais elle est consubstantielle à un art de gouverner libéral20. L’idéal de cette nouvelle « raison gouvernementale » est donc de ne « pas trop gouverner. Ce n’est plus l’abus de souveraineté que l’on va objecter, c’est l’excès de gouvernement21 ». Si l’écart semble important, précisément, avec la raison d’État centrée sur le souverain, Foucault remarque que les objectifs fondamentaux du libéralisme ne divergent guère de l’ancienne façon d’exercer le pouvoir : enrichissement de l’État, croissance « simultanée, corrélative et convenablement ajustée de la population […] et des subsistances22 », un état de concurrence entre les États. Ces lignes directrices de la pratique gouvernementale étaient déjà celles de l’État de police, elles appartenaient également au corpus mercantiliste. On comprend que cette monotonie des idéaux politiques est liée à cette obsession du réel, catégorie saturante de l’action politique libérale.
7Foucault cite peu d’économistes libéraux du xviiie siècle : les physiocrates (dans leur ensemble), Smith, Walpole, mais c’est surtout Benjamin Franklin et Jeremy Bentham qui lui servent de sources principales. Au premier, il emprunte le syntagme « gouvernement frugal » : « Ce développement extensif et intensif du gouvernement qui se veut pourtant frugal n’a pas cessé – et c’est en ceci qu’on peut dire qu’on est dans l’âge du gouvernement frugal – d’être hanté de l’extérieur et de l’intérieur par la question du trop et du trop peu23. » C’est bien cette frugalité – au sens littéral d’une simplicité et d’une limitation des ressources – qui reconfigure l’art de gouverner sous l’empire du libéralisme. Les questions de souveraineté et de constitution s’effacent (sans disparaître totalement, Foucault reconnaissant que les modalités de gouvernement procèdent davantage de l’amalgame des façons de faire que de la pureté politique) au profit d’un exercice de la limitation permanente. En ce qui concerne Bentham, Foucault reprend la figure archétypale du panopticon (à partir de laquelle il avait proposé son histoire du disciplinaire dans Surveiller et punir) pour en faire le symbole « d’un gouvernement libéral24 ». Notons que ce dispositif de surveillance par transparence généralisée tend à produire un effet de réel alors qu’il n’est qu’artificialité. C’est donc lorsqu’on rabat le libéralisme sur ces techniques concrètes d’exercice que l’on mesure la part de théorie incorporée dont il est porteur : la frugalité comme la transparence du réel sont d’abord et avant tout des enjeux politiques construits, et non des donnés purs sans médiation.
8On peut isoler les ressorts d’une nouvelle pratique de gouvernement dans ce qui équipe la montée en puissance du libéralisme au xviiie siècle. Foucault repère dans l’économie politique la discipline de consécration d’une certaine façon de réorganiser la raison d’État25. Les physiocrates ont formulé une première économie politique : « Le pouvoir politique devait être un pouvoir sans limitation externe, sans contrepoids externe, sans frontière venue d’autre chose que de lui-même, et c’est cela qu’ils ont appelé le despotisme26. » Celui-ci est un « gouvernement économique, mais qui n’est enserré, qui n’est dessiné dans ses frontières par rien d’autre qu’une économie qu’il a lui-même définie et qu’il contrôle totalement27 ». La raison gouvernementale des premiers libéraux n’est donc pas différente d’une raison souveraine qui « donnait au monarque un pouvoir total et absolu28 ». L’économie politique s’enracine non pas dans une réflexion juridique, mais dans les effets des « pratiques gouvernementales » ; ce faisant, elle « fait apparaître l’existence de phénomènes, de processus et de régularités qui se produisent nécessairement en fonction de mécanismes intelligibles29 ». Comme « instrument intellectuel », l’économie politique est donc d’abord un « type de calcul », « une forme de rationalité qui permet ainsi à la raison gouvernementale de s’autolimiter », une réflexion sur « l’organisation, la distribution et la limitation des pouvoirs30 ».
9L’histoire du libéralisme reconstituée par Michel Foucault s’appuie donc sur une logique de limitation gouvernementale équipée d’une économie politique comprise comme une justification conceptuelle de la frugalité. Il reste à définir le lieu matriciel dans lequel se jouent les rapports de force propres à ce pouvoir libéral. C’est bien sûr le marché qui opère comme espace de distribution et de répartition des pouvoirs et des richesses. Dès le Moyen Âge et jusqu’au xviie siècle, le marché fait l’objet d’une surveillance et d’un contrôle des gouvernements. Espace du juridique, le marché est réglementé, les prix sont ajustés, la fraude traquée… Mais à partir du xviiie siècle, il devient le « lieu de formation de la vérité31 » ; il est ce par quoi la vérité d’une action gouvernementale prétendument bien menée se révèle. C’est parce que les phénomènes en jeu (fixation libre des prix, concurrence entre les acteurs) seraient spontanés qu’ils auraient, par eux-mêmes, la vertu de produire une vérité. La détermination d’un prix (ici, Foucault cite Boisguilbert et le prix « naturel », ainsi que les physiocrates et le « bon prix ») par le seul jeu du marché élimine l’idée même d’une justice32. Parce qu’il est censé être l’espace d’une véridiction sans intermédiaire et sans médiation redistributive, le marché prétend dire « le vrai par rapport à la pratique gouvernementale ». Il est, par les phénomènes qui s’y déploient, l’endroit où l’intervention gouvernementale (le trop ou le trop peu) est jugée. Au xviiie siècle, précise Foucault, c’est une situation « polygonale » associant l’« afflux d’or », la « constance des monnaies », la « croissance économique et démographique » qui devient le cadre marchand de compréhension de la politique à l’œuvre33.
10Cependant, en fait de spontanéité naturelle, le marché est une construction permanente que la limitation du gouvernement travaille dans toutes ses dimensions. Surtout, c’est une rationalité « aveugle », qui domine le marché et semble se jouer des acteurs, des actions politiques et des pratiques concrètes du pouvoir. La force marchande oriente, dirige, indique ce que doit être le gouvernement mais à travers une lecture des effets de ce gouvernement. On mesure donc, dans cette analyse foucaldienne, ce qui fait de la raison marchande une puissance d’oppression et de dessaisissement : à force d’effets indirects, de lectures filtrées, de justification, ex-post, la réflexivité gouvernementale est minée, réduite à un déchiffrement incertain de ses propres effets. De plus, en congédiant la possibilité d’une justice des prix (au profit de leur justesse), les capacités d’oppression sont démultipliées.
11Le libéralisme, d’après la lecture qu’en fait Michel Foucault, est donc d’abord un renoncement au droit ; il est ce geste qui prétend à une « naturalisation » des rapports sociaux au nom d’une liberté garantie par la frugalité gouvernementale. Car, en deçà d’un spontanéisme simplificateur, ce sont les forces biologiques qui sont drainées, dressées, organisées. Le libéralisme est moins une mise en pratique d’une économie politique, qu’un ajustement à une certaine anthropologie des rapports entre l’homme et la nature.
Naturalisme et biopolitique
12Dans son cours de 1977-1978, intitulé « Sécurité, territoire, population », Foucault analyse la perspective politique des physiocrates comme une rupture avec un ordre divin qui s’imposerait dans les manières de faire : « La politique a à jouer dans l’élément d’une réalité que les physiocrates appellent précisément la physique, et ils vont dire, à cause de cela, que la politique c’est une physique, que l’économie c’est une physique34. » Désormais, « agir dans l’ordre de la politique, c’est agir dans l’ordre de la nature35 ». La pensée économique du xviiie siècle est donc d’abord une approche « naturaliste » de l’organisation socio-politique. Le libéralisme suppose, dans cette perspective, une approche neutralisée des rapports humains. Le « gouvernement des hommes » s’inscrit dans une réflexion sur « la nature des choses » et pas sur « la mauvaise nature des hommes ». La « physique du pouvoir » n’est pas une métaphore organiciste ou mécaniste ; elle est une requalification profonde de ce sur quoi s’exerce l’autorité et les formes de contrainte qu’elle génère. Il s’agit, pour les acteurs politiques de l’époque moderne, d’imaginer un gouvernement qui « se pense comme action physique dans l’élément de la nature36 ». Finalement, Foucault considère que les réflexions sur « la liberté des hommes » sont une conséquence de cette approche naturaliste du pouvoir.
13L’économie politique, en tant qu’elle est la discipline pratique par laquelle le libéralisme se constitue en doctrine d’action, a pour objectif de « faire apparaître l’existence de phénomènes, de processus et de régularités qui se produisent nécessairement en fonction de mécanismes intelligibles37 ». Parce qu’elle est un déchiffrement du monde, un découpage nouveau dans l’ordre de l’observable, l’économie politique redistribue aussi les possibles du pouvoir, les moyens d’agir sur le réel. Le cours de Michel Foucault « Naissance de la biopolitique » esquisse la nouvelle philosophie politique de l’économie libérale du xviiie siècle, qui n’envisage pas la nature comme « une religion réservée et originaire sur laquelle l’exercice du pouvoir ne devrait pas avoir prise […]. La nature, c’est quelque chose qui court sous, à travers, dans l’exercice même de la gouvernementalité38 ». Les penseurs libéraux du xviiie siècle proposent donc une approche holiste, intégrale, maximale du réel à partir de laquelle ils comptent faire œuvre politique. Ce « naturalisme » principiel sonne toutefois comme une forme d’abandon de toutes les capacités prospectives du pouvoir. Ainsi, s’il existe une « nature propre […] à la gouvernementalité », alors « la pratique gouvernementale ne pourra faire ce qu’elle a à faire qu’en respectant cette nature39 ». L’ordre naturel est donc une immanence dont il est impossible de se dégager. Un gouvernement peut – sans le savoir – « violer cette nature40 », non par volonté de nuire, mais parce qu’il est ignorant des ressorts profonds de la nature du pouvoir qu’il exerce et des forces naturelles qui l’organisent.
14La perspective naturaliste que Foucault suggère dans l’émergence du libéralisme au xviiie siècle renvoie donc à un double déplacement des façons de penser : d’une part, le pouvoir est doté d’une essence « naturelle » qui ne le sépare pas du réel, d’autre part, l’action politique est une sorte de tâtonnement toujours orienté vers la conformité à un ordre de nature en partie ignoré. Le moindre gouvernement passe non seulement par l’exercice permanent d’une autolimitation, mais aussi par une conformation stricte à ce qui est connu des grands principes d’une nature saturante.
15Foucault pointe bien ce qui peut apparaître comme une contradiction ou, à tout le moins, une ambiguïté d’un libéralisme usant du droit : ce dernier contrarie, travaille, modèle, déforme, réorganise l’ordre naturel, il est, par excellence, contre-nature. La frugalité gouvernementale ne peut, en théorie, s’appuyer sur un élément extérieur – comme le droit –, mais doit toujours s’en tenir à ses propres motivations internes41. En pratique, Foucault considère qu’il y a bien une articulation du libéralisme avec le droit : il ne faudrait pas croire, explique-t-il dans son cours du 17 janvier 1979, que la limitation « de nature » du libéralisme est « tout à fait différente du droit. C’est une limitation qui est malgré tout et toujours une limitation juridique, le problème étant précisément de savoir comment, dans le régime de la nouvelle raison gouvernementale, de cette raison gouvernementale autolimitée, on peut formuler en termes de droit cette limitation42 ». Le droit n’est plus en principe une catégorie d’action extérieure au pouvoir, il devient une pratique interne de limitation de la gouvernementalité : « Le problème fondamental, essentiel du droit public, ça ne va plus être tellement, comme c’était au xviie siècle, au xviiie siècle : comment fonder la souveraineté, à quelles conditions le souverain peut être légitime, à quelles conditions il pourra légitimement exercer ses droits, mais : comment mettre des bornes juridiques à l’exercice de la puissance publique43. » De là, Foucault esquisse une double généalogie des pratiques du droit. Une première voie, que le philosophe nomme « la voie axiomatique, juridico-déductive », inspirée de Rousseau, est constitutive du projet révolutionnaire à la fin du xviiie siècle. Le droit chemine, sous cette forme, d’une définition de ce qui est permis ou non aux hommes jusqu’aux pratiques de gouvernement44. Foucault considère cette pratique juridique comme une ligne continue qui irait des « théoriciens du droit naturel du xviie siècle » aux « juristes et […] législateurs de la Révolution française45 ». La deuxième voie, que Foucault identifie comme étant propre au libéralisme, consiste à « partir de la pratique gouvernementale elle-même » et d’envisager toute une série de limites (« de fait », « de l’histoire », « de la tradition », « les bonnes limites »)46. Le droit n’est plus un outil qui définirait les sujets de l’action politique dans les termes d’une juridiction générale ; il devient un instrument de gouvernement pour définir ce « qu’il serait utile et inutile […] de faire et de ne pas faire47 ». Foucault pointe ainsi l’affinité entre cette nouvelle pratique libérale du pouvoir et le radicalisme anglais, qui ne travaille pas la question du droit mais celle de l’utilité. C’est elle qui constitue le « grand critère d’élaboration des limites de la puissance publique48 ». Le maintien des flux d’échanges et l’utilité sont les deux grands axes orientant la politique libérale, c’est dans l’espace de leur commune ouverture que se construit la nouvelle gouvernementalité au xviiie siècle. Foucault soutient que la catégorie qui permet d’articuler à la fois la question de l’utilité et celle des échanges, c’est celle de l’intérêt. Qu’est-ce donc que l’intervention (possible, souhaitable) d’un pouvoir libéral ? C’est une action légitime « dans la mesure où l’intérêt, les intérêts, les jeux des intérêts rendent tel individu ou telle chose, ou tel bien, ou telle richesse ou tel processus d’un certain intérêt pour les individus ou pour l’ensemble des individus […]49 ». Le gouvernement s’exerce sur « la république phénoménale des intérêts50 ».
16La reconstitution historique du libéralisme telle que l’envisage Michel Foucault est donc un renversement des valeurs du droit (puisqu’il s’agit maintenant d’un principe de pure généralité dans l’autolimitation), d’un double fondement marchand et utilitaire des principes axiologiques et d’une pratique du pouvoir pour l’intérêt. Cette schématisation laisse toutefois dans l’ombre ce « jeu complexe entre les intérêts individuels et collectifs » ; elle laisse également visible la nature profonde du libéralisme qui, comme le dit Foucault, consiste en une manipulation constante des intérêts51. L’autolimitation a donc elle aussi des limites : l’orientation des intérêts suppose un travail actif d’alignement des hommes et des choses, de cadrage des forces sociales, d’enrôlement des énergies. Par conséquent, la gouvernementalité libérale n’est pas aussi frugale que ses concepteurs le prétendent. Elle met en tension un rapport direct à une naturalité principielle et une activation des intérêts : la contradiction est flagrante entre un « laisser faire » reléguant la question du commun vers un ordre naturel et le travail de tactique politique visant à maîtriser (pour les organiser) les intérêts les plus divers. La limitation du politique par le juridique n’a donc rien de spontané. Foucault note d’ailleurs les formes patentes de cette aporie fondamentale du libéralisme : le gouvernement « va armer sa politique d’une connaissance précise, continue, claire et distincte de ce qui se passe dans la société, de ce qui se passe dans le marché, de ce qui se passe dans les circuits économiques, de sorte que la limitation de son pouvoir ne sera pas donnée par le respect de la liberté des individus, mais simplement par l’évidence de l’analyse économique qu’il faut respecter52 ». L’économique prime et le droit n’est pas un support des libertés individuelles, il dégage, bien en amont, les zones d’action possibles (si limitées soient-elles). La gouvernementalité libérale est donc grande « consommatrice de liberté », qu’elle doit produire en permanence. Pour ce faire, il est nécessaire au pouvoir d’établir des contrôles ou des coercitions. La contradiction se referme sur le projet politique du libéralisme : il faut une « formidable quantité d’interventions gouvernementales […] » pour produire et consommer de la liberté. Celle-ci émerge comme une construction politique orientée ; loin d’une neutralité qui serait fondée sur/par la pratique limitée du pouvoir, le libéralisme organise et dresse les forces sociales dans le seul but de manipuler (et faire prospérer) des intérêts marchands. « Liberté du marché du travail, explique Foucault dans son cours du 24 janvier 1979, mais faut-il encore qu’il y ait des travailleurs, des travailleurs en assez grand nombre, des travailleurs suffisamment compétents et qualifiés, des travailleurs qui soient politiquement désarmés pour ne pas faire pression sur le marché du travail53 ». La liberté du commerce est à ce prix : la dépossession politique des acteurs du marché du travail, privés (par la neutralité politique qu’on exige d’eux) d’une réflexivité, d’une capacité critique et d’une possibilité de contestation. Au final, la liberté n’est pas le principe premier du libéralisme, qui n’est finalement qu’un « naturalisme gouvernemental54 ». C’est à ce point précis qu’un retour sur la biopolitique s’avère nécessaire. En repositionnant la pratique libérale, comme art de gouverner, dans l’ordre théorique du naturalisme politique, Foucault ouvre un nouvel espace d’analyse, centré non plus sur les individualités mais sur la gestion des masses, des populations dans leur ensemble. Le pouvoir libéral ne peut faire l’économie (quand bien même il entend réduire le plus possible ses interventions) d’un « calcul de coût de la fabrication de cette liberté55 ». Car au-delà de la manipulation des intérêts (qui exige un engagement du gouvernement), le libéralisme tente de produire un « stimulus du danger » généralisé, de constituer une politique pour « vivre dangereusement56 », sans tenir compte des dispositions de chacun des individus qui composent une population. Le coût social et politique de cette incitation au risque est exorbitant ; en revers du danger omniprésent, le libéralisme est « gestionnaire des dangers et des mécanismes de sécurité/liberté, du jeu sécurité/liberté qui doit assurer que les individus ou la collectivité seront le moins possible exposés aux dangers57 ». C’est précisément dans cette appropriation politique de la sécurisation des populations (et parce qu’il a créé une « culture du danger ») que le libéralisme configure la biopolitique comme processus de contrôle et de dressage des forces vivantes : « Toute une éducation du danger, tout une culture du danger apparaît en effet au xixe siècle, qui est très différente de ces grands rêves ou de ces grandes menaces de l’Apocalypse comme la peste, la mort, la guerre dont l’imagination politique et cosmologique du Moyen Âge, du xviie siècle encore, s’alimentait58. » L’hygiène, la maladie, la dégénérescence, la sexualité, la littérature policière, un ensemble de secteurs de la vie est soudain strié par une double logique danger/sécurité que le gouvernement libéral s’efforce de maintenir sous tension. Le libéralisme atteint ici son point aporétique ultime puisque « des processus d’engorgement » grippent les « mécanismes producteurs de la liberté, ceux-là mêmes que l’on a convoqués pour assurer et fabriquer cette liberté […]59 ».
17La biopolitique, avait rapidement précisé Foucault, ne pourra être étudiée qu’après la mise à plat du « régime gouvernemental appelé libéralisme60 ». Cependant, le cours « Naissance de la biopolitique » se poursuit sur les formes contemporaines du néolibéralisme sans retour sur la biopolitique. Par rétroprojection, les premières analyses de cette maîtrise politique des forces vivantes (dans le cours « Il faut défendre la société », et dans le premier volume de l’Histoire de la sexualité, La volonté de savoir) constituent une sorte de conclusion des analyses foucaldiennes sur le libéralisme. Car c’est bien sur le versant sécuritaire du libéralisme, dans cette volonté politique de manipuler les intérêts, que le dressage, non plus seulement des corps comme avec la discipline, mais des populations devient un mode de gouvernement à part entière.
18La biopolitique vise « non pas l’homme-corps » mais à « l’homme vivant », « l’homme espèce ». Cette « nouvelle technologie […] s’adresse à la multiplicité en tant qu’elle forme, au contraire, une masse globale, affectée de processus d’ensemble qui sont propres à la vie, et qui sont des processus comme la naissance, la mort, la production, la maladie […]61 ». Les savoirs statistiques et démographiques appuient cette politique de gestion des vivants et de la vie. Prenant l’exemple de la morbidité, Foucault constate qu’au xviiie siècle, ce ne sont plus les épidémies qui préoccupent les gouvernements mais « les endémies, c’est-à-dire la forme, la nature, l’extension, la durée, l’intensité des maladies régnantes62 ». L’hygiène publique et les institutions de surveillance médicale tentent de rendre visible ce nouveau rapport du pouvoir à la vie. La notion de population devient une catégorie et même un « problème à la fois scientifique et politique63 ». Parce que les processus biologiques impactent la vie économique, parce qu’ils contribuent à reconfigurer les attentes politiques, le biopouvoir s’impose en double sécuritaire du libéralisme. Le drainage et l’optimisation de la population supposent d’abord une prospective (« prévisions, […] estimations statistiques, […] mesures globales »), mais aussi un interventionnisme sévère (pour « stimuler la natalité », maintenir une certaine « homéostasie »). La biopolitique installe « des mécanismes sécuritaires autour de cet aléatoire inhérent à une population d’êtres vivants » et vise « à maximiser des forces et à les extraire64 ». Mais quel besoin a donc le libéralisme de sécuriser des populations dont il suppose l’adhésion aux principes d’une moindre intervention ? La régulation, suggère Foucault dans la dernière partie de La volonté de savoir, est à mettre en relation avec le « développement du capitalisme. Celui-ci n’a pu être assuré qu’au prix de l’insertion contrôlée des corps dans l’appareil de production et moyennant un ajustement des phénomènes de population aux processus économiques65 ». Le libéralisme s’efforce d’extraire des forces de vie l’énergie nécessaire à la production capitaliste. La biopolitique organise cette extirpation du vital sur les populations ; elle s’associe à l’« anatomo-politique » (i. e. la « discipline ») pour agir « au niveau des processus économiques, de leur déroulement […] », pour « opérer aussi comme facteurs de ségrégation et de hiérarchisation sociale, agissant sur les forces respectives des uns et des autres, garantissant des rapports de domination et des effets d’hégémonie66 ». Finalement, « l’ajustement de l’accumulation des hommes sur celle du capital, l’articulation de la croissance des groupes humains sur l’expansion des forces productives et la répartition différentielle du profit, ont été, pour une part, rendus possibles par l’exercice du bio-pouvoir sous ses formes et avec ses procédés multiples67 ». Finalement, le libéralisme est la proposition politique la plus coextensive du capitalisme ; par l’activation de la biopolitique, les gouvernements peuvent compter sur un dressage massif des forces vivantes en direction des espaces marchands de production. Point de véridiction du pouvoir, le marché est donc le lieu ultime du contrôle et de la gestion des populations : dès lors qu’il est conçu comme le révélateur des « bonnes politiques » à mener, celles qui sont le plus conformes à un naturalisme essentialisé, la raison politique cesse d’être active.
19En recomposant le puzzle foucaldien du libéralisme et de la biopolitique, on mesure tout l’intérêt, pour une histoire critique des doctrines économiques, d’une approche par la biopolitique. Mais c’est seulement après avoir patiemment dégagé la gangue conceptuelle du libéralisme (i. e. frugalité, économie politique, véridiction du marché, ambiguïté du droit et naturalisme) qu’il devient possible d’envisager la gestion des populations non plus seulement comme le souci des puissances souveraines, mais comme une maximisation des assujettissements au service du capitalisme et de sa reproduction. Les réflexions, en amont, sur le moindre gouvernement et l’autolimitation politique mettent au jour les ruses d’une fausse dépolitisation des rapports sociaux par la voie libérale. Alors que le libéralisme est présenté par ses thuriféraires, dès le xviiie siècle, comme la forme la moins interventionniste du pouvoir, il ne cesse de produire des cadrages, d’organiser des coercitions, de structurer le contrôle aux fins d’un dressage des populations. Débarrassé des exigences juridiques des droits de l’homme au profit d’une législation de la limitation, le libéralisme s’est constitué, nous dit Foucault, parallèlement et en opposition à la voie révolutionnaire du droit.
20Même si les propositions de Foucault sont fragmentaires, dispersées et incomplètes, il n’en reste pas moins qu’elles constituent des fondements solides pour entreprendre une histoire critique du libéralisme, de ses rhétoriques, de ses soubassements théoriques et de ses implications politiques. Loin de défendre une liberté partout et pour tous, il émerge, à la fin du xviiie siècle, comme une réflexion politique strictement opposée aux projets révolutionnaires d’émancipation.
Notes de bas de page
1 Ce chapitre n’a pas pour objectif de discuter toutes les analyses menées depuis une quinzaine d’années sur le libéralisme et le néolibéralisme chez Foucault. Voir cependant Maria Bonnafous-Bouchet, Le libéralisme dans la pensée de Michel Foucault. Un libéralisme sans liberté, Paris, L’Harmattan, 2001 ; Guillaume Le Blanc, La pensée Foucault, Paris, Ellipses, 2006, p. 161-182 ; Andrew Barry, Thomas Osborne, Nikolas Rose (dir.), Foucault and Political Reason. Liberalism, Neo-Liberalism and Rationalities of Government, Chicago, The University of Chicago Press, 1996 ; Geoffroy de Lagasnerie, La dernière leçon de Michel Foucault. Sur le néolibéralisme, la théorie et la politique, Paris, Fayard, 2012 ; Graham Burchell, Colin Gordon, Peter Miller (dir.), The Foucault Effect. Studies in Governmentality, Chicago, The University of Chicago Press, 1991 ; Laurent Jeanpierre, « Une sociologie foucaldienne du néolibéralisme est-elle possible ? », Sociologie et sociétés, 38/2, 2006, p. 87-111 ; Id., « Par-delà la biopolitique », Critique, LXI/696, 2005, p. 352-368 ; Stéphane Haber, « Du néolibéralisme au néocapitalisme ? Quelques réflexions à partir de Foucault », Actuel Marx, 51, 2012, p. 59-72 ; Thomas Lemke, « “Marx sans guillemets” : Foucault, la gouvernementalité et la critique du néolibéralisme », Actuel Marx, 36, 2004, p. 13-26 ; José Louis Moreno Pestaña, Foucault, la gauche et la politique, Paris, Textuel, 2011 ; Christian Laval, « L’entreprise comme nouvelle forme de gouvernement. Usages et mésusages de Michel Foucault », dans Hervé Oulc’hen (dir.), Usages de Foucault, Paris, PUF, 2014, p. 143-158.
2 Michel Foucault, Histoire de la sexualité, 1, La volonté de savoir, Paris, Gallimard, 1976, p. 183-186.
3 Id., Naissance de la biopolitique, Paris, Gallimard/Seuil, 2004.
4 Michel Foucault, « Il faut défendre la société ». Cours au Collège de France (1975-1976), Paris, Gallimard/Seuil, 1997, p. 215.
5 Id., Naissance de la biopolitique, op. cit., p. 29.
6 Ibid., p. 30.
7 Id., Sécurité, territoire, population, Paris, Gallimard/Seuil, 2004, p. 222.
8 Ibid., p. 249.
9 Ibid., p. 222.
10 Ibid.
11 Id., Naissance de la biopolitique, op. cit., p. 24.
12 Id., Sécurité, territoire, population, op. cit., p. 50.
13 Ibid., p. 49.
14 Michel Foucault, Naissance de la biopolitique, op. cit., p. 12.
15 Ibid.
16 Ibid.
17 Ibid., p. 13.
18 Ibid.
19 Ibid., p. 22.
20 Ibid., p. 14.
21 Ibid., p. 15.
22 Ibid., p. 16.
23 Ibid., p. 30. Dans son résumé du cours de 1978-1979, Foucault cite explicitement Franklin. Dans le cours lui-même, il n’en fait pas mention. Les responsables de l’édition de Naissance de la biopolitique renvoient à une lettre de Benjamin Franklin à Charles de Weissenstein du 1er juillet 1778. Ils se réfèrent également à l’analyse fouillée de Drew McCoy, « Benjamin Franklin’s Vision of a Republican Politic for America », The William and Mary Quaterly, 35/4, octobre 1989, p. 605-628.
24 Michel Foucault, Naissance de la biopolitique, op. cit., p. 69.
25 Ibid., p. 16.
26 Ibid.
27 Michel Foucault, Naissance de la biopolitique, op. cit., p. 16-17.
28 Ibid., p. 17.
29 Ibid.
30 Ibid., p. 15.
31 Ibid., p. 32.
32 Ibid., p. 33.
33 Ibid., p. 35.
34 Id., Sécurité, territoire, population, op. cit., p. 49.
35 Ibid.
36 Ibid., p. 50.
37 Michel Foucault, Naissance de la biopolitique, op. cit., p. 17.
38 Ibid., p. 18.
39 Ibid.
40 Ibid., p. 19.
41 Ibid., p. 13.
42 Ibid., p. 39.
43 Ibid., p. 40.
44 Ibid., p. 41.
45 Ibid.
46 Ibid.
47 Ibid., p. 42.
48 Ibid., p. 45.
49 Michel Foucault, Naissance de la biopolitique, op. cit., p. 47.
50 Ibid., p. 48.
51 Ibid., p. 46.
52 Ibid., p. 63.
53 Ibid., p. 66.
54 Ibid., p. 63.
55 Ibid., p. 67.
56 Ibid., p. 68.
57 Ibid., p. 67.
58 Ibid., p. 68.
59 Michel Foucault, Naissance de la biopolitique, op. cit., p. 70.
60 Ibid., p. 24.
61 Id., « Il faut défendre la société », op. cit., p. 216.
62 Ibid., p. 217.
63 Ibid., p. 219.
64 Ibid., p. 218.
65 Id., La volonté de savoir, op. cit., p. 185.
66 Ibid., p. 185-186.
67 Ibid., p. 186.
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