Chapitre 8. Penser le social en contexte mobilitaire
p. 127-140
Texte intégral
1Nous l’avons suffisamment annoncé, nous nous centrons, dans le présent ouvrage, sur les discours. Nous l’avons également répété, nous ne pensons pas que discours et pratiques entretiennent des relations mécaniques, non seulement parce que les premiers ne déterminent pas nécessairement les secondes, mais aussi parce qu’ils sont également eux-mêmes des pratiques (discursives) sociales. De cette situation découle une difficulté à ne se référer qu’aux discours, aussi avons-nous, régulièrement, fait référence à d’autres pratiques sociales.
2Le moment est venu d’élargir notre propos et de cesser de tenter de serrer les discours au plus près. Nous allons ici faire une incursion dans quelques-uns des champs traditionnels de la sociologie et nous interroger sur l’impact que peut avoir pour eux le développement d’une normativité mobilitaire, notamment sous la forme de l’émergence de nouvelles pratiques non discursives.
3Il nous faut cependant être modestes et réalistes. On ne traite pas en quelques malheureuses pages de questions auxquelles d’imposants ouvrages ont été consacrés. L’ambition n’est donc pas de « faire le tour de la question », mais, bien davantage, de lancer des pistes, d’oser des hypothèses, de tenter des percées, en espérant qu’elles ouvrent quelque perspective et constituent l’amorce d’interrogations plus vastes. Il s’agit pour nous de nous risquer à indiquer des problématiques dans le cadre desquelles il nous semblerait fécond de poser la question de la mobilité et de la normativité qui la promeut.
La justice à l’ère mobilitaire
4À la forme-limite, correspond une conception particulière de la justice. D’une part, l’organisation du social par l’instauration de frontières délimitant des espaces dotés d’une homogénéité interne établit des catégories d’entités considérées comme identiques. D’autre part, l’idée du Juste repose sur celle d’une délimitation de territoires normatifs. À l’intérieur des limites tracées par les normes en vigueur se trouve le domaine du légal, de l’éthique, du Bien, du conforme ; à l’extérieur, celui des « hors-la-loi », du Mal, de l’injuste. Le Juste repose donc sur l’application1 d’une logique binaire à des ensembles d’entités égales, soumises par conséquent à un traitement identique. C’est le sens de l’idée d’égalité devant la loi : le traitement identique, en vertu de la même norme, de tous, considérés comme identiques en vertu de leur appartenance à une même catégorie, celle des sujets de droit.
5Mais cette conception ne peut être maintenue dans le cadre de la forme-flux. Si les limites disparaissent, elles entraînent dans leur chute et le principe d’entités interchangeables et celui de territoires du Juste clairement délimités. Il n’est dès lors plus question de réaliser la justice par l’application à tous des mêmes normes. Le signe en est l’apparition de nouvelles procédures de résolution des conflits fondées, non sur l’ambition d’atteindre la justice par le recours à des catégories préconstituées, mais bien sur celle de résoudre les conflits par la mise en relation de leurs protagonistes et par la construction commune d’une solution ad hoc. Cette vision des choses est présente de la manière la plus évidente dans la médiation pénale2. Auteur et victime d’une infraction y entrent en communication afin de décider ensemble et volontairement de la suite à réserver au litige qui les oppose et dont la commission d’une infraction n’est qu’une des incarnations. Celle-ci, en tant que symptôme, permet la détection du litige, mais ne le définit pas. Le problème traité n’est plus la transgression d’une limite (légale), mais le trouble de la relation des parties, raison pour laquelle on parle souvent de situation-problème3. La justice est remplacée par l’ajustement : il n’est plus question de trouver la juste position dans le cadre d’un imaginaire catégoriel et donc territorial, mais bien de développer la solution adéquate pour une relation donnée, l’adéquation se mesurant à la satisfaction des protagonistes et s’obtenant par un ajustement de la solution et des parties les unes par rapport aux autres.
6Il nous semble que les catégories conceptuelles d’idéal mobilitaire et de forme-flux sont susceptibles d’éclairer les phénomènes maintes fois pointés de flou et de bougés de la norme, de privatisation de la justice, de relativisation du règlement des litiges, etc4. Ce cadre nous paraît particulièrement à même d’éclairer la justice restauratrice, laquelle, si elle ne constitue pas pour l’heure une alternative effective aux systèmes traditionnels de justice, n’en est pas moins très présente et efficace dans les discours5.
L’identité en contexte mobilitaire
7David est familier du discours mobilitaire qui le somme de s’activer et de se « prendre en main », tant comme chômeur que comme détenu. La principale difficulté est pour lui de savoir comment se conformer aux commandements qui lui sont adressés. Quel projet peut-il se donner qui lui permette à la fois d’être reconnu, qui corresponde aux attentes des instances de contrôle social et qui puisse apparaître comme lui étant propre ? Se pourrait-il qu’existe un projet qui, outre ce qui précède, comblerait ses besoins personnels ? Comment convaincre de sa sincérité et éviter l’accusation de simulation ?
8Frédéric, armé de son doctorat, voyant les portes des institutions universitaires se fermer devant lui malgré les multiples reconnaissances symboliques et scientifiques dont ces dernières l’ont gratifié, se demande quelle orientation donner à sa vie. À quel emploi pourrait-il postuler, maintenant que son projet universitaire a avorté ? Comment assumer cette réorientation qu’il n’a pas choisie, tout en restant lui-même et en se réalisant ?
9Les questions qui émergent dans la vie de ces personnages sont typiques d’une confrontation au discours mobilitaire. Elles interrogent l’identité individuelle dans un contexte où une conformité spontanée est demandée, où l’on est prié de désirer le possible et l’adéquat. Cette problématique est d’autant plus importante que le discours de mise en mouvement de Soi n’offre a priori aucun principe d’orientation. S’épanouir, fort bien, mais comment ? Se réaliser, pourquoi pas, mais qui devenir6 ? Quelles opportunités saisir et quelle direction prendre ? Être adéquat, certes, mais selon quels critères7 ? Ainsi David ne peut-il avoir pour projet de réintégrer des réseaux criminels et de se réaliser en devenant un caïd local ; toutes les possibilités ne lui sont pas ouvertes, malgré l’injonction d’être « lui-même ».
10Certes, l’identité individuelle ne peut être définie de manière statique. Elle n’est le plus souvent qu’un arrêt sur image au cours d’un processus de construction mêlant expériences, définitions dialectiques avec l’environnement social et (re)construction individuelle d’un récit personnel. Bref, l’identité est ce cheminement qui permet, d’une part, de maintenir une image de soi cohérente malgré des adaptations constantes à l’environnement, et, d’autre part, de se considérer comme semblable à d’autres. Il s’agit d’un compromis entre changements constants et stabilités dans la relation de soi aux autres.
Rôles et statuts
11Une société se référant au discours de l’ancrage tend à traiter la question identitaire en référence aux espaces sociaux stables et hiérarchisés qui la constituent8. Il y règne l’uniformité induite par des critères sélectifs stables : dans l’espace social masculin, tous les hommes sont pleinement identifiés en tant qu’hommes, il en va de même des femmes, des ouvriers, des pères, des artistes, etc. En ce sens, l’identité renvoie à un processus individuel de conformation aux canevas propres à des espaces socialement préconstitués. Littéralement, la construction d’une identité revient à faire en sorte qu’une population soit constituée autour de la similarité de ses membres en ce qui concerne des critères prédéfinis.
12Le fondement du processus est donc la définition d’un espace par la détermination de caractéristiques homogénéisantes, partagées par toutes les entités ancrées dans cet espace. Homogénéité et frontière découlent donc du même facteur. Dans un tel contexte, l’identité d’un individu relève du catalogue de ses ancrages. Elle découle de son appartenance à divers espaces. Nationalité, sexe, ethnie, origine sociale, profession, langue, religion, etc., constituent une mosaïque identitaire. Chaque appartenance implique également des exclusions qui définissent tout autant l’identité, en creux cette fois.
13Ainsi, la construction identitaire résulte-t-elle d’un processus dialectique constant entre soi et alter, d’une participation à un collectif. Se construire une identité n’est pas tant s’affirmer comme personne singulière que se reconnaître – et être reconnu – comme semblable (identique) et comme dissemblable à d’autres.
14L’attribution d’un « statut social9 » participe à cette construction identitaire valorisée par le discours de l’ancrage. À l’occasion d’épreuves, l’individu se voit en effet octroyer une position sociale qui le « situe » par rapport aux autres, et notamment à ses semblables. Juge, prêtre, instituteur, ingénieur, mère de famille, homme, femme, enfant, les statuts sont nombreux et doivent être endossés par des individus, lesquels sont appelés à s’y identifier totalement. L’objectif est d’être son statut ; celui-ci devenant indissociable de la personne qui en est revêtue.
15Le statut assigne des droits et devoirs, traçant les contours du rôle que l’individu aura à incarner. Le rôle est donc l’actualisation d’un statut, la partition que l’individu interprétera à sa manière10. Le professeur se voit attribuer un statut l’identifiant et l’articulant aux individus investis d’un autre statut, celui d’étudiant, par exemple. Il peut cependant incarner ce statut de bien des manières exprimant son individualité à travers son interprétation du rôle correspondant à son statut.
16La régulation des identités par les statuts et les rôles présente d’incontestables avantages. Les parcours de vie apparaissent relativement tracés ils offrent ainsi une stabilité et une sécurité appréciables. Chaque espace tend à homogénéiser les caractéristiques des individus qui le composent, à la fois en réprimant les différences, mais aussi en négligeant celles qui ne peuvent être réduites par une discipline du regard. L’individu n’est alors pas en charge de la définition des identités, son seul devoir étant de les endosser. Ce confort lié à la déresponsabilisation et à la rigidité des identités se paie du prix de la conformité : il n’est pas question de contester ou de refuser un statut. Une mère de famille sait ce qu’il lui faut faire pour être conforme, ce qui peut lui être confortable ; elle sait aussi tout ce qui lui est à jamais inaccessible, ce qui peut être générateur de terribles frustrations. Les frontières spatiales et les permanences sont à la fois une protection existentielle et une prison.
Singularité et postures
17Inversement, le passage de la forme-limite à la forme-flux ne peut que remettre en question une identité fondée sur le statut. La fixité de celui-ci et sa territorialisation posent problème lorsqu’il n’est plus possible d’instituer des limites ou que rien ne peut prétendre à la constance. Comment se voir attribuer un statut sans contours ni persistance temporelle ? S’il ne s’agit plus d’occuper une position sociale et de jouer le rôle correspondant, si l’impératif est de passer constamment d’un projet à l’autre, d’en mener autant que possible de front et de s’adapter en permanence, l’identité ne peut dépendre de l’occupation d’une position sociale stable mais bien d’une oscillation permanente11. Les statut et rôle sont dysfonctionnels pour qui est soumis aux impératifs mobilitaires. Les impératifs d’activation et d’adaptation sont particulièrement problématiques à cet égard puisque, d’une part, la personne est censée être au principe de son propre mouvement et non recevoir un canevas prédéterminé et que, d’autre part, elle est sommée de s’adapter en temps réel aux circonstances plutôt que d’interpréter une partition déjà écrite. L’identité ne peut donc plus être fondée sur une relation fixe à une norme externe prédéterminée.
18Il n’est en fin de compte pas surprenant que les segmentations sociales n’échappent pas au rejet de la limite qui sous-tend l’idéal mobilitaire. La contestation des statuts et des rôles sociaux qui s’est développée n’est à cet égard pas celle, rituelle et classique, des structures par ceux qui sont sur le point d’y être admis ou par ceux qui rêvent de les remplacer par d’autres qui leur seraient plus favorables. Il ne s’agit pas de « trois jeunes peigne-cul » montrant leurs bonnes manières aux notaires sortant de l’hôtel des Trois Faisans (Brel, bien entendu), mais, de manière bien plus diffuse, d’une perte progressive du sens des notions mêmes de statut et de rôle et, concomitamment, de leur légitimité. C’est ainsi que le pater familias devient un simple membre de sa famille (souvent recomposée), le curé, un individu ayant fait des choix religieux individuels, l’instituteur, l’employé d’un pouvoir organisateur, l’ingénieur, un participant parmi tant d’autres à un projet productif, le parlementaire, l’une des voix se faisant entendre dans le concert politico-médiatique, etc. Les anciens statuts n’apparaissent, dès lors, au mieux que comme des qualifications temporaires dans un monde changeant. Rien qui permette la construction d’identités stables.
19Par ailleurs, les statuts étaient souvent exclusifs et, à tout le moins, ne pouvaient être combinés qu’en nombre limité. Appartenir à la fonction publique ou au secteur privé, être adulte ou adolescent, être col-bleu ou col blanc, être père de famille ou célibataire sans enfants, les statuts reposaient sur des exclusions. Leur combinaison au sein d’un même espace n’était que très rarement possible. De ce fait, les configurations individuelles existaient en nombre relativement peu important. Cette situation est bien entendu problématique dans un contexte où les cloisonnements sont, de manière générale, contestés dans leur factualité et dans leur légitimité. Il importe de pouvoir cumuler, agencer, mener de front des ralliements identitaires aussi nombreux et temporaires que nécessaire. Dans ce cadre, les thématiques de l’inter et du multi (culturel, disciplinaire12, national, partial13, sectoriel, ethnique, etc.), de la mixité, de l’hybridation et du métissage brillent d’un attrait particulier par leur promesse de combinaisons créatives, non hiérarchisées et totalement personnalisées de rattachements divers.
20Longtemps, nous fûmes sommés de tenir notre place14, aujourd’hui, nous sommes requis de ne plus tenir en place. S’ouvre alors la voie de la créativité et du travail sans filet : l’identité devient l’affaire de chacun, sommé d’être soi-même sans savoir ce que cette idée recouvre15. Nul modèle prédéfini, prêt-à-porter, mais la vague instruction de se trouver, de se réaliser, de se chercher. Infiniment. Jusqu’à l’épuisement s’il le faut.
« “Vous-même”, Maulaussène, “vous-même” ! l’“identité”, qu’est-ce que c’est encore que ce snobisme ? Vous croyez que nous sommes “nous-mêmes”, autour de cette table ? Être “soi”, monsieur, c’est être le bon cheval, au bon moment, sur la bonne case du bon échiquier ! ou la reine, ou le fou, ou le dernier des petits pions16 ! »
« Cessez d’être ce que vous étiez et devenez ce que vous êtes. »
Citation attribuée à Paolo Coelho et circulant sur Facebook.
21Sans statut, il n’est plus question d’un rôle qui en serait l’actualisation. Il revient à chacun d’adopter diverses postures correspondant aux nécessités du lieu et du moment. Il convient de ne pas s’y identifier, sous peine de se trouver dans l’impossibilité de procéder aux inévitables adaptations ultérieures, au risque, aussi, d’y perdre la singularité de son identité, si précieuse à qui veut apparaître préférentiellement connectable. Le shopping identitaire devient central et le Soi se doit d’être ironique, toujours distancié par rapport à la posture endossée17. Ces postures multiples sont ainsi des répertoires instables d’actions et de significations qu’il convient de combiner de manière diachronique et synchronique. Elles relèvent de la logique du « j’en suis » mobilitaire (participation) et non de celle du « je suis » propre à l’ancrage statutaire. Outre leurs nécessaires fonctionnalités dans le contexte considéré, ces postures sont interprétées comme signalant une attitude psychique (enthousiasme, empathie, motivation, .) qui témoigne d’une implication personnelle dans les relations avec d’autres acteurs du réseau. Il n’est plus demandé au cadre de simplement bien remplir sa tâche, mais « d’y croire ». Il ne sera ainsi plus engagé sur la foi de son seul diplôme ou de ses réalisations passées, mais également sur celles de sa motivation, de même que son évaluation prendra en compte son investissement personnel, son enthousiasme et son intégration dans l’équipe. Il n’est plus demandé au barista de chez Starbucks de servir le café, cela doit être une « passion18 » et même le candidat-maçon doit aujourd’hui produire une lettre de motivation. Il n’est plus question pour lui de se contenter d’empiler impersonnellement des briques pour gagner sa croûte, il participe à un projet et la garantie de son engagement ne peut se fonder que sur son implication affective et sa motivation personnelle. Jouer un rôle correspondant à son statut n’est pas suffisant, il faut adopter une posture. Engageante de préférence, si l’on compte être engagé.
« Autrefois, les managers achetaient de la main-d’œuvre. Désormais, les mains ne suffisent plus, vous devez trouver un moyen de toucher l’âme de vos employés pour tirer le meilleur d’eux-mêmes jour après jour19. »
Il n’est pas jusqu’au secteur de la prostitution qui ne soit touché.
« Plus qu’un simple acte sexuel exutoire, c’est un moment d’intimité, une relation interpersonnelle authentique bien que provisoire, qui est proposé. Amanda décrit ainsi sa dernière session avec un client : « En fait, j’ai passé l’essentiel du temps à lui faire un massage du dos, et nous avons aussi beaucoup discuté avant le sexe. À la fin, on avait dépassé l’horaire de sept minutes. » Ce nouveau type de prestations est nommé, de façon révélatrice, la girlfriend experience (GFE). […] Car K. est une prostituée girlfriend experience, vendant “la véritable impression d’entretenir une relation privilégiée avec chacun de ses clients”20. »
22La motivation personnelle est par ailleurs cruciale dans un monde réticulaire qui fait de la sécabilité des relations, la règle, en tant que base d’une mobilité tant désirée. La stabilité ne peut dès lors procéder d’une structure, mais seulement d’une adhésion personnelle dont la personne sera requise de faire la démonstration. Cette démonstration est sans fin, puisque, hors de toute construction institutionnelle, le lien ne peut être considéré comme acquis. Il durera le temps que le voudront les parties… ce qui rend précieuse l’assurance d’une grande motivation, garantie que perdure l’échange pendant encore un moment. Il faut donc vouloir en être et le montrer. La posture (comme registre émotionnel et signe de l’investissement dans l’action) est ainsi le témoin de la sincérité qui s’oppose à la fidélité aux statuts et aux rôles de la vision sociale hiérarchique. Il en est un signe, seule monnaie qui ait cours dans le contexte communicationnel du réseau. Bien entendu, un acteur dominant peut se permettre de ne pas jouer le jeu de la sincérité, lui qui peut mettre fin à une relation sans dommage. Pour lui, un clair cynisme peut aider à maintenir autrui sous l’épée de Damoclès de la rupture. À la moindre contrariété, ce peut en être fini du rapport.
« Comment le jeu fonctionne-t-il ? Il consiste à faire de l’oubli un mécanisme central du message politique. Pour cela, Nicolas Sarkozy sature de propositions l’agenda de la campagne. Il faut qu’elles soient si nombreuses et qu’elles se succèdent à un rythme si rapide qu’on n’en peut retenir aucune et que manque le temps nécessaire à l’examen et à la discussion de chacune d’elles. Alors peut se déployer ce qui fait la force de la rhétorique sarkozienne : la sincérité de l’instant. La sincérité de l’instant permet de multiplier à l’infini les sincérités. À chaque jour sa sincérité, à chaque proposition son urgence, son absolue nécessité, et le courage toujours renouvelé de celui qui la porte. Combinant stratégie et tempérament, une nouvelle passion politique s’impose : le culot21. »
23Pour Rosa22, nous sommes entrés dans une compétition performative et non positionnelle. C’est du maintien de nos performances et non de l’occupation d’une position que dépend notre rapport à autrui. Mais le passage d’un jeu de statuts et de rôles à un jeu de postures introduit une double difficulté. D’une part, les individus sont appelés à jongler, à un même moment et au fil du temps, avec des postures multiples. D’autre part, la labilité posturale entraîne la nécessité de convaincre de la sincérité de l’endossement d’une posture particulière et amène à prendre part à un jeu de signes. La personne doit donc être capable, en même temps, d’identifier la posture adéquate dans chaque situation, de gérer d’éventuelles frictions avec d’autres postures et de faire passer le message que l’on peut avoir foi en son engagement postural.
24Ainsi, dans une famille recomposée, comment être le père de certains enfants et le beau-père d’autres23 ? Comment apparaître comme sincèrement engagé dans une relation familiale et amoureuse que l’on pense temporaire par essence ? Comment être coordinateur d’une cellule dans son entreprise et simple observateur d’une autre ? Comment être perçu comme fiable dans le cadre de son entreprise alors que l’on reste à l’affût d’autres opportunités professionnelles ?
25L’équilibre se joue entre la limitation de l’implication – afin de maintenir intactes les possibilités de changement de posture – et la sincérité de la relation – afin de la stabiliser pendant le temps de son utilité –. Il faut éviter tant l’attachement excessif, qui ramènerait de la posture au rôle, que l’instabilité complète, qui empêcherait de tirer parti de la posture adoptée. Dans ce contexte, le simulacre peut être une arme de poids.
26Évidemment, un tel fonctionnement pose la question de l’identité et de la fiabilité des partenaires potentiels. Ainsi, l’Internet est-il régulièrement interrogé sous cet angle. D’une part, la multiplication des identités (pseudos et identifiants multiples) apparaît comme l’exemple type de l’usage de postures, avec tous les problèmes de sincérité et de fiabilité qui peuvent en découler24. D’autre part, la thématique du vol d’identité y apparaît comme une figure récurrente de l’insécurité. L’Internet apparaît alors comme un univers où l’on ne sait jamais « à qui on a affaire » et dans lequel on est toujours sous la menace de voir autrui usurper notre position dans le réseau. L’incertitude identitaire liée à la mobilité extrême qui règne sur la toile peut vraisemblablement être rapprochée des défis que lance la mobilité physique des individus à l’identification des personnes par l’État25.
27Dans un tel contexte, l’identité ne découle plus de l’attribution de qualités identiques à des cohortes d’individus, mais prend le sens du développement de spécificités uniques par la personne et notamment de relations particulières au sein du réseau social26. Il ne s’agit d’ailleurs pas tant de se forger un profil unique que de s’adapter constamment à son environnement et à ses besoins, de telle sorte que l’unique constante soit la personne comme acteur et non comme ensemble de statuts et rôles. Les postures passent, seul celui qui les endosse reste, occupé d’être lui-même, un Soi associatif, dans lequel le lien entre réalité intérieure et extériorité des raisons sociales s’est dénoué27.
Influence et idéal mobilitaire
28Une autre question classique de la sociologie est celle des rapports de pouvoir et d’autorité. Les deux font référence à des capacités à peser sur les comportements d’autrui en obtenant qu’il fasse quelque chose qu’il n’aurait pas fait de son propre chef. Dans le cas du pouvoir, la menace d’un désagrément – si petit fût-il – est l’élément qui décide le sujet du pouvoir à se conformer à la demande qui lui est adressée. Dans le cas de l’autorité, il s’agit de la capacité de son titulaire à faire apparaître ce qui est exigé comme conforme aux intérêts et/ou aux désirs propres de celui à qui il s’adresse28. L’autorité repose sur un jeu de légitimations qui feront apparaître les raisons proposées comme acceptables, le pouvoir n’en implique pas nécessairement. Cependant, la plupart des fois que le pouvoir apparaîtra clairement, il fera l’objet d’un discours social visant à lui éviter de passer pour purement arbitraire. Autorité comme pouvoir supposent une hiérarchisation, soit que l’on soit à même de convaincre autrui en lui proposant un discours qui fait autorité, soit que l’on ait la possibilité de le contraindre. Autorité comme pouvoir nécessitent, en règle générale, des systèmes de légitimation.
29Dans des systèmes reposant sur une logique d’ancrage, les hiérarchies sont assumées à travers des institutions visibles et de rapports d’autorité et de pouvoir établis. Ce n’est pas qu’ils soient les seuls en jeu, mais plutôt que ces modes constituent des formes acceptables de l’autorité et du pouvoir et peuvent de ce fait apparaître au grand jour. Le professeur, l’employeur, le magistrat, le père de famille, le prêtre sont, chacun dans son domaine, investis de pouvoir et d’autorité, lesquels découlent de leur statut social. Hors de ses délimitations instituées, le pouvoir est inacceptable, sauf à le reconnaître absolu, idée que la modernité a progressivement abandonnée.
30Les hiérarchies sont donc légitimes du fait de leur organisation à travers des institutions. Comme nous le faisions observer ci-dessus, des mobilités téléologiques sont possibles dans cet environnement, une forme de méritocratie permettant à l’individu de s’élever dans la pyramide. À l’inverse, des sanctions peuvent être appliquées sous la forme de déclassements, de dégradation.
31Organisation des hiérarchies, encadrement des emprises (pouvoir et autorité) et méritocratie sont ainsi quelques-uns parmi les principaux modes de légitimation des hiérarchies dans le discours de l’ancrage. On comprend bien qu’en contexte mobilitaire, rien de ceci ne peut tenir.
32Dans le cadre d’un système fondé sur la communication et sur des ajustements permanents, la question du pouvoir et de l’autorité semble remplacée par celle de l’influence. En premier lieu, la disqualification des hiérarchies, ensuite de celle des frontières, rend problématique la légitimation de l’autorité et du pouvoir. Cela ne signifie évidemment pas qu’il n’est plus question pour un individu de tenter de peser sur le comportement d’autrui, mais qu’il devient difficile de les présenter sous leur jour classique.
33C’est ainsi que, dans l’entreprise, il sera moins question d’établir une ligne hiérarchique claire permettant la réalisation des tâches à accomplir que de créer une équipe devant collaborer autour d’un projet temporaire. Le leader de cette équipe aura moins besoin d’une position hiérarchique supérieure que d’aptitudes au leadership. Il lui faudra donner l’exemple, créer un effet d’entraînement, motiver, jouer un rôle de go between entre les acteurs en présence. Bref, il ne s’agit plus de donner des ordres à exécuter, mais de créer les conditions de la réalisation du travail. L’instrument n’est plus le pouvoir ou l’autorité, mais l’influence.
34Il n’est pas question ici de déterminer si l’autorité et le pouvoir sont en voie de disparition dans les relations humaines. Il nous semble que, au-delà des noms, il est fait référence à des pratiques humaines dont il est peu probable qu’elles disparaissent radicalement. Cela étant, il nous semble que les pratiques d’hétéronomies sont aujourd’hui couvertes par un nouveau discours, celui de l’influence.
35Ainsi, dans le monde du web 2.0, cet Internet participatif où les contenus sont créés et échangés par tous, la notion d’influence a-t-elle une importance particulière. On ne compte plus les classements des « twittos les plus influents » : une simple recherche en ligne vous en dévoile plusieurs dizaines. Le monitoring de l’influence est d’ailleurs devenu le but de sites tels que www.klout.com qui, en calculant l’influence sur le web 2.0 au moyen d’un algorithme secret établit un score, liste les « influenceurs » et les « influencés », indique des sujets d’influence, des interventions influentes, un indice d’amplification de l’influence via la diffusion des informations que l’on dissémine, etc.
36Le site de Klout présente le projet comme suit : « Klout began with a very simple idea : everyone has influence – the ability to drive action. Klout built on this idea to show anyone how he or she can influence the world and its future. Klout was founded in 2008 to empower everyone to unlock their influence. We come to work every day inspired to help people understand the power of their voices and democratize influence29. »
37Si, aujourd’hui, ce site paraît passé de mode, il n’en demeure pas moins que les réseaux sociaux restent largement outillés en instruments de monitoring de l’activité et de son influence sur une audience.
38L’influence semble donc être cette capacité à peser sur l’action d’autrui par l’exemple et en suscitant chez lui l’envie de modifier ses attitudes de sa propre initiative. Il s’agit également de participer, par exemple en partageant du contenu sur les réseaux sociaux, en « aimant » des publications sur Facebook ou ailleurs, en retweetant des messages sur Twitter, en suivant des leaders, en en devenant un, etc. Il est ici question d’une contamination, d’un mouvement de masse spontané, découlant de l’adhésion volontaire de milliers ou de millions de personnes.
39C’est ainsi que le marketing publicitaire est occupé à passer de l’idée de convaincre des prescripteurs d’achats (père de famille, ménagère de moins de cinquante ans, enfants) à celle de faire valoir leurs produits par le biais du marketing viral (nous retrouvons l’idée de contamination) en donnant envie aux individus de se passer le mot, de faire de l’adhésion à un produit ou à un comportement un élément d’identité. Ceci se marque, par exemple, par des campagnes sur Facebook incitant des membres à « aimer » la page du produit concerné et à partager avec leurs amis des statuts (textes, images, vidéos, annonces de concours, etc.) ou par des propositions de personnalisation du produit, lequel porte alors la marque de l’individu (personal branding) plutôt que celle du fabricant30.
40L’influence repose, non sur une hiérarchie définissant les rapports de subordination, mais sur la structuration de l’espace relationnel par l’attraction des différents nœuds qui en composent le réseau. Elle repose donc sur l’enrôlement volontaire à la suite d’une majorité ou d’une minorité désirable, attractive au sein du réseau. Les impératifs de participation et d’adaptation permettent de comprendre la mise en place de relations de ce type. Pour utiliser un néologisme, on peut affirmer que l’adhocratie remplace la hiérarchie.
« Ainsi le leader est-il aujourd’hui redéfini. Il n’est plus celui que l’on suit aveuglément, celui auquel on doit obéissance aveugle (comme dans le cas extrême du Führerprinzip). Le leadership est désormais, comme l’affirme un formateur, une “capacité à influencer et à fédérer un groupe pour atteindre un but commun, dans une relation de confiance mutuelle et pour une durée limitée.”
Il précise par ailleurs que : “Être un leader est une reconnaissance, et non un statut.”31 »
Un des risques liés à cette personnification du leadership est bien entendu que tout le capital relationnel et réputationnel soit constitué sur la tête d’une personne et rende périlleux le passage de flambeau à un successeur, alors même que l’enchaînement des projets est une valeur mobilitaire.
« Aussi, la milquetisation32 ne constitue pas en soi une erreur stratégique. Celle-ci s’inscrit dans une tendance plus générale affectant la vie démocratique dans son ensemble : des partis ratissant large, ne rechignant pas à pratiquer la “triangulation” ou le benchmarking (occuper les thèmes des partis concurrents pour leur couper l’herbe sous le pied), des partis soucieux de gagner de nouvelles “parts de marché”, des partis qui se vident peu à peu de leur substance militante pour laisser place aux partis-projets mono-incarnés, personnifiés par des individus-marques médiagéniques ; des politiques ayant parfaitement intégré les règles de la médiatisation contemporaine (l’immédiateté, le self-branding, la priorité donnée au registre émotionnel).
Dans ce contexte, et en dépit de l’arrivée de Benoît Lutgen à la tête du parti, Joëlle Milquet demeure de facto la figure de proue des démocrates-humanistes. En résulte une dissonance communicationnelle entre la “marque Milquet” médiatiquement indéboulonnable et un président Lutgen peu disert. Or, pour que le changement de présidence soit définitivement acté, celui-ci doit s’accompagner d’un leadeurship explicitement discernable33. »
41On voit ici réapparaître des distinctions dans un système de pensée fondé sur les idées de réseau, d’absence de contrainte et d’horizontalité. Sans doute cette hypothèse serait-elle intéressante pour approcher les situations d’autocontrainte telles que les procédures consensualistes en matière pénale34. Ainsi la question de la liberté des parties à la médiation pénale a-t-elle été maintes fois posée : une procédure se déroulant à l’ombre du juge pénal, à l’initiative du parquet et mettant en présence victime et infracteur ne peut sans doute pas entièrement être décrite au moyen des concepts, encore pertinents néanmoins, d’autorité et de pouvoir. Il pourrait dès lors être intéressant de préciser le rôle du médiateur à travers la notion d’influence.
Notes de bas de page
1 On notera au passage que cette application repose elle-même sur une répartition « territoriale » des compétences. Le principe de séparation des pouvoirs en est l’illustration parfaite.
2 Nous avons développé ailleurs les rapports entre médiation pénale et idéal mobilitaire, Mincke C., « La médiation pénale, contre-culture ou nouveau lieu commun ? Médiation et idéologie mobilitaire », art. cité.
3 Walgrave L., « La justice restaurative : à la recherche d’une théorie et d’un programme », Criminologie, 1999, p. 9 ; Mincke C., La médiation pénale face à ses idéaux fondateurs. De l’utopie à l’aveuglement, op. cit., p. 45.
4 Cartuyvels Y. et D. Kaminski, « Bougés et flous du pénal », Le pénal au bord du futur. En hommage à et avec Lode Van Outrive, Paris, L’Harmattan, coll. « Déviance et Société », 1998, p. 119-129 ; Tulkens F. et M. van de Kerchove, « La justice pénale : justice imposée, justice participative, justice consensuelle ou justice négociée ? », Revue de droit pénal et de criminologie, 1996, p. 529-579 ; X, Droit négocié, droit imposé ?, Bruxelles, FUSL, 1996 ; Digneffe F., La responsabilité et la responsabilisation dans la justice pénale, Bruxelles, Larcier, 2006 ; Mary P., « Le travail d’intérêt général et la médiation pénale face à la crise de l’État social : dépolitisation de la question criminelle et pénalisation du social », dans Travail d’intérêt général et médiation pénale. Socialisation du pénal ou pénalisation du social, Bruxelles, Bruylant, 1997, p. 325-347.
5 Mincke C., La médiation pénale face à ses idéaux fondateurs. De l’utopie à l’aveuglement, op. cit., p. 241 et suiv. ; Mincke C., « La médiation pénale, contre-culture ou nouveau lieu commun ? Médiation et idéologie mobilitaire », art. cité.
6 Cette question est pointée par Alain Ehrenberg comme la question centrale adressée aux individus contemporains, Ehrenberg A., L’individu incertain, op. cit. ; Ehrenberg A., La fatigue d’être soi : dépression et société, op. cit.
7 En matière de justice des mineurs, Isabelle Delens-Ravier pointe cette exigence de responsabilisation des mineurs délinquants qui demande un investissement considérable sans être assortie de la moindre garantie d’appréciation favorable (Delens-Ravier I., « Mesures réparatrices… », art. cité).
8 Montulet B., « De la socialisation collective à la socialisation réticulaire », dans G. Bajoit (dir.), Jeunesse et société. La socialisation des jeunes dans un monde en mutation, Bruxelles, De Boeck, 2000, p. 63-73.
9 Goffman E., La mise en scène de la vie quotidienne, Paris, Éditions de Minuit, 1973, p. 24.
10 Ibid.
11 Bauman Z., Liquid Modernity, op. cit., p. 87.
12 L’interdisciplinarité peut ainsi être conçue comme une mobilité. Frello B., « Towards a Discursive Analytics of Movement », art. cité, p. 29. On notera que, pour Cresswell, l’interdisciplinarité est une caractéristique de la métaphysique nomade et, pour Urry, l’ère post-disciplinaire qu’il appelle de ses vœux répond au tournant de la mobilité. Cresswell T., On the Move, op. cit., p. 45 ; Urry J., Mobilities, op. cit., p. 18.
13 La multipartialité est utilisée par certains médiateurs pour décrire leur situation d’empathie pour l’ensemble des parties à un conflit, qui les mène à prendre le parti de tous, plutôt que de refuser celui de quiconque dans le cadre d’une attitude d’impartialité, propre, par exemple, à un magistrat qui se distingue clairement, par son statut, des justiciables sur lesquels il a autorité.
14 Bauman Z., Liquid Modernity, op. cit., p. 32-33.
15 Ehrenberg A., La fatigue d’être soi : dépression et société, op. cit., p. 57 et suiv.
16 Pennac D., La petite marchande de prose, Paris, Gallimard, 1997, p. 117.
17 Bauman Z., Liquid Modernity, op. cit., p. 87.
18 Wallraff G., Parmi les perdants du meilleur des mondes, op. cit.
19 Nelson B. et P. Economy, Le management pour les nuls, op. cit., p. 20.
20 Molénat X., « Lesexe, un métier comme lesautres ? », Scienceshumaines, 229, 20 juillet 2011, http://www.scienceshumaines.com/le-sexe-un-metier-comme-les-autres_fr_27524.html, consulté le 4 avril 2013.
21 Bertrand D. et J.-L. Missika, Prédominante logique du spasme, http://www.lemonde.fr/idees/article/2012/03/12/predominante-logique-du-spasme_1656557_3232.html, consulté le 17 avril 2013.
22 Rosa H., Aliénation et accélération. Vers une théorie critique de la modernité tardive, op. cit., p. 82.
23 Théry I., « Parent/beau-parent, refonder les places pour libérer les sentiment », dans Recomposer une famille, des rôles et des sentiments, Paris, Éditions Textuel, 1995, p. 87-111.
24 Pour un aperçu de ce genre de discussion en ligne, opposant fiabilité et liberté, nous renvoyons à deux billets se répondant sur le site Slate.fr. Anonyme, « Je veux garder les commentaires anonymes », Slate.fr, http://www.slate.fr/story/35611/je-veux-garder-commentaires-anonymes, consulté le 3 avril 2013 ; Manjoo F., « Je ne veux plus de commentaires anonymes », Slate.fr, http://www.slate.fr/story/35485/commentaires-anonymat-facebook-internet, consulté le 3 avril 2013.
25 Bonditti P., « Biométrie et maîtrise des flux : vers une “géo-technopolis du vivant-en-mobilité” ? », Cultures & Conflits, 58, 10 octobre 2005, p. 131-154.
26 Urry J., Mobilities, op. cit., p. 177.
27 Bauman Z., Liquid Modernity, op. cit., p. 87.
28 Bourgeois É. et J. Nizet, Pression et légitimation. Une approche constructiviste du pouvoir, op. cit., p. 37 et suiv. ; Mincke C., La médiation pénale face à ses idéaux fondateurs. De l’utopie à l’aveuglement, op. cit., p. 63 et suiv.
29 http://klout.com/corp/about, consulté le 26 mars 2013.
30 Coca-Cola a mis en place une spectaculaire campagne de ce type en permettant à ses clients de faire inscrire leur prénom sur leurs cannettes.
31 Gaunand A., Une définition du leadership : influencer et fédérer, http://www.antonin-gaunand.com/leadership/une-definition-du-leadership-influencer-et-federer/, consulté le 18 février 2015.
32 Du nom de Joëlle Milquet, longtemps présidente du « Centre démocrate humaniste » belge (Parti social-chrétien). La note est de nous.
33 Baygert N., « Le CDH : entre souffle de vie et souffle au cœur », Belgosphère, un blog de la Revue nouvelle, 25 février 2015, http://www.revuenouvelle.be/Le-CDH-entre-souffle-de-vie-et-souffle-au-coeur.
34 À ce propos, voyez les considérations de Kaminski sur le managérialisme et la justice négociée, Kaminski D., « Trouble de la pénalité et ordre managérial », Recherches sociologiques, 1, 2002, p. 87-107 ; Kaminski D., « De l’amour du prochain et de son châtiment », dans La justice de proximité en Europe. Pratiques et enjeux, Toulouse, Érès, 2001, p. 131-143 ; Tulkens F. et M. van de Kerchove, « La justice pénale : justice imposée, justice participative, justice consensuelle ou justice négociée ? », art. cité. Nous avons également relié le managérialisme (dans le domaine de la justice) à l’idéal mobilitaire, Mincke C., « Mobilité et justice pénale. L’idéologie mobilitaire comme soubassement du managérialisme », Droit et société, 84, 2013, p. 359-389. À propos du rejet de l’autorité et du pouvoir dans le cadre d’une procédure de médiation pénale consensualiste, voyez également Mincke C., La médiation pénale face à ses idéaux fondateurs. De l’utopie à l’aveuglement, op. cit., p. 36-40 ; Mincke C., « La médiation pénale, contre-culture ou nouveau lieu commun ? Médiation et idéologie mobilitaire », art. cité.
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