Situation des études d’argumentation : de délégitimations en réinventions
p. 159-181
Résumés
Dans le paradigme classique, l’argumentation est liée à la rhétorique (comme sa base cognitive, la théorie de l’invention), et à la logique du syllogisme (comme la troisième opération de l’esprit, venant après la compréhension et le jugement). Vers la fin du XIXe siècle, ce paradigme ambigu est définitivement dépassé. La rhétorique est délégitimée par la Troisième République, dans sa quête d’un savoir « positif », et la logique cesse d’être un « art de penser » pour devenir une branche des mathématiques. Après 1945, le concept d’argumentation est progressivement reconstruit dans les sciences humaines, d’abord, dans les années 1950, dans une vision rationnelle-politique fortement orientée par le modèle des pratiques légales (Perelman, Toulmin) ; ensuite, dans les années 1970, dans un paradigme linguistique-cognitif, celui de théories généralisées de l’argumentation telles celles de J.-B. Grize et de O. Ducrot, ainsi que dans le cadre d’une vision rénovée d’une « nouvelle dialectique » ou logique du dialogue critique (Hamblin). La situation contemporaine est caractérisée par un usage généralisé du terme « argumentation » à travers les disciplines, et par la recherche d’un consensus minimal sur une méthodologie et sur l’ensemble des concepts
In the classical paradigm, argumentation is attached both to rhetoric (as its cognitive basis, the theory of invention) and to syllogistic logic (as the third operation of the mind). By the end of the 19th century, this ambiguous paradigm was definitively outdated. Rhetoric was de-legitimised by the new University of the 3rd Republic in its quest for positive knowledge. With Frege, logic is no longer an art of thinking but a branch of mathematics. After 1945, the concept of argumentation was progressively re-built in the human sciences, first in the fifties, within a political-rational view of discourse, strongly influenced by legal practice (Perelman, Toulmin); then in the seventies, within a cognitive-linguistic paradigm (the generalized theories of argumentation of J.-B. Grize and 0. Ducrot), or in a renewed logic of critical dialogue (Hamblin). The present situation may be characterized as allowing a generalized use of the term argumentation throughout the various disciplines, necessitating a quest for a mininimal consensus on core concepts and the basic methodology
Texte intégral
Il faut chercher seulement à penser et à parler juste, sans vouloir amener les autres à notre goût et à nos sentiments ; c’est une trop grande entreprise.
La Bruyère
1La Bruyère nous rappelle que la confrontation des théories est un art difficile. On sait qu’il faut beaucoup d’accords pour régler effectivement quelques désaccords : on doit d’abord s’entendre sur les concepts et les mots qui les désignent, faute de quoi les « discours théoriques » restent incommensurables. Idéalement, c’est la réalité qui devrait jouer le rôle de « juge de paix » entre les théories, par le moyen d’une « expérience cruciale » ; mais pour cela il faut d’abord s’entendre sur ce qui constitue une donnée capable de trancher, et, dans le cas d’une discipline comme l’argumentation, dont le langage théorique dépend fortement du langage naturel, il est toujours possible de faire jouer des mécanismes argumentatifs trop humains, transformant ce qui est contre-exemple pour l’un en confirmation pour l’autre, comme le montre le dialogue imaginaire suivant :
– Les conséquences de cette théorie sont surprenantes ?
– Cela prouve donc qu’elle est insoutenable, car elle heurte le sens commun disciplinaire et le sens commun tout court.
– Pas du tout, ça confirme au contraire l’intérêt de cette théorie, qui produit des hypothèses puissantes capables de dévoiler des aspects inaperçus de la réalité.
2En pratique, pour confronter les théories, on pourrait essayer de leur faire faire un peu de chemin en commun, en construisant par exemple une question de recherche partagée que l’on tenterait de faire fructifier en collaboration.
3Le but de cette contribution sera encore plus élémentaire. Il s’agit d’esquisser une histoire des idées contemporaines sur l’argumentation, c’est-à-dire de reconstruire un espace qui contienne ces théories et, si on se permet d’exploiter les suggestions qui naissent de leur rapprochement, d’en proposer une première organisation.
4L’argumentation a une histoire longue depuis la Grèce et Rome, mais elle a aussi une histoire courte, qu’il semble possible de décrire en l’organisant autour de deux moments, la fin du XIXe siècle, où l’argumentation semble reléguée au magasin des antiquités, avec la rhétorique oratoire et la logique miroir de la pensée, et l’après Seconde guerre mondiale, où elle s’affirme comme concept autonome. Pour l’argumentation, ce retournement de conjoncture se produit autour de 1958, où paraissent The Uses of Argument de Stephen Toulmin et Le Traité de l’argumentation de Chaïm Perelman et Lucie Olbrechts-Tyteca. Le Traité porte en sur-titre, dans sa première édition, La Nouvelle rhétorique, qui passera en titre dans la traduction anglaise, mais qui restera justement en sous-titre dans la seconde édition. L’accent est bien mis sur argumentation, ce qui constitue une réelle innovation, et symbolise bien le mouvement d’émancipation des études d’argumentation après la seconde guerre mondiale.
5En anglais, A. Craig Baird avait déjà utilisé argumentation dans un ouvrage un peu antérieur, Argumentation, discussion and debate, 1950. Des ouvrages nettement plus anciens utilisent des termes de la même série mais en sous-titre. Par exemple Whately (1828) précise le contenu de ses Elements of Rhetoric en ajoutant qu’ils comprennent an Analysis of the Laws of Moral Evidence and of Persuasion, with Rules for Argumentative Composition and Elocution ; et Lever, bien plus tôt encore, commente l’intitulé de son ouvrage, The Arte of Reason, en le reformulant rightly termed Witcraft, et en explicitant son objectif, qui est d’enseigner a Perfect Way to Argue and Dispute (1573). On voit que dans le premier cas le terme est subordonné à la rhétorique, dans le second à la logique, conformément à l’organisation des disciplines dans le paradigme classique. L’auto-affirmation des études d’argumentation semble ainsi pouvoir être datée de l’immédiate après-guerre. On peut le voir a contrario : en français, d’autres titres s’appuient sur argumentation, avant 1958, mais la fonction du mot est toute différente ; par exemple, l’ouvrage d’Ambroisine Dayt, en 1903 : Argumentation ayant en vue d’éclairer tout être sur des besoins indéniables déniés à la femme depuis l’apparition de l’homme sur la terre. Dans ce dernier cas, argumentation est un terme support du titre substantiel ; il pourrait être remplacé par Remarques, Traité ou Dissertation (« ayant en vue d’éclairer… »). Il s’agit d’une intervention dans un débat, faite selon les modalités d’un genre, d’une argumentation « sur », et non pas d’une entreprise théorique « sur » l’argumentation : avant le Traité, aucun ouvrage n’affiche un tel programme. La nouveauté, en français, est nette.
Le paradigme classique
6Du point de vue de l’organisation classique des disciplines, l’argumentation est liée à la rhétorique, vue comme un « art de bien parler », et à la logique, vue comme un « art de penser ».
L’argumentation dans la rhétorique
7Il existe divers usages du mot « rhétorique » et des concepts bien différents de cette discipline, on parle de rhétorique du verbal et du non-verbal, du conscient et de l’inconscient. Certaines de ces rhétoriques n’incluent pas de composante argumentative. Par exemple, l’analyse structurale des figures est dite justement « rhétorique générale », dans la mesure où elle cherche à repenser les figures de style dans le cadre d’une analyse linguistique ; elle inscrit, à sa façon, la rhétorique « dans la langue ». Mais on pourrait également la considérer comme une rhétorique restreinte, dans la mesure où elle est coupée de l’argumentation et de l’interaction. À la suite de Nietzsche, la rhétorique a également été définie comme l’essence du langage, définition particulièrement active dans le domaine de l’histoire durant les années 1970 (Ginzburg 1999). Cette rhétorique n’est pas non plus argumentative.
8Ce texte se limitera à la rhétorique argumentative, ou théorie rhétorique de l’argumentation. Cette rhétorique admet comme référence ultime La Rhétorique d’Aristote. Elle a été définie par les théoriciens de l’Antiquité et portée jusqu’à l’époque contemporaine par un paradigme de recherche autonome. Elle possède en propre les caractères suivants. C’est une rhétorique référentielle, c’est-à-dire qu’elle inclut une théorie des indices, pose le problème des objets, des faits, de l’évidence même si leur représentation adéquate ne peut se saisir que dans le conflit et la négociation des représentations ; elle est probatoire, c’est-à-dire qu’elle vise à apporter sinon la preuve, du moins une meilleure preuve ; elle est polyphonique ou intertextuelle ou dialogique, dans sa pratique de la réfutation ; son objet privilégié est l’intervention institutionnelle planifiée. Son caractère éloquent est secondaire. Dans le modèle rhétorique, la théorie de l’argumentation est celle de l’invention, c’est-à-dire de la détermination des arguments. C’est dans ce cadre que sont théorisés les concepts de topos (ou loi de passage, autorisant la transition d’argument à conclusion ; c’est le moyen d’inférence) et d’enthymème, c’est-à-dire de passage argumentatif, mixte d’affects, de logique et de style.
9Du point de vue du produit fini, l’argumentation constitue la partie centrale du discours tel qu’il a été prononcé. Elle développe des arguments en faveur de la position du locuteur, et réfute les arguments en sens contraire. La narration, qu’on oppose parfois à l’argumentation, est toujours orientée en fonction des intérêts du locuteur. Elle constitue le premier des arguments.
10Les problématiques actuelles de l’argumentation comprennent de nombreux éléments hérités de la vision de l’argumentation rhétorique. Considérons les trois définitions suivantes :
- Platon : « le pouvoir de convaincre, grâce aux discours, les juges du tribunal, les membres du Conseil au Conseil de la Cité, et l’ensemble des citoyens à l’Assemblée, bref, le pouvoir de convaincre dans n’importe quelle réunion de citoyens » (452d-e). C’est la définition de Gorgias, l’adversaire de Socrate dans le dialogue du même nom. On peut considérer qu’elle fixe le sens courant du terme.
- Aristote : « Admettons donc que la rhétorique est la faculté de découvrir spéculativement ce qui, dans chaque cas, est propre à persuader » (Rhétorique : 1, 2, 25).
- Cicéron : l’argumentation « part de propositions non douteuses ou vraisemblables, et en tire ce qui, considéré seul, paraît douteux ou moins vraisemblable » (Divisions : 46).
11On retrouve dans ces définitions des éléments permanents, comme la fonction persuasive (1 et 2) ; l’importance du lien entre énoncés, qui fait le lien entre rhétorique et logique (3) ; l’adresse à un auditoire sans structure d’échange (2) – notons que les modèles dialogués se rattachent non pas à la rhétorique mais à la dialectique.
12La situation d’argumentation est caractérisée par l’insuffisance de l’information disponible (manque de temps, manque d’information ou nature de la question discutée), dans une situation d’incertitude marquée par l’urgence. Ces points essentiels différencient situations d’argumentation et situations où l’information est suffisante mais simplement inégalement répartie. Dans ce dernier cas, il s’agit de clarifier et d’éliminer des malentendus, après quoi la conclusion est supposée s’imposer à tous par simple calcul. Dans le premier cas, outre ces tâches de clarification et de calcul toujours présentes, interviennent des points de vue (des positions discursives, des systèmes de valeurs, des intérêts) qui peuvent être radicalement incompatibles. Aucune des positions ne peut être éliminée totalement, il reste toujours un pari, donc un risque : je choisis A tout en craignant que le bon choix ne soit B ; je défends mon parti, tout en sachant que le juge, ou l’avenir, donneront peut-être raison à l’autre.
L’argumentation dans la logique
13Parallèlement à cette inscription de l’argumentation dans le système rhétorique, comme discours logique, l’argumentation est définie dans le cadre d’une théorie des trois opérations mentales : l’appréhension, le jugement et le raisonnement. L’argumentation correspond à la troisième de ces « opérations de l’esprit » qui construisent le discours :
- par l’appréhension, l’esprit conçoit une idée d’un objet et le délimite (homme, certains hommes, tous les hommes, aucun homme) ;
- par le jugement, il affirme ou il nie quelque chose de cette idée, pour aboutir à une proposition (« l’homme est mortel »), qui s’exprime dans un énoncé ;
- par le raisonnement, il enchaîne des propositions, de façon à progresser du connu à l’inconnu. Cette troisième opération est l’argumentation.
14Sur le plan langagier, ces opérations cognitives correspondent respectivement à :
- l’ancrage référentiel du discours au moyen d’un terme ;
- la construction de l’énoncé par imposition d’un prédicat à ce terme ;
- l’enchaînement des propositions ou argumentation, par lequel on produit des propositions nouvelles à partir de propositions déjà connues. L’argumentation sur le plan discursif correspond ainsi au raisonnement sur le plan cognitif.
15La troisième opération correspond à la logique des propositions analysées. Ses règles sont données par la théorie du syllogisme, qui fournit donc la théorie de l’argumentation correcte. La théorie des discours fallacieux (raisonnements vicieux, paralogismes, sophismes) en forme la contrepartie.
16Cet ensemble rhétorique / logique forme la base du système dans lequel l’argumentation a été pensée depuis Aristote jusqu’à la fin du XIXe siècle.
Le tournant de la fin du XIXe siècle
17La situation actuelle des études d’argumentation, particulièrement en France, est la résultante d’une tendance historique longue, dont la fin du XIXe et le début du XXe siècle constituent un moment clé. On peut se faire une idée de ce qu’était alors le concept d’argumentation à partir de la situation des deux disciplines qui encadrent l’argumentation, la rhétorique et la logique.
Délégitimation de la rhétorique
18En tant que partie fondamentale de la créativité rhétorique, les études d’argumentation sont forcément affectées par le sort de la discipline rhétorique. On sait qu’à la fin du XIXe siècle, la rhétorique fut violemment critiquée comme étude non scientifique, donc illégitime, et éliminée du cursus de l’université républicaine, alors dans son premier âge.1
19Ce tournant se situe sur l’arrière-fond historique que constitue la fin du second Empire, la défaite de 1870, et la nécessité d’une Réforme intellectuelle et morale (Renan), d’un nouveau départ dans la vie intellectuelle comme dans la vie politique qui se développait dans le cadre de la Troisième République naissante.
20Sur la base d’une vue laïque et positiviste de la science, de la culture et de la société, la Troisième République développe une politique scientifique de redéfinition des tâches fondamentales de l’université. L’impulsion essentielle sous toutes ces transformations est une nouvelle conception du savoir, le savoir positif. L’histoire est l’étoile montante, la méthode historique la méthode positive par excellence, capable de produire du savoir scientifique dans le champ des humanités. Ce savoir positif est conçu comme antagoniste du « savoir formel », dont le meilleur exemple est sans doute le « savoir faire » rhétorique, le trucage discursif qui fonctionne dans l’instant et ne survit pas à la critique la plus élémentaire. Face aux découvertes positives de la recherche historique, aucune vue fondée sur des considérations faisant appel au bon sens, au consensus, à l’opinion, à la doxa ou aux lieux communs ne peut être soutenue sérieusement, le savoir rhétorique n’est pas du savoir. En outre, la nouvelle répartition du savoir en disciplines spécialisées est incompatible avec la prétention rhétorique à fournir la synthèse utile de tous les savoirs.
21Deux circonstances périphériques aggravantes plaident encore contre la rhétorique. D’une part, la rhétorique est la base de l’éducation dispensée par les jésuites (Compagnon, 1983 : 94), alors qu’on se trouve dans une période d’intenses contestations entre l’Église et l’État, qui aboutit notamment à leur séparation en 1905. D’autre part, par l’usage qui en était fait dans les collèges jésuites, la rhétorique est liée au latin, tous les exercices rhétoriques étant pratiqués dans cette langue. Or cette période atteint des sommets dans l’éternelle querelle sur la nécessaire émancipation du français par rapport au latin, et, corrélativement, la place du latin dans les études littéraires. Un état laïque ne pouvait que vouloir s’émanciper de la rhétorique comme symbole d’une éducation religieuse doublement rétrograde.
22En conséquence, le nouveau cursus d’études françaises se trouve redéfini autour d’une approche historique de la littérature qui vient se substituer à l’approche rhétorique. En 1888, Anthelme Chaignet publia La rhétorique et son histoire, la dernière, et excellente, introduction à la théorie aristotélicienne de l’argumentation rhétorique. De nouvelles formes d’expression académique apparaissent dans les lycées, composition française, histoire littéraire, commentaire de textes littéraires. Tous ces nouveaux genres excluent explicitement la rhétorique –même si les formes rhétoriques classiques restent évidemment en usage : comment pourrait-il en être autrement ?
23Il n’est pas surprenant que, liée à l’ancienne conception de l’éducation et des savoirs, la rhétorique soit ainsi devenue, par amalgame, le symbole facile d’une réaction cléricale dépassée et manipulatoire, en contraste absolu avec les tendances positives modernes en sciences et en éducation dont se réclamait l’université républicaine. Telle est la base du sentiment persistant d’illégitimité des pratiques rhétoriques en France, dont témoignent diverses mesures, comme la disparition de la rhétorique des programmes de l’enseignement secondaire en 1885, et la disparition, en 1902, de la « classe de rhétorique », des lycées (Compagnon, 1999 : 1222, 1233).
24Dans la mesure où les études d’argumentation sont liées aux études de rhétorique, elles se trouvaient clairement du mauvais côté. Mais dans quelle mesure l’étaient-elles ? La rhétorique exclue du cursus était la rhétorique jésuite, et celle-ci n’était pas centrée sur l’argumentation, mais sur la « praelectio », en d’autres termes sur quelque chose comme l’explication de texte et l’amplification, une forme d’éloquence qui ne tendait pas à convaincre par la preuve et le débat mais à subjuguer par la splendeur verbale.
Formalisation de la logique. Le néo-thomisme
25Conclure que l’élimination de la rhétorique entraîne mécaniquement la disparition des études d’argumentation serait une simplification excessive. D’autres considérations également bien connues qui semblent aller dans le même sens de la défaveur de l’argumentation entrent en jeu ; elles correspondent au nouveau statut de la logique.
26La publication de la Begriffschrift par Gottlob Frege, en 1879, marque le point à partir duquel la logique ne peut plus être vue comme un « art de penser », mais comme un « art de calculer », une branche des mathématiques. Dès lors, pour l’aile marchante des logiciens, l’argumentation ne sera plus que le nom d’une forme périmée de la logique. Au début du XXe siècle en effet, comme le dit fort bien Robert Blanché, la logique classique est gagnée par le « crépuscule des évidences » : « on passe de la logique aux logiques qu’on construira à volonté. Et à son tour, cette pluralité de logiques retire son privilège à la logique classique, qui n’est plus qu’un système parmi d’autres, comme eux simple architecture formelle dont la validité ne dépend que de sa cohérence interne » (1970 [1955] : 71-72).
27Une évolution vient à son terme, et on peut la suivre au moins depuis Ramus (Ong, 1958), pour qui jugement, logique et méthode doivent être pensés hors de la rhétorique, sur un plan que nous appellerions épistémique ou cognitif. La mutation apparaît avec évidence si l’on compare La Logique ou l’art de penser contenant outre les règles communes, plusieurs observations nouvelles propres à former le jugement d’Arnauld et Nicole (1662) au Traité de l’art de raisonner (1796) de Condillac. Dans ce dernier ouvrage, « l’art du raisonnement », entièrement géométrisé, est situé hors de toute logique langagière – ainsi, de l’analogie n’est retenue que la proportion (1981 [1796] : 130).
28En s’axiomatisant, la logique renonce à sa fonction rectrice de la pensée comme à sa fonction critique. Elle ne fournit plus la base du discours rationnellement argumenté. Ces nouveaux mondes scientifiques ont rompu toute attache avec l’Organon d’Aristote ; leurs pratiques n’ont plus rien à voir avec celles de l’argumentation discursive.
29C’est à cette époque que la logique est devenue cette discipline « formelle », à laquelle devaient s’opposer la « logique naturelle », la « logique non formelle », ou la « logique substantielle » dans les années 1950 et 1970.
30Amalgamées à une rhétorique délégitimée, abandonnées par la logique, les études d’argumentation paraissent en très mauvaise position. Cependant, l’intérêt pour ce thème a persisté dans le domaine particulier restreint de l’éducation religieuse et de la théologie, comme partie importante du cursus philosophique néo-thomiste. En 1879 (date également de la publication de la Begriffschrift, coïncidence !), le pape Léon XIII publie l’encyclique Aeterni Patris, qui établit Thomas d’Aquin, et, par ce biais, l’aristotélisme, comme une sorte de philosophie officielle de l’Église catholique, promouvant ainsi une vision de la logique comme fondement de la pensée au moment précis où cette orientation était scientifiquement dépassée.
31Il existe certainement un lien entre cette décision et le fait qu’on peut trouver d’importants développements relatifs à la logique traditionnelle, comme d’intéressantes considérations sur les types d’arguments et sur les sophismes dans des manuels de philosophie d’inspiration néo-thomiste – ces mêmes manuels qui, au détour d’une note, s’insurgent contre les conceptions formalistes de la logique, par exemple le traité de l’Abbé Henri Collin, Manuel de philosophie thomiste (1926) visant l’éducation religieuse à un niveau supérieur. D’importants traités, comme celui de Jacques Maritain Éléments de philosophie II – L’ordre des concepts – Petite logique (logique formelle) (21e éd. 1966), pourraient aussi témoigner de cet intérêt pour la logique comme philosophie de la cognition naturelle dans le cadre général du néo-thomisme.
Théories de l’argumentation et pratiques argumentatives
32Les remarques antérieures portent sur l’état d’un domaine de savoirs et les relations entre disciplines. La question du statut de l’argumentation comme pratique discursive est bien distincte. À la même époque, les discours polémiques à contenu politique et religieux sont d’une violence particulière, et produisent, du côté catholique, des ouvrages impressionnants, au moins par leur volume, par exemple le Dictionnaire apologétique de la foi catholique de J.-B. Jaugey (Paris, préface datée de 1889), ou Les splendeurs de la foi – Accord parfait de la révélation et de la science/de la foi et de la religion de l’abbé F. Moigno (Paris, Blériot Frères, 1881).
33Ces apologies bien intentionnées mobilisent toutes les ressources millénaires de l’argumentation rhétorique pour ferrailler de façon indéfendable contre les acquis scientifiques les plus neufs et les mieux établis, particulièrement dans des domaines comme l’histoire, l’anthropologie, la géologie, sur des thèmes comme l’âge de la terre ou l’antiquité de l’homme. On en trouve un exemple prototypique dans un argument de Chateaubriand :
Nous touchons à la dernière objection sur l’origine moderne du globe. On dit : « La terre est une vieille dont tout annonce la caducité. Examinez ses fossiles, ses marbres, ses granits, ses laves, et vous y lisez ces années innombrables […] ».
Cette difficulté a été cent fois résolue par cette réponse : Dieu a dû créer et a sans doute créé le monde avec toutes les marques de vétusté et de complément que nous lui voyons.
(Le génie du christianisme, 1802, Première Partie, Livre IV, Chapitre v « Jeunesse et vieillesse de la terre »).
34Il y a une claire incompatibilité entre le discours argumentatif reposant sur le bon sens, et la réalité de la preuve scientifique. S’exerçant hors de leur domaine de validité, les pratiques argumentatives s’exposaient à la réfutation dévastatrice des conclusions qu’elles soutenaient, et, au-delà, au risque d’être invalidées comme méthode potentiellement intéressante dans n’importe quel domaine de recherche. La leçon vaut d’être retenue.
35Parallèlement à cette disqualification des modes argumentatifs classiques appliqués hors de leur champ, on pourrait se demander si les nouvelles orientations scientifiques ont produit un nouveau style argumentatif. Il semble que ce soit bien le cas. On pourrait examiner de ce point de vue un livret comme celui de J. Bédier, Comment l’Allemagne essaye de justifier ses crimes (Armand Colin, « Études et documents sur la guerre », 1915). Dans ce texte publié au début de la guerre, le grand médiéviste accuse les Allemands d’avoir commis des crimes de guerre en Belgique et en France ; c’est une question qui traversera la guerre. Pour le prouver, J. Bédier applique à l’analyse de documents saisis sur des morts ou des prisonniers les méthodes mêmes de la critique historique scientifique : reproduction photocopiée du manuscrit, traduction discutée point par point, prise en compte des arguments de l’autre partie. C’est un style argumentatif qui contraste vivement avec celui d’autres documents qui se contentent d’amplifier des lieux communs sur la monstruosité germanique.
36En résumé, au tournant du siècle, la situation semble être la suivante. La rhétorique est invalidée scientifiquement comme méthode incapable de produire du savoir positif et associée à un groupe clérical caractérisé par son anti-républicanisme, pour être exclue du cursus d’État. La logique, devenant formelle, se définit comme une branche des mathématiques et non plus comme un art de penser capable de régir le bon discours en langue naturelle. Les études d’argumentation sont restreintes au cadre de la philosophie néo-thomiste et à la formation théologique. Elles risquent le discrédit par des interventions non pertinentes dans les champs scientifiques les plus avancés. De nouveaux styles argumentatifs apparaissent, fondés sur la méthode critique.
37Cette situation devait rester inchangée jusqu’aux années de l’après-guerre. Si cette lecture est plus ou moins fondée, elle permet d’entrevoir les raisons profondes de « l’éclipse »de l’argumentation, qui n’ont rien à voir avec la négligence et l’oubli. L’argumentation coupée de tout support scientifique, au service de mauvaises causes, politiquement et scientifiquement rétrogrades, a été non pas oubliée mais profondément délégitimée.
Après 1945 : une reconstruction par étapes
Le moment politique des années 1950
38D’une façon générale, en Europe, les études d’argumentation connaissent un développement remarquable dans les années qui suivent la Seconde guerre mondiale. On peut considérer les travaux de Serge Tchakotine comme annonciateurs de ce renouveau. Dans un ouvrage célèbre et maintenant injustement oublié, Le viol des foules par la propagande politique, S. Tchakotine caractérise la propagande des régimes totalitaires comme une « senso-propagande », c’est-à-dire une propagande fondée sur l’appel aux instincts irrationnels. Il lui oppose une « ratio-propagande » fondée sur la raison (Tchakotine, 1939 : 152).
39Puis les années 1950 voient la parution des ouvrages fondamentaux de S. Toulmin et de C. Perelman et L. Olbrechts-Tyteca – évoqués dans l’introduction. En dehors de ces deux ouvrages, dont l’importance est souvent soulignée, il faut faire une place de choix aux travaux en langue allemande, et d’abord à l’œuvre de Ernst Robert Curtius, La littérature européenne et le Moyen Âge latin (1948 ; traduction de 1956). Dans cet ouvrage, E.R. Curtius réintroduit et redéfinit le concept de topos, sur lequel il fonde sa vision de la littérature européenne (1979 [1948] : 138) ; il ouvre ainsi un nouveau champ de recherche sur ce thème, la Toposforschung. Theodor Viehweg propose une application du concept au droit dans Topique et Jurisprudence [Topik und Jurisprudenz, 1953, non traduit en français]. Un peu plus tard, en 1960, le Manuel de rhétorique littéraire de H. Lausberg [Handbuch der literarischen Rhetorik, non traduit en français] reconstruit le système de la rhétorique classique.
40On peut faire l’hypothèse que cette très célébrée « renaissance » des études d’argumentation, qui apparaît précisément en pleine guerre froide, a quelque chose à voir avec la recherche d’une ratiopropagande, la construction d’un mode de discours démocratique rationnel, en rejet des types de discours totalitaires nazis et staliniens. Ce projet de constitution d’une nouvelle réflexion sur le logos, sur la rationalité du discours ordinaire, par le moyen d’un concept autonome d’argumentation, n’est pas si loin de la vision de Curtius qui voit dans la rhétorique une base de la culture européenne. Il est fondamental pour les projets de S.E. Toulmin et de C. Perelman et L. Olbrechts-Tyteca, même si le premier l’oriente rapidement vers une problématique des domaines de rationalité. Quoi qu’on en pense, c’est bien dans ce contexte idéologique qu’a été reconstruite l’argumentation.
41L’articulation des deux ordres du « ratio » et du « senso » se perçoit clairement dans un petit ouvrage publié par Jean-Marie Domenach en 1950 sur La propagande politique, qui doit être considéré comme un ouvrage fondamental pour les études d’argumentation. Pour J.-M. Domenach, la propagande a pour fonction de « créer, transformer ou confirmer des opinions » (1950 : 8). Cette définition équivaut, pratiquement mot pour mot, à celle que C. Perelman et L. Olbrechts-Tyteca donnent de l’argumentation : « provoquer ou d’accroître l’adhésion des esprits aux thèses qu’on propose à leur assentiment » (1976 [1958]). Mais, alors que le Traité ne s’intéresse qu’aux « techniques discursives », pour J.-M. Domenach, la propagande est une réalité plurisémiotique dont l’analyse doit prendre en compte non seulement la composante langagière, mais aussi l’image, la musique, les mouvements des masses, orchestrés ou spontanés. La conviction est le produit non pas du simple discours mais du meeting, du spectacle total ; elle n’échappe pas à la « senso-propagande ». C. Perelman et S.E. Toulmin voient le discours démocratique comme un discours monologique construit sur un modèle juridique de la rationalité. J.-M. Domenach se place dans une perspective communicationnelle plus complexe, fondée sur des dispositions institutionnelles promouvant information, diffusion des connaissances, ainsi qu’une large pratique du débat et du « droit de réponse » (1950 : 123-125) – perspective non plus rhétorique mais dialectique.
Le moment logico-linguistique des années 1970
42À cette période « idéologique » succède, en France, un moment logico-linguistique, amorcé dans les années 1970, et bien vivant actuellement. Ces propositions de « nouvelles théories de l’argumentation » ne trouvent en effet guère d’écho en France. Les raisons sont à chercher du côté de ce qu’on a appelé « la première école française d’analyse du discours », et de ses positions théoriques et idéologiques (Plantin 2002 : 250-252).
43Quoi qu’il en soit, le fait est que la réintroduction et la rénovation du concept d’argumentation comme un concept décent capable d’organiser des recherches en sciences du langage est l’œuvre d’Oswald Ducrot, dans La preuve et le dire (1973) et Dire et ne pas dire (1972), et de Jean-Claude Anscombre et O. Ducrot dans un ouvrage de 1983 au titre programme, L’argumentation dans la langue. Parallèlement, Jean-Blaise Grize et l’école de Neuchâtel proposent un modèle de « logique naturelle » visant à rendre compte des aspects cognitifs de l’argumentation (Grize, 1982, dont le premier chapitre, « Portée et limite de la formalisation » est de 1958).
44Il faut souligner que l’argumentation est réapparue en France non pas dans le champ du discours politique, comme pratique critique, mais dans le champ du structuralisme, de la logique linguistique, du cognitivisme. L’argumentation n’est pas un moyen de régulation rationnel des différences d’intérêts, d’appréciation ; typiquement, elle est dans la langue, pas dans la parole en circulation.
Le dialogue critique
45Parallèlement à cette inscription française de l’argumentation dans les programmes de recherche sur la langue et la cognition, les recherches en langue anglaise mettent au premier plan l’idée de dialogue critique. La recherche y est axée sur la critique du discours, par le repérage des fallacies ; ses instruments sont ceux de la logique, prise parfois au sens large de « méthode ». L’ouvrage de C.L. Hamblin, Fallacies (1970, non traduit en français) marque une étape dans cette orientation de recherche, dont il fait l’histoire, tire un bilan et propose une rénovation, par l’introduction de la notion de jeu dialogique. La recherche sur les paralogismes (fallacies) a également pris le nom, moins « négatif », de logique informelle : il s’agit de travailler sur certaines formes d’arguments, généralement très classiques, facilement taxées de fallacieuses, et de s’interroger sur les conditions pragmatiques de leur validité (Blair et Johnson, 1980).
46Cette recherche a été profondément influencée, depuis les années 1980, par les recherches sur le langage en contexte, la conversation et le dialogue naturel. On trouve les premières études en ce sens dans un ouvrage édité en 1982 par J.R. Cox et Charles A. Willard, Advances in argumentation theory and research. La nouvelle dialectique (1996) de Frans van Eemeren et Rob Grootendorst a fondamentalement renouvelé l’approche des paralogismes et de la rationalité, en l’inscrivant dans la perspective d’un dialogue régi par des règles acceptées des interlocuteurs (voir la contribution de van Eemeren et Houtlosser dans cet ouvrage).
Une situation délicate
47Commeon le voit, la situation actuelle des études d’argumentation en France n’est pas simple. L’œuvre de C. Perelman jouit, depuis le début des années 1990, de la grande popularité qu’elle n’avait pas obtenue dans les années 1960. Ce come back est une caractéristique majeure de la situation actuelle. Paradoxalement peut-être, son influence est peu significative dans le domaine du droit, mais elle est nette dans le domaine de la philosophie, de l’éducation et de l’analyse du discours politique. Les modèles de O. Ducrot, J.-B. Grize, C. Perelman sont les plus utilisés, en parallèle avec les modèles fondés sur le dialogue, augmentés ou non d’un ensemble de normes. Dans tous les cas, il s’agit de modèles puissants, établis à partir d’options très affirmées et bien différenciées, qui ne définissent pas de la même manière leurs objets et leurs objectifs de recherche, et qui, à la limite, se situent dans des disciplines différentes.
48Les retours sur l’histoire d’une tradition de recherche incitent évidemment à des projections sur le présent et l’avenir. On peut penser que la priorité donnée aux objets complexes traités dans une perspective pluridisciplinaire– qui est le trait le plus caractéristique de la situation actuelle – offre certaines ouvertures. Quoi qu’il en soit, le destin de cette nouvelle recherche dépendra largement de la qualité des cursus qui y préparent. Quelle vision organise les enseignements théoriques de l’argumentation, en France, actuellement ? Comment procède-t-on, au-delà des sessions « express », qui tiennent parfois davantage de l’exposé de vulgarisation que de la formation systématique ? Y a-t-il à ce niveau des éléments de consensus suffisants pour que puissent surgir une méthodologie et des questions de recherche historiquement et théoriquement informées, capables d’organiser cet intérêt commun pour l’argumentation qui se manifeste actuellement à travers toutes les disciplines ?
Bibliographie
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Notes de bas de page
1 En France, la rhétorique comme discipline appliquée et articulée ne s’est jamais remise de cette accusation. Seule l’histoire de la rhétorique est considérée comme digne du champ universitaire, et l’étude des pratiques discursives a été repensée dans le cadre des études d’analyse du discours, de la communication institutionnelle, et des interactions interindividuelles.
Auteur
Docteur de l’université libre de Bruxelles, est linguiste et spécialiste de l’argumentation. Directeur de recherche au CNRS, il dirige l’UMR ICAR (Interactions, Corpus, Apprentissages et Représentations) – ENS LSH à Lyon et université Lumière – Lyon 2. Il a notamment publié Essais sur l’argumentation (Kimé, Paris, 1990), L’argumentation (Éditions du Seuil, Paris, 1996). Il a par ailleurs édité Lieux communs, topoï, stéréotypes, clichés (Kimé, Paris, 1993), et, en collaboration avec M. Doury et V. Traverso, Les émotions dans les interactions (Presses Universitaires de Lyon, 2000). Ses recherches, sur corpus, portent sur les émotions, le modèle dialogal de l’argumentation et l’argumentation comparée
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L’argumentation aujourd’hui
Positions théoriques en confrontation
Marianne Doury et Sophie Moirand (dir.)
2004
L’astronomie dans les médias
Analyses linguistiques de discours de vulgarisation
Jean-Claude Beacco (dir.)
1999
L'acte de nommer
Une dynamique entre langue et discours
Georgeta Cislaru, Olivia Guérin, Katia Morim et al. (dir.)
2007
Cartographie des émotions
Propositions linguistiques et sociolinguistiques
Fabienne Baider et Georgeta Cislaru (dir.)
2013
Médiativité, polyphonie et modalité en français
Etudes synchroniques et diachroniques
Jean-Claude Anscombre, Evelyne Oppermann-Marsaux et Amalia Rodriguez Somolinos (dir.)
2014
Dire l’événement
Langage, mémoire, société
Sophie Moirand, Sandrine Reboul-Touré, Danielle Londei et al. (dir.)
2013