Les déplacements des missi dominici dans l’Empire carolingien (fin viiie-fin ixe siècle)
p. 223-235
Texte intégral
1Les missi dominici ou « envoyés du seigneur » sont de grands laïcs et ecclésiastiques, fidèles du roi, que ce dernier désignait pour exercer une mission de contrôle dans un lieu ou un espace déterminés1. Si l’institution apparaît dans les sources dès les années 780, c’est surtout à partir de 802 que les attributions et les ressorts territoriaux (missatica) des missi furent définis expressément2. Aucun agent royal n’exerçait, à l’époque carolingienne, des pouvoirs et responsabilités aussi vastes. Pour comprendre comment les souverains carolingiens sont parvenus à gouverner un territoire qui s’étendait sur pas moins de 750 000 km2, il importe de s’interroger sur le rôle exercé par ces missi dominici qui, avec les comtes, les marchiones ou les évêques, constituaient de puissants relais de l’autorité centrale. Les notions de distance, de déplacement et d’éloignement sont déterminantes pour appréhender leur activité et leur efficacité. D’ailleurs, le champ lexical du déplacement est prégnant dans les capitulaires adressés aux missi (à travers l’usage des verbes mittere, dirigere, pergere, circumire) comme dans les actes de la pratique, qui insistent sur la mobilité des agents royaux3.
2L’analyse des voyages accomplis par les missi dominici nécessite de sonder la nature de ces déplacements, d’identifier qui étaient les individus qui furent choisis pour exercer cette charge et où ils exercèrent leur légation. Les missi ont déployé de multiples moyens pour maîtriser des distances souvent considérables et ainsi garantir la présence de l’autorité royale sur toute l’étendue de l’Empire carolingien. Enfin, il conviendra d’évoquer les conditions matérielles dans lesquelles se faisaient ces déplacements.
La nature des déplacements
Les logiques de mobilité
3La mobilité est l’un des critères qui caractérisent les élites carolingiennes. La cour royale, au sein de laquelle Charlemagne et ses successeurs ont recruté nombre de leurs missi, accueillait des érudits venus de toute l’Europe. Les membres du haut clergé étaient habitués aux longs déplacements, motivés par la quête de manuscrits ou de maîtres, par l’assistance aux conciles, par leur participation aux ambassades ou aux campagnes d’évangélisation. La mobilité caractérise également les grands laïcs qui voyageaient régulièrement pour assister aux plaids annuels ou pour mener leurs troupes à l’ost. En outre, pour éviter tout conflit d’intérêts, Charlemagne a imposé que les comtes exercent leur honor loin de leur région d’origine.
4Qu’en est-il du pouvoir royal ? Sans remettre en cause la forte mobilité des princes carolingiens, Rosamond McKitterick a démontré récemment que le gouvernement de Charlemagne ne pouvait être présenté comme une royauté itinérante. Il n’est pas légitime d’appliquer au gouvernement carolingien le modèle de la royauté itinérante salienne, dans la mesure où les déplacements royaux ont été réduits et circonscrits à quelques régions, en relation avec les campagnes militaires en Saxe, en Italie du Nord, en Pays basque ou en territoire avar4. Il est abusif de parler d’un système de gouvernement fondé sur l’itinérance, lorsqu’on sait que les Carolingiens n’ont visité que 10 % de leur Empire5. Dès lors, c’est aux missi qu’incombait la tâche d’assurer la présence royale sur tout le territoire. Il ne s’agissait pas de pallier l’absence du roi, mais plutôt de maintenir le lien entre le souverain et les populations locales, en s’attachant à appliquer la justice royale, à transmettre et faire appliquer la parole royale (verbum regis). La présence des missi abolissait en quelque sorte la distance entre l’autorité royale et la population de l’Empire. Ce système de communication, fondé sur le recours aux envoyés du seigneur et sur l’utilisation de la « parole écrite6 », soutenait la cohésion de l’Empire et a contribué à l’accomplissement d’une « communauté impériale7 ».
5Les fondements idéologiques qui soutenaient ce gouvernement fondé sur la mobilité des missi dominici transparaissent dans la législation capitulaire. Les tournées et circuits des missi comme les déplacements royaux y sont représentés de manière positive, comme des déplacements d’autorité. Au contraire, la législation royale condamne les « mauvais » déplacements, ceux des moines gyrovagues, des anachorètes, des voleurs fuyards ou des hommes d’armes8. Or, ce sont précisément ces pérégrinations nuisibles que devaient contenir et contrôler les missi, car elles remettaient en cause l’équilibre de la société, indispensable à la construction d’une communauté du salut. Ainsi, la stabilité de la société carolingienne dépendait en partie de la mobilité des missi.
Un espace impérial inégalement visité
6De nombreux travaux consacrés au règne de Charlemagne élèvent le pouvoir carolingien en modèle de gouvernement centralisé, dont l’efficacité aurait reposé sur un quadrillage de l’espace par les agents royaux : missi, comtes, marchiones9. Pourtant, l’institution missatique est loin d’avoir assuré un contrôle complet et permanent du territoire impérial. L’analyse détaillée de leur action démontre de grandes disparités dans le temps et dans l’espace, ainsi qu’une diminution graduelle des déplacements des missi.
7Cette disparité est d’abord géographique. Certaines régions ont été régulièrement visitées, comme la Bavière, fraîchement intégrée au royaume franc, ou l’Italie, alors que d’autres apparaissent moins encadrées par l’institution missatique, comme l’Istrie, la Bretagne ou la Rhétie, auxquelles on pourrait ajouter, à partir de Louis le Pieux, l’Aquitaine méridionale ou la Franconie. La disparité est également chronologique. Le recours aux missi dominici est attesté dans les sources jusqu’à la mort de Charles le Chauve (877) en Francie occidentale, jusqu’au début du xe siècle en Italie10. Toutefois, une distinction s’opère après 843 dans les trois royaumes issus du traité de Verdun : l’institution disparaît dans le royaume de Louis le Germanique, alors qu’elle connaît un surcroît de dynamisme en Italie. Un second changement tient à la nature des légations confiées aux missi, dans les deux royaumes où l’institution demeura. Les tournées d’inspection, d’exceptionnelles sous le règne de Charlemagne, deviennent encore plus rares sous le règne de Louis le Pieux et de ses successeurs. Plusieurs facteurs permettent d’expliquer le recul de ces tournées lointaines : la présence normande d’abord, qui rendait les déplacements périlleux ; la durée de ces voyages ensuite, qui éloignait les prélats et les comtes de leurs administrés durant une longue période.
8Après 843, on ne trouve que de rares exemples de déplacements lointains, principalement dirigés vers Rome, sans pour autant que le titre et l’institution perdent de leur vigueur. L’autorité des missi ne repose plus sur une logique de déplacement, mais au contraire sur l’assise locale des agents royaux. Cette politique fondée sur l’autorité locale des missi n’est pas nouvelle : elle s’observe dès 802. En effet, dans le Capitulare missorum generale, qui définit en détail les prérogatives et missions confiées aux missi dominici, quatre missatica sont décrits, dont trois furent confiés aux archevêques de Rouen, Sens et Reims, qui exercèrent leur fonction de missi dans leur province ecclésiastique11. Ce principe fut ensuite généralisé par Louis le Pieux, puis Charles le Chauve, de telle sorte qu’en 853, le Capitulaire de Servais, promulgué par Charles le Chauve, définit douze missatica en Neustrie, Francie et Bourgogne. Évêques, abbés et comtes se virent confier les pagi qu’ils administraient, dans un cadre territorial plus étroit encore que celui défini en 802, puis 82512.
9Ces réformes de l’institution missatique ont profondément modifié la nature des voyages accomplis par les agents royaux. À l’opposé de ce qui avait cours jusqu’alors, leur orientation s’est désormais faite du missaticum à la cour, à l’occasion de l’assemblée annuelle. Ensuite, ces déplacements eurent lieu à l’intérieur de territoires où leur autorité était reconnue, où ils disposaient de relais et de soutiens. Cette organisation fondée sur le recours grandissant aux métropolitains s’est traduite par une réduction des déplacements lointains, mais n’a pas dispensé les missi de tout déplacement, ne serait-ce que parce que les territoires à la tête desquels ils furent placés étaient immenses.
Maîtriser les distances
L’application du concept de distance aux déplacements des missi
10Les missi dominici ont parcouru, au nom des souverains carolingiens, des distances considérables. Mesurer ces distances n’est guère aisé, en raison du caractère lacunaire des sources carolingiennes, mais plus encore à cause de la complexité qu’induit l’appréhension de la notion de distance13. Tous les déplacements n’avaient pas la même portée ni la même signification.
11On comprend aisément que les empereurs carolingiens aient fait appel à des missi qui se trouvaient à proximité de leur lieu de légation. Lorsque, en 788, Charlemagne ordonna que fût dressée la liste des biens de l’abbaye de Fontenelle, c’est logiquement à l’abbé de Jumièges, dont le monastère était lui aussi situé dans la Basse-Seine, qu’il confia cette mission14. Cependant, cette situation est loin d’avoir été la règle, et la distance entre le lieu d’exercice et le missaticum pouvait être considérable. Lors de leur tournée d’inspection dans le Midi à la fin des années 780, Théodulfe et Leidrade parcoururent près de 2 000 km ; l’abbé de Fontenelle Anségise fut envoyé d’abord à Spolète en 820, puis dans la Marche d’Espagne six ans plus tard, deux régions situées à plus de 1 000 km de son abbaye ; en 821, le comte Aledrannus de Troyes parcourut une distance similaire pour se rendre en Nursie15, etc. Mesurer les distances parcourues par les missi ne permet pas de saisir toute la complexité des déplacements réalisés. D’autres critères plus subjectifs doivent être pris en considération, qui donnent l’occasion de comprendre certains choix faits par les souverains. Evaluer la distance-temps permet de prendre toute la mesure des pesanteurs qu’impliquait l’administration de l’Empire. En effet, on estime à 35 km la distance moyenne journalière parcourue par les hommes du Moyen Âge. Les missi, accompagnés d’une suite nombreuse, ne pouvaient atteindre les vitesses de 60 km par jour atteintes par les messagers solitaires16. Dans ces conditions, les légations pouvaient durer plusieurs semaines, si l’on tient compte du voyage pour rejoindre le missaticum, des étapes nécessaires au ravitaillement des hommes et des chevaux, ou du temps nécessaire à la tenue des assemblées.
12Il importe également de tenir compte du terrain d’action dont disposaient les envoyés du roi. Parmi les personnalités dont l’action est bien documentée, on peut prendre pour exemple Hélisachar, abbé de Saint-Aubin d’Angers, qui fut sollicité à plusieurs reprises pour intervenir comme missus. En 830, il rendit la justice en Bretagne en compagnie du comte Lambert ; en 835, Louis le Pieux répondit à la requête de l’évêque Aldric du Mans et envoya l’abbé enquêter sur les biens de la cathédrale du Mans, que tenaient en bénéfice des vassaux de l’empereur17. À première vue, le choix d’Hélisachar s’explique aisément par la proximité – relative – d’Angers, où il exerçait son honor abbatial, avec la Marche de Bretagne et avec la cité du Mans. Il serait toutefois imprudent de se borner à mesurer la distance qui sépare Angers de ces deux lieux de légation. Il faut également tenir compte de la dispersion des honores, qui caractérise les stratégies aristocratiques aux viiie-ixe siècles. Cette dispersion, associée à la constitution d’un réseau de lieux de pouvoir et à la mobilisation de réseaux personnels, offrait aux grands de vastes terrains d’action18. C’est le cas d’Hélisachar, dont les attaches s’étendaient à l’Aquitaine, où il avait été actif à la cour du jeune Louis le Pieux, à la cour d’Aix-la-Chapelle – il fut l’un des conseillers privilégiés de l’empereur et exerça la charge de chancelier jusqu’en 819-, au Ponthieu, comme abbé de Saint-Riquier, et à l’Anjou, en tant qu’abbé de Saint-Aubin. Dès lors, le choix d’envoyer Hélisachar au Mans ou dans la Marche de Bretagne s’explique sans doute moins par la faible distance entre Angers et le lieu de légation que par la possession d’un vaste terrain d’action, sur lequel l’abbé pouvait s’appuyer pour rejoindre sa destination.
13Enfin, une réflexion sur la distance affective et spirituelle donne l’occasion d’appréhender la nature de la légation et l’intérêt porté aux déplacements, l’« espace vécu » des missi. Il est patent qu’un déplacement à Rome n’avait pas la même signification qu’une mission en Saxe ou en Bretagne. Les voyages à destination de Rome n’étaient pas les seuls à revêtir une dimension spirituelle. Dans son poème Versus contra iudices, dédié à Charlemagne, Théodulfe d’Orléans relate son expérience de missus dans le Midi aux côtés de Leidrade, archevêque désigné de Lyon19. Le champ lexical qu’il emploie dans le préambule (v. 1-98) tend à présenter cette légation comme un apostolat. Ainsi, la description de l’itinéraire emprunté par les deux hommes est précédée d’un long discours usant à plusieurs reprises de la métaphore du voyage, entendu comme la route que chacun doit suivre pour accéder au salut. Ces vers font écho à la lettre qu’Alcuin adressa à l’évêque d’Orléans avant sa légation, dans laquelle il demande à son interlocuteur de semer son chemin des fleurs de la prédication sainte20. Ces différents textes démontrent que Théodulfe concevait son office de missus autant comme une tournée de prédication que comme une mission judiciaire ou financière. Le voyage prenait alors une tout autre dimension, assimilable à la pérégrination des apôtres après la Pentecôte.
14Ces différentes interrogations sur la notion d’espace, appliquées aux expéditions des missi, attestent les difficultés que rencontre l’historien dès lors qu’il s’attache à apprécier les déplacements des élites carolingiennes. Plus qu’une mesure, la distance est une pratique de l’espace ; plus qu’une longueur entre deux lieux, elle se révèle par la mise en relation entre ces lieux. En effet, dans l’immense Empire carolingien, l’important n’était pas de contrôler, de quadriller l’espace, mais plutôt de nouer et consolider le lien politique entre les populations et le pouvoir central. Pour mener à bien cette mission, les missi dominici ont déployé diverses stratégies propres à abolir ou, du moins, limiter les contraintes de la distance.
Abolir les distances
15La communication entre les missi dominici et une partie de l’élite carolingienne était maintenue grâce à l’entretien d’un réseau efficace de messagers et de courriers. De nombreux témoins de la correspondance entretenue par les missi entre eux, avec la cour ou avec les élites locales ont été conservés. Parmi les plus fournis figurent la correspondance d’Alcuin avec Arn de Salzbourg, celle de Frothaire de Toul avec Hetti de Trêves et celle de Loup de Ferrières avec Prudence de Troyes. Outre qu’elles fournissent de précieux renseignements sur les déplacements ou les conditions de voyage des missi, ces lettres avaient pour objectif l’entretien des liens d’amicitia et le maintien de la cohésion du groupe aristocratique, que l’éloignement géographique et affectif avait tendance à distendre21.
16L’échange de lettres constituait la base d’un système de communication d’une rare efficacité, ainsi que le démontre la correspondance qu’entretinrent l’archevêque Hetti de Trêves et son suffragant Frothaire de Toul, sous le règne de Louis le Pieux. Dans une missive adressée à la fin de l’automne 817, Hetti, « par la miséricorde de Dieu archevêque du diocèse de Trêves et légat du sérénissime empereur Louis », informe Frothaire de l’ordre qu’il a reçu de l’empereur de procéder à la levée de Post22. Les circonstances l’exigeaient, puisque Bernard, roi d’Italie, avait fomenté un soulèvement général pour protester contre l’organisation de l’Empire telle qu’elle était exposée dans l’Ordinatio imperii. L’empereur, préoccupé de mater la révolte au plus vite, prit appui sur le réseau d’informations qu’entretenaient les missi-archevêques avec leurs suffragants, à charge pour ces derniers de répercuter l’ordre auprès des abbés, des comtes et des vassaux royaux de leur diocèse. L’efficacité de ce réseau est indéniable : Hetti demande, dans sa lettre à Frothaire, que ceux qui sont prévenus le matin se mettent en marche l’après-midi, et que ceux qui ne reçoivent l’ordre que le soir partent le lendemain matin. C’est du reste la rapide transmission des ordres royaux qui permit à l’empereur de mener une campagne victorieuse dès l’hiver 817, prenant ainsi son neveu de vitesse23.
17Pour transmettre la législation impériale, pour garantir un fonctionnement efficace de la justice, les missi dominici devaient avoir connaissance des spécificités juridiques en vigueur dans leur missaticum et des variations locales entraînée par la personnalité du droit. Le recensement des missi ayant exercé leur charge dans les régions méridionales démontre que la plupart d’entre eux étaient des personnalités originaires de ces régions, dont ils connaissaient les spécificités linguistiques et juridiques. L’origine autochtone des missi était un élément déterminant pour la réussite de certaines missions, dans la mesure où elle réduisait la distance sociale et culturelle entre les missi et les populations locales. Théodulfe souligne ce lien qui le relie aux populations qu’il rencontra au cours de son expédition dans le Midi, exprimant dans son poème sa joie de se retrouver parmi ses compatriotes (consanguinei)24. Pour les légations ponctuelles dans ces mêmes contrées méridionales, les souverains eurent fréquemment recours à des autochtones25. Il est probable que les mêmes exigences motivèrent la politique de Charlemagne et de ses successeurs, lorsqu’ils désignèrent comme missi dominici les archevêques dans les ressorts territoriaux de leur province ecclésiastique. À la faveur de la réforme de l’Église voulue par Charlemagne, l’archevêque s’imposait au sommet d’une hiérarchie ecclésiastique qu’il pouvait mobiliser pour relayer les ordres royaux, ainsi que l’a démontré l’étude de la correspondance d’Hetti de Trêves avec Frothaire de Toul. Néanmoins, l’origine autochtone, quels qu’aient été ses avantages, n’était pas systématique. Entraient en ligne de compte les qualités de médiateur, de diplomate, parfois d’homme de guerre des missi désignés. On a cité plus haut le cas d’Anségise, issu de l’aristocratie normande et qui devint abbé de Fontenelle ; il fut envoyé d’abord à Spolète, puis dans la Marche d’Espagne26. De même, en 838, Louis le Pieux envoya en Septimanie trois missi, le comte Boniface, le comte Donat et l’abbé Adrevald de Flavigny, qui ne disposaient sur place d’aucune attache connue27. Le choix de personnalités autochtones et d’individus disposant de soutiens à l’échelle locale pour exercer la charge de missi dominici avait pour objectif d’encourager les contacts avec les populations locales, d’obtenir leur adhésion aux réformes impériales, mais aussi de faciliter les déplacements des agents royaux.
Les conditions de déplacement
L’autorité reconnue aux agents royaux
18L’autorité dont était revêtue la charge missatique justifiait les égards qu’on manifestait aux missi tout au long de leur voyage. S’ils exerçaient, durant leur légation, la potestas et l’auctoritas royales, ils ne bénéficiaient pas des commodités dont jouissait le souverain lors de ses déplacements, comme le droit de gîte dans les abbayes royales. En revanche, ils recevaient, en même temps que les détails de leur mission, une « lettre de voyage » (tractoria ou epistola tractoria), une feuille de route destinée à leur fournir un soutien logistique au cours des étapes qui jalonnaient leur expédition. Ce document royal, présenté aux agents et aux vassaux royaux, obligeait ces derniers à accorder à leur détenteur les moyens de transport (evectio) et les vivres (humanitas) indispensables à la poursuite de leur voyage28. À cela s’ajoutait un droit de réquisition, sous la forme de produits de la terre : pain, agnelets, porcelets, poulets, vin, œufs, grains pour les chevaux29.
19L’autorité des missi était également confortée par la mise en scène qui accompagnait leurs étapes. Deux poèmes de Théodulfe décrivent le déroulement de ces légations, qui consistaient en une suite d’étapes de cité en cité. C’est dans ces lieux centraux que les missi rendaient la justice, à l’occasion d’assises ritualisées : installée au milieu du forum, la cour était annoncée à travers la cité au son de la trompette30. L’inscription des tribunaux missatiques dans l’espace urbain impliquait d’autres déplacements, à rebours de ceux des missi : ceux des populations environnantes, qui parcouraient parfois de longues distances pour se rendre auprès des légats dont ils sollicitaient le jugement. Le poète évoque cette foule en liesse, composée d’individus des deux sexes, de tous âges, qui s’empressent autour des missi, les accompagnent jusqu’aux portes de la ville. Il donne ainsi à l’entrée dans la cité un écho évangélique, l’adventus ainsi décrit valant reconnaissance de l’autorité des missi31.
L’espace vécu des envoyés du roi
20Il est malaisé d’appréhender l’expérience qu’avaient les hommes du haut Moyen Âge de leur espace et de leurs déplacements32. Les sources n’évoquent qu’exceptionnellement les trajets accomplis, à l’exception notable de l’œuvre poétique de Théodulfe d’Orléans. Dans son Versus contra indices, l’auteur prend soin de replacer son activité missatique dans son contexte géographique et spatial. Vraisemblablement parti de la cour royale, où il reçut ses instructions de Charlemagne, Théodulfe rejoignit son co-missus Leidrade à Lyon. Les deux hommes et leur suite descendirent alors la vallée du Rhône en empruntant la voie romaine de Lyon à Arles (via Vienne, Valence, Orange, Avignon et Nîmes) ; ensuite, ils suivirent la Via Domitia jusqu’à Narbonne, faisant halte à Agde et Béziers, puis atteignirent Carcassonne. Lors de leur voyage de retour, ils empruntèrent sensiblement le même itinéraire, faisant notamment étape à Arles, Marseille, Aix et Cavaillon33. Ces régions avaient hérité de leur passé gallo-romain une rare densité urbaine, ainsi qu’un dense réseau de voies praticables, qu’empruntèrent les envoyés du roi.
21En dépit des égards dont jouissaient les missi dominici, leur voyage pouvait être émaillé d’incidents. Les déplacements pouvaient s’avérer périlleux en raison de l’insécurité des routes, des raids vikings et sarrasins, qui générèrent une insécurité grandissante à partir du règne de Louis le Pieux. Pour prévenir toute infortune, les clercs qui se rendaient dans leur missaticum étaient accompagnés d’une escorte, composée d’hommes d’armes recrutés parmi leurs vassaux. Cette suite pouvait être nombreuse. Dans une lettre adressée en 845 au chancelier impérial Louis, l’abbé Loup de Ferrières se plaint des pertes qu’il a subies l’année précédente, lors de la légation qu’il a effectuée avec l’évêque Prudence de Troyes en Bourgogne : envoyés pour inspecter les monastères et pour y imposer la réforme monastique, les missi perdirent dix chevaux34. On ne connaît pas la proportion que représentait le troupeau perdu par les deux prélats, mais elle laisse supposer l’existence d’un convoi important. D’autres sources confirment les tensions que pouvait entraîner le séjour prolongé de ces escortes. Dans son poème Itinerarium, Théodulfe d’Orléans donne des indications sur le voyage qu’il accomplit en Aquitaine, en compagnie d’un second missus, Auredus35. L’évêque se rendit à Limoges, « ville opulente », qui l’accueillit durant neuf jours, jusqu’à l’arrivée de son compagnon de route. La richesse de la ville s’explique vraisemblablement par la qualité de l’hospitalité qui fut accordée à Théodulfe et sa suite ; un accueil dont ses hommes d’armes abusèrent, puisque, au soir du neuvième jour, « arrosés par Bacchus », ils furent pris à partie par les habitants, prêts à verser le sang. Ce n’est qu’avec l’aide du clergé local que les missi et leur suite purent quitter la ville sans encombre36.
22D’autres aléas pouvaient compliquer les déplacements des missi, comme les conditions climatiques. Ainsi, Théodulfe et Leidrade durent écourter leur mission dans le Midi en raison des gelées hivernales et de la neige qui recouvrait les hauteurs, les collines et les vallées37. Auparavant, c’est l’atmosphère malsaine et l’insalubrité de la plaine littorale languedocienne qui avaient contrarié leur progression38. La neige et le froid étaient surtout craints par les missi qui se rendaient en Italie, car ils devaient prendre en considération la possibilité d’emprunter les cols alpins. Il importait également de disposer de prés ou de fourrage pour nourrir les chevaux, lors des différentes étapes de la légation. Cet impératif, qui prévalait pour la marche des armées, valait également pour les déplacements des missi, ainsi que le confirme une lettre adressée par Loup de Ferrières à son co-missus Prudence de Troyes, en 845. L’abbé y exprime son inquiétude face à l’imminence de leur légation, alors qu’il n’y a pas encore « abondance d’herbe » et qu’il ne dispose pas de fourrage en quantité suffisante39. Mais il est vrai que l’abbé exprime, tout au long de sa correspondance, la contrariété qu’occasionne l’accomplissement de ses devoirs envers l’empereur.
23Charlemagne et ses successeurs ont construit un mode de gouvernement fondé à la fois sur un quadrillage de l’espace (par les comtes et les marchiones) et sur une maîtrise des distances. Il s’agissait toutefois moins de combler la distance entre les lieux les plus éloignés de l’Empire que de réduire celle-ci entre le roi et ses sujets. En effet, le but des légations missatiques n’était pas d’investir l’espace : il s’agissait pour les missi d’appliquer le ministerium regis (protéger les pauvres, imposer la pax et concordia, répandre la foi chrétienne), d’incarner la présence impériale sur l’ensemble du territoire et ainsi de resserrer le lien entre le roi et ses sujets. L’accomplissement de ces tâches impliquait de couvrir des distances considérables. Les missi dominici ont déployé différentes stratégies pour maîtriser les distances : l’activation de réseaux d’influence, l’élaboration de systèmes de communication propres à assurer une circulation des ordres et des informations à l’échelle de l’Empire. Toutefois, maîtrise des distances ne signifie pas maîtrise de l’espace. Les déplacements des envoyés du roi, même à l’apogée de l’activité missatique, n’ont pas généré un processus de territorialisation : les missi ont agi comme des médiateurs, chargés d’opérer un rapprochement entre le pouvoir royal et ses sujets.
Notes de bas de page
1 Sur l’institution missatique, K.-F. Werner, « Missus-marchio-comes : entre l’administration centrale et l’administration locale de l’Empire carolingien », Histoire comparée de l’administration (ive-xviiie siècle), éd. W. Paravicini, K.-F. Werner, Munich, 1980 (Beihefte der Francia, 9), p. 191-191-239 ; J. Hannig, « Pauperiores vassi de infra palatio ? Zur Entstehung der karolingischen Königsbotenorganisation », Mitteilungen des Instituts fur österreischiche Gescbichtsforschung, 91 (1983), p. 309-374 ; W. A. Eckhardt, « Die Capitula missorum specialia von 802 », Deutsches Archiv, 12 (1956), p. 498-516 ; V. Krause, « Geschichte des Institutes der Missi dominici », Mitteilungen des Instituts für osterreischiche Gescbichtsforschung, 11 (1890), p. 193-300 ; R. Mckitterick, Charlemagne. The Formation of a European Identity, Cambridge, 2008, p. 256-278 ; F. Bougard, La justice dans le royaume d’Italie de la fin du viiie au début du xie siècle, Rome, 1995 (BEFAR, 291), p. 177-190 ; J. Weitzel, Dinggenossenschaft und Recht. Untersuchungen zum Rechtsverständnis im fränkischdeutsch Mittelalter, t. 1, Cologne-Vienne, 1985, p. 354-429 ; F.-L. GANSHOF, « Charlemagne et les institutions de la monarchie franque », Karl der Grosse : Lebenswerk und Nachleben, éd. W. Braunfels, t. 1, Düsseldorf, 1965, p. 366-393 ; L. Halphen, Charlemagne et l’Empire carolingien, Paris, 1947, p. 127-180.
2 Capitularía regum Francorum, t. 1, éd. A. Boretius, Hanovre, 1883 (MGH Capit.), no 33 (802), p. 91-99.
3 Iustitias faciendas in ducatus Spoletus direximus ; a finibus spoletanis seu romania directi·, venerunt in comitatu Augtistidunense, etc.
4 J. W. Bernhardt, Itinerant Kingship and Royal Monasteries in Early Medieval Germany, c. 936-1075, Cambridge, 1993.
5 Mckitterick, Charlemagne..., op. cit. n. 1, p. 171-186.
6 J. L. Nelson, Charles the Bald, Londres-New York, 1992, trad. D.-E. Canal, Charles le Chauve, Paris, 1994, p. 191.
7 Mckitterick, Charlemagne..., op. cit. n. 1.
8 Capitularía..., op. cit. n. 2, no 23 (789), c. 1,2, 14, p. 62 ; no 26 (ca. 786-792), c. 6, p. 67 ; no 35 (ca. 802), c. 2, p. 102 ; no46 (806), c. 9, p. 132 ; n” 58 (ca. 801-814), c. 5, p. 145 ; no 67 (ca. 803-813), c. 5, p. 157 ; Capitularía regimi Francorum, t. 2, éd. A. Boretius, V. Krause, Hanovre, 1897 (MGH Capir.), n“206 (853), c. 2, p. 75.
9 Halphen, Charlemagne..., op. cit. n. 1 ; Werner, « Missus... », loc. cit. n. 1 ; J. Favier, Charlemagne, Paris, 1999 ; McKitterick, Charlemagne..., op. cit. n. 1.
10 Les permanences de l’institution dans le royaume d’Italie jusqu’à l’avènement d’Otton Ier sont démontrées par Bougard, La justice..., op. cit. n. 1, p. 296-305.
11 Capitularía..., t. 1, op. cit. n. 2, no 33 (802), p. 91-99. Sur cette réforme, Eckhardt, « Die Capitula missorum specialia... », loc. cit. n. 1.
12 Capitularía..., t. 1, op. cit. n. 2, no 33 (802), p. 91-99 ; no 151 (825), p. 308-309 ; Capitularía..., t. 2, op. cit. n. 9, no 260 (853), p. 275-276.
13 Une définition philosophique de la notion de distance a été donnée par G.-W. Leibniz, « Des idées », Œuvres, trad. M.-A. Jacques, Paris, 1846, p. 214-215. Sur les usages du concept de distance en géographie : J. Levy, « Distance », Dictionnaire de la géographie et de l’espace des sociétés, éd. J. Lévy, M. Lussault, Paris, 2003, p. 267-270 ; A. Gattrel, Distance and Space. A Geographical Perspective, Oxford, 1983, et, en dernier lieu : La distance, objet géographique, numéro spécial de la revue Atala, 12 (2009).
14 Chronique des abbés de Fontenelle (Saint-Wandrille), éd. et trad. P. Pradié, Paris, 1999, 11, c. 3, p. 132.
15 Ces distances ont été évaluées à l’aide du Barrington Atlas of the Greek and Roman World, éd. R. J. A. Talbert, Princeton, 2000.
16 O. Bruand, Voyageurs et marchandises aux temps carolingiens. Les réseaux de communication entre Loire et Meuse aux viiie et ixe siècles, Bruxelles, p. 138-140. Sur Hélisachar, Ph. Depreux, Prosopographie de l’entourage de Louis le Pieux (781-840), Sigmaringen, 1997, p. 235-240.
17 Sur Hélisachar, Ph. Depreux, Prosopographie de l’entourage de Louis le Pieux (781-840), Sigma
18 R. Le Jan, Famille et pouvoir dans le monde franc (viie-xe siècle). Essai d’anthropologie sociale, Paris, 1995, p. 73-76.
19 Théodulfe D’orléans, Versus contra iudices, éd. E. Dümmler, Berlin, 1881 (MGH Poetae, 1), p. 493-517. Sur le poème, E. Magnou-Nortier, « La mission financière de Théodulf en Gaule méridionale d’après le Contra Indices », Papauté, monachisme et théories politiques. Études d’histoire médiévale offertes à Marcel Pacaut, t. 1, éd. P. Guichard, M.-Th. Lorcin, J.-M. Poisson, M. Rubellin, Lyon, 1994, p. 89-110 ; M. Fuhrmann, « Philologische Bemerkungen zu Theodulfs Paraenensis ad iudices », Das Profil des Juristen in der europaischen Tradition, éd. K. Luig, D. Liebs, Ebelsbach, 1980, p. 257-277 ; G. Monod, « Les moeurs judiciaires au viiie siècle d’après la Paraenesis adJudices de Théodulf », Revue historique, 35 (1898), p. 1-20. Sur les déplacements accomplis par Théodulfe, voir également la contribution de Claire Tignolet dans ce volume.
20 Epistolae karolini aevi, éd. E. Dümmler, Berlin, 1895 (MGH Epp., 42), no 225 (801), p. 368-369.
21 R. Le Jan, « Le lien social entre Antiquité et haut Moyen Âge : l’amitié dans les collections de lettres gauloises », Akkulturation. Problème einer germanisch-romischen Kultursynthese in Spätantike und frühem Mittelalter, éd. D. Hägermann, W. Haubrichs, J. Jarnut, Berlin-New York, 2004, p. 528-546.
22 La correspondance d’un évêque carolingien. Frothaire de Toul (813-847), éd. M. Parisse et alii, Paris, 1998, no 26 (817), p. 136.
23 Sur cette révolte, Th. F. X. Noble, « The Revolt of King Bernard of Italy in 817 : Its Causes and Consequences », Studi medievali, 15 (1974), p. 315-326.
24 Me consanguineo fit duce leata sibi : Théodulfe d’Orléans, Versus..., op. cit. n. 19, v. 138. Le terme consanguineus, qui traduit ordinairement des liens familiaux, exprime ici une proximité ethnique ou juridique : Studien über die französischen Volkstämme des Frühmittelalters, éd. W. Kienast, Stuttgart, 1962, p. 82.
25 La liste des différentes légations missatiques, proche de l’exhaustivité, est fournie en annexe de Krause, « Geschichte... », loc. cit. n. 1, p. 258-300.
26 Depreux, Prosopographie..., op. cit. n. 17, p. 104-106.
27 Ibid., p. 143-144 (Boniface), p. 160-162 (Donat) et p. 88-90 (Adrevald).
28 Formulae merowingici et karolini devi, éd. K. Zeumer, Hanovre, 1896 (MGH Formulae, 1), no 20, p. 121-122. Sur ce document, F.-L. Ganshof, « La tractoria. Contribution à l’étude des origines du droit de gîte », Tijdschrift voor Rechtsgeschiedenis, 8 (1927), p. 69-91.
29 Capitularía..., t. 1, op. cit. n. 2, no 141, c. 29, p. 291.
30 Théodulfe D’Orléans, Versus..., op. cit. n. 19, v. 357, 371 et 585.
31 Ibid., v. 154, 162-165. Sur l’adventus à l’époque carolingienne, K. Hauck, « Von einem spatantiker Randkultur zum karolingischen Europa », Frühmittelalterliche Studien, 1 (1967), p. 30-43.
32 P. Gautier Dalché, « Tradition et renouvellement dans la représentation de l’espace géographique au ixe siècle », Studi medievali, 24 (1983), p. 121-165, repris dans Id., Géographie et culture. La représentation de l’espace du vie au xiie siècle, Aldershot, 1997 ; A. Esch, « Homo viator : l’esperienza di spazio e distanza », Uomo e spazio nell’alto medioevo, t. 2, Spolète, 2003 (Settimane di studi sull’alto medioevo, 50), p. 745-770.
33 Théodulfe D’Orléans, Versus..., op. cit. n. 19, v. 99-152.
34 Loup de Ferrières, Correspondance, éd. et trad. L. Levillain, Paris, 1927 (Les classiques de l’histoire de France au Moyen Âge, 10), no 45, p. 186-193.
35 Théodulfe d’Orléans, Itinerarium, éd. E. Dümmler, op. cit. n. 19, p. 549. Le texte emprunte son sujet et son style à une satire d’Horace, l’Iter Brindisium, dans laquelle le poète romain relate avec humour les péripéties d’une légation qu’il accomplit en 38 av. J.-C. de Rome à Brindisi, en Calabre, afin de négocier la paix entre Octave et Marc-Antoine (Horace, Satires, éd. et trad. F. Villeneuve, Paris, 1951, p. 20-22).
36 Théodulfe d’Orléans, Itinerarium, op. cit. n. 35, v. 8-13.
37 Id., Versus..., op. cit. n. 19, v. 153-160.
38 Ibid., v. 155.
39 Loup de Ferrières, Correspondance, op. cit. n. 34, no 41, p. 172-175.
Auteur
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. LAMOP (CNRS, UMR 8589)
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