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Introduction

p. 205


Texte intégral

1Nous développerons dans cette troisième partie une réflexion philosophique sur la nature ordinaire. Nous commencerons par nous interroger sur les caractéristiques de cette nature, plus difficile à définir que la nature sans l’homme, que se proposaient de protéger les penseurs américains de la préservation. Pour trouver la wilderness, il suffisait de quitter les humains. La nature ordinaire se caractérise, quant à elle, par le fait qu’elle cohabite avec les hommes. Elle se mêle aux mondes humains et, par conséquent, nous ne pouvons pas véritablement lui attribuer de place. En réalité, nous montrerons que l’idée de nature ordinaire ne renvoie pas simplement à une forme de nature, mais aussi à un type de rapport à cette nature, ce qui nous conduira sur la voie d’une éthique de la nature ordinaire.

2Notre thématisation de l’ordinaire sera initialement double. Elle nous conduira, d’une part, sous l’angle de la réflexion sur la nature, à interroger les rapports entre l’ordinaire et le sauvage et, d’autre part, à chercher dans les approches philosophiques de l’ordinaire des façons de se situer dans le monde et de décrire des environnements proches. Entrant ensuite sur le terrain de l’éthique, nous montrerons comment les pensées de l’ordinaire peuvent contribuer au renouvellement de la réflexion environnementale. Partant de l’éthique environnementale que le philosophe John Baird Callicott a développée dans le sillage de la land ethic leopoldienne, nous examinerons, dans cette optique, de quelle façon celle-ci peut être pensée comme une éthique de l’ordinaire. C’est, enfin, à une interrogation sur la dimension politique d’une telle éthique que nous consacrerons nos derniers développements.

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