De nouveaux bénéfices défensifs
p. 115-137
Texte intégral
1Que penser, en définitive, des enjeux de défense contre la mer, qui ont présidé, comme on l’a vu, à la majorité des conquêtes entreprises au fil des siècles ? Ont-ils été balayés des mémoires dans les opérations actuelles de dépoldérisation ? Il n’en est évidemment rien. En effet, lorsque les « dépoldérisateurs » conduisent des opérations qui pourraient entraîner un risque pour les populations locales, toutes les mesures nécessaires à leur protection sont prises, non à l’intérieur du site dépoldérisé – puisque celui-ci est généralement inhabité – mais à l’arrière du polder rendu à la mer. Sont alors entrepris des rehaussements ou des (re)constructions de digues pour isoler le polder submersible de son arrière-pays. En second lieu, lorsque les craintes de la population se maintiennent en dépit de ces mesures de sécurité et en l’absence de risque réel, les dépoldérisateurs renoncent à leur projet comme ce fut le cas sur les rives d’Édimbourg. Il apparaît qu’on est ainsi parvenu à un statu quo sur les rivages européens, puisque – comme expliqué supra – on ne poldérise plus pour raisons défensives et qu’on ne dépoldérisé pas en cas de perception sociale alarmiste. Mais un autre cas de figure est à évoquer, du fait de sa forte originalité et de sa diffusion naissante en Europe. Il s’agit de l’idée, a priori paradoxale, que la dépoldérisation pourrait constituer un bon moyen de protéger de la mer les côtes à polders, dans le contexte actuel d’élévation eustatique et d’accroissement des coûts de la défense côtière. Les dépoldérisations à visée défensive représentent de fait 18 % des soixante-sept dépoldérisations étudiées.
2On peut rappeler à cet égard que 12 % des côtes de l’Union européenne – si on les prend en considération sur une largeur de 10 kilomètres – se situent à une altitude inférieure à 5 mètres, ce qui les rend très vulnérables à l’élévation du niveau marin et à l’accroissement des tempêtes et des submersions, a priori attendus dans le cadre du changement climatique. Or ces deux évolutions constituent une contrainte majeure de la politique de protection côtière, car elles demandent des adaptations en termes de hauteur et de solidité des digues et, plus généralement, des choix entre la poldérisation et la dépoldérisation. Il conviendra d’examiner quels sont, dans l’Atlantique du Nord-Est, les prévisions des climatologues pour le siècle à venir et les éléments qu’en retiennent les pouvoirs publics et les aménageurs dans leur politique de défense côtière.
1. Des prévisions climatiques incertaines, mais des choix politiques précis
1.1. Une élévation du niveau de la mer à l’ampleur et au rythme incertains
3L’élévation du niveau de la mer a récemment pris de l’ampleur et devrait encore croître au cours du xxie siècle. Après avoir sans doute atteint en moyenne dans le monde 1 à 2 mm/an au cours du xxe siècle, selon les observations marégraphiques1, celle-ci aurait été en moyenne de 1,8 mm/an de 1961 à 2003 et même de 3,1 mm/an de 1993 à 20032, selon des mesures affinées depuis 1992 par le satellite Topex-Poséidon aidant à déterminer le niveau absolu de la mer. Dans le dernier rapport du GIEC, cette accélération récente n’est pas encore associée de façon certaine à un renforcement de la tendance sur le long terme ; il pourrait s’agir d’une simple variation décennale. On estime que l’élévation eustatique actuelle tiendrait pour plus de la moitié à une dilatation thermique des océans et pour plus d’un quart à la fonte des glaces continentales (glaciers et calottes glaciaires). Le reste serait dû à la rétraction des glaces marines. Pour le siècle à venir, les estimations maximales du GIEC, qui étaient de huit mètres en 1995, ont été largement revues à la baisse passant à seulement 59 cm en 2007 (dans le scénario A1F1 le plus néfaste, supposant une poursuite de l’exploitation des énergies fossiles).
4Si le niveau marin doit continuer d’augmenter en Europe, au xxie siècle, on observera néanmoins des disparités régionales, comme ailleurs dans le monde3. D’après le GIEC, ces variations pourraient entraîner, sur certaines côtes, une augmentation de 50 % des élévations moyennes prévues en 20014. La fourchette globale du GIEC qui était comprise à cette date entre 9 et 88 cm d’ici à 2100 pourrait localement passer de 13 cm à 1,32 m sur certaines côtes européennes. On estime qu’il faudrait, de surcroît, y ajouter une élévation de 10 à 20 cm du fait des incertitudes relatives aux impacts de l’oscillation nord-atlantique sur les niveaux marins hivernaux. On atteindrait alors des niveaux compris entre une trentaine de centimètres et 1,50 m.
5Cependant la relative précision de ces chiffres oblitère le fait qu’il ne s’agit, en réalité, que d’estimations basses ne prenant pas en considération la fonte des deux inlandsis – qui, si elle était totale, pourrait conduire à une élévation de 75 m du niveau de la mer. On sait que la fonte du Groenland aura un impact sur l’élévation eustatique puisque son bilan glaciaire est déjà négatif. Dans le cas d’une fusion de l’inlandsis antarctique, qui contient à lui seul 99 % du volume des glaces continentales, le potentiel de hausse du niveau marin serait évidemment bien plus considérable. Mais de nombreuses incertitudes demeurent malgré la complexification croissante des modèles climatologiques. Ceux-ci intègrent désormais, outre des données sur l’atmosphère et l’océan, des éléments sur les glaces de mer, les aérosols et la végétation, ou, lorsqu’il s’agit de modèles mixtes, sur l’évolution démographique et la croissance économique. Toutefois, comme le soulignent les climatologues, de nombreux facteurs ne sont pas encore pris en considération dans ces modèles, comme le rôle des nuages, l’éventuel renversement de certains courants océaniques et l’évolution des oscillations cycliques, telle l’oscillation nord-atlantique, ou acycliques tel El-Nino5. Le GIEC lui-même souligne ces incertitudes en expliquant que « les valeurs supérieures des fourchettes ne doivent pas être considérées comme les limites supérieures de l’élévation du niveau de la mer, même si les modèles tiennent compte de l’accroissement de l’écoulement glaciaire au Groenland et en Antarctique aux rythmes observés entre 1993 et 20036 ». En effet, les modèles ne prennent pas en compte les processus dynamiques liés à l’écoulement de la glace. Ainsi, si une élévation du niveau marin de plusieurs mètres – de 7 m en cas de fonte complète du Groenland – devrait a priori s’échelonner sur plusieurs millénaires, le GIEC concède, dans son dernier rapport, qu’elle pourrait aussi se produire plus rapidement, en l’espace de quelques siècles.
6Le physicien James E. Hansen, à l’origine de l’irruption du changement climatique dans le débat public en 1988, est encore plus pessimiste. Il estime actuellement, avec d’autres collègues américains, que le niveau tolérable de gaz à effet de serre est déjà dépassé et que l’on devrait rapidement revenir à un niveau inférieur pour éviter un changement catastrophique du climat7. Ces chercheurs fondent cette assertion sur l’analyse de données paléo-climatiques. Une élévation du niveau de la mer de plusieurs mètres par siècle s’est par exemple produite dans le cas de changements climatiques antérieurs, plus lents et faibles que le changement actuel. Sans entrer dans le détail de données physiques fort complexes, les estimations les plus alarmistes du GIEC demeurent très mesurées au regard de ce que ces chercheurs imaginent : si les émissions de GES en restaient à leur rythme actuel, il est probable, selon eux, que l’élévation du niveau de la mer atteindrait au moins deux mètres dès le xxie siècle8. Le prochain rapport du GIEC intégrera peut-être ces nouveaux éléments, en multipliant par trois ou quatre les estimations maximales actuelles. Si pour certains cette élévation de deux mètres d’ici à 2100 reste très improbable9 car elle supposerait que toutes les variables prises en considération atteignent rapidement des limites extrêmes, elle paraît très réaliste à d’autres depuis qu’on dispose de nouvelles données sur la fonte accélérée des glaces (2009). Quelle que soit leur position, de plus en plus de scientifiques considèrent les estimations du GIEC comme très insuffisantes10. Les estimations plus hautes envisagées pour l’Europe pourraient sans doute se révéler plus proches de la réalité, une hausse d’un mètre d’ici à 2100 étant de plus en plus considérée comme une prévision a minima.
1.2. Une absence de consensus sur l’évolution de la tempétuosité au xxie siècle
7Les incertitudes sont apparemment tout aussi fortes en ce qui concerne l’évolution des tempêtes pourtant largement étudiée dans l’Atlantique du Nord-Est. Rappelons que les tempêtes sont « des systèmes baroclines de basse pression qui se produisent aux moyennes et hautes latitudes en particulier en saison froide entre novembre et février. Caractérisées par des vitesses de vent moyenné [...] de plus de 87 km/h, [...] elles provoquent d’importants dommages et dégâts par suite de l’effet conjugué sur la surface de la mer de la baisse de pression et des vents11 ». Comme l’indique le GIEC dans son dernier rapport, il est probable que la fréquence des épisodes d’élévation extrêmes du niveau de la mer [c’est-à-dire d’événements liés à des tempêtes] se soit accrue en de nombreux endroits du globe depuis 197512. En l’occurrence, plusieurs études montrent un certain accroissement de la tempétuosité dans cette région océanique à la fin du xxe siècle. Ainsi les travaux d’Alexandersson et al. montrent une augmentation rapide du nombre d’événements extrêmes de vent à partir de 1965, en particulier en mer du Nord et dans le secteur des îles Britanniques, à partir d’une étude des vitesses de vent supérieures à 25 m/s sur la période 1881-199813. L’étude de N. Schœnenwald et M. Tabeaud, établie sur la période 1864-2009 à partir des bulletins météorologiques quotidiens concernant la France et les îles Britanniques, montre également une tendance ascendante de la tempétuosité à partir des années 1970, mais pas pour autant de hausse nette des tempêtes14. Les travaux de C. Dreveton sur la France, en dépit des limites techniques qu’ils présentent15, mettent en exergue une absence d’évolution des tempêtes en France, en fréquence ou en intensité, dans la période 1950-199916 – ce que confirment M. Tabeaud et al. Ces auteurs insistent sur l’idée que « l’impression de risque accru face aux coups de vent s’est généralisée dans l’opinion [française, non sous l’effet d’une plus forte tempétuosité mais du fait] d’une vulnérabilité plus élevée et/ou d’une intolérance croissante face à l’aléa météorologique17 ».
8Les explications de ce phénomène seraient plurielles18 ou largement incertaines. Selon les auteurs, cette augmentation récente de la tempétuosité pourrait être mise en relation avec les cycles des taches solaires ou avec certaines oscillations climatiques, voire le changement climatique en général. Par exemple, l’oscillation nord-atlantique (ONA) pourrait expliquer en partie l’augmentation de la tempétuosité au moins à partir des années 1980. En effet, les climatologues ont constaté une circulation d’ouest activée depuis cette période, avec un « rail » de perturbations plus actif et des vents subpolaires renforcés, du fait d’un important gradient de pression entre l’anticyclone des Açores et la dépression d’Islande. De son côté, l’oscillation arctique (OA) pourrait aussi expliquer l’élévation récente de la tempétuosité, mais là encore à partir des années 1980 et non de la décennie 1960. Enfin, le réchauffement climatique pourrait, pour sa part, être synonyme d’une augmentation de la vapeur d’eau dans l’atmosphère et par conséquent d’une transformation plus facile des perturbations en tempêtes. L’effet de serre pourrait également se traduire par des oscillations nord-atlantique et arctique positives, c’est-à-dire favorables à la formation de tempêtes. Toutefois l’accroissement de la tempétuosité dans l’Atlantique nord à la fin du xxe siècle pourrait aussi ne correspondre qu’à une fluctuation pluri-décennale, qui serait tout à fait probable au regard des variabilités de fréquence des tempêtes sur lesquelles s’accordent les chercheurs pour l’ensemble du xxe siècle19.
9Si les incertitudes restent fortes en ce qui concerne l’évolution récente de la tempétuosité et l’explication de ce phénomène, elles le sont tout autant en ce qui concerne son évolution à venir, dans un contexte de changement climatique. Ainsi, selon Martine Tabeaud, « les prévisions sur la hausse de fréquence de fortes tempêtes d’hiver ne sont qu’une hypothèse. En effet, le plus fort réchauffement des hautes latitudes pourrait réduire les contrastes zonaux de température et donc le potentiel de formation des perturbations20 »... On peut ainsi dire qu’« aucun consensus ne se dégage sur le lien entre le réchauffement planétaire attendu et l’augmentation de fréquence et d’intensité des perturbations tempétueuses en Atlantique Nord21 »... En dépit de ces incertitudes scientifiques, le GIEC avance dans son rapport de 2007, et notamment dans le chapitre 12 consacré à l’Europe, des éléments précis pour le siècle à venir. Dans cette région, les modélisations climatiques prévoient une augmentation de la vitesse des vents et de l’intensité des tempêtes dans la partie nord-est de l’Atlantique, au moins dans le premier tiers du xxie siècle22. Pour le sud de la mer du Nord, ces modélisations indiqueraient plus précisément une réduction de la fréquence des tempêtes mais une augmentation de leur intensité. Le rapport du GIEC insiste en particulier sur les effets de cette évolution : même si les tempêtes n’ont pas toutes des effets érosifs, celles-ci pourraient contribuer à une augmentation de l’érosion côtière23 et des submersions marines dans les régions s’étendant du nord de l’Espagne au Danemark en incluant les îles Britanniques24. En l’occurrence, la Belgique, les Pays-Bas et l’Allemagne sont particulièrement menacés de submersion, avec une large partie de leur littoral située sous la cote des 5 mètres (85 % d’une tranche de 10 km de large pour les deux premiers et 50 % pour le troisième)25.
10Si des impacts de l’élévation marine et des tempêtes sont à attendre en Europe, on ne sait toutefois que penser des précisions fournies par le GIEC au regard de toutes les incertitudes qui planent encore sur la compréhension de ces phénomènes, et a fortiori sur leur évolution au xxie siècle. Dans le doute et en appliquant un principe de précaution, il paraît toutefois de plus en plus nécessaire de se prémunir des impacts négatifs de phénomènes exceptionnels devenant peut-être plus fréquents.
1.3. Une prise en compte généralisée de ces prévisions dans les politiques défensives
11Quelles que soient ces incertitudes scientifiques, l’élévation du niveau marin devrait entraîner une augmentation au moins décimétrique du niveau de l’eau. Les pays d’Europe atlantique ont donc tous, si ce n’est mis en place de véritables politiques d’adaptation au changement climatique, du moins commencé à réfléchir à la question. Les limites supérieures d’élévation de la mer peuvent différer d’un pays à l’autre, en fonction de l’existence de données régionales plus ou moins précises ou de préoccupations plus ou moins fortes à cet égard. Les pays étudiés ont aussi intégré à leur réflexion l’idée d’un accroissement futur de la tempétuosité, à l’exception de la France où aucun accroissement n’a été remarqué dans les dernières décennies26. Ainsi, la Grande-Bretagne base sa politique d’adaptation sur quatre scénarios, proposant une élévation du niveau marin globalement comprise entre 7 et 36 cm d’ici à 2050, et une augmentation de la fréquence des tempêtes et des grandes vagues, de même que des niveaux d’eau atteints dans ces conditions27. En France, l’étude lancée par le Conservatoire du littoral sur plusieurs portions des côtes métropolitaines se fondait, en à 2002, sur une estimation de 44 cm d’ici à 2100 et le rapport français à la dernière convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques, en 2006, prenait en considération une élévation de 30 à 50 cm28. Aujourd’hui, on évoque plus fréquemment une élévation de 1 m, comme dans le rapport Anziani sur les conséquences de la tempête Xynthia29. Si le rapport néerlandais à la convention cadre de l’ONU de 2006 évoquait pour sa part une élévation d’une soixantaine de centimètres au xxie siècle30, le plan Delta 2, mis en œuvre à partir de 2010, table désormais sur une élévation maximale du niveau marin de 1,30 m d’ici à 2100 et de 4 m d’ici à 220031. Le rapport allemand ne donnait aucune estimation pour la côte allemande en 2006 et s’en tenait aux estimations générales du GIEC32. Mais du côté de la mer du Nord, le groupe trilatéral de travail sur la mer des Wadden envisage, pour sa part, une élévation séculaire d’une centaine de centimètres33 et une augmentation de la fréquence des tempêtes34.
12En termes démographiques, économiques et spatiaux, les conséquences de ces modifications eustatiques et climatiques, même incertaines, sont importantes : Nicholls et Klein ont établi que, dans le cas de submersions liées à une élévation de 100 cm du niveau marin, les Pays-Bas et l’Allemagne – qui nous concernent plus particulièrement – verraient 67 % et 4 % de leurs populations respectives potentiellement affectés, de même que 69 % et 30 % de leur PIB ou 6,7 % de leurs terres (Pays-Bas)35 ! Les littoraux de ces deux pays seraient ainsi les plus affectés en Europe par le changement climatique. Dans ces conditions, les coûts nécessaires à une adaptation seront tellement élevés qu’il n’est plus temps de réfléchir aux discordances ou aux incertitudes relevées par la science. Par ailleurs, il est fréquemment démontré que l’adaptation préventive serait moins coûteuse qu’une réaction tardive et au coup par coup, ce qui incite les pays européens à agir dès maintenant. Le livre vert de l’Europe sur l’adaptation au changement climatique estime notamment, dans l’hypothèse d’une élévation du niveau marin de 56 cm durant le xxie siècle, que si des mesures d’adaptation étaient prises, les coûts annuels des dommages seraient trois fois inférieurs pour la décennie 2020 et même six fois moindres pour la décennie 208036. Une autre modélisation économique a démontré qu’en l’absence de mesures d’adaptation et dans le contexte du scénario A2 du GIEC37, des submersions marines pourraient, dans la décennie 2080, concerner chaque année 1,4 million d’Européens, pour un coût économique annuel de 18 milliards d’euros et la perte définitive de 19000 km2. Par contre, des mesures d’adaptation variées permettraient de faire limiter les pertes de terres à 1000 km2 et le coût économique annuel à environ 1 milliard d’euros, pour des dépenses d’adaptation du même ordre38. L’étude de Nicholls et Klein, centrée sur les Pays-Bas et l’Allemagne, a estimé de la même façon que les coûts d’adaptation à une élévation du niveau marin d’un mètre correspondraient à 5,5 % et 2,2 % de leur PIB39 respectifs, ce qui resterait très inférieur au coût potentiel des dommages sans adaptation. Le temps d’agir est clairement venu ; c’est ce qui explique les choix que certains pays d’Europe ont déjà faits entre la poldérisation et la dépoldérisation.
2. Le rôle défensif des dépoldérisations dans la « défense douce » des côtes britanniques
13Appelée managed realignment ou réalignement contrôlé (d’une digue), la politique défensive britannique consiste à augmenter l’efficacité et la pérennité des digues en les faisant précéder d’un pré salé. En effet, lorsqu’un pré salé est suffisamment large, il peut jouer le rôle d’un espace tampon, où la houle, freinée, s’atténue progressivement, ce qui permet de ne plus craindre de niveaux d’eau trop élevés – en dépit de l’élévation du niveau de la mer et de la subsidence glacio-isostatique du sud-est du pays – et, par conséquent, de ne pas engager de politique trop ruineuse de surélévation systématique des digues. Ainsi, d’après des calculs établis par les National River Authorities pour la côte est de l’Angleterre, dans les années 1990, une digue doit avoir en l’absence de schorre une hauteur de 12 mètres, ce qui équivaut à cette période à un coût de construction de 5000 livres par mètre linéaire. En présence d’un schorre de 80 mètres de large, la hauteur de la digue peut s’abaisser à 3 mètres, ce qui entraîne une réduction importante des coûts de construction qui ne s’élèvent plus qu’à 400 livres par mètre linéaire (NRA, s.d.n.l). Or, pour recréer ces prés salés sur les côtes à polders, les Britanniques préconisent justement de réaligner la ligne de digues, c’est-à-dire de dépoldériser40. En reculant la digue, et en permettant à la marée de pénétrer dans une partie de polder, à travers une ou plusieurs brèches, un processus de sédimentation permet une renaissance relativement rapide des vasières et des prés salés, qui peuvent alors aider à freiner la houle.
14Le recours à cette politique de managed realignment, en Angleterre, s’explique par le fait que les digues sont en mauvais état dans ce pays et que le schorre y a subi une forte réduction. Au cours des deux derniers siècles, les estuaires britanniques ont effectivement perdu, du fait de travaux d’endiguement, 25 à 50 % de leur zone intertidale et la moitié de leurs schorres. Par ailleurs, l’érosion les a également fait naturellement reculer : des mesures très précises de ce recul, effectuées durant vingt-cinq ans (1973-1998) le long des côtes de l’Essex, montrent que le schorre ne s’étend plus que sur un quart de sa surface de 1973 (ce qui correspond à une perte de 40 ha/an), 95 % de ce recul incombant à l’érosion marine41. Les Britanniques craignent particulièrement le phénomène de Coastal squeeze, c’est-à-dire de compression des écosystèmes littoraux qui seraient contraints de migrer vers l’amont, du fait d’une élévation eustatique, mais ne le pourraient pas en présence de structures défensives lourdes. C’est typiquement le problème auquel sont et seront confrontés les prés salés britanniques au sud-est du pays, de surcroît en proie à une subsidence glacio-isostatique. Dans la Humber, des études prévisionnelles attribuent à cette compression littorale 85 % des futures pertes d’habitats intertidaux de l’estuaire42.
15Or, le schorre a une fonction défensive essentielle en Grande-Bretagne, où il aide à protéger de l’érosion directe 2000 km de rivage – où sont d’ailleurs présents 1 % de la population britannique et la moitié des meilleures terres agricoles du pays (de grade 1). Par ailleurs, les digues et le barrage anti-tempêtes de la Tamise protègent 1,5 million de personnes et 160 000 propriétés en Angleterre et au Pays de Galles43. Or ces structures sont actuellement en mauvais état pour les trois quarts d’entre elles : 41 % des structures de défense (dont les digues font partie) nécessitent des travaux de conservation modérés à significatifs et 33 % avaient, en 1999, une durée de vie inférieure à dix ans44 ! D’après des études prospectives, les dégâts associés aux tempêtes et aux inondations côtières pourraient être deux à trois fois plus élevés qu’actuellement et l’investissement nécessaire au renforcement et au maintien des structures défensives, en Angleterre et au pays de Galles, pourrait atteindre en moyenne 50 millions de livres par an45. Un choix s’impose d’ores et déjà dans ce pays, entre le renforcement ou le réalignement des digues !
16Cela explique qu’en 2004, le ministère de l’Agriculture (DEFRA) ait estimé que 5 000 km2 de terres agricoles étaient des « candidats potentiels pour des politiques de restauration et de réalignement fluvial et côtier46 ». Le gouvernement britannique révise et améliore sa stratégie de protection contre les inondations et l’érosion, édictée en 1993. En 2000, il a aussi lancé une étude sur l’érosion et la submersion des sites du réseau Natura 2000, car la politique de managed realignment est considérée comme une nécessité légale dans ces sites protégés dont il convient de maintenir la cohérence structurelle et fonctionnelle même face à des dommages d’origine naturelle47. Et en 2005, le gouvernement a publié sa nouvelle stratégie : Making Spacefor Water48. L’intérêt du managed realignment, le long des côtes comme le long des rivières, y est clairement souligné. Les espaces ruraux serviront en particulier à limiter les risques car on y donnera plus de place à l’eau, en recréant des zones humides, en opérant des retraits de digues, en créant des zones inondables – tels les polders de décharge le long des côtes. De plus, l’aide publique au financement des défenses côtières ne se poursuivra – comme c’est déjà le cas – que lorsque ces défenses induiront de multiples bénéfices justifiant les dépenses ; et, en parallèle, les réalignements augmenteront et bénéficieront d’aides publiques.
3. Le faible essor des dépoldérisations défensives en France et en Allemagne malgré la prise en compte du changement climatique
17Cette expérience britannique de défense douce intéresse actuellement les voisins français et allemands – qu’il s’agisse de protecteurs de la nature, de responsables de la défense côtière ou d’intervenants dans l’aménagement du territoire. Ceux-ci viennent visiter les sites emblématiques du managed realignment. Il est vrai que, dans les différents pays d’Europe du Nord-Ouest, on se prépare à une élévation au moins décimétrique du niveau de la mer et une augmentation des tempêtes. Les dépoldérisations à finalité défensive prendront peut-être leur essor en dehors de l’Angleterre.
3.1. Élévation du niveau de la mer et réflexions du Conservatoire du littoral en France
18R. Paskoff a proposé une synthèse des implications possibles de l’élévation du niveau de la mer sur les côtes françaises49. Cet auteur considère que le sort des marais maritimes de la côte atlantique ne paraît pas en jeu, en raison de la sédimentation active dont ils sont le siège – notamment dans des secteurs de forte sédimentation comme la baie du Mont-Saint-Michel –, mais que les polders gagnés à leurs dépens seront vraisemblablement menacés de submersion. Les estimations établies dans le cadre du projet européen de recherches Eurosion (2002-2004) permettent d’aboutir aux mêmes conclusions50. En effet, sur les 16 % de linéaire côtier français bordé de vasières et de polders, la part de linéaire en érosion n’est que de 23 % ; 8 % des côtes vaseuses sont stables et 46,5 % sont même en accrétion, comme l’évoquait R. Paskoff. Dans ces conditions, il est peu probable que des brèches se produisent massivement du fait de processus d’érosion des marais maritimes et/ou directement des digues. Ces secteurs parviendront également, du fait de leur forte sédimentation, à supporter une certaine élévation annuelle du niveau de la mer. Par contre, cette élévation eustatique aura des conséquences lors des tempêtes et pourra conduire à des submersions plus fréquentes des polders de première ligne, se produisant avec ou sans brèche. Ceux-ci, bien qu’à l’abri des risques d’érosion, ne sont donc pas à l’abri du risque de submersion. En l’occurrence, de telles submersions se produisent déjà lors des plus fortes tempêtes. Ainsi, en décembre 1999, les côtes de la Charente et les rives de la Gironde ont été inondées sur une étendue de 12 000 ha ; en février 2010, la tempête Xynthia a entraîné l’inondation de 52000 ha en Vendée et en Charente-Maritime, en plus de pertes humaines dramatiques. Il est certain que de tels aléas augmenteront à l’avenir, de même que les coûts de défense permettant d’y répondre51. Une stratégie de protection des polders, par exemple dans les 30 000 ha de marais entourant Rochefort-sur-Mer, coûterait plus de 100 millions d’euros pour rehausser les digues et construire de nouvelles stations de pompage permettant le drainage des polders52. Quant au coût du plan Digues, annoncé à la suite de la tempête Xynthia, il devrait être compris entre 3,5 et 4 milliards d’euros, s’il s’agissait de conforter 3 500 à 4 000 km de digues53.
19Toutefois, la rareté des recherches effectuées jusqu’à présent en France sur le devenir des polders dans le cadre du changement climatique ne permet pas de se faire une idée globale des coûts de défense envisagés et donc des meilleurs choix à faire : résister ou reculer. Ces incertitudes sont en partie liées au fait que l’entretien des digues, en théorie à la charge de leurs propriétaires – comme l’impose la loi de 1807 relative au dessèchement des marais et le code civil –, est en réalité sous la coupe d’une multitude d’intervenants potentiels. Cet émiettement des structures de gestion des digues, de même que la discontinuité des côtes endiguées en France, ne permet donc pas d’avoir une vision claire et globale de ce qui pourrait être entrepris pour contrer l’élévation du niveau marin. De surcroît, avant la tempête Xynthia de février 2010, le risque « submersion marine » était très peu pris en considération par les communes littorales spécifiquement concernées. À peine plus de 5 % d’entre elles étaient dotées d’un PPRI approuvé et plus de 8 % d’un PPRI prescrit, alors que la Fédération française des sociétés d’assurances classe environ 90 % d’entre elles en communes dites « à risque de submersion marine54 ». Avant la tempête Xynthia, aucune réponse globale n’avait été donnée à la question posée par A. Miossec : « Doit-on protéger systématiquement le trait de côte, avec des crédits publics, sans s’interroger sur la valeur véritable de ce que l’on se propose de défendre ? Il conviendrait de définir un seuil au-delà duquel le financement de la protection ne se justifie plus et le recul s’impose55. » Mais les côtes à polders ne sont pas les plus habitées ou les plus fréquentées par les touristes ; aucune réflexion d’ensemble n’a donc été lancée en France sur les éventuels bénéfices de la dépoldérisation. Certains, comme le directeur de l’Union des Marais de Charente-Maritime (Unima), estiment pourtant que la protection contre la mer, actuellement décidée et souvent financée au niveau local, « mériterait une vue plus large et autoritaire56 ». Le Conseil des marais atlantiques présente la même position, puisqu’« au vu des problèmes de gestion et d’entretien des digues, il serait nécessaire de réaliser un retour en arrière en donnant cette compétence à l’État qui dispose de fonds suffisants et peut gérer le problème à grande échelle57 ». L’État serait capable de hiérarchiser les besoins, de choisir de ne pas tout protéger – c’est-à-dire d’accepter ou d’imposer des dépoldérisations à visée défensive. Avant Xynthia, une circulaire du MEEDDAT de 2006 allait dans ce sens, évoquant, dans certains cas, la nécessité d’un recul stratégique pour s’adapter au changement climatique. Les propositions du Grenelle de la mer, en juillet 2009, ont réaffirmé ces principes en demandant à ce que les aménagements réalisés sur le littoral anticipent désormais tous les risques naturels et le changement climatique. Pour autant, le rapport Anziani sur les conséquences de la tempête Xynthia de 2010 ne parle pas clairement de dépoldérisation, bien qu’il évoque la possibilité, au détour d’un paragraphe, « d’abandonner [...] certaines digues protégeant des enjeux faibles ou bien se trouvant en déshérence » et qu’il préconise d’aménager différemment les zones littorales à risque extrême, en redéployant l’activité économique de façon à y installer des activités diurnes58. La directive stratégique nationale pour la mer et le littoral, préparée par le MEEDDAT et l’Onerc pour 2010, devrait certainement faciliter les orientations d’une gestion côtière au cas par cas.
20On peut toutefois examiner la politique générale du Conservatoire du littoral, qui est sans doute le plus grand propriétaire de polders de première ligne en France. Cet organisme possède 4000 ha de marais endigués, représentant, au milieu de la décennie 2000,6,7 % de son patrimoine foncier. Le Conservatoire réfléchit depuis quelques années au devenir de ses polders, car une grande partie d’entre eux est susceptible d’être submergée au cours du xxie siècle. La probabilité de submersion d’un polder dépend du fonctionnement de ses digues de ceinture – de leur hauteur et de leur solidité – et donc de la politique de gestion des digues adoptée par l’établissement. Cette politique ajustement besoin d’être révisée ou améliorée par le Conservatoire59 car 3 300 ha, soit plus de 80 % des polders du CEL, sont déjà exposés à un risque de submersion, ce qui représente 6,5 % du patrimoine actuel de l’organisme. Par ailleurs, la politique d’acquisition du Conservatoire du littoral prévoit que celui-ci possédera à l’avenir 27 000 ha de marais endigués (soit une superficie sept fois plus grande qu’aujourd’hui), dont 11 000 ha seront très exposés à ce risque, soit 6 % du futur patrimoine du CEL60. Le Conservatoire est parvenu à ces estimations et à une localisation des sites les plus fragiles grâce à une étude dirigée par R. Paskoff et F. Verger sur la base d’une élévation moyenne du niveau de la mer de 44 cm d’ici à 210061. Ces résultats inciteront certainement cet organisme à rendre ces sites sensibles à la mer – ce qu’il a d’ailleurs déjà réalisé à plusieurs reprises, en laissant ouvertes des brèches qui s’étaient accidentellement produites (sept dépoldérisations sur neuf ont été de son ressort en France62). Il est vrai que la philosophie du Conservatoire est celle d’une absence de résistance à la mer, qu’il s’agisse d’érosion ou de submersion, de façon à conserver les aspects naturels des sites acquis, de même que leurs équilibres écologiques63. Toutefois, ces futures dépoldérisations se feront certainement dans des conditions moins acceptables qu’aujourd’hui, du fait par exemple de la présence de résidents immédiatement à l’arrière des polders concernés : « [nous aurons] des choix à faire, qui ne seront plus seulement de nature scientifique ou technique, mais [aussi] de nature sociale et politique64 », disait en 2005 le directeur du CEL, E. Lopez.
21Si le Conservatoire paraît favorable à une politique de dépoldérisation, il faut bien noter qu’elle ne sera sans doute pas pratiquée pour des raisons strictement défensives. L’objectif du Conservatoire ne sera pas, prioritairement en tout cas, d’améliorer la protection de l’arrière-pays par la création de nouveaux schorres, comme dans le managed realignment, mais de chercher à réduire le coût d’entretien de digues défectueuses et à restaurer les milieux naturels. C’est ce qui explique que la brèche du polder de Graveyron, survenue en décembre 1996, n’ait pas été refermée par le Conservatoire, propriétaire du site depuis 1998. De la même façon, la digue de la Pointe de Malprat – également propriété du Conservatoire du littoral – n’a pas été renforcée. Son mauvais état a empêché les entreprises de travaux publics de la consolider. Son érosion progressive a conduit à la formation de brèches et à une submersion quotidienne. Le reste du domaine a été mis à l’abri des eaux grâce à une contre-digue construite en 2004. Ainsi, en France, aucune dépoldérisation, réalisée ou en projet, n’a relevé d’un objectif défensif (cf. carte A du livret séparé). Jusqu’à présent, la politique du Conservatoire a souvent été celle du laisser-faire dans ses terrains poldérisés. En 2009, cet organisme a réuni des chercheurs de plusieurs disciplines, spécialistes du littoral, pour relancer sa réflexion sur les conséquences du changement climatique et l’évolution de ses choix d’acquisition et de gestion de sites naturels littoraux. Une réflexion d’autant plus urgente que le Conservatoire fait figure, en France, de précurseur et de modèle à suivre, qu’il a la capacité d’expérimenter facilement des méthodes innovantes de gestion – ses terrains étant naturels et inhabités – et que le Grenelle de la mer a proposé qu’il avance à 2020 sa politique d’acquisition du « tiers sauvage » sur le littoral. Des questions majeures se posent toutefois. Quels enjeux le Conservatoire doit-il privilégier : des enjeux écologiques et sociaux, répondant aux objectifs de sa politique (protéger des sites naturels tout en les ouvrant au public) ou des enjeux également défensifs, voire économiques, à prendre en considération à une échelle plus large que celle de ses seuls sites ? Le Conservatoire doit-il acquérir des terrains dans l’arrière-littoral pour pouvoir expérimenter plus facilement des mesures de retrait stratégique ? Doit-il racheter à des propriétaires inquiets des terrains de bord de mer pour accélérer sa politique d’acquisition ou considérer que ce n’est pas à lui de prendre en charge la gestion du risque littoral en France ? Des sites pilotes seront sélectionnés pour appuyer ces réflexions sur des cas de figure précis.
3.2. La rareté des dépoldérisations à visée défensive sur les côtes allemandes de la mer du Nord
22Sur les côtes allemandes de la mer du Nord, l’élévation du niveau marin devrait être de 50 cm environ d’ici à 2050 et de 100 cm d’ici à 2100, d’après les estimations du groupe trilatéral de réflexion sur la protection côtière et l’élévation du niveau de la mer – qui rassemble depuis 1998 des experts allemands, danois et néerlandais. Cette estimation s’applique d’ailleurs à l’ensemble de la mer des Wadden, côtes néerlandaises et danoises comprises65. On doit s’attendre, en outre, à un accroissement des tempêtes66. En cas de submersion marine, des surfaces importantes seront touchées sur les côtes basses poldérisées, comme on le constate dans le tableau 6, qui fournit des estimations économiques et sociales pour le Land de Hambourg, mais aussi l’ensemble de la côte à polders du Schleswig-Holstein située à une altitude inférieure à 5 m. Une estimation plus réaliste nous semble être celle qui ne concerne que les polders de première ligne, car la présence d’une seconde ligne continue de digues – ce qui constitue la caractéristique majeure de ce Land – empêchera certainement les submersions de se propager sur l’ensemble des terres basses du Schleswig-Holstein. Dans cette seule zone véritablement exposée de 1400 km2, la densité démographique atteint 90 habitants par km2, la densité d’emplois 32 par km2 et la valeur économique moyenne plus de 20 millions de Deutsche Mark par km2.
23Dans un contexte de vulnérabilité bien plus élevée qu’en France, une politique de dépoldérisation de type managed realignment pourrait être mise en place. Ce n’est pourtant pas ce qui est envisagé, notamment du fait de la bonne conservation des schorres et de l’excellent état des digues sur l’ensemble des côtes allemandes. De surcroît, la conservation et même l’extension du schorre font partie intégrante des politiques de protection côtière : c’est donc en quelque sorte vers l’aval – en contrebas du schorre existant – et non vers l’amont comme en Angleterre qu’on s’efforce d’élargir le schorre, dans le cadre de « parcs de sédimentation » où se pratiquent des travaux de « jardinage de la vase » à visée défensive67. Les experts du groupe de travail trilatéral considèrent d’ailleurs qu’avec une élévation de 50 cm d’ici à 2050, une accrétion de 0 à 2,5 cm/an pourrait se maintenir sur les schorres allemands et donc contrebalancer l’élévation moyenne de 0,5 cm/an68. De surcroît, les digues du Schleswig-Holstein, constamment entretenues et renforcées par les autorités publiques (avec un financement régional à hauteur de 30 % et un financement national à hauteur de 70 %), sont dans un excellent état, et il ne saurait être question de les détruire, même ponctuellement. On peut rappeler que les travaux d’amélioration de la première ligne de digues ont coûté 2,83 milliards de Deutsche Mark entre 1962 et 2000 dans ce seul Land (Generalplan, 2001). En Basse-Saxe, si les propriétaires de polders de première ligne sont en théorie – comme en France et en Angleterre – responsables de l’entretien des digues, le Land se charge généralement de planifier et superviser les travaux, confiant la réalisation et l’entretien des endiguements aux associations de propriétaires. D’éventuelles dépoldérisations seraient donc aussi de son ressort. Mais il n’en est pas davantage question, du moins à des fins défensives, dans la mesure où toute la protection de la côte repose sur la première ligne, dans un Land où une seconde ligne de défense n’est que ponctuellement présente69. Enfin, la topographie littorale s’avère, de toute manière, moins favorable à des retraits de digues70 : la côte allemande, rectiligne et entièrement bordée de digues, n’offre pas de nombreuses indentations comme la côte britannique, permettant des retraits spatialement limités et donc socialement plus acceptables. Dès lors, bien que les aménageurs allemands soient eux aussi conscients du rôle du schorre dans l’atténuation de la houle et la réduction de la hauteur des vagues71, ce dernier joue en réalité un rôle secondaire dans la défense côtière, en comparaison de la première ligne de digue qu’il faut ici maintenir à tout prix. Des travaux de rehaussement des digues sont en cours dans les Länder allemands. Par ailleurs, l’institut saxon pour la recherche sur les textiles de l’université technique de Chemnitz travaille à la conception de textiles pourvus de capteurs pouvant être intégrés à la paroi des digues et aider à la surveillance du système défensif lors des tempêtes. Ces géotextiles sensitifs enregistrent en effet les pressions et les déformations subies et permettent de localiser un incident avec une précision de 5 mètres. Cette technique, actuellement testée sur des digues fluviales, pourrait aussi équiper les digues de la mer du Nord. Ces textiles sont facilement intégrables au corps d’une digue lors de travaux de renforcement72.
24Malgré cette impossibilité de mener en Allemagne des dépoldérisations défensives, les protecteurs de la nature ont commencé à réfléchir à cette éventualité. Ainsi, le professeur K. Reise a émis quelques idées d’avant-garde dès la décennie 1990, proposant de rendre quelques polders à la mer pour favoriser la rétrogression du schorre et la recréation d’un milieu saumâtre de transition, où les agriculteurs pourraient promouvoir un tourisme de nature73. De son côté, le bureau d’études Bioconsult – chargé en 1998 par les associations WWF et Bund de réfléchir à la situation écologique des estuaires allemands et de proposer des solutions d’amélioration des milieux74 – a envisagé seize dépoldérisations dans l’estuaire de l’Elbe, six dans celui de l’Ems et trois dans celui de la Weser. Ces propositions ont certainement aidé à la sensibilisation des aménageurs à l’égard de cette politique. De fait, certains ingénieurs du Schleswig-Holstein, tel B. Probst, se sont mis à réfléchir à de « nouvelles stratégies de protection côtière » et donc à la possibilité de réaliser des retraits de la ligne de digues sur les côtes de la mer du Nord, dans les secteurs de très faible valeur économique. Pour remédier à la défaillance possible d’une digue, l’on pourrait ainsi préférer un retrait à sa consolidation si celle-ci s’avérait impossible pour différentes raisons : une trop faible portance du sol, un manque d’espace au sein du polder, une forte opposition de la population ou des raisons de protection de la nature. Si ces propositions novatrices ont pu surprendre, il faut malgré tout noter les restrictions que Probst impose à la possibilité de dépoldériser, et le fait qu’il n’assigne pas à ces mesures des objectifs défensifs, de type managed realignment, mais simplement des objectifs environnementaux et compensatoires75.
25Pour l’heure, c’est le Land de Hambourg qui est le plus avancé dans la politique de dépoldérisation. Ainsi, la ville hanséatique qui vit sous la menace constante des tempêtes a engagé en 1995 un programme d’aménagement consacré aux « hautes eaux », de façon à remédier au problème de l’élévation des eaux dans l’estuaire de l’Elbe. En effet, en raison d’un approfondissement constant du chenal de navigation et du rétrécissement du lit fluvial par la construction de barrages et de digues, le niveau de l’eau a augmenté de 50 à 60 cm pendant les tempêtes graves, depuis la première moitié du xxe siècle76. Le rehaussement déjà commencé des digues est d’environ 1 mètre. Or, de tels travaux nécessitent un élargissement de la base des digues fluviales qui ne peut pas toujours s’opérer vers l’intérieur, ce qui suppose la perte, à l’extérieur des digues, de 50 ha de marais estuariens. Pour compenser ces pertes et recréer un milieu naturel à des fins écologiques mais aussi défensives, les aménageurs de Hambourg ont décidé d’opérer dans l’estuaire des dépoldérisations sur 60 ha77. En dépit d’une forte contestation, quatre retraits de digues ont pu être opérés entre 1991 et 2004, sur une surface totale de 37 ha, et les aménageurs estiment que la contestation est aujourd’hui dépassée78. Ces quatre dépoldérisations n’ont donc pas eu pour objectif premier la volonté de recréer un schorre comme moyen de défense douce, mais ce fut malgré tout un objectif secondaire, après celui de la nécessaire compensation des travaux de renforcement.
4. Le rôle des polders de décharge dans la « défense douce » des rives d’estuaires
26En dehors des dépoldérisations totales de type managed realignment, d’autres types de dépoldérisation ont parfois été envisagés dans les estuaires comme de nouveaux modes de défense contre la mer. Il s’agit de dépoldérisations partielles qui fonctionnent sous la forme de « polders de décharge » ou de « zones de régulation des inondations à marée réduite contrôlée » (en Belgique). Les digues sont maintenues, mais arasées et équipées d’écluses, de façon à permettre une entrée par débordement des eaux estuariennes en cas de tempête ou de marée exceptionnelle – ou, par la même occasion, des eaux douces en cas de crue. La rétention ponctuelle des eaux par un polder de décharge, du moins jusqu’à un certain niveau, permet une diminution de la hauteur de la marée en amont du polder et, par conséquent, une réduction du risque de submersion. On s’est interrogé, dans l’Elbe, sur l’intérêt d’aménager de tels polders en aval de Hambourg, de façon à mieux protéger la ville contre la mer en l’absence d’un barrage anti-tempête. Mais les discussions entamées en 1996 entre les trois Länder riverains de l’Elbe n’ont pas abouti. L’un des polders éligibles aurait été le Haseldofer Marsch, endigué en 1978 sur 2 100 ha pour améliorer la protection côtière dans l’estuaire. Des études ont montré qu’une réouverture de 500 mètres dans la digue aurait permis de réduire d’une dizaine de centimètres le niveau maximal des pleines mers dans le port de Hambourg79. Mais les aménageurs du Schleswig-Holstein se sont opposés à cette solution, du fait de l’usage trop diversifié du polder et de son statut d’espace naturel protégé (NSG). Il faut également prendre en considération la grande diversité paysagère du site, qu’il était légitime de conserver du fait de sa rareté dans les marais et les polders davantage connus pour leur monotonie et leur géométrie. Cette variété paysagère, à l’origine d’un « paysage naturel protégé » (LSG) et d’une importante fréquentation, tient à un usage agricole varié et à la présence de majestueux rideaux d’arbres.
27Cette option est envisagée sur le même modèle dans d’autres estuaires, tel l’Escaut maritime (partie de l’Escaut située entre Anvers et Gand), où la Belgique a « sacrifié » les 580 ha du polder de Kruibeke, Bazel et Ruppelmonde (KBR-polder) pour mieux protéger la région contre les inondations marines (plan Sigma). Grâce à cette dépoldérisation, la probabilité d’une submersion sera cinq fois moindre dans le bassin-versant. La présence de conduites placées dans le corps des digues permet en plus une entrée et sortie des eaux estuariennes sur le rythme quotidien de la marée. On parle dans ce cas, comme dans l’exemple pilote du Lippenbroek, également situé dans l’Escaut maritime, de « zone à marée réduite contrôlée » (GGG : gecontroleerdgereduceerdgetij)80. Sur la rive sud de la Humber, à Alkborough, une dépoldérisation récemment opérée dans un polder agricole de 440 ha doit permettre une forte réduction du niveau des eaux dans la partie supérieure de l’estuaire, lors des plus fortes marées (cf. photo 29). Là encore, l’idée première n’est pas de restaurer un pré salé et de réaligner la digue. Une partie des eaux fluviales se déverse dans le polder, à travers une brèche, lors des plus fortes marées, ce qui permet de réduire son niveau de 15 cm à l’amont du site. Une plus grande protection des rives de l’estuaire est ainsi assurée sur des dizaines de kilomètres le long de deux rivières : entre le pont de la Humber et la ville de Goole, sur la Ouse, et entre ce même pont et celui de Keadby sur la rivière Trent.
Notes de bas de page
1 Les mesures marégraphiques sont toutefois largement incertaines et restent relatives. A. Cazenave, Observation depuis l’espace de la terre solide, de l’océan et des eaux continentales, École d’Été de Physique, 2003, 16 p.
2 GIEC, Bilan 2007 des changements climatiques. Rapport de Synthèse, Contribution des groupes de travail I, Il et III au 4e rapport d’évaluation du GIEC, équipe de rédaction principale, R.K. Pachauri, A. Reisinger (éd.), Genève, GIEC, 2007, 103 p.
3 On sait depuis le lancement en 1992 du satellite Topex/Poséidon que l’élévation du niveau absolu de la mer n’est pas uniforme, mais présente une grande variabilité régionale, A. Cazenave, Observation depuis l’espace de la terre solide, de l’océan et des eaux continentales, op. cit.
4 J. Alcamo, J.M. Moreno, B. Novaky, M. Bindi, R.J.N. Devoy, C. Giannakopoulos, E. Martin, J.E. Olesen, A. Shvidenko, « Europe. Climate Change 2007 : Impacts, Adaptation and Vulnerability. Contributions of Working Group II to the Fourth Assessment Report of the IPCC », in l\A.L. Parry, O.F. Canziani, ]. P. Palutikof, P.). Van Der Linden, C.E. Hanson (éd.), Climate Change 2007 : Impacts, Adaptation and Vulnerability, Cambridge, Cambridge University Press, 2007, p. 541-580.
5 M. Tabeaud, « Concordance des temps », EspacesTemps.net, 18 février 2008, http://espacestemps.net/document4343.html.
6 GIEC, Bilan 2007 des changements climatiques, op. cit.
7 Pour l’éviter, le niveau de C02 devrait passer des 385 ppm actuels à moins de 350 ppm.
8 J. Hansen, M. Sato, P. Kharecha, D. Beerling, M. Pagani, V. Masson-Delmotte, M. Raymo, D.L. Royer, J.C. Zachos, « Target atmospheric C02 : Where Should Humanity Aim », Open Atmospheric Science Journal, http://arxiv.org/abs/0804.1126.
9 W.T. Pfeffer, J.T. Harper, S. O’Neel, « Kinematic Constraints on Glacier Contributions to 21st-Century Sea-Level Rise », Science, n° 321/5894,2008, p. 1340-1343.
10 A. Grinsted, j. C. Moore, S. Svetlana Jevrejeva, « Reconstructing Sea Level from Paleo and Projected Températures 200 to 2100 AD », Climate Dynamies, 2009, 10 p. ; S. Rahmstorf, A. Cazenave, J.A. Church, J.E. Hansen, R.F. Keeling, E. David D.E. Parker, Richard C J. Somervilles, « Recent Climate Observations Compared to Projections », Science, vol. 316,2007, p. 709.
11 M. Tabeaud, « Les tempêtes en Atlantique nord et le changement climatique : un état de la question », in M.F. André et al. (coord.), Du continent au bassin versant : théories et pratiques en géographie physique. Hommage au professeur Alain Godard, Clermont-Ferrand, Presses universitaires Blaise-Pascal, 2007, p. 375-382.
12 GIEC, Bilan 2007 des changements climatiques, op. cit.
13 M. Tabeaud, « Les tempêtes en Atlantique nord et le changement climatique... », loc. cit.
14 N. Schoenenwald, M. Tabeaud, « Établir une chronologie des "coups de vent”... à partir des bulletins météorologiques quotidiens », colloque Les Landes de Gascogne à l’épreuve de la tempête Klaus, Marquèze, 5 et 6 février 2010, à paraître.
15 Ibid.
16 m. Tabeaud, B. Lysaniuk, N. Schoenenwald, J. Buridant, « Le risque "coup de vent” en France depuis le xvie siècle », Annales de géographie, 2009, p. 5-18.
17 Ibid.
18 M. Tabeaud, « Les tempêtes en Atlantique nord et le changement climatique... », loc. cit.
19 Ibid.
20 Ibid
21 Ibid.
22 J. Alcamo, J.M. Moreno, B. Novaky, M. Bindi, RJ. N. Devoy, C. Giannakopoulos, E. Martin, j. E. Olesen, A. Shvidenko, op. cit.
23 Certaines tempêtes contribuent à des déplacements de sédiments pouvant se traduire par des accumulations. Mais en termes d’impacts, ce sont bien les processus érosifs et submersifs qui sont les plus à craindre.
24 Ibid.
25 European Environment Agency, « Vulnerability and Adaptation to Climate Change in Europe », EEA Technical Report, n° 7, 2005, 81 p.
26 Onerc, Stratégie nationale d’adaptation au changement climatique, Paris, La Documentation française, 2007, 97 p. Pour autant, M. Tabeaud a noté une augmentation générale des vents forts (au-delà de 18 m/s) en Bretagne septentrionale sur la période 1964-1991, et sur les côtes de la Manche à l’exception de la période 1973-1982. M. Tabeaud (éd.), Étude sur les séries météo-marines, les surcotes marines et leurs impacts sur quelques sites littoraux à risques, rapport pour le groupe de recherches du ministère de l’Environnement « Élévation du niveau de la mer », 1996, 121 p.
27 DEFRA (éd.), The UK’s Fourth National Communication under the United Nations Framework Convention on Climate Change, 2006, 135 p.
28 MEDD, Quatrième communication nationale à la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques, 2006, 232 p.
29 A. Anziani, Rapport d’informationfait au nom de la mission commune d’information sur les conséquences de la tempête Xynthia (rapport d’étape), Sénat, session ordinaire, n° 554, 10 juin 2010, 100 p.
30 Anonyme, The Netherlands’ Fourth National Communication..., op. cit.
31 Plan Delta 2, issu du rapport de la Commission Delta de 2008.
32 Third Report by the Government ofthe Fédéral Republic ofGermany in accordance with the Framework Convention ofthe United Nations, 2006, 310 p.
33 CWSS, « Coastal Protection and Sea Level rise 2001. Final report », Wadden Sea Ecosystem, n° 13, 2001, 64 p.
34 J. Hofstede, « Meeresspiegelanstieg und Auswirkungen im Bereich des Wattenmeeres » in J.L. Lozan et al., Warnsignale aus dem Wattenmeer. Wissenschaftliche Fakten, Berlin, Blackwell, 1994, p. 17-23.
35 RJ. Nicholls, R.J.T. Klein, cités dans « Vulnerability and Adaptation to Climate Change in Europe », loc.cit.
36 Commission des Communautés européennes, » Adaptation au changement climatique en Europe : les possibilités d’action de l’Union européenne », Livre vert présenté par la Commission au Conseil, au Parlement européen, au Comité économique et social européen et au Comité des régions, 29 juin 2007, 32 p.
37 C’est-à-dire un scénario décrivant un monde très hétérogène caractérisé par une forte croissance démographique, un faible développement économique et de lents progrès technologiques.
38 European Environment Agency, « Climate Change : che Cost of Inaction and the Cost of Adaptation », EEA Technical Report, n° 13, 2007, 72 p.
39 R.J. Nicholls, R.J.T. Klein, cités dans « Vulnerability and Adaptation to Climate Change in Europe », loc. cit.
40 DEFRA, Environment Agency, Flood and Coastal Defence R & D Programme, Management Réalignement Review, op. cit.
41 N.J. Cooper. T. Cooper, F. Burd, « 25 YearsofSalt Marsh Erosion in Essex : Implications for Coastal Defence and Nature conservation ajournal of Coastal Conservation, n° 7, 2001, p. 31-40.
42 A.M.C. Edwards, P.S.J. Winn, « The Humber Estuary, Eastern England : Strategie Planning of Flood Defences and Habitats », Marine Pollution Bulletin, n° 53, 2006, p. 165-174.
43 Environment Agency, The State ofthe Environment of England and Wales : Coasts, Londres, The Stationery Office, 1999, p. 201.
44 S. Rupp-Armstrong, R.j. Nicholls, « Coastal and Estuarine Retreat... », loc. cit.
45 Department of Environment, Transport and Régions, Potential UK Adaptation Strategies for Climate Change, technical report, 2000.
46 S. Rupp-Armstrong, RJ. Nicholls, « Coastal and Estuarine Retreat... », loc. cit.
47 M. Lee, « Coastal Defence and the Habitat Directive : Prédictions of Habitat Change in England and Wales », loc. cit.
48 DEFRA, Making Spacefor Water.... op. cit.
49 R. Paskoff, « Potencial Implications of Sea-Level Rise for France », loc. cit.
50 Voir le site www.eurosion.org.
51 R. Paskoff, « Potential Implications of Sea-Level Rise for France », loc. cit.
52 Ibid
53 A. Anziani, Rapport d’information fait au nom de la mission commune d’information sur les conséquences de la tempête Xynthia (rapport d’étape), op. cit.
54 Ibid
55 A. Miossec, « Impacts socio-économiques de l’élévation du niveau de la mer... », loc. cit.
56 Forum des marais atlantiques, Risques naturels en marais littoraux. Perception et organisation des acteurs cinq ans après la tempête de décembre 7999, dossier, février 2005, 46 p.
57 Ibid.
58 A. Anziani, Rapport d’informationfait au nom de la mission commune d’information sur les conséquences de la tempête Xynthia (rapport d’étape), op. cit.
59 C. Clus-Auby, R. Paskoff, F. Verger, Impact du changement climatique sur le patrimoine du Conservatoire du littoral, op. cit.
60 Ibid.
61 Ibid.
62 Cf. carte A de synthèse (livret séparé).
63 R. Paskoff, « Potential Implications of Sea-Level Rise for France », loc. cit.
64 Conservamire du littoral, Chaud et froid sur le littoral. Impact du changement climatique sur le patrimoine du Conservatoire du littoral. Scénarios d’érosion et de submersion à l’horizon 2100, atelier du 5 avril 2005, 50 p.
65 CWSS, « Coastal Protection and Sea Level rise 2001. Final report », loc. cit.
66 J. Hofstede, « Meeresspiegelanstieg und Auswirkungen im Bereich des Wactenmeeres », /oc. cit.
67 Depuis 1995 dans le Schleswig-Holstein.
68 Pour autant, les prés salés seront aussi sensibles à la fréquence des tempêtes et pourront connaître une érosion frontale, susceptible, à long terme, de les faire disparaître. CWSS, « Coastal Protection and Sea Level rise 2001. Final report », loc. cit.
69 L. Goeldner-Gianella, lAllemagne et ses polders. Conquête et renaissance des marais maritimes, Paris, éditions du CTHS, 2000, 254 p.
70 S. Rupp-Armstrong, R.J. Nicholls, « Coastal and Estuarine Retreat... », loc. cit.
71 H.F. Erchinger, « Intaktes Deichvorland für Küstenschutz unverzichtbar », Wasser und Boden, 1995/2, p. 48-53.
72 F. Therin, « Grâce au textile, les digues avouent leurs faiblesses », Les Échos, 5 mars 2008, p. 22.
73 K. Reise, « Die verschwommene Zukunft der Nordseewatten », in H.J. Schellnhuber, H. Sterr (éd.), Klimaànderung und Küste, Berlin, Springer, 1993, p. 223-229 ; K. Reise, « Sea réclamation is needed », Wadden Sea Newsletter, n° 2, 1993, p. 26 ; K. Reise, in J.L. Lozan et al. (éd.), Warnsignale ans dem Wattenmeer, op. rit. ;. K. Reise, K. Ahrendt, « Flutraumerweiterungen würden der Küste helfen. Küstenschutz und Naturschutz diamétrale Gegensätze ? », SDN-Magazin, n° 1, 1996, p. 31-32.
74 M. Marchand, S. Nolte, Zur Situation derÀstuare von Ems, Weser, Elbe und Eider – eine Fldchenbilanz und Vorschlägezur Problemlôsung, Szudie im Auftragder UmweltstiftungWWF-Deutschland, Hamburg, 1995.
75 B. Probst, « Küstenschutz 2000 – Neue Küstenschutzstrategien erforderlich ? », Wasser und Boden, n° 11, 1994, p. 54-59.
76 G. Gönnert, U. Ferk, Stunvfluten im Nordseeküstengebiet and in der Unterelbe seit 1900, Arbeicskreis fur Meere und Küsten, 16 au 18 mai 1996, Oldenburg, 1996.
77 P. Haake, « Hochwasserschutz fur Hamburg », in Niedersâchsisches Umweltministerium, Internationale Küstenschutzkonferenz am 3. Juni 1996 in Cuxhaven, Tagungsband, 1996, p. 49-56.
78 T. Buss, « Hochwasserschutzmafônahmen an der Tide-Elbe in Hamburg... », loc. cit.
79 P. Haake, « Hochwasserschutz fur Hamburg », loc. cit.
80 M. De Smet, « Le Lippenbroek à Hamme : début d’un roman à succès ? », Escaut sans frontières Info, n° 39, 2007, p. 4.
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Une merveille de l’histoire
Le Japon vu par Élisée Reclus et Léon Metchnikoff
Philippe Pelletier
2021
Géographes français en Seconde Guerre mondiale
Nicolas Ginsburger, Marie-Claire Robic et Jean-Louis Tissier (dir.)
2021
Ressources mondialisées
Essais de géographie politique
Marie Redon, Géraud Magrin, Emmanuel Chauvin et al. (dir.)
2015
La carte avant les cartographes
L’avènement du régime cartographique en France au XVIIIe siècle
Nicolas Verdier
2015
La production des espaces urbains à Phnom Penh
Pour une géographie sociale de l’immobilier
Gabriel Fauveaud
2015
Dépoldériser en Europe occidentale
Pour une géographie et une gestion intégrées du littoral
Lydie Goeldner-Gianella
2013
Voyage en Afrique rentière
Une lecture géographique des trajectoires du développement
Géraud Magrin
2013
Wuhan, une grande ville chinoise de l’intérieur
Le local à l’épreuve de la métropolisation
Georgina André
2023