Précédent Suivant

Chapitre 3. Les miroirs aimantés du monde

p. 47-60

Note de l’éditeur

Version remaniée du chapitre « Les miroirs aimantés du monde. L’épistémè de la Renaissance au prisme du savoir sur le magnétisme de Guillaume de Nautonier », dans Olivier Guerrier (dir.), Foucault et la Renaissance, Paris, Classiques Garnier, 2019 [à paraître].


Texte intégral

1Nous l’avons vu précédemment, lorsque Michel Foucault expose le concept d’épistémè dans Les mots et les choses, il envisage un découpage strict des nappes discursives cohérentes de chaque époque. Il affirme ainsi que pour une période donnée, tous les discours produits – qu’ils soient convergents ou contradictoires – viennent tous faire sens par rapport à une structure profonde des manières de connaître et de penser. On l’a vu, il évoque un découpage, depuis la fin du xve siècle jusqu’au xixe siècle, qui distingue l’épistémè de la Renaissance, l’épistémè classique et l’épistémè moderne1. Comme l’a montré l’ouvrage de Pierre Belon sur la botanique sylvestre, la dureté des bords qui les fait se rapprocher n’est qu’apparente. Il nous faut plonger encore plus profondément dans l’épaisseur de l’épistémè pour saisir les conditions de son dépassement, les possibilités d’une dialectique. Si Foucault consacre de longs développements aux dernières épistémaï, la première, pourtant inaugurale, est caractérisée précisément, mais plus rapidement. Foucault distingue quatre grandes figures organisant « les savoirs de la ressemblance2 » pour la Renaissance. Il y a d’abord « la convenientia », qui renvoie à la proximité des choses entre elles, au « voisinage des lieux ». De la contiguïté physique naît une convergence des « propriétés3 » et finalement un lien d’identité. Ensuite, « l’aemulatio » est une déterritorialisation des similitudes : « Les choses peuvent s’imiter d’un bout à l’autre de l’univers sans enchaînement ni proximité4. » L’analogie constitue la troisième figure, la plus complexe et la plus dense, puisqu’elle peut « tendre vers, à partir d’un même point, un nombre indéfini de parentés5 ». Enfin, « le jeu des sympathies » se structure « à l’état libre dans les profondeurs du monde6 ». Ici, les conjonctions de ressemblance se donnent à voir de loin en loin, dans cette abolition de la géographie et des rapports directs. Quatre figures qui composent donc le schème de la ressemblance, ce canevas général de l’articulation des mots et des choses telle que les savants du xvie siècle l’ont envisagée.

2Ce sont précisément ces spécificités de l’épistémè Renaissance que je voudrais ici mettre à l’épreuve. En m’appuyant sur un ouvrage de la fin de la période, la Mecometrie de leymant de Guillaume de Nautonier7, je souhaiterais montrer les points d’appui d’une discursivité propre à la Renaissance et qui se donne à voir dans un déploiement spécifique des savoirs et des moyens de comprendre le monde. Ce faisant, on cherchera également les points de rupture appelant l’épistémè classique. Guillaume de Nautonier est un savant protestant tarnais, formé à l’académie de Lausanne, géographe du roi pétri de culture humaniste8. Il publie sa monumentale Mecometrie de leymant en 1603, à l’aube de ce xviie siècle qui est aussi le crépuscule de l’épistémè classique. Ouvrage novateur par l’usage qu’il promeut de la pierre d’aimant pour trouver sa route sur les mers, la Mecometrie de leymant9 est aussi une sorte de parangon du principe de similitude que Foucault rattache à l’épistémè de la Renaissance. Car ce n’est pas seulement une généralisation des ressemblances parcourant le monde que le philosophe révèle dans le creux des discours. Ce sont en fait quatre modalités de réfléchissement des choses et des êtres entre eux qu’il envisage. Et Guillaume de Nautonier investit avec force détails ce quadrilatère des ressemblances. Il produit ainsi une série de renvois, de miroitements et d’affinités qui interrogent l’existence d’une structure unifiée pour le déchiffrement des signes. Je poserai la question du rapport de l’épistémè de la Renaissance aux défis lancés par la Réforme protestante aux façons de connaître et de comprendre. J’explorerai les conditions religieuses d’un dépassement de la ressemblance comme clé unique d’interprétation du monde pour saisir les voies d’accès à l’épistémè classique.

3Le projet de Guillaume de Nautonier s’inscrit dans le vaste remuement des sciences de la navigation des xvie et xviie siècles. De nouvelles techniques astronomiques, des connaissances géographiques inédites, des approches scientifiques dans le pilotage des navires émergent en particulier des chaires d’hydrographie et des institutions navales. La démarche de Guillaume de Nautonier est cependant originale en ce sens qu’il entreprend une analyse des vertus directrices de l’aimant. La problématique centrale de la navigation avant la diffusion des horloges marines sur tous les navires concerne la longitude. Pour se situer sur les océans, sans repères terrestres, les capitaines doivent notamment puiser dans les méthodes astronomiques. Il s’agit de déterminer la latitude et la longitude de sa position, ou, plus exactement son ascension droite et sa déclinaison. Autant la latitude ne pose guère de problème d’un point de vue astronomique10, autant la longitude forme une difficulté récurrente des sciences nautiques. L’arbalestrille, l’octant ou le quartier anglais sont les instruments les plus couramment employés11. Mais l’aimant apparaît comme une pratique alternative. La fixation approximative du nord géographique par l’aimant intéresse les géographes12. Guillaume de Nautonier cherche, très précisément, à comprendre les irrégularités et à cartographier de grandes zones de cohérence13. C’est dans l’épaisseur de ce texte buissonnant et érudit que l’on peut distinguer une série significative de rapprochements, de confrontations, d’analogies, de sympathies. Je propose non seulement de répertorier cette variété des signes de la comparaison, mais également d’explorer les processus de coalescence qui organisent, dans une même épistémè, cette variété des jeux spéculaires entre les entités connaissables du monde. On approchera ainsi, par-delà le miroitement des renvois, des associations et des proximités, les saillances d’une modernité qui affleure au cœur même des discursivités classiques.

La convenance des forces

4Guillaume de Nautonier procède, dans son ouvrage, à cette forme spécifique d’association conventionnelle des forces. La nature, et tout particulièrement la vie végétale, sert de point d’appui aux démonstrations. C’est ainsi qu’expliquant sa technique d’observation des lignes magnétiques grâce à la pierre d’aimant, le géographe indique au Roi, auquel il adresse son ouvrage, qu’il a « tasché […] de semer cette plãte ». Il ajoute, poursuivant ce jeu de composition des forces de la nature :

Et lors que vous l’avez veüe née, & que la les fueilles on pouvoit desja discerner que c’estoit, et que quoy qu’elle fut encor petite & tendre, su promettoit elle de porter du fruict quelque jour : vous avez jugé qu’il ne la falloit pas fouler aux pieds mais qu’il la falloit arrouser, l’appuyer, la deffendre des animaux qui la pourroyent offenser, brief, favoriser à son accroissement, afin qu’elle peuct fructifier en sa saison, & qu’on en peut recueillir de l’utilité14.

5Puis, repassant au registre savant de l’avancement et de l’accumulation des connaissances, Guillaume de Nautonier précise :

Ce que vous avez fit Monseigneur, a esté pour le désir que vous aviez qu’il fut remédié au défaut de la coignoissance de la longitude, qui rendoit la Géographie &la navigation defectueuses […]15.

6La comparaison entre la nature et la croissance d’un savoir est envisagée sous l’empire d’une similaire protection bienveillante. À l’ordre politique, il échoit d’empêcher qu’on détruise une connaissance naissante, fragile mais en pleine croissance. L’articulation aux formes de gouvernement est redoublée par l’absence de transition entre le jeu métaphorique et ce rappel de l’intérêt que porte le souverain au problème crucial des longitudes en mer. Dans cette ressemblance entre la science du repérage et le développement des plantes, c’est le gouvernement politique qui sert de point d’appui. Le géographe envisage le royaume comme un terreau fertile capable de faire advenir des produits abondants. Tout le champ métaphorique de la croissance biologique, du développement botanique et du déploiement ligneux est mobilisé pour superposer un ordre politique bienveillant et un ordre savant disponible pour la cueillette.

Il y a des raisons tres-importantes, Sire, qui m’ont faict oser offrir en toute reverence ce labeur aux pieds de vostre Majesté, c’est qu’elle aime les Sciences Mathematiques, comme les plus grands Roys du monde les ont cheries, estans les plus certaines du monde la Theologie, & dignes d’une royalle cognoissance, & ont eu tant plus en estime les parties d’icelles, qu’ils les voyoyent& plus utiles, & de nouveau cõmuniquées aux hommes par un singulier don de Dieu. D’avantage cest un fruict provenu en vostre terre, meury en vostre arbre, &recueilly en vostre champ, à sçavoir en vostre Royaume par un de vos très-humbles &tres-fidelles sujects & serviteurs, & qui n’a jamais esté ni ne peut estre autre tant qu’il viue16.

7La nature, dans sa puissance productive, dans son élan vital sans cesse renouvelé, constitue une force de comparaison puissante. L’entremêlement des intérêts politiques et des pratiques savantes organise une composition des forces naturelles, une adjonction de puissances semblable à l’inexorable poussée végétale. Mais la mobilisation métaphorique de la nature n’est pas cantonnée à la seule positivité des productions savantes. C’est tout l’ordre politique qui peut se fondre dans les manifestations naturelles. Ainsi, Nautonier ayant découvert depuis un certain temps déjà toutes les potentialités de l’aimant ne put immédiatement faire part au monde de sa découverte :

En outre, ayant cerché& trouvé cest artifice, il y a quelques années, à sçavoir lors que l’aage& le loisir me permettoyent de vacquer à ces sciences, je n’avoy eu moyen de mettre mon invention en veuë, car les tempestes& orages déplorables, qui fondoyent calamiteusement sur tous les cartiers de la France, m’en empeschoyent, & me faisoyent penser à autre chose ; mais Dieu ayant par vos tres-memorables victoires dissipé ces nuages espais, pleins de tonnerres, d’esclairs, & de foudres, & rendu le temps calme &serain, par le meveilleux pouvoir qu’il vous a donné, j’ay apres la tranquilité, espargné quelques heures de mes autres occupations, pour les employer à escrire le sommaire de ce que iesçavoy sur ce suject17.

8Le climat politique contrarie l’acte de connaissance ; les puissances météorologiques défavorables sont au principe de la violence religieuse qui oppose catholiques et protestants. Le pouvoir divin arme l’autorité politique de sa capacité pacificatrice et la quiétude de l’atmosphère peut à nouveau favoriser le travail savant. Dans l’affrontement des forces naturelles, Dieu et le souverain, sont les seuls à pouvoir lutter efficacement contre les dégâts potentiels des déchaînements du ciel : c’est ainsi que le roi parvient à retenir « l’innondation des malheurs18 ».

9Si la connaissance est un fruit, celui-ci n’est pas la propriété du savant. Ce fruit est un « commun benefices19 » pour tous les sujets du royaume (et non pour le roi seul). En construisant des rapprochements entre la potentialité protectrice du pouvoir divin et celle de son pendant terrestre, en saturant le discours de continuités végétales et climatiques, Guillaume de Nautonier présente aussi son propre travail comme un bien offert à tous, une sorte de production « naturalisée ». Fruit donné à celui qui veut le cueillir, croissant dans un climat politique bienveillant, le savoir sur les aimants est d’abord une puissance d’agir destinée à l’intérêt général. L’utilité de l’aimant et de ses propriétés mises en exergue par la science n’est plus à démontrer : « plant des villes & des forteresses », descriptions « des regions, des royaumes, & des Provinces », conduite des « aqueducs », creusement des mines et extraction des métaux, la pierre directrice est « comme un soleil au milieu des autres flambeaux célestes20 ». Le cercle des affinités naturelles se referme ainsi. Les fruits du savoir, la chair végétale des connaissances se reflètent aussi dans un cosmos qui les enveloppe et les subsume. L’infini miroitement des formes et des forces de la nature se donne à voir dans cette pierre aux propriétés étonnantes. La puissance politique et le pouvoir divin ne sont descriptibles – et donc commensurables – qu’à l’aune de cette composition cosmologique générale. Dans cette spécularité du monde, le savant est un travailleur patient, un jardinier soumis aux aléas du climat. Il n’est toutefois pas un acteur passif, qui recevrait son savoir par une grâce inconnue. C’est l’attention au monde et le lent déchiffrement des signes du semblable qui lui donnent la possibilité d’extraire des connaissances utiles. In fine, c’est bien l’homme de science qui est capable de comprendre cette composition des forces, d’en percevoir la performance potentielle et l’utilité probable.

L’émulation des nations ou la querelle des priorités

10L’émulation procède d’une forme analogique différentielle. Il s’agit ici de comparer pour mieux distinguer, de rapprocher pour mieux singulariser. Les rapports sont inscrits dans une agonistique générale, dans cette ressemblance tendue qui précède l’affrontement. Dans la Mecometrie, Guillaume de Nautonier place la compétition des nations au cœur de son raisonnement sur l’usage prioritaire des aimants. C’est sous l’empire d’une comparaison géographique, mais aussi d’une hiérarchie des nations dans l’ordre savant, qu’il repense la généalogie des connaissances sur la navigation et le magnétisme. Ainsi explique-t-il dans sa dédicace au roi que connaître « la lõgitude géographique de tout lieu proposé » est une

chose infiniment désirée depuis quelques milliers d’années pour tous ceux qui sçavent que c’est de naviguer, &recerchée comme la plus difficile de toute la Geographie, & de toute la navigation, par une infinité de personnes de toutes les nations, &mesme par le cõmandement des Roys qui employoyent de leurs moyens, & partie de leurs peuples, à la découverte de nouveaux pays : & entre autres de Iehan, Roy de Portugal, second de ce nom qui employa, Roderdic, Ioseph, &Martin Boheme, des plus grands Mathematiciens de son tems, à cercher ce moyẽ qui neantmoins n’en peurent jamais venir à bout […]21.

11Dans le cercle des nations intéressées par la navigation, les pistes de recherche se croisent, se confondent parfois. L’aimant, parce qu’il constitue une approche novatrice, génère des raisonnements semblables, parfois dans des contrées fort éloignées. L’émulation organise une ressemblance dans les solutions pratiques au problème des longitudes en mer, elle participe d’une homogénéisation des façons de concevoir le monde et de résoudre les problèmes qu’il présente à ceux qui le parcourent. Guillaume de Nautonier, entreprenant une histoire du « guideymant », remarque que la boussole, sous sa forme la plus élémentaire – une aiguille aimantée se positionnant librement sur une surface liquide –, a constitué « une noble invention » fort utile « au genre humain ; tant à accroistre la Chrestienté, en descourant plusieurs pays ez Indes Orientales & Occidentalles, qu’à recouvrer diverses sortes de simples, & marchandises des nations lointaines22 ». Instrument de conquête, outil pour le commerce, la boussole est d’abord attachée à l’expansion coloniale de l’Occident moderne. L’origine des découvertes de ses propriétés n’est donc pas sans importance. Guillaume de Nautonier réfute l’idée que Vasco de Gama aurait appris à s’en servir au contact de « certains mariniers mores ». De même le géographe se récrie contre les auteurs qui « attribuent cette invention aux Chinois, comme aussi d’autres leur attribuent celles de l’Imprimerie & de l’artillerie ». Nautonier se veut catégorique :

Ie supplie le benin lecteur de m’excuser, si je propos brievement mon advis sur cela. Je ne dirai rien de ce que quelques nations, sont poussées, voire transportées d’ennuie, & de haine, contre les autres : cõme cela ne se pratique que trop en Europe ; ou il s’en trouve qui ayment mieux transferer aux peuples estrangers, la louange qui appartient aux Europeans, du nombre desquels eux-mêmes sont, que de confesser librement ce qui en est, & avoir eux mesmes part en quelque façon à la louãge de ceste partie du monde : semblables à celui dont il est parlé en l’apologue ; qui demanda d’avoir un œil crevé ; afin que celui à qui il portoit envie fut privé de tous les deux23.

12L’émulation n’est pas qu’une force positive de ressemblances et de similitudes croisées ; elle est aussi cette tentation d’affaiblir l’autre, de le déstabiliser. Guillaume de Nautonier réfute longuement l’idée selon laquelle les Chinois seraient les inventeurs de l’imprimerie, puis il s’attache à faire la même démonstration pour l’aiguille aimantée. Il remarque notamment qu’Albert le Grand, en 1262, avait décrit « la vertu par laquelle le fer touché de la pierre d’eymant montre le nord & le sud » en s’inspirant « d’un fragment d’un certain livre d’Aristote, traictant des pierres, lequel a depuis esté perdu […]24 ». Ici, Nautonier semble faire référence au traité De mineralibus d’Albert le Grand. L’idée que le procédé ait pu être ramené, de Chine, en Italie par Marc Paul – qui ne revint dans la péninsule qu’en « mille deux cens nonante cinq25 » – ne lui paraît donc guère plausible. Il évoque, à l’appui de sa démonstration, les dires de Vasco de Gama soutenant que l’aimant n’était point en usage en Chine. Contestant sur ce point les propos de « Iean Gonsales de Mẽdosse26 », Guillaume de Nautonier remarque que les Portugais, mais aussi d’« autres nations », ont lié un commerce intense avec la Chine et qu’il ne faut pas exclure que les Chinois connaissent « la Mecometrie de leymant27 » précisément parce qu’ils en auraient été instruits par les Européens échangeant des biens avec eux. Voilà donc où peut mener l’émulation : à ce point de renversement où ceux qui sont désignés comme les inventeurs pourraient, en fait, n’être que de simples utilisateurs parmi d’autres. L’émulation, c’est donc la circulation d’une idée, d’un procédé, d’une pratique ; son surgissement impromptu, sa résurgence floue, son origine difficile à retracer. Mais c’est aussi la suspicion qu’on fait peser sur ceux qui prétendent être les détenteurs d’un savoir exclusif. Dans la compétition des nations, la querelle des priorités structure une agonistique de l’invention : Guillaume de Nautonier en vient même à douter d’une longue série de procédés dont la création est traditionnellement attribuée aux Chinois (comme la capacité à séparer l’or de l’argent, l’extraction du cuivre ou l’art des fortifications28). La diffusion des connaissances ne contrarie pas cette force de la similitude travaillant la compétition entre les nations : la singularité locale semble se réduire dans ce jeu des disqualifications internationales. Car si Guillaume de Nautonier conteste aux Chinois l’invention de l’aiguille aimantée, il ne nie pas que son usage soit répandu sur les mers d’Extrême-Orient. Ainsi le monde se referme-t-il sur lui-même : l’hétérogénéité géographique est absorbée par l’émulation générale, l’aiguille aimantée parcourt l’espace, sans point d’attache, comme si la force spéculaire de la ressemblance avait dissous tous les repères.

Le monde analogique

13L’analogie, à la Renaissance, active la mesure de l’homme ; elle en fait son point de comparaison privilégié (sans qu’il soit exclusif)29. Plus exactement, c’est l’anthropocentrisme qui organise les plis analogiques du monde. Les pratiques humaines sont données comme la matrice des ressemblances. Dans l’œuvre de Guillaume de Nautonier, l’analogie est omniprésente, elle opère comme un révélateur de toutes les relations qui lient les objets entre eux.

14Dans son adresse « Au lecteur », le savant met en regard la géographie et l’arithmétique pour mieux soutenir que la première ne peut « persister » sans la seconde, « non plus qu’un corps ne peut vivre sans ame30 ». Les corps, ces nœuds de chairs enchâssés dans le cosmos, sont d’ailleurs des prises sensibles pour comprendre la nature. Ils sont ce par quoi la mesure des choses entre elles devient possible :

Et quant à la Geographie, poursuit Guillaume de Nautonier, puis que nous desirõs avoir par le benefice de la peincture, qui est imitatrice presque de toutes choses, la connoissance de la situation de la terre & de la mer veu que l’esprit de l’homme, tant qu’il est environné du corps, en est là réduict, en ce qui concerne la connoissance des choses, que l’entendement interieur ne peut comprendre sinon ce qui parvient à luy par le moyen des sens exterieurs […]31.

15La tension somatique, prise première du monde analogique, est un défi pour le savant ; la connaissance n’est pas seulement un moyen d’extraire les corps de leur propre assujettissement, elle est ici, en ce point de retournement spéculaire, une sapience qui nourrit. Ainsi, lorsque Guillaume de Nautonier signale tout l’intérêt d’un recours à la géographie pour décrire la terre, il écrit :

C’est donc chose belle, & utile, que d’en avoir le vray poutraict, c’est artifice en est le seul asseuré moyen, &mesmes en ce qui concerne la lõgitude, que chaque Geographe à faute de cette cognoissance a diversifiee son appetit […]32.

16Le savoir sur le monde est une nourriture qu’il faut goûter, une substance qui régénère. De cet élan vital qui exsude de la connaissance, le raisonnement analogique conserve l’idée d’une impossible aliénation de la science. Dans la quête des signes à déchiffrer, celle-ci est plus qu’un secours. Elle est une vigie, un repère inaltérable, une borne permanente. La pierre d’aimant employée en mer symbolise cette intangibilité d’un savoir technique sur lequel on peut se reposer sereinement et avec confiance :

Ainsi aussi, comme si ce guide entendoit et sçavoie qu’il a esté doué de Dieu de ceste vertu directive qu’il a, pour le service que l’homme en recueille, afin que la société & le cõmerce des uns avec les autres soyẽt entretenus, il se trouve en tes estat, que soit qu’il soit debout, ou soit qu’il soit couché, il est cõme vigilãnt pour lui mõstrer son chemin : mais au lieu qu’il est nécessaire au serviteur de prendre sa refection, & par la nourriture, & par le dormir, pour se pouvoir employer au service de son maître, ce guide, quand une fois il a esté mis en bon train, ne dort, ne mange, ny ne boit, & ne laisse pourtant de s’employer à ce à quoy il a esté ordõné […]33.

17La pierre aimantée est donc comparable à un serviteur zélé, mais un serviteur qui serait affranchi du repos et du besoin de se sustenter. En somme, la pièce mécanique répond aux analogies d’une anatomie humaine, mais pour mieux la surpasser. Dans la comparaison entre le corps et l’artefact, ce dernier s’extrait des contingences biologiques et, ce faisant, touche à une forme de perfection pratique inatteignable pour l’organique.

18Le métal, l’engrenage, la pièce mécanique sont des substituts sérieux au corps, trop peu fiable. Le monde s’offre donc sous la forme d’une analogie machinale. Ainsi, lorsque Guillaume de Nautonier évoque les « poles du monde », il les compare aux « gonds du monde ». Il précise même, poursuivant plus loin encore l’analogie, que

ce sont des poincts qui terminent l’aissieu du Monde. Non pas qu’il faille imaginer que ceste ligne soit un aissieu materiel qui soustienne le Monde, comme l’aissieu d’un globle material soustient le globe qui represente les Cieux ou la Terre, car sans aissieu n’y appuis materiels, la puissante parolle de Dieu soustient les Cieux, &faict qu’ils se tournent comme sur leurs pivots autour de leurs fiches, & sur le propre poinct qu’il leur a déterminé, sans qu’ils varient nullement34.

19L’ordre analogique n’est pas sans limite. Il s’arrête au seuil du divin, en ce point précis où le mécanisme qui a supplanté le corps viendrait à défier les puissances supérieures. Ainsi donc le monde de l’analogie est bien composé à la mesure de l’homme, et seulement de lui. Encore le règne analogique fait-il des machines l’idéal d’un mouvement sans fin, d’une action perpétuelle, d’une vitalité inépuisable.

La sympathie des pierres

20Ce qui anime la ressemblance par sympathie, c’est une fluidité parfaite, parce que imprévisible, entre des choses très éloignées. Tout s’organise à distance, sans causalité discernable, sans évidentes liaisons. Mais dans ce parcours de résonnances lointaines, c’est toute une hiérarchie des valeurs qui affleure. Le minéral, dans lequel se range l’aimant, est ici un marqueur tangible de cette sympathie frappant dans les profondeurs du monde, frayant à travers les entrelacs d’un cosmos a priori indéchiffrable. Dans son adresse au roi, qui ouvre son livre, Guillaume de Nautonier insiste :

Comme il n’y a nulle vertu ez pierres les plus precieuses, qui soit à esgaller à celles de la pierre d’Eymant, aussi d’entre les usages divers de ses proprietez, l’un est plus excellent, plus profitable & plus admirable que l’autre, ie ne dy rien maintenant des facultz qu’elle a en la medecine, selon que Galien, Dioscoride, Nicolas, Paracelse, & plusieurs autres medecins & Physiciens l’écrivent, ni de ce que Baptiste de Porta, & autres asseurent que par l’artifice de deux boittes, garnies chacune de son aiguille eymantée, & autour desquelles les lettres de l’alphabet soyent escrites en pareille distance & manière, l’un amy peut faire sçavoir à l’autre amy, sans autre messager, des nouvelles de ce qu’il veut qu’il sçache, pour si esloigné qu’il soit35.

21La pierre aimantée surclasse les minéraux précieux. Elle n’entre pas dans le registre de la joaillerie ; sa puissance est d’un autre ordre. Mais en plus de signaler un point d’inflexion dans les représentations sociales, cette pierre est dotée de qualités qu’on ne peut ni toutes expliquer ni toutes exploiter. En somme, la potentialité sympathique de l’aimant n’est pas éprouvée définitivement. D’autres objets lui sont liés, d’autres qualités lui sont associées, qui dans le tissage serré des relations de ressemblance restent, pour une part, encore à découvrir.

22Dans une dédicace à Nicolas Bruslart, conseiller du roi et seigneur de Sillery, Guillaume de Nautonier précise encore ce qui distingue la pierre aimantée des autres minéraux. Il admet qu’il n’est pas facile d’imaginer que pour s’extraire du « laberinthe de la mer », il suffise d’utiliser correctement

une pierre ou roche qui quoy qu’elle ne soit pas belle, luysante, brillante, & diaphane, comme le diamant, & plusieurs autres pierres precieuses, & qu’elle soit rude, grossiere, & […] rustique, & telle que qui la trouveroit sur son chemin, n’étiendroit nul compte, estimant que ce fuct quelqu’autre pierre vulgaire si est-ce qu’elle surpasse en vertu, toute autre pierrerie, veu que par icelle, nous pouvons sçavoir, quand mesme nous serions en un lieu qui nous seroit entierement incognu, non seulement en quel endroict du monde nous sommes […]36.

23Sous l’apparente rudesse d’un minéral sans éclat, c’est une puissance directionnelle qui affleure. La sympathie des pierres joue aussi des faux-semblants et des rapprochements hasardeux. Quoi de commun entre le diamant et l’aimant ? Quel rapport entre la pierre magnétique et une gemme éclatante ? Au labyrinthe maritime répond un labyrinthe plus vaste encore. Celui au creux duquel s’organisent des partages inattendus et des relations complexes, celui qui inscrit, dans le même ordre du minéral, l’aimant pour se guider et les quartz miroitants.

Dieu, le déchiffrement des signes et le labeur de la connaissance

24Au cœur du xvie siècle, la Réforme a fracturé l’épistémè classique : un nouveau rapport au monde s’esquisse dans cette nouvelle religion qui rompt la chaîne de médiation entre Dieu et les hommes. Plus exactement, le champ des analogies est unifié, dans ses profondeurs, par une cohérence divine qui se donne à voir dans son évidence. L’ordre du monde, même lorsqu’il n’est pas connu des savants, répond à un plan supérieur, seuil d’une félicité intellectuelle autant que d’une consécration théologique. Lorsqu’il explique la compréhension des déviations de la pierre aimantée, Guillaume de Nautonier précise :

D’autres ne se sont pas contentés de dire, &escrire, que les longitudes se pouvoyent trouver par la voye de la guideymant : mais considerans la declinaison d’icelle, qui se faisoit ou haut ou bas, d’avec l’horizon, ou adroicte ou à gauche, d’avec la ligne meridienne, &voyans que toutes les autres choses se rengeoyent à l’ordre admirable que Dieu a estably au monde, s’esmerveillans de ceste discorde, &separation de la guideymant, d’avec le meridien du lieu, & d’avec l’horizon en innumerables lieux de la terre & de la mer ; ils ont faict resollution de ce qui estoit, asçavoir qu’en un opifice élabouré par une sapience, bonté, sagesse, & excellence souveraine, pour la gloire de Dieu & pour la commodité de l’homme, cela n’avoit point esté faict sans cause, sans grande raison, & sans grande utilité : de manière qu’il y en a eu qui poussés & animés par ceste consideration, on recerché par quel moyen la longitude se pourroit trouver par la voyes de ces lignes […]37.

25La raison divine n’est pas inaccessible à l’homme ; il n’existe pas de secret du monde qu’un geste divin aurait soustrait à la connaissance savante. Bien au contraire, les dédales de la Nature, les apparentes incohérences, les points énigmatiques qu’offre le spectacle du monde ne peuvent qu’exciter la connaissance. Le grand parallèle qu’esquisse Nautonier est tout inscrit dans cette accession au plan divin : il n’existe pas de séparation entre l’ouvrage de Dieu et la matière connaissable. Ni l’analogie, ni la comparaison ne sont convoquées dans cette opération intellectuelle : c’est une pure superposition, une découpe parfaite des intentions divines et des objets naturels dont il faut saisir la cohérence qui s’esquisse ici. Poursuivant l’exposé de ses convictions épistémiques, Nautonier prévient le lecteur, au seuil de son maître livre, qu’aucune région du monde n’est exclue de cette grande unité que soutient le plan divin :

Et quant aux esprits genereux, qui s’estudient à la science des Astres, pour certains ils ne doivent point mespriser les merveilles de Dieu, qui leur sont si pres&soubz leurs pieds mesme, je ne dy pas qu’il faille laisser le Ciel pour la Terre, mais il faut considerer les merveilles de Dieu en l’un & en l’autre : & de faict par l’un on parvient à la connoissance de l’autre, ce que Hyparque tesmoigne assez escrivant a Erathosthene, lors qu’il dit qu’il est impossible d’avoir la connoissance de la description de la terre, sans observation des choses celstes, & quand il n’y auroit pas d’innumerables autres choses, qui nous y doivent inciter, le sujet que nous avons prins est plus que suffisent, auquel nous avons un illustre tesmoignage de la dilection de Dieu envers l’homme, quand l’ayant mise en la terre, il en a un tel soin, qu’il luy a voulu donner entre autres guides, celle de l’eymant, non seullement en la terre, mais aussi en la mer, en nous monstrant comme de son doigt, par le moyen d’un petit lopin de fer (qui semble vivre & avoir jugement) le chemin que nous devons tenir pour parvenir au lieu ou nous pretendons aller, & ce par les forces directives de la terre mesme, imprimées en toute la substance d’icelle, des le commencement du monde : la connoissance desquelles ayant demeuré tout un temps perdue, par le inconveniens ausquels les mortels sont assujectis, a esté naguere retrouvée […]. [L]es choses invisibles de Dieu, asçavoir tant sa puissance eternelle, que sa divinité, ne se voyent elles pas cõme à l’œil, par la creation du monde, estans cõsiderées en ses ouvrages, ainsi que Sainct Paul le dict ? Or ses ouvrages sont tellement continuels que Platon, tout payen qu’il estoit, à bien sceu dire que Dieu Geometrise tousjours, c’est asçavoir qu’il gouverne les choses inferieures mesurant tout par un certain mouvement, nombre, poids, & mesure, &jaçoit qu’il semble qu’il y ayt de l’irregularité en la situation des paralleles & meridiens du monde, avec les cercles de l’eymant, à cause de l’eccentricité d’iceux : si est ce que Dieu de sa main y a gravé une reigle invariable qui se reconnaist tant mieux lors qu’on la rapporte aux très certains preceptes de la Geometrie […]38.

26Le mode analogique n’est qu’une approximation : Nautonier convoque le « doigt » de Dieu pour expliquer la cohérence des phénomènes naturels à expliquer par le savant. Il poursuit en signalant que la « main » de Dieu grave les lignes que suivent les déviations de l’aimant. Mais la comparaison n’est qu’un pis-aller, une tentative approximative de faire se rejoindre le monde et l’orientation divine. Fondamentalement, cette démarche hésitante, partielle, exploratoire, est sans rapport avec la collusion parfaite et l’identité absolue des deux plans, naturel et théologique. « Dieu Geometrise tousjours », alors les principes de comparaison, le suivi des ressemblances et l’attention aux signes analogiques ne sont que des expédients pédagogiques.

27Nautonier est un pasteur protestant. La Réforme constitue donc la matrice nouvelle de ce désassemblage théorique, premier mouvement d’une sécularisation inscrite dans le cœur même d’un christianisme révisé de fond en comble. On l’a vu, la folie, déjà, a connu un long – mais sensible – remaniement sous l’effet de la Réforme et du travail de dénaturalisation du monde qu’elle accompagne. Le processus de rationalisation dont le protestantisme serait porteur est ici à ressaisir dans le basculement épistémique vers l’époque classique.

28Max Weber avait pointé une série d’« affinités électives » entre l’éthique du protestantisme et la rationalité capitaliste de l’époque moderne. Le sociologue avait noté que « l’ascèse protestante » s’appuyait notamment sur « un empirisme rationalisé à fondement mathématique39 ». La science devenait, dans la quête des faits observables et dans la rationalisation des phénomènes naturels, un « moyen de chercher “Dieu dans la nature”40 ». À la fin des années 1930, le sociologue Robert K. Merton étend et approfondit l’intuition weberienne. Dans sa thèse, il met en évidence une convergence puissante entre le puritanisme protestant et un certain nombre de valeurs cardinales pour la pratique scientifique naissante (notamment au sein de la Royal Society) : importance de l’utilitarisme, priorité donnée à l’empirisme, rejet de la tradition et valorisation du libre examen41. D’autres études ont, par la suite, affiné encore cette corrélation entre la religion protestante et les fondements de la connaissance savante à l’époque moderne : le rôle de la Bible, comme texte dicté par Dieu, dans l’articulation entre théologie et philosophie naturelle42, ainsi que l’interrelation étroite que nouent l’idéal d’une attribution auctoriale d’un texte et le statut privilégié du discours scientifique43.

29Cet ensemble composite de relations entre protestantisme et science s’organise sous l’empire des ressemblances dans l’ouvrage de Guillaume de Nautonier : ainsi l’utilité des recherches sur le magnétisme s’apparente aux fruits potentiels d’une récolte, les nations sont entrées dans une compétition commerciale nécessitant un recours accru aux techniques et aux savoirs spécialisés, Dieu est le créateur d’un monde déchiffrable, l’ordre mécanique s’impose à l’homme et le travail de connaissance est le plus précieux de tous. Le quadrilatère de la convenance, de l’émulation, de l’analogie et de la sympathie éclate peu à peu sous la puissance coalescente du protestantisme. Les nervures de l’épistémè sont encore très visibles en ce début du xviie siècle, mais elles convergent toutes vers l’affirmation d’une nature connaissable. Le miroitement du monde que la Renaissance a porté à son paroxysme semble soudain se ternir. L’articulation d’une théologie requalifiant les autorités, appuyant les échanges commerciaux et valorisant l’exploitation des richesses du monde constitue la marque la plus sérieuse d’un épuisement final de l’épistémè de la Renaissance. Elle n’a certes pas encore cédé dans l’œuvre de Guillaume de Nautonier, mais déjà des fissures apparaissent qui laissent entrevoir une autre modernité.

Notes de bas de page

1 Michel Foucault, Les mots et les choses. Une archéologie des sciences humaines, Paris, Gallimard, 1966.

2 Ibid., p. 33.

3 Ibid.

4 Ibid., p. 34.

5 Michel Foucault, Les mots et les choses, op. cit., p. 36.

6 Ibid., p. 38.

7 Guillaume de Nautonier est parfois appelé Guillaume Le Nautonier, mais si l’on se réfère à la page de garde de sa Mecometrie de leymant, c’est bien Guillaume de Nautonier qui constitue son onomastie exacte.

8 Mioara Mandea, Pierre-Noël Mayaud, « Guillaume Le Nautonier, un précurseur dans l’histoire du géomagnétisme », Revue d’histoire des sciences, 57/1, 2004, p. 165.

9 Guillaume de Nautonier, Mecometrie de leymant, Venes, 1603.

10 François de Dainville, La géographie des humanistes. Les Jésuites et l’éducation de la société française, Paris, Beauchesne, 1943, p. 271.

11 Jérôme Lamy, « Le problème des longitudes en mer dans les traités d’hydrographie des Jésuites aux xviie et xviiie siècles. Choix méthodologiques et pratiques instrumentales », Histoire & mesure, XXI/2, 2006, p. 95-120.

12 Mioara Mandea, Pierre-Noël Mayaud, « Guillaume Le Nautonier, un précurseur dans l’histoire du géomagnétisme », art. cité, p. 163.

13 Ibid., p. 164.

14 Guillaume de Nautonier, Mecometrie de leymant, op. cit., « Au lecteur ».

15 Ibid., p. 313.

16 Ibid., « Au Roy tres-Chrestien de France et de Navarre, Henry IIII de ce nom ».

17 Ibid.

18 Ibid.

19 Ibid.

20 Ibid.

21 Guillaume de Nautonier, Mecometrie de leymant, op. cit.

22 Ibid., p. 8.

23 Ibid., p. 9.

24 Ibid., p. 11.

25 Ibid.

26 Guillaume de Nautonier, Mecometrie de leymant, op. cit.

27 Ibid.

28 Ibid., p. 13.

29 Michel Foucault, Les mots et les choses, op. cit., p. 37.

30 Guillaume de Nautonier, Mecometrie de leymant, op. cit., « Au lecteur ».

31 Ibid.

32 Ibid.

33 Ibid.

34 Guillaume de Nautonier, Mecometrie de leymant, op. cit., p. 17.

35 Ibid., « Au Roy tres-Chrestien de France et de Navarre, Henry IIII de ce nom ».

36 Ibid., « A Monsieur, Messire Nicolas Bruslart, Chevallier, Seigneur de Sillery, Conseiller du Roy, en ses Conseils d’Estat & Privé ».

37 Guillaume de Nautonier, Mecometrie de leymant, op. cit., « Au lecteur ».

38 Ibid.

39 Max Weber, L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme [1904-1905], Paris, Flammarion, 2002, p. 225, n. 4.

40 Ibid.

41 Robert K. Merton, « Science, Technology and Society in Seventeenth Century England », Osiris, 4, 1938, p. 495.

42 John Dillenberger, Protestant Thought and Natural Science. A Historical Study, Londres, Collins, 1961, p. 96-97.

43 Peter Harrison, The Bible, Protestantism and the Rise of Natural Science, Cambridge, Cambridge University Press, 1998, p. 266.

Précédent Suivant

Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.