Chapitre 1. Mettre des cartes dans les livres
p. 21-56
Texte intégral
1Dans les livres contenant des cartes, il existe finalement quatre types d’illustrations. Les premières sont celles qui organisent l’espace de la page, voire celui du texte1 : les bandeaux, lettrines et fleurons (doc. 1.01). Viennent ensuite les illustrations servant à introduire les textes, entendons ici les frontispices. Leurs usages amènent vers le troisième type d’intégration de la carte, placée en tête ou en fin d’ouvrage ; puis vers celui de l’image insérée, proche du premier type par bien des aspects car il participe intimement de la logique du texte tant ces illustrations y sont intégrées.
1. Bandeaux, lettrines et culs-de-lampe : les rares occurrences de la carte
2Dans l’espace du texte, quelques illustrations servent depuis les origines de l’imprimerie à aider le lecteur à voir les moments de passage d’un morceau de texte à une autre. Il s’agit des bandeaux, culs-de-lampe et lettrines. Ces ornements typographiques participent de l’espace de la page imprimée au même titre que les caractères, et de l’espace du livre, non seulement en tant qu’ornement, mais surtout en tant que marqueur des scansions de l’ouvrage, entendons débuts et fins des chapitres, voire des paragraphes.
3L’on trouve peu de globes ou de cartes parmi ces objets d’illustration, malgré parfois des tentatives de mise en relation avec le thème abordé. Les rares cas de cartes se répartissent dans deux lieux. Le premier est celui des représentations guerrières du pouvoir, comme dans les Plans et journaux des sièges de la dernière guerre de Flandre (doc. 1.02). Le second lieu est celui des activités scientifiques, comme par exemple dans le cas du Recueil d’Observations faites en plusieurs voyages publié par l’Académie des sciences (doc. 1.03), ou dans la Description de la Chine de Jean-Baptiste Du Halde (1674-1743) en 1735 (doc. 1.04).
4La carte est présente dans le recueil : dans la lettrine, avec une carte au sol proche du savant observant le paysage avec sa lunette, ou dans le bandeau qui cumule les symboles cartographiques, depuis la grille de la fenêtre en passant par une carte murale, un globe ou une sphère armillaire (doc. 1.03). De même dans le globe de la lettrine ou à droite du personnage (l’empereur Cang Hi) qui figure dans le premier bandeau du premier volume de Du Halde (doc. 1.04). Mais ces figurations restent extrêmement minoritaires, les fleurons et culs-de-lampe classiques, servant d’un livre à l’autre, sont dominants : des gravures neutres, réutilisables, rythment n’importe quel ouvrage ; les bandeaux comme ceux reproduits ne peuvent que difficilement être employés en dehors des livres de géographie. Ce n’est donc pas là que l’enquête sur la diffusion de la carte trouve ses indices les plus forts.
2. De la carte dans le frontispice à la carte-frontispice
5Les deuxièmes images sont les frontispices. Louis Marin en a bien montré l’importance dans un texte relatif aux contes de Charles Perrault et qui insistait sur l’aspect principiel de la gravure placée en frontispice6. Elle serait « analogue au but et à l’esprit de l’ouvrage et annoncerait le protocole obligé du livre : voici comment il faut lire : plus précisément encore, voici comment il faut, pour bien lire, que le lecteur retrouve imaginairement ou réellement les mêmes circonstances que le frontispice lui représente ». Les frontispices poussent donc, dans un « raccourci plastique7 » à un type de lecture qu’ils, appuyés sur la carte, invitent à la pratiquer.
6Lorsque les frontispices renvoient au monde de la cartographie, il semble qu’ils le font de trois façons différentes. Le premier cas, souvent très allégorique, place la carte – et en fait souvent le globe – comme un élément signalant la portée du discours ou son intégration à la géographie : c’est le cas des atlas, mais encore des Géographies qu’elles visent un public plus ou moins jeune. Les deux tomes de la Géographie moderne de Nicolle de la Croix8 (1704-1760) prennent les figures classiques de chérubins mesurant, le premier avec une carte sous le pied du globe, le second avec une même carte sous le genou (doc. 1.05). Au-delà du globe9, les cartes sont ici plus rares et ne sont parfois qu’à peine visibles.
7Déjà le frontispice du Théatre du monde de Guillaume Blaeu montrait une carte, à peine déroulée dans la main de Ptolémée, sous le frontispice (porche avec colonnade) encore proche de l’architecture. De même chez Jacques Robbe, où la carte se trouve posée devant un globe, sur la table d’une bibliothèque qui invite à l’étude (doc. 1.06). Dans le frontispice de la Géographie ancienne abrégée de Jean-Baptiste Bourguignon d’Anville (1697-1782), la carte figure soit à l’intérieur de forts volumes in-folio, soit plus probablement roulée au sol devant les personnages (doc. 1.07). Il faudra décidément suivre l’invitation de cette gravure principielle et ouvrir le livre pour en savoir plus.
8Dans le deuxième cas, le frontispice peut mettre en scène la construction de la carte, comme dans les ouvrages de Louis-Charles Dupain de Montesson (1713-ca 1790). La carte n’est pas à proprement parler présente, mais on se surprend à regarder par-dessus l’épaule de l’officier représenté dans le frontispice de L’Art de lever les plans, doc. 1.08) pour distinguer la carte dessinée avec tant de moyens techniques.
9Reste un troisième cas, dans lequel la carte serait l’analogon du voyage. C’est ainsi la figuration choisie pour le Voyage de Jerusalem dès 1608, ainsi que pour le Voyage d’Alep à Jerusalem de 1705 (doc. 1.09), mais c’est aussi celui repris pour la version du Robinson Crusoe pour les enfants publiée par Campe dans les années 1780 (doc. 0.02). Quel que soit le type de cartographie, paysagère au début du xviie siècle, proche d’une échelle 1 à la Borges où le cavalier partant pour Jérusalem semble pouvoir voyager sur la carte, voire dans la carte, ou enfin en auréole au-dessus de la tête du père – en majesté – racontant l’histoire du voyage de Robinson à ses enfants dans le dernier cas, à chaque fois la carte dit le déplacement, l’ailleurs et le lointain dans ces frontispices. Distinguons cependant ici les deux formes de présence cartographique qui ouvrent ces livres. Si le frontispice du Robinson de Campe est très proche des cas précédents, puisqu’en dehors de la grille qui laisse penser à une mappemonde, les contours restent indistincts ; en revanche les deux autres frontispices placent des cartes lisibles au début du livre. Le frontispice du Voyage d’Alep à Jerusalem permet en effet de distinguer les noms d’Alep, de Chypre, voire de Soristan (la Syrie). Plus encore, Le très devôt voyage de Jerusalem offre une carte en demi-perspective des alentours de la Ville sainte, dont d’ailleurs de nombreux éléments sont désignés par des lettres auxquelles le texte du livre renverra (doc. 1.09). De décoration, voire de symbole renvoyant à un savoir ou à une pratique, on passe ici à une carte qui peut assumer ses fonctions de repérage.
10Signalons, pour finir, une absence : celle des frontispices cartographiques dans les nombreux ouvrages dépeignant les batailles récentes ou guerres en cours : des questions de temporalités l’expliquent aisément. Alors que les récits de voyage ne sous-entendent pas d’urgence dans leur publication, ceux de bataille et de guerre informent, si ce n’est au jour le jour, du moins mois par mois, vitesse remarquable dans les conditions techniques de l’imprimerie de l’époque. Sur ce point, Mary Pedley donne l’exemple de William Faden qui publie à Londres, le 10 août 1776, le plan de la bataille de Fort Sullivan (actuelle Caroline du Sud) qui s’est déroulée le 28 juin de la même année14. Même les portraits de généraux sont finalement rares dans ces livres. Le temps du dessin et de la gravure du frontispice n’est pas le même que celui de l’information et les quelque 200 ouvrages (1600-1820) consultés n’ont pas permis de voir apparaître un frontispice type pour ce genre de livres.
11Mais l’essentiel est probablement ailleurs, dans le fait que ces frontispices – qu’ils soient sur la page de titre, ou sur celle en regard du titre – sont finalement rares, surtout après 172015. Et qu’à cette rareté on peut opposer une présence concurrente, surtout à partir des années 1740-1750, celle de cartes collées, au mieux au début du livre, dans une forme de remplacement du frontispice. Au-delà d’un glissement dans la forme des livres à figure, qui va voir disparaître le frontispice au profit de l’illustration, ce qui se joue ici c’est la constitution de la carte en tant que « protocole obligé de lecture » pour reprendre la formule de Marin16.
3. Mettre une carte dans un livre
12Insérer une illustration quelle qu’elle soit dans un livre n’a rien d’évident. Henri-Jean Martin a parfaitement montré que le texte et l’image sont deux modes d’expression qui, s’ils sont complémentaires, sont également concurrents dans le livre17. Nous l’avons en partie vu dans le cas du frontispice. Plus encore, le texte et l’image sont soumis à des lois différentes qui évoluent en même temps que les livres se structurent et se diffusent. Enfin, et c’est surtout ce qui va nous occuper ici, les techniques de reproduction du texte et des images diffèrent et dépendent de traditions souvent difficiles à faire tenir ensemble. Or un livre est le fruit d’une opération, la reliure, qui consiste justement à faire tenir ensemble ses parties. Dans l’article « Relier » de l’Encylopédie le chevalier Louis de Jaucourt explicite clairement ce point :
Relier, c’est coudre ensemble les cahiers d’un livre et leur mettre une couverture. On dit brocher, quand on les coud seulement avec quelques points d’aiguille par-dessus, sans y employer des cordes pour faire des nervures, relier à la corde c’est quand on se sert d’une ficelle, que l’on met au dos de distance en distance pour tenir les cahiers unis, sans y rajouter de couverture. L’on dit simplement relier, pour signifier une reliure parfaite, avec des nervures, des tranchefiles, des cartons, et une couverture convenable18.
13Le livre est une collection de cahiers, issus de pliures de feuilles, tenant ensemble par une couture à la corde et avec une couverture, qui dans le cas de la brochure est une simple feuille et dans celui de la « reliure parfaite » un ensemble complexe de carton et de peaux (doc. 1.10).
14Dans ce processus technique, les gravures semblent absentes, offrant une définition a minima de la fabrication du livre au xviiie siècle. En effet, leur ajout sous-entend des manipulations supplémentaires. D’abord parce que les procédés de production de la gravure et de l’imprimé sont différents. Alors que la gravure en taille douce s’effectue sur une plaque de cuivre, par une série d’incisions, l’imprimerie de textes juxtapose des lettres de plomb dans un cadre de bois. De même, alors que la matrice de la gravure en taille douce reçoit l’encre dans les creux produits par le burin du graveur, dans le cas de l’imprimerie de textes, ce sont les parties en relief des lettres – appelées « œil » – assemblées par le typographe qui encrent le papier. Mais la différence va bien au-delà, puisque pour l’impression d’un livre, la feuille est pressée verticalement pour être imprimée, alors que dans le cas de la gravure en taille douce, la feuille posée sur la planche de cuivre passe entre deux rouleaux, horizontalement, pour être imprimée (doc. 1.11). Les machines employées sont donc différentes, de même que les métiers qui y sont associés. Les professions d’imprimeur en taille douce et d’imprimeur de livres forment deux communautés de métiers distinctes à Paris dès la fin du xviie siècle, que leurs règlements opposent sur bien des points21.
15Ce que la gravure sur bois permettait devient impossible avec la gravure en taille douce (doc. 1.12). Produire une feuille contenant une carte, placée au bon endroit de la surface du papier, de façon à ce que celle-ci passe dans la presse de l’imprimeur de texte, revient à rassembler les contraintes techniques de deux métiers pour les faire peser ensemble sur chacun. Or, deux opérations amènent toujours plus d’erreurs qu’une seule ; et perdre une feuille, voire plusieurs exemplaires d’une feuille, au temps du papier rare et de la matrice en cuivre qui s’use vite était peu envisageable. À ceci s’ajoute le fait qu’un même livre était souvent publié en différents formats (in-quarto, in-octavo et in-12 par exemple) qui correspondent à autant de types de pliages. Autant de formats, autant de gravures…
16Comme on peut le voir sur les schémas de pliage (doc. 1.13), les futurs feuillets du livre se trouvent tête-bêche, obligeant celui qui veut insérer plusieurs gravures à respecter non seulement la position, mais encore le sens. Par ailleurs, alors que les graveurs en taille douce n’utilisent qu’une face de la feuille, l’impression du livre se fait des deux côtés d’une même feuille, ce qui oblige à la battre pour l’aplanir entre l’impression du recto et du verso, technique propre aux imprimeurs de livres et non à ceux en taille douce.
17On imagine la difficulté qu’il pouvait y avoir, au xviiie siècle, à produire une feuille contenant une carte, placée au bon endroit de la surface du papier en fonction du type de pliage des feuilles tout en respectant la justification du texte sur la page en regard, voire, au pire, la justification dans la page de texte… La complexité allait croissant dès que l’ouvrage comptait plusieurs cartes qui ne se retrouvent pas nécessairement sur les mêmes faces des feuilles. Deux métiers, des machines différentes, des techniques diverses qui se trouvent réunis le temps d’un livre expliquent en partie les difficultés s’opposant à la production des livres à figure, et, même si l’information manque, il semble bien que le coût de ces ouvrages soit nettement plus élevé que celui des livres sans figure22. Des contraintes techniques freinent donc la diffusion de la carte dans les livres.
4. Jean Palairet : carte, cartogramme et mise en livre
18Dans les faits, rares sont les livres à être publiés en suivant toutes ces contraintes. Parmi ces ouvrages, deux joyaux du xviie siècle finissant : Pratique de la Géométrie de Sébastien Le Clerc (1669) et Les travaux de Mars d’Allain Manesson-Mallet (1671)23. Mais il s’agit plus de traités de géométrie24 que de livres à carte (doc. 8.01 à 8.07). Parmi les rares livres pour lesquels on tente de dépasser ces limites, se trouvent les ouvrages de Jean Palairet (1697-ca 1774). L’auteur – agent des états généraux des Provinces-Unies à Londres – qui était le maître de langue française du prince Guillaume d’Orange et de Nassau à Londres produit d’abord des manuels d’orthographe25, avant de s’intéresser à la géographie. Dans ce domaine, il est principalement connu pour son Atlas méthodique de 175526 et ses cartes des possessions anglaises et françaises en Amérique du Nord (1755, 1756 et 1763).
19Il ne semble pas qu’il existe une publication de sa part relevant d’une réflexion sur la place de l’image, ou sur la forme du livre. Cependant, il convient de noter que, dès les années 1730, il a probablement été amené à réfléchir sur l’espace de la page dans un livre puisque son New Royal French Grammar propose des pages complexes qui voient se succéder textes et tableaux27 (doc. 1.14).
20Le premier livre de Palairet qui soit lié à la géographie est la Nouvelle introduction à la Géographie moderne en deux parties (1754). L’annonce que l’auteur fait paraître dans le Journal Britannique de janvier-février 1754 propose cet ouvrage avec un Atlas méthodique en souscription, l’atlas pour trois guinées et demie, et l’introduction pour une demi-guinée28. Cette relation est réaffirmée dans l’avertissement de la Nouvelle introduction puisque Palairet y écrit : « Pour tirer de cet ouvrage tout le fruit qu’il peut procurer, je souhaiterois que le Lecteur eût mon Atlas sous les yeux en le lisant ; il s’accoûtumeroit sans peine à connoître les lieux, à mesure que j’en donne la description. » Mais rapidement l’auteur accepte une séparation des deux volumes :
Comme on n’étudie pas toûjours dans un cabinet, pour suppléer en quelque manière au défaut de l’Atlas, j’en ai fait un portatif ; c’est-à-dire, que j’ai changé la méthode qu’on a de donner une longue liste de noms de lieux : dans un Abrégé, cela revient presqu’à chaque page ; rien du plus sec, ni de plus rebutant pour la mémoire. J’ai rangé ces noms selon l’ordre, & dans la situation que les lieux tiennent sur le globe, ce qui forme autant de petites cartes chorographiques, où presque sans application ; on se familiarise la vraie position de chaque partie, de manière à la graver pour long-temps dans la mémoire29.
21En opposant liste et figurations géographiques, ce que Palairet effectue ici est une utilisation de caractères typographiques dans l’espace de la page, pour représenter l’espace géographique. Le plus souvent, l’auteur élabore des cartogrammes30 qui mettent en opposition les formes hautes aux formes longues, comme dans la représentation du monde ou de l’Afrique (doc. 1.15 p. 44 et 62). Mais d’autres fois, comme lorsqu’il s’intéresse aux situations des différents lieux d’une région, il propose de petites cartes très proches de celles classiques de l’époque, en reprenant parfois les symboles qui permettent de distinguer les hiérarchies urbaines dans les cartes (doc. 1.15, p. 124 et 226)31.
22Ces calligrammes, assez claires sur un feuillet, sont cependant en partie brouillés dès que l’image nécessite l’usage de plusieurs pages. Le saut de page brise l’organisation nord-sud de l’espace de la page au profit de la succession des lignes d’un texte.
23L’auteur reprend cette méthode dans le cadre de sa Description abrégée des possessions angloises et françoises du continent septentrional de l’Amérique pour servir d’explication à la carte publiée sous ce même titre qui paraît en 1755 en français et en anglais. En dehors de la carte évoquée dans le titre, le livre contient dans les deux langues deux cartogrammes, l’un pour l’Amérique du Nord dans son ensemble (doc. 1.16), l’autre pour les possessions anglaises. Comme dans le cas de la Nouvelle introduction et de l’Atlas méthodique, Palairet prend la peine de préciser dans l’avertissement de la Description abrégée que la carte et le texte sont liés.
24L’histoire de ce texte ne s’arrête pas là, puisque celui-ci va connaître au moins quatre éditions successives en français. Les première et deuxième ont lieu en 1755 et 1756 sans aucun changement apparent. La troisième est plus intéressante parce qu’elle opère une dissociation d’avec la carte. En effet, le titre change et la Description ne sert plus d’explication à une carte, mais devient un Ouvrage instructif & servant d’explication au tems présent33. En dehors de ce changement, et d’un raccourcissement de l’avertissement qui ne renvoie plus à la carte, le texte reste tel qu’il était. Les cartogrammes ne sont plus les supports d’une autre carte, ils se suffisent à eux-mêmes.
25L’intérêt de l’ouvrage se limiterait à cette évolution si les aspects matériels des livres correspondaient de façon stricte aux textes. Il n’en est cependant rien. Sans rien savoir de ce qui se passe dans la boutique de Nourse, Vaillant et Rocque, qui vendent les éditions de 1755 et 1756, on sait en revanche que les premières éditions du livre existant dans la plupart des bibliothèques nationales européennes contiennent le livre et la carte. Les deux objets, vendus dans un même lieu, ont été reliés pour former un livre, qui, s’il avait été imaginé, n’avait pas pour autant été suffisamment prévu par son auteur pour nécessiter un texte de liaison. On notera en revanche que les deuxièmes éditions, tant en anglais qu’en français ne contiennent pas de carte, mais que la première page du livre mentionne le prix à payer pour l’ouvrage : en anglais un shilling, en français, 12 sous.
26L’hypothèse qui découle de ces observations est que l’auteur n’a pas souhaité voir les objets ainsi réunis. En effet, en inscrivant le prix de vente sur le livre, il devenait difficile de le vendre plus cher en y comprenant la carte… L’annonce d’un prix avait été utilisée sur des cartes dès les années 1750 pour éviter certaines tentatives de plagiat, la technique était donc usitée34. Cette annonce de prix doit être mise en parallèle avec une pratique complémentaire qui fait de la carte une option du livre. C’est ainsi le cas des Livres de Poste à partir des années 1750. Dans ces volumes, il est précisé, dès la page de titre : « Le prix est de 24 sols Broché et de 36 sols relié avec la Petite Carte » (doc. 1.17). Entre le texte broché et le livre relié, un espace des possibles semble donc ouvert, et cela même si ce type de mention tend à le réduire.
27On n’en saura pas plus sur l’affaire Palairet, faute de sources, cependant celle-ci a permis, non seulement d’évoquer une forme cartographique particulière, pensée dans le corps du livre, mais encore de bien distinguer quatre acteurs du livre qui – en amont du lecteur – peuvent agir dans des directions différentes : l’auteur, l’imprimeur, l’éditeur et le relieur. C’est sur ce dernier acteur qu’il convient maintenant de revenir pour comprendre la nature de la relation matérielle entre le livre et la carte.
5. Carte et reliure
28Le relieur a pour rôle de faire tenir ensemble des éléments possiblement disparates. Il est le dernier acteur de la production du livre. Car au-delà de la méthode qui consiste à insérer des cartes ou des cartogrammes directement dans le corps du texte, et qui comme nous l’avons vu n’a pendant longtemps pratiquement pas été utilisée du fait de difficultés importantes, il existe pour le relieur des moyens d’intégrer la carte au livre36.
29Le premier cas, peut-être le plus simple, est celui de l’atlas qui est un livre de figure – entendons composés à partir de figure – plutôt qu’un livre à figures – dans lequel sont intégrées, en plus du texte, des figures37. Il s’agit dans ce cas de procéder à un montage par onglet. L’onglet est une bande de papier qui, collée au pli de la gravure, avec une réserve de papier à cet endroit, va permettre de coudre ensemble plusieurs feuilles pour former le livre. On se trouve alors dans la situation du livre ancien classique, composé de cahiers liés entre eux. Le premier intérêt de ce type de travail est son homogénéité puisque chaque feuillet est traité de la même façon. La méthode, utilisée dès les premiers atlas, se maintient ensuite sur le temps long, comme on le voit dans l’Atlas pour servir à l’intelligence des campagnes de la Révolution française d’Adolphe Thiers (doc. 1.18). Le second intérêt est qu’il est possible de laisser une place pour une carte supplémentaire que l’acheteur pourrait souhaiter ajouter (doc. 1.19).
30Le deuxième cas concerne cette fois-ci l’ajout d’une carte, soit au début, soit à la fin du livre. Il s’agit alors de placer un onglet qui, collé au dernier (ou au premier) cahier de l’ouvrage, va rendre possible l’ajout d’une carte (doc. 1.20). Cela permet, en outre, de former un cahier supplémentaire en fin de volume si les documents sont nombreux. Cette technique peut cependant fragiliser l’ouvrage comme dans le cas du Compte rendu au Roi par M. Necker38 qui contient un tableau et deux cartes à la fin du volume (doc. 1.21). Pour le relieur, insérer des cartes à cet endroit, c’est donc courir le risque de voir l’intégrité de l’ouvrage en même temps que son travail remis en cause.
31Le danger pour la reliure vient de la différence de l’épaisseur entre le lieu de la couture (le pli du feuillet) et le corps du livre que le pliage de vastes documents entraîne. Si l’on observe ainsi la tranche du premier volume de l’Itinéraire de Paris à Jérusalem de François-René de Chateaubriand, dans sa deuxième édition, in-8o de 1811 chez Le Normant (doc. 1.22), celle-ci apparaît absolument déformée par la présence d’une carte « de la mer Méditerranée » de Lapie, gravée sur un fort papier, pliée huit fois sur sa longueur et trois fois sur sa largeur, soit l’épaisseur d’au moins 24 pages pour deux au niveau de la reliure.
32La carte souffre d’ailleurs tout autant, pliée, déchirée, voire arrachée au livre. Ce qui a lieu ici est un conflit de format entre carte et livre, et l’histoire de cette relation est celle d’une négociation, toujours à reprendre, entre lisibilité de la carte et solidité de la reliure.
33Le choix d’une position en début ou en fin de volume semble s’accompagner aisément de l’usage de vastes cartes qui nécessitent d’être pliées. Dans l’idéal, tel que le dépeint un manuel de relieur des années 1820, « il faut toujours les faire sortir en entier hors des volumes ; afin que le lecteur puisse les consulter, sans difficulté, en lisant leurs descriptions : pour cela on colle à chacune un morceau de papier blanc d’une grandeur suffisante, si les planches n’en portent pas assez, et c’est sur ce papier blanc que l’on coud41… » Précisons cependant que, si des reliures aussi soignées existent, elles sont très minoritaires et les cartes ne dépassent presque jamais entièrement des volumes qui les contiennent. Elles sont au contraire insérées au plus près de la reliure (doc. 1.23 et 1.24), ce qui est un gage de solidité renforcée puisque le bras de levier est moindre, limitant alors les risques d’arrachement ou de déchirement. Les éditeurs sont conscients de cette difficulté, mais tentent de présenter le risque comme faible. Ainsi, Durand, libraire rue Saint-Jacques qui publie l’Atlas portatif universel et militaire de Robert, précise dans une annonce parue par le Mercure de France de juin 1748 :
Il contiendra environ 140 Cartes in-4o qui pliées en deux, formeront un volume de forme in-8o, qui aura l’avantage de présenter ouvert, tout petit qu’il sera, les Cartes dans leur entier, à l’exception seulement de quelques unes générales qui seront pliées, mais qui en souffriront peu ; étant d’un usage moins fréquent que les autres42.
34La troisième forme d’insertion de cartes dans un livre est celle qui consiste à intercaler la carte dans le texte. Elle se décompose en trois pratiques dif férentes, qui vont de la plus distante à la plus intime. Le xviiie siècle a développé toute une méthodologie de la relation entre l’image d’extrémité du livre et le texte, dont nous avons hérité. Dans sa version la plus simple, il s’agit d’un simple renvoi, qui peut-être soit dans le texte, comme dans l’introduction à la Géographie des Sieurs Sanson dans son édition de 1743 (doc. 1.25), soit dans la marge, comme dans le Voyage d’Uranibourg deJean-Félix Picard (doc. 1.26). Mais la relation peut être plus élaborée, plaçant non seulement ces renvois, mais y ajoutant, avant les planches, un texte explicatif, entre légende et partie de l’argumentaire. Ainsi dans le cas de ce Mémoire sur les eaux minérales (doc. 1.27), les pages 137 à 140, qui se trouvent entre le texte proprement dit et la carte, servent-elles non seulement à expliquer la topographie de l’installation telle qu’elle apparaît sur la carte (à travers un système de renvoi à des chiffres placés sur la planche), mais encore à démontrer la faisabilité du projet de construction d’un lieu de repos pour les héros de la Révolution (par un texte imprimé avec un corps plus petit et une marge à gauche plus ample). L’insertion d’une carte produit donc non seulement une réflexion sur l’espace du livre, arrangé en trois parties (texte, explication des planches, planches), mais aussi un travail sur l’espace de la page où la forme des paragraphes participent de l’articulation des parties du livre. Ce bel ordonnancement, qui voit se succéder le texte, le commentaire du plan, puis le plan lui-même, semble extrêmement contraignant pour le relieur. Il peut cependant souffrir quelques aménagements. Ainsi, contrairement au volume conservé à la bibliothèque d’Angers, ou à celui de l’université de Gand, l’exemplaire de ce Mémoire sur les eaux thermales conservé par la bibliothèque de l’État de Bavière est-il relié avec la carte en frontispice…
35Le rapport entre le texte et la carte ne se trouve donc réellement constitué qu’au sortir de l’atelier du relieur. Celui-ci négocie entre demandes du client, compétences techniques et choix esthétiques. Cette distance entre imprimeur et relieur se trouve parfois augmentée d’un autre facteur, celui de productions d’ouvrages sur le temps long. Ainsi, lorsque Nicolas de Fer (1646-1720) publie son Atlas curieux au tout début du xviiie siècle, le travail de fabrication des dif férentes gravures, dont la liste n’est d’ailleurs pas clairement arrêtée, va prendre plusieurs années. L’auteur prévient donc « ceux qui achèteront cet Ouvrage, à mesure qu’on le publiera [qu’ils] ne se pressent pas de le faire relier, il y aura pour le moins deux cens figures qui avec leurs descriptions composeront deux justes volumes. Dans la dernière partie je marqueray l’ordre, selon lequel il faudra ranger toutes ces figures, pour les faire relier46 ». Les moins patients, ceux qui cessent d’acheter les livraisons successives, relient donc – s’ils le font – sans suivre l’ordre de l’auteur, par une simple entente avec le relieur.
36D’autres formes de mise en relation existent, sans parfois être entièrement explicitées comme pour les volumes contenant, et des cartes, et des tables de longitudes et de latitudes de différents lieux. Rappelons de ce point de vue que la redécouverte de Ptolémée a produit une tradition de publication de ces tables dans les ouvrages de géographie. En parallèle, principalement en France depuis le début du xviiie siècle, les cartes mentionnent régulièrement leur construction sur les observations astronomiques les plus récentes. Ce double processus, lorsqu’il se trouve réuni dans un livre qui de surcroît contient une explication de la description des lieux sur les cartes par latitude et longitude, engendre un système d’interrelation entre texte, carte et tableau qui produit une intimité rarement atteinte. C’est ainsi le cas, mais ce n’est pas le seul, de la Méthode abrégée et facile pour apprendre la Géographie de l’abbé Le François. Le volume contient en même temps une explication de la description des lieux sur les cartes par latitude et longitude, des cartes récentes et une table des latitudes et longitudes des principales villes du monde (doc. 1.28 et 1.31).
37Une autre pratique est celle des cartes pliées. Celle-ci semble assez courante, et on en retrouve des exemples dans la plupart des ouvrages de géographie contenant des cartes. À lire le Manuel du relieur de Sébastien Lenormand, la méthode utilisée consiste à coller un onglet à l’intérieur du cahier de façon à recevoir la carte47. Celle-ci se trouve ainsi entée sur un feuillet qui porte déjà du texte. On peut ici opérer une distinction de format entre les différentes insertions. En effet, lorsque le format de la carte se distingue beaucoup de celui du livre, le pliage doit s’effectuer dans deux dimensions. Cartes et livres ne sont pas pensés comme devant s’accorder dans leur matérialité. Tel est le cas de la Géographie Historique de M. de La Forest Mouet de Bourgon, qui contient des cartes trop grandes pour le format de l’ouvrage (doc. 1.29). Parfois, c’est l’orientation qui a à souffrir de l’insertion dans le livre, comme c’est le cas avec cette carte d’Amérique méridionale (doc. 1.30), même si, ici, le principe de respect de la hauteur du livre a été conservé.
38Mais cette tension entre le format de la carte, parfois bien plus grand que celui du livre (doc. 1.23), semble s’atténuer, même si elle ne disparaît pas entièrement, d’abord par la mise en place de cartes, qui tout en respectant l’orientation avec le nord en haut offrent des pliages dans une seule dimension, ce qui mène à une réduction de leur format en fonction des dimensions du livre. C’est le cas, parmi tant d’autres, de la Méthode abrégée et facile pour apprendre la Géographie de l’abbé Le François (doc. 1.31).
39Restent les planches plates – entendons celles qui ne nécessitent pas de pliage. Leur mode d’insertion dans la reliure est le même, mais elles ont été conçues en fonction non seulement du texte, mais encore du livre, et correspondent donc au format prévu pour ce volume. Ces cartes sont très rares au xviiie siècle. On en trouve peut-être plus souvent dans les ouvrages de grand format permettant de conserver aux cartes les plus grandes dimensions, comme ici dans le compte-rendu publié en in-4o que Picard fait à l’Académie des sciences de son Voyage d’Uranibourg de 1680 (doc. 1.32). Mais on en trouve également quelques cas dans des in-8o, voir des in-12, qui peuvent même être de grande diffusion, comme cette carte de l’océan Septentrional qui est publiée dans le Mercure de France en mai 1749 (doc. 1.33). Ces cartes, même si elles ne sont pas imprimées des deux côtés de la feuille, ce qui les distingue encore des autres pages du livre, montrent cependant une plus grande intimité avec le texte que les cartes de début ou de fin de volume.
40Notons, pour finir, qu’une distance se maintient entre le livre et la carte. En effet, alors que chaque page est numérotée, ce qui permet un repérage dans l’espace du livre et qui participe de l’affirmation d’un itinéraire de lecture contraint, les cartes restent longtemps sans pagination. Lorsqu’elles se trouvaient mises en livre en position de frontispice, ou en fin de volume, la question de la pagination était d’importance moindre, mais leur intégration dans le corps du livre va sous-entendre un questionnement croissant sur leur numérotation. Si le plus souvent les cartes restent sans pagination, on note la mise en place de deux options. La première, plus courante, consiste à indiquer, à la fin du livre, où la carte doit se situer. C’est ainsi que dans le Mercure de France où se situe la carte de l’océan septentrional (doc. 1.33), on trouve dans la table des matières, une mention de la localisation de la carte (doc. 1.34). Seconde option, tout aussi contraignante, mais nécessitant de connaître précisément la forme du livre avant de pouvoir agir, et donc plus rare : le cas de cartes portant mention, hors de leur cadre, d’un lieu d’insertion (doc. 1.35).
41Ces méthodes restent cependant faillibles : les volumes consultés pour la Méthode de Géographie de l’abbé Le François présentent un décalage constant de deux pages entre le lieu d’insertion des cartes, tel qu’il est indiqué sur la carte, et le lieu réel de leur présence dans le livre. La pagination de ce dernier semble avoir évolué entre le moment de la gravure sur la carte et de l’impression, puisque les cartes se situent toujours en regard de la page où commence le chapitre.
6. Conclusion
42Ce que montrent les techniques mises en œuvre, c’est donc d’abord un tissu de relations et de négociations, toujours à reprendre, entre de nombreux acteurs : des auteurs de textes et de cartes, aux acheteurs, en passant par les éditeurs, les imprimeurs de textes, ceux de cartes et les relieurs. À chaque étape le croisement improbable de la carte et du livre est interrogé à nouveaux frais. Au-delà de la hausse du coût, le résultat est très probablement d’abord un frein à la production avant que d’être un facteur d’hétérogénéité entre des livres dont chaque exemplaire est potentiellement différent. On reste cependant impressionné par les méthodologies développées pour passer outre, depuis l’évitement par les cartogrammes, qui montre l’inventivité des typographes, jusqu’aux travaux sur les échelles de représentation, qui vont faire rentrer la carte dans le cadre matériellement contraignant du livre. Il reste alors à estimer les conséquences de ces innovations dans la production réelle des livres : c’est pourquoi nous allons maintenant essayer d’évaluer la diffusion de la carte par les livres.
Notes de bas de page
1 Roger Laufer, « L’espace visuel du livre ancien », dans Henri-Jean Martin et Roger Chartier (dir.), Histoire de l’édition française, t. 1, Le livre conquérant du Moyen Âge au milieu du xviie siècle, Paris, Promodis, 1982, p. 479-497.
2 Étienne Teisserinc, Géographie Parisienne en forme de dictionnaire contenant l’explication de Paris ou de son Plan, mis en Carte Géographique du Royaume de France, pour servir d’introduction à la Géographie générale, Paris, Les veuves Robinot, 1754, p. 1 ; Jean-Baptiste Bourguignon d’Anville, Proposition d’une Mesure de la Terre dont il résulte une dimension considérable dans sa circonférence sur les Paralleles, Paris, chez Chaubert, 1735, p. 125.
3 Marc Guérard d’Illens et Jacob Funck, Plans et journaux des sièges de la dernière guerre de Flandres rassemblés par Deux Capitaines étrangers au Service de la France, Strasbourg, Pierre Gosse, 1750.
4 La lettrine et le bandeau sont issus de « Observations astronomiques faites en divers endroits du Royaume par Monsieur Picard », dans Académie des sciences (dir.), Recueil d’observations faites en plusieurs voyages par ordre de sa majesté pour perfectionner l’Astronomie et la Géographie, avec divers traitez astronomiques, Paris, Imprimerie Royale, 1693, p. 1. Le bandeau se retrouve quatre fois dans le volume.
5 Jean-Baptiste Du Halde, Description géographique, Historique, Chronologique, Politique et Physique de l’Empire de la Chine et de la Tartarie Chinoise, Paris, P. G. Lemercier, 1735, 4 vol. in-folio.
6 Louis Marin, « Les enjeux d’un frontispice », L’Esprit créateur, 27/ 3, 1987, p. 49-57.
7 Jeanne Duportal, Étude sur les livres à figures édités en France de 1601 à 1660, Genève, Slatkine reprints, 1992 (1re éd. 1914), p. 207.
8 Louis-Antoine Nicole de la Croix, Géographie moderne, Paris, Delalain, 1763, 2 tomes.
9 Pour un processus en miroir, on verra Marielle Miribel, « Le monde et le livre en logos », Communication et langages, 114, 1997, p. 96-106.
10 Guillaume Blaeu, Le théatre du monde ou nouvel Atlas, 3e partie, Amsterdam, vers 1650 ; Jacques Robbe, Méthode pour apprendre facilement la Géographie, Paris, Michel David, 1714 (6e éd.).
11 Jean-Baptiste Bourguignon d’Anville, Géographie ancienne abrégée, Tome premier contenant l’Europe, Paris, chez Merlin, 1766.
12 Louis-Charles Dupain de Montesson, L’Art de lever les plans, de tout ce qui a rapport à la guerre & à l’architecture civile & champêtre, Paris, chez Antoine Jombert, 1775 (2e éd.) ; Id., La Science de l’Arpenteur dans toute son étenduë, Paris, L’auteur, 1775.
13 Jean Zuallart, Le très devôt voyage de Jerusalem, Anvers, Arnaul s’Conninck, 1608 ; Henri Maundrell, Voyage d’Alep à Jerusalem à Pâques en l’année 1697, Autrecht, Guillaume Van Poolsum, 1705.
14 Mary Sponberg Pedley, The Commerce of Cartography, Making and Marketing Maps in Eighteenth Century France and England, Chicago, University of Chicago Press, 2005, p. 55
15 L’échantillon observé correspond à un millier de livres renvoyant au voyage, à la géographie ou aux théâtres de guerres entre 1600 et 1800. Dans le cas du Robinson Crusoe de Campe, c’est la version allemande, avec une gravure bien plus nette qui a été préférée à la version française.
16 Pour une présentation des théories anciennes du rôle de l’image dans le livre, on verra : Henri-Jean Martin, Mise en page et mise en texte du livre français. La naissance du livre moderne (xive-xviie siècles), Paris, Éditions du Cercle de la Librairie, 2000, p. 234-269.
17 Ibid.
18 Louis de Jaucourt, « Relier », dans Denis Diderot et Jean le Rond (dir.), Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des Sciences et des Arts et des Métiers par une société de gens de lettres, Paris, Briasson, David, Le Breton, Durand, 1765, vol. 14, p. 70.
19 « Reliure », Recueil des Planches sur les Sciences, les Arts Libéraux et les Arts Méchaniques, avec leur explication, Paris, chez Briasson, 1771, vol. 8, p. 250 et 251.
20 « Imprimerie » et « Imprimerie en taille douce », Recueil des Planches sur les Sciences, les Arts Libéraux et les Arts Méchaniques, avec leur explication, Paris, chez Briasson, 1769, vol. 7, p. 36 et 43.
21 Jacques Rychner, « Le travail de l’Atelier », dans Henri-Jean Martin et Roger Chartier (dir.), Histoire de l’édition française, t. 2, Le livre triomphant : 1660-1830, Paris, Promodis, 1983, p. 42-63.
22 Dans les faits, la bibliographie n’est pas si abondante en dehors de ouvrages de bibliophilie qui valorisent les très beaux livres : Robert Brun, Le Livre Français illustré de la Renaissance, Paris, A. et J. Picard, 1969 (1930) ; Jeanne Duportal, Étude sur les livres à figures…, op. cit. ; Michel Pastoureau, « L’illustration du livre : comprendre ou rêver ? », dans Henri-Jean Martin et Roger Chartier (dir.), Histoire de l’édition française, t. I, Le livre conquérant…, op. cit., p. 501-529 ; Michel Christian, Charles Nicolas Cochin et le livre illustré au xviiie siècle, Genève, Droz, 1987 ; Henri-Jean Martin, Mise en page et mise en texte du livre français, op. cit. On lira avec intérêt le mémoire de master de Pauline Barrier : Étude du rapport image-texte dans les ouvrages d’hydraulique du fonds ancien de la bibliothèque universitaire de sciences de Grenoble, de 1588 à 1811, Grenoble, UPMF, 2009-2010 (en dépôt sur HAL).
23 Sébastien Le Clerc, Pratique de la Géométrie sur le papier et sur le terrain. Ou par une méthode nouvelle & singulière l’on peut avec facilité, & en peu de temps se perfectionner en cette science, Paris, T. Joly, 1669 ; Allain Manesson-Mallet, Les travaux de Mars ou la Fortification nouvelle tant régulière qu’irrégulière, Paris, chez l’auteur, Jean Henault et Claude Barbin, 1671.
24 Dont peut-être les planches de texte sont gravées plutôt qu’imprimées…
25 Jean Palairet, Nouvelle méthode pour apprendre à bien lire, et à bien orthographier : en deux parties. La première regarde les commençans, … La seconde est pour ceux qui savent lire, Londres, Nourse & Chastel, 1748 (20e éd.)
26 Jean Palairet, Atlas méthodique, composé pour l’usage de son Altesse Sérénissime Monseigneur le Prince d’Orange et de Nassau, Stadhouder des Sept Provinces-Unies, Londres, Nourse & Vaillant, 1755.
27 Jean Palairet, ANew Royal French Grammar…, Londres, John Nourse, 1733 (rééd. en 1738, 1746, 1757, 1761, 1769, 1786, 1792, 1793, 1796, 1811).
28 Jean Palairet « Lettre de Mr. J. Palairet à l’Auteur de ce Journal », Journal Britannique par M. Matt, 13, janvier-février 1754, p. 68-71.
29 Jean Palairet, Nouvelle introduction à la Géographie moderne en deux parties… imprimé à Londres par J. Haberkorn, et se vend Mrs J. Nourse & P. Vaillant, 1754, vol. 1, p. ix-x.
30 Par cartogramme, j’entends une carte dans laquelle une variable thématique, ici la principale dimension sur le globe, fait varier la représentation de la surface d’un territoire.
31 Pour ces usages, nous renvoyons au classique François de Dainville, Le langage des géographes. Termes, signes, couleurs des cartes anciennes (1500-1800), Paris, A. et J. Picard, 1964.
32 Jean Palairet, Description abrégée des Possessions Angloises et Françoises du continent septentrional de l’Amérique, pour servir d´explication à la Carte publiée sous le même titre, Londres, Nourse, Vaillant & Rocque, 1755 (2e éd.). Id., A Concise Description of the English and French Possessions in North-America, for the Better Explaining of the MAP Published with That Title, Londres, Nourse & Vaillant & Rocque, 1755.
33 Jean Palairet, Description abrégée des Possessions Angloises et Françoises du continent septentrional de l’Amérique, pour servir d´explication…, op. cit. Id., Description abrégée des possessions angloises et françoises du continent septentrional de l’Amérique, telles qu´elles ont été l’année 1755, ouvrage instructif & servant d’explication au tems présent, s. l., 1759 (bibliothèque de l’État de Bavière).
34 Mary Sponberg Pedley, The Commerce of Cartography…, op. cit.
35 Liste générale des Postes de France, Paris, Jaillot, 1776, page de titre.
36 Pour la reliure, je me suis appuyé sur le manuel tardif pour la période de Sébastien Lenormand : Manuel du relieur dans toutes ses parties, Paris, Roret, 1827, in-12.
37 Mon intérêt pour ces questions a été aiguisé par un séminaire de Jean-Marc Besse sur un atlas vénitien du xviie siècle.
38 Jacques Necker, Compte rendu au Roi par M. Necker, Directeur général des finances. Au mois de janvier 1781, Paris, Imprimerie royale, 1781.
39 Nicolas Desmarets et Jean-Bapstite Bory de Saint-Vincent, Atlas encyclopédique contenant les cartes et les planches relatives à la géographie physique, Paris, Veuve Agasse, 1827.
40 Adolphe Thiers, Atlas pour servir à l’intelligence des campagnes de la Révolution française de M. Thiers, Paris, Furne, 1846.
41 Sébastien Lenormand, Manuel du relieur dans toutes ses parties…, op. cit., p. 42.
42 Mercure de France, juin 1748, p. 112.
43 Guillaume Sanson, Introduction à la Géographie des Sieurs Sanson, Paris, Durant, 1743, p. 27.
44 Jean-Félix Picard, Voyage d’Uranibourg, ou Observations astronomiques faites en Dannemarck, Paris, Imprimerie royale, 1680.
45 Antoine-François Lomet, Mémoire sur les eaux minérales et les établissemens thermaux, Paris, R. Vatar, Imprimeur du Comité de salut public, an III, p. 138-139 et partie du plan de Barèges, déplié.
46 Nicolas de Fer, « Avertissement à l’Atlas curieux », Le Mercure Galant, juillet 1700, p. 262
47 Sébastien Lenormand, Manuel du relieur dans toutes ses parties…, op. cit., p. 41.
48 Abbé Le François, Méthode abrégée et facile pour apprendre la Géographie, où l’on décrit la forme du Gouvernement de chaque Pays, ses qualités, les mœurs de ses habitants, & ce qu’il y a de plus remarquable, avec un abrégé de la sphère, & une table des Longitudes & Latitudes des principales villes du Monde, conforme aux dernières observations de Messieurs de l’Académie des Sciences, des RR. PP ; Jésuites & autres Astronomes, Nouvelle édition revue et corrigée, Paris, chez les libraires associés, Paris, chez les libraires associés, 1758 (page de titre et page de table des coordonnées).
49 M. de La Forest Mouet de Bourgon, Géographie historique ou description de l’univers contenant la situation, l’étendue, les limites, la qualité & c. de ses principales parties, Paris, la Compagnie des Libraires, 1705, p. 18.
50 Renaud Lecoq, Le Parfait géographe, ou l’art d’apprendre aisément la géographie et l’histoire, Paris, Imbert de Bats, 1701, t. II, page en regard de la page 169.
51 Gilles Robert de Vaugondy, Mappemonde, dans abbé Le François, Méthode abrégée…, op. cit., page en regard de la page 35.
52 Photo, bibliothèque du Mans.
53 Mercure de France, mai 1749, page en regard de la page 98. Photo, bibliothèque municipale d’Angers
54 Ibid., Jacques Robbe, Méthode…, op. cit., carte de l’Asie, vol. 2, en regard de la page 1.
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