Culture politique régionale et vote conservateur
Singularité ou exemplarité de la Beauce (Québec) ?
p. 189-205
Résumé
The context of La Beauce, a very specific part of the province of Quebec, offers an interesting case study even if the word conservatism, strictly speaking, does not really apply. Yet the election of Maxime Bernier, a Conservative MP at the 2006 federal election, highlights values such as individual liberty, free enterprise and moral integrity. The region of La Beauce seems to provide an ideal breeding ground for conservative ideas.
Texte intégral
1Au terme du scrutin législatif fédéral de janvier 2006, bien des raisons ont été avancées pour rendre compte de l’indéniable succès du Parti conservateur dans la région de Québec, où la formation de Stephen Harper est passée de zéro à huit sièges, dont sept conquis dans des circonscriptions initialement tenues par le Bloc Québécois. On peut relever deux séries d’explications, qui ont été le plus souvent énoncées et qui donnent à penser que ce vote s’est avant tout démarqué du Bloc Québécois. Tout d’abord, les réticences des habitants de la capitale du Québec envers le mouvement souverainiste, surtout lorsque celui-ci brandit le drapeau du progressisme ; ces réticences auraient été confortées, au sein de l’électorat, par un fort pragmatisme, qui porte à considérer comme finalement acceptable la mise en œuvre d’un fédéralisme d’ouverture ; ensuite, un désir de changement, nourri par un sentiment mi-diffus, mi-verbalisé d’abandon et d’isolement et, par voie de conséquence, la volonté d’obtenir satisfaction par un vote jugé plus utile par l’électeur dans la mesure où c’est Ottawa qui est tenue pour la principale pourvoyeuse des ressources escomptées1.
2L’importance du score recueilli par les candidats de l’Action démocratique du Québec (ADQ) à l’occasion des élections législatives québécoises qui se sont tenues 14 mois plus tard, en mars 2007, peut apparaître dès lors comme un vote de confirmation2, compte tenu de la relative proximité idéologique des électorats de Stephen Harper et de Mario Dumont ; d’ailleurs, le chef de l’ADQ a apporté un appui implicite au Parti conservateur à l’occasion du scrutin fédéral de janvier 20063.
3Située entre la ville de Québec et les États-Unis (État du Maine), la circonscription fédérale de la Beauce, bien que très différente de celle de la ville de Québec sur le plan socio-économique, s’est également distinguée par l’importance du vote conservateur lors du scrutin de janvier 2006 : 67 % des voix se sont portées sur le candidat conservateur, Maxime Bernier, qui l’a emporté avec une avance de près de 26 000 voix sur le candidat du Bloc, arrivé en deuxième position. C’est là d’ailleurs le meilleur score québécois du Parti conservateur et le second à l’échelle du Canada, après celui de Stephen Harper. Surtout, cette composante territoriale de la région Chaudière-Appalaches s’est inscrite une nouvelle fois dans une longue tradition marquée par une relation étroite et singulière entre les acteurs régionaux et leurs représentants politiques, que ceux-ci se situent à l’échelon municipal, provincial ou fédéral.
4Cette analyse se fondera sur l’hypothèse selon laquelle l’élection de Maxime Bernier constitue un vecteur de l’expression politique du système social beauceron. Mutatis mutandis, elle s’inspirera de l’approche adoptée par les tenants de la nouvelle sociologie économique selon laquelle l’économie, notamment au sein de systèmes productifs locaux du type de la Beauce, peut être analysée sous l’angle de son fort « enracinement » (embeddedness4) dans le tissu social. À bien des égards en effet, et sur un mode analogue, la sphère politique beauceronne entretient d’étroites relations avec son substrat social ; on peut parler à son endroit d’un inachèvement du processus de différenciation fonctionnelle de la sphère politique. Comparé à d’autres régions québécoises apparemment similaires, notamment par leur caractère périphérique, le vote qui s’y est exprimé en janvier 2006 pourrait dès lors s’avérer comme plus singulier que véritablement exemplaire du vote conservateur dans d’autres territoires de la province. L’examen de la force de l’intégration et de l’identité régionales permettra de rendre compte de la faible autonomisation de la sphère du politique ; sur cette base, il sera possible de caractériser le vote beauceron et d’en inférer, sur un mode délibérément inductif, les valeurs conservatrices qui paraissent dominantes dans cette région du Québec.
Forte intégration territoriale et faible autonomisation du politique
Processus de construction d’un district industriel : la culture régionale comme facteur de développement
5L’évolution de l’économie beauceronne contemporaine est, à bien des égards, atypique ; elle est marquée par la maximisation des quelques rares atouts dont dispose cette région. Il y a un demi-siècle, rien ne semblait la prédisposer à donner corps à un fort entrepreneuriat d’origine endogène. Cela n’en fait que mieux ressortir l’ampleur et l’originalité du développement économique qui s’est opéré sur ce territoire au cours des dernières décennies. La recherche en géographie économique que Fernand Grenier consacre à cette région au milieu des années 19505 conduit son auteur à observer que, faute de modernisation de l’appareil de production et de gains suffisants de productivité, la valeur moyenne de la production manufacturière par employé est inférieure de plus de moitié à celle du Québec. L’inventaire des carences et des faiblesses structurelles qui pèsent sur le développement industriel de la Beauce fait alors estimer que celui-ci « n’est pas loin de toucher à ses limites »6.
6C’est pourtant sur ce terreau que, quelques années plus tard seulement, s’enclenche un processus de véritable décollage et de forte croissance économique à base industrielle. Ce processus, qui prend appui sur un entrepreneuriat d’origine endogène, va véritablement transformer de façon durable l’image de marque d’une région aujourd’hui promue au rang de véritable modèle de développement régional, ainsi qu’en témoigne le sous-titre d’un ouvrage de l’universitaire Pierre-André Julien, spécialiste des PME : Comment multiplier les Beauce au Québec ?7 La Beauce est en effet devenue ce qu’il est convenu d’appeler un district industriel, et même un « milieu innovateur » ; elle a vu naître et se développer quelques-uns des fleurons de l’économie industrielle québécoise : Canam (étude, construction et montage de structures métalliques), Maax (armoires de cuisine et meubles de salle de bains), Vachon (pâtisserie), Pomerleau (chef de file de la construction québécoise de la construction), Procycle (cycles), RGR (confection). Ses quelque 550 entreprises manufacturières emploient aujourd’hui plus de 21 000 salariés. Le taux de la population active qui travaille dans le secteur manufacturier de la région est le double de celui du Québec.
7Dans une perspective volontiers promotionnelle et apologétique, les concepteurs de l’exposition permanente consacrée à l’entrepreneurship beauceron et inaugurée en 1997 à Saint-Georges-de-Beauce retiennent quatre dimensions majeures de l’identité beauceronne qui leur paraissent constituer le socle des qualités de la région et de ses avantages différenciatifs :
- L’isolement : Les Beaucerons ont été façonnés par leur situation géographique et leur histoire. Isolés du reste du monde, ils ont appris à se débrouiller seuls et à s’identifier davantage à leur région qu’à leur province ou leur pays. L’identité beauceronne est aux racines du mythe qui entoure le dynamisme économique régional. Débrouillard, inventif, autonome et créatif ;
- La solidarité : Confrontés à une nature sauvage et à un climat rigoureux, les Beaucerons ont vite appris à se serrer les coudes ;
- L’indépendance : La Beauce aux Beaucerons ! L’avenir de la Beauce continuera d’être contrôlé par les Beaucerons. L’indépendance des Beaucerons ne date pas d’hier. […] La liberté est un idéal bien ancré chez les Beaucerons ;
- La proximité des États-Unis : Les Beaucerons expriment leur indépendance en affichant les liens qu’ils entretiennent avec nos voisins du Sud depuis plus d’un siècle. Ces relations privilégiées leur ont appris à « manœuvrer » à l’étranger, d’une part, et à se constituer des réseaux d’influence et d’information aussi complexes que précieux. On retiendra de ce profil que l’« atmosphère industrielle » régionale est l’émanation d’un système social qui s’est lui-même forgé, le long du cours de la rivière Chaudière, en relative autarcie économique et culturelle : fragment périphérique de la société québécoise, la société beauceronne se perçoit elle-même comme « réfractaire ». Elle sait pouvoir tirer parti, en matière d’innovation et de développement, de cette position de relatif enclavement.
8Lorsque l’on considère la société beauceronne au milieu des années 1950 et un demi-siècle plus tard, on est en présence de deux configurations économiques quasi opposées. Pourtant, fût-ce sur le mode de l’approximation, on pressent que ces deux figures participent d’une seule et même matrice, qui se matérialise en donnant ainsi forme à des potentialités contrastées. Ce qu’il convient avant tout de retenir, pour comprendre le passage d’une configuration à l’autre, c’est le rôle des multiples médiations opérées par des acteurs sociaux, qu’ils soient élus, éducateurs ou chefs d’entreprises. Ce changement ne s’est pas développé, en effet, dans le vide ; dire qu’il a pris corps sur un territoire particulier, c’est reconnaître qu’il est comme formaté par un rapport spécifique au temps et à la mémoire. En l’occurrence, sont entrés en forte interaction un imaginaire collectif, la conscience d’un destin commun, une identité territoriale bien marquée et une active mobilisation des ressources, selon une dialectique qui associe solidarité et concurrence, coopération et compétition. De là est né progressivement un véritable mythe, sur fond d’un supposé « miracle », qui fait des Beaucerons des gens fiers, débrouillards et aptes à développer des projets collectifs :
Les causes profondes du “miracle beauceron”, il faut peut-être les chercher dans le tissu social même, un canevas familial serré qui protège des restes d’autoritarisme et de fidélité archaïques. Le mariage du patriarcat et de l’appartenance, de l’audace et de l’ingéniosité, est consacré d’abord selon le rite des fidélités terriennes, puis ajusté ensuite aux lois de l’économie de marché8.
9Comment la culture engendre-t-elle l’imagination économique et le désir d’entreprendre, et de quelle façon produit-elle les formes régionales de la rationalité productive ? En s’appuyant sur l’analyse des débuts de l’industrialisation de la Nouvelle-Angleterre, Richard Peet a montré, dans la ligne de Max Weber, que la culture puritaine y a produit une forme singulière de rationalité économique et de régulation : une forte dynamique entrepreneuriale, une conscience de la responsabilité sociale, le réinvestissement d’une partie des profits dans les infrastructures culturelles de la région […]9. La notion de « formation discursive régionale » qu’il forge aide à comprendre de quelle façon les pratiques territoriales font, en définitive, société(s). La sphère du politique n’échappe évidemment pas à cette dynamique socio-économique puisque les élus sont choisis en fonction de leur degré d’attachement à la région et de leur contribution espérée à son développement et à son devenir. Ce qui se joue dans la sphère politique beauceronne illustre bien ce modèle.
La fonction régulatrice et promotionnelle des représentants politiques
10Au sein des trois commissariats industriels qui se sont partagé le territoire beauceron, les élus locaux ont largement contribué, au cours des années 1960 et 1970, à penser et à impulser le développement industriel. De ce fait, ils font figure de garants de la sauvegarde des intérêts collectifs, à commencer par le maintien de la capacité innovatrice du territoire et l’entretien d’un climat de confiance entre les acteurs10. Dans cette perspective, en effet, le territoire ne saurait être un simple support de la diffusion de l’innovation ou de l’adaptation aux conditions de la production flexible. Il est au contraire une forme d’acteur collectif : c’est la vitalité même du milieu (la mémoire collective, la « conscience de place » […]) qui permet de rendre compte d’une dynamique productive qui opère principalement sur le mode endogène et qu’il appartient aussi aux élus d’entretenir et de promouvoir11. Ainsi, la politique éducative, dans une région où a été diagnostiquée à la fin des années 1980 une forte sous-scolarisation, a fait l’objet de projets originaux qui ont été systématiquement conçus et mis en œuvre au sein d’un groupe d’acteurs associant étroitement les responsables du secteur de l’éducation, les élus municipaux et les chefs d’entreprises, à commencer par les industriels.
11En référence à l’approche de Niklas Luhmann, André Billette et Mario Carrier décèlent sur ce territoire un double mode de régulation, qui correspond à deux axes qui relèvent du registre identité/différenciation : le premier, qui traduit le passage du stade préindustriel à celui de l’industrialisation, induit une intégration dans l’économie industrielle et donc, corrélativement, un affranchissement du marché local et de la sphère du social ; le second axe, au contraire, manifeste le poids de particularismes locaux rémanents qu’il convient de coordonner dans la mesure où ils contribuent à instaurer la « confiance » entre les divers acteurs ainsi qu’« une “gouvernance”, une autonomie décisionnelle, une régulation régionale12 ». L’engagement des élus est ici un facteur majeur non seulement de légitimation du développement industriel, mais aussi d’appropriation symbolique de l’outil industriel par une population de tradition rurale. La diffusion de l’image d’une Beauce à la fois industrielle et industrieuse ne vaut pas seulement par sa fonction externe ; en visant à entretenir l’émulation et la fierté des acteurs socio-économiques régionaux, elle fonctionne aussi, et surtout peut-être, ad intra.
12Cette ligne interprétative permet de comprendre que la relative faiblesse de l’intervention étatique et l’absence de grandes entreprises venues s’implanter de l’extérieur ont permis à la société beauceronne de préserver son patrimoine culturel. Le système social local a ainsi pu opérer par lui-même, c’est-à-dire sans rapport d’hétéronomie prédominant, les ajustements socio-économiques qui ont paru conformes à ses valeurs et à ses intérêts. En ce sens, le « retard » a véritablement constitué une « ressource ». Cela permet de situer les stratégies individuelles dans des rapports singuliers de concurrence/coopération et dans ce qu’A. Amin et N. Thrift appellent une « épaisseur institutionnelle13 ». Cette notion éclaire les formes du partenariat et des réseaux en introduisant une appréciation qualitative de la combinaison institutionnelle décrite par le mode de gouvernance.
13Lorsque l’ancien député conservateur Gilles Bernier – père de l’actuel député – exprime sa définition, qu’il tient pour invariable, du « vrai Beauceron », il n’exclut évidemment pas les élus : « Celui (ou celle) qui a l’esprit développé, le goût du risque calculé et de l’ouverture mesurée, qui est un tantinet indépendant de nature et légèrement têtu14. »
Une conception de la représentation politique fondée sur les valeurs traditionnelles
L’étroitesse des liens élu-territoire
14Le rôle qu’il incombe à l’élu de jouer s’inscrit comme l’un des effets prescriptifs d’une culture politique qui se distingue par le sentiment d’être quelque peu en marge du système politique provincial et fédéral : l’État est perçu comme plutôt distant et extérieur et, en tout état de cause, à la remorque des initiatives locales dans la conduite de la politique beauceronne de développement régional (« pour se lancer en affaires, on n’attend pas les subventions ») ; s’en trouve affichée une certaine « indépendance » d’esprit, (« chez nous, on ne fait rien comme les autres ») ; la conception d’une telle « indépendance » n’est pas très éloignée, mutatis mutandis, de celle d’« autonomie » telle que l’a définie Mario Dumont lors de la campagne législative québécoise de 2007 : « S’affirmer sans se séparer. » Se ressent également une forte méfiance à l’égard des systèmes idéologiques « importés », qu’il s’agisse des programmes des partis politiques ou de ceux des organisations syndicales. Au terme de tout scrutin, la préférence paraît se porter sur un exercice asymétrique du mandat : faire valoir à Québec ou à Ottawa les orientations et les besoins locaux sans se préoccuper autant de répercuter dans la circonscription les décisions gouvernementales ou les débats parlementaires. En effet, « représenter », c’est d’abord donner à voir et à entendre la société locale et porter ses doléances au sein même de la sphère gouvernementale.
15Le mandat politique s’en trouve ainsi fortement instrumentalisé. L’élu provincial ou fédéral fait partie d’un système d’acteurs où les entrepreneurs occupent une position déterminante. À cet égard, Maxime Bernier dispose de trois atouts : un père ancien député devenu vice-président chargé des relations publiques au sein de la principale entreprise régionale, le Groupe Canam15 ; une naissance et une éducation en Beauce, région qu’il a quittée à son entrée à l’université16 ; enfin, une vie professionnelle dans le milieu du droit des affaires, comme vice-président de la Standard Life et vice-président exécutif du très libéral Institut économique de Montréal17. Cela explique les quelques positions clefs qui ont guidé la campagne du candidat conservateur : la baisse des impôts, le désengagement de l’État, le respect de la Constitution en matière de compétences fédérales-provinciales ainsi que la faveur accordée au développement régional, à laquelle ses interlocuteurs beaucerons sont éminemment sensibles.
16Il est de bon ton, dans la conduite d’une campagne électorale qui joue volontiers la carte de la proximité, de souligner que la couleur politique et l’appartenance partisane importent moins que les qualités ou les attributs personnels du candidat, appréciés à l’aune de valeurs avant tout régionales. Depuis 1949, il est vrai, la circonscription a été représentée à Ottawa huit fois par un député libéral, quatre fois par un député créditiste, quatre fois également par un député indépendant et trois fois par un député conservateur ; il est sans doute difficile de trouver circonscription plus labile et, en apparence, plus inconstante et fluctuante, sauf à considérer que cette versatilité occulte en fait des formes d’expression et des choix électoraux beaucoup plus stables et déterminés. À cet égard, il est à noter que Gilles Bernier, le père du candidat conservateur de 2006, a gagné chacune des trois élections fédérales auxquelles il s’est présenté en Beauce, d’abord comme candidat conservateur (en 1984 et en 1988, scrutin à l’occasion duquel il bat le candidat libéral Pierre-Maurice Vachon, maire de Sainte-Marie-de-Beauce), puis comme candidat indépendant (1993), après qu’il fut exclu du parti par Kim Campbell, Premier ministre du Canada, à la suite d’une accusation d’abus de confiance dans une affaire de favoritisme. Gilles Bernier aime à laisser entendre que le Premier ministre Jean Chrétien l’a par la suite nommé ambassadeur en Haïti pour libérer la place et permettre l’élection d’un député… libéral.
17Dans ce contexte de forte personnalisation du vote, on notera que le courant souverainiste est traditionnellement plus faible que dans les autres circonscriptions périphériques du Québec : dans cette région qui se pense pourtant volontiers comme une « petite république indépendante », le courant fédéraliste s’affiche comme majoritaire. De facto, le Bloc Québécois a constamment été tenu en échec, et parfois de façon sévère (en janvier 2006, le candidat du Bloc, arrivé deuxième, n’a recueilli qu’un cinquième des suffrages) ; au plan provincial, le Parti québécois ne l’a jamais emporté dans la circonscription de Beauce Sud, et sa dernière victoire dans celle de Beauce-Nord remonte à avril 1981… Le Journal de Québec croit pouvoir résumer ainsi la situation politique régionale huit mois après les élections fédérales de janvier 2006 :
Les Beaucerons votent pour un homme et non pour un parti ; ils sont par ailleurs fédéralistes, entrepreneurs, partisans de la théorie des lois du marché et ils préfèrent des impôts plus bas à des services chromés. Et ils sont fiers, très fiers. Maxime Bernier colle donc parfaitement à sa circonscription, tout en présentant l’image d’une Beauce moderne, éduquée et instruite. Il pourrait bien en être le député pour longtemps18.
Le poids des figures tutélaires
18L’histoire électorale beauceronne livre quelques-unes des clés qui permettent d’appréhender la relation entre références culturelles et préférences politiques, relation dont les effets sont loin d’avoir aujourd’hui disparu de la vie politique régionale. S’il fallait retenir deux figures emblématiques de cette histoire, le choix devrait sans doute retenir en priorité Édouard Lacroix et Fabien Roy.
19Sur bien des plans, Édouard Lacroix a joué en Beauce un rôle de pionnier. Né à Sainte-Marie-de-Beauce en 1889 dans une famille de 14 enfants, l’ancien salarié de compagnies forestières, employé comme bûcheron puis télégraphiste, qui a pris soin de fréquenter une institution de formation d’adultes, en Acadie, s’initie rapidement aux règles tacites qui régissent ce secteur d’activité. Devenu propriétaire d’immenses chantiers forestiers en Gaspésie, dans le Maine et au Nouveau-Brunswick, ses entreprises de coupe, de transport et de commerce comptent, avant la crise de 1929, plus de 6 000 salariés. En outre, il s’associe avec des partenaires pour fonder en 1928 l’usine de tissage de laine St. George Woollen Mills. Parallèlement, il conduit une carrière politique : de 1925 à 1944, il représente à la Chambre des communes la circonscription de Beauce, d’abord avec l’étiquette libérale puis avec celle de l’Action libérale nationale, formation politique qu’il fonde en 1934 avec des libéraux dissidents. En 1944, il démissionne de son mandat fédéral pour se faire élire député d’un tout nouveau parti provincial, le Bloc populaire. Il met un terme à sa carrière politique en 1945, après 20 ans de vie parlementaire. Pourquoi un tel engagement, qui « représente une sorte d’énigme à déchiffrer19 » ? Ses biographes estiment que
il est sans doute animé d’une ambition légitime de connaître de nouveaux succès, de vivre de nouvelles expériences, de relever de nouveaux défis. Il connaît bien les intérêts de sa région, de son milieu. Il est familier avec les problèmes économiques et sociaux qui affectent le monde rural et agro-forestier. Ses entreprises, il les a implantées pour résoudre le problème de sa survie personnelle, celui de sa famille, de sa femme et de ses enfants, mais aussi de ses frères et sœurs, et de tous ses proches qui s’accrocheront à lui et dépendront finalement de ses entreprises. Rapidement, des milliers de ses concitoyens dépendront des entreprises d’Édouard Lacroix. S’engager en politique, n’est-ce pas une façon de continuer cette œuvre, d’avoir accès non seulement à des moyens supplémentaires pour la croissance de ses propres affaires, mais aussi à des moyens qu’il s’imagine plus importants, plus efficaces, pour contribuer au développement économique et social de sa région, de son milieu20.
20La conception qu’il se fait de son mandat parlementaire n’est pas celle d’un idéologue ; élu périphérique mais audacieux, il entend se battre pour introduire la tradition entrepreneuriale dans la culture québécoise, s’en faire le défenseur dans les institutions canadiennes et saisir de nouvelles opportunités de développement, à ses fins propres et à celles de sa région. Sa postérité est au moins double : elle se situe d’abord sur le plan proprement économique, puisqu’il a fondé une dynastie de chefs d’entreprises qui figurent parmi ceux qui dominent aujourd’hui le paysage économique beauceron (Canam, Procycle…). Sa postérité s’inscrit également, et de façon collectivement plus profonde et diffuse, dans la culture beauceronne : par l’effet d’entraînement qu’il a exercé, par la preuve qu’il a magistralement administrée qu’un Canadien-français pouvait réussir en affaires non seulement dans sa propre région mais aussi par-delà les lignes américaines, enfin, par sa conception du management. Cette conception recouvre bien des volets : la méfiance à l’égard des organisations syndicales, la volonté d’indépendance vis-à-vis de l’État, la pratique du paternalisme dans la gestion des ressources humaines et la contribution financière à des activités sociales et communautaires au travers d’investissements municipaux et paroissiaux.
21Figure emblématique du courant créditiste, Fabien Roy s’est félicité de l’issue, en Beauce, du scrutin fédéral de janvier 2006 : « Il a 77 ans, mais il est bien droit sur ses jarrets (noirs) et il peste encore contre les banques, la “piraterie” des grands financiers de ce monde, le socialisme, les libéraux centralisateurs et les péquistes21. » Vice-président provincial en 1964-1965 du Ralliement créditiste, mouvement politique conservateur fondé par Réal Caouette en 1957, il est élu député provincial en 1970 et devient leader parlementaire de son parti de 1972 à 1975 ; aux élections de 1973, il est, avec Camil Samson, le seul créditiste à l’emporter dans sa circonscription. Il préside le Parti créditiste en 1973-1974 et fonde avec Jérôme Choquette, en 1975, le Parti national populaire, qu’il représentera à l’Assemblée nationale à l’issue du scrutin législatif de 1976. En 1979, il devient chef du Crédit social du Canada et est élu, la même année, à la Chambre des communes ; son mandat, qui ne sera que de quelques mois, prendra fin avec la chute du gouvernement conservateur minoritaire de Joe Clark. Il a exercé par ailleurs à plusieurs reprises des responsabilités dans des structures professionnelles de type coopératif ; à la fin des années 1940 et au début des années 1950, il a travaillé comme bûcheron et commis-comptable dans les chantiers coopératifs, dont il a contribué à faire une école de formation à la coopération et au syndicalisme. Au début des années 1960, il a assuré le sauvetage et le développement de la Caisse d’établissement rurale de la Chaudière, qui avait pour objectif de favoriser l’accès à la propriété et le démarrage d’entreprises. Le parcours politique de Fabien Roy, qui s’autodéfinit comme un nationaliste non indépendantiste, est parfaitement indissociable de son engagement personnel au sein des structures sociales et des dynamiques économiques de la région qu’il a eu pour mandat de représenter. Il se plaît d’ailleurs à souligner la responsabilité territoriale du parlementaire :
Que l’on souhaite devenir ministre ou Premier ministre, il faut d’abord… être élu député d’un comté. Le mandat reçu dépend des électeurs et des électrices qui ont des besoins généraux et particuliers. Répondre à ces gens et, souvent, les défendre face à l’appareil gouvernemental de la meilleure façon possible représente la première responsabilité de tout député22.
Porter haut et fort les valeurs beauceronnes
22C’est dans cette lignée que s’inscrit Maxime Bernier. Sa nomination comme ministre fédéral de l’Industrie, au lendemain des élections fédérales de janvier 2006, n’a rien enlevé à son ambition de faire de la Beauce « une société distincte à l’intérieur du Québec23 ». Et elle a évidemment conforté de façon éminente sa position sociale et politique au sein de sa circonscription, et renforcé les attentes à son égard, à commencer par l’achèvement de l’autoroute 73, de Québec à Saint-Georges, dossier demeuré en souffrance depuis plus de 30 ans. Ces attentes sont d’abord d’ordre économique. À quelques semaines du scrutin fédéral qui a vu son élection, une trentaine d’hommes d’affaires fédéralistes de la Beauce se sont alliés pour inciter les électeurs à porter leur suffrage sur le candidat conservateur. Les membres de ce groupe ont volontiers souligné le mécontentement suscité par l’éviction, en 2004, du député libéral de Beauce du cabinet fédéral, où il occupait les fonctions de secrétaire d’État à l’Agence de développement économique du Canada pour les régions du Québec. Le candidat conservateur
est évidemment ravi de l’appui de certains dirigeants d’entreprises, ajoutant que cela représente « un point tournant dans la campagne parce que notre but est de rallier les forces fédéralistes derrière nous ». Il croit que les électeurs de la Beauce « sont fatigués » de parler de souveraineté et prêtent une oreille attentive aux promesses conservatrices de « régler le déséquilibre fiscal » et de « respecter les champs de compétences des provinces ». Il ajoute que certains électeurs lui ont suggéré le slogan « Bernier bloque le Bloc »24.
23Dans le contexte beauceron, de façon sans doute plus nette qu’ailleurs, les déterminants du vote constituent un effet du système social. La journaliste du Devoir qui a suivi la campagne électorale en Beauce souligne que
un après-midi complet à suivre le candidat conservateur Maxime Bernier, notamment dans les commerces de Saint-Georges, donne l’impression qu’une vague de fond se prépare dans ce coin de la province. L’un après l’autre, les citoyens rencontrés donnent leur appui à M. Bernier. Certains prennent même les devants pour le saluer, lui indiquant leur espoir qu’il sera un député aussi efficace que l’a été son père Gilles Bernier, qui a fait partie de l’équipe Mulroney de 1984 à 1993. Chez un détaillant de motos, des clients et des employés démontrent ouvertement leur enthousiasme. Un jeune qui votera pour la première fois s’étonne que des électeurs de son âge choisissent de voter pour le Bloc québécois. « J’aime pas les libéraux, et c’est pas le Bloc qui va faire bouger les choses », explique-t-il. Au rayon de mécanique, un souverainiste dit, sourire aux lèvres, qu’il votera conservateur cette fois. « Quand tu veux que les choses avancent, il faut être au gouvernement », fait-il valoir. Quelques minutes plus tard, chez un concessionnaire automobile, M. Bernier rencontre les employés. Spontanément, les vendeurs sortent de leur bureau et discutent politique dans le couloir. Un observateur extérieur aurait pu croire qu’il s’agissait là d’une assemblée partisane tellement le point de vue de tous allait dans le même sens. […] Comme pour confirmer que les Beaucerons semblent avoir le goût du risque calculé, un homme d’affaires, qui a voté libéral jusque-là, lui lance : « Je commence à aimer ça. Ça brasse plaisant ! On va t’essayer, mais si tu ne fais pas la job… »25.
24Sans que l’on puisse y voir l’expression, à proprement parler, d’un mandat impératif, cette promesse de vote, qui repose sur un contrat moral – du type « donnant donnant » –, est toutefois dictée par la conscience des intérêts en jeu et par la rationalité d’un choix qui associe ainsi sollicitude et sollicitation : cette promesse vaut donc injonction en ce qu’elle s’inscrit par avance dans la logique de l’échange et du contre-don.
25La directrice des bureaux de sa circonscription insiste sur le soin que Maxime Bernier continue d’apporter, après sa victoire électorale, à l’entretien des contacts avec ses électeurs :
Depuis l’élection du 23 janvier 2006, et malgré ses fonctions parlementaires et ministérielles qui occupent une grande partie de son temps, M. Bernier demeure présent dans son comté. Il fait régulièrement (2 fois par mois) des visites en porte-à-porte dans les municipalités de la Beauce. Chaque visite est annoncée par une publicité dans l’Hebdo régional, un hebdomadaire qui couvre tout notre comté. […] Comme il le dit souvent, avant d’être ministre, il est député. Il a d’ailleurs surpris plusieurs de ses collègues lorsqu’il a dit qu’il continuait de faire du porte-à-porte dans son comté, comme en campagne électorale. Il aime rencontrer ses électeurs, discuter avec eux, entendre leurs doléances, mais aussi leurs suggestions. Il vous dirait que cela fait de lui un député qui garde les pieds sur terre26.
26La page de couverture du Bulletin parlementaire de l’hiver 2006-2007 porte en exergue : « Un député visible, un ministre présent ! »
27Devenu ministre de l’Industrie dans le cabinet Harper, Maxime Bernier s’est fait un devoir de respecter la seule promesse qu’il ait exprimée au cours de sa campagne électorale : défendre et promouvoir les valeurs beauceronnes. Dès le début de la campagne électorale, il en fait son seul véritable engagement formel, qu’il n’omet jamais d’associer à la carrière politique de son père27… Dans l’accomplissement de cet exercice, il s’avère difficile de faire la part de l’attachement régional et de la stratégie électorale. Ces deux impératifs sont étroitement liés, comme le montre, parmi d’autres, le discours, qui ne manque ni d’originalité ni d’audace, prononcé le 17 septembre 2006, à Saskatoon, devant la Chambre de commerce du Canada, et consacré à la « valeur de l’entrepreneuriat » :
The first thing you should know about me is that I am from the Beauce, the region along the Chaudière River south of Québec. The Beauce is unique in Quebec – it is well known as the most entrepreneurial region of the province. Many of the best-known business people in Quebec come from the Beauce. This is also where I learned the values that go with entrepreneurship: individual freedom, integrity, responsibility and self-reliance. When I am defending economic freedom and entrepreneurship, I am defending what to me are « les valeurs beauceronnes » – « the values of my native Beauce ». I grew up believing that when we are free to create and to innovate, and to reap the benefit of our work, all human beings will tend to exhibit some quality of entrepreneurship. And by embracing these ideals we will make the world better, for ourselves and for everybody else at the same time.
28À considérer la physionomie politique de la Beauce sur la longue durée, deux traits apparaissent significatifs et récurrents. Le premier réside dans l’expression du sentiment fortement ancré et intériorisé d’une singularité héritée du passé et socialement assumée, et qui trouve dans le comportement électoral et le rapport aux élus l’une de ses traductions originales. La Beauce se pense comme dotée d’autonomie sur le plan culturel, à la façon d’une « petite république indépendante » ; sa réussite économique vient à l’appui de l’affirmation de sa spécificité. Le second trait, qui se déduit en grande partie du premier, se rapporte à l’étroitesse des liens qui se nouent entre les élus et leurs mandants : le représentant politique est au service des intérêts collectifs de ses électeurs, dont il se doit de mériter et de garder la confiance. Dans ces conditions, l’appartenance partisane du candidat importe bien moins que sa personnalité et que son attachement aux valeurs clairement affichées de la région. Il y a dans cette faible différenciation de la sphère politique la marque d’un attachement à des principes fondateurs traditionnels, que l’on peut dire « conservateurs ». La matrice culturelle demeure en effet puissamment prégnante ; combinée à l’entrée dans la modernité productive – sur le double plan des produits et des procédés –, elle joue, pourrait-on dire, une fonction d’« actualisation conservatoire » et d’inculturation. C’est ce qui a fondé l’évocation d’un mariage réussi des « fidélités terriennes » avec l’entrée dans l’« économie de marché ».
29Maxime Bernier s’est ingénié, au cours de sa campagne électorale de 2004 puis comme ministre de l’Industrie, à dégager de cette culture politique et de cet ensemble de pratiques sociales des mots clés qui ponctuent son discours sur la Beauce : l’intégrité, l’esprit d’entreprise et la liberté individuelle. Ces mots clés cherchent à rendre compte de ce qui semble constituer la substance de l’idéologie localement dominante. Il se fait ainsi le porte-parole des leaders régionaux et contribue à légitimer le modèle de développement économique dont ils sont les porteurs et les promoteurs. La nomination de Maxime Bernier au poste de ministre des Affaires étrangères, en août 2007, et donc son changement d’espace de référence et d’intervention seront-ils de nature à modifier sa pratique discursive et ses représentations ? On peut estimer que cette nomination et ce changement contribueront plutôt à conforter le député conservateur de Beauce dans sa ligne de pensée et dans sa défense de principes dont il estime qu’ils font la force et la richesse du comté qu’il représente et qu’ils doivent donc accéder au rang de « modèle »28.
Notes de bas de page
1 Réjean Pelletier a pu parler à cet égard du « syndrome de la région abandonnée » (R. Pelletier, « L’énigme de Québec décortiquée », Le Devoir, 28 janvier 2006.)
2 Guillaume Bourgault-Côté, « Déferlante adéquiste autour de la capitale », Le Devoir, 27 mars 2007 : « Comme prévu, la région ceinturant la capitale nationale aura été le terreau du succès adéquiste hier : des onze comtés répartis autour de Québec, l’ADQ de Mario Dumont remporte huit sièges, laissant à peine de quoi s’inscrire au pointage pour les libéraux et les péquistes. »
3 Mario Dumont, « Lettre aux Québécois. Le Bloc québécois, un boulet politique pour le Québec », Le Devoir, 12 janvier 2006.
4 Sur le sens et la portée de ce concept, voir Mark Granovetter, “Economic Action and Social Structure : The Problem of Embeddedness”, in American Journal of Sociology, vol. 91, no 3, 1985, p. 481-510.
5 Fernand Grenier, La Beauce. Étude d’un comté rural de la Province de Québec, Paris, Institut de géographie, mémoire de Diplôme d’études supérieures, 1955.
6 Ibid., p. 153.
7 Pierre-André Julien, Le développement régional. Comment multiplier les Beauce au Québec ?, Québec, Les Éditions de l’Institut québécois de recherche sur la culture, 1997.
8 Maurice Roy, « Beauce Inc. Plus ingénieux qu’ingénieurs, les Beaucerons produisent plus, mieux, et pour moins cher. En Beauce, les affaires, ça tourne rond », in L’Actualité, vol. 6, no 11, novembre 1988, p. 116 et 128.
9 Richard Peet, « Les régions de la différence, les espaces de la nouveauté : aspects culturels de la théorie de la régulation », in Géographie, Économie, Société, vol. 1, no 1, 1999, p. 12.
10 Jacques Palard, « L’industrialisation de la Beauce québécoise : développement économique, pouvoir local et identité territoriale », in Xabier Itçaina, Jacques Palard et Sébastien Ségas (éds), Régimes territoriaux et développement local, Rennes, Presses de l’Université de Rennes, 2007, p. 83-98.
11 Le maire de Saint-Georges-de-Beauce, Roger Carette, ancien directeur de Commission scolaire, représente la figure emblématique de cette conception de l’élu « entrepreneur » ; voir P. Carette, « Saint-Georges-de-Beauce. Priorité à l’emploi industriel », in Urba, mars 1997, p. 27.
12 André Billette et Mario Carrier, « Régulation socio-identitaire des activités économiques beauceronnes », in Recherches sociographiques, vol. 34, no 2, 1993, p. 273.
13 A. Amin et N. Thrift, “Globalisation, Institutional Thickness and Local Prospects”, in Revue d’économie régionale et urbaine, no 3, 1993.
14 Entretien téléphonique, 6 mars 2007.
15 “Les Beaucerons do want an advocate in Ottawa. It is the position that Mr. [Maxime] Bernier is pitching hard for in this campaign, but it is his last name rather his first that gives him his best chance to land the job.” (Allan Woods, “‘Prince of Beauce’ is Tories’ best shot in Quebec”, Ottawa Citizen, 31 décembre 2005.)
16 Or, précisément, son adversaire libéral est maire d’une commune qui fait partie du comté fédéral voisin de Frontenac, donc hors du territoire beauceron : « Les Bernier père et fils joueront cette carte à fond, alors que Maxime Bernier vient tout juste de revenir vivre dans son coin natal : “Les gens connaissent bien Maxime, qui a grandi ici et qui est revenu souvent, même si ses affaires étaient à Montréal, explique Gilles Bernier. Il a les deux pieds très solides, il a de la facilité avec le public et il a de bonnes idées”. » (Alec Castonguay, « Beauce – Les Bernier, père et fils, en campagne avec les conservateurs », Le Devoir, 1er décembre 2005).
17 Maxime Bernier a publié un ouvrage dans lequel il plaide en faveur de l’instauration de la « flat tax ». M. Bernier, Pour un taux unique d’imposition. Pour en finir avec le mythe des taux progressistes, Montréal, Éd. Varia, 2003.
18 Jean-Jacques Samson, « Un faucon », Le Journal de Québec, 30 septembre 2006.
19 Marie Beaupré et Guy Massicotte, Édouard Lacroix. Pionnier de l’entrepreneurship beauceron, Rimouski, Université du Québec à Rimouski, 1989, p. 77.
20 Ibid., p. 78.
21 Yves Boisvert, « La Beauce : épicentre bleu. Fabien Roy, l’insoumis… », La Presse, samedi 28 janvier 2006, p. A2.
22 Fabien Roy, Député à Québec et à Ottawa… mais toujours Beauceron, Sillery, Septentrion, 2005, p. 8.
23 Allan Woods, article cité.
24 Alexandre Shields, « Gens d’affaires beaucerons : du PLC au PC, pour contrer le Bloc », Le Devoir, 8 janvier 2006.
25 Kathleen Lévesque, « Vent conservateur du côté de la Beauce », Le Devoir, 16 janvier 2006.
26 Correspondance électronique avec la directrice des bureaux du Parti conservateur du comté de Beauce, 1er mars 2007.
27 « Ayant eu la chance de grandir dans une famille qui a toujours eu à cœur les intérêts des Beaucerons, je tiens, en ce début de campagne électorale, à vous assurer de cette même détermination. Mes intentions, au moment de vous représenter en tant que député de Beauce à Ottawa, seront de défendre nos valeurs beauceronnes telles que l’intégrité, l’esprit d’entreprise et la liberté. C’est ma promesse, ma seule promesse et soyez assurés que j’y investirai toutes mes énergies et ce, dans le but de poursuivre cette belle tradition amorcée par mon père au cours de sa remarquable carrière à laquelle j’ai participé activement. » (Maxime Bernier, L’Éclaireur-Progrès/Beauce Nouvelle, 9 décembre 2005, p. 20.)
28 Maxime Bernier a démissionné de son ministère au mois de mai 2008.
Auteur
Docteur d’État en science politique, directeur de recherche au CNRS, Université de Bordeaux/Sciences Po Bordeaux, SPIRIT - CNRS. Ses recherches portent sur la transformation du système politico-administratif, l’analyse organisationnelle du catholicisme et le système sociopolitique du Canada et du Québec. Il a publié avec J. Vezina, Vieillissement, Santé et Société (Québec, Presses de l’université Laval, 2007).
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