La vie parisienne des Conventionnels en 1793
The Parisian life of the Conventionnels in 1793
p. 75-88
Résumés
Ce chapitre entend reconstruire quelques éléments de la vie quotidienne des Conventionnels en 1793, en prenant notamment en compte les quartiers où ils fixèrent domicile. En scrutant la liste de leurs adresses, on ne peut qu’être frappé par le fait que la très grande majorité des députés habitent un tout petit monde – une bulle, pour ainsi dire – qui est physiquement et géographiquement très restreint et concentré : autour du palais des Tuileries, du Palais-Royal, du Club des Jacobins et des parties centrales de la rue Saint-Honoré. Au delà des divergences politiques et idéologiques, ou même des origines géographiques, les Conventionnels partagent donc les mêmes quartiers, dans les mêmes rues, les mêmes hôtels et garnis, et fréquentent les mêmes cafés, restaurants et lieux de loisir. Rares sont ceux qui fixent résidence dans les quartiers populaires de l’est et du sud-est. Cette occupation très inégale de l’espace parisien est révélatrice. Malgré la réification du « peuple parisien » dans les discours politiques à l’Assemblée, surtout au moment de la Terreur, force est de penser que la plupart des députés – à gauche comme à droite – connaissent mal les quartiers ouvriers et les faubourgs de l’est. Par conséquent, les rapports concrets et matériels et les sociabilités qu’ils entretiennent avec les classes populaires sont assez limités.
This chapter sets out to reconstruct features of the daily life of members of the National Convention in 1793, from an analysis of their places of abode. Their listed addresses indicate that a strikingly high proportion of the deputies—more than half in fact—inhabited a small, physically contained world (a bubble, so to speak) based around the Tuileries palace, the Palais-Royal, the Jacobin Club and the central sections of the Rue Saint-Honoré. Quite aside political and ideological differences and different geographical origins, they shared the same neighbourhoods, the same streets and even the same hotels and rented properties. They also frequented the same cafés, restaurants and leisure venues. Those choosing to live in the popular neighbourhoods in the east and south east were exceptionally rare. This very patchy pattern is suggestive. Despite the mythologization of the Paris people in political discourse, especially under the Terror, one suspects that most deputies, on the left as well as the right, knew these areas very poorly. As a result, the relations they maintained with the popular classes in terms of material life and sociability were extremely small.
Texte intégral
[J]e ne suis point le défenseur du peuple ; […] je suis du peuple, je n’ai jamais été que cela, je ne veux être que cela ; je méprise quiconque a la prétension d’être quelque chose de plus1.
1La notion de « peuple » est le point de repère le plus constant dans les discours de Maximilien Robespierre2. Même si se vanter d’appartenir au peuple et de l’incarner identifie Robespierre, à beaucoup d’égards, comme un cas limite, cette citation de 1792 rappelle l’importance primordiale que l’idée du peuple de Paris a jouée dans la formation des attitudes politiques de tous les membres de la Convention nationale entre 1792 et 1795. Sous la Convention, l’expression « souveraineté du peuple » est sur toutes les lèvres, et chaque député se targue d’avoir été du moins élu par « le peuple » et d’être, par conséquent, « représentant du peuple ». Après l’expulsion des Girondins, d’ailleurs, la plupart acceptaient bon gré mal gré l’idée que Paris et ses classes populaires jouaient, en quelque sorte, le rôle de porte-parole du peuple français.
2Néanmoins, le rôle discursif qu’a joué la notion du peuple de Paris dans les stratégies gouvernementales, la rhétorique du patriotisme et les positionnements idéologiques sont quelque peu trompeurs. Car si nous en savons beaucoup sur la façon dont les Conventionnels ont conçu la ville de Paris et ses habitants, nous sommes beaucoup moins bien informés sur la manière dont ils ont vécu le quotidien de leur vie parisienne3.
3 Dans ce chapitre, je voudrais essayer d’entamer une réponse partielle à cette question, en considérant comment les Conventionnels se sont insérés dans l’espace parisien au cours de 1793 et au début de l’an II, en particulier en examinant dans quels quartiers de la ville ils ont élu domicile. Question très simple – mais question, semble-t-il, que les historiens de la Révolution n’ont pas cru valoir une réponse. Pourtant, j’essaierai de montrer que la carte qu’il est possible d’esquisser des lieux de domicile des Conventionnels en dit long sur les réalités parisiennes que les Conventionnels ont vécues. Et elle s’avère très suggestive, d’ailleurs, en ce qui concerne les rapports entre les hommes politiques – représentants du peuple, en somme – et le peuple de Paris, au sens « Rochien » du terme, c’est-à-dire, moins comme une figure rhétorique ou idéologique que comme un ensemble concret d’individus de chair et de sang, chacun avec ses propres idées, valeurs et comportements4.
4Il convient de commencer avec une évidence : la grande majorité des Conventionnels ne sont pas parisiens d’origine. Des Parisiens de naissance comme Fréron, Tallien et Mercier font exception. Même en ajoutant à ces exemples des Parisiens d’adoption avant 1789 – on pense à Marat, habitant de la ville depuis 1776 – en général, les députés sont étrangers à la ville. De nouvelles assemblées représentatives amènent de nouveaux flots d’immigrants élus, dont quelques-uns – tel Robespierre lui-même qui, après son arrivée dans la ville en octobre 1789, n’ira guère mettre un pied hors de la capitale – ne retournent pas chez eux. Élus en septembre 1792, les Conventionnels étaient en droit de se croire destinés à ne rester à Paris que pour un court laps de temps, en attendant la mise en œuvre de la Constitution. Mais en octobre 1793, la Convention décrète que la France doit rester « révolutionnaire jusqu’à la paix » – ce qui amène les députés à accepter un séjour parisien plus durable. Ils deviennent des habitants de Paris – mais sans que cela fasse d’eux des Parisiens.
5Ces représentants du peuple, immigrés temporaires à Paris, devaient s’installer dans une ville longtemps habituée à accueillir des immigrants, des visiteurs, des étrangers, des touristes. Dans La ville promise. Mobilité et accueil à Paris, paru en 2000, Daniel Roche et son équipe de chercheurs ont analysé les structures parisiennes d’accueil au siècle des Lumières5. Cela met en place des données précieuses qui permettent de faire des comparaisons avec la période de la Convention, car les Conventionnels ressemblent aux populations étudiées par Roche sous plusieurs chefs.
6 La ville promise a recours à tout un faisceau de sources divergentes. Mes propres recherches sur les Conventionnels, en revanche, se basent sur une documentation moins touffue – en fait sur une seule source, à savoir la liste des adresses des députés. Hommage sans doute au principe de transparence au cœur de la culture républicaine, la liste des adresses privées des Conventionnels est rendue publique très ouvertement. Pour ce papier, je m’appuie sur deux de ces listes, en particulier celle qui se trouve dans l’Almanach national de 1793, publié vers la fin de 1792, afin de servir d’œuvre de référence pour l’année suivante. La deuxième liste a été publiée en automne 1793, dans une petite brochure intitulée La Convention, telle qu’elle fut et telle qu’elle est6. Comme le titre l’indique, cet ouvrage rend compte des changements de la composition de l’assemblée causés par les purges anti-Girondines de l’été et de l’automne 1793. Prises ensemble, ces deux listes nous renseignent sur la présence physique et matérielle des Conventionnels à travers la ville au cours de 1793.
7Avant de passer à l’analyse, il faut d’emblée admettre que je ne présente ici que les résultats provisoires d’une recherche toujours en cours7. Je suis aussi dans l’obligation d’exprimer une mise en garde méthodologique. La liste de l’Almanach national donne une adresse pour plus de 98 % des députés8. Dans la majorité des cas, cette adresse comprend le nom de la rue, et souvent le numéro ou quelque autre indication topographique qui permet de la localiser. Pourtant, nous n’avons pas le moyen de connaître le site exact de chaque maison, même numérotée. Les numéros ont été accordés aux maisons vers la fin du xviiie siècle d’une façon complètement aléatoire et d’ailleurs cryptique9. Il n’est donc pas possible de pousser l’analyse de la situation géographique des adresses au-dessous du niveau de la rue.
8Il y a d’autres traits problématiques qu’il faut évoquer. Les listes contiennent l’adresse que chaque représentant a communiquée à un moment donné. Mais il est impossible de savoir combien sont effectivement restés à cet endroit, et combien de temps. Cela est d’autant plus le cas pour ces députés qui vont servir, comme représentants en mission, soit dans les provinces, soit dans les armées. D’après les recherches de Michel Biard, cela comprendra quelque 426 députés sur une assemblée composée en théorie de quelques 749 représentants10. Beaucoup de ces individus passeront autant, voire davantage de temps ailleurs qu’à Paris : lorsque Paul Barras est élu commandant de la force armée parisienne pendant la nuit du 9 thermidor, il se sent obligé de demander le soutien d’une douzaine de députés adjoints, en avouant à l’assemblée : « Je ne connais point la position géographique de Paris11 ! » Son cas est loin d’être exceptionnel. Ainsi parmi les Conventionnels absents de Paris au moment de la chute de Robespierre, on compte par exemple Florent Guiot qui avait été en mission depuis novembre 1793 sans interruption ; Jean-Baptiste Bo (7 missions en seize mois) ; Nicolas Hentz (7 missions en treize mois) ; et Jean-Bon Saint-André, membre du Comité de salut public (5 missions en treize mois)12.
9Cette mobilité géographique assez intense à travers la France et les longues périodes d’absence que cela impliquait pour un bon nombre de députés nous laissent un peu sceptique sur la précision de nos sources. Nous sommes en droit d’ajouter, d’ailleurs, que nos listes indiquent une forte mobilité à l’intérieur de Paris. De nombreux députés choisissent un nouveau domicile au cours de l’année. Si l’on fait la comparaison entre nos deux listes, on voit qu’au cours de l’année 1793, une bonne moitié des députés ont changé d’adresse.
10Nonobstant ces inconvénients, il semble que nos résultats préliminaires soient dignes d’attention pour qui que ce soit qui s’intéresse à l’histoire de la Convention. Ils éclairent autrement le comportement et la mentalité des hommes politiques à ce moment critique de l’histoire de la Révolution.
***
11Notre liste d’adresses démontre qu’à de rares exceptions près, les Conventionnels sont logés dans un hôtel, dans une chambre ou dans un appartement meublé. Grâce aux recherches d’Edma Lemay sur la vie quotidienne des membres de l’Assemblée constituante entre 1789 et 1791, nous savons que les prédécesseurs des Conventionnels avaient occupé des logements assez variés à travers la ville13. Beaucoup de députés aristocratiques logeaient dans leurs propres hôtels particuliers, par exemple, ou dans ceux de leur famille ou de leurs amis, surtout dans le faubourg Saint-Germain. Quant aux députés ecclésiastiques, un certain nombre logeaient dans des institutions religieuses – abbayes, couvents, collèges, etc.
12Mais les choses ont changé. Sous la Convention, les nobles et les ecclésiastiques sont beaucoup moins nombreux14 et, par conséquent, les possibilités des députés sont beaucoup plus limitées. À cause de l’émigration, beaucoup d’hôtels aristocratiques ont été saisis par la nation, tandis que la Constitution civile du clergé a causé la fermeture de presque toutes les institutions ecclésiastiques de la capitale. Les ministères (ainsi que des prisons) se sont installés dans de telles propriétés classées biens nationaux15.
13Il semble que le plus grand nombre des Conventionnels au début de 1793 (76,4 %) préfèrent être hébergés dans un logement privé : un quart des députés sont logés dans un hôtel. La préférence va en s’accroissant, d’ailleurs. En effet, si au début de l’année 1793 environ un Conventionnel sur quatre loge dans un hôtel, vers la fin de l’année, ce n’est qu’un sur cinq.
14Dans quels quartiers de la ville se trouvent ces hôtels où logent nos Conventionnels ? Nous connaissons, d’après les recherches menées par Daniel Roche et son équipe, la géographie de l’offre hôtelière de la « ville promise » vers la fin de l’Ancien Régime pour des étrangers à la ville16. En gros, c’est l’ouest de la ville qui prévaut fortement sur l’est. Les visiteurs britanniques et pas mal de touristes se délectent du sud-ouest de la ville, et surtout du Faubourg Saint-Germain. Mais en général, le réseau de l’hospitalité urbaine s’étend à travers la ville. Il est le plus dense dans le quadrant nord-ouest de la ville, surtout autour de la rue Saint-Honoré et dans les environs du Louvre et du Palais-Royal. La distribution des hôtels habités par des Conventionnels est assez similaire, mais avec une concentration beaucoup plus forte dans le secteur Louvre-Tuileries-Palais Royal.
15Cette préférence géographique pour les alentours de la Convention se trouve confirmée, grosso modo, en ce qui concerne le lieu de domicile de la totalité des députés, logés dans un hôtel ou non. Étant donné l’état provisoire de nos recherches sur la localisation exacte de chaque adresse, et pour donner une vue d’ensemble plus lisible et cohérente, nous avons regroupé les députés par section. Cela présente un problème pour les adresses situées sur une ligne de démarcation entre deux sections, ou même partagées entre deux sections ou plus. La rue de Richelieu (qui devient la rue de la Loi au cours de 1793), par exemple, s’étend de la rue Saint-Honoré, dans la section des Tuileries, et traverse la section Lepelletier, jusqu’aux boulevards. Dans de tels cas, nous avons suivi une règle de proportionnalité en partageant les députés entre les sections en question (fig. 1)17.
16Remarquons, pour commencer, l’inégalité très marquée des domiciles choisis par les députés à travers la ville. Cela se traduit surtout par la dominance des sections qui se trouvent dans le quadrant nord-ouest de la ville. Les deux sections Montagne et Tuileries détiennent la part du lion : les 357 députés qui y habitent représentent presque la moitié du nombre total des députés. La plupart des autres sections avec de fortes représentations s’y trouvent elles aussi (notamment Lepelletier, Gardes-Françaises, Halle-aux-Blés, et puis Piques et Guillaume-Tell). Un deuxième pôle – beaucoup moins imposant – se situe sur la rive gauche, autour des sections avoisinant la Seine jusqu’à la rue du Bac (surtout Fontaine-de-Grenelle, Unité et Marat). L’offre hôtelière sous l’Ancien Régime y était assez forte18. Mais elle ne rivalise aucunement avec la concentration que l’on remarque dans le nord-ouest. Par contraste, l’est de la ville est beaucoup moins peuplé ; surtout le sud-est : on ne trouve qu’un seul député à l’est de la rue Saint-Jacques. De même, les députés boudent les îles de la Seine : le maire Jérôme Pétion est le seul député y déclarant un domicile – c’est sa résidence officielle, dans les bâtiments de la mairie. Il est vrai que le Marais est un peu plus densément occupé. Jean-François Tallien vit par exemple dans la rue de la Perle, section de l’Indivisibilité : c’est la maison familiale depuis son enfance. Mais de tels cas sont plutôt exceptionnels.
17Nous constatons la même prépondérance de la partie nord-ouest de la ville lorsque l’on observe les rues qui attiraient le plus de députés (tableau 2). La centaine de députés qui habitent le long de la rue Saint-Honoré constituent plus de 10 % du groupe. Cette prépondérance est d’autant plus remarquable du fait que beaucoup des rues qui donnent sur la rue Saint-Honoré sont aussi très peuplées – y compris les rues Traversière (32 députés), de Richelieu (25), Saint-Thomas du Louvre (25) et de Chartres (21). Ce dédale de petites rues – situées soit entre le Louvre et les Tuileries, soit sur le tracé de l’avenue de l’Opéra – ne survivra pas à Haussmann.
18En scrutant les adresses des députés de plus près, on voit que des affinités fondées sur des rapports de parenté, des origines géographiques et même des positions idéologiques et politiques ont une certaine influence – mais sans être déterminantes. Au temps de la Constituante, comme Edna Lemay l’a montré, beaucoup des nouveaux venus à Paris en 1789 logent dans le même hôtel ou appartement que leurs compatriotes élus par le même département19. En scrutant nos listes d’adresses, nous remarquons le même phénomène : presque la moitié des représentants logés dans un hôtel au début de 1793 partagent la même adresse avec un ou plusieurs de leurs collègues. Quelques hôtels font d’ailleurs preuve d’une spécialisation géographique comme sous la Constituante : par exemple, l’hôtel de Nantes (rue de Chartres) héberge 8 députés, dont 4 du Lot et 2 du Lot-et-Garonne ; l’hôtel des Patriotes hollandais (rue des Moulins), 3 députés de la Corse ; et l’hôtel d’Espagne (rue de Richelieu), 3 de la Lozère.
19Des liens de parenté peuvent aussi jouer. Les frères Dandenac, représentants du département de Maine-et-Loire, par exemple, habitent le même appartement, 155 rue de Richelieu. D’ailleurs, l’Almanach de 1793 cite 366 rue Saint-Honoré comme l’adresse d’Augustin et de Maximilien Robespierre. Mais l’on sait qu’Augustin s’est frayé son propre chemin, surtout après avoir passé des mois en mission dans le Sud-Est, et passe à la rue Saint-Florentin. De même, les cousins Goupilleau logent séparément – Goupilleau de Fontenay à l’hôtel de Nîmes, rue Grenelle-Saint-Honoré, et Goupilleau de Montaigu dans une maison privée, rue de Richelieu.
20Est-ce que le choix du domicile reflète une disposition politique ou idéologique de la part des députés ? C’est souvent ainsi, bien sûr. Mais on note que le contraire est souvent le cas aussi. La même provenance géographique ne signale pas nécessairement un accord sur le plan politique. À l’hôtel de la Virginie, 320 rue Saint-Honoré, par exemple, nous trouvons que 3 des 6 députés y demeurant représentent le département de la Sarthe. Mais l’un d’entre eux est partisan de la Gironde, un autre, montagnard, et le troisième, un anonyme de la Plaine. Cela est assez typique. L’hôtel Mirabeau, rue Mirabeau (maintenant rue de la Chaussée-d’Antin), compte 7 députés (dont 4 du Gers), divisés également entre fidélité girondine et fidélité montagnarde.
21On dit parfois que, tandis que les bases de pouvoir des Girondins se trouvaient sur la rive droite, les Montagnards auraient tendance à habiter la rive gauche : 11 des 26 députés de Paris élus en septembre 1792 de la manière que l’on sait à l’Hôtel de Ville, sous la surveillance scrupuleuse de Robespierre, étaient habitants de la section Marat, tout comme Danton, Desmoulins et Marat20. Mais cette répartition spatiale apparemment bien marquée est moins évidente en 1793. Si chez les députés du département de la Gironde on remarque une forte implantation sur la rive droite (10 députés sur douze), d’autres partisans de la Gironde sont plus éparpillés à travers la ville – Buzot est au quai Malaquais, par exemple, dans une maison qu’il partage avec deux autres Girondins (Savary, Vallée), et Louis-Sébastien Mercier demeure sur la rue Saint-Jacques ; tandis qu’en quittant le ministère de l’Intérieur en janvier 1793, Roland et sa femme s’établissent rue de la Harpe en plein Quartier latin. Quant aux Montagnards, en fait, une majorité de leurs députés parisiens (14) venaient de la rive droite.
22De notre analyse de la géographie des domiciles des Conventionnels, deux points forts se démarquent. D’abord, le choix de résidence n’est pas fortement déterminé par des facteurs sociaux que l’on aurait prévus (parenté, provenance géographique, affinités idéologiques et politiques, etc). Malgré de fortes divergences politiques, les députés d’appartenances variées et même opposées habitent dans les mêmes quartiers, dans les mêmes rues et dans les mêmes hôtels et maisons meublées – ce qui a pu entraîner des rapports personnels tendus aux moments chauds des luttes politiques21. Et le deuxième point, c’est l’importance de cette concentration autour de l’axe de la rue Saint-Honoré, avec deux pôles de concentration particulièrement intense – dans le voisinage du Louvre et des Tuileries et ensuite entre le Palais-Royal et le Club des Jacobins.
23Il va de soi qu’en choisissant de vivre dans ce quartier Palais-Royal-Saint-Honoré (dans un hôtel ou non), les Conventionnels ont pris une décision éminemment pratique. En effet, ils sont à deux pas du lieu de rencontre de l’assemblée – la salle du Manège jusqu’en mai 1793, et ensuite la salle des Machines (ou des Spectacles) du palais des Tuileries. Ajoutons que, pour les militants, la salle du Club des Jacobins est aussi tout près. Tout cela fait de ces quartiers le centre nerveux du monde politique, un monde dans lequel les nouvelles, les rumeurs et les bruits publics circulent et fleurissent. À l’Assemblée, on représente aussi la nation en écoutant, en côtoyant les citadins du voisinage et en vivant avec eux.
24Tout se passe comme si, au-delà des divergences politiques et idéologiques, les Conventionnels habitaient en général un petit monde qui est physiquement et géographiquement restreint. Cela est d’autant plus vrai que, même si beaucoup de députés habitaient assez loin de la salle de la Convention, leur vie sociale paraît fixée dans ce quartier. L’ordre du jour de la Convention favorisait d’ailleurs leur présence pendant une grande partie de la journée. Car la séance du matin commençait à dix heures et durait jusqu’à quatre ou même cinq heures de l’après-midi, et puis la séance du soir commençait vers 19 heures et continuait jusqu’à 22 heures. S’il n’y avait pas de séance du soir, beaucoup de députés passaient au Club des Jacobins qui poursuivait ses affaires pendant les mêmes heures. Tout cela leur laissait un petit créneau de quelques heures au maximum pour dîner.
25 Où dîner, justement ? Le quartier offrait des choix variés car c’est particulièrement dans ces mêmes rues que le restaurant fut « inventé » (pour suivre Rebecca Spang22). Le processus avait commencé dans les dernières décennies de l’Ancien Régime ; la Révolution y donna un coup de fouet. L’un des « martyrs de la patrie », par exemple, le député Lepelletier de Saint-Fargeau, avait été assassiné, assis dans un restaurant dans le Palais-Royal23.
26Dans ce quartier, les restaurants agissaient comme un pôle de sociabilité pour les députés – pour les nombreux individus qui habitaient les environs mais aussi pour tous ceux qui assistaient aux séances quotidiennes de l’assemblée. La fréquentation des restaurants du quartier a fait partie d’une sociabilité plus large à laquelle les députés ont aussi participé. Cette sociabilité était fortement enracinée dans des pratiques et des institutions déjà existantes. Dans son analyse du monde de la boutique parisienne au xviiie siècle, Natacha Coquery caractérise la rue Saint-Honoré comme « la voie marchande la plus brillante et raffinée de Paris » et son voisinage comme un foyer notoire de « luxe, mode et volupté24 ». Bien avant 1789, l’écrivain italien Caraccioli avait remarqué que dans le quartier du Palais-Royal, les « logements agréables, habits élégans, ragoûts fins, livres nouveaux, nouvelles récentes, société nombreuse, tout s’y trouve sous la forme la plus engageante ». Et de conclure : « Tout homme peut exister dans ce lieu le plus commodément du monde, sans jamais en sortir25. »
27Les restaurants luxueux qui s’épanouissaient tout au long de la décennie 1790 faisaient partie d’un réseau d’autres institutions de loisir mondain. On pense d’abord aux cafés, aux buvettes, aux cabarets et ainsi de suite. De plus, les salles de théâtre dans ce quartier rivalisaient avec celles du boulevard du Temple et celles du Quartier latin pour leur prestige et leur public. Leur répertoire, d’ailleurs, était moins « politiquement correct » (pour ainsi dire) qu’on le suppose souvent. Les spectacles fortement propagandistes étaient nombreux sous la Convention, mais la pièce la plus jouée entre 1789 et 1795 était Les deux chasseurs et la laitière d’Anseaume, opéra-comique amusant de… 176326. On se divertissait tout autant qu’on se laissait être convaincu par la pédagogie politique des salles de spectacles parisiennes. Qui plus est, ce quartier constituait l’un des hauts lieux du vice et de la prostitution parisienne. Le Palais-Royal et ses alentours contenaient pas mal de maisons de jeu, qui cherchaient sournoisement à échapper à la surveillance de la police. En avril 1794, par exemple, un policier dénonçait l’hôtel d’Angleterre rue Saint-Honoré où, paraît-il, on jouait à n’importe quelle heure27. Or, nous savons par nos listes que l’hôtel d’Angleterre logeait toute une poignée de députés. Et malgré la campagne contre la prostitution publique menée par Chaumette et Payan, l’un comme l’autre, successivement, agent national de la Commune en 1793-1794, ce quartier continua de jouir d’une mauvaise réputation au sujet des mœurs sexuelles. Comme Clyde Plumauzille l’a récemment montré dans son livre sur la prostitution, le quartier du Palais-Royal était vu comme « la capitale du vice » à l’intérieur de la capitale du pays28. Lieu de réconfort pour de nombreux députés loin de leurs épouses ?
28Compte tenu de l’émigration et du tarissement du flux des visiteurs étrangers, la désertion du parc hôtelier de ces quartiers permit à de nombreux députés de profiter de résidences privées de luxe dans la mesure de leurs moyens. Ainsi, on constate par exemple que Jean-Baptiste Armonville, député de la Marne, cardeur de laine et connu pour être le seul ouvrier authentique à siéger à l’assemblée, trouva un hébergement à l’hôtel Taranne sur la rive gauche29. Cette situation est la même sur la rive droite. Même sous la Terreur, les adresses que la police de l’Ancien Régime avait identifiées comme des « hôtels et maisons pour des personnes de distinction » étaient devenues le domicile de plusieurs Conventionnels30.
29Même si la Terreur a pu avoir un impact important sur le commerce du luxe, comme la contribution de Natacha Coquery dans ce volume en fait état, nombre d’indices suggèrent que la sociabilité mondaine et les loisirs dans le quartier du Palais-Royal s’inscrivent davantage dans la continuité que dans la rupture radicale. On connaît peu et mal l’état de l’économie parisienne pendant la Terreur mais tout laisse croire que, malgré la loi du Maximum et la surveillance de la Commune, la plupart des restaurants de luxe, des salles de théâtre, des cabarets, des cafés, des tripots et certaines maisons de prostitution restèrent ouverts. Certaines denrées exotiques continuaient d’être disponibles. La première intervention de Robespierre à la Convention en tant que membre du Comité de Salut public, le 27 juillet 1793, proposait que les « denrées coloniales », comme le sucre et le café, soient considérées comme des denrées de première nécessité31. En fait, Robespierre – pourtant célèbre pour son austérité – s’alimentait du café et des fruits dont les filles obligeantes de son logeur Maurice Duplay, menuisier et entrepreneur de bâtiments, assuraient l’approvisionnement32.
30Les rapports policiers des « observateurs » du gouvernement (disons avec plus de précision, des espions) sont éloquents quant au ressentiment du public parisien causé par les infractions à la loi du Maximum. On vilipendait les responsables d’un marché noir qui s’annonçait florissant, et on condamnait les « restaurateurs de luxe » qui bafouaient la loi en affichant dans leur vitrines « poulardes, pâtés, jambons et dindons ». Lorsqu’en mars 1794 Hanriot, commandant de la garde nationale parisienne, mena un raid sur le Palais-Royal pour repérer des aristocrates et des déserteurs, il trouva des Conventionnels dînant dans des restaurants huppés, aux côtés des suspects33.
31Les individus riches qui faisaient des arrangements clandestins avec les cultivateurs des faubourgs et des banlieues pour s’approvisionner en légumes, fruits et produits laitiers, étaient aussi dans la ligne de mire des sans-culottes34. De telles gens se trouvaient nombreux dans les quartiers chéris des Conventionnels – à tel point que l’on se demande si quelques-uns n’étaient pas en quelque sorte complices.
32La tendance des Conventionnels à passer leur vie dans une bulle politique et sociale, basée dans les quartiers huppés du nord-ouest de la ville, a sans doute affecté leurs rapports avec le peuple parisien. Comme nous l’avons montré, les députés qui avaient élu domicile dans des quartiers vraiment populaires étaient rares. Si nous reprenons la carte 1, où nous avons essayé de montrer la présence ou l’absence de domiciles des députés dans chacune des 48 sections, nous observons que les sections radicales et les sections des classes populaires sont les grandes absentes. La carte souligne éloquemment dans quelle mesure la grande majorité des domiciles des députés se concentraient dans une petite poignée des 48 sections parisiennes qui furent, presque sans exception d’ailleurs, des sections caractérisées par Albert Soboul et Raymonde Monnier comme « bourgeoises » et en général modérées35. La bulle dans laquelle vivaient les députés était une bulle « bourgeoise ».
33Tout se passe comme si les Conventionnels avaient fait le choix conscient de tenir le peuple de Paris à distance. Il est vrai que nos cartes des domiciles des Conventionnels reflètent dans une certaine mesure le parc hôtelier de l’Ancien Régime, comme nous l’avons suggéré. Mais en fait, la majorité des députés n’habitait pas dans des hôtels particuliers. Qui plus est, les classes populaires que les Conventionnels rencontraient autour de leur salle de séances appartenaient en très grande partie au secteur commercial des services de l’économie de luxe toujours vivace, plutôt qu’à celui de la production. De ce fait, ils étaient assez atypiques des classes laborieuses parisiennes. Cela était aussi vrai des délégations des sections qui, de temps en temps, passaient devant les yeux des députés, dans la salle de la Convention. Dans son livre sur les Constituants, Edna Lemay note la peur respectueuse que beaucoup de députés ressentaient envers les sans-culottes36. Malgré la stratégie montagnarde d’alliance avec les classes populaires, on se doute bien que nombre de Conventionnels durent éprouver le même sentiment tout au long de cette période.
34Quels aspects et quels quartiers de la ville hors de cette zone conventionnelle les députés eurent-ils l’occasion de bien connaître ? Bien que nous ne manquions pas d’analyses des écrits et des discours des députés de la Convention, les ouvrages sur leur vie quotidienne sont presque inexistants. On sait que quelques députés vécurent réellement et activement dans leur section – ainsi Léonard Bourdon aux Gravilliers, ou David dans la section du Muséum. Cependant, à force de lire les mémoires des Conventionnels écrits après Thermidor, nous gardons la forte impression qu’ils préféraient passer leur temps libre au théâtre, dans les restaurants, dans les cabarets, au jardin des Tuileries ou aux Champs-Élysées, plutôt que de fréquenter des sans-culottes ou de s’aventurer dans les faubourgs ouvriers.
35Tout cela d’ailleurs est aussi vrai des Montagnards que des autres députés. Olivier Coquard a déjà montré à quel point Marat – pourtant soi-disant « ami du peuple » – ignorait ces mêmes faubourgs dont il se vantait d’être le champion, limitant ses déplacements aux alentours du Club des Cordeliers et ensuite de la Convention37. Et c’est le même son de cloche avec Robespierre. L’Incorruptible promène son chien aux Champs-Elysées, ou pique-nique dans des villages alentour. Lui, plus que n’importe qui, se félicite d’être « du peuple », mais il se laisse voir très rarement dans les quartiers populaires. La nuit du 9 thermidor, dans la grande salle de la Maison commune, même les militants sans-culottes peinent à le reconnaître – ou à le distinguer de son frère, aussi présent. Symptôme, s’il en fut, du fossé profond qui séparait le monde des Conventionnels du monde du peuple parisien. Il est probable qu’une forte majorité du peuple parisien n’a jamais vu passer un Conventionnel dans la rue. Les Conventionnels peinent à outrepasser les frontières de leur petit monde confortable près du Palais-Royal, quartier où, sous l’Ancien Régime, pour répéter les propos de Caraccioli cités plus haut, on pouvait exister « le plus commodément du monde, sans jamais en sortir ».
36Il est vrai que, si les députés boudent les sections ouvrières, les militants sans-culottes se déplacent plus régulièrement sur le terrain des Conventionnels38. Mais quand même, là aussi, les rapports sont fragiles et peu nombreux. Le Club des Jacobins joue un rôle important à cet égard, quoique les membres du Club soient eux aussi, pour la plupart, des habitants des mêmes sections que les Conventionnels39. Les contacts personnels jouent un rôle aussi. Une bonne poignée de militants sans-culottes rendent visite à Robespierre au 366 rue Saint-Honoré – pourvu qu’ils réussissent à outrepasser le filtrage sévère qu’exercent les femmes Duplay. En fait, il semble que ce soit souvent par le biais de son logeur Maurice Duplay et de sa famille que Robespierre forme de tels contacts avec « le peuple ». Le rôle de certains militants des faubourgs, tels que le Polonais Lawoski, semble avoir été important aussi. En fin de compte, même dans le cas des députés les plus « populaires », leurs rapports avec le peuple se font en majorité par procuration40.
37Haim Burstin a récemment appelé à envisager une histoire plus anthropologique des acteurs politiques de la Révolution en nous invitant, par l’analyse des pratiques au moins autant que des discours, « à étudier les révolutionnaires tels qu’ils étaient, et non tels que l’on voudrait les voir41 ». Dans ce chapitre, en me concentrant sur le lieu des domiciles des Conventionnels, j’ai essayé de suivre ses conseils. D’abord, je me suis penché sur la façon dont ces individus vivaient leurs rapports avec Paris et avec le peuple parisien ; et puis j’ai essayé de réfléchir au-delà des usages rhétoriques du mot « peuple » afin de saisir quels étaient les rapports matériels entre un représentant du peuple (c’est-à-dire, un député de la Convention nationale, élu par le peuple) et la plus large part de la population de Paris – le peuple, le vrai peuple, le peuple concret (est-on tenté de dire) de Paris.
38Nos résultats démontrent de façon quelque peu surprenante à quel point les Conventionnels habitèrent dans une petite bulle politique aux alentours de la salle de la Convention. En outre, on constate à quel point le peuple de Paris connaît peu personnellement ses « représentants ». L’absence quasi totale de rapports personnels entre Montagnards et sans-culottes nécessite que l’on commence à repenser comment et par quels moyens cette alliance entre ces deux groupes a été nouée.
Notes de bas de page
1 Je tiens à remercier Maia Kirby pour son aide en ce qui concerne les parties techniques de cet article. Maximilien Robespierre, Œuvres, Paris, Presses universitaires de France, 1954, t. 8, p. 89.
2 « Peuple » est le terme socio-politique usité le plus fréquemment par Robespierre dans ses discours, d’après Cesare Vetter, Marco Marin, Elisabetta Gon, Dictionnaire Robespierre. Lexicométrie et usages langagiers. Outils pour une histoire du lexique de l’Incorruptible, Trieste, 2015, t. 1, p. 684.
3 Nous reprenons le cadre conceptuel de la spatialité urbaine d’après Henri Lefebvre, La production de l’espace, Paris, Anthropos, 1974.
4 Daniel Roche, Le peuple de Paris. Essai sur la culture populaire au xviiie siècle, Paris, Aubier-Montaigne, 1981.
5 Daniel Roche (dir.), La ville promise. Mobilité et accueil à Paris (fin xviie-début xixe siècle), Paris, Fayard, 2000.
6 Almanach national de France, année commune m. dcc. xciii. L’an IIe de la République, Paris, Testu, [1792] ; La Convention, telle qu’elle fut et telle qu’elle est, ou liste alphabétique, tant des députés actuellement en fonctions, que de ceux qui en sont sortis d’une manière quelconque ; avec leurs noms, qualités et demeures, Paris, Levigneur/Froulle, 1793.
7 Je suis en train de développer un site web avec des cartes interactives, etc, qui contiendra ces renseignements et qui nous permettra de mieux comprendre la place des Conventionnels à Paris sous la Terreur.
8 Le nombre de députés était en théorie de 749. L’Almanach national nous renseigne sur 737 d’entre eux.
9 Bonne discussion de ces problèmes dans Vincent Denis, « Les Parisiens, la police et les numérotages des maisons, du xviiie siècle à l’Empire », French Historical Studies, 38/1, 2015, p. 83-103.
10 Michel Biard, Missionnaires de la République. Les représentants du peuple en mission (1793- 1795), Paris, Comité des Travaux historiques et scientifiques, 2002. En fait, avec les suppléants qui rendent service entre 1792 et 1795, ce nombre s’accroît jusqu’à plus de 900 noms et adresses.
11 Et pour cause, car entre mars 1793 et février 1794, il était continuellement en mission dans le Sud-Est ; J. Maidval et al. (éd.), Archives parlementaires de 1787 à 1860, première sér. (1787-1799), Paris, Paul Dupont, [puis] Éditions du Centre national de la recherche scientifique, 1862 –, 102 vol. parus, t. 93, p. 591.
12 Biard, Missionnaires de la République…, op. cit., p. 521, 462-463, 88 et 529 ; et pour Barras, p. 453-454.
13 Edna Hindie Lemay, La vie quotidienne des députés aux États généraux, 1789, Paris, Hachette, 1987.
14 Une quarantaine de députés nobles selon Patrice Higonnet, Class, Ideology and the Rights of Nobles during the French Revolution, Oxford, Clarendon Press, 1981, p. 139 ; et 55 ecclésiastiques, selon Alison Patrick, The Men of the First French Republic : Political Alignments in the National Convention of 1792, Baltimore/Londres, John Hopkins University Press, 1972, p. 365.
15 Par exemple, voir les prisons de Saint-Lazare, l’Abbaye, Port-Libre (Port-Royal), les Madelonnettes, Sainte-Pélagie. Cependant, en 1793, Léonard Bourdon habite le ci-devant prieuré de Saint-Martin, et Josèphe Rovère le couvent de Pentemont : mais ce sont des exceptions.
16 Roche (dir.), La ville promise…, op. cit., surtout p. 120-141 et la carte III.3 p. 131.
17 Voir aussi la rue Saint-Honoré, qui se trouve à la frontière de plusieurs sections, dont Tuileries, Montagne, Gardes-Françaises, Halle-aux-Blés, etc.
18 La carte est très similaire en ce qui concerne la fin de l’année 1793, après la disparition des Girondins et de leurs partisans. Les grandes concentrations du début de l’année sont toujours visibles, en particulier autour du Palais Royal et de la rue Saint-Honoré.
19 Lemay, La vie quotidienne…, op. cit., p. 63, 120 et suiv.
20 Pour les Girondins et la rive droite, voir Émile Ducoudray, Raymonde Monnier, Daniel Roche, Alexandra Laclau (dir.), Atlas de la Révolution française, t. 11, Paris, Paris, École des hautes études en sciences sociales, 2000, p. 60 ; pour les Montagnards parisiens, Albert Soboul, Raymonde Monnier, Répertoire du personnel sectionnaire parisien en l’an II, Paris, Publications de la Sorbonne, 1985, p. 464.
21 Voir Marisa Linton, Choosing Terror : Virtue, Friendship and Authenticity in the French Revolution, Oxford, Oxford University Press, 2013.
22 Rebecca Spang, The Invention of the Restaurant : Paris and Modern Gastronomic Culture, Cambridge, Mass., Harvard University Press, 2000.
23 Ibid., p. 133-137.
24 Natacha Coquery, Tenir boutique à Paris au xviiie siècle. Luxe et demi-luxe, Paris, Comité des travaux historiques et scientifiques, 2011, p. 142.
25 [Louis-Antoine de Caraccioli], Lettres d’un Indien à Paris, à son ami Glazir, sur les mœurs françoises, & sur les bizarreries du tems, Amsterdam [ « et se trouve à Paris »], Briand, 1789, 2 vol., t. 2, p. 5.
26 André Tissier, Les spectacles à Paris pendant la Révolution. Répertoire analytique, chronologique et bibliographique, Genève, Droz, 1992-2002, 2 vol., t. 2, p. 488.
27 Pierre Caron, Paris pendant la Terreur. Rapports des agents secrets du ministre de l’Intérieur, Paris, Alphonse Picard et fils, [puis] Honoré Champion, [puis] Marcel Didier, [puis] C. Klincksieck, 1910-1978, 7 vol., t. 6, p. 195.
28 Clyde Plumauzille, Prostitution et Révolution. Les femmes publiques dans la cité républicaine (1789-1804), Seyssel, Champ Vallon, 2016.
29 Almanach parisien en faveur des étrangers et des personnes curieuses, éd. par Daniel Roche, Saint-Étienne, Publications de l’université de Saint-Étienne, 2001, p. 147.
30 Ibid.
31 Maximilien Robespierre, Œuvres, Paris, Presses universitaires de France, 1967, t. 10, p. 9.
32 Voir Colin Jones, Rebecca Spang, « Sans-Culottes, Sans Café, Sans Tabac : Shifting Realms of Necessity and Luxury in Eighteenth-Century France », dans Maxine Berg, Helen Clifford (dir.), Consumers and Luxury : Consumer Culture in Europe, 1650-1850, Manchester, Manchester University Press, 1999, p. 37-62.
33 Caron, Paris pendant la Terreur…, op. cit., t. 4, p. 315 ; t. 5, p. 171, 202 ; et passim.
34 Ibid., passim.
35 Soboul, Monnier, Répertoire…, op. cit., passim.
36 Lemay, La vie quotidienne…, op. cit., p. 134.
37 Olivier Coquard, « Le Paris de Marat », dans Michel Vovelle (dir.), Paris et la Révolution. Actes du Colloque de Paris I, 14-16 avril 1989, Paris, Publications de la Sorbonne, 1989, p. 173-184.
38 Pour Marat, par exemple, voir Coquard, « Le Paris de Marat », art. cité.
39 Pour la composition du Club, voir l’article de Rossitza Tacheva, « Sur certains aspects de l’activité sociale des Jacobins parisiens, 1792-1794 », dans Vovelle (dir.), Paris et la Révolution, op. cit., p. 141. Selon cette dernière, la plupart des Jacobins sont originaires des sections de Lepelletier, Montagne, Guillaume-Tell, République et Mont-Blanc et – sur la rive gauche – Marat et Fontaine-de-Grenelle.
40 Pour Marat, voir Coquard, « Le Paris de Marat », art. cité. Pour Robespierre et les militants sans-culottes qui formaient la « garde » et qui l’accompagnaient dans la rue, voir Colin Jones et Simon Macdonald, « Robespierre, the Duke of York, and Pisistratus during the French Revolutionary Terror », The Historical Journal, 61/3, 2018, p. 633-672.
41 Haim Burstin, Révolutionnaires. Pour une anthropologie politique de la Révolution française, Paris, Vendémiaire, 2013, p. 16.
Auteur
professeur d’histoire moderne à Queen Mary University of London et visiting professor à l’Université de Chicago. Ses travaux portent sur le xviiie siècle, la Révolution française et l’histoire de la médecine. Il a notamment publié The Medical World of Early Modern France (Oxford University Press, 1997) ; The Saint-Aubin ‘Livre de caricatures’ : Drawing Satire in 18th-century Paris (Oxford University Press, 2012) et The Smile Revolution in Eighteenth-Century Paris (Oxford University Press, 2015). Il prépare actuellement un livre sur la journée du 9 thermidor.
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Les Jacobins de l’Ouest
Sociabilité révolutionnaire et formes de politisation dans le Maine et la Basse-Normandie (1789-1799)
Christine Peyrard
1996
Une société provinciale face à son devenir : le Vendômois aux xviiie et xixe siècles
Jean Vassort
1996
Aux marges du royaume
Violence, justice et société en Picardie sous François Ier
Isabelle Paresys
1998
Pays ou circonscriptions
Les collectivités territoriales de la France du Sud-Ouest sous l’Ancien Régime
Anne Zink
2000
La permanence de l’extraordinaire
Fiscalité, pouvoirs et monde social en Allemagne aux xviie- xviiie siècles
Rachel Renault
2017
Un désordre européen
La compétition internationale autour des « affaires de Provence » (1580-1598)
Fabrice Micallef
2014
Entre croisades et révolutions
Princes, noblesses et nations au centre de l’Europe (xvie-xviiie siècles)
Claude Michaud
2010