Systèmes rentiers et développement des relations difficiles
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Texte intégral
1La notion de rente recouvre une diversité de réalités qui rendent compte de plusieurs manières des contraintes du développement.
2Les plus simples à appréhender concernent l’État. Les conditions géographiques et l’histoire du continent africain ont incité les dirigeants, sur la longue durée, à mettre l’accent sur le contrôle des rentes tirées de la relation à l’extérieur plus que sur la taxation de la production domestique. Les systèmes économiques coloniaux et postcoloniaux se sont inscrits dans cette voie. Les cinquante années écoulées depuis les indépendances, à la charnière des années 1960, ont vu une diversification croissante des systèmes rentiers à base agricole ou extractive, dans le cadre de stratégies volontaristes des États. Quand des crises sanctionnèrent les limites de ces politiques, dans les années 1980-1990, les transferts de l’aide vinrent soutenir ces modes de fonctionnement.
3Mais les logiques rentières dépassent les flux captés par l’État. Elles concernent aussi des réalités multiples, dont les relations avec le développement sont complexes. Des rentes peuvent être lues dans le jeu des différentiels locaux (fonciers, frontaliers) ou mondialisés (tourisme, services, trafics) ; elles sont tirées tantôt des prélèvements sur le transit (commerce, flux illégaux de drogue), tantôt des avantages divers de la différence géographique. Ici, la diversité des mécanismes à l’œuvre affaiblit la portée explicative de la notion de rente pour caractériser les dynamiques d’un territoire. En revanche, l’émigration internationale alimente une dépendance décentralisée envers des flux extérieurs qui illustre les systèmes territoriaux rentiers tels que nous les étudions. D’ampleur inégale selon les lieux, ses implications incertaines en termes de développement ne sont pas sans évoquer les effets pervers de l’aide à l’échelle nationale.
4Parmi les sources de rentes, les activités extractives apparaissent emblématiques des relations perverses entre ressources et territoires, fréquemment diagnostiquées comme relevant d’une « malédiction des ressources naturelles » opposée au développement. La thèse de la malédiction mérite cependant d’être discutée, à travers une vision moins déterministe des trajectoires des États et des sociétés africaines.
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