Réponses indigènes face à l’expansion des frontières minières en Amérique latine
p. 391-403
Note de l’auteur
Je veux dédier ce texte à Christian Gros, en reconnaissance de sa vaste trajectoire académique et en le remerciant, en outre, de sa gentille hospitalité pendant mon court séjour à l’IHEAL au cours de l’hiver 2008. Je tiens aussi à remercier Françoise Brouzès pour son travail de révision et de traduction de ce texte.
Texte intégral
1Le 5 septembre 2010, presque deux ans après la faillite de Lehman Brothers, la hausse du prix de l’or à 1 273 dollars l’once, le plus élevé de l’histoire, faisait la une des rubriques économiques de la presse internationale. La nouvelle venait confirmer un fait inéluctable : face à la faible revalorisation des principales Bourses mondiales et à la chute du dollar (monnaie de cotation de l’or) par rapport à l’euro, au yen ou au franc suisse, et dans le contexte de l’insécurité politique de nombreuses régions dans le monde, l’or et d’autres métaux tels que l’argent et le cuivre, ainsi que des minéraux non métalliques, sont devenus un refuge sûr pour des investisseurs et des économies émergentes comme celles de la Chine, de l’Inde, du Brésil et de la Russie.
2Dans cet environnement international, de nombreux pays d’Amérique latine ont vu se déclencher une véritable « fièvre » minière : les investissements (en particulier les canadiens, mais aussi les américains, les chinois, les Indiens, les australiens, etc.) arrivent de toutes parts et l’expansion de l’industrie minière atteint un nombre croissant de régions et de territoires. L’avenir proche est encore plus prometteur : selon des données récentes du Centro de Estudios del Cobre y la Minería (Centre d’études du cuivre et de l’industrie minière) – CESCO, dont le siège est à Santiago du Chili, les investissements miniers en Amérique latine pourraient atteindre 200 milliards de dollars entre 2010 et 2019, le plus grand chiffre jamais investi dans un secteur économique de la région. Les pays les plus avantagés par ces investissements seront le Brésil, le Chili et le Pérou, suivis du Mexique, de l’Argentine, de la Colombie et de l’Équateur1. D’autre part, de nouveaux secteurs de l’industrie minière jusqu’à présent inexplorés sont en train de s’ouvrir, comme c’est le cas du lithium (facteur de production de base pour l’industrie des piles de téléphones mobiles et pour la future – mais très proche – industrie d’automobiles électriques), qui a déjà déchaîné un véritable enthousiasme2 et dont le territoire privilégié en Amérique latine se situe dans les grandes réserves de sel des déserts du Chili, de l’Argentine et de la Bolivie.
3Dans cette conjoncture, les gouvernements de la région ont adopté des attitudes diverses, mais qui démontrent toutes que l’industrie minière occupe maintenant une position stratégique dans l’ordre du jour des agendas nationaux, au point de devenir une question d’État dans quelques pays tels que le Pérou, la Bolivie et l’Équateur, spécialement à cause des conflits sociaux qu’elle a engendrés3. Le spectacle médiatique qui a lieu, au moment d’écrire ce texte, dans la mine de San José, proche de Copiapó (« coupe d’or » en quechua) dans le désert d’Atacama au nord du Chili, où 33 mineurs, piégés depuis près de deux mois à 622 mètres de profondeur, attendent anxieusement leur sauvetage, la diffusion, fortement teintée de nationalisme, d’une telle prouesse technologique par les médias internationaux – avec une audience de près de mille millions de personnes – les rôles de protagonistes que le président chilien Sebastián Piñera et, dans une moindre mesure, le bolivien Evo Morales ont voulu endosser au long de cet événement : tout cela constitue un bon exemple du caractère central qu’ont à l’heure actuelle les questions de l’industrie minière dans le panorama latino-américain.
4Évidemment, l’éventail des politiques minières d’État que les gouvernements latino-américains mettent en œuvre est vaste. Dans quelques pays, comme le Mexique, le Guatemala, le Pérou, le Chili, la Colombie et dans une certaine mesure l’Argentine, l’ouverture néolibérale aux investissements étrangers se fait presque sans restriction et les lois et les règlements miniers en matière de concessions et d’exonérations fiscales rappellent les temps du libéralisme économique de la fin du xixe siècle. Non seulement les corporations internationales ont tiré profit de telles mesures, mais encore de puissants groupes d’entreprises nationaux (comme, par exemple, le groupe Mexico, Peñoles et Frisco au Mexique) et de grandes entreprises d’État comme le consortium cuprifère Codelco au Chili en ont obtenu des bénéfices4.
5Dans d’autres nations, en revanche, comme le Venezuela, l’Équateur et la Bolivie, les demandes réclamant le contrôle et l’exploitation par l’État des ressources naturelles du sous-sol (mines et pétrole) se sont transformées en un des principaux étendards nationalistes de ce que certains ont appelé « le nouvel état populiste » sud-américain, processus qui n’a évidemment pas été exempt de protestations et de désaccords provenant autant des corporations internationales que des populations touchées par ce boom minier.
6Au-delà de cette multiplicité de politiques et de discours gouvernementaux sur l’industrie minière, dans tous les pays de la région un même phénomène semble se répéter : une conjoncture internationale des prix et des marchés globaux aussi favorable a fait que les frontières de l’industrie minière ont dépassé les territoires où jusqu’à présent celle-ci était établie. Les gisements dispersés dans des régions montagneuses, dans des déserts, aux sources de bassins hydrologiques ou au milieu de forêts qui, étant donné leur manque évident de voies de communication, d’infrastructures de base pour l’activité extractive (eau, électricité, combustibles, etc.) et même de main-d’œuvre, étaient en marge des intérêts miniers il y a encore peu de temps, sont devenus aujourd’hui une terre promise pour les entreprises et les corporations nationales et étrangères. De la Sierra Madre occidentale au nord et des Altos de Chiapas au sud du Mexique, aux glaciers de la cordillère andine de la frontière australe entre le Chili et l’Argentine, en passant par le Petén guatémaltèque, la zone subtropicale et la cordillère du Condor de l’Équateur, depuis Cajamarca jusqu’à Toquepala au Pérou, d’Oruro en Bolivie et de la vallée du Cauca en Colombie au désert d’Atacama au Chili, on introduit chaque jour une infinité de projets miniers visant l’exploitation de l’or, de l’argent, du cuivre, de la baryte, du charbon, du lithium, de l’uranium, etc.
7Ces zones vers lesquelles s’étend la nouvelle frontière minière sont en effet certains des territoires présentant la plus grande biodiversité et le plus de vulnérabilité du point de vue de l’environnement en Amérique latine, nombre d’entre eux étant la demeure de peuples indigènes autochtones, de colonies paysannes métisses et de communautés afro-américaines dont les ressources provinrent durant des siècles d’économies traditionnelles basées sur l’exploitation de la forêt, la récolte, l’agriculture et le pacage, ainsi que sur des systèmes d’identité et de réciprocité communautaires antiques et profondément enracinés.
8L’arrivée dans ces régions des grands projets miniers approuvés par les gouvernements locaux et par les organismes financiers internationaux n’a pas pu que provoquer de sérieuses atteintes à ces modes de vie ancestraux. La terre et l’eau, soutiens de base de la reproduction de ces groupes sociaux, sont entrées en conflit avec les intérêts miniers ; la pollution de l’environnement par des explorations et des explosions, la destruction de pans de montagne, l’ouverture de chemins au milieu de bois et de forêts et le déversement de déchets chimiques nuisibles ont déclenché des protestations de toutes sortes ; la conscience du risque et son maniement par des intérêts privés ont placé ces populations dans une situation de fragilité notoire ; l’offre d’emplois locaux, bien que réduite, a provoqué des divisions internes dans les communautés. Cependant, l’apparition d’organisations civiles environnementalistes, nationales et étrangères et leur présence agressive dans les médias internationaux ont tenu en échec les États et les organismes financiers internationaux qui déclarent, sans ménagement, que l’expansion de la grande industrie minière est liée au développement et à la croissance dans les zones où la pauvreté se concentre avec le plus de persistance.
9Les lois nationales et internationales qui régissent la reconnaissance des droits des peuples autochtones et qui sont liées au respect du multiculturalisme ont eu une répercussion très inégale et généralement faible sur la plupart des conflits qui ont éclaté en Amérique latine dans les territoires indigènes touchés par l’exploitation minière. De nombreuses législations nationales en matière de concessions minières établissent que l’utilisation minière du sol et du sous-sol doit être privilégiée au détriment d’usages tels que l’agriculture ou le tourisme durable. La mise en œuvre de la convention 169 qui aborde, entre autres thèmes, les droits des peuples indigènes concernant les territoires, les eaux et les ressources naturelles, a permis que certaines communautés, atteintes par des conflits, puissent réclamer le droit à une consultation préalable à l’installation des complexes miniers. Ainsi ont déjà eu lieu, au cours des six dernières années, les référendums de Sipacapa et Huehuetenango au Guatemala, quelques consultations qui échouèrent dans plusieurs départements argentins, celles d’Ayabaca, de Huancabamba et de Carmen de la Frontera au Pérou, ou les triomphes de Tambogrande et d’Esquel en Argentine.
10Les pressions de certaines communautés indigènes touchées par l’exploitation minière dans le domaine du droit international n’ont pas connu un impact significatif. L’exemple le plus illustratif est peut-être celui de la demande que différentes organisations des droits de l’homme au Canada et en Amérique latine présentèrent en 2010 au Parlement canadien pour approuver la loi C-300 intitulée « Loi de responsabilité des corporations de la mine, du pétrole et du gaz dans les pays en développement » qui visait à réglementer les impacts environnementaux et sociaux des sociétés minières dans les pays en question. Malgré le soutien initial de certains membres du Parti libéral, le projet de loi fut finalement rejeté en octobre 2010 grâce à l’argument selon lequel son application entraînerait une perte de compétitivité internationale des sociétés minières canadiennes.
Discours et protestations indigènes
11Le 23 septembre 2010, un groupe d’autorités indigènes wixárika ou « huicholes », représentant plusieurs communautés des États mexicains de Jalisco, Nayarit et Durango, présentait une déclaration publique dans laquelle ils exigeaient des autorités gouvernementales l’annulation de 22 concessions accordées à l’entreprise canadienne First Majestic Silver pour exploiter un gisement minier dans un territoire proche de Real de Catorce, dans l’État de San Luis Potosí, lieu qu’ils considèrent comme faisant partie de leur territoire, Wirikuta, où chaque année ils vont récolter du « peyote » et accomplissent des cérémonies sur ces lieux sacrés. Les termes de leur protestation sont un bon exemple, parmi beaucoup d’autres, du rejet que la grande industrie minière provoque aujourd’hui dans de nombreuses régions indigènes d’Amérique latine :
NOUS RAPPELONS que le peuple wixárika depuis des temps immémoriaux va en pèlerinage sur le lieu sacré de Wirikuta et recrée ainsi la longue route qu’ont parcourue ses ancêtres pendant la formation du monde jusqu’au lieu où le soleil est né, dans le semi-désert de Real de Catorce.
NOUS CONSIDÉRONS que nous prions à Wirikuta afin que la vie continue pour tous et pour toutes, êtres vivants de cette planète, afin que notre ancienne culture Wixárika subsiste et ne disparaisse pas, afin que se renouvellent les clés de la connaissance et les cierges de la vie qui donnent un sens à notre identité Wixárika.
[…] NOUS OBSERVONS que les sources sacrées où nous puisons les eaux bénies se trouvent dans les bassins des veines d’argent à exploiter et sont en danger imminent d’être polluées par du cyanure et d’être asséchées à cause des grandes quantités d’eau qu’utiliserait l’industrie minière, car cette nappe aquifère, selon la Comisión Nacional del Agua (Commission nationale de l’eau), a déjà atteint un degré de surexploitation et sa capacité de récupération est très faible.
[…] NOUS DÉCLARONS CE QUI SUIT :
Nous manifestons notre plus profond rejet envers le projet minier de la transnationale First Majestic Silver dans le désert de Real de Catorce, parce que nos lieux sacrés sont un patrimoine qui n’a pas de prix et dont la valeur est incalculable pour nous, nos fils, nos petits-fils et toute la descendance Wixárika.
Nous exigeons l’annulation immédiate des 22 concessions minières aux mains de la transnationale et l’établissement d’un moratoire indéfini pour ne plus autoriser de nouvelles exploitations ou explorations dans le désert de Real de Catorce, ni dans aucun autre endroit voisin de nos lieux sacrés.
Nous communiquons notre légitime préoccupation aux habitants de Wirikuta au sujet de la pollution et de l’assèchement de l’eau qu’ils boivent, de l’augmentation des maladies respiratoires, gastro-intestinales et même de cancers étant donné les poisons utilisés dans l’industrie minière et l’effet de leurs résidus chimiques. Nous les invitons à s’informer et à s’organiser pour ne pas accepter cette imposition criminelle qui entraînera la destruction des terres et des paysages que leur ont laissés leurs grands-parents et qu’ils laisseront à leurs fils.
Nous exigeons de l’État mexicain que de manière immédiate il mette en œuvre des stratégies effectives qui mènent à une amélioration de vie des habitants de Wirikuta, des propositions harmonieuses avec l’environnement et non des propositions aussi destructives que celle de la mine qui mettent les paysans humbles entre l’enclume et le marteau en leur offrant un travail en échange de la destruction de leur patrimoine5.
12Les conflits entre des populations minières et des entreprises étrangères sont en réalité un sujet ancien dans l’histoire de la formation de la classe ouvrière en Amérique latine. Depuis l’époque du massacre des mineurs du salpêtre à Santa María de Iquique (Chili) jusqu’à l’actuelle grève des travailleurs de la mine de cuivre de Cananea (Mexique) qui dure depuis environ quatre mois, en passant par l’étape de la révolution bolivienne de 1952 dont les acteurs furent les travailleurs de l’étain, les mineurs latino-américains ont toujours été considérés comme un « archétype du prolétariat »6, ayant une forte propension à la grève, au conflit et à l’action directe7. Leurs mobilisations et leurs grèves, certaines d’entre elles héroïques, ont eu comme axe central les revendications concernant les conditions de travail, de salaire et de modes de vie dans les enclaves minières8, mais elles ont rarement remis en question la viabilité de l’industrie minière en tant qu’alternative au développement des régions et des pays où elle s’est implantée.
13À l’heure actuelle, les demandes des indigènes et des paysans latino-américains touchés par les grands projets miniers ont en revanche un caractère très différent : elles interpellent les États, les grandes corporations, les organismes financiers et les cours internationales des droits de l’homme, en questionnant l’affirmation selon laquelle de tels projets signifient un modèle viable de développement et de bien-être pour leurs populations. Les protestations et les mobilisations ont atteint la plupart des régions du sous-continent, comme le montrent quelques statistiques récentes, bien que sûrement incomplètes, élaborées par l’Observatorio de conflictos mineros de América Latina (Observatoire des conflits miniers d’Amérique latine) :
Conflits miniers en Amérique latine, 2010
Pays | Conflits enregistrés | Projets impliqués | Entreprises | Communautés touchées |
Argentine | 24 | 30 | 43 | 37 |
Bolivie | 5 | 6 | 7 | 21 |
Brésil | 21 | 21 | 37 | 34 |
Chili | 25 | 28 | 42 | 34 |
Colombie | 16 | 32 | 21 | 20 |
Costa Rica | 3 | 3 | 4 | 3 |
Équateur | 4 | 5 | 4 | 5 |
Guatemala | 4 | 4 | 7 | 4 |
Honduras | 3 | 2 | 4 | 2 |
Mexique | 13 | 13 | 17 | 15 |
Nicaragua | 3 | 3 | 6 | 7 |
Panama | 5 | 5 | 7 | 5 |
Pérou | 26 | 26 | 42 | 28 |
République dominicaine | 3 | 3 | 2 | 2 |
Salvador | 2 | 2 | 3 | 4 |
Trinidad et Tobago | 1 | 1 | 1 | 1 |
Total | 154 | 184 | 222 |
Source : Observatorio de conflictos mineros de América Latina, 2010, page consultée le 2 octobre 2010, Sistema de información para la gestión comunitaria de conflictos socio-ambientales mineros en América Latina, http://www.olca.cl/ocmal/
14Parmi les causes et les arguments les plus importants qui impulsent ces protestations, nous pouvons souligner les suivants :
151) Dans beaucoup de cas, les grands projets miniers ne contribuent pas à réduire la pauvreté et encore moins à rendre propice un développement soutenable ; leurs passifs environnementaux sont très supérieurs à leurs bénéfices économiques. En particulier, la base technologique sur laquelle opère cette nouvelle industrie minière repose sur deux procédés hautement polluants. Le premier est celui de l’exploitation au moyen de tailles « à ciel ouvert » qui permet d’extraire, en utilisant pour cela de grandes quantités d’explosifs de nitrate d’ammonium et de gazole, des milliers de tonnes de minéral qui sont ramassées et transportées au milieu d’un nuage de poussière, de terres et de produits chimiques. Le deuxième est le système hydro métallurgique de la lixiviation, par lequel on récupère l’or : une fois extraits, les minéraux aurifères sont déposés dans de grands bassins, où l’on verse des solutions d’eau alcaline et de cyanure. Bien que les bassins soient pourvus de géo-membranes pour éviter les filtrations qui peuvent contaminer l’eau de surface ou les nappes profondes, ces membranes, sous l’effet de la dégradation du cyanure, risquent de permettre la filtration de résidus de celui-ci vers des eaux superficielles ou des manteaux phréatiques proches et de provoquer une pollution aux effets catastrophiques.
Ces deux systèmes technologiques – les coupes à ciel ouvert et la lixiviation – sont la cible des protestations de populations indigènes et paysannes et d’organisations environnementalistes contre les entreprises minières. De telles technologies extractives et métallurgiques non seulement constituent un danger latent pour des espaces environnementaux extrêmement fragiles ou bio-divers – comme ceux qui caractérisent les territoires indigènes latino-américains –, mais encore, du fait de leur caractère extensif, elles entrent ouvertement en concurrence avec les économies paysannes pour l’utilisation des terres, des forêts et de l’eau ; dans quelques cas elles représentent en outre une destruction profonde du paysage rural.
Plusieurs exemples peuvent illustrer ce dont nous parlons : à la frontière australe entre le Chili et l’Argentine, la compagnie minière canadienne Barrick Gold, propriétaire de plus de 28 grandes mines d’or dans une dizaine de pays des cinq continents, productrice de 250 tonnes d’or par an, construit son gigantesque projet de Pascua Lama et, pour y parvenir, détourne le cours d’un énorme glacier. Dans ce projet, avec l’approbation des deux pays impliqués, l’entreprise effectue un investissement de plus de 4 milliards de dollars pour commencer à produire en 2013 environ 15 mille kilos d’or doré mensuels. En revanche, à Esquel, au sud de l’Argentine, lors d’un référendum effectué en 2003, 81 % de la population rejeta ouvertement l’autorisation d’exploitation à une autre compagnie qui décida de transférer ses propriétés à la Yamana Gold du Canada9.
La Oroya, capitale de la province de Yauli dans la région péruvienne de Junín, à 3 736 mètres d’altitude, où l’entreprise minière Centro del Pérou (CENTROMIN) exploite un grand complexe métallurgique, a été qualifiée par l’institut Balcksmith comme étant une des dix villes plus polluées du monde, « où les cas de contamination sanguine chez des enfants et la présence de cancer chez des adolescents bouleversent celui qui les observe »10.
Au nord du Guatemala, l’entreprise canadienne Glamis Gold, qui exploite la mine Marlin dans une région agricole sans antécédents miniers, a dû faire face depuis plusieurs années à une opposition ouverte des populations indigènes environnantes. Pour ce motif, il a fallu réaliser, durant les dernières années, plusieurs consultations populaires dont le résultat fut un important rejet par la population de l’activité minière : 6 dans le département de San Marcos et 14 à Huehuetenango.
En Équateur, dans la zone de la réserve Bosque Nuboso de Intag dans la province d’Imbabura, l’entreprise canadienne Ascendant Copper, après avoir provoqué un affrontement armé entre ses gardes de sécurité et des groupes d’habitants indigènes et paysans, a été obligée de renoncer à son grand projet minier. La pression politique des habitants d’Intag poussa le gouvernement équatorien à annuler l’autorisation d’exploration de l’entreprise, afin d’éviter de nouveaux conflits.
Les opérations minières de l’entreprise canadienne Black Fire, qui a entamé en 2007 l’exploitation d’un grand gisement de baryte dans le village de Chicomuselo, à la frontière entre l’État mexicain du Chiapas et le Guatemala, ont été suspendues par le gouvernement mexicain en décembre 2009, lorsque – comme dans le cas d’Intag – un membre du personnel de sécurité assassina un des leaders indigènes d’un mouvement populaire qui exigeait de l’entreprise qu’elle procède au paiement des indemnisations convenues pour l’utilisation de leurs terres. Le climat d’insécurité et de violence latente continue dans la zone, comme le montre le fait que récemment le curé de la paroisse, solidaire de la cause des habitants, fut menacé de mort11.
Tous ces exemples ne sont qu’un échantillon de la situation conflictuelle exacerbée que de nombreuses communautés indigènes, dont les terres et les environnements naturels ont été détériorés par l’industrie minière, vivent aujourd’hui en Amérique latine.
162) Un second aspect qui explique ce caractère conflictuel est le fait que les négociations que les peuples indigènes établissent avec les entreprises et avec les agences gouvernementales obstinées à la réalisation de projets miniers sur leurs territoires sont inévitablement viciées par une relation de pouvoir asymétrique et inégalitaire. Une telle situation provient d’abord du fait que dans beaucoup de pays de la région, l’industrie minière a été déclarée dans les constitutions locales comme une activité « d’intérêt publique de rang préférentiel », ce qui signifie que cet usage de la terre et du sous-sol est prioritaire et privilégié par rapport à d’autres fins comme l’agriculture, le pacage ou l’écotourisme.
Mais en outre, cette relation de pouvoir asymétrique et inégalitaire entre les peuples indigènes et les consortiums miniers tient au fait que les litiges entre les deux sujets sociaux se perdent dans un langage juridique qui, pour beaucoup de raisons, s’avère bizarre et est étranger aux cosmovisions régissant les formes d’appropriation et d’utilisation des terres et des territoires des habitants indigènes. D’autre part, ces populations se trouvent désarmées face aux assauts de l’industrie minière car, n’ayant pas d’expérience historique dans cette activité, elles manquent de points de repères pour pondérer les impacts sociaux et environnementaux dérivés de l’établissement de grands projets miniers. Il n’est pas donc pas étonnant que les entreprises et les gouvernements profitent de ce manque de connaissances pour prêcher, sans scrupule et dans un environnement de corruption, les prétendus bénéfices que l’industrie minière apportera dans ces communautés. Beaucoup d’entreprises « junior », dont l’affaire se limite à explorer et à quantifier les réserves d’un certain gisement, tendent par ailleurs à se désintéresser de l’avenir des populations touchées, en passant les coûts sociaux à quelque grand consortium minier qui acquerra ensuite les droits d’exploitation du gisement.
173) Le troisième élément qui caractérise le caractère conflictuel de la présence de l’industrie minière dans des régions indigènes latino-américaines est en rapport avec les politiques répressives et divisionnistes que pratiquent les entreprises. Au sujet de la répression, nous avons déjà cité auparavant quelques exemples. Quant aux stratégies pour diviser les communautés entre partisans et détracteurs des projets miniers, les entreprises utilisent généralement tous les moyens possibles, comme par exemple la création de départements de relations communautaires, l’organisation de campagnes de diffusion médiatique en faveur de l’industrie minière, la réalisation de projets de soutien à l’éducation et au développement régional et la formulation de codes de responsabilité sociale corporative12. Nombre de ces mesures, même si elles tendent à apaiser temporairement les conflits, ne parviennent pas à en supprimer l’origine : l’évaluation inégale que les indigènes et les corporations font du rôle que l’industrie minière peut jouer dans le développement local. Quoi qu’il en soit, les structures traditionnelles ou modernes de gouvernement indigène tendent à être sapées par la présence agressive des agents – l’État et les grands consortiums – promoteurs de l’industrie minière.
Finalement, les divisions intracommunautaires sont promues par une politique d’offre d’emplois extrêmement restreinte et en accord avec les hauts niveaux de technification nécessaires au fonctionnement de ces grandes mines. De plus, la tendance d’une telle politique vise en général à privilégier l’embauche de travailleurs qualifiés d’origine externe au détriment de la main-d’œuvre régionale qui arrive seulement à occuper les postes les plus bas dans l’échelle du travail et des salaires.
Vers un cadre de régulation des conflits miniers dans des environnements indigènes
18Comme l’ont fort justement souligné plusieurs auteurs en se référant au cas du Pérou13, les protestations minières dans beaucoup de zones indigènes et paysannes d’Amérique latine
dépendent principalement de deux variables d’analyse : d’un côté, la perception de l’ampleur de l’impact des opérations minières (où les antécédents, les histoires préalables et l’existence d’activités agricoles alternatives aux activités minières jouent un grand rôle) ; et de l’autre, la capacité d’action collective des communautés touchées (où l’on distingue la présence de niveaux élevés de fragmentation sociale, ainsi que l’intervention de différents facteurs externes).
19En ce qui concerne les perceptions, le premier élément, beaucoup d’exemples du panorama minier actuel de l’Amérique latine nous amènent à penser que plusieurs de ces conflits ne peuvent pas être résolus, mais dans le meilleur des cas régularisés, parce que la force pour imposer les décisions des grandes corporations minières et l’appui que celles-ci reçoivent des États et des grandes agences financières internationales paraissent disproportionnées si nous les comparons avec la force des mouvements contre l’industrie minière, dispersés dans beaucoup de régions indigènes du sous-continent, et ce malgré la solidarité internationale qu’ils parviennent à recevoir. Mais surtout, le caractère insoluble de tels conflits dérive d’un fait incontestable, deux visions irréconciliables du développement et du bien-être social. Parce que, comme l’a récemment proposé Immanuel Wallerstein, en incluant même les pays gouvernés par le « centre-gauche » tels que le Brésil, l’Équateur, le Venezuela et la Bolivie :
Les mouvements de nations indigènes ont cherché à obtenir un plus grand contrôle sur leurs propres ressources et de meilleurs accords non seulement avec les acteurs externes, mais encore avec leurs gouvernements nationaux eux-mêmes. En général, ils disent que leur objectif n’est pas la croissance économique, mais d’arriver à une coexistence avec la Pacha Mama ou la Terre-Mère. Ils disent qu’ils ne cherchent pas un usage plus vaste des ressources de la terre mais un usage plus prudent, qui respecte l’équilibre écologique. Ils cherchent le « bien-vivre »14.
20Malgré ce que certains ont appelé « la malédiction des ressources naturelles »15, la gouvernance sur ces nouvelles frontières de l’industrie minière latino-américaine oblige cependant à offrir un cadre de régulation de tels conflits et, en ce sens, à penser établir quelques principes directeurs de dialogue.
21Le premier d’entre eux poserait que les parties impliquées dans le conflit – entreprises, états, organismes financiers et peuples indigènes – devraient accepter que les projets miniers ne sont pas toujours associés au développement des populations touchées et que, en tout cas, celles-ci ont le droit d’accepter ou non de tels projets. Car, en définitive, les peuples indigènes ne doivent pas être vus nécessairement comme un partenaire de plus, intéressé par l’affaire minière, mais plus fondamentalement comme un sujet collectif possédant des droits ancestraux sur les territoires qu’il occupe. Pour cela, il est inéluctable que les États reconnaissent, à travers des instruments juridiques nationaux et internationaux tels que la convention 169 de l’Organisation internationale du travail (OIT), le droit de ces peuples à exercer une participation libre, préalable et informée, qui leur permette de disposer des instruments nécessaires pour pondérer et évaluer à l’aide de critères scientifiques les possibles effets d’un projet minier, en pouvant alors l’accepter ou le rejeter.
22En ce sens, il est clair que le débat sur le multiculturalisme en Amérique latine, qui jusqu’à présent a porté principalement sur les questions relatives aux droits linguistiques, de l’éducation et de la culture, devrait faire incursion avec plus de vigueur dans le domaine de la défense des territoires indiens, de leurs ressources naturelles et des modèles autochtones de développement, autant de thèmes qui présentent d’évidentes lacunes dans les législations nationales et internationales. Les luttes actuelles contre l’exploitation minière dans de nombreuses communautés indigènes et paysannes en Amérique latine démontrent clairement que le droit à la reconnaissance de la présence ancestrale des peuples originaires sur les territoires concernés par l’exploitation minière n’est pas reconnu dans les faits. Le droit international n’établit pas non plus clairement les droits de ces peuples sur les ressources du sous-sol et les obligations des entreprises étrangères et des États nationaux eux-mêmes à établir des consultations préalables, libres et informées et à reconnaître leurs résultats. Enfin, la législation minière montre des omissions flagrantes quant à l’acceptation du principe de multiculturalisme dans une problématique en étroit rapport avec les conditions de survie et de reproduction des peuples autochtones.
23Il est impensable qu’un exercice de telle nature puisse avoir lieu, si ce n’est à partir d’une prémisse : la reconnaissance constitutionnelle des territoires et de la vigueur des systèmes d’organisation et autogouvernements indigènes. Seulement ainsi il sera possible de rompre avec les asymétries inégales de pouvoir. Toutefois, il est évident qu’une telle reconnaissance est un processus très dissemblable dans les pays latino-américains : tandis qu’en Colombie on estime que le Gouvernement a reconnu les titres de propriété indigène de près de 25 % des terres du pays, au Mexique, en revanche, une telle reconnaissance, point névralgique des négociations de San Andrés Larrainzar entre le Gouvernement et l’Ejército Zapatista de Liberación Nacional (Armée zapatiste de libération nationale) – EZLN, est loin d’être admise et réglementée dans la législation nationale.
24Un dernier aspect de ce programme de régulation des conflits miniers se présente en rapport avec le rôle que l’État doit jouer au niveau de la préservation de la souveraineté nationale sur les ressources naturelles, la distribution du revenu minier et la promotion du développement régional. La tendance à la libéralisation des codes miniers et l’assignation de concessions d’exploration et d’exploitation dénotent en effet les faiblesses de beaucoup d’États latino-américains face aux grandes transnationales minières et aux organismes internationaux (Fonds monétaire international, Banque mondiale, Banque Interaméricaine de développement) qui les financent. De la même manière, il s’avère inacceptable juridiquement et socialement que les politiques sociales, dans le milieu minier, soient confondues ou remplacées par les codes de responsabilité sociale corporative qu’établissent les entreprises sans la participation d’acteurs sociaux qui leur sont étrangers. De la même façon, nombreux sont les pays latino-américains qui devraient connaître une réforme profonde de leur législation en matière d’industrie minière, de telle sorte que les études d’évaluation de l’impact environnemental soient menées à bien par des institutions jouissant de prestige technique et d’impartialité, étrangères aux intérêts des entreprises elles-mêmes, et que les conventions établies entre des corporations et des communautés indigènes et paysannes respectent les critères d’équité.
25Enfin, la distribution juste du revenu minier aux entreprises et aux habitants des zones touchées – une dette historique qui reste encore à acquitter dans beaucoup de régions du sous-continent –, ainsi que la promotion et la diversification économique de ces régions doivent être une voie pour réparer les dommages et les impacts miniers.
26Au bout du compte, il ne faut pas oublier un fait indiscutable : la nouvelle frontière minière de l’Amérique latine s’étend sur des territoires caractérisés par leur notoire diversité environnementale et culturelle, mais aussi par leurs scandaleux niveaux de pauvreté et de misère.
Notes de bas de page
1 Voir à ce sujet : « Inversión en Latinoamérica totalizará 200.000 millones de dólares esta década, sostiene Cesco », http://www.bnamericas.com/news/mineria/Inversion_en_Latinoamerica_totalizara_US*200,000mn_esta_decada,_sostiene_Cesco.
2 Il suffit d’indiquer que le prix de la tonne de carbonate de lithium est passé de 4 000 à 7 000 dollars entre 1996 et 2008.
3 Anthony Bebbington signale à ce propos : « Les conflits miniers en Amérique latine sont devenus un des sujets favoris des élections présidentielles et des pages principales des journaux. Dans la semaine au cours de laquelle nous finissions ce livre, le nouveau président de l’Équateur, Rafael Correa, déclara que son pays était au bord d’une explosion sociale due aux conflits existants ou latents catalysés par la remise peu planifiée, ou peu participative, de concessions minières. Ce même thème a été présent dans les élections présidentielles du Pérou en 2006, et d’une certaine manière il a dominé le programme des premiers mois du gouvernement d’Alan Garcia et de son Premier ministre, Jorge del Castillo » (Bebbington, Anthony (ed.), 2007, Minería, movimientos sociales y respuestas campesinas. Una ecología política de transformaciones territoriales, Lima, Instituto de Estudios Peruanos, p. 13).
4 Bien entendu, les politiques fiscales ne sont pas les mêmes dans tous ces pays, comme l’a noté Jade Latargère, correspondante du Petit Journal au Mexique : « Ces trois dernières années, la production d’or, d’argent, et d’autres métaux, a augmenté dans les différentes mines du pays, mais le gouvernement mexicain n’a pas tiré profit de ce boom, du fait de l’accord financier qu’il a passé avec les entreprises concessionnaires des mines. En effet alors que dans d’autres pays d’Amérique latine, comme le Pérou, le Chili et l’Argentine, les entreprises minières payent au Gouvernement entre 3 et 5 % de la valeur des métaux qu’elles extraient du sous-sol, au Mexique […] les droits de concession n’ont rapporté au gouvernement mexicain qu’1,7 milliards de pesos, soit 1,8 % de la valeur totale de la production minière ». Cf. « Le Mexique offre des conditions très avantageuses aux entreprises minières », http://www.lepetitjournal.com/mexico/breves-mexico/66088-mines--le-mexique-offre-des-conditions-tres-avantageuses-aux-entreprises-minieres.html.
5 « Pronunciamiento en defensa de Wirikuta », Red Mexicana de afectados por la Minería (REMA), http://rema.codigosur.net/leer.php/7151865.html.
6 Bulmer, Martin, 1975, « Sociological models of mining community », The sociological Review, Vol. 23, n° 1, p. 61-92.
7 Kerr, Clark et Siegel, Aabraham, 1969 [1954], « Inter-industry propensity to strike », in Flandres A. (ed.), Collective Bargaining, Harmondsworth, Penguin Books, p. 138-160.
8 Sariego, Juan Luis, 1988, Enclaves y Minerales en el Norte de México. Historia social de los mineros de Cananea y Nueva Rosita, Mexico, Ediciones de la Casa Chata.
9 Rodríguez, Jesús, 2010, « La fiebre del oro », Reportaje, El País, 23 mai.
10 Bebbington, Anthony, Hinojosa, Leonith, Humphreys, Denise, Bebbington, Maria Luisa Burneo et Warnaars Ximena, 2008, « Contention and Ambiguity: Mining and the Possibilities of Development », Development and Change, vol. 39, n° 6, p. 887-914.
11 On peut consulter à ce propos « Denuncia de los y las coordinadoras de las Comunidades Eclesiales de Bases de la Diócesis de san Cristóbal de Las Casas, Chiapas, el 8 de octubre de 2010 », http://chiapasdenuncia.blogspot.com/2010/10/denuncia-de-las-cebs-de-chicomuselo.html.
12 Bebbington, Anthony, Bury, Jeffrey, Humphreys Bebbington, Denise, Linga, Jeannet, Muñoz, Juan Pablo, Scurrah, Martín, 2007, « Los movimientos sociales frente a la minería: disputando el desarrollo territorial andino », in José Bengoa (ed.), Movimientos sociales y desarrollo territorial rural en América Latina, Santiago de Chile, Editorial Catalonia, p. 307 ; Echave, José de, Díez Hurtado, Alejandro, Huber, Ludwig, Revesz, Bruno, Lanata, Xavier Ricard et Tanaka, Martin, 2009, Minería y conflicto social, Lima, Instituto de Estudios Peruanos, Centro de Investigación y Promoción del Campesinado, Centro de Estudios Regionales andinos Bartolomé de las Casas y Consorcio de Investigación Económica y Social.
13 Ibid., p. 391.
14 Wallerstein, 2010.
15 Bebbington, Anthony, Bury, Jeffrey, Humphreys Bebbington, Denise, Linga, Jeannet, Muñoz, Juan Pablo et Scurrah, Martín, 2007, « Los movimientos sociales frente a la minería », art. cit.
Auteur
Juan Luis Sariego est anthropologue, professeur à la Escuela Nacional de Antropología e Historia, Unidad Chihuahua, au Mexique. Il a notamment publié El Estado y la minería mexicana. Política, trabajo y sociedad durante el siglo XX (México, FCE, 1988).
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