Introduction
p. 29
Texte intégral
1Dans cette première partie nous partons à la recherche de pratiques qui engagent des acteurs non humains dans nos sociétés. Notre hypothèse est que l’industrialisation et la transformation productiviste de l’époque moderne ont instauré des formes de relations avec la nature qui marquent une rupture dans l’histoire. Cette rupture est rendue visible par la dégradation des liens entre les hommes et les êtres non humains avec lesquels ils font société. Parce qu’ils nous semblent au cœur de ce processus, nous conduirons nos recherches au sein des mondes agricoles. Se situant historiquement à l’interface de l’humain et de la nature, l’agriculture multiplie les points de rencontre entre les hommes et les êtres naturels, entre les systèmes humains et les systèmes naturels. Toutefois, nous allons montrer comment les transformations importantes qu’ont connues, durant les deux derniers siècles, les activités agricoles semblent renvoyer à une volonté de déconnecter les pratiques humaines des processus naturels, à une rupture de ce que l’on pouvait considérer comme une forme de collaboration entre acteurs humains et non humains.
2Nous aborderons cette problématique de la rupture avec la nature à la lumière de la transformation productiviste de l’agriculture qui s’est opérée au xxe siècle. Nous essayerons de montrer comment la modernisation des pratiques agricoles poursuivait un idéal d’artificialisation, aveugle à ses conséquences sociales et environnementales. Nous étudierons ensuite différentes propositions visant à réorienter l’agriculture vers un modèle durable en montrant comment elles suivent deux voies qui ne se rejoignent pas nécessairement, la première se préoccupant de soutenabilité environnementale, la seconde de soutenabilité sociale. Cela nous conduira à nous interroger, d’un point de vue philosophique, sur la possibilité de relier la critique sociale de l’agriculture capitaliste et mondialisée à celle écologiste de la modernité, revendiquant un dépassement de ce que cette dernière dénonce comme un « anthropocentrisme ».
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