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Partie 2. Voisinages et contextes locaux

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Texte intégral

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Fig. 3.6 : The Oak at Calabasas (ouest du comté de Los Angeles) © R. Le Goix, F. Dutel, S. Duroudier, juillet 2010.

1C’est entendu, les marges de suburbanisation créent les conditions idéales d’une adéquation entre homogénéité sociale et forme urbaine (le lotissement), et entre projet social ou cohésion sociale – la communauté – et système d’enclavement résidentiel. En d’autres termes, il ne serait pas nécessaire de chercher le quartier ou le voisinage, puisqu’il est toujours-déjà là.

2Une première hypothèse de travail consiste donc à appréhender le lotissement – ou une morphologie résidentielle à l’échelle de quelques rues, qui rende compte de la nature du projet urbain – comme l’unité de base de la territorialisation suburbaine (Newman, 1972 ; Charmes, 2010), ce qui revient à rapprocher la morphologie du lotissement de celle du quartier. Dans les modes de production, dans les modalités de la gouvernance urbaine privée (la copropriété) comme dans les morphologies urbaines, tout semblait concourir à cette lecture.

3Deux tentatives différentes de construction des contextes et voisinages sont livrées ici. Une première approche est théorique et part des pratiques d’attachement des habitants et de la construction des liens faibles et des liens forts. Elle vise à tester la pertinence du niveau lotissement comme descripteur des proximités et de l’homogénéité socio-économique locale (chapitre 4). Il s’agit d’éclairer une démarche portant sur les niveaux géographiques auxquels se fabriquent les conditions de l’homogénéité sociale sur les marges suburbaines. Cette démarche interroge la portée spatiale de l’inégalité sociale : à quelles échelles locales ces mesures statistiques de l’inégalité se perçoivent-elles le mieux ? Où apparaissent les ruptures, les discontinuités entre quartiers ? Et comment ces niveaux s’articulent-ils avec les constructions théoriques en géographie sociale ou en sociologie ?

4D’autre part, des logiques d’acteurs, et notablement celles associées au changement de paradigme dans le financement de la production du suburbain, sont très largement ancrées dans des logiques financières ou financiarisées (chapitre 5). Elles questionnent l’ancrage spatial du capital et des logiques locales qui dominent pour les acteurs (promoteurs, collectivités locales), alors que le financement des équipements repose désormais sur les marchés internationaux sur lesquels les fonds sont levés. Comment cette macrostructure financière finit-elle par s’ancrer localement, dans les territoires, pour en structurer les jeux d’acteurs autour d’un intérêt convergent pour le prix immobilier ? Je présente un système local de relations contractuelles entre les promoteurs, les juridictions locales, les districts et les propriétaires, dont l’équilibre repose sur la croissance de la valeur immobilière. Le lotissement planifié, outil du contrôle de l’homogénéité des prix par son mode de gouvernance en copropriété, est au cœur de ce paradigme. En pistant les logiques spatiales de l’investissement et l’ancrage local du capital, je tente une approche de la structuration des proximités géographiques dans le voisinage par les logiques convergentes de valorisation du patrimoine immobilier.

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