Des Parisiens aux Parisii
Le Peuple de Paris au miroir des savoirs antiquaires
From the Parisians to the Parisii: the People of Paris through the lens of antiquarianism
p. 165-177
Résumés
Dans les deux premiers chapitres du Peuple de Paris comme dans son chapitre sur les « Académies et l’histoire » dans les Républicains des Lettres, Daniel Roche nous avait invité à prendre au sérieux ce champ des savoirs antiquaires sur Paris. En effet, la production antiquaire sur Paris n’a cessé de se développer tout au long du xviiie siècle. Cette curiosité mobilise aussi bien les avocats que les religieux mauristes et jésuites, les architectes, les ingénieurs ou les élites municipales. Ce chapitre s’intéressera à la dimension ethnographique de ces savoirs, car les dissertations antiquaires portent sur des discussions relatives à la religion des Anciens. On verra comment la description des mœurs et de l’organisation de la société gauloise, du peuple des Parisii, loin d’être purement réaliste, renvoie à un enjeu politique enfin, à l’affirmation de l’autonomie politique et juridique du corps de ville, principal patron de l’entreprise antiquaire parisienne.
In the opening chapters of Le Peuple de Paris, and in that on ‘Academies and History’ in his Républicains des Lettres, Daniel Roche proposed that antiquarian knowledge regarding Paris should be taken seriously as an object of study. Indeed, antiquarian work on Paris developed throughout the eighteenth century. This realm of curiosity mobilised lawyers, Maurist monks and Jesuits, architects, engineers and municipal elites. This chapter investigates the ethnographic dimension of these studies, stemming from antiquarian dissertations bearing on debates about ancient religion. It explores how such descriptions of the customs and organization of Gaulish society, and of the Parisii people, was far from being purely realist, but related ultimately to political stakes, involving the affirmation of the political and judicial autonomy of the city, which was itself the principal patron of Parisian antiquarian enterprises.
Texte intégral
1La production antiquaire sur Paris n’a cessé de se développer tout au long du xviiie siècle. Cette curiosité mobilise aussi bien les avocats, comme Henri Sauval, que les religieux mauristes et jésuites, les architectes, les ingénieurs ou les élites municipales. L’engouement pour les savoirs antiquaires revêt, de fait, un triple enjeu. Enjeu épistémologique d’abord car, dans le sillage de la révolution diplomatique, on veut séparer les faux documents des preuves authentiques qui justifient l’ancienneté de Paris. Enjeu ethnographique ensuite, car les dissertations antiquaires portent sur des discussions relatives à la religion des Anciens. Enjeu politique enfin, par l’affirmation de l’autonomie politique et juridique du corps de ville, principal patron de l’entreprise antiquaire parisienne. Dans quelle mesure cette embellie s’accompagne-t-elle d’une projection, dans les discussions archéologiques et historiques au xviiie siècle, des interrogations sur les peuples de Paris ?
2Dans les deux premiers chapitres du Peuple de Paris comme dans son chapitre sur les « Académies et l’histoire » dans les Républicains des lettres, Daniel Roche nous avait invités à prendre au sérieux ce champ de savoirs1. La culture antiquaire a cessé après lui d’apparaître comme un élément anecdotique, périphérique ou auxiliaire de l’histoire en général ou de l’histoire urbaine. Les travaux d’Alain Schnapp et de Pierre Pinon en France, de Stuart Pigott, de Rosemary Sweet ou de Susan Pierce en Grande-Bretagne, de Daniel Droixhe en Belgique, ont montré l’intérêt de resituer ces pratiques à l’intérieur d’une histoire des sciences et des savoirs, tandis que du côté de l’histoire intellectuelle, John Robertson a pu souligner comment, derrière les discussions sur l’histoire sacrée, s’était déployée toute une réflexion sur la société civile des Anciens2. C’est au carrefour de ces différentes approches qu’un renouvellement du questionnaire se dessine.
3 La réévaluation des Parisii au xviiie siècle est portée en effet par un effort, un travail d’objectivation emprunté aux sciences de la nature et de mise en visibilité qui est commun à d’autres champs de l’observation sociale, mais qui reste ambigu. En effet, comme l’écrit Déborah Cohen : « Au xviiie siècle au contraire “peuple” n’est pas conçu comme une abstraction politique désignant un espace aux contours sociaux mouvants, mais comme le nom d’un ensemble d’êtres, le nom d’une nature3. » Pas plus que les Parisiens, les Parisii ne sont au cœur des études antiquaires, alors même que les pratiques savantes s’articulent à toute une stratégie de visualisation. C’est ce paradoxe entre visibilité archéologique et invisibilité sociale que nous nous proposons d’interroger dans ce chapitre.
Sur la surface des blocs de Notre-Dame : une révolution épistémologique
4En 1711, avec les découvertes de blocs de pierre comportant des inscriptions à l’intérieur du chœur de Notre-Dame, la République des Lettres saisit l’opportunité de développer un grand nombre d’interprétations sur les origines du corps de ville4. En effet, le pilier des Nautes daté du premier siècle de notre ère, sous le règne de l’empereur Tibère, représente le vestige gallo-romain parisien le plus ancien. Ses inscriptions latines et gauloises décrivent les dieux romains Jupiter, Tarvos, Trigaranos, Vulcain aussi bien que des divinités gauloises comme Cernunnos. Les marchands contrôlant la navigation de la Seine (les nautes), membres de la Civitas des Parisii, auraient ainsi fait présent de ces pierres à l’empereur. Ce pilier offre ainsi une double lecture, religieuse et politique, de la plus fameuse des antiquités parisiennes.
5Le pilier des Nautes devient ainsi l’objet de cristallisation d’un débat épistémologique sur la nature du travail antiquaire. D’abord, parce que l’Académie des inscriptions et belles-lettres, par l’intermédiaire de Charles César Baudelot de Dairval, fait paraître la même année la Description des bas-reliefs anciens (1711)5. Par cette description est posée la légitimité du recours à des preuves matérielles. On le sait depuis la révolution diplomatique formulée par les mauristes, l’authenticité des documents, et la fiabilité des traditions textuelles anciennes sont remises en question. Baudelot de Dairval rappelle dans la Description les conditions de la découverte archéologique :
Quoyque cette Académie ne borne pas ses occupations précisément à une certaine étude, la recherche des Antiquitez néanmoins est presque son objet favori. Elle ne doit pas negliger par consequent les occasions de considérer les Phénomènes, pour ainsy dire, qui se presentent dans ce genre de litterature. Ainsy les Monumens anciens qu’on vient de découvrir dans la Cathédrale de Paris s’offrent trop à propos pour ne les pas examinez icy, & pour ne pas exciter à dire ce qu’on en doit penser.
Tout Paris a été les voir, mais je ne sçay s’ils sont aussy connus qu’ils peuvent l’estre. Quoy qu’il en soit, parmy le grand nombre de leurs spectateurs, peut être s’en trouvera-t-il quelqu’un qui voudra se donner le plaisir de les expliquer. Notre Compagnie n’est point jalouse des travaux d’autruy, elle se fait au contraire un devoir d’y souscrire, & d’en préconiser l’érudition, quand ils le méritent. Luy pardoneroit-on cependant que sur des Bas reliefs qu’on déterre sous ses yeux, un Etranger la prévînt, & en publiât quelque chose avant elle ?
J’ay donc pris sur moy le soin de les décrire, & je me suis chargé d’y joindre quelques réflexions. L’obligation de parler dans cette Assemblée, m’avoit fait choisir un sujet d’un autre goût, quoy que de même genre. Mais je me suis figuré que ce que je ferois sur ces Antiques interesseroit davantage la curiosité du public.
Une certaine Antiquité du pays, que je fais gloire d’avoir pour Patrie, qui s’y trouve mêlée, m’a touché fortement pour ne m’y pas engager. La veneration, si j’ose dire, qu’ils m’ont inspirée, & la complaisance particulière que j’en ay ressentie, m’ont entraînez. Enfin, je n’ay pû me refuser au plaisir d’en parler, quelque peu de temps que j’eusse pour en donner une explication, & plus brillante, & plus recherchée6.
6Déclaration de patriotisme savant, la Description est aussi un exercice de légitimation de l’autorité de l’Académie. C’est elle qui peut comparer l’objet avec les textes et les images pour dévoiler la signification de ce que Baudelot de Dairval appelle un « phénomène ». Ensuite, pour Baudelot de Dairval, l’événement dépasse le cadre académique, c’est une découverte qui mérite l’attention du public et dont l’importance justifie un récit de découverte minutieux7. Plus largement, son interprétation se présente comme une réflexion sur les origines obscures de la cité (représentée par la référence à Childéric) et au caractère distinctif du pouvoir parisien comparé à celui de Narbonne :
On a vu que par le récit de M. Hauberat que nos Monumens se sont trouvez sous un ancien mur qui passoit au travers en large, & à un peu plus de la moitié du Chœur. Ma conjecture est que ce Mur est un de ceux de l’ancienne Eglise de Paris, dont Childebert I, fit commencer le bâtiment vers le temps, où même l’année d’auparavant l’Episcopat de S. Germain de Paris8.
7Cette brochure s’inscrit dans une réévaluation à la fois de la pratique de la fouille et des monuments dans les premières décennies du xviiie siècle. Les monuments défendus par Montfaucon sont désormais un élément essentiel d’une chaîne de preuves antiquaires. Aux côtés des textes des auteurs anciens, les antiquaires utilisent en effet les archives des monastères, des églises, des institutions royales et parisiennes mais aussi l’épigraphie. On sait qu’Henri Sauval aura recours à des sources inédites pour son livre Histoire et recherches des antiquités de la ville de Paris, publié à titre posthume en 1724.
8La décennie 1720 se montre d’ailleurs remarquable à un double titre. Moment d’un grand débat au sein de l’Académie des inscriptions et belles-lettres pour éradiquer le pyrrhonisme historique qui mobilise Nicolas Fréret9, elle est aussi la décennie de la publication de plusieurs monuments éditoriaux sur l’histoire de la capitale. En même temps que l’Histoire de Sauval paraît en effet l’Histoire de la ville de Paris par Dom Félibien et Dom Lobineau qui présente l’ensemble des preuves historiques de l’histoire de Paris. Sur la base de découvertes archivistiques, il s’agit de produire une révision radicale du récit des origines du pouvoir municipal. La congrégation bénédictine de Saint-Maur par l’intermédiaire de Dom Félibien et Dom Lobineau est donc fortement mobilisée par le prévôt des marchands, Trudaine, qui leur donne accès aux archives de l’Hôtel de Ville :
Nous commençâmes à nous apercevoir de la fausseté de tant d’opinions sur la nature & sur l’antiquité de l’Hotel-de-ville de Paris, dès la premiere lecture de quelques anciens titres que nous eûmes occasion de voir dans les archives de l’Hotel-de-ville ; en travaillant à un petit ouvrage qui a été donné en 1717. Feu M. Trudaine, alors prevôt des marchands, en fut frapé [sic] comme nous : & ce magistrat, dont la memoire sera toujours chere aux bons citoyens, nous engagea d’essayer à éclaircir ces points qu’il regardoit comme importans pour l’histoire de la ville de Paris, à laquelle Dom Félibien travailloit alors. […] Il s’offrit obligeamment de nous procurer par son credit, la communication de toutes les archives dont nous pourrions tirer les lumieres ; & il voulut que celles de la ville nous fussent ouvertes, & que nous pussions tirer des extraits de tous les anciens titres dont nous aurions besoin10.
9Dom Félibien, qui a reçu le statut d’historiographe de la ville, souligne combien cette découverte a déclenché une controverse internationale, pointant les difficultés à démêler les différentes interprétations fondées sur des représentations visuelles (gravures, par exemple). La « planche des antiquitez celtiques trouvées à Notre-Dame en 1711 », qui accompagne la dissertation de Félibien, se présente comme une représentation scientifique des blocs archéologiques, comme l’atteste la coprésence de différents éléments de nature différente : le sceau de la ville, les inscriptions ou encore les deux « échelles » qui permettent de mesurer la taille des blocs, l’une pour les diagonales, chaque face des blocs étant ensuite détaillée et numérotée par un double système de chiffres et de lettres. La disposition générale souligne la symétrie de la présentation et l’alternance entre surface et volume mais l’ensemble, qui se présente de manière horizontale, ne donne pas l’impression de devoir constituer une seule colonne. L’idée du pilier n’est pas encore là. Pour sortir de ces débats circulaires, Dom Jacques Martin entend en 1744, dans son traité sur les origines celtiques et gauloises de la France, établir sa méthode sur une pratique de la comparaison :
Cet ouvrage n’a d’autre mérite, que celui d’être court, et d’avoir été tiré des plus pures sources de l’Histoire. Je m’y suis étudié à ne rien donner au préjugé, ni aux saillies de l’imagination. Aussi me flattai-je que pour peu qu’on me lise avec attention, on se convaincra que je n’avance quoi que ce soit qu’autorité en main, ou fondé sur la certitude qui résulte de la comparaison de tout ce que les anciens ont dit touchant nos antiquités. Cette route, qui est la seule qu’il faut tenir pour découvrir la vérité, et que peu de modernes ont néanmoins suivie, m’a empêché de me rencontrer avec la plûpart de nos meilleurs Ecrivains11.
10Pour Martin, il s’agit bien en premier lieu de rectifier les erreurs commises par les auteurs grecs et latins :
En particulier quelques-unes de ces anecdotes corrigent l’Histoire Grecque et l’Histoire Romaine en un très-grand nombre de points essentiels : quelques autres rétablissent la Chronologie extrémement brouillée dans presque tous les Auteurs : quelques autres encore répandent sur la Géographie des anciens tout le jour, dont elle est susceptible : d’autres enfin décident de l’intelligence de quantité de passages d’Historiens Grecs et Latins, qui n’avoient jamais été entendus12.
11Il généralisera sa méthode dans sa monumentale Histoire des Gaules parue en 1752 et 1754 dans un format in-4o13.
12Cette méthode de la comparaison est aussi celle qu’adoptera le comte de Caylus dans son Recueil d’antiquités publié en 1756, où l’on passe du genre de la dissertation académique au genre de la collection, du compendium. La description de Caylus montre l’importance de la controverse comme procédé de captation. L’apparition et la justification des « antiquités de Paris » dépendent de cette capacité à susciter l’interprétation et le débat. La complexité de l’objet et de son déchiffrement rend difficile toute explication évidente, et permet des interprétations multiples et contradictoires. Caylus, en préférant un retour au monument « en lui-même », participe de la critique de la tradition et déplace le débat antiquaire de la philologie à la représentation visuelle et matérielle.
L’invention d’une relique urbaine : les origines de la communauté politique
13Cette révolution épistémologique des savoirs parisiens lie la pratique savante à un travail de justification de la prééminence et de l’ancienneté de la magistrature urbaine. Dans ces discours antiquaires s’affirme une double tension : celle entre le corps de ville et la monarchie (sous les traits de l’empire) ; celle entre le pouvoir civil et le pouvoir religieux. D’après la Bibliothèque historique de la France publiée en 1771, c’est sur « l’ordre » de Bignon, prévôt des marchands, que Dom Michel Félibien se lance en 1712 dans la réalisation de sa monumentale Histoire de la ville de Paris en 4 volumes14. Dom Félibien, dans son Histoire de la ville de Paris, fait une place exceptionnelle à cette découverte archéologique du pilier des Nautes, publiant d’abord la dissertation sur les origines de l’Hôtel de Ville où il réfute la thèse, défendue par Delamarre dans son Traité de police, d’une invention du corps de ville sous Philippe Auguste, puis celle sur la découverte archéologique de 1711 : « Dissertation ou observation sur les restes d’un ancien monuments trouvez dans le chœur de l’église Notre Dame de Paris » qu’aurait écrit M. Moreau de Mautour. Il plaide en faveur des arguments pour une lecture politique des inscriptions. L’idée est bien de trouver dans les nautes de lointains ancêtres des charges municipales, le livre de Félibien étant par ailleurs présenté comme une commande du corps de ville15. La présence de monuments dédiés à l’empereur a forcément une logique corporative et pousse les antiquaires à comparer avec les exemples célèbres de la vallée du Rhône et de Lyon.
14Ce débat n’est donc pas purement antiquaire et révèle les enjeux politiques du passé parisien. Dans le même volume, ainsi, Dom Félibien (ou Dom Lobineau) publie la « Dissertation sur l’origine de l’Hôtel de Ville ». Cette dissertation, selon la Bibliothèque historique de la France, serait l’œuvre de Pierre Le Roy et avait déjà paru en 1722. Or, la dissertation critique l’idée selon laquelle les nautes seraient les ancêtres du corps des marchands : les nautes, considérés simplement comme nautes, n’ont pu être chargés de « fonctions municipales », car des magistratures « si importantes n’étaient assurément point attachées de droit à la qualité de Patrons des Nautes, ni au corps de ces négocians16 ». Dans un sommaire de la « Dissertation », est ajouté dans sa troisième partie : « Où l’on réfute l’opinion de l’auteur du traité de la police, sur l’origine du commerce par eau et de ses privileges dans Paris, et où l’on fait voir que ce commerce et ses privileges constituoient l’essence du corps municipal de cette ville long-tems avant l’époque donnée pour leur prétendu établissement17. » Plus loin, Félibien nuance son jugement sur Delamarre :
Un seul auteur, c’est celui du Traité de la Police, trop éclairé pour donner dans aucune des opinions des autres, a mieux connu qu’eux tous le caractère essentiel de l’ancienne administration dont nous parlons. Que ne pouvoit-on attendre de sa vaste érudition, toujours soutenue d’un discernement exquis, s’il avoit voulu se donner la peine de traiter cette matière ! Mais la croyant apparemment trop détachée de son sujet, il ne l’a point assez approfondie. Il l’a même si visiblement negligée, qu’outre qu’il donne à l’objet de cette administration primitive des bornes trop étroites, il a cru même qu’elle n’avoit commencé que vingt ans avant l’époque que nous rejettons18.
15Dans la partie proprement consacrée à l’histoire de la ville de Paris, Félibien se situe précisément dans une perspective archéologique : « La Ville de Paris a toujours passé pour l’une des plus anciennes des Gaules ; et c’est principalement à sa haute antiquité qu’on doit attribuer l’obscurité de son origine19. » Le nom de la ville vient donc d’abord des Parisiens :
Cette ville de Lutece estoit la principale des peuples que Cesar appelle Parisiens ; car avant que les Gaules eussent esté divisées en provinces, comme elles le furent sous les Romains, elles estoient partagées en différens peuples ou petits estats, qui formaient autant de citez differentes. Ces citez ou contrées contenoient une certaine étendue de pays & une ou plusieurs villes qui estoient le lieu des assemblées particulieres, d’où chaque peuple députoit au conseil général qui se tenoit tous les ans pour les affaires de la nation Gauloise. Les prestres et la noblesse avoient seuls seance dans ces assemblées ; & le peuple, destiné à la culture des terres, estoit traité en esclave & n’avoit aucune autorité. Entre les villes de chaque cité, il y en avoit une qui estoit regardée comme la capitale de chaque estat ou contrée ; & telle étoit Lutece, principale ville des Parisiens ; d’où lui est venu le nom de Paris, lorsqu’on a introduit l’usage de donner aux villes le nom des peuples dont elles avoient été capitales20.
16On voit bien ici comme la dimension politique et civique se fonde sur une civilisation urbaine, contrairement à l’idée d’une opposition entre romanité et culture pastorale gauloise. L’histoire de la ville est donc d’abord autochtone puis « assujetti[e] aux Romains vers 704 de la fondation de Rome ». Elle y devient le « centre des Gaules » au détriment de Chartres21. Le processus d’asservissement à Rome se fait selon Félibien par surprise, même si les Romains vont exercer une « domination absolue22 ». Les Parisiens sont présentés comme des résistants qui vont mettre le feu à la ville et se battre contre le général romain Labienus plutôt que de se rendre. Félibien conclut :
De toutes les antiquitez payennes trouvées à Paris, il ne s’en est point veu jusqu’icy de plus instructives et de plus curieuses, que les inscriptions et les bas-reliefs antiques découverts dans l’église cathédrale au mois de mars 1711. Ces précieux restes, dont nous avons donné la description avec nos conjectures, nous apprennent que la communauté des nautonniers, ou de ceux qui présidoient au commerce de la rivière de Seine dans l’étendue du territoire de Paris, érigerent vers la pointe orientale de l’isle, dont le port n’estoit pas éloigné, un monument public, soit temple, soit pyramide, soit autel, en l’honneur de Jupiter ; et le tems en est certain par l’inscription, qui porte que ce fut sous Tibère Cesar, lequel après vingt-trois ans de regne, mourut l’an 37 de l’incarnation de J.C23.
17Si, dans le Recueil d’antiquités, Caylus repart de la controverse, il tranche immédiatement les débats : « Au reste, ces Monumens trouvés dans l’Eglise de Nôtre-Dame, prouvent que le Corps des Négocians, établis à Paris, avoit dressé un Autel à Jupiter, sous le règne de Tibère. Ainsi dès-lors Paris étoit une Ville de Commerce24. » C’est une autre inscription qui confirme cette conclusion. Il s’agit d’aller au-delà du préjugé anti-parisien des auteurs anciens pour « fixer l’imagination du Lecteur25 ». Ainsi, durant tout le xviiie siècle, les recherches antiquaires sur Paris sont en partie encadrées par cette archéologie du pouvoir municipal, démontrant les origines antiques de l’Hôtel de Ville26. Ce n’est dès lors pas un hasard si le corps de ville décide de financer une charge d’historiographe et la confie à Michel Félibien27.
18Cependant, la discussion n’est pas simplement politique mais repose aussi sur une tension entre pouvoir de l’Église et pouvoir du corps de ville. En effet, Félibien et Jean Lebeuf restaient fascinés par le diocèse de Paris28, ce qui pouvait poser un problème pour la ville au moment où s’affirmait la défense de la Coutume de Paris dans les années 1740. La création de la bibliothèque de la ville en 1759 avait amené à renégocier les contours de la fonction d’historiographe en 1761 comme un instrument de défense des privilèges de la ville contre les pouvoirs religieux29. En 1762, une autre querelle opposait ainsi l’historiographe de la ville, Pierre Bouquet, à Antoine Terrasson qui venait de publier un livre sur l’emplacement de l’hôtel de Soissons. Dans un pamphlet anonyme, Mémoire historique et critique sur la topographie de Paris, Pierre Bouquet reprochait à Terrasson de défendre les droits de propriété de l’archevêque de Paris contre ceux de la ville. En août 1784, à l’occasion de l’édification du nouveau palais de justice, c’est une autre pierre rectangulaire, un « cippe », qui relance la controverse en affirmant l’importance du pouvoir municipal dans l’empire romain. L’attention portée à la nature de la pierre et à la rivière vise à confirmer l’importance du commerce de l’eau et à implanter la prééminence du corps de ville. On retrouve ce discours dans un rapport de l’Académie celtique produit par Johanneau en 180730, puis encore sous la plume de Jacques-Antoine Dulaure dans les années 1820. Dans son Histoire physique, civile et morale, accompagnée d’une « statistique physique », Dulaure commence ainsi son récit par rappeler les origines de la « nation parisienne31 » :
Lutèce, située sur la Seine, rivière dont la navigation est commode, dans laquelle viennent déboucher quelques autres, telles que l’Yonne, la Marne et l’Oise, parut dans une position heureuse, et servit de point central à la navigation d’une partie de la Gaule. Aussi voit-on, vers la fin du quatrième siècle, qu’il existait sur la Seine, à Andresy, une flotte de bateaux, sous la direction d’un préfet résidant à Paris ; et que, lorsque les Francs eurent succédé aux Romains, une corporation de bateliers s’est maintenue longtemps dans cette ville, sous les noms de Mercatores aquae parisiaci, de marchands par eau, de la confrérie des marchands de l’eau, etc32.
19On le voit, la lecture politique est désormais bien établie et implantée. Cette acclimatation tacite peut être ainsi vue comme un moyen de déplacer la controverse du terrain juridique au privilège géographique. L’emplacement, le site naturel, apparaît au même moment sous la plume des architectes comme un argument supérieur pour justifier les droits à l’expansion spatiale des métropoles.
Des gaulois idolâtres : religion, philosophie et ethnographie des Parisii
20La seconde interprétation relève plutôt d’une dimension ethnographique. La Description de Baudelot de Dairval insistait déjà sur la lecture religieuse et gauloise des pierres retrouvées dans la cathédrale Notre-Dame : « La plûpart de ceux qui les ont vûës d’abord ne sçavoient qu’en penser. Comme je m’y trouvay dans ce temps, je ne pûs m’empêcher de faire voir qu’elles avoient servy d’Autels aux habitans du voisinage, aux Gaulois idolâtres de ce canton33. »
21Après Baudelot de Dairval, ce n’est pas un hasard si les blocs attirent l’attention de savants religieux, qu’il s’agisse du père jésuite Daniel, qui publie un compte rendu dans les Mémoires de Trévoux en 1717, ou des mauristes Dom Jacques Martin ou Dom Félibien34. Pour Bernard de Montfaucon, dans l’Antiquité expliquée et représentée en figures en 171935, dans son chapitre 4, les blocs de pierre ont essentiellement une signification religieuse36. Dom Félibien célèbre lui-aussi de son côté la dimension gauloise et celtique dans sa Dissertation sur les antiquités celtiques de 1725. Insister sur l’interprétation religieuse, ce n’est pas uniquement parler de religion (même si toutes les allusions à la religion gauloise se font en termes d’idolâtrie) mais défendre une lecture ethnographique. En effet, de nombreux ouvrages antiquaires se passionnent au même moment pour les origines religieuses des anciens peuples. Ainsi Dom Jacques Martin (1684-1751) publie-t-il en 1739, à Paris, son Explication de divers monumens singuliers, qui ont rapport à la religion des plus anciens peuples.
22Cet antiquaire, religieux bénédictin de la Congrégation de Saint-Maur, dédie son ouvrage aux messieurs de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, « arbitre du mérite littéraire et restaurateur des tems, interprète des monumens antiques ». Dom Martin se fait le relais et l’introducteur de Maffei en France. Celui-ci, à l’occasion d’un voyage à Paris en 1737, publie son recueil Les Antiquités choisies des Gaules qui étudie les lieux des sépultures des magistrats gaulois. L’ouvrage se fonde sur une approche comparée des cérémonies funéraires : la religion des Romains, celle des Grecs, celle des Gaulois et celle des Égyptiens ou encore le culte du dieu Mithras (en Perse) sont successivement examinés. Il revient sur les pratiques funéraires des premiers chrétiens, et c’est dans ce cadre qu’il situe les bas-reliefs du pilier des Nautes :
L’Église où le Sarcophage dont je viens de parler, se voit encore, confirme ce que j’ai dit autre part, que le génie des Chrétiens des premiers siècles étoit de placer, et quelquefois d’enfouir les Idoles dans les Églises pour servir de trophée à la Religion : La France seule fournit plusieurs preuves de cette vérité : tels sont les bas-reliefs trouvés en 1711 dans la Cathédrale de Paris, la fameuse Idole de S. Germain des Prés, la Ferrabo de l’Église de S. Étienne de Lyon, l’Hercule de la Cathédrale de Strasbourg, et quantité d’autres Monumens qu’il est inutile de détailler. Pieuse coûtume qui arrache ce beau mot à S. Augustin : les fideles, dit-il, ne traitent pas moins bien les Temples, les Idoles, et les Bois sacrés que la personne des Payens ; ainsi comme ils n’exterminent point ces derniers, mais les convertissent et les changent, de même ils ne détruisent ni n’abbattent les autres, mais ils les consacrent à Jésus-Christ37.
23Par ailleurs, dans Explication, Dom Martin accorde une partie entière aux « Druides des Gaules » à travers l’étude des marbres et des figures. Les druides seront aussi décrits longuement dans ses Éclaircissemens publiés en 1744 et étudiés au chapitre 2, paragraphe X sous l’angle des mœurs38. Dom Martin y relève aussi la place et le rôle des femmes dans les sociétés gauloises, qui faisaient office de « juges et de conseil » (paragraphe XII). Au-delà de l’occupation romaine, de la continuité de la corporation des marchands, l’insistance sur la religion gauloise propose un discours plus ethnographique et anticipe les cours d’Alexandre Lenoir sur les druides à l’Athénée de Paris dans les années 1820. La fonction druidique, comme cela a souvent été relevé par les spécialistes, va au-delà du religieux mais constitue à la fois un corps d’experts, de juges et d’intellectuels (de philosophe)39. On le sait depuis les travaux de François Hartog, l’Antiquité sert aux savants du xviiie siècle de laboratoire, de miroir, pour penser l’histoire du présent40. Sur les druides, les antiquaires projettent en effet les philosophes du xviiie siècle, mais dans une vision souvent plus cléricale. Ils les décrivent en effet d’abord comme des prêtres41 : « L’Auteur moderne a cru voir les Hyperboréens dans les Druides. Ces derniers ne formoient point une nation comme les premiers ; ils étoient seulement la portion la plus distinguée de leur nation : en conséquence, ils étoient juges de tous les différens de leur nation42. »
24Après la fonction religieuse, c’est donc la fonction judiciaire, et au-delà morale, qui est mise en avant. Le sens de l’équité des druides viendrait « des Dames gauloises » :
Car il n’est pas permis d’ignorer que de tems immémorial, en récompense de la sage conduite que tinrent les femmes fortes dont il s’agit, pour étouffer une guerre intestine qui duroit depuis long-tems, les Gaulois ont érigé un Tribunal Souverain, composé de Matrones respectables, qui jugeoient définitivement les procès des particuliers, régloient despotiquement les intérêts de la nation, et décidoient de la guerre ou de la paix qu’il falloit faire43.
25On sait que ce marqueur de civilisation se trouve aussi au même moment dans les promoteurs des Lumières écossaises. Les druides vont cependant prendre peu à peu le pouvoir. Le druide est décrit par Dom Martin comme un vieux sage : l’âge des druides était en effet proverbial comme celui des Hyperboréens44. Leur pouvoir repose sur une position en retrait de la société, dans les forêts : « […] les Druides ne cherchoient la retraite, que pour vaquer à la contemplation, pour faire des progrès dans l’Astronomie, dans l’Astrologie, dans la Médecine, dans la Jurisprudence, dans la Politique, dans la Théologie et dans les autres Sciences, dont ils faisaient profession ; et pour y former des disciples qui leur fissent honneur45 […] ».
26On voit bien comment derrière le portrait du druide se reflète celui du mauriste. Le parallèle n’est pas simplement sociologique ou fonctionnel, il est aussi théologique : « Enfin rien ne les rendoit plus célèbres dans l’antiquité, que le dogme de l’immortalité de l’âme, qui étoit le fondement de leur Religion et de leur Philosophie46. » Contre les dérives sceptiques et libertines, « les Druides enseignoient ouvertement l’immortalité de l’âme ; et qu’entre tous les Philosophes de l’antiquité, ils s’expliquoient le plus clairement, et avec moins d’équivoque sur ce point important de la vraie Religion47 ». Une fois encore, les savoirs antiquaires sont le lieu de défense d’un pouvoir intellectuel clérical fort. Là encore, c’est moins le peuple de Paris que ses représentants, que ses « porte-parole », qui sont analysés.
27En conclusion, que retenir de cette plongée dans les savoirs antiquaires ? Que nous apprennent-ils du peuple de Paris ? Des recherches philologiques aux fouilles archéologiques en passant par la cartographie historique, la curiosité historique dont témoignent les élites intellectuelles, juridiques, religieuses et politiques s’inscrit dans une tentative de matérialisation, de concrétisation de ce nouveau rapport entre pouvoirs et territoire parisien au siècle des Lumières. Mais l’Antiquité offre aussi à ces élites savantes une manière particulière de parler du peuple et donne une vision très élitiste, et souvent cléricale, des Parisiens de l’Antiquité. En cela, les savoirs antiquaires parisiens illustrent ce que l’historien de l’archéologie Bruce Trigger désigne comme les « impasses de l’antiquarianisme », marquées à la fois par une obsession pour les textes et donc par la dépendance à l’égard des sources écrites, et par le carcan religieux qui empêche d’envisager le passé antique sans lien avec la religion48. Les savoirs antiquaires offrent ainsi un matériau riche où se saisit « un système de perceptions sociales qui, par un jeu de miroirs, questionne la réalité reconstruite de l’historien49 ». Pourtant, force est de constater que l’effort de connaissance philologique, sémantique, archéologique, cartographique, n’a pas toujours profité à une meilleure visibilité de la question du peuple de Paris au xviiie siècle. Le peuple antique reste la plupart du temps une abstraction. Malgré la prolifération de ces inscriptions, de ces images, de ces cartes, à différentes échelles, il s’agit bien là encore de « savoir, pour ne pas voir50 ».
Notes de bas de page
1 Daniel Roche, Les Républicains des lettres. Gens de culture et Lumières au xviiie siècle, Paris, Fayard, 1988, chap. 6, « Les Académies et l’histoire ».
2 John Robertson, « Sacred History and Political Thought : Neapolitan Responses to the Problem of Sociability after Hobbes », The Historical Journal, 56/1, 2013, p. 1-29.
3 Déborah Cohen, La nature du peuple. Les formes de l’imaginaire social (xviiie-xxie siècles), Seyssel, Champ Vallon, 2010, p. 15.
4 Sur la trajectoire de l’objet archéologique, Stéphane Van Damme, « The Pillar of Metropolitan Greatness : The Long Making of Archeological Objects in Paris (1711-2001) », History of Science, 55/3, 2017, p. 302-335.
5 [Charles César Baudelot de Dairval], Description des bas-reliefs anciens trouvez depuis peu dans l’église cathédrale de Paris, Paris, Pierre Cot, 1711.
6 Ibid., p. 1-3.
7 Ibid., p. 3-4.
8 Ibid., p. 5.
9 Anton M. Matytsin, The Specter of Skepticism in the Age of Enlightenment, Baltimore, Johns Hopkins University Press, 2016, p. 233-264.
10 [Pierre] Le Roy, « Dissertation sur l’origine de l’Hôtel de Ville de Paris », dans Michel Félibien, Histoire de la ville de Paris composée par D. Michel Félibien, reveue, augmentée et mise au jour par D. Guy-Alexis Lobineau, Paris, Guillaume Desprez/Jean Desessartz, 1725, 5 vol., t. 1, p. ii.
11 Jacques Martin, Éclaircissemens historiques sur les origines celtiques et gauloises. Avec les quatre premiers siècles des annales des Gaules, Paris, Durand, 1744, p. ii.
12 Ibid., p. viii.
13 Jacques Martin, Histoire des Gaules, et des conquêtes des Gaulois, depuis leur origine jusqu’à la fondation de la monarchie françoise. Ouvrage enrichi de monumens antiques & de cartes géographiques. Par Dom Jacques Martin, bénédictin, de la congrégation de Saint Maur ; & continué par Dom Jean-François de Brezillac, de la même congrégation, Paris, Le Breton, 1752-1754, 2 vol.
14 Jacques Lelong, Bibliothèque historique de la France, contenant le catalogue des ouvrages, imprimés & manuscrits, qui traitent de l’histoire de ce royaume, ou qui y ont rapport ; avec des notes critiques et historiques : par feu Jacques Lelong, prêtre de l’Oratoire, bibliothécaire de la maison de Paris. Nouvelle édition revue, corrigée & considérablement augmentée par M. Fevret de Fontette, conseiller au Parlement de Dijon, Paris, Jean-Thomas Herissant, 1771, t. 3, p. 342 [no. 34530].
15 Michel Félibien, Projet d’une nouvelle histoire de la ville de Paris. Depuis l’origine de sa fondation jusqu’a présent, Paris, Frédéric Léonard, 1713, p. 3 : « Monsieur le Prevost des Marchands & Messieurs les Echevins ayant depuis quelque temps formé le dessein de faire travailler à une nouvelle Histoire de la ville de Paris, voicy en général comme on se propose de seconder leur zele pour l’honneur de la patrie. »
16 Le Roy, « Dissertation… », op. cit., t. 1, p. lxxxiii-lxxxv.
17 Félibien, Histoire de la ville de Paris…, op. cit., t. 1, sommaire non paginé.
18 Ibid., t. 1, p. ii.
19 Ibid., t. 1, p. 11.
20 Ibid., t. 1, p. 11-12.
21 Ibid.
22 Ibid.
23 Ibid., t. 1, p. 14.
24 [Anne Claude Philippe de Caylus], Recueil d’antiquités égyptiennes, étrusques, grecques et romaines, Paris, Duchesne, 1756, t. 2, p. 367-368.
25 Ibid., t. 2, p. 370.
26 Félibien, Histoire de la ville de Paris…, op. cit., t. 1, sommaire non paginé : « Sommaires des paragraphes de la dissertation sur l’origine de l’hostel de Ville de Paris. […] Premiere partie. Où l’on refute l’institution prétendue des magistrats municipaux de la ville de Paris, attribuée à Philippe Auguste ».
27 F.-G. de Pachtère, Paris à l’époque gallo-romaine. Étude faite à l’aide des papiers et des plans de Th. Vacquer, Paris, Imprimerie nationale, 1912, p. xv.
28 Voir l’oraison funèbre de l’abbé Lebeuf en 1760, Histoire de l’Académie royale des inscriptions et belles-lettres, avec les Mémoires de littérature tirés des registres de cette Académie, Paris, Imprimerie royale, 1764, t. 29, p. 372-382.
29 Hélène Verlet, « Préface », dans Constitution d’un patrimoine parisien. La Bibliothèque historique depuis l’incendie de 1871. Catalogue de l’exposition, 12 juin-31 juillet 1980, Paris, Impr. municipale, 1980, p. 6.
30 É. Johanneau, « Rapport lu à l’Académie celtique », Mémoires de l’Académie celtique, Paris, Dentu, 1807, t. 1, p. 151-179.
31 Jacques-Antoine Dulaure, Histoire de Paris, depuis les premiers temps historiques, Paris, Vanier, 1852, t. 1, chap. 1, en particulier p. 15, 27 et 29.
32 J.-A. Dulaure, Histoire physique, civile et morale de Paris, Paris, 1823, Guillaume, 2e éd., p. 96.
33 [Baudelot de Dairval], Description des bas-reliefs…, op. cit., p. 8.
34 Martin, Éclaircissemens historiques…, op. cit. ; Id., Explication de divers monumens singuliers, qui ont rapport à la religion des plus anciens peuples. Avec l’examen de la dernière édition des ouvrages de S. Jerôme, et un traité sur l’astrologie judiciaire, Paris, Lambert/ Durand, 1739.
35 Bernard de Montfaucon, L’Antiquité expliquée et représentée en figures, Paris, Florentin Delaulne et al., 1719, t. 2, p. 423.
36 Stéphane Van Damme, « Digging Authority : Archaeological Controversies and the Recognition of the Metropolitan Past in Early Eighteenth-Century Paris », dans Paddy Bullard, Alexis Tadié (dir.), Ancients and Moderns in Europe : Comparative Perspectives, Oxford, Oxford University Studies in the Enlightenment, 2016, p. 55-69.
37 Martin, Explication de divers monumens singuliers…, op. cit., p. 307-308.
38 Id., Éclaircissemens historiques…, op. cit., p. 61-64 : « Les mœurs des Druïdes étoient entièrement opposées à celles des Hyperboréens. »
39 Voir Daniel Droixhe, L’étymon des dieux. Mythologie gauloise, archéologie et linguistique à l’âge classique, Genève, Droz, 2002, p. 270-271.
40 François Hartog, Évidence de l’histoire. Ce que voient les historiens, Paris, Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales, 2005.
41 Martin, Éclaircissemens historiques…, op. cit., p. 63.
42 Ibid., p. 66.
43 Ibid., p. 66-67.
44 Ibid., p. 73.
45 Ibid. p. 70.
46 Ibid., p. 76.
47 Ibid., p. 76-77.
48 Bruce G. Trigger, A History of Archaeological Thought, 2e éd., Cambridge, Cambridge University Press, 2006 [1989], p. 118-120.
49 Daniel Roche, Le peuple de Paris. Essai sur la culture populaire au xviiie siècle, Paris, Fayard, 1998 [1981], p. 53.
50 Cohen, La nature du peuple…, op. cit., p. 22.
Auteur
European University Institute, Florence
Professeur d’histoire des sciences à l’Institut universitaire européen. Sur les savoirs antiquaires à Paris, il a publié Métropoles de papier. Naissance de l’archéologie urbaine à Paris et à Londres (Les Belles Lettres, 2012).
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